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Le fantôme de Jean Valjean
Le fantôme de Jean Valjean
Le fantôme de Jean Valjean
Livre électronique140 pages2 heures

Le fantôme de Jean Valjean

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À propos de ce livre électronique

Ce texte peut être considéré comme une œuvre fantastique, un polar ou un conte de fée. Pourquoi, tout dépend de notre grille de lecture. Un roman social, ou un mélodrame sans musique.  C'est un drame au ton populaire où s'accumulent des péripéties que personne n'attend. C'est un thriller moderne, le suspense surprendra le lecteur.

Antonio est un immigré italien, il est arrivé en France voilà 30, il a une cinquantaine d'années. Il est originaire du mezzo, c'est le sud de l'Italie. Il lui manque, son cœur est toujours là-bas, la France ce n'est pas un choix, mais une nécessité.

Il vit dans la banlieue parisienne, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Il travaille au service des égouts de la ville de Paris, des contrats de travail à durée déterminée de six mois, il ne les compte plus. Depuis 20 ans, il a franchi le cap des quarante contrats.

C'est un héros malgré lui, il n'en a pas l'étoffe, ce n'est un individu sans cœur, il dévoile de l'empathie envers ceux qui n'ont rien. Ce n'est pas un mec musclé sans cervelle.

Tous les matins, il se rend à Paris en métro, dans le onzième arrondissement de Paris. Paris historique lui ouvre les portes. Le faubourg Saint-Antoine, la place de la Bastille, la petite et la grande Roquette et le boulevard de Ménilmontant appartiennent au monde, ces lieux sont rattachés à l'histoire. La prise de la Bastille symbolise la chute de l'arbitraire, la déclaration Universelle des droits de l'homme.

N'importe où qu'il aille, le passé lui cligne de l'œil, d'autres noms poursuivent l'émerveillement, le cimetière du père Lachaise, Beaubourg, le marais. Ce sont des endroits emblématiques de la capitale.

Mais le récit se déroule sous terre. C'est la ville souterraine sans Paris, des cafards, des rats, des mauvaises odeurs, le soleil est absent, une lumière blafarde illumine les murs. Jean Valjean l'a traversé. Ici, on n'évoque pas la piétonisation de la capitale.

Au lever du soleil, au square de la Roquette, il rencontre une personne sans-abri, c'est une femme, elle s'appelle Marcelle. La vie au travers de la rue a fané son éclat, c'est une fleur qui a perdu sa beauté. Son visage terne et sans rire engendre la pitié. Il discute avec elle au sujet du temps qui passe. Il dépose un pain à côté d'elle sans dire un mot, et il s'en va.

Son travail consiste à surveiller, réparer les canalisations, il en l'entretien des égouts, la mauvaise odeur l'incommode, le soir, il prend l'air, il respire. L'air parisien lui permet de chasser les mauvaises odeurs de cette ville souterraine. Il parle de gouffre, chaque fois qu'il descend.

Un jour, il aperçoit, une ombre, il se persuade qu'il s'agit du fantôme de Jean Valjean, Victor Hugo a écrit qu'il était maire de Montreuil. L'ombre traine une patte, Jean Valjean aussi.

LangueFrançais
Date de sortie19 déc. 2023
ISBN9798224002696
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    Le fantôme de Jean Valjean - Lorenzo di Gaio

    Le fantôme de Jean Valjean

    Lorenzo du Gaio

    Chapitre 1

    Je me nomme Antonio, je marche le long d’une rue qui me conduit à mon job. Depuis trente ans, j’habite en France. Je parle correctement le français, cette langue ressemble à l’italien, mais elle parait plus rugueuse. L’italien est un chanteur, il est aussi un charmeur, le français est un soldat.

    Je travaille au service des voiries de la ville de Paris. Je suis affecté au réseau souterrain de la ville, c’est-à-dire les canalisations et tout ce qui se faufile sous la cité. Je nettoie, j’assure la maintenance, j’inspecte ce réseau. Je préfère dire que je besogne sur les pipelines dissimulés de la ville de Paris, en fait, je m’éreinte sur les égouts de la ville de Paris. 

    Je mesure 1 m 68. C’est une taille normale pour des hommes de mon pays. Je suis presque petit en France. D’où je viens, c’est le Mezzogiorno, que j’appelle affectueusement le mezzo, le midi de l’Italie, comme un midi existe pour la France. Ses habitants le quittent, car le travail se fait rare, et si tu veux manger tu n’as plus que cette solution.

    Enfant, j’aimais le lait de chèvre et celui de brebis, je ne me souviens pas d’en avoir bu de vache.

    Je pèse à peu près soixante kilogrammes. Je possède une charpente solide sur un corps nerveux. J’ai les cheveux drus et noirs. Mes yeux sont marron, ceux-ci siéent à mon teint mat.

    Mon chef m’avait dit que Jean Valjean s’était perdu dans les égouts de Paris en 1832. Je lui avais répondu que je ne le connaissais pas et à cette époque la famille résidait encore au mezzo. Après, il m’avait appris que ce personnage était le héros d’un roman de Victor Hugo, « Les misérables ». J’avais dû le lire voilà fort longtemps, néanmoins je lui déclarais que parcourir les livres ne formait pas mon loisir préféré. Cette activité faisait perdre la virilité des hommes.

    Nous sommes plus de deux-mille employés à travailler à cette tâche. L’ouvrage à faire ne manque pas, nous ne risquons pas de nous retrouver au chômage. Quelqu’un m’avait affirmé que les conduits s’étendent sur deux-mille-quatre-cents kilomètres. Cette longueur me donne le tournis.

    Les personnes qui travaillent en ce service sont des fonctionnaires territoriaux, mais les collectivités locales peuvent embaucher des agents non titulaires. Je m’y active depuis 25 ans en CDD. C’est une situation normale à la Poste et à la Mairie de Paris. Quelle que soit la couleur politique de l’équipe municipale, ce sont toujours les mêmes CDD. Je sais que je resterais en CDD tant que je plais bien au chef, sinon ils oublieront de me faire signer un nouveau contrat. Ce contexte me met dans une position précaire. Je ne peux rien prévoir. Tous les cent-quatre-vingts jours, j’attends le couperet, j’indique la date fatidique sur mon calendrier des postes. Actuellement, j’en suis à mon quarantième renouvèlement pour une durée de 6 mois. C’est un statut temporaire qui tend à persister.

    Les égoutiers comme on nous appelle ont une espérance de vie raccourcie de cinq ans.  C’est un métier dangereux. Il comporte de nombreux risques sanitaires. Dans le sous-sol parisien parvient l’eau des averses qui transportent toutes les matières qui trouvent sur leur passage, elle se remplit de particules. Les fameuses pluies acides gonflent son ruissèlement. Le dégoulinement apporte aux égouts d’autres atomes. Ils sont de nature divers : zinc, des huiles de vidanges, des métaux lourds, des carburants, des poussières de pneus. Une source différente d’arrivée d’eau se constitue de celles usées domestiques et industrielles. Les canalisations assurent leur évacuation sous le bitume parisien jusqu’à des centres d’épuration.

    Ceux-ci produisent une boue, soit 400 grammes de fange pour un mètre cube de flotte traitée. On utilise ces boues riches en oligoéléments comme engrais. Cette utilisation se fait soit par épandage sur les champs avoisinants, ou bien par la fabrication de granulés.

    À Paris, « le tout-à-l’égout » se pratique, ce qui veut dire que tout passe par les égouts aussi bien les tuyaux d’airs comprimés, câbles téléphoniques, les conduites de gaz urbain. Antonio est fier de travailler pour assurer la vie de Paris.

    Je suis célibataire. Je n’ai pas trouvé de dame qui me convenait ou plutôt qui aurait plu à ma mère. La « Mama » est restée au pays, mais je lui demande la permission pour la moindre des choses qui pourrait compromettre l’avenir. Elle m’a dit que les femmes françaises sont toutes des « putana ». Elle aurait de toute façon préféré une fille du Mezzo et non pas une étrangère. Alors, je vais voir les prostitués, une fois par mois, je pratique l’amour tarifié en vue de soulager mon besoin animal. On a fait l’homme ainsi, il doit se conduire en reproducteur, même si la relation ne débouche pas sur une fécondation. Ma semence doit sortir, je suis obligé de saillir. Ce plaisir vite fait, juste le temps de deux ou trois aller et retour est une habitude comme dire bonjour. J’attends ce moment mensuel avec impatience.

    J’ai bien essayé de trouver une demoiselle facile sur internet. Mes collègues de travail narrent toujours des histoires avec des nanas après deux ou trois mots sur le réseau. Mon chef est un assidu d’un site de rencontre très connu à croire les dires de mes compagnons. Mon responsable va voir ses conquêtes le soir, il m’affirme qu’il va se vidanger. Je souhaiterais aussi me vider à chaque déclin du jour. Mes camarades disent qu’ils adorent arroser les filles. Je dois l’avouer, moi, sur internet c’est nul, aucune femme ne veut discuter avec moi. Je me suis inscrit sur Meetic, je n’arrive pas à accrocher une dame. Je me sens bien seul.

    Je réside à Paris, dans une banlieue, c’est le terme qu’utilisent les Français. J’habite une cité formée d’habitats à loyer modéré implantée sur les flancs de Paris. C’est la périphérie de la Ville lumière, l’ancienne ceinture rouge de Paris. Maintenant, c’est plutôt l’image de la couronne délinquante qui entoure la capitale de la mode, du moins si j’écoute les actualités, surtout sur BMFTV.

    C’est un agglomérat assez commun avec ses conflits, ses rumeurs, ses peurs et ses angoisses. La frayeur de l’autre remplit le quotidien. 

    J’ai un petit deux-pièces, une cuisine, une chambre et un séjour. Je l’ai décoré au fil des ans, en lui donnant un caractère rustique. À mon arrivée, je fus étonné qu’en France tout le monde se ferme à clé, dans mon pays d’origine, les portes restent ouvertes, les gens sortent le soir. En France, au crépuscule, tout un chacun se cloitre, il a peur, c’est le règne de la frayeur. Dehors, des bandes de jeunes imposent la loi du plus fort. C’est la jungle.

    Je demeure à Montreuil dans le département de la Seine-Saint-Denis, communément appelé le 93. La population est majoritairement étrangère. En regardant les adolescents qui habitent à côté de mon domicile, je vois bien qu’ils sont en grande partie d’origine magrébine ou noire.

    Je travaille à Paris même, dans le 11e arrondissement. Montreuil n’est pas trop loin.

    Chapitre 2

    Le matin afin de me rendre à mon lieu de boulot, je prends le métro à Montreuil, la ligne 9. Les services techniques ont refait l’arrêt, c’est plus agréable. L’aspect de la nouvelle station ne me plait pas. Trop moderne, sans âme, sans esprit, sans passé, c’est juste de la tôle et du verre. Je descends à Charonne. J’adore le 11e arrondissement, toujours à l’avance pour mon travail, je flâne à l’aube dans les rues du 11e. Depuis, que m’y promène le matin, je connais tous les recoins. C’est un endroit populaire, mais plus chaleureux que Montreuil, il a une vie, un cœur, une histoire.

    Pour moi, le mot populaire, je le déduis de l’allure des immeubles. Je me rends compte que maintenant, ce sont les « bobos » qui habitent ici. Ce terme me rend hilare, que les Français qualifient ainsi, les bourgeois, c’est un raccourci créé par des analphabètes. J’aime bien la chanson de Brel qui se nomme « les bourgeois », je fredonne, les bourgeois c’est comme les cochons, plus cela devient vieux, plus cela devient bête. Cette circonscription n’a pas l’aspect des autres, elle a échappé à la folie haussmannienne. Je trouve des ruelles qui se faufilent entre les immeubles. Ceux-ci ont encore des cours intérieures. Ils datent souvent d’avant 1840. Ce qui réalise le charme de cet arrondissement

    Sur mon chemin, tous les matins, je croise une clocharde. Elle n’a pas opté en faveur de cette vie. Un SDF la subit, un mendiant a choisi son existence. Je ne parviens pas à faire la différence. Je répète cette phrase plusieurs fois de suite. Toutefois, je les appelle tous des sans-abris. Elle se nomme Marcelle, 50 ans, mais 10 ans sans toit. Elle en parait 60. Tout est fané comme une fleur qui a perdu son éclat et sa fraîcheur. Elle fut peut-être une belle femme, mais aujourd’hui elle n’a plus d’attrait. Je discute avec elle tous les matins, au début quand je l’aperçus, ce ne fut qu’un salut timide qui ne prononce qu’au bout des lèvres. Puis, nous échangeâmes des civilités. Marcelle me raconta sa vie.

    Elle ne fut pas toujours dans cet état. Elle était employée administrative dans un organisme de Sécurité sociale. Elle avait divorcé. Elle et son mari ont dû se partager la maison qu’ils avaient acquise et les dettes inhérentes à cette propriété. Ils leur restaient cinq ans de crédit. Elle dut quitter le domicile, car ils étaient obligés de vendre cette maison. À deux salaires, ils pouvaient payer les traites, séparés, chacun de son côté, ils en étaient incapables. À deux, ils achetaient un paquet de pâtes, chacun de son côté, ils devaient s’en procurer deux. Si monsieur Panzani se frotte les mains, eux, ils durent se débarrasser de ce logis. Elle prit un petit studio, elle arrivait tant bien que mal à subsister. Le couple avait un enfant, une fille qui vivait seul. Un jour, elle tomba malade, Marcelle vint à son secours. Elle ne put pas payer son loyer. Un matin, un huissier était là avec des déménageurs, ils embarquèrent tous ses meubles pour les mettre dans un garde-meuble. Elle était expulsée de son domicile. Elle trouva un refuge que dehors, elle ne voulait pas sonner dans le but de demander de l’aide à sa famille ou ses connaissances. Puis, elle perdit son travail. Elle prit son quartier dans le 11e arrondissement. 

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