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C'était le temps du lycée
C'était le temps du lycée
C'était le temps du lycée
Livre électronique255 pages3 heures

C'était le temps du lycée

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À propos de ce livre électronique

Un jeune, né à Torcy en région parisienne, s'appelle Eugène, ses parents sont ouvriers.

Il est un peu réservé, en sortant de la puberté, il s'ouvre aux autres, la femme libère les jeunes solitaires enfermés au sein d'un carcan de non-dits. Sans doute que cette timidité cachait un mal-être. Il n'a pas de troubles du comportement, a moins de considérer la timidité comme en étant un.

Il suit un groupe qui sort du Lycée, Pauline est là, elle est si belle qu'elle hante ses nuits. Ce jour-là, elle forme sa boussole, il la suit en ne regardant qu'elle. Il est amoureux de son anatomie. Il ne lui a jamais parlé. 

Les jours passant, il finit par entrer dans ce groupe, l'objet de ses désirs devenait abordable. C'est une bande de jeunes bien sympathique.

Ils viennent de milieux sociaux très différents, c'est une bande qui s'est formée au milieu de la cour de récréation d'un lycée privé. Dans le groupe, une seule fille, les autres des garçons, l'adolescence, même finissante, c'est le temps de l'amour, mais aussi celui des bêtises et des 400 coups. La folie qui ne maitrise pas. Ils ne sont plus des ados, sans être pour autant de jeunes adultes. Ils naviguent entre deux eaux, comme ils slaloment entre la délinquance et des études studieuses. L'autorité parentale fait défaut, les parents n'exercent plus leurs fonctions éducatives, devant leurs yeux, tout devient possible. Ne pas s'apercevoir d'un changement de comportement est peut-être un indice de cécité.

Eugène est un rêveur, il se retrouve embarqué dans une aventure périlleuse, car il en pinçait pour une fille.  De bêtises de potaches, ils commettent des infractions de plus en plus importantes. C'est grisant de violer la loi.

Il n'a pas vraiment désiré outrepasser ce qui est permis, la présence de Pauline a détruit sa faculté de jugement. Ses copains ont le désir d'un comportement fautif.

LangueFrançais
Date de sortie20 déc. 2023
ISBN9798223237976
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    Aperçu du livre

    C'était le temps du lycée - Lorenzo di Gaio

    Chapitre 1

    VOILÀ UNE CINQUANTAINE d’années à Paris naissait Bertrand Vigouroux.

    Il a suivi ses études secondaires au sein d’un lycée privé de la capitale, l’Institut du Marais Charlemagne Pollés. Son créateur l’a implanté à l’intérieur du dixième arrondissement, son emplacement parmi les immeubles d’un ou deux étages cossus aux lourdes portes noires lui permet de revendiquer son caractère bourgeois et élitiste. Il convoite d’inculquer les valeurs de l’effort et de la curiosité intellectuelle à des adolescents issus d’un milieu aisé.

    Bertrand Vigouroux n’applique pas les préceptes que son lycée instruit. Des jeunes scolarisés au sein d’un autre établissement s’occupent de ses devoirs en échange d’une rétribution. Son intelligence conjuguée à sa capacité de mémoriser tempère son manque d’intérêt en faveur du travail personnel. À partir de la classe de seconde, il a préféré une voie littéraire, car celle nommée scientifique aurait imposé plus de labeurs. Il a évoqué une passion pour les belles-lettres, lui qui ne lit jamais.

    Toutefois, les années au collège et au lycée se sont déroulées sans encombre, personne n’a soupçonné un manque de travail, le conseil de classe chaque trimestre le félicite de son labeur acharné. La réussite scolaire va si bien à ceux qui sont bien nés.

    Les épreuves du baccalauréat apportent son lot de soucis, puisqu’apprendre par cœur n’est pas une activité habituelle, en effet en ce domaine, il assure le service minimum. De façon logique, la première session se solde par une note de 9,5 sur 20, elle n’est pas suffisante, donc d’ici une quinzaine de jours, celle de rattrapage lui ouvre ses portes, il aurait préféré qu’elles restent closes. Elle lui impose une tâche considérable, si le temps ne lui manque pas, il n’est pas motivé. Réussir par son propre travail lui parait aussi saugrenu que d’aller bronzer sur la banquise. Une seule alternative apparait : la chance ou l’aide de ses parents. Il ne se fait aucune illusion, ces derniers ne passeront pas les épreuves à sa place, en revanche leurs relations ont la possibilité d’augmenter sa note. Un coup de gomme et le crayon écriront son desiderata. Cette possibilité est moins fastidieuse que celle de travailler. Une simple réussite à l’examen ne lui suffit pas, il souhaite une mention, parce qu’il ne voit pas le nom d’une Université populaire s’inscrire au milieu de son cursus rêvé. Le destin du peuple est de besogner, et non celui d’aller étudier. Il ne conçoit pas qu’un fil d’ouvrier puisse devenir un scientifique. Comment un être doué de raison peut-il appeler faculté un lieu où les gueux et miséreux envahissent les amphithéâtres ? Il se signe de la croix. Quatre matières demanderont un sérieux coup de main : la langue anglaise, le latin, l’histoire et la géographie. Il est obligé d’aborder ce sujet auprès de son père, mais sa réaction l’apeure. Celui qui le connait juge cette émotion normale.

    Monsieur Gilbert Vigouroux exerce la profession de Procureur de la République près du Tribunal de Grande Instance de Bobigny. Droit et rigide, il a épousé l’image de sa fonction. Un homme sec aux cheveux bruns coupés en brosse, si sa voix porte haut, sa tonalité aigüe surprend son auditoire, lors d’audiences publiques ses réquisitoires donnent la chair de poule. En l’entendant, le menu peuple se cramponne à son banc.

    La famille habite un appartement ancien dont le parquet est en chêne massif et le plafond est à trois mètres de hauteur, en outre des boiseries aux murs et des lambris prouvent son caractère bourgeois. Une vue imprenable sur le canal Saint-Martin et un grand balcon lui accorde un charme particulier.

    La famille se réunit à la salle de réception. Tout le monde reconnait la mère par sa silhouette de femme mince et blonde.

    Ses parents l’ont élevée et initiée aux bonnes manières qui siéent aux dames bourgeoises. Celles-ci ont souhaité se dévouer à la carrière d’un homme de haute fonction, comme celles qui se sont sacrifiées en épousant un titre au temps de l’ancien régime. À l’exemple d’une décoration, elle sert de faire-valoir à son mari, de telle sorte qu’elle représente la démonstration vivante du respect de la moralité observé par le titulaire de cet emploi. Son air hautain, son sourire dédaigneux désarçonne n’importe quel prétentieux. Elle n’a mis au monde qu’un garçon, les douleurs de l’enfantement ont été si vives, qu’elle a regretté d’être une femme.

    — Papa, je désire te parler au sujet des épreuves du baccalauréat ! glisse Bertrand.

    — Je t’en prie ; tes résultats à l’écrit se sont révélés désastreux, le mien je l’ai obtenu accompagné d’une mention très bien. Je ne dispose pas de l’esprit libre nécessaire au sujet qui te préoccupe. Une affaire entre les mains m’indispose, j’ignore comment m’en débarrasser, souligne Gilbert.

    — Suis-je autorisé à savoir quel dossier urgent t’occupe le cerveau à en oublier ton fils ? interroge la mère.

    Il leur raconte les difficultés rencontrées par Xavier Aggiotini. Elles empoisonnent sa vie en perturbant la sienne. C’est une affaire classique d’enveloppe lors de la passation d’un marché public. Habituellement, cette pratique courante au sein de l’administration territoriale ne fait pas de vagues. Hélas, un échotier à l’écoute de rumeurs en a eu vent. Ce polémiste agace, il attaque celui qui faiblit, il ramasse comme la brise balaye les feuilles tout ce qui pourrait nuire à celui qui prête le flanc. Xavier s’émeut des articles publiés par la presse et lui a avoué en privé le non-respect de la procédure. Le ministre a appelé plusieurs fois Gilbert Vigouroux à ce sujet, il lui a montré qu’il souhaitait l’oubli des irrégularités. Le Procureur général lui a remémoré que l’année prochaine se réunira le cabinet noir à l’hôtel Bourvallais. On y évoquera les nominations et avancements des magistrats du parquet, ses membres échangeront au sujet de sa carrière. Selon toutes probabilités, le ministre proposerait au Président de la République son élévation au rang de Substitut général, on voudrait le recomposer de son dévouement à la justice. Alors s’il ne désire pas son détachement au milieu de la brousse, il est tenu de dénicher une solution qui tend au classement sans suite. Gilbert avoue qu’il compte contacter les avocats de la partie adverse à l’effet de les avertir que le fait de déclencher une action publique engendrera un risque d’une forte amende. Celle qui châtie les auteurs de procédures abusives, ces prétentieux veulent à tout prix qu’ils puissent plaider contre le parquet. Cette idée le révulse et lui donne la nausée. Toutefois, il sait que le juste triomphe toujours.

    Le visage blanc de Gilbert Vigouroux montre son désarroi. Son fils lui indique qu’aux États-Unis, la presse s’en serait déjà emparée de telle manière que de gros titres empêcheraient de l’enterrer. Son père critique cette pratique et lui souligne qu’en France, on a conservé les valeurs démocratiques, elles impliquent que seuls les officiers de police judiciaire, le parquet ou un juge d’instruction diligentent des enquêtes, et des non, des gribouilleurs sans intelligence. Un simple brulot n’a pas l’onction du peuple pour agir. Son interlocuteur lui suggère le même genre d’aide à propos de ses examens, à cette condition il réussira. À ces mots, son père le somme de s’expliquer. Alors son fils lui précise que des appels téléphoniques rendraient possible l’obtention d’une mention, car il ne désire pas s’inscrire au sein d’une faculté de nécessiteux. Bientôt, le personnel enseignant y accueillera des SDF et des migrants. La France va à l’eau. Il se sentirait déclassé en étant assis à côté d’un jeune sans-le-sou, si bien qu’en se percevant en train de gueusailler, des cauchemars hanteront ses nuits. Son contradicteur s’offusque d’une telle prétention et rugit que personne ne dispose du droit de tricher à un examen.

    Sa femme bondit et s’exclame :

    – Le fait de soulever deux ou trois fois le combiné ne compromettra pas ta carrière. Peu de points manquent à ce précieux diplôme, un petit coup de pouce en faveur d’une mention ne changera pas la face du monde.

    – Au cœur de notre famille, toutes les réussites à nos examens résultent de nos efforts, et non grâce à l’intervention d’une tierce personne. De manière exceptionnelle, j’essaierai d’influencer certains individus sans que je garantisse un effet positif, puisque je ne détiens aucun moyen de pression sur les enseignants, abdique Gilbert.

    La conversation s’achève, il regagne son bureau tapissé d’une collection de codes qu’il conserve depuis vingt ans comme s’ils étaient de vieux manuscrits aussi précieux que des diamants. Le rouge des couvertures des bibles juridiques contraste avec le noir de son costume. Dans son sanctuaire, il est à même de traiter les dossiers les plus urgents sans se rendre au tribunal. Si la justice le demande, il gratterait du papier avec sa plume sans s’occuper de sa fatigue. La nuit dernière, il a écrit des mots vengeurs contre un SDF qui avait volé une miche de pain à l’étal d’un commerçant. Ce soir, l’obtention par son fils d’une mention est plus pressante que n’importe quelle autre réquisition des sphères supérieures de son administration, ainsi une grande faculté parisienne l’acceptera en son sein.

    Ses exigences se révèlent être à l’opposé de ses conceptions en matière d’éducation et de conduite au sein de la société, l’intervention de son épouse lui interdit de refuser d’intercéder. Jusqu’à présent, leur caractère bénin ne remettait pas en cause sa carrière. Celle-ci est son obsession et sa raison d’exister, il n’accepte pas qu’on puisse détruire ce dessein. Depuis l’école de la magistrature, il rêve de la terminer au sommet de la hiérarchie judiciaire. Y parvenir demande tant d’abnégation que celui qui l’atteint croit avoir conquis l’Éden.

    Il n’aurait jamais dû céder devant sa femme, mais elle dispose de moyens de contrainte que l’homme normalement constitué a du mal à ne pas prendre en considération. Placer son pieu au sein de sa demi-lune est comparable à l’alpiniste qui enfonce son piochet dans la roche, s’il ne le faisait pas, il dévisserait et sombrerait dans le néant.

    À chacune de ses interventions officieuses, il ne s’expose à aucun risque, étant donné qu’il calcule et soupèse tous les cas de figure, le péril est presque inexistant. Lorsque le requérant a franchi la bande blanche de la légalité, il classe sans suite en échange d’une demande de services, mais il se maintient à l’intérieur des limites de ses compétences. La loi lui reconnait le pouvoir d’apprécier l’opportunité d’une poursuite pénale, lui seul décide de ce qu’il convient à la situation. En outre, il garde en réserve la possibilité d’invoquer un élément nouveau, de la sorte, il est à même de relancer une procédure mise en sommeil, ce cas de figure est resté jusqu’à présent théorique. Le point faible est la demande de service en échange de sa mansuétude, il prend bien garde de n’en laisser aucune trace.

    Un unique fin guide Gilbert Vigouroux que son fils obtienne son baccalauréat avec mention.

    Chapitre 2

    UNE FOIS SON BACCALAURÉAT acquis, Bertrand Vigouroux s’est inscrit à une université parisienne, dont le nom occasionne des rêves de beaucoup d’étudiants parisiens et d’ailleurs, Paris-Dauphine. Le gouvernement l’a implanté en plein cœur du 16e arrondissement de Paris. C’est pourquoi il réalisera son cursus tant désiré. Les pouilleux, les fainéants et les chapardeurs n’osent pas regarder les vitrines que des commerçants ont installées le long des rues de cet arrondissement, ils sont persuadés qu’ils doivent en demander la permission.

    La croyance qu’il est doté d’une belle plume aux envolées aussi majestueuses que celles des plus prestigieux écrivains l’a incité à entreprendre des études littéraires.

    Sans fournir de travail personnel, il se complait dans l’oisiveté, sa réussite n’est due qu’à l’intervention paternelle. Il rêve d’une carrière en politique, en revanche il n’a aucune envie d’intégrer une grande école. Une de ses connaissances suit ce cursus, l’exigence de labeur est si forte qu’il ne lâche pas ses livres et notes, à tel point que Bertrand Vigouroux s’interroge s’il ne s’endort pas en leur compagnie.

    Gilbert Vigouroux se questionne à propos de l’avenir de son fils, il ne se leurre pas, s’il lui apporte une aide, il parviendra à terminer un deuxième cycle universitaire, cependant l’idée qu’il puisse aller au-delà lui parait utopique. Il serait en mesure de dénicher une personne apte à accomplir ses travaux de doctorant, toutefois, cette pensée l’horripile, car elle conduit à une renonciation à tous ses principes. Par surcroit, il devrait acquérir le silence de celui, qui effectuerait cette tâche, qu’en le payant et en exerçant des moyens de pression. Il a appris que Maitre Vaugirard d’extraction assez basse a obtenu son doctorat en copiant une thèse très honorable d’une personne bien née. Ce titre lui a permis de se présenter à l’examen de l’école d’avocat sans satisfaire au concours d’entrée. Cet exemple dévoile que la tromperie en ce domaine est le fait de la lie du peuple.

    Ses questionnements ont pris fin quand son fils lui a annoncé son désir de ne pas entreprendre un troisième cycle. Cette nouvelle l’a tellement soulagé qu’il en a poussé un grand ouf d’apaisement, il pourra dormir tranquille. Lors de l’évocation de son avenir professionnel, il reconnait son attrait en faveur de la politique, le pouvoir le fascine. En vue de mieux appréhender les problématiques de la France d’aujourd’hui, il a choisi d’étudier les sciences de la société au cours de sa maitrise, cette ambition l’explique. D’ailleurs, il ne perçoit son futur immédiat qu’en tant qu’assistant parlementaire, c’est la seule voie possible afin de pénétrer à l’intérieur de ce monde.

    Il indique à son père que ce métier exige des appuis. En admettant qu’une personne honorable veuille aider son fils à obtenir un tel poste, il téléphone à un député. Le temps de dire ouf, son enfant s’introduit à l’intérieur des arcanes du pouvoir. Son interlocuteur lui rétorque qu’il ne fréquente pas d’hommes politiques, en effet ses relations se limitent au monde judiciaire. Il lui conseille de s’orienter vers d’autres voies. Son fils lui signale que si un député a transgressé la loi, son silence permettrait de libérer une place. Il insiste sur sa pratique de ce genre de marchandages depuis le début de sa carrière. Son père furieux l’interroge s’il n’a pas perdu la raison. Il lui rappelle qu’un homme politique détient le pouvoir et que le ministre de la Justice est son supérieur hiérarchique, en étant sous sa dépendance, une signature de sa part met fin à sa carrière. Il insiste sur son complet assujettissement à ses souhaits. Il lui raconte qu’il a effectué un stage en tant qu’auditeur de justice au sein d’un parquet du sud-ouest de la France. Chaque matin, le procureur s’agenouillait au-devant du portrait du ministre comme le bon chrétien le fait devant la statue de la vierge. Il expliquait ce geste par le fait qu’il se remémorait sa place vis-à-vis de ce haut personnage de l’État. Stupéfait, il l’écoutait sans mot dire, aujourd’hui, il sait que cet homme avait raison.

    Son visage s’empourpre, ses tentatives de tempérer l’ardeur des demandes de son fils se vouent à l’échec, car sa mère le soutient et sa femme le tient. S’il exerçait un chantage sur un député, sa carrière exploserait en plein vol. Il attendrait sa retraite en n’étant que Procureur de la République auprès d’un Tribunal de grande d’instance, qu’on a implanté au milieu d’une sous-préfecture en rase campagne. Avant-guerre, on l’aurait nommé au fin fond de l’Afrique. Cette projection de cette fin de vie professionnelle le révulse. En outre, il se rend compte qu’il a employé un terme équivalent au racket, cet aveu de son subconscient le trouble.

    Le soir même, sa femme, devenue odieuse, le prend au piège et refuse de lui adresser la parole tant que leur fils n’a pas signé un contrat de travail en qualité d’assistant-parlementaire. Il n’a pas la faculté de satisfaire à son désidérata. Sa progéniture souhaite, sa mère exige, si bien que la possibilité s’est transformée en une obligation. De plus, son enfant n’a pas les aptitudes et connaissances indispensables à l’exercice de cette fonction. S’il a obtenu des diplômes, ceux-ci ne sanctionnent pas un savoir, étant donné qu’il n’a suivi aucun cours, sa seule assiduité concerne les fêtes étudiantes. Il fut tenu d’intervenir aussi en ce domaine, ses débordements frôlaient la légalité. Son fils dépeint une plaie.

    Parfois, le hasard arrange les complications de l’existence. En l’occurrence, le ministre de la Justice l’appelle en personne, car il souhaite étouffer à tout prix une affaire. Un député de la majorité est mêlé à une histoire pénible, pour autant elle n’est pas compromettante. L’homme politique insiste sur le qualificatif ennuyeuse. Le gouvernement dans son ensemble se méfie de la presse à scandales, puisque, si des journalistes l’apprennent, elle devient une affaire d’État. Il exige le silence, et désire avec la plus grande force que le dossier se close sans bruit. Il lui promet de le rappeler d’ici quelques jours. Avant de raccrocher, il lui souligne qu’il ne veut pas interférer dans le cours de la justice, il défend avec acharnement son indépendance, mais il souhaite éviter des complications inutiles pour une affaire bénigne. Gilbert Vigouroux reste muet, en effet, il ignore tous les détails de ce dossier, le ministre ne l’a pas mis au courant du nom de ce parlementaire. Il n’a pas eu de retour sur un cas même minime où un député serait impliqué. Il se remémore de l’exigence de placer son fils, une solution émerge, il ne peut pas la rater. Cependant,

    après avoir vérifié tous les affaires plus ou moins graves présents au parquet, il découvre un accident de circulation. La lecture du procès-verbal lui permet d’apercevoir la raison de l’affolement de l’homme politique. Un membre de l’Assemblée nationale, Patrick Poichat conduisait en état d’ivresse, de plus deux jeunes femmes d’origine antillaises l’accompagnaient. Ces dernières ont la réputation de se livrer à la prostitution. À 5 h 10 du matin, sa voiture, une luxueuse berline noire, roulait très vite, si bien que le macadam parisien en ait conservé les traces de freinage. Elle a percuté un individu à un feu rouge, il traversait à un passage pour piétons, il se rendait à son travail. Il se nomme Paul Sicard, hospitalisé, les équipes médicales l’ont placé aux soins intensifs. Si la presse l’apprend, un scandale éclatera. La justice répressive sanctionnera tout au plus un défaut de sobriété derrière le volant, du moins si la victime n’a pas eu de lésion importante. Il ne dispose pas beaucoup de pouvoir de façon à traiter ce dossier, mis à part classer l’affaire sans suite.

    Avec cette affaire, Gilbert Vigouroux entre au sein du monde où il excelle. Il s’est spécialisé dans la résolution de cas inextricables où les éléments s’entrelacent et forment un fouillis, il se faufile à l’intérieur de ce labyrinthe que même Dédale n’aurait pas imaginé à la poursuite d‘une solution. Il a en tête, la fonction de ce personnage, la demande de son fils, sans oublier les pressions du ministre, ils représentent des intérêts antinomiques. Il est tenu de les faire coexister sans occasionner de troubles.

    Le député est un individu grand et

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