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LA RANÇON
LA RANÇON
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Livre électronique310 pages4 heures

LA RANÇON

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À propos de ce livre électronique

Lucie est une jeune fille de 22 ans. Elle est issue d'une famille aisée de Langon en Gironde. Très tôt, initié en cela par Virgile, elle est tombée dans le piège de la cocaïne. Pour ne pas que ce travers parvienne à la connaissance de ses parents, elle décide de poursuivre ses études à Bordeaux. Pour payer sa consommation son ami Virgile la convainc de se prostituer dans un appartement équipé de caméras pour ensuite faire chanter les clients.

Le système fonctionne jusqu'au moment où Virgile et ses amis, Germain et Loïc ne tentent d'activer un trafic de cocaïne sur Bordeaux. Pour se procurer la mise de fonds nécessaire à lancer l'affaire. Ils simulent l'enlèvement de Lucie. La rançon exigée de son père doit permettre de réaliser l'affaire.

Ils se heurtent très vite à une bande rivale qui défend son territoire et provoque la zizanie dans le groupe. Lorsque Lucie apprend que son père a embauché un cabinet de recherches privées elle se rend compte que rien ne va plus. Comment va-t-elle se sortir sans dommage d'une situation qui pourrit de jour en jour.

LangueFrançais
Date de sortie1 nov. 2022
ISBN9798215520833
LA RANÇON
Auteur

Maurice, Américo LEAO

Je suis né en mille neuf cent quarante-sept, à Ambarés 33, commune sur l’estuaire de la Gironde. D’un père Portugais et d'une mère Béarnaise. Après Une carrière en gendarmeries où j’ai occupé divers postes, depuis enquêteur en section de recherches, jusqu’à commandant de brigade, en France et outre-mer, je me suis trouvé confronté au milieu avec ses magouilles et ses crimes crapuleux. Quelques-uns d’entre eux m’ont motivé pour en faire le récit. Ce sont aujourd’hui plusieurs titres qui figurent à ma bibliographie. Si les lieux où se déroulent les faits sont réels, les personnages sont de pures fictions. Les événements sortis de leur contexte d’origine pour être romancés se déroulent principalement en Gironde, Lot et Garonne mais aussi à la Martinique et en Espagne. Laissez-vous conduire sur les traces de ces mauvais garçons qui prennent vie au cours de ces affaires où gendarmes et policiers ne gagnent pas toujours et se terminent par des règlements de comptes entre gens du milieu. Beaucoup d’enquêtes ne sont jamais résolues, en douteriez-vous ?

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    Aperçu du livre

    LA RANÇON - Maurice, Américo LEAO

    LA RANÇON

    Agence Tout sur Tous

    Du même auteur

    Meurtre à la palombière.

    La sorcière de la porte Rendesse et la vengeance du mage noir.

    Prends garde à la garce.

    Si tu prends mon cœur.

    La fille du ferrailleur.

    Ha la gueuse.

    Les oubliés de l’histoire.

    Ami entends-tu.

    Dernier dépassement.

    Le coffre maudit.

    Le Ballot.

    Ceci est une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ou des événements réels ne serait que le fait du hasard.

    LA RANÇON

    Agence Tout sur Tous

    ––––––––

    Première édition.

    Copyright © Maurice, Américo LEAO.

    ISBN 9798361283873

    ––––––––

    Dépôt légal troisième trimestre 2022

    Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par l’article L.335-5 et suivant du Code de la propriété intellectuelle.

    LA RANÇON

    ––––––––

    1

    ––––––––

    Mercredi 26 janvier 2022 à Pessac en Gironde.

    — C’est râlant, Il y a beaucoup de fric à faire ici, dit Virgile Albescu en reposant son verre sur la table.

    — C’est sûr, mais pour démarrer une affaire il faut du pognon et du pognon, moi je n’en ai pas, dit Loïc Duchant.

    — Ils sont réunis au domicile de Germain Landrot. Une petite construction en pierre composée de deux chambres, une cuisine une grande pièce à vivre un garage et un petit jardin. C’est l’une des rares ayant survécu à l’urbanisation galopante sur la commune de Pessac. De toutes parts elle est entourée de constructions modernes. De l’autre côté de l’avenue, ce sont les tours de la cité des pins qui la dominent de la hauteur de leurs quinze étages.

    Installés dans la cuisine, autour d’une bouteille de whisky, les trois hommes reviennent d’une concentration de motards dans le sud du département. Germain Landrot s’empare de la bouteille.

    — Je sers la rince, dit-il.

    Pendant que les deux autres avancent leurs verres, il en profite pour rajouter.

    — Cessez donc de vous chamailler. Parler dans le vide pour ne rien faire ensuite. Au lieu de parler pour ne rien dire, faites marcher vos méninges, dit-il

    Lui, des idées il en a, mais il faudrait que tous se mettent d’accord.

    — Tu en as de bonne toi. Parce que du fric tu en as peut-être ? Tu n’imagines pas ce que ça coûte d’organiser un voyage au Maroc ou en Espagne pour ramener de la came, dit Virgile Albescu.

    — Avec les risques de te faire choper en route et finir en taule à Rabat. D’après ce que j’en sais, ce ne sont pas des hôtels quatre étoiles, dit Loïc Duchant.

    — Qui te parle d’entreprendre un tel voyage. Il y a ici à Bordeaux, des gens capables de te vendre Deux ou trois kilogrammes de blanche, dit Germain Landrot.

    — On tourne en rond quand même. Je veux bien que l’on puisse s’en procurer sur place, mais c’est toujours la même question. Celle que j’achète pour ma copine et moi, je la trouve auprès des dealers de la place André Meunier. Et encore, c’est elle qui paye, dit Virgile Albescu.

    — Ouais, je le sais et pour ça, elle fait la pute parce que son père ne lui donne pas assez de fric pour vivre. Juste assez pour payer ses études et son studio, dit Germain Landrot.

    — Elle peut en parler de ses études de journalisme. Elle est plus souvent avec toi et ses copains apprentis, grands reporters, à traîner la nuit dans les bars à faire la nouba, précise Loïc Duchant.

    — Pour en revenir à ta Lucie, je sais qu’elle se livre de plus à un petit commerce qui pourrait lui coûter cher, dit Germain Landrot.

    Virgile Albescu marque un temps d’arrêt puis reprend.

    — Et alors il ne te gêne pas son petit commerce. Comment tu crois que j’ai du fric pour vous payer à boire ?

    — À moi non, il ne me gêne pas, mais tu aurais pu nous en parler, nous la présenter, nous formons une équipe oui ou non ?

    Loïc Duchant se doute que Virgile leur cache quelque chose.

    — Et alors, c’est quoi ce petit commerce ?

    — Ce n’est pas compliqué, son appartement est équipé de caméras et de micros. Elle ne baise qu’avec des gens aisés qu’elle racole sur Internet. ludmila@gmail.com c’est elle. Tu commences à comprendre ?

    — Ouais, je crois, après elle les fait chanter !

    — Exact et comme ils ont des situations, des femmes et que sais-je encore, ils crachent au bassinet, et s’ils sont récalcitrants, notre ami Virgile leur met la pression, dit Germain Landrot.

    — Stop, je vous vois venir. Il n’est pas question de la taper pour payer la dope. Elle gagne juste ce qu’il faut pour mener une belle vie. Je vous signale que je vous en fais profiter aussi. Pour acheter deux ou trois kilogrammes de blanche il faut plus de fric que ça, dit Virgile Albescu.

    — Qui te parle de ça, dit Germain, Landrot.

    — Alors, tu veux en venir où ?

    Germain Landrot prend le temps d’allumer une cigarette et remplir les verres. Il rejette un nuage de fumée, puis fixe Virgile dans les yeux.

    — Tu sais qui c’est son père ?

    — Non, jamais elle ne m’en parle. Moi, pourvu que l’on baise ça me suffit.

    — Et bien, avant qu’un client plus rétif que les autres, mais que tu ne pourras pas raisonner, ne lui fasse un mauvais sort, je vais te renseigner.

    — Je t’écoute !

    — Tu connais l’EAI ?

    — Non, c’est quoi, un truc militaire ?

    — Pas vraiment, mais tu n’en es pas loin. C’est une boîte qui fabrique des pièces d’avion pour la défense nationale. Ça s’appelle Espace Aéro Industrie et se trouve sur la zone industrielle de Marmande en Lot et Garonne.

    — Et alors, Ça change quoi, dit Virgile.

    — Attends, je n’ai pas fini, parce que si toi tu ne penses qu’à la baise et te faire une ligne de coke, moi je fais marcher mes méninges. Ce type il est pourri de fric, il habite à Roaillan à côté de Langon, une villa comme tu n’imagines pas.

    Dans son coin Loïc Duchant s’est resservi un verre de whisky. Il écoute tout en tirant des bouffées sur le joint qu’il vient de se rouler. Lui, il a compris où Germain veut en venir.

    — Un type qui a tout ce pognon, ce n’est pas moral. Je pense qu’il pourrait nous faire un don, dit-il.

    Virgile manque de s’étrangler.

    — Un don, et tu t’y prendrais comment pour le lui demander ?

    C’est Germain Landrot qui reprend la parole.

    — Par l’intermédiaire de ta Lucie.

    — Ça ne marchera jamais. Déjà il ne lui refile qu’à peine de quoi payer ses études.

    — Qui te parle de faire comme ça. Je sais que c’est pour cette raison qu’elle tapine. Écoute-moi bien, je suis sûr que ta Lulu elle marchera parce qu’en même temps elle lui joue un bon tour au vieux radin.

    Réunis après avoir participé à une concentration de motard sur la place du marché à La Réole, le trio partage l’apéritif au domicile de Germain Landrot. Tous trois ont la même passion pour les motocyclettes de grosse cylindrée. Aucun d’entre eux n’occupe un véritable emploi. Ils vivotent d’aide sociale et de petits boulots non déclarés. Virgile, depuis longtemps déjà, place un peu de cocaïne ici ou là, de préférence aux amis et à Lucie Dupont. Les fins de mois sont difficiles.

    ***

    Quelques années plus tôt.

    — Tu sais bien papa, que je préfère le journalisme, c’est la carrière que j’envisage, et c’est bien pour cela que j’ai choisi de préparer une licence de lettres après le BAC.

    — Une licence de lettres, c’est bien gentil, mais tu aurais mieux fait de t’intéresser à l’industrie aéronautique. Ta place était toute trouvée dans mon usine.

    — Peut-être mais moi, les fusées et les avions ce n’est pas mon truc. Je préfère le travail sur le terrain. Je ne me vois pas derrière un bureau et papoter devant la machine à café avec ta secrétaire. Elle passerait son temps à me flatter parce que je suis la fille du patron, et ça, je n’en veux pas.

    — Je sais et j’ai bien compris que tu recherches surtout ton indépendance. Si ton frère était toujours de ce monde, il serait déjà avec moi. Il était doué pour la recherche et je pouvais compter sur lui. Hélas, le destin lui a été contraire, et à moi aussi. Je suis déçu que tu ne veuilles pas adhérer à mes conseils et intégrer l’entreprise.

    — Je ne serai pas une bonne collaboratrice, ce que je veux, tu le sais, et j’insiste pour suivre la voie qui m’intéresse.

    — C’est bon, je ne veux pas te rendre malheureuse. Je vais la financer ton école de journalisme. Mais pendant ces trois ans d’étude tu n’auras que l’argent nécessaire à tes besoins de base. Il est l’heure que tu apprennes à gagner ta vie par tes propres moyens. Pour ce qui est de te loger, tu n’as qu’à t’installer dans le studio que j’avais acheté à Pessac pour ton frère. Je n’ai jamais pu me résoudre à le vendre ou le louer. Il y a même une place de stationnement privée pour ta voiture.

    Situé au numéro douze allée des pins dans un immeuble récent destiné aux étudiants, le studio est proche de la faculté. Pour son frère Charles c’était l’idéal, pour elle cela l’est moins. En effet l’institut de journalisme se trouve à Bordeaux, dans le quartier de la gare Saint Jean. Qu’importe, ce n’est pas le moment de faire la fine bouche. Circuler dans Bordeaux, c’est galère. Je prendrai le bus, se dit-elle.

    — Tu es le plus gentil des papas. La possibilité de loger sur place m’évitera de perdre du temps. Je pourrai travailler davantage. Je ne rentrerai que le vendredi soir, et encore pas toutes les semaines.

    Lucie sent qu’elle a gagné la partie. Pas tout à fait cependant, si son radin de père lui restreint l’argent de poche ce va être galère. Parce que des besoins annexes, ce n’est pas ce qui lui manque, et certains coûtent cher.

    ***

    Lucie Dupont est née à Langon (Gironde), le douze mai deux mille. Grande, un mètre soixante-dix, bien proportionnée, cheveux blonds, long, yeux noisette, visage ovale. C’est le deuxième enfant de Jean Dupont. Charles était son aîné de trois ans, mais il est décédé dans un accident de voiture. Son père a reporté toute son affection sur Lucie. Il ambitionnait pour elle une formation qui lui permette de s’impliquer dans l’entreprise aéronautique. Bien vite il s’est aperçu que ce n’était pas son intention à elle, et que de toutes les manières, elle n’en ferait qu’à sa tête. Malgré sa déconvenue, il se résout à son désir de faire du journalisme.

    Depuis ses premières années de lycée, Lucie avait rencontré la drogue sur son chemin. Au début, c’était de petites fumeries. Des joins roulés à la va-vite dans le parc de Blanche Neige, lui aussi grignoté par une zone industrielle et des habitations diverses, en compagnie de quelques copains et copines. Un après-midi, Ronan, l’un d’entre eux, revint accompagné de Virgile Albescu, un garçon plus âgé, d’origine ukrainienne, rencontré à Bordeaux. Il l’avait invité à venir à Langon pour assister au feu d’artifice du quatorze juillet. Lui avait passé le stade du joint. Il leur fit découvrir la cocaïne. Si certains ont su ne pas aller trop loin, ce ne fut pas le cas de Lucie. Approvisionnée par Virgile, tout son argent de poche finissait dans celle du garçon. À plusieurs reprises devant son manque de liquidité, Virgile suggéra le paiement en nature. Lucie avait sa ligne.

    C’est à cette époque que son père s’est aperçu de son total désintéressement de l’entreprise. Depuis quelques mois elle sentait la nécessité de se procurer sa dose d’une autre manière. Pour cela, il fallait quitter son petit village, où tout finit par se savoir. Poursuivre ses études à Bordeaux, où, par facilité elle logerait sur place.

    C’est ainsi que depuis une année, elle a intégré l’Institut de Journalisme de Bordeaux Aquitaine, fondé en mille neuf cent soixante-six par Robert Escarpit. L’établissement est situé près de la gare Saint Jean dans le quartier Sainte Croix.

    Virgile Albescu s’est occupé de louer un petit appartement dans la rue Sainte Catherine, l’artère commerçante la plus passante de Bordeaux, et la plus anonyme aussi. Il n’a pas été long à lui faire comprendre l’utilité de caméras et de micros pour améliorer l’ordinaire. Ensuite, c’était à lui de faire rentrer des liquidités.

    ***

    Mardi 25 janvier 2022.

    Il tombe depuis le matin une petite pluie fine qui rend la chaussée glissante car elle dilue en même temps toutes les traces d’huile, poussières et autres saletés qui se sont accumulées sur la chaussée. Gwendoline Martin conduit en douceur, elle n’est pas encore tout à fait familiarisée avec la motocyclette qu’elle vient d’acquérir d’occasion sur Le bon coin. Une BMW R.1200 GS Adventure. Elle fait patte de velours sur la poignée des gaz de crainte que les quatre-vingts chevaux de la machine ne lui échappent, et la jette sous un bus ou un camion.

    Elle a quitté le quai des Chartrons où elle demeure pour rejoindre l’institut de journalisme. Elle reste sage et ne tente pas de dépasser la fourgonnette derrière laquelle elle se tient. Sur sa gauche la Garonne roule des flots boueux. Elle laisse le pont de pierre, construit sous Napoléon et poursuit en direction de la gare saint jean. La rue Jacques Ellul n’est plus qu’à quelques tours de roues.

    Quelques places de stationnement sont réservées pour les deux roues, sur le parc de l’école de journalisme où elle termine sa troisième année. Le temps d’introduire son badge la barrière se lève. Elle a le temps d’apercevoir, sous leurs parapluies, l’échange furtif de Lucie Dupont avec Stéphanie Lafont, une élève de sa classe. Pendant que cette dernière dissimule un petit sachet dans son sac à main, Lucie empoche quelques billets.

    Elle a compris, le temps de hisser la machine sur sa béquille, les deux femmes se sont séparées. Sa montre indique huit heures cinquante-cinq. Il n’est plus temps de se poser des questions à moins de rater le début du cours. En un tour de main, elle pose l’antivol sur la motocyclette et range son casque dans le coffre arrière. Son porte-documents retiré de la sacoche elle se hâte vers la salle de classe. Tout en marchant elle se remémore le geste furtif des deux femmes. Depuis le début de leur formation, Lucie s’est liée d’amitié avec Stéphanie.

    Non, ce n’est pas possible, pas elle, se dit-elle.

    Devant elle, Stéphanie Lafont se hâte aussi. Elles arrivent en même temps devant la porte de la classe. Lucie à le temps de lui murmurer à l’oreille.

    — Toi, au changement de cours il faudra que je te parle.

    — Oui, bien sûr, j’ai moi-même une invitation à te faire.

    ***

    Il n’y a que dix petites minutes qui séparent les deux cours La pluie a cessé Gwendoline prend Stéphanie par le bras et l’amène jusqu’au parc de stationnement. Elle fait semblant de chercher quelque chose dans les sacoches de sa moto. Elle ne s’embarrasse pas de préliminaire.

    — Je t’ai vu ce matin avec cette fille de deuxième année. Ne me dis pas que tu te shootes. J’ai déjà remarqué son manège à plusieurs reprises avec des gars de sa promo. Jusque-là, je m’en fichais, mais avec toi, ce n’est pas la même chose. Tu es mon amie et ça me fait de la peine.

    Surprise par l’attaque directe, Stéphanie reste quelques secondes sans rien dire, puis se ressaisie.

    — De quoi tu parles, qui c’est, qui se shoote ?

    — Ne me prends pas pour une bourrique, je vous ai bien vues sous vos parapluies. Ça a été rapide, mais pas assez. Cette fille t’a refilé de la cocaïne et toi tu as payé.

    Stéphanie ne peut pas démentir ce donc l’accuse Gwendoline. Elle a plusieurs solutions, soit l’envoyer paître, soit nier, soit reconnaître l’échange. Depuis leur arrivée à l’institut de journalisme Bordeaux Aquitaine, les deux femmes ont sympathisé spontanément. Elles ont à plusieurs reprises fait des sorties en discothèques, ou entre amis, partagés les mêmes amours éphémères. Elle ne veut pas briser cette relation.

    — Oui, c’est vrai elle m’a procuré une dose de coke. Il y a longtemps que je voulais essayer. J’avais remarqué qu’elle en procurait à quelques copains, c’est pourquoi je le lui ai demandé. Elle a une combine pour en avoir.

    — Écoute Stéphanie, les petites fumettes occasionnelles que nous avons pu faire toi et moi, c’est de la rigolade, d’ailleurs cela fait plus d’un mois que je n’y ai pas touché et ça ne me manque pas.

    — Je reconnais que tu as raison, à moi non plus ça ne me manque pas. C’est par curiosité que j’ai voulu tenter autre chose.

    — Et bien si tu veux bien accepter mon conseil, laisse tomber, n’ouvre pas la porte de la cocaïne, elle cache celle de l’enfer. Et l’enfer quand tu y entres, tu n’es jamais sûre d’en sortir.

    Déstabilisée par le fait d’être surprise la main dans le sac, mais aussi émue par l’amitié que lui témoigne Gwendoline, Stéphanie comprend que son amie à raison.

    — C’est vrai, j’allais faire une grosse bêtise, je vais balancer cette saleté.

    — Alors, fait le tout de suite, là, devant moi.

    Sans plus hésiter Stéphanie retire le sachet qu’elle avait dissimulé dans son sac à main et en vide le contenu dans une flaque d’eau.

    — Tu me fais vraiment plaisir de te monter raisonnable. Crois-moi sur parole, la drogue c’est la mort sociale avant d’être la mort, tout court. Mais tu avais quelque chose à me dire.

    — Oui, mais je ne sais pas si cela va te faire plaisir, Lucie, celle-là même qui m’a vendu le sachet organise une petite sortie entre copains et copines, elle m’a invité et je lui avais proposé que tu viennes aussi.

    Gwendoline reste pensive quelques secondes. Son premier réflexe est de refuser mais elle a des scrupules à laisser Stéphanie y aller seule. Il est à craindre qu’elle se laisse entraîner sur cette mauvaise pente.

    — C’est d’accord, je serai de la partie.

    Une idée s’est imposée dans sa tête. Pourquoi ne pas réaliser son premier reportage en choisissant le thème de la drogue.

    — Tu es sympa, je me sentirai moins seule, c’est pour vendredi soir, le rendez-vous est à vingt et une heures place de la Victoire au bar Le Trianon. J’y suis déjà allée avec des copains, c’est simple, et on s’amuse bien.

    ***

    La place de la victoire à Bordeaux, est l’un des hauts lieux de la vie nocturne de la jeunesse, la bonne mais aussi la mauvaise. Le bar Le Trianon, fonctionne surtout en soirée et tard dans la nuit. De trianon, il n’a que le nom, même si une peinture représentant le monument décore sa façade. L’intérieur est quelconque. Il s’agit d’une grande salle toute en longueur bordée de petites tables. Elle se termine sur un comptoir circulaire derrière lequel s’ouvre une autre salle rectangulaire beaucoup plus vaste. C’est là que Gwendoline et Stéphanie retrouvent Lucie, déjà entourée de quelques participants. Certains leur sont connus pour être inscrits à l’institut, d’autres non, mais qu’importe tous sont là pour passer un bon moment.

    En fin de soirée un homme se joint au groupe. Il prend place à la table de Lucie où se trouvent déjà plusieurs personnes dont Gwendoline et Stéphanie.

    — Quand même, te voilà, le rendez-vous c’était vingt et une heure, dit Lucie.

    L’homme se penche vers elle et dépose un baiser discret au coin de ses lèvres.

    — Calme-toi, j’ai été retardé par un imprévu, mais j’ai de quoi me faire pardonner, dit l’homme en lui glissant dans la main deux petits sachets de cocaïne qu’elle s’empresse de dissimuler dans son sac à main.

    Depuis son arrivée dans le bar, Gwendoline guettait le moindre geste, le moindre fait anormal. Eh bien, le voilà son fournisseur, se dit-elle.

    — Je vous présente mon ami Virgile, il est à la faculté de Pessac, dit Lucie.

    Les présentations sont rapides. L’homme commande une bière brune, puis avale une longue gorgée en fixant Lucie dans les yeux. Cette dernière consulte sa montre puis s’exclame.

    — Houla, déjà une heure du matin, il faut que je rentre chez moi. Puis s’adressant à son ami elle rajoute, tu me déposes, c’est sur ta route.

    — Aucun problème, je finis ma bière et c’est parti, déclare, t-il.

    Lucie est déjà debout.

    — Pendant ce temps, je file aux toilettes.

    À son retour, il a terminé sa consommation.

    — Quand tu veux, dit-il.

    Lucie sent un léger écoulement nasal glisser le long de sa narine. D’un geste machinal elle retire un mouchoir en papier de son sac à main, puis s’engage derrière son ami qui déjà se dirigeait vers la sortie. Elle ne se rend pas compte qu’un petit rectangle de bristol est tombé sur le sol en même temps qu’elle utilisait le mouchoir.

    Au moment de partir, Gwendoline s’en aperçoit. Elle le ramasse dans l’intention de le lui rendre.

    — Je n’ai pas fait attention sur le moment, Mais il a dû tomber du sac de Lucie lorsqu’elle s’est mouchée, dit Stéphanie.

    Il s’agit d’une carte de visite sur laquelle figue l’adresse d’un site de rencontres. C’est peut-être tout simplement que Lucie, recherche l’âme sœur, bien que ..., il ne semble pas que ce soit son style. De plus, elle semble au mieux avec cet homme qui s’est joint au groupe et ne la quitte pas d’une semelle.

    — Je la lui rendrai lundi à la reprise des cours, dit-elle.

    ***

    Rentrée chez elle Gwendoline repense à cette carte de visite. Un site de rencontres. Cela l’interpelle. Lucie est une très jolie femme, il est indéniable que ce garçon et elle sont intimes. Pourquoi un site de rencontres.

    Le petit lutin aux sabots fourchus,

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