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Le coffre maudit
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Livre électronique412 pages7 heures

Le coffre maudit

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À propos de ce livre électronique

Quand Jessica a acheté ce coffre ancien dans l'intention de le restaurer pour meubler sa villa, elle ignorait que le manuscrit dissimulé dans le double fond, allait l'entraîner malgré elle, du temple de Salomon aux bords de Garonne, dans un jeu de piste mortel pour ceux qui tentaient de s'en emparer.

La malédiction chargée par les prêtres est toujours active deux mille ans après. Malheur à celui qui profane les tables de la loi que Moïse, alors qu'il guidait son peuple fuyant l'Égypte, a reçu de la main de Dieu. (Exode 34/1).

LangueFrançais
ÉditeurMaurice, Américo LEAO
Date de sortie27 nov. 2019
ISBN9781393840596
Le coffre maudit
Auteur

Maurice, Américo LEAO

Je suis né en mille neuf cent quarante-sept, à Ambarés 33, commune sur l’estuaire de la Gironde. D’un père Portugais et d'une mère Béarnaise. Après Une carrière en gendarmeries où j’ai occupé divers postes, depuis enquêteur en section de recherches, jusqu’à commandant de brigade, en France et outre-mer, je me suis trouvé confronté au milieu avec ses magouilles et ses crimes crapuleux. Quelques-uns d’entre eux m’ont motivé pour en faire le récit. Ce sont aujourd’hui plusieurs titres qui figurent à ma bibliographie. Si les lieux où se déroulent les faits sont réels, les personnages sont de pures fictions. Les événements sortis de leur contexte d’origine pour être romancés se déroulent principalement en Gironde, Lot et Garonne mais aussi à la Martinique et en Espagne. Laissez-vous conduire sur les traces de ces mauvais garçons qui prennent vie au cours de ces affaires où gendarmes et policiers ne gagnent pas toujours et se terminent par des règlements de comptes entre gens du milieu. Beaucoup d’enquêtes ne sont jamais résolues, en douteriez-vous ?

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    Aperçu du livre

    Le coffre maudit - Maurice, Américo LEAO

    Roman policier

    Écrit par

    Maurice, Américo LEAO

    Ceci est une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ou des événements réels ne serait que le fait du hasard.

    Le coffre maudit

    Première édition.

    Copyright © Maurice, Américo LEAO.

    ISBN Broché 9781706957898

    Dépôt légal premier semestre 2020

    Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par l’article L.335-5 et suivant du Code de la propriété intellectuelle.

    Du même auteur.

    Meurtre à la Palombière.

    La Sorcière de la porte Rendesse et la vengeance du mage noir.

    Prends Garde à La Garce.

    Si tu prends mon cœur.

    La fille du ferrailleur.

    Les oubliés de l’histoire (Tome I Les noces de Mariette).

    Les oubliés de l’histoire (Tome II L’exode l’occupation).

    Les oubliés de l’histoire (Tome III Œil pour œil).

    Les oubliés de l’histoire (Les trois tomes en un seul, texte intégral).

    Ha la gueuse.

    Souvenirs

    Je tiens, à remercier tout particulièrement, les propriétaires du château du Hamel à Castets en Dorthe pour m’avoir autorisé a utiliser une partie de leur domaine pour finaliser mon roman.

    1

    Captieux, 14 juillet 2018.

    Depuis vingt minutes environ le fourgon, avance au ralenti sur cette piste forestière. Le clair de lune facilite sa progression, car le conducteur a éteint toutes ses lumières.

    — Tu arrives à te repérer juste avec le clair de lune, dit Johnny.

    — Mais oui, ne t’inquiète pas pour ça. Je suis déjà passé, ce matin avec la voiture de Louise et aussi cet après-midi avec celle d’Antoinette, répond Marco.

    — Tu es vraiment sûr qu’il n’y a personne, s’inquiète Coco, le plus jeune des quatre frères Laguenylle.

    Il vient d’avoir seize ans, c’est la première fois qu’il accompagne ses frères dans leurs virées nocturnes. Jusqu’à ce jour, en raison de son état de santé, dû à une malformation cardiaque, ils ont toujours hésité à l’accepter dans leur quête de butins faciles.

    Raoul, dit Roco sommeille sur un matelas posé sur un cadre en bois installé au fond du véhicule. À vingt ans, il n’en est pas à son coup d’essais, pour lui, c’est de la routine.

    Marcel, dit Marco a trente ans passés, c’est l’aîné de la bande, il est marié et père de trois enfants. Jhonattan dit Johnny le suis de près, à vingt-six ans, il a déjà plusieurs condamnations à son actif. Il a quitté la maison d’arrêt de Gradignan en Gironde depuis moins de quinze jours après avoir purgé une peine de huit mois pour vols avec violences.

    Le chemin est mal, voire pas du tout entretenu, des ornières profondes se distinguent dans la pénombre. Le fourgon dérape à gauche, mais d’un coup de volant et d’accélérateur, Marco le replace sur le chemin. La manœuvre a tiré Roco de son demi-sommeil.

    — On est arrivé ? S’informe-t-il.

    Concentré sur sa conduite, Marco tarde à répondre. Lorsqu’il le fait c’est à voix basse, comme s’il craignait d’être entendu. Ceci, bien qu’au milieu de cette lande girondine ils sont à plusieurs kilomètres de Captieux, le village le plus proche.

    — Non, encore dix bonnes minutes, dit-il.

    — J’espère que c’est un bon plan, j’ai besoin de me renflouer Ce n’est pas à « graduche » (1) que j’ai pu me faire de la « fraîche », dit Johnny.

    — Tu es sûr qu’il n’y a personne, insiste Coco, qui n’a pas reçu de réponse à sa première question.

    — Sûr et certain, dit Marco, le proprio a acheté cette vieille baraque pour se payer la gueule du monde. J’ai entendu les gens en parler lorsque le mois dernier, je me suis arrêté à la boulangerie du village. Il se fait appeler « Monsieur le baron » de je ne sais quoi, mais il vit à Paris. Il serait collectionneur disait le boulanger.

    — Collectionneur de quoi, dit Coco.

    — Je n’en sais rien, et je m’en contrefous. En attendant, c’est ce qui m’a donné l’idée de lui rendre une petite visite.

    — S’il est collectionneur, il se pourrait qu’il ait planqué dans son château quelque chose de vendable, répond Roco. Après un silence il rajoute, ce serait bienvenu un peu d’oseille. Figure-toi que la Magalie elle est enceinte, et que son père m’a clairement fait comprendre que j’avais intérêt à assumer.

    — Tu vas te marier, dit Coco.

    Les trois autres éclatent de rire.

    — Ben non, surtout pas. Ce serait trop con de faire cadeau de la prime de parent isolé aux « gadjos ». Nous nous marierons selon nos coutumes, dit Roco.

    — Vous la fermez, impose Marco, nous approchons.

    Le château de Villecena est en vue. Ils font encore une centaine de mètres, puis stoppent à l’abri d’un sous-bois, en bordure du mur d’enceinte. Personne ne descend. Les vitres du fourgon sont ouvertes, la porte latérale aussi. Tous se taisent.

    — Vous entendez quelque chose ? Dit Marco.

    À voix basse, chacun répond négativement.

    — Bon, on y va, déclare Marco. Coco, pour t’apprendre le métier, tu portes les outils.

    En fait d’outils, il s’agit surtout d’une énorme pince-monseigneur et d’un coupe boulons grand modèle. Tout en marchant, ils enfilent des gants souples de chantier.

    Sitôt quitté l’abri du sous-bois, ils sont écrasés par la masse imposante de l’édifice. Chaussés de tennis, ils ne font aucun bruit, et choisissent de se déplacer dans l’herbe pour éviter de laisser des traces. Des douves où stagne une eau boueuse l’entourent sur trois côtés. Le cours du petit ruisseau, Le Lep, a été détourné pour les alimenter.

    Il ne leur faut que quelques minutes pour venir à bout de la porte vermoulue percée dans une tour massive au milieu des remparts. Dans les piliers, de part et d’autre de l’entrée, une rainure profonde, souvenir d’une herse aujourd’hui disparue, entaille la pierre. Sur un signe de Marco, le quatuor s’immobilise en court instant à l’ombre de la muraille.

    À part le hululement lointain d’une chouette, le silence est total, pas un bruit ne les alerte d’un quelconque danger. Rassurés, ils s’avancent au milieu du parc. Sous le clair de lune le château par lui-même se dresse devant eux. C’est une construction massive, carrée deux étages et un grenier, coiffent un rez-de-chaussée entièrement clos à l’exception de minuscules fenestrons. Sur la droite une tour carrée, elle aussi, surplombe l’ensemble, survivance certainement d’un donjon.

    — Putain, en rentre par où là-dedans, s’exclame Coco à voix basse.

    — On va faire le tour, il y a forcément une porte d’entrée, le rassure Marco.

    — Magnez-vous le cul, rajoute Johnny, je n’ai pas que ça à foutre et cette baraque me colle le bourdon.

    — Ouais, d’autant plus que des nuages arrivent de l’ouest et le clair de lune ne va pas durer, dit Roco.

    D’un coup, la porte d’entrée se dessine dans le mur. Contrairement à celle de la tour, elle a l’air solide.

    — Fermez vos gueules, impose Marco. À l’adresse de Coco, il rajoute, passe-moi « la plume ».

    D’un geste il lui tend l’énorme pince-monseigneur qu’il trimbalait depuis sa sortie du fourgon.

    — Éclairez-moi vous autres.

    Les deux battants sont refaits à neuf, il n’y a que peu d’espace à la jointure. De même, la partie haute affleure le linteau de pierre, inutile de tenter de la dégonder. Le bas seulement offre un semblant de prise au bec de la pince-monseigneur. Marco peine à l’introduire. Petit à petit, Le battant s’écarte légèrement. À chaque fois, Roco s’empresse d’y introduire une cale en bois taillés en biseau. Coco prend sa première leçon de cambriolage.

    Pendant ce temps, Marco déplace sa pince au fur et à mesure que la fente s’agrandie. À chaque fois, Roco introduit le coin de bois plus à fond. Après quinze minutes d’effort, le battant est suffisamment écarté pour introduire la pince coté talon. Le bois commence à craquer des morceaux se détachent, à chaque fois, il reprend sa prise jusqu’à ce qu’un bruit de ferraille annonce que les vis du verrou du bas viennent de lâcher. Dès lors, il est beaucoup plus facile de déplacer la pince jusqu’à la serrure qui à son tour fini par céder.

    L’intérieur est plongé dans l’obscurité totale, ils referment les portes derrière eux. Les faisceaux des lampes électriques éclairent un large escalier de pierre qui conduit au premier étage. La première pièce qu’ils visitent est vraisemblablement une salle à manger. Elle est meublée de grandes armoires. Des vieux coffres en bois sont disposés sous les fenêtres.

    Ils savent ce qu’ils ont à faire. Pendant que Coco explore le contenu des armoires, ses frères visitent les autres pièces. Ils ne tardent pas à revenir chargé d’objets de valeur les plus divers. Coco a trouvé des céramiques anciennes ainsi que de l’argenterie.

    — Putain, il va falloir faire deux ou trois voyages, se plaint Roco.

    — Pas la peine, regarde, dit Coco en même temps qu’il ouvre le couvercle du coffre le plus près de lui, il n’y a qu’à fourrer tout ça là-dedans.

    L’intérieur du coffre est plein de bouteilles d’apéritifs divers. Johnny se saisit d’une bouteille de vin doux dont il boit une longue gorgée à même le goulot.

    — Putain, ça fait du bien de boire un coup à la santé des riches.

    Il repose la bouteille brutalement, elle éclate sur les dalles du sol. Il ne s’aperçoit pas qu’un éclat lui provoque une petite entaille au poignet, entre le gant et la manche de son blouson.

    — Ce n’est pas le moment de picoler et de faire les cons, dit Marco.

    Pendant ce temps, coco a fini de garnir le coffre avec ce qu’ils ont trouvé dans la maison il a enveloppé quelques céramiques avec la nappe trouvée sur la table.

    — Putain, mais c’est lourd, se plaint-il.

    — On n’est pas des gonzesses, à quatre on va bien y arriver, dit Marco.

    Le chemin jusqu’au fourgon est laborieux. Au moment de lancer le moteur, Marco, comme à son habitude s’assure que rien n’est resté sur place.

    ***

    — Bon, et maintenant, on fait quoi, s’inquiète Coco.

    Cette remarque fait ricaner Johnny.

    — Tu ne crois tout de même pas que nous allons garder tout ça dans les caravanes. Les flics auraient tôt fait de nous envoyer en taule.

    Marco intervient dans la discussion.

    — Ouais, Johnny a raison, on ne va pas garder ça, mais tirons-nous d’ici au plus vite, on n’a plus rien à y faire.

    Dans son coin, Roco lui, est déjà parti dans ses pensées. Ils ont fait le coup à quatre, il va falloir partager. Marco est marié, il a trois gosses il va vouloir la plus grosse part. Et puis, c’est lui qui a monté le cambriolage. Johnny sort de taule, il n’a plus de thune, il va demander une faveur. Coco on s’en fiche. Par contre lui, il est le dos au mur, Magalie attend un enfant, son père n’est pas un tendre avec le code de l’honneur. Il est hors de question d’atteler la caravane et de partir ailleurs.

    À ce moment, Marco, actionne le clignotant et ralenti. Il s’engage dans un petit chemin forestier sur sa droite, descend de voiture et sort son portable.

    Coco s’était assoupi.

    — Qu’est-ce qu’il fait Marco, pourquoi il s’arrête, il va pisser ?

    — Tu en as encore beaucoup à apprendre le rassure Johnny, tu vois bien qu’il téléphone.

    — À qui, à sa meuf.

    — C’est ça, il n’en a rien à foutre de Lola, elle garde ses gosses dans la caravane.

    Le retour de Marco l’empêche de poser d’autres questions. C’est Roco qui s’informe.

    — Alors ?

    — Il nous attend.

    — J’espère qu’il ne va pas nous faire chier avec ses « je prends des risques moi », rien que pour ne pas payer le prix, s’inquiète Roco, j’ai besoin de thunes moi.

    — Ouais, eh bien il n’y a pas que toi, le douche Johnny.

    Connaissant le caractère violent et emporté de son frère, il préfère ne pas insister.

    — Les risques qu’il prend le vieux Charles. Que dalle précise Marco, demain ou après-demain, tout sera rendu sur le marché à la brocante de Saint Ouen.

    Pendant ce temps, le fourgon redémarre. Tous se taisent jusqu’à ce qu’il pénètre dans la grange d’une vieille ferme dont les portes sont immédiatement refermées derrière eux.

    Charles Vainclair est âgé d’une cinquantaine d’années, mais en marque facilement vingt de plus. Grand, maigre voûté, il arbore une tignasse brune toujours mal coiffée qui déborde largement d’un vieux chapeau crasseux. Ses yeux gris brillent d’une lueur roublarde. Il ne s’engage pas en des civilités pour recevoir ses visiteurs. Il va droit au but.

    — Fais-moi voir ce que tu as, dit-il sans saluer personne.

    Marco est un habitué du vieux fourgue. Il sait qu’il va marchander âprement.

    — C’est du beau, de l’argenterie et de belles céramiques signées.

    — C’est moi qui les ait trouvées s’empresse de préciser Coco.

    Le vieux Charles lui lance un regard sans aménité.

    — Toi, tu te la fermes, ce n’est pas avec toi que je traite. C’est clair ?

    Coco s’apprête à lui balancer quelques remarques bien senties, lorsqu’il rencontre le regard de Marco. D’un signe de tête il lui fait signe de remonter dans le fourgon.

    Pendant ce temps, Johnny et Roco ont descendu le coffre. Pour marquer son manque d’intérêt à la marchandise qu’on lui propose, Charles prend le temps d’allumer une cigarette avant d’ouvrir le couvercle. Sur le dessus les céramiques découvertes par Coco attirent immédiatement son œil.

    — C’est ça que tu appelles des céramiques signés, ce n’est que du « Vallauris » sans valeur.

    — Non, non, regarde elles sont signées, dit Marco en retournant un vase. Nous avons trouvé ça chez un collectionneur. Tu ne vas pas me faire croire que c’est du « Vallauris » fabriqué à la chaîne.

    — Tu ne vas pas m’apprendre mon métier je te dis que ça n’a pas grande valeur. Fais voir ce qu’il y a en dessous.

    Marco retire les céramiques que Charles dépose avec délicatesse sur une table, savourant à l’avance le prix qu’il va en retirer à Saint Ouen.

    Tout le fond du coffre est rempli d’argenteries, pas seulement des couverts, mais aussi plusieurs plats.

    — La, tu ne me la fais pas, déclare Marco. C’est de l’argenterie, et de la bonne. Soupèse un peu.

    Dans le même temps, il lui met dans la main le plus gros des plats. Il pèse au moins cinq cents grammes.

    — Tu peux voir que tout est signé là aussi, alors combien tu m’en donnes.

    Charles examine soigneusement chacune des pièces et plus particulièrement les plats.

    — Ce que je t’en donne, ce n’est pas grand-chose.

    — Comment pas grand-chose tu te payes ma gueule, s’énerve Marco.

    Voyant que le ton monte, ses frères resserrent le cercle autour de Charles. Le vieux receleur en a vu d’autres.

    — Calmez-vous les drôles, sinon vous repartez avec vos trois merdes. Puis s’adressant à Marco, retournant un plat, il rajoute. Je vois bien qu’ils sont signés tes plats, mais regarde à côté, c’est marqué où tu les as fauchés.

    Marco regarde de plus près. C’est à peine s’il sait lire son nom, aussi il a des difficultés à déchiffrer l’inscription gravée à côté de la signature « Baron Hubert de Laclotte ».

    — Merde, il avait besoin de coller son nom partout ce con.

    — Et oui, si je mets ça sur le marché, au bout d’une heure je vois rappliquer la flicaille.

    Marco sent qu’il est en train de se faire plumer mais il n’a pas d’argument pour contrer Charles.

    — Bon, combien tu nous en donnes ?

    — Avec la reprise du nom de ton gonze, qu’il faut faire disparaître, et tout le monde ne le fait pas, et ne sait pas faire, je te donne cinq cents euros du tout.

    — À non, tu es encore plus voleur que nous, j’en veux mille. Et je te laisse le coffre en plus.

    — Le coffre, tu peux te le garder, ça ne se vend plus. J’en ai une douzaine en stock.

    — Tu m’en donnes mille où je remballe.

    — Et tu vas aller où, le jour se lève si tu tombes sur une patrouille des poulets tu es foutu.

    — Sept cent cinquante, insiste le gitan.

    Charles fait mine de réfléchir, mais sa décision était prise dès qu’il a vu les céramiques. Rien qu’elles, à Saint Ouen, partiront à deux ou trois mille euros, quant à l’argenterie, elle partira aussi à un bon prix.

    — Écoute Marco, cela fait des années que je travaille avec toi, et avant toi avec ton père aussi je te prends le tout pour sept cent cinquante. Mais ton coffre, tu te barres avec, je te répète, ça ne se vend pas.

    Marco adresse un rapide coup d’œil à ses frères, d’un haussement d’épaules ils acceptent.

    — Bon, c’est d’accord, mais ça ne paye pas la peine et les risques que l’on prend.

    — C’est votre problème. Le mien c’est d’écouler votre marchandise avec à la fois, le risque d’y perdre et celui de me faire prendre.

    Les premières lueurs du jour dissuadent Marco de poursuivre la conversation.

    — Aller, on se tire.

    Tout en roulant, Marco s’inquiète.

    — Putain qu’est-ce que nous allons faire de ce coffre de merde. On ne peut pas le garder et il fait trop jour pour aller le jeter quelque part.

    C’est Roco qui trouve la solution.

    — Laisse pisser, j’irai le balancer à la Garonne demain. Je connais un coin tranquille où personne ne me verra.

    — Tu as raison, je tombe de sommeil et je vais aller me pieuter, accepte Marco.

    — Ouais, tu n’as qu’à le laisser dans le fourgon.

    2

    Il y a bien longtemps, dans le désert du Sinaï. Guidés par leur chef, Moïse, les juifs avaient fui l’Égypte où le pharaon les gardait captifs.

    Les dernières lueurs du jour, déclinaient, déjà l’ombre de la montagne s’étendait sur la plaine. Le ciel était noir de nuages menaçants. Les bergers avaient fait rentrer les animaux au campement.

    Les hommes regardaient le ciel avec crainte, tous avaient les yeux fixés sur cette boule traînant derrière elle une queue de lumière blanche. Lorsqu’elle percuta la montagne ce fut comme un tremblement de terre. Les animaux effrayés s’agitaient dans les enclos. Certains bergers tombèrent à genoux et se mirent à prier. Le sommet de la montagne brûlait.

    Ce ne fut qu’au milieu de la nuit que l’orage éclata. Jamais ils n’avaient vu un tel déchaînement de la violence des cieux. Les éclairs illuminaient sans relâche le campement, le roulement du tonnerre affolait les bêtes et les hommes. Au loin, un roulement sourd, résonnait, le vent violent poussait les nuages. Ce fut alors un déluge qui s’abattit sur la plaine. Des ruisselets se formaient spontanément sur les pentes de la montagne pour se transformer rapidement en ruisseaux, puis en torrents.

    Moïse regardait le sommet, un gigantesque incendie illuminait la nuit. La pluie, bien que violente, se vaporisait avant d’atteindre le sol. Pendant un long temps, il resta accroupi, puis se mit en marche. La pente était rude, mais permettait cependant de la gravir.

    Il était déterminé, une volonté inflexible l’habitait. À moitié pente, le ciel se dégagea, la lune apparue. Il vit alors ce titanesque brasier. Qu’était-ce donc qui brûlait ? Il n’y avait pas de végétation au sommet. C’était la roche elle-même qui semblait fondre.

    Il tomba à genoux, la chaleur était à peine soutenable. Les mains posées sur sa figure, il se mit à prier Dieu. Soudain, un éclat de roche plate roula jusqu’à lui. Le vent violent s’était apaisé, sa force était maintenant supportable. Il considéra quelques instants l’éclat de roche à ses genoux. Il commençait à refroidir, il le prit dans ses mains, le levant à bout de bras. Sa robe était gonflée par le vent, pauvre être minuscule, irréel. Illuminé par le brasier qui brûlait derrière lui, il se dessinait nettement au sommet de la montagne.

    C’était la première fois, depuis leur fuite d’Égypte que les juifs voyaient une silhouette humaine se détacher sur l’écran du ciel.

    ***

    Le lendemain matin, Moïse reprit le chemin de la montagne. D’un geste de la main, il fit reculer ceux qui voulaient le suivre. C’est seul qu’il parvint au sommet. Il s’assied sur un rocher, puis l’éclat de roche sur les genoux, il fit le vide dans sa tête. Il devait graver le texte qui lui serait dicté. Il regarda autour de lui, et d’un geste qu’il ne maîtrisait plus, il s’empara d’un silex pointu.

    Ce n’est pas lui qui dirigeait sa main, mais une force inconnue à laquelle il ne pouvait résister. Un deuxième éclat de roche, sensiblement de la même taille, lui fut nécessaire. Alors, pendant un temps qu’il ne put apprécier, mais au bout duquel son bras lui faisait un mal atroce, il reprit conscience.

    Moïse baissa les yeux sur les tablettes de roche qu’il venait de graver. Il y lut alors les dix commandements, dictés par le Seigneur.

    ***

    Un homme se tenait debout devant Moïse. Il l’avait fait rechercher dans tous le campement en raison de sa profession.

    — Tu sais faire des meubles, dit-il.

    — Oui, c’est ce que je faisais en Égypte.

    — Je veux que tu construises un coffre.

    — C’est faisable, mais il n’y a autour de nous que des acacias.

    — Tu utiliseras ce bois.

    — Oui, on peut en faire des planches minces, légères mais solides.

    Après un silence, Moïse reprend.

    — Je veux que ce coffre ait deux coudées et demie de long, une coudée et demie de haut et autant de large. Il sera transportable, aussi tu ajouteras des brancards. Il doit rester en permanence avec nous. Je le ferai recouvrir d’or et surmonté de deux chérubins. À l’intérieur nous conserverons les tables sur lesquelles sont gravés les commandements du seigneur, ainsi qu’un candélabre comprenant sept branches.

    Ce fut l’arche d’alliance qui accompagna le peuple juif durant toute la durée de l’exode, et qui plus tard, fut déposée dans le saint du saint du temple de Salomon, construit sur le mont Moriah, sans doute, au Xe siècle avant notre ère.

    (Premier livre des rois 8).

    3

    Marco a regagné sa caravane, il dort du sommeil du juste. La virée de cette nuit l’a fatigué, ensuite ce marchandage incessant avec son « fourgue » l’a laissé sur sa faim. Les enfants sont partis jouer dehors avec les autres gosses. Lola est dehors elle aussi avec d’autres femmes. Elles ont allumé un feu de palettes dans une brouette récupérée sur un chantier. En attendant le retour de Roco et Coco, partis acheter des saucisses elles discutent de la grossesse de Magalie.

    — Pour moi, ce sera un garçon, avance une matrone aux cheveux gris.

    — Alors là, ça m’étonnerait, renchérit Lola elle n’a presque pas de ventre, ce sera une fille.

    Leur discussion hautement philosophique est interrompue par le retour de Roco. Il a les traits tirés, la bouche pincée. Il est visible qu’il est contrarié. Coco, lui s’est tout de suite esquivé en direction de la caravane de ses parents, sans dire bonjour aux femmes.

    — Qu’est-ce qu’il a le Coco, il fait la gueule, dit Lola.

    — Je n’en sais rien, c’est peut-être l’âge con qui dure chez lui, répond Roco.

    — Oui, c’est bien possible, reconnaît la jeune femme.

    ***

    Roco a été long à trouver le sommeil. À peine revenu du cambriolage, les paroles d’Antoine le père de Magalie résonnent à ses oreilles.

    « Tu as intérêt à assumer tes conneries ».

    Il n’en a pas dit davantage. Mais ce n’est pas nécessaire. Où qu’il aille, il ne sera pas tranquille. La famille Orlando est originaire de la région de Perpignan dans les Pyrénées orientales, mais ses racines sont en Espagne, de l’autre côté des montagnes. On ne badine pas avec l’honneur. Il ne se sent qu’à moitié coupable dans la grossesse de Magalie. Il faut dire qu’elle ne s’est pas montrée trop farouche. Il se pose même, de temps en temps, des questions. Il se remémore les instants où elle s’est donnée à lui.

    ***

    Un vent léger soufflait sur la Garonne, Roco traînait sur les berges, à la recherche d’une opportunité. Quelques véhicules étaient garés le long du chemin, mais des gens se trouvaient à proximité. Ce n’était pas le moment de se faire remarquer.

    Il s’apprêtait à poursuivre sa route en direction de la halte nautique. En face de lui arrivaient, un groupe d’enfants et une jeune fille. Il reconnut Magalie dont la famille s’était installée depuis plusieurs mois à proximité de la sienne. À plusieurs reprises il avait tenté des manœuvres d’approche, mais elle semblait lui préférer Rodrigo Alvares. Dans leur milieu, les rivalités amoureuses se règlent généralement dans la douleur. Il avait jugé plus prudent d’en rester là. Depuis huit jours, la famille Alvares avait attelé leur caravane et n’avait plus donné de nouvelles.

    Pendant ce temps le groupe est arrivé à sa hauteur. Les idées vont vite dans la tête de Roco. « Puisque l’autre con s’est barré, je ne risque rien d’essayer ». C’est Magalie qui l’interpelle.

    — Alors, les affaires ne marchent pas ?

    — Non, il y a trop de monde.

    — Et toi, tu gardes les mioches ?

    Magalie avait vu Roco quitter le campement. Pour sortir, il lui fallait trouver une raison. Promener les plus jeunes avait été la solution. S’adressant à eux.

    — Allez jouer plus

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