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l'enlèvement d'Alice Fauget
l'enlèvement d'Alice Fauget
l'enlèvement d'Alice Fauget
Livre électronique358 pages5 heures

l'enlèvement d'Alice Fauget

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À propos de ce livre électronique

L'enlèvement d'Alice Fauget, une jeune bergère établie dans le massif de la Clape, des collines calcaires entre Narbonne et la mer, suscita une vague d'émotion dans la population et interrogations pour les enquêteurs.
Aucune rançon ne fut demandée.
les recherches furent longues ,fastidieuses, et pleines de rebondissements. On s'aperçut alors qu'Alice était la malheureuse victime d'un chantage entre les membres d'une bande déstructurée de la pègre marseillaise.
Le cambriolage dune bijouterie à Béziers, les discordes entre les protagonistes du casses, un meurtre dans le massif de la Clape, les règlements de comptes et assassinats sont autant de péripéties dramatiques dans ce polar palpitant. Alice Fauget, enlevée, séquestrée, droguée, sera t'elle retrouvée saine et sauve?
LangueFrançais
Date de sortie18 avr. 2020
ISBN9782322214112
l'enlèvement d'Alice Fauget
Auteur

MGH Donnaës

L'auteur abandonne ici Miguel Mandès, son héros dans plusieurs romans parus avec en sous-titre" Une aventure de Miguel Mandès" Résidant à Narbonne, c'est tout naturellement qu'il a choisi la région pour faire vivre cette enquête policière. Ne cherchez pas la grotte dont il est question dans le roman, vous ne la trouverez pas, mais profitez d'une agréable promenade dans la Clape, et en franchisant cette "montagne" contemplez le bleu de la Méditerranée qui s'étale à vos pieds à perte de vue.

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    Aperçu du livre

    l'enlèvement d'Alice Fauget - MGH Donnaës

    Du même auteur

    Chez Edilivre

    Le septième médaillon

    Allez simple pour Brazza

    Punttek Jaya zone interdite

    L'émissaire

    Les tables sanskrites

    La prédiction et le destin

    Barra Taqui-Un trop lourd secret

    Circonstance

    Chez Mon Petit Éditeur

    L'énigme du Tambopata

    Vol 807 pour Djakarta

    Da Nang-La filière

    Règlements de comptes à Mombassa

    Laboratoire clandestin

    Avertissement

    Le respect de la vérité oblige à reconnaître que ce roman est une pure fiction.

    Toute ressemblance avec des événements réels, avec des personnages existants ou ayant existé, qu'il s'agisse des noms, des fonctions,des traits physiques ou de caractère, serait pure coïncidence.

    Le lecteur reste le seul maître de son imagination.

    Sommaire

    Chapitre 1-La rencontre

    Chapitre 2-Un casse à Béziers

    Chapitre 3-L'enlèvement

    Chapitre 4-À chacun son histoire

    Chapitre 5-À chacun son enquête

    Chapitre 6-Roger se fâche

    Chapitre 7-À chacun son destin

    Chapitre 8-Les enquêtes avances, Roger s'installe

    Chapitre 9-Tout s'explique

    Épilogue

    Chapitre 1

    La rencontre

    Nous étions au mois de juillet, le soleil brillait haut dans un grand ciel bleu. Le thermomètre indiquait 30° et les cigales, par leur chant continue manifestaient agréablement leur présence. C’était un dimanche, il devait être un peu plus de seize heures. Alain s’était équipé pour parcourir quelques kilomètres dans la Clape. Il avait pris cette petite route en côte qui rejoint la D-68 qu’il avait abandonnée avant la départementale pour s’aventurer dans des sentiers plus appropriés au VTT. Il avait déjà pris ce sentier caillouteux qui serpente entre roches et pins, pensant qu’il était possible de rejoindre la D.1118 reliant Fleury à saint Pierre la mer, sans aller au bout de sa recherche. En progressant dans la pinède, il traversa quelques arpents de vignes qui semblaient laissées à l’abandon, puis d’autres parfaitement entretenues. Ils sont comme une tâche de lumière dans cette partie boisée. Puis il déboucha sur un terrain plus aride, couvert d’une végétation d’épineux. Le sentier qu’il suivait l’amena dans un vallon au milieu duquel il aperçut trois bâtiments. Des constructions simples, un ensemble de pierres provenant du site, de planches et de tôles pour toute couverture. Il mit pied à terre pour contempler ce havre de paix.

    « Une bergerie, se dit-il »

    Alain Servin est un jeune homme, grand, brun, sportif, de 28 ans, adepte de la natation et du VTT. Il est lieutenant de police et vient de rejoindre la brigade de Narbonne.

    C’est son premier poste, il s’est décidé assez tard à choisir cette voie, après avoir suivi à la fac des études de droit. Ça lui est venu comme ça, peut être par soucis de rendre service à la société en traquant les délinquants, afin de les remettre entre les mains de la justice. Une filière qu’il a volontairement abandonnée, la jugeant trop passive. En sportif, ce qui lui fallait c’était de l’action. Il pensait en trouver dans les enquêtes qui lui seraient confiées.

    Alain est natif de Béziers. Très bon élève, il avait pu choisir un poste vaquant proche de chez lui, évitant ainsi l’indispensable passage en région parisienne.

    Il avait trouvé à se loger à Armissan, un village situé dans le massif de la Clape, à quelques kilomètres de cité narbonnaise.

    Une petite maison, dans une ruelle proche de l’église, qui par cette situation se trouvait placée au centre du bourg. Ce choix avait été fait en fonction de son activité extra-professionnelle, le VTT. Ainsi, lorsqu’il avait du temps libre, il pouvait pratiquer son sport favori en parcourant les différentes pistes tracées dans le massif de la Clape. Son logement n’avait rien de luxueux. Il disposait d’une grande salle à vivre au rez-de-chaussée équipée d’une cuisine à l’américaine et d’une cheminée avec insert. Une table, quatre chaises. Un bahut et un canapé face à la télé complétaient l’ameublement. W-C, salle de bain au même niveau, une chambre et un bureau à l’étage.

    Alain avait aménagé depuis trois mois. Il se plaisait dans ce village calme, occupant une sorte de vallée entourée de collines couvertes de pins.

    « Une bergerie ! »

    Sa pensée fut immédiatement confortée par le bêlement des chèvres et la vue d’un enclos dans le prolongement des bâtiments. Après quelques minutes d’observation, qu’il mit à profit pour se désaltérer, il distingua une silhouette se déplaçant entre les bâtiments. Une silhouette féminine.

    Il enfourcha sa bicyclette et entreprit sa descente vers la bergerie.

    A une centaine de mètres plus bas, la jeune fille releva la tête. Elle venait d’apercevoir l’homme à vélo empruntant le sentier qui traversait obligatoirement ses installations, pour aboutir sur la D.1118. Route à laquelle était reliée la bergerie par un sentier plus large et plus carrossable pouvant être utilisé par un véhicule automobile.

    Alain, en roue libre, les mains sur les freins dans cette descente abrupte, arriva rapidement à hauteur de la jeune fille étonnée.

    C’est que rare était les passants dans cet endroit hors des sentiers battus, qu’ils soient à pied ou à vélo. En saison, il y avait bien quelques chasseurs, mais nous étions en plein mois de juillet.

    – Bonjour, s’exclama Alain en posant un pied à terre, peut-on rejoindre la route départementale par ce sentier ?

    Il indiquait d’une main la piste chaotique, poussiéreuse, recouverte nombreux éclats de calcaire, qui continuait en contrebas.

    La jeune fille posa au sol le sceau qu’elle transportait, s’essuya le front d’un revers de main et lui répondit du tac au tac, comme si elle était là pour informer les gens de passage.

    – Oui bien sûr !

    – C'est loin ?

    – Trois cents mètres ou un peu plus, je ne sais pas exactement.

    – Vous êtes seule dans ce coin, reprit Alain.

    Au haut le corps et à l’hésitation de répondre, il sut de suite qu’il venait de commettre une gaffe. Il essaya de se reprendre.

    – Rassurez-vous, ma question est sans arrière pensée. Je suis simplement étonné qu’une jeune fille puisse être seule dans un endroit aussi isolé avec des chèvres pour seule compagnie.

    – Je ne vous ai pas dit que j’étais seule…

    Elle se retourna et lança :

    – Joss, viens là !

    A quinze mètres derrière elle, sortant de derrière un tas de bois, un chien accourut à son appel. Un berger allemand, un mâle de belle taille encore jeune et vigoureux.

    – Vous voyez, je ne suis pas seule, il est toujours là, c’est mon ange gardien.

    – Je vois. Enfin je vous disais cela parce qu’il y a une semaine le corps d’une jeune femme a été découvert à proximité du gouffre de l’œil doux. Morte, étranglée après avoir été violée. C’est à moins d’un kilomètre de chez vous.

    – Je sais, les nouvelles arrivent jusqu’ici, ce n’est tout de même pas le bout du monde. Cela fait deux ans que je tiens cette bergerie, je n’ai jamais eu de visite désagréable.

    – C’est tellement mieux !

    Alain ne trouvant rien d’autre à ajouter conclut par :

    – Merci pour le renseignement, bonne fin de journée…

    Il continua sa route sur le sentier s’élargissant, reliant la bergerie à la D.1118, sur laquelle il déboucha quelques centaines de mètres plus bas.

    *

    Alain n’aurait peut-être jamais plus cherché à revoir cette jeune fille, bien que célibataire à 28 ans, elle ne l’ait pas laissé indifférent. Cette silhouette fine, bien que vêtue d’un jean et d’un T-shirt, avait quelque chose de gracieux. Elle était restée présente dans sa tête. Ce qu’il avait le plus marqué ce sont ces longs cheveux noirs, tenus par un ruban sur la nuque, encadrant un visage souriant animé par des yeux d’un bleu pur, comme le ciel méditerranéen.

    Mais cette voiture grise qu’il avait remarqué, un ancien modèle de Mégane immatriculé dans les Bouches du Rhône, lui posait un problème, le laissant mal à l’aise. Elle était stationnée sur la piste au seul endroit où il est possible de faire un demi-tour, à une centaine de mètres de la route départementale. Elle était vide et semblait abandonnée.

    Durant toute la soirée qui suivit cette rencontre, il ne put s’empêcher de penser à cette jeune femme retrouvée morte une semaine plus tôt, à un endroit pas très éloigné de ce lieu.

    Peut-être avait-il tort de s’inquiéter. Il se pouvait très bien que des promeneurs aient laissé leur véhicule en stationnement le temps de faire quelques pas dans la nature. Oui, possible, mais il n’avait rencontré personne sur la piste entre la bergerie et la départementale. De plus, en y réfléchissant, ce véhicule était abîmé sur le coté gauche, la portière arrière était enfoncée. Simple détail se dit-il. Aucun rapprochement à faire avec le fait que cette voiture se trouvait là et la tragique affaire de cette jeune femme assassinée une semaine plutôt.

    Une enquête était en cours, confiée à la gendarmerie.

    Cependant tout cela lui taraudait l’esprit, il chercha longtemps le sommeil, revenant sans cesse sur le fait que cette bergère, seule dans son exploitation se trouvait en danger. Oui, en danger, celui d’être la prochaine victime de ce violeur, de cet assassin pouvant encore se trouver dans les parages. Il finit par s’endormir, avec pour conclusion qu’il allait se rendre de nouveau sur ces lieux.

    Voulait-il s’assurer de la présence ou non de la Mégane au même endroit et dans ce cas chercher à connaître son propriétaire ?

    Ou revoir la jolie bergère ?

    Toujours est-il que dans sa tête, la dernière vision qu’il eut avant de sombrer dans un profond sommeil, fut celle de son visage illuminé par un sourire innocent et ses magnifiques yeux bleus.

    Il ne put malheureusement pas réaliser ce projet.

    Une affaire banale, deux individus en étant arrivé à se battre sur la voie publique, l’obligea le jour suivant à rester très tard dans les locaux de la police.

    Ce n’est que le surlendemain, en fin d’après midi qu’il enfourcha sa bicyclette pour sortir d’Armissan, direction la Clape. Empruntant le même circuit qu’il avait parcouru deux jours plus tôt, il mit à peine une demi-heure pour gagner le haut de la côte qui surplombe le vallon où est installer la bergerie et ses bâtiments annexes. Le soleil était encore haut dans un ciel sans nuage. Il faisait chaud et la stridulation des cigales faisait vibrer l’air de leur chant d’une intensité parfois plus forte, plus proche ou entrecoupé de courts silences.

    Il n’y avait pas un souffle de vent, l’air sentait bon l’odeur des pins surchauffés par les rayons ardents du soleil.

    Alain mit pied à terre, souffla et se désaltéra

    A une centaine de mètres plus bas, tout semblait calme.

    Pour s’assurer de la présence ou non de la Mégane sur la piste à l’endroit où il l’avait vue, il devait passer devant la bergerie. Allait-il apercevoir la bergère ? Secrètement, il l’espérait. Il avait d’ailleurs quelques phrases toutes prêtes en tête pour justifier son passage.

    Il amorça la descente, les mains sur les freins.

    Sa première rencontre fut celle de Joss, le berger allemand qui vint au devant de lui, manifestant son autorité par un aboiement significatif. La voix de la bergère se fit aussitôt entendre.

    – Joss !

    Cria t’elle en sortant du bâtiment principal de la bergerie,

    – Viens ici !

    Le chien se tue immédiatement et se dirigea en trottinant vers sa maîtresse. Elle aperçut le jeune homme qui n’était plus qu’à une vingtaine de mètres devant elle. Elle le reconnut immédiatement.

    – Ah ! C’est vous s’exclama t’elle affichant un franc sourire, comme si elle s’attendait à sa visite, avez-vous bien trouvé votre route l’autre jour ?

    Alain s’arrêta, posa un pied à terre, sourit à son tour pour lui répondre :

    – Oui, bien sûr, la départementale est juste en bas, comme vous l’aviez indiqué.

    Enhardi par cet accueil, il enchaîna.

    – Vous m’avez reconnu parce que je dois être l’un des rares cyclistes ou promeneurs qui passent devant votre bergerie. Je renouvelle mon étonnement de vous savoir seule dans ce lieu éloigné de tout passage.

    Alain remarqua qu’elle portait toujours un Jean et un T-shirt blanc, comme à leur première rencontre.

    – Je ne me sens seule, c’est une question d’habitude. Vous voyez, j’ai mon chien, une cinquantaine de chèvres, quelques brebis et toute une basse-cour bruyante. De plus j’ai l’épicier de saint Pierre qui vient chaque matin pour chercher le lait et les œufs. Et puis, je suis très occupée.

    – Je comprends, seule sur cette exploitation, vous ne devez pas avoir beaucoup de temps libre. C’est peut-être la voiture de l’épicier que j’ai aperçu sur la piste l’autre jour ?

    Un peu plus bas, là où on peut faire un demi-tour pour reprendre la départementale.

    Le sourire de la jeune fille se figea, comme si cette remarque la gênait. Un changement qui ne passa pas inaperçu au jeune lieutenant de police.

    Cependant, elle reprit :

    – Une voiture, peut-être celle de promeneurs !

    Sa voix n’était plus la même, visiblement cette remarque faite par Alain l’avait mise mal à l’aise. Elle se ressaisit et ajouta sur un ton maîtrisé.

    – Je n’ai pas le temps de m’intéresser aux promeneurs, qui d’ailleurs sont si rares. L’épicier ne vient que le matin, il a une camionnette blanche.

    – Vous avez raison, c’était sans doute des promeneurs. Le site est agréable et les touristes qui viennent à saint Pierre ne viennent pas seulement pour la mer. Certains aiment faire quelques balades dans la Clape. Je ne vais pas vous déranger d’avantage, je vous empêche de travailler.

    – Vous ne me dérangez pas, je peux bien prendre quelques minutes de répit dans la journée, surtout par cette chaleur. Vous venez d’où ?

    – Armissan, ce n’est pas très éloigné, une demi-heure de vélo. Je mets un peu plus pour rentrer par Narbonne plage, il y a une sérieuse côte à passer.

    – Vous devez avoir soif, voulez-vous un peu d’eau ?

    – J’ai ce qu’il faut !

    Alain désigna le bidon fixé au cadre de sa bicyclette.

    – Alors je vous souhaite bonne route.

    – Merci, bon courage et bonne fin de journée, soyez prudente.

    – Je le suis !

    Par un coup de pédale, Alain avait déjà relancé sa machine et parcouru une dizaine de mètres. Plus loin sur la piste, la Mégane ne s’y trouvait plus.

    Rentré chez lui, il s’en voulut de ne pas avoir continué la conversation avec cette jeune fille qui semblait plutôt enclin à la discussion. Encore plus de ne pas avoir lâché les phrases qu’il avait mûrement réfléchies dans la journée précédente et le matin même.

    « Ce n’est que partie remise, se dit-il. »

    Mais qu’est ce que j’attends de cette jeune fille que je ne connais même pas ? »

    Cette réflexion lui était déjà venue à l’esprit, la réponse était floue, elle trottait dans sa tête en boucle sans en trouver la fin. Il se sentait attiré par cette silhouette fine et élégante même en Jean et T-shirt, ce visage à peine sorti de l’adolescence, ce sourire naturel et ces beaux yeux bleus.

    Une attirance qui lui venait du fond de sa poitrine, de son cœur. Un sentiment qu’il avait déjà connu, qui maintenant avait pris possession de son corps, de son esprit. Un sentiment qui allait l’empêcher de dormir, de travailler correctement tant qu’il n’aura pas assouvi le désir de la connaître d’avantage. De lui parler, de la découvrir avec le secret espoir de pouvoir partager cette émotion.

    « Je m’emballe, conclut-il, au point que j’ai oublié de faire quelques courses et que je n’ai plus rien à manger dans mon frigo ! ».

    Le lendemain, il reprit cette piste qui mène à la bergerie, bien décidé d’aller un peu plus dans la discussion avec cette jeune fille qui devenait son obsession, dont il ne connaissait même pas le nom.

    Le hasard allait lui venir en aide.

    *

    Il faisait aussi chaud que la veille et c’est vers la même heure qu’il descendit la côte menant vers les installations de la bergerie. En approchant, Joss vint à sa rencontre, un peu moins agressif. Sans doute avait-il reconnu ce visiteur qui venait pour la troisième fois à bicyclette par cette piste. Prévenue par les aboiements de son chien, l’occupante des lieux sortit de la partie habitation de la bergerie. Alain fut surpris de la voir en short et chemisier blanc. Il s’attendait à ce qu’elle porta Jean et T-shirt, étant donné qu’il l’avait vu avec ces vêtements aux précédentes rencontres, Comme si cette tenue était une obligation !

    Il s’approcha, s’arrêta devant elle, un pied posé au sol. Elle affichait ce même sourire épanoui qu’il lui connaissait.

    – Bonjour lança t’elle, vous devenez un habitué de ces lieux. Y aurait-il une bonne raison que je ne connais pas ?

    Alain ne s’attendait pas à une telle réflexion. Gêné, il marqua un moment de silence, vite rompu par la jeune fille qui reprit.

    – A croire que c’est la journée des visites, les gendarmes viennent de partir, il a seulement un quart d’heure.

    Une occasion pour Alain qui saisit l’opportunité de la situation.

    – Certainement à propos de l’affaire dont j’ai fait allusion il y deux ou trois jours de cela, cette jeune femme retrouvée morte et violée à proximité du gouffre de l’œil doux.

    – Oui, ils enquêtent sur cette affaire. Aux dires de l’officier de gendarmerie, ils ont ratissé tout le secteur et questionné les touristes du camp de camping situé un kilomètre plus bas. Pour ma part, je n’ai rien observé de particulier. Je suis occupée toute la journée avec mon exploitation, si quelqu’un passe sur le chemin qui mène à la route, je peux très bien ne pas m’en apercevoir.

    – Votre chien, lui s’en aperçoit et vous prévient.

    – En effet, alors s’il n’a pas aboyé, c’est que personne n’est passé sur ce chemin devant chez moi.

    – Pourtant, j’y suis passé depuis ce tragique événement. Nous nous sommes vus. Vous n’avez donc pas signalé aux gendarmes mes deux précédentes visites ?

    – Non, je n’y ai pas pensé. J’ai cru qu’il voulait savoir si je n’avais pas aperçu un vagabond, un personnage louche, pas un jeune homme à bicyclette n’ayant certainement rien à voir avec cette affaire.

    – Vous savez, pour une enquête le moindre détail peut avoir son importance. Il vous sera difficile une prochaine fois, si cet officier de gendarmerie vient à vous questionner de nouveau, de revenir sur votre déclaration.

    – Ha ! Vous pensez que c’est grave ?

    – Grave, je ne pense pas, mais c’est gênant.

    – Cet officier m’a laissé son nom et un numéro de téléphone dans le cas où j’observerais quelque chose d’anormal dans ce secteur. Dois-je le rappeler à ce propos ?

    – Non, rappelez-vous en s’il repasse. Il s’agit du Commandant Canéda je suppose ?

    – Oui, vous le connaissez ?

    – Pas particulièrement, mais je sais que c’est lui qui est chargé de cette enquête. J’ai eu l’occasion de le rencontrer à plusieurs reprises.

    – Vous fréquentez ces gens là, je veux dire les gendarmes ?

    – Cela m’arrive, je suis dans la police.

    – Vraiment ! On ne dirait pas à vous voir avec votre accoutrement de coureur cycliste et ce casque sur la tête.

    Elle éclata d’un rire franc et sain, qui obligea Alain à sourire, à prendre cette tirade comme une boutade.

    Elle reprit rapidement un air sérieux pour annoncer.

    – C’est vrai !

    Je ne pensai pas que vous puissiez être dans la police.

    – Et pourtant, renchérit Alain, je suis Lieutenant de police en poste au commissariat de Narbonne.

    Le visage de la jeune fille perdit soudain ses couleurs et les traces de ce rire éclatant qu’elle affichait quelques secondes plus tôt, il était devenu pâle. Elle semblait maîtriser une émotion.

    Alain s’en aperçut, s’en étonna. Le fait qu’il soit policier ne devrait pas mettre son interlocutrice dans ce visible embarra.

    – Rassurez-vous, je ne suis pas en service, encore moins pour vous faire une quelconque remarque désobligeante pouvant vous offenser. Je suis là le plus simplement du monde en ami si vous voulez…

    La jeune fille le fixa intensivement, un regard plein d’interrogation.

    – Enfin, ce n’est pas par hasard que je passe par chez vous, reprit-il avec difficulté, je voulais que nous fassions plus ample connaissance. Mais, ajouta t’il avec empressement, si cela vous est désagréable je passerai mon chemin et éviterai à l’avenir de vous importuner.

    Le visage de la jeune bergère perdit de son sérieux et devint plus serein, amorçant un sourire.

    – Si ce n’est que cela, il fallait me le dire plus tôt. Je m’appelle Alice, et vous ?

    – Alain, Alain Servin.

    – Bien ! Et maintenant que nous avons fait connaissance ?

    Elle semblait s’amuser de la façon un peu gauche qu’affichait le jeune Lieutenant de police.

    - Je dois avouer que je suis étonné qu’une jeune fille de votre âge puisse vivre seule dans cet endroit, avec pour toute compagnie un chien et un troupeau de chèvres.

    Il était resté avec le cadre de sa bicyclette entre les jambes, les deux pieds sur le sol. Elle se dressait face à lui de nouveau souriante. Il s’aperçut qu’elle tenait une cuillère de bois dans une main.

    – Vous étiez occupée à faire la cuisine ?

    – Oui, mais vous pouvez poser votre vélo contre cette clôture. Nous pouvons discuter à l’intérieur. Avec un policier, je pense que je ne risque rien.

    Alain obtempéra et suivi Alice à l’intérieur de sa demeure.

    En entrant, il fut surpris par la pénombre et la fraîcheur de la pièce. Elle l’invita à s’asseoir face à une table carrée, tandis qu’elle s’affaira durant quelques secondes à remuer dans le fond d’une casserole ce qui cuisait sur une cuisinière à gaz.

    – Je n’ai pas grand chose à vous proposer, si ce n’est un jus d’orange.

    – Cela ira très bien, je vous remercie.

    Elle sortit deux verres d’une armoire, une boite de jus d’orange d’un frigo et fit le service.

    – Vous voyez, je suis seule, mais je suis organisée. Avec le travail que j’ai, je n’ai pas le temps de m’ennuyer.

    D’un regard rapide Alain fit le tour de l’endroit. Une pièce à vivre, rassemblant cuisine et un coin repas assez spacieux meublé d’une table à laquelle il avait pris place, quatre chaises un vaisselier et une armoire. Un frigo, un gazinière et un plan de travail avec évier équipaient la cuisine.

    Deux petites fenêtres donnaient sur la piste par laquelle il était venu.

    – je fais de la confiture de mûres. Il y en a plein un peu plus haut sur ce versant, là où j’ai installé quatre ruches.

    Elle se retourna pour lui adresser cette question sur un ton anodin.

    – Vous vivez seul aussi ?

    – Oui, je suis en location, à Armissan, une petite maison dans le centre du village.

    La conversation continua ainsi, bon enfant, histoire de faire connaissance. Alain quitta la bergerie et Alice une heure plus tard. Il lui adressa un dernier signe de main, avant de disparaître derrière un virage en direction de la départementale. Elle répondit à ce geste avec empressement.

    *

    Alain retourna à la bergerie chaque jour de la semaine qui suivit cette agréable conversation.

    Aujourd’hui, qu’il venait d’apprendre cette terrible nouvelle, il se remémorait les événements de ces derniers jours.

    C’était devenu une habitude. Dès que son travail le permettait, il enfourchait sa bicyclette, prenait la D 68 puis la piste caillouteuse jusqu’à la bergerie. Alice avait quelque peu modifié son emploi du temps pour le recevoir. Ils passaient ainsi plusieurs heures ensemble, à mieux se connaître, à apprécier la présence de l’autre, à attendre ce moment avec de plus en plus d’impatience.

    C’est durant ces longues conversations qu’il apprit le parcours d’Alice qui l’amena à être bergère. Ce n’était pas le fait du hasard. La bergerie datait de son oncle, construite, aménagée et peuplée quarante ans plus tôt. Julio Barez, fils d’un émigré espagnol, s’était installé sur ce lopin de terre avec sa femme et son fils José.

    Alice était la fille de Maria, la sœur de Julio, et de Claude Fauget son époux. Née à Narbonne, elle avait perdu ses parents à l’âge de deux ans dans un accident de voiture. C’est chez son oncle qu’elle avait passé ses plus jeunes années, dans cette même bergerie. Plus tard, elle avait suivi des études secondaires à Montpellier, branche commerciale. Durant trois ans elle occupa un poste de représentante pour une société de produits d’entretien. Son secteur couvrait les départements de l’Aude et de L’Hérault. Lorsque sa tante mourut des suites d’une longue maladie, elle vint en aide de façon périodique à son oncle.

    José, son fils refusant ce mode de vie, avait quitté la région vaquant à d’autres occupations.

    Peu de temps après le décès de sa tante, son oncle Julio quitta lui aussi cette terre, sans doute pour un monde meilleur. Alice se retrouva à la tête de l’exploitation, sans s’y être vraiment préparée. Avec courage elle fit face. C’est ainsi que depuis deux ans elle vivait recluse dans cet endroit sans trop savoir ce qu’elle allait en faire.

    Pour Alain et Alice, les heures qu’ils passèrent ensemble furent le ciment qui allait unir leur destin. Il fallut peu de temps à ce que leurs sentiments évoluent, à ce que leurs cœurs se mettent à battre au même rythme.

    Trois semaines auparavant ils ne se connaissaient pas, ils devinrent des amis, hier ils étaient amants.

    Aujourd’hui, Alain venait d’apprendre une terrible nouvelle…

    Chapitre 2

    Un casse à Béziers

    Marseille, un mois plus tôt.

    Au troisième étage d’un appartement situé dans un quartier nord de Marseille, trois individus discutaient d’un projet présenté par Raymond Sergel, récemment sorti de prison.

    – Tu es sûr de ce que tu avances Raymond ?

    L’individu, un grand gaillard brun portant une barbe de trois jours, tenant une canette de bière dans une main, répondit sans hésitation.

    – Un coup pareil çà se prépare !

    Le type qui m’a filé ce tuyau durant mon séjour en cabane était, on ne peut plus sérieux. Il n’a posé qu’une condition. Le casse doit se faire avec ses potes.

    – Combien sont-ils ?

    – Deux !

    – On a l’habitude de travailler à trois, cinq pour un casse çà fait beaucoup.

    – Écoute moi Pierrot, se sont ses potes qui ont les billes, ils ont besoin de nous pour un coup de main. On ne va pas refuser une telle « occase ». On joue sur du velours j’te dis.

    Le dénommé Pierrot, un grand blond à la chevelure abondante opina du chef en signe d’approbation.

    – Bon, où on peut les rencontrer ses zouaves, intervint José le troisième personnage présent, un jeune homme d’une trentaine d’années, fluet, brun, de type méditerranéen.

    – J’ai une adresse, ici à Marseille. Il suffit de laisser un message, l’un de ses potes nous contactera. Je dois y aller seul et être discret.

    – C’est où ?

    – Un bar sur le port de commerce…

    Au lendemain de cette conversation les trois lascars recevaient la visite de Fernand, dit Fredi dans le milieu, connu de la police pour être soupçonné d’avoir participé à plusieurs larcins. Fredi a toujours tirer son épingle du jeu, jamais pris, jamais condamné. Ce marseillais de cinquante ans, ayant bonne présentation, bien qu’afficha un certain embonpoint, était à la tête de quatre bars situés sur le port de commerce. Tous aussi mal famé les uns que les autres. Par personne interposée, il gardait contact avec

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