Les fantômes du lac
L’orage se déchaîna alors que Bruno s’engageait sur la petite route qui menait à l’hôtel des Pastouraux. Les éclairs se succédaient sur les sommets et illuminaient le lac de Serre-Ponçon qui scintillait par intermittence dans la pénombre. On y voyait de moins en moins, à mesure que la route grimpait sur les hauteurs d’Embrun. Au carrefour, il hésita, cherchant à travers le rideau de pluie la direction du hameau où se nichait l’hôtel. Il avait choisi l’endroit pour se retrouver au calme afin de travailler à son mémoire sur la flore alpine. Il venait de sillonner le parc des Ecrins et comptait ajouter à ses observations quelques spécimens de la flore locale. Les environs d’Embrun, c’était déjà presque le Midi – a fortiori depuis l’établissement du barrage qui avait réchauffé le climat de la région et modifié légèrement le biotope. Pour l’instant, c’était surtout des trombes d’eau qui s’abattaient sur le pare-brise. Le brouillard l’empêchait de s’y retrouver dans ce lacis de petites routes. Il finit par caler au milieu du carrefour. Au même moment, des appels de phares entrevus dans le rétroviseur le firent sursauter et lui donnèrent l’espoir de pouvoir se renseigner. Il baissa la vitre au passage du véhicule qui s’était arrêté à sa hauteur. Il cria presque, dans la bourrasque :
– Je cherche l’hôtel des Pastouraux…
– A droite et ensuite la première à gauche. Vous n’avez qu’à me suivre. Il avait seulement eu le temps d’apercevoir l’éclat d’un regard brun et féminin. Un ton sec. Elle devait être pressée de rentrer et agacée de trouver un importun au milieu du carrefour. Il suivit la voiture qui filait vite, il crut la perdre puis comprit, à ses signaux, qu’il était arrivé, alors qu’elle continuait son chemin. Il se retrouva devant la façade accueillante d’un chalet. La pancarte « les Pastouraux » lui confirma qu’il était enfin arrivé. – Entrez vite ! Quel orage
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