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Marilou, Lise, Anaïs et les autres
Marilou, Lise, Anaïs et les autres
Marilou, Lise, Anaïs et les autres
Livre électronique215 pages2 heures

Marilou, Lise, Anaïs et les autres

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À propos de ce livre électronique

Tous les mardis soirs, Marilou et Lise se retrouvent à la chorale Art et Musique. Marilou veut devenir chanteuse, Lise aimerait ouvrir un magasin de fleurs au bord de la mer. Confrontée à l’infidélité de son mari, Anaïs se réinvente une nouvelle vie.
Dans ces nouvelles pleines d’optimisme, Patricia Bettancourt nous fait partager la vie de ces femmes, qui, tandis qu’elles vivent un moment important de leur existence, vont se retrouver indissolublement liées les unes aux autres.
LangueFrançais
Date de sortie29 juin 2022
ISBN9782312122304
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    Aperçu du livre

    Marilou, Lise, Anaïs et les autres - Patricia Bettancourt

    cover.jpg

    Marilou, Lise, Anaïs et les autres

    Patricia Bettancourt

    Marilou, Lise, Anaïs et les autres

    Nouvelles

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Les personnages de ce livre sont fictifs. Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé serait purement fortuite.

    Photo de couverture

    iStock

    Tous droits de traduction, d’adaptation

    et de reproduction réservée pour tous pays.

    © Les Éditions du Net, 2022

    ISBN : 978-2-312-12230-4

    « L’amitié, c’est pour moi un paysage,

    où tu viens effacer mes petits nuages… »

    Bernard Sauvat

    Rosie

    Des petites vagues brisées reculaient encore en nappes délicates. La mer s’était retirée assez loin. Une mer d’huile irisée des reflets du soleil. Le ciel s’était paré d’une multitude de petites nuées bleues et dorées.

    Mers-les-Bains et son front de mer aux façades multicolores, véritables œuvres d’art, tout le charme de la Belle Époque. C’était un endroit propice à la promenade, en suivant l’esplanade qui longeait une plage de galets qui se découvrait en large plage de sable à marée basse. Rosie mit le cap vers les falaises. Des surfeurs en combinaison profitaient de la marée basse, plus loin, un homme portant une énorme épuisette se dirigeait derrière les rochers. Enfant, elle aimait bien regarder dessous pour voir s’il n’y avait pas un crabe qui s’y dissimulait.

    Une colonie de petits rochers fantastiques issus de la falaise, sculptés par l’érosion, recouverts de lichens et de petits crustacés, conférait un aspect lunaire à cette plage. Dans les flaques jouaient crevettes et poissons minuscules ; un mignon petit crabe s’enfonça dans le sable dès qu’il la vit arriver. La jeune femme sortit son canif en vue d’une bonne fricassée de moules. Les plus grosses coquilles bleuâtres furent arrachées et mises dans un sac.

    Le soleil se couchait, couronnant le phare d’un halo orangé. Une brise légère faisait voler ses cheveux. Il faisait doux pour ce mois de novembre ; mouettes et goélands se dandinaient en poussant des petits cris aigus. Il y avait peu de monde, un homme préparait sa canne à pêche ; au loin, quelques personnes ramassaient des moules. Rosie savourait ces instants avec intensité, elle devait bientôt s’en aller. Ce spectacle l’apaisait, la mer calmée la calmait !

    La jeune femme gravit l’escalier puis le sentier qui escaladaient la falaise ; des randonneurs descendaient. Là-haut sur la falaise, on avait une vue imprenable sur le littoral, on pouvait voir les trois villes sœurs : Le Tréport, Eu, Mers et puis au nord, Ault. Surveillés par une immense vierge en pierre, des moutons, des chèvres et un beau cheval roux paissaient tranquillement. Prolongée, cette balade promettait d’être incomparable à travers les pâtures en surplomb sur la mer ; spectacle grandiose de ravins et de côtes abruptes sans fin laissant apercevoir par endroits la mer.

    Rosie Drumont était plutôt jolie avec son tout petit nez, ses lèvres bien dessinées et ses grands yeux noirs qui contrastaient avec la pâleur de sa peau. Ses cheveux bruns ondulaient de façon ravissante sur ses épaules.

    Rosie descendit de son promontoire pour s’asseoir sur la plage de galets déserte à cette heure. L’horizon resplendissait presque autant que le soleil qui trempait déjà dans la mer. Reculant ses pieds qu’une vague allait atteindre, elle vit un promeneur se diriger vers elle.

    – Tout va bien ? lui demanda-t-il d’un air aimable.

    – Oui…

    – Cela fait un petit moment que vous êtes là ; il ne faut pas rester toute seule comme cela !

    – Je guettais l’instant magique où le soleil disparait dans les flots.

    – Venez, je vous offre un café ; j’habite un peu plus haut.

    – Attendez encore un peu. Et puis je dois partir bientôt.

    – Vous avez bien cinq minutes ?

    Son allure athlétique légèrement bedonnant, et ses cheveux d’un noir de jais semés de quelques fils d’argent, rendaient son âge indéfinissable. Malgré tout, il présentait bien et avait l’air de se faire du souci pour elle.

    – On ne se connaît pas.

    – C’est le moment où jamais !

    Il insistait si gentiment.

    – Moi, c’est Jacques, dit-il sur un ton gai.

    – Rosie.

    L’astre solaire disparut dans les flots.

    Sa demeure se situait sur les hauteurs de la ville. Une villa toute blanche avec une pelouse devant. Après avoir inséré des dosettes dans sa machine à café, son hôte sortit deux tasses.

    – J’habite seul ici, je suis divorcé.

    – Vous ne vous ennuyez pas tout seul ?

    – Je m’occupe, vous savez ! Il m’arrive de partir en mer avec des amis. Autrefois, j’étais pêcheur. Retraité depuis peu.

    – Avoir du poisson frais tous les jours, quelle aubaine ! On ne croirait pas que vous êtes à la retraite.

    – J’ai commencé à travailler à l’âge de seize ans. Je me suis reconverti en guide nature.

    – Vous devez connaître le littoral picard sur le bout des doigts.

    L’homme acquiesça d’un air entendu. Sur le mur, s’étalait le portrait poster d’une jolie blonde souriant sous son chapeau blanc.

    – C’est ma fille, le jour de son mariage.

    – Comme elle est belle !

    – Fanny vit à Torquay. Quand elle était petite, ma femme et moi lui avons offert des cassettes pour apprendre l’anglais. Partie en Angleterre pour perfectionner son anglais, elle a passé un diplôme de tourisme et s’est mariée avec un Anglais.

    – Vous la voyez quand même de temps en temps.

    – Oui, bien sûr. Mon anglais fait rire mon gendre !

    – Vous allez devoir prendre des cours.

    – C’est ce que je fais.

    – C’est gentil de m’accueillir chez vous.

    – On se procure de grands bienfaits en ouvrant son foyer.

    – J’étais une parfaite inconnue !

    – Vous êtes charmante.

    – Faites attention tout de même, l’habit ne fait pas le moine.

    – Je pourrais vous dire la même chose.

    – Disons que j’ai eu le nez creux !

    Et vous, vous n’êtes pas mal non plus, se dit-elle.

    – Il se fait tard, je vais devoir partir.

    – Déjà, vous êtes attendue ?

    – Mon train part à 19 heures.

    – Si vous voulez revenir, vous savez où j’habite…

    Un air appris à la chorale lui trottait dans la tête, en arrivant chez elle : « Fiche le camp, Jack, et ne reviens plus jamais, jamais… » Pourquoi cette chanson ? elle ne le savait pas, le Jacques avec qui elle venait de faire connaissance était plutôt sympathique.

    – Tu as eu des clients ? demanda-t-elle à sa sœur.

    – Juste M. Duputel, qui m’a acheté un bouquet de roses.

    – Qu’allons-nous devenir ? Tous nos clients filent au supermarché, c’est moins cher.

    – Chérie, on ne peut plus baisser les prix !

    – Je sais bien… Il faudrait trouver un coin sympa sans grande surface à côté, ou bien en faire partie.

    – As-tu regardé sur Internet ?

    – Il n’y a rien qui pourrait nous intéresser.

    – Et se recycler dans quoi ?

    – Je ne pourrai plus me passer des fleurs.

    – Moi non plus. Gardons espoir ; on va bien finir par trouver quelque chose. Alors, ta balade à la mer ?

    – J’ai fait la connaissance d’un homme très gentil : Jacques.

    – Gentil n’a qu’un œil !

    – Il m’a offert un café. Il est guide-nature, ancien pêcheur ; pas vilain du tout.

    – Tu penses le revoir ?

    – Je pense… Ah oui ! j’ai des moules pour ce soir. Si tu veux bien les préparer, je suis un peu fatiguée.

    Rosie observait Lise, sa sœur jumelle : une copie conforme d’elle-même. En la regardant, elle pouvait se voir comme les autres la voyaient. Sa sœur, c’était aussi sa meilleure amie, sa confidente, son ange gardien. Comment les autres filles pouvaient-elles vivre sans sœur jumelle ? Si un jour elle trouvait l’homme de sa vie, leur séparation s’avèrerait difficile. A 21 ans, elles avaient quitté la maison de leurs parents pour s’installer en tant que fleuristes. 10 ans de colocation sans nuages. Ça marchait plutôt bien, jusqu’à ce qu’un gros concurrent leur face de l’ombre.

    Le dimanche suivant, Jacques et Rosie firent un tour au Tréport, petit port de pêche renommé pour son marché aux poissons. Le long de la jetée, des pêcheurs tendaient leurs lignes. Des goélands posaient sur le bord du quai ; installé devant son chevalet, un peintre peignait à l’aquarelle, une touriste le prit en photo. Bordant la chaussée de l’autre côté, c’était une multitude de restaurants et troquets aux terrasses bondées de monde, de marchands de glace et de boutiques artisanales. Et ces coquillages énormes, superbes dans des corbeilles en osier posées sur le trottoir.

    – Regardez, un phoque, dit Jacques en désignant les flots.

    – Où ça ?… Je le vois !

    – Je vous emmène sur Tréport-Terrasse, de là, vous embrassez d’un seul regard toute la côte picarde, si vous aimez marcher…

    Délaissant le funiculaire, ils gravirent les quelques 400 marches qui les séparaient du haut de la falaise. Devant eux s’étendaient la ville et ses toits, l’église ; à droite, on apercevait le Château d’Eu, et au bout de la jetée, l’esplanade, l’avant-port, les villégiatures de Mers les Bains et la mer.

    Enivrés d’air marin, fourbus et affamés, ils prirent place à la terrasse d’un restaurant panoramique et se régalèrent de moules-frites.

    – Savez-vous que Le Tréport s’adosse aux plus hautes falaises de craie d’Europe ? dit Jacques dans le funiculaire qui descendait.

    – Vous me l’apprenez ! Les voûtes de ce tunnel en briques sont superbes !

    – La falaise que nous traversons est creusée d’un labyrinthe défensif qui a été aménagé par les Allemands après le raid sur Dieppe en 1942. Nous sommes au-dessus du quartier « Les Cordiers », ses premiers habitants, des pêcheurs trop modestes pour se payer un filet, pratiquaient la pêche avec de longues cordes garnies d’hameçons.

    – Vous êtes un excellent guide.

    – J’habite ici depuis toujours, dit-il en posant les pieds sur le plancher des vaches.

    – Je vais tout savoir sur vous, Jacques !

    – Mais parlez-moi de vous, Rosie.

    – Je suis fleuriste avec ma sœur à Creil.

    – Un beau métier.

    – Oui, un beau métier. Mais…

    – Mais ?

    – Oh, rien !

    – Vous alliez dire quelque chose !

    – Depuis qu’un supermarché s’est installé près de chez nous, il ne nous reste plus que quelques habitués, et nous allons devoir bientôt mettre la clé sous la porte. Nous cherchons un pas de porte dans la région. Nous avons fait de longues recherches, et pourtant rien. C’est trop cher ou ça ne correspond pas à nos besoins, fit Rosie avec un rictus amer.

    – C’est pour cela que vous étiez soucieuse la première fois que je vous ai vue !

    – Vous avez tout compris.

    – Je connais justement un fleuriste qui veut prendre sa retraite. Il cherche un repreneur pour son fonds de commerce. On peut aller le voir, si vous voulez…

    Situé en centre-ville, « Floréal » était entouré de commerces et de restaurants. Seulement, inutile de rêver, cette boutique devait être beaucoup trop chère pour leurs moyens.

    – Depuis combien de temps tient-il ce magasin ? A-t-il bonne réputation ?

    – Ce sont des passionnés de fleurs. Il a ouvert ce magasin avec sa femme il y a une trentaine d’années. Il a une fidèle clientèle.

    Les fleuristes, après leur avoir fait visiter la boutique et l’appartement qui se trouvait au-dessus, leur présentèrent un certain nombre de documents. Rosie apprit au fil de la conversation qu’ils recherchaient un acquéreur depuis trois ans déjà.

    – Quel prix demandez-vous ? s’enquit la jeune femme sans trop y croire.

    Le couple, après s’être concerté, donna un prix inférieur au prix qu’il avait demandé originalement ; une telle opportunité ne se représenterait pas de sitôt. Rosie fit immédiatement une proposition qui fut acceptée.

    La jeune femme saisit son portable pour demander à sa sœur si elle voulait déménager. Trop contente de partir, Lise donna son accord. Quelles étaient les formalités inhérentes à l’achat et à la vente d’un fonds de commerce ? Les deux femmes se revirent pour parler notaire, banque et fournisseurs. L’affaire fut faite et quelques mois plus tard, elles emménageaient dans leur nouveau magasin au bord de la mer.

    Rosie présenta Lise à Jacques. Celle-ci le trouva fort à son goût et demanda à sa sœur si elle voulait bien le prêter ; ce à quoi il répondit qu’il n’y voyait aucune objection. Il ne vit pas le regard furieux de Rosie.

    – Je plaisantais ! rectifia la jeune femme en riant.

    Un jour qu’ils étaient attablés autour d’une soupe de poisson sur la plage, un évènement imprévu se produisit.

    – Les affaires sont-elles florissantes ? demanda Jacques.

    – Nous n’avons jamais eu autant de clients, et c’est grâce à vous.

    Les deux sœurs étaient tout sourire.

    – J’aurais bien envie d’un…

    Jacques ne put terminer sa phrase, une passante s’était approchée de lui pour l’embrasser.

    – Encore des putes ? Tu ne changeras donc jamais, mon pauvre chéri ! lui dit-elle d’un air compatissant.

    – Quoi ?… que… mais de quoi tu te mêles ? bafouilla-t-il, ahuri.

    Rosie se leva pour partir.

    – Restez, Rosie, ne la croyez pas, c’est une hystérique ! supplia Jacques en la retenant par le bras.

    – Mais qu’est-ce qu’il te prend, Marlène ? de quel droit me fais-tu cela, dit-il, la fusillant du regard.

    – Du droit que je suis ta femme.

    – Oui, mais plus pour longtemps, dans six mois, nous serons divorcés. C’est quasiment comme si c’était fait.

    – Il n’en est pas question, la maison, les voitures et le bateau sont autant à moi qu’à toi et je t’aime.

    – Tu m’as fait cocu et tu dis que tu m’aimes ?

    – Oui et alors, ce n’est pas incompatible. Je te rappelle que c’est toi qui as commencé !

    Cette fois Jacques ne put retenir sa main et la dénommée Marlène reçut une gifle. Clac ! Sous l’effet du choc, ses lunettes valsèrent. Elle se baissa pour les ramasser, perdit l’équilibre et tomba à terre. Hors de lui, Jacques s’empara d’un reste de frites-mayonnaise qu’il renversa sur elle.

    Poisseuse de frites, la trouble-fête ne ressemblait plus à rien. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais aucun son ne sortit. Elle s’empressa de disparaître.

    – Pour une fois, j’ai le dernier mot ! fit Jacques.

    – Elle avait l’air bien mal en point.

    – Rosie, je suis gêné, je ne voulais pas vous… dit-il, quand ils sortirent du restaurant.

    Rosie n’entendit pas les explications de Jacques dans le bruit des vagues agressives qui se fracassaient sur la plage, et reconnut un air dans le son désordonné des galets qui s’entrechoquaient : « Jamais, jamais, fiche le camp, Jack… », et lui demanda de ne plus chercher à la revoir.

    – C’est à vous dégoûter des hommes ! déplora Lise, après qu’elles se furent éloignées.

    – Elle était bizarre, la femme. On aurait dit qu’elle avait bu.

    – Et lui, en flagrant délit de mensonge.

    – On ne m’avait encore jamais fait ça !

    – Quelle histoire !

    – Trop joli, trop poli…

    – Rentrons.

    Marlène Delargilière n’avait jamais été autant humiliée que le jour de la scène qu’elle avait faite à son futur ex-mari. Jolie, blonde, des yeux bleu lagon, elle avait fait pourtant le mauvais choix en amour. Une fois mariés, son époux avait abandonné ses manières galantes ; au début, ils étaient amoureux, et puis tout changea lorsqu’elle lui apprit sa stérilité. Il lui en voulait de ne pas l’avoir prévenu avant leur mariage. Ce à quoi Marlène répondait qu’elle ne s’en doutait pas non plus.

    Le jour de son esclandre, elle ne savait pas pourquoi, d’habitude, elle, si réservée, s’était

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