Pour l’amour d’un cheval
Le soleil se couchait sur le causse. Des traînées violettes se mêlaient dans le ciel à la lumière orangée qui enflammait les prairies, striées d’un lacis de petits murets.
Souvent, Tanette s’arrêtait sur l’un des murets pour contempler le spectacle. Zora s’approchait déjà au petit trot, comme si la jument la guettait de loin. Elle s’écartait de ses congénères en train de pâturer et rejoignait la jeune femme : elle aimait frotter son museau contre elle. Tanette savait que c’était la dernière saison de Zora sur le causse. Bientôt, elle embarquerait avec une dizaine de chevaux pour retrouver la Mongolie de ses ancêtres. Elle le savait, mais elle ne s’y faisait pas. Tanette avait grandi au milieu du causse, ce plateau karstique au cœur de la Lozère, et ne l’avait quitté que pour le lycée de Mende où elle avait étudié l’éthologie. C’était le seul moyen pour elle de rester proche des grands espaces de son enfance et des chevaux sauvages qu’elle avait toujours vus galoper en liberté – ou en semi-liberté sur une partie du domaine familial.
La famille de Tanette exploitait un vaste domaine dont la terre, ingrate et rare, ne pouvait accueillir qu’un élevage extensif de brebis. Les Sagnolle avaient converti leur exploitation au bio, ce qui leur permettait de mieux rentabiliser leur production.
Par ailleurs, son père faisait partie de l’association qui avait permis la renaissance des chevaux de Przewalski disparus de Mongolie. Jusqu’alors, ils ne survivaient qu’au zoo. Sur le causse, avec ce climat proche de celui de la Mongolie, l’association avait réussi son pari : permettre aux derniers spécimens de retrouver leurs instincts de vie sauvage en groupes familiaux. L’étape suivante était la réintroduction des chevaux dans leur Mongolie ancestrale.
Zora resta un long moment à se faire câliner, puis elle tourna la tête vers ses congénères et se
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