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Élèna: Les autres vies
Élèna: Les autres vies
Élèna: Les autres vies
Livre électronique200 pages2 heures

Élèna: Les autres vies

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À propos de ce livre électronique

Et si a réincarnation - ou plutôt, la renaissance de l’âme - était une réponse aux questions métaphysiques que l’on se pose sur le sens de l’existence ?
Elle permet de considérer la mort comme un épisode purement animal, préservant au passage la persistance et la supériorité de l’esprit. En ces temps de pandémie, c’est aussi un postulat plus fiable que de s’en remettre à des intermédiaires médiatiques, politiques, ou religieux…
Élèna s’en est allée subitement, emportant avec elle les vies que son âme avait déjà incarnées, laissant aussi dans l’expectative ceux qu’elle a rencontrés et aimés au cours de sa huitième incarnation.
Depuis les grottes préhistoriques du Jura Souabe, jusqu’aux œuvres ésotériques d’Élèna, embarquant au passage Hérodote, Léonard de Vinci, ou les bâtisseurs de cathédrale, l’auteur reconstitue l’itinéraire de ces vies qui ont modelé au fil des siècles une personnalité inoubliable, cocktail de passions et d’altruisme.
LangueFrançais
Date de sortie11 févr. 2021
ISBN9782312079813
Élèna: Les autres vies

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    Aperçu du livre

    Élèna - Pierre Boningre

    cover.jpg

    Élèna

    Pierre Boningre

    Élèna

    Les autres vies

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2021

    ISBN : 978-2-312-07981-3

    Prologue

    Élèna était fière de ses sourcils et heureuse de les avoir transmis à sa fille. Elle n’en parlait pas sur un plan esthétique – se contentant d’épiler ceux qui blanchissaient – mais sur le sens qu’ils donnaient à son regard et à sa personnalité. Ils étaient à la fois hauts et courbes, témoins d’une dualité forte, qui devait certainement lui peser.

    Loin de traduire un caractère inquiet et hautain, les sourcils hauts chez elle, dénotaient la partie sauvage de sa personnalité, façonnée dans les années communistes de son adolescence, celle d’une solitaire capable de passer des nuits entières dans sa bulle, à faire… on ne savait quoi !

    Les sourcils courbes, comme étonnés, sont un signe artistique s’il en est. Ils montrent quelqu’un à la fois observateur et perfectionniste sur le plan professionnel et en privé, quelqu’un d’attentionné et bienveillant, nanti d’originalité et surtout d’un grain de folie.

    Dans son fol univers et altruiste, c’est un bon résumé de mon Élèna.

    Élèna venait se coucher généralement quand le jour commençait à poindre. S’il fallait qu’elle se lève – pour donner un cours d’arts plastiques, par exemple – je m’approchais du lit et murmurais à son oreille « Bonjour, ma Poupée », une bonne demi-douzaine de fois, jusqu’à ce que j’obtienne en retour un léger hochement de tête.

    Puis elle se rendormait, bien entendu !

    Je revenais alors avec un café bien chaud et odorant, dont je faisais tinter la cuiller. Normalement, elle émergeait. Il ne me restait plus qu’à l’aider à enfiler un vêtement et elle était prête… pour la première cigarette !

    Pourquoi je vous raconte tout cela ? Parce que ces sourcils relevés par la curiosité, elle les avait encore la dernière fois que j’ai vu son visage. Je lui ai déposé un baiser sur son front encore chaud et je regretterai toute ma vie de ne pas avoir prononcé la phrase magique – Bonjour, ma Poupée – comme si elle allait se réveiller !

    Comme si sa huitième vie allait reprendre…

    Maargt

    C’est bien décidé ! Maargt va quitter la grotte et partir avec son fils. Elle marchera jusqu’à effacer toute trace de sa vie dans ces lieux maudits, jusqu’à oublier cet homme qui ne lui aura rien donné – à part son garçon – et ne lui apporte plus rien.

    Hier encore, il a violé une fillette, frottant son sexe dans tous les recoins de ce corps abandonné et passif, poussant des gloussements rauques et essoufflés, avant de s’effondrer sur elle, repu, au risque de l’étouffer.

    Ce n’est pas tant cette scène qui la turlupine : elle-même ne se prive pas de relations sexuelles parfois débordantes avec les autres membres du clan, y compris des femmes.

    Non, c’est l’arrivée il y a quelques jours de ce matamore totalement imbu de lui-même qui a déclenché chez elle ce réflexe de dégoût. Griffes d’ours en collier, osselets d’auroch aux chevilles, le sexe introduit dans la pointe évidée d’une défense de mammouth, il s’est pavané un long moment face aux hommes ébahis et aux femmes tortillant les cuisses.

    En brandissant un long bâton de cornouiller, histoire d’étaler une autorité que personne ne lui avait concédée, il a longuement invoqué les cieux en dansant comme sur des braises. Puis il s’est figé dans une posture qu’il pensait majestueuse et a clairement exigé de forniquer avec toutes les femmes, comme si elles n’étaient que des femelles attendant l’étalon.

    C’était d’ailleurs le cas pour la plupart d’entre elles. Maargt n’est pas de cette engeance. Quand elle n’a pas d’attirance pour un homme, elle s’en tient éloignée, au risque de créer un esclandre.

    Elle sait bien que la survie du groupe tient avant tout à l’entraide et aux comportements collectifs de ses membres, aux échanges de toute nature entre eux. Elle sait aussi que parmi les êtres vivants rencontrés, seuls les pigeons vivent en couple et ils ne brillent pas vraiment côté intelligence !

    Quant aux éventuels sentiments paternels du père de son fils susceptibles de la retenir, ils sont totalement absents : les garçons doivent devenir des chasseurs et des guerriers, les filles des objets de plaisir et de réconfort. Avec peut-être un accès de fierté quand le fils aura tué son premier ours et la fille donné naissance à un garçon.

    Mais même pour ces critères-là, il faut avoir conscience de sa paternité. À ce stade du développement humain, les mâles ne perçoivent pas le lien entre éjaculation et procréation.

    Les femmes le savent, le sentent au tréfonds de leurs entrailles et sont vénérées pour cela. Encore que la plus ancienne statuette paléolithique votive découverte dans le monde ait été réalisée par une femme. Maargt, en l’occurrence !

    Faut-il y voir un autoportrait, un talisman, ou un épouvantail ? Nul ne le saura à part elle. D’ailleurs, elle a sculpté une seconde figurine dans le même ivoire de mammouth, qu’elle a jetée de colère sur le mur de la grotte, la brisant en morceaux.

    C’était quand le chef – qui n’allait pas tarder à perdre sa place – est venu la tancer vertement pour son refus de copuler avec l’autre énergumène. Elle ne l’a pas supporté et se retrouve aujourd’hui à crapahuter sur des pistes d’animaux sauvages.

    LA LONGUE PÉRÉGRINATION

    Le périple de Maargt n’a rien d’exceptionnel. Il est juste plus rapide que la plupart des migrations humaines de la préhistoire, notamment celles des hommes de Cro-Magnon, venu supplanter la souche Neandertal il y a trente à trente-cinq mille ans, en pleine période glaciaire.

    Arrivés de Turquie, via le Bosphore gelé, la Bulgarie et l’Europe centrale en remontant le Danube, ils se sont installés dans les vallées de l’Ach et de la Lone, se regroupant par affinités ou proximité familiale.

    Avec ce départ, Maargt ne cherche pas à créer une communauté autour d’elle-même, mais à rejoindre une tribu accueillante et plus évoluée. Elle décide donc de marcher tout droit, jusqu’à ce qu’elle trouve son futur nid. D’où sa détermination et la dimension de son trajet.

    Google Maps indique la distance entre Geißenklösterle et Castel Merle : huit cent soixante-douze kilomètres et cent quatre-vingt-une heures de marche ! Pour Maargt, ces nombres sont largement sous-estimés.

    Elle met en effet une année entière de la Souabe au Périgord. A raison d’à peine une lieue quotidienne, en prenant le temps de se reposer plusieurs jours d’affilée lorsque l’endroit est propice à reconstituer les réserves de nourriture et d’eau.

    Avant de commencer son périple, elle se rend chez les voisins de Hohle Fels, l’une des six cavernes habitées de la région. Elle aimerait bien convaincre le chef de laisser Waaha – son aîné – l’accompagner. Son propre fils est bien trop jeune et elle n’est pas assez vigoureuse pour effectuer un long trajet sans la protection d’un homme adulte.

    Devant les réticences du chef, qui destine Waaha à sa succession, elle consent à lui abandonner sa statuette – qui deviendra plus tard la Vénus de Hohle Fels. Elle a plein d’idées dans la tête pour d’autres œuvres, en d’autres lieux, quand elle aura trouvé une communauté convenable…

    Le trio descend dans la vallée de l’Ach. La rivière se jette dans le Danube un peu plus bas. C’est le fleuve par lequel la légende dit que les ancêtres sont arrivés jusqu’ici.

    Les coquillages incrustés dans les parois rocheuses alentour montrent que le fleuve avait été tellement gros que l’eau est montée jusqu’à l’entrée de la grotte actuelle, sur une hauteur de trente mammouths empilés !

    Aujourd’hui, l’eau s’est retirée et il est même possible de traverser l’Ach à l’un de ses nombreux gués. Pour commencer, ils remontent la rivière jusqu’à sa source, tant qu’elle les dirige dans la bonne direction – l’Ouest – là où le soleil se couche.

    Ils arrivent ainsi au flanc d’une colline boisée. Aucun chemin n’existe, sauf quelques rares pistes d’animaux sauvages et les traces laissées par les chasseurs qui les ont poursuivis. Par endroits en effet, ils trouvent des ossements, restes de dépeçages perpétrés par d’autres bêtes sauvages, ou par des hommes.

    On reconnait l’œuvre de ces-derniers au fait qu’il n’y a plus de fourrure ni de peau : elles leur servent à se couvrir quand le froid s’installe.

    Pour l’instant, c’est la fin de l’été et les indices de passage humain se raréfient. Ils en sont réduits à suivre les traces animalières avec cette ambiguïté consistant à se dire que si les pistes sont très marquées, c’est que les animaux sont gros ou nombreux et qu’elles sont donc périlleuses, si elles sont légères, c’est qu’elles risquent de se perdre rapidement et de les égarer par la même occasion !

    Les premiers contreforts des plateaux du Jura Souabe se présentent, avec des escalades plutôt raides fréquentées par des chamois et des tigres des montagnes. Ils décident de franchir ce premier obstacle en un seul jour. Pour cela, ils dénichent une anfractuosité de rocher où ils s’installent pour la nuit. Le feu entretenu à l’entrée par Waaha est censé éloigner les mauvaises surprises… A juste titre, car la nuit est remplie de feulements et de cris de rapaces.

    Le lendemain à l’aube, ils se lancent et atteignent sans encombre le sommet. Même Daahi – le fils de Maargt – y arrive sans aide. De là, ils découvrent un paysage nouveau, fait d’immenses forêts de pins sombres encadrant des vallées verdoyantes qui semblent se frayer un chemin en serpentant entre les collines, signe que le trajet sera plus calme : il suffit de suivre les vallées en essayant de maintenir la direction générale.

    Et dans les faits, la suite de la route se passe tranquillement : plus aucun dénivelé ne vient déranger leur progression. Ils atteignent sans aléa la première et seule région où ils rencontrent des humains.

    Ce sont des Neandertal qui les ont précédés de quelques milliers d’années et dont la famille a essaimé tout autour de Chatelperron.

    La rencontre est relativement amicale, aucune rivalité de territoire n’étant en jeu. Contre de la nourriture, Maargt échange des flûtes en os, après avoir démontré aux autochtones sa virtuosité à en tirer des mélodies aux accents à la fois rupestres et voluptueux.

    Comme quoi la musique précède le langage…

    C’est en arrivant dans la zone des anciens volcans que leur avancée se trouve un peu plus heurtée. Les vallées se font plus rares et ils sont contraints de refaire de l’escalade.

    Contrairement au Jura Souabe, la région est extrêmement giboyeuse et boisée. Pas de caverne en vue. Ils devront passer la nuit à la belle étoile. Waaha prépare un feu au milieu d’une clairière et s’éloigne un moment pour ramasser de quoi le faire flamber jusqu’au matin.

    Un hurlement strident fait sursauter Maargt. Daahi se met à pleurer. Le silence s’installe lentement et un miaulement terrible retentit. Un lynx ! Il ne fait aucun doute que Waaha ne sera jamais chef…

    La prudence veut que Maargt et son fils restent où ils sont. Maargt allume le feu et ils veillent toute la nuit, blottis l’un contre l’autre.

    La conscience de la mort et même la notion de sacrifice n’ont pas encore fait des ravages dans la psyché humaine. La perte de Waaha, nécessaire peut-être, doit être prise comme un signe. La vie continue et la famille va s’agrandir, car elle et Waaha…

    C’est une Maargt sur le point d’accoucher et un Daahi dont la maturité s’est pleinement développée qui sont accueillis dans la tribu Cro-Magnon de Castel Merle.

    L’ART DE L’ÉVASION

    Cet hiver est rude et long, interminable. Les provisions sont pratiquement épuisées, obligeant les hommes à retourner chasser bien avant la fonte des neiges. Le bois ne va pas tarder à manquer non plus pour alimenter le feu que les femmes sont chargées d’entretenir.

    Enfin, presque toutes les femmes…

    Maargt est admise dans le cercle très fermé des chamanes. Depuis son arrivée il y a une douzaine d’années et dès la

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