Claudine Doury
La photographe de l’agence VU’ arpente depuis les années 1990 le monde post‑soviétique, tissant des récits entre réel et fiction autour des notions de mémoire et de transition. Adepte des voyages au long cours, elle prend le temps d’observer, de rencontrer et de creuser son sillon, quitte à revenir sur ses pas, comme ici à vingt et un ans d’intervalle.
MARGARITA ET LE FLEUVE AMOUR, NERGEN, 2018
On est au mois d’août 2018, sur le fleuve Amour, à Nergen, en Extrême-Orient russe. Au centre de l’image, une femme regarde l’eau. C’est Margarita, l’ancienne maire du village. Je la rencontre en août 1997 lors de mon deuxième voyage sur le fleuve Amour. Je souhaite alors rendre compte de la vie des peuples natifs qui se sont établis le long du fleuve. Elle est la maire du village et propose de m’héberger pendant mon séjour. Je la retrouverai vingt et un ans plus tard lors d’un nouveau voyage à Nergen. Je désire cette fois retourner sur les traces des personnes rencontrées en 1991 puis en 1997 le long du fleuve Amour. Témoigner ainsi du passage du temps sur ces familles photographiées. Je retrouve Nergen sous la neige en avril 2018. Et dans le seul magasin du village, me voilà nez à nez avec une petite femme emmitouflée, les bras chargés de pain. On se reconnaît instantanément. Elle est à la retraite maintenant, à 80 ans, et m’invite à venir chez elle prendre le thé. À cette occasion, je la photographie rapidement,
