Pourquoi un trésor aussi riche que le territoire de la Creuse demeure-t-il secret ? Enfin, riche, façon de parler… Quand Françoise Chandernagor raconte, dans L’Or des rivières, son enfance creusoise, elle parle aussi d’une « misère du pays natal ». L’or composant le titre de son nouveau roman, sans doute le plus personnel, est bien sûr métaphorique. « Le premier, le plus précieux à mes yeux des trésors de la Creuse, son or le plus pur, c’est son insularité. » Une île secrète, donc, d’où partaient ses ancêtres maçons chaque année pour Paris afin de travailler, aucune usine n’étant à l’époque installée dans la Creuse. Les doux pâturages qu’a connus l’autrice se sont aujourd’hui transformés en exploitations d’élevage intensif, symbole d’un passé renié par les jeunes agriculteurs. D’autres grands bouleversements la désolent : « Arrachage systématique des haies, abattage des grands arbres, suppression des chemins creux, et, maintenant, l’Apocalypse – les sécheresses du Grand Réchauffement ! » Françoise Chandernagor rêve à des solutions d’avenir avec cette pointe de naïveté qui est la marque des authentiques écrivains. Mais il s’agit avant tout de célébrer le miracle de la Creuse, ses sorcières et ses bonnes fées, ses coutumes, ses chênes pieuvres, ses sources de calcaire et de granit, ses artistes, dont ceux de l’école impressionniste de Crozant. Autant de sujets à travers lesquels l’autrice se raconte avec une langue toujours somptueuse, mâtinée de dérision.
L’OR DES RIVIÈRES FRANÇOISE CHANDERNAGOR 304 P., 21 €. COPYRIGHT GALLIMARD. EN LIBRAIRIES LE 25 AVRIL.
BIO EXPRESS
1945
Naissance à Palaiseau. Son père fut député de la Creuse, puis ministre des Affaires européennes. Son grand-père était maçon, et elle est également descendante d’un esclave indien. Diplômée de Sciences Po, elle sera la première femme sortie