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La naissance
La naissance
La naissance
Livre électronique502 pages6 heures

La naissance

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À propos de ce livre électronique

Un jeune homme, du nom de Promi, doit se contenter de voler des tartes et des gâteaux pour survivre. Mais lorsqu’il est jeté dans un donjon pour ses crimes, il est mis au fait d’une prophétie selon laquelle il est prédit qu’il sauvera Ellegandia du mal… mais au prix de faire disparaître toute la magie de ce monde.

Promi refuse de prendre part à cette prophétie. Mais, une flle courageuse du nom d’Atlanta l’entraînera dans une guerre ancestrale dont les répercussions sont plus importantes qu’il ne l’aurait imaginé.

Le mal peut être vaincu, mais à quel prix?
LangueFrançais
Date de sortie5 août 2016
ISBN9782897673048
La naissance

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    I'm a tree hugger, but I found this book to be preachy about the need to save nature. The action was broken up by long discourses that were boring to read. Not much original here.
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    3/5
    I got mildly offended by his cracks about religion that may or may not have been interpreted right. Anyway, considering it was a bratty kid who was a thief and making his way on his charm and little else I decided to give up on it about 1/3 of the way through.

Aperçu du livre

La naissance - T. A. Barron

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Copyright © 2013 Thomas A. Barron

Titre original anglais : Atlantis Rising

Copyright © 2016 Éditions AdA Inc. pour la traduction française

Cette publication est publiée en accord avec Penguin Random House Company

Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

Éditeur : François Doucet

Traduction : Sophie Beaume (CPRL)

Révision linguistique : Féminin pluriel

Correction d’épreuves : Nancy Coulombe

Design de la couverture : © 2014 Larry Rostant

Montage de la couverture : Matthieu Fortin

Design des cartes à l’intérieur : © Thomas A. Barron

Mise en pages : Sébastien Michaud

ISBN papier 978-2-89767-302-4

ISBN PDF numérique 978-2-89767-303-1

ISBN ePub 978-2-89767-304-8

Première impression : 2016

Dépôt légal : 2016

Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Bibliothèque et Archives Canada

Éditions AdA Inc.

1385, boul. Lionel-Boulet

Varennes (Québec) J3X 1P7, Canada

Téléphone : 450 929-0296

Télécopieur : 450 929-0220

www.ada-inc.com

info@ada-inc.com

Diffusion

Canada : Éditions AdA Inc.

France : D.G. Diffusion

Z.I. des Bogues

31750 Escalquens — France

Téléphone : 05.61.00.09.99

Suisse : Transat — 23.42.77.40

Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

Imprimé au Canada

Participation de la SODEC.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Barron, T. A.

[Atlantis. Français]

Atlantide

Sommaire : t. ¹. La naissance -- t. ². En péril.

Traduction de : Atlantis.

ISBN ⁹⁷⁸-²-⁸⁹⁷⁶⁷-³⁰²-⁴ (vol. ¹)

ISBN ⁹⁷⁸-²-⁸⁹⁷⁶⁷-³⁰⁵-⁵ (vol. ²)

I. Beaume, Sophie, ¹⁹⁶⁸- . II. Barron, T. A. Atlantis rising. Français. III. Barron, T. A. Atlantis in peril. Français. IV. Titre. V. Titre : Atlantis. Français. VI. Titre : La naissance. VII. Titre : En péril.

PZ23.B3748At 2016 j813’.54 C2016-940563-X

Conversion au format ePub par:

Lab Urbain

www.laburbain.com

À Larkin,

Dont l’âme brille comme une pierre étoilée

Avant tout…

une confession

Atlantide : un nom, un lieu, un mystère.

Comme vous, je me suis toujours questionné sur cette île mythique… et j’ai rêvé que je montais à bord d’un navire magique pour m’y rendre, explorer ses secrets et découvrir ses trésors disparus. Les mystères d’Atlantide ont inspiré de nombreuses personnes au fil des siècles, de Platon à Isaac Newton, de J.R.R. Tolkien à Doris Lessing, et de Léon Tolstoï à Jules Verne. De la compagnie distinguée, oui, mais sur ce navire, tout le monde est le bienvenu.

Depuis que Platon a décrit l’horrifique cataclysme qui a détruit l’île dans « un jour et une nuit terrible de destruction », ce lieu a inspiré d’innombrables récits, poèmes, chansons et rêveries. Prenez par exemple les mots d’Arthur C. Clarke qui affirmait que l’Atlantide « constituerait toujours un idéal, un rêve de perfection, un objectif qui inspirerait les hommes pour les millénaires à venir ».

Toutefois, malgré toute l’encre qu’a fait couler l’Atlantide, nous n’en savons que très peu. Pourquoi ? Car ces histoires se concentrent toujours sur la fin violente de l’île : sa destruction, sa disparition du monde connu.

Mais qu’en est-il de sa naissance ? Comment ce lieu magique a-t-il été créé ? Qui sont les gens qui ont contribué à sa naissance ? Qui sont ceux qui ont tenté de l’empêcher ? Comment était-ce à l’origine, avant qu’elle devienne légende ? Quelles forces occultes ont conféré la puissance remarquable, voire miraculeuse, de l’Atlantide ?

Je dois l’admettre, ces questions me hantent depuis des années : en pensées le jour, en rêves la nuit. Le temps est venu d’agir.

Alors, accompagnez-moi, et voguons vers l’Atlantide. Nous observerons la création d’un lieu, d’une légende. Nous serons les témoins de la naissance de cette île mystérieuse. Ce sera un moment de grande gloire… qui portera toutefois les graines d’une tragédie future tout aussi grande.

Notre périple sera semé de surprises et d’un mélange de magie, d’avarice, de passion, d’espoir et de foi, qui sont à l’origine de la naissance de l’île… et de sa destruction.

Aussi étrange que cela puisse paraître, notre histoire débute avec un jeune vagabond : un lanceur de couteaux qui ne manque presque jamais sa cible.

Presque jamais.

T.A.B.

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CHAPITRE 1

Une vague mélodie

Ce matin-là, tu n’avais aucune idée des changements qui allaient se produire. Très tôt, tu as compris. Et tu as échangé ta vie et tout ce que tu aimais pour un brin de magie : un prix terrible.

Et tout est de ma faute.

— Extrait du journal de la femme

L a seule chose qui lui restait de son enfance n’était pas une chose en soi.

Ce n’était pas un couteau, un bracelet ou un morceau de vêtement. La seule chose qu’il restait à Promi de son enfance, la seule chose qui avait survécu toutes ces années dans les rues de la Ville sainte, c’était le vague souvenir d’une chanson.

Promi s’appuya le dos contre le mur de briques en terre cuite, à l’écart de la rue bondée, son corps entièrement dissimulé dans l’ombre. Ignorant la folle cohue des gens, des charrettes en bois et des chevriers sur le pavé, il tentait d’écouter, non pas avec ses oreilles, mais avec un certain sentiment intérieur, plus profond que sa mémoire. En premier lieu, il n’entendit que le silence, un silence dur et froid qui l’enveloppait complètement, tel un bloc de glace.

Puis, il entendit une simple note, frémissante… suivie d’une autre. Puis, d’une autre. Puis, d’une autre.

Chaque nouvelle note le réchauffait et le libérait davantage. Elles l’envahirent pour le remplir d’une mélodie lointaine et vague. Il sourit et se sentit revigoré.

Envolée ! La petite empreinte de chanson disparue. Mais comme d’habitude, cela lui laissa l’impression d’avoir déjà entendu cette chanson, il y avait fort longtemps, et un sentiment de confort subtil et persistant qu’il n’arrivait pas à décrire.

La chanson était-elle accompagnée d’un pâle souvenir de la caresse d’une mère ? Son doux toucher sur sa joue ? Il secoua la tête, perplexe, balançant ses longs cheveux noirs sur ses épaules.

— Dégagez ! Laissez passer !

L’ordre lancé par un garde du temple résonna dans la rue. Les gens et les chèvres s’exécutèrent à la hâte, de même qu’un couple d’oies qui venait tout juste de se poser sur le pavé. Les villageois se précipitèrent dans les ruelles ou se plaquèrent contre les murs de briques : tout pour éviter la troupe de gardes qui approchait.

Malgré tout ce tumulte, Promi leva à peine la tête. Nonchalamment, il étudia la troupe des six gardes du temple ; ils portaient tous des épées courbes meurtrières et des expressions redoutables. Mais son regard se détourna des gardes et se fixa sur le prêtre qui les suivait.

Vêtu d’une chemise brodée d’or et d’un pantalon ondulé fait de soie blanche de la meilleure qualité, le prêtre marchait d’un pas assuré, presque royal. Il était coiffé d’un turban blanc, un symbole d’autorité traditionnel de ce pays. Ses yeux marron scrutaient les villageois avec un dédain évident. Une main posée sur sa boucle de ceinture ornée de bijoux et l’autre touchant son collier de perles dorées, il semblait plus impérieux que ses gardes.

« Grukarr, pensa Promi. Le Grand Prêtre adjoint en personne. Il est temps de faire connaissance, vous ne croyez pas ? »

Sans perdre le prêtre du regard, Promi se déplaça et planta ses pieds dans une position de lanceur de couteau expérimenté. Toujours dissimulé dans l’ombre, il abaissa sa main gauche et tira une dague hors de son fourreau. Il se concentra à calmer le battement de son cœur, comme il l’avait fait si souvent. Toutes les parties de son corps étaient pleinement coordonnées, telle une horloge au synchronisme parfait.

Toutes, sauf une. La peau de sa poitrine se mit à picoter et à s’échauffer de plus en plus. Cela ne lui arrivait que lors des jours les plus difficiles de sa vie de voleur, lorsqu’il savait que sa vie était en danger ; bref, lorsqu’il avait peur.

Pour quelle raison, après des centaines de lancers de couteau et de vols réussis, avait-il peur à ce moment ?

« Peut-être, se dit-il, cela a-t-il un rapport avec le plaisir qu’éprouve Grukarr à couper les mains ou la langue des gens, ou à leur arracher les yeux, comme l’avait appris à ses dépens le jeune Galmy la semaine dernière. »

Il grinça des dents au souvenir du crime de Galmy. Il avait omis d’incliner la tête au passage de Grukarr et de sa supérieure, la Grande Prêtresse Araggna. Ce furent les cris terrifiants du garçon, résonnant dans toute la place du marché, qui avaient poussé Promi à agir imprudemment pour enseigner une leçon de savoir-vivre à Grukarr.

« Sans se faire prendre », pensa Promi nerveusement.

Alors que toute sa poitrine était chaude, un endroit en particulier brûlait comme du charbon ardent : l’étrange marque noire située au-dessus de son cœur. Il s’était souvent questionné sur la nature de cette marque. Pour quelle raison ressemblait-elle à un oiseau en vol ? Souvent, il se questionnait aussi sur un tas d’autres choses… Qui étaient ses parents ? Comment était-il arrivé dans la Ville, dix ans auparavant, à l’âge de quatre ou cinq ans ? Bien d’autres questions encore lui venaient à l’esprit.

Malheureusement, le seul indice qu’il avait sur tous ces mystères était cette chanson dont il se souvenait à peine.

« Cesse de réfléchir, espèce de sac à bêtises écervelé, se dit-il sévèrement. Concentre-toi ! »

Il attendit et fit pivoter ses bottes sur les pierres, alors que la troupe des gardes s’approchait. Grukarr, qui dépassait, sans même le turban, d’une tête les gardes, grimaçait continuellement. Toutefois, Promi ne porta nulle attention à son visage. L’attention du jeune homme était portée sur la boucle de ceinture ornée de bijoux du prêtre, dont les saphirs étaient d’un bleu plus éclatant que celui d’un ciel d’été.

Promi souleva sa dague avec précaution. Faisant fi de la marque brûlante sur sa poitrine, il prit une lente respiration. Il observa, pas à pas, l’escorte s’approcher.

« Ce plan va fonctionner, se rassura-t-il. Je dois seulement atteindre cette boucle ! »

Cela ne blesserait pas Grukarr, pas physiquement du moins. Mais son sentiment de sécurité serait brisé. Le prêtre et ses gardes seraient pris de panique, convaincus qu’il s’agissait d’une tentative de meurtre. Grukarr aurait alors une idée de la peur qu’il inspirait aux habitants de la Ville, l’amenant à chercher des assassins jour et nuit. Promi perdrait un couteau. Mais Grukarr perdrait son sentiment de sécurité, sa confiance et ses nuits de sommeil complètes, sans jamais les retrouver.

Promi avala sa salive.

« C’est le plan, du moins. »

Il serra la dague et arma son bras. Il fit une pause, attendit que le prêtre fît un pas de plus, puis lança.

Au moment où la dague allait quitter la main de Promi, un chat de gouttière passa à pleine vitesse et lui effleura la jambe. Il tressaillit, pivota légèrement ; et la dague rata sa cible. Elle n’atteignit pas la boucle ornée de bijoux. Elle heurta plutôt la cuirasse d’un garde costaud et tomba sur les pierres du pavé.

— On nous attaque ! hurla le garde.

Un autre pointa la silhouette ombragée de Promi appuyée contre le mur.

— Il est là !

— Capturez-le, imbéciles ! cria Grukarr, dont le visage normalement pâle était alors rouge de colère. Ne le laissez pas s’échapper !

Promi déguerpit loin du mur et évita de justesse un coup d’épée de l’un des gardes, puis roula derrière une charrette abandonnée pour esquiver une lance qui volait dans sa direction. Lorsque les six gardes se ruèrent vers la charrette, il fit une chose à laquelle ils ne s’attendaient pas. Il empoigna la lance, sauta sur la charrette et se servit de la lance comme d’une perche pour passer au-dessus de leur tête.

Il atterrit au milieu de la rue, face à Grukarr. Le prêtre enragé tendit les bras et cria aux gardes :

— Saisissez-le, c’est un ordre !

Les gardes se retournèrent et se précipitèrent vers Promi. Épées courbes levées, ils chargèrent le jeune vagabond qui avait osé attaquer leur maître. Leur objectif était clair : découper Promi en pièces aussi vite et brutalement que possible, de sorte que la colère de Grukarr ne se retournât pas contre eux.

Toutefois, Promi avait un objectif bien à lui. Même si son plan d’origine avait échoué, il souhaitait toujours humilier Grukarr. Il jeta un œil par-dessus son épaule aux gardes à sa poursuite, puis regarda fixement le prêtre dans les yeux.

— Salutations, grand seigneur, dit-il d’un ton moqueur.

Agilement, Promi ramassa sa dague sur le pavé. Dans un éclair de mouvements rapides, il porta un coup à Grukarr et coupa net la ceinture du prêtre. La précieuse boucle de Grukarr vola dans les airs et tomba sur le pavé, accompagnée de cliquetis.

Promi effectua un tonneau, et deux épées courbes fendirent l’air à l’endroit où il se tenait un instant auparavant. Cette manœuvre lui fit perdre son couteau, mais il attrapa adroitement la boucle de ceinture. Il s’arrêta brièvement pour sourire à Grukarr, puis s’enfuit dans la rue.

— Oh, oh, oh, toi espèce de… volllleuuur ! balbutia le prêtre avec peine.

Le visage de Grukarr se tordait de colère. Retrouvant enfin ses mots, il cria aux gardes :

— Attrapez-le, bande d’idiots ! Tuez-le ! Ou je vous écorcherai vif !

Les gardes partirent en courant à la poursuite de Promi.

Toujours en proie à la colère, Grukarr regarda le jeune voleur tourner dans une ruelle et disparaître, ardemment poursuivi par les gardes.

— Qui que tu sois, grogna-t-il, tu paieras cher pour ce crime.

Il se releva de tout son long et déposa ses mains sur ses hanches.

— Personne n’ose montrer une telle insolence envers le puissant Grukarr. Personne !

Ce n’est qu’à ce moment qu’il s’aperçut que, sans sa ceinture, son pantalon était resté sur le pavé.

CHAPITRE 2

Voler hors du danger

Tu as toujours été bon à la course. Mais la recherche. Absolument pas.

— Extrait du journal de la femme

P romi s’enfuit à toute allure dans la ruelle, suivi par les six gardes réclamant vengeance. Le jeune homme bifurqua dans une rue transversale, sauta par-dessus un large caniveau rempli d’excréments et de restants de table, puis fonça dans une autre ruelle.

Les gardes le suivaient de près, leurs bottes martelant le pavé. La soif de vengeance déformait leur visage. La nature de leur rage allait au-delà du petit voleur vagabond qui avait volé la boucle de ceinture ornée de bijoux de leur maître ; ils voulaient sauver leur propre vie. Car s’ils retournaient sans la tête du jeune homme, Grukarr ferait en sorte qu’ils perdissent la leur.

Les bottes de Promi, elles, n’émettaient aucun son.

Silencieuses, les bottes légères semblaient à peine toucher le sol avant de s’élever à nouveau. Et ce n’était-là que la moindre de leurs qualités. Faites de cuir magique, ces bottes grandissaient en même temps que les pieds de Promi. Elles avaient toujours parfaitement convenu à ses pieds depuis qu’il les avait dérobées de la garde-robe de voyage du Divin Moine, cinq ans auparavant. Depuis, elles lui avaient permis de semer plusieurs poursuivants et de grimper de nombreux murs de briques et de toits en tuiles de la Ville.

Toutefois, ses poursuivants n’avaient jamais été aussi nombreux (ni aussi motivés) que ces gardes. Il regarda par-dessus son épaule. Le garde, dont le couteau avait atteint la cuirasse, n’était plus qu’à dix pas de lui, épée courbe levée et gagnant du terrain.

Malgré tout, Promi ne put s’empêcher de le narguer :

— Essaie de m’attraper, espèce de cerveau en compote ! Ou peut-être es-tu aussi lent que tu es stupide ? 

Bouillant de rage, le garde accéléra sa charge.

Promi fonça dans une rue étroite bordée d’une dizaine de maisons. Des cordes à linge étaient accrochées d’une porte à l’autre et obstruaient la rue par endroits. Il sauta par-dessus plusieurs cordes, en esquiva d’autres en passant en dessous et continua sa course.

Les gardes ne firent pas dans la dentelle. Ils foncèrent tout droit, faisant voler les cordes à linge et les vêtements fraîchement lavés de tous les côtés. La jambe de l’un des gardes s’emmêla et lui fit perdre pied ; il finit sa course dans le mur de briques. Mais les autres continuèrent sans encombre.

Le martèlement des bottes se répercutait dans la rue. Le garde le plus proche était si près qu’il pouvait presque entailler les jambes de Promi. Le reste de la troupe suivait non loin derrière.

« Comment puis-je les semer ? », pensa Promi, désespéré.

Sous sa tunique, l’étrange marque en forme d’oiseau brûlait plus que jamais.

Il jaillit de la rue et aboutit sur la place du marché de la Ville. Il y avait des gens et des charrettes partout : des marchands de fruits installaient leurs kiosques, des artisans étalaient des tapis tissés à la main et des bijoux taillés, d’autres offraient de peindre des marques anciennes sur les visages et les mains. Des moines parcouraient la foule pour essayer de vendre des feuilles d’argent enfilées et ornées de prières gravées, pour entonner des chants sacrés ou pour taper sur leurs tambours de bénédiction, afin d’amasser de l’argent pour la réparation de sanctuaires et de cloches de temple. Des forgerons frappaient de leur marteau pour fabriquer des outils. Des femmes dansaient en cercle au rythme d’une flûte en os. Des gens escortaient des chameaux et des troupeaux d’animaux de toutes sortes : des chèvres, des sangliers, des canards, des flamants roses.

Promi réfléchit rapidement et roula sous une charrette remplie de courges orangées, puis passa devant une femme qui menait un chameau vers un sellier, tentant de distancer ses poursuivants. Pour un instant, cela fonctionna. Mais le garde le plus près réfléchit rapidement, lui aussi.

Le garde empoigna les rênes du chameau brutalement.

— Donnez-moi votre bête ! ordonna-t-il. Au nom du Grand Prêtre adjoint Grukarr.

Surprise et effrayée, la femme lâcha les rênes. Le garde monta immédiatement le chameau et fondit sur Promi, renversant les gens et les charrettes qui se trouvaient sur son chemin.

Promi sut alors que sa vie était réellement menacée. Il balaya le marché du regard à la recherche d’un moyen de s’échapper. Mais lequel ? Rien ne semblait pouvoir arrêter ce chameau.

« Si seulement j’avais mon couteau, pensa-t-il. Je pourrais… »

Il s’arrêta net lorsqu’il aperçut un couteau sur le banc d’un forgeron. Promi plongea pour le saisir, planta ses pieds, visa rapidement, puis le lança.

Tac ! Le couteau perça les rênes du chameau, et le garde en perdit la prise. L’animal apeuré recula en ruant.

Le garde perdit l’équilibre et tomba à la renverse. Il atterrit directement dans un enclos rempli de canards. Les oiseaux paniquèrent et battirent des ailes frénétiquement, éparpillant des plumes partout. Le tumulte effraya un gros troupeau de chèvres qui perdit la tête et se rua en panique dans toute la place du marché.

Promi rit en regardant le garde faire des pieds et des mains pour ne pas se faire picorer à mort par une bande de canards furieux. Mais ce moment triomphal ne dura pas. Les quatre gardes restants se frayaient un chemin parmi la foule en brandissant leur épée. Encore quelques secondes, et ils le rattraperaient.

Il prit la fuite, mais s’arrêta subitement lorsqu’il entendit les cris d’une petite fille, dont les cheveux roux étaient attachés en deux tresses, à quelques pas de lui. Plusieurs chèvres fonçaient sur elle et allaient bientôt la piétiner sous leurs sabots.

Promi bifurqua, courut jusqu’à la fillette et l’écarta du chemin des chèvres juste au moment où celles-ci chargeaient. Il ne prit pas le temps de dire un mot, mais leurs yeux se croisèrent, et elle le remercia du regard. Il la posa doucement sur le bord d’une charrette chargée de carottes de la même couleur que ses cheveux.

Puis, il reprit la fuite, toujours poursuivi intensément par les gardes restants. Ils le pourchassèrent à travers la place du marché, bousculant les gens et percutant des charrettes. Un garde trébucha et tomba sur une table de fruits magiques de la Grande Forêt, secouant une caisse de poires chantantes si violemment que les poires commencèrent à hurler.

Promi sauta par-dessus des rangées de feuilles de prière, des barils de bière de campagne, puis plongea sous un autre chameau. Mais les gardes étaient toujours à sa poursuite.

Apercevant des pigeons aux couleurs variables dans une cage en bois, Promi changea de direction, l’empoigna, puis la lança directement sur le garde le plus proche. La cage se brisa aux pieds du garde, libérant un nuage explosif d’ailes écarlates, bleues et jaunes. Au même moment, la vieille dame propriétaire des pigeons frappa furieusement le garde avec sa canne.

Promi continua sa course. Trois gardes le suivaient toujours. Plus en colère que jamais, ils l’accablèrent de lances et de jurons. Il savait que s’ils l’attrapaient, ses dernières secondes seraient brèves. Et très douloureuses.

Il emprunta une ruelle à l’extrémité de la place et dévala le pavé. Puis, il s’arrêta. La ruelle était bloquée ! Une énorme pile de briques était amoncelée devant lui. Elle mesurait deux fois sa taille et semblait instable, prête à s’écrouler à tout moment.

Évaluant la situation, il hésita. S’il tentait de gravir la pile, cette masse chancelante pourrait bien l’écraser.

Les trois gardes arrivèrent en même temps, leurs pas martelant le pavé. Lorsqu’ils aperçurent leur proie prise au piège, ils s’arrêtèrent. Heureux de leur victoire, ils formèrent une ligne pour barrer la ruelle, supprimant tout espoir de fuite. À l’unisson, ils tirèrent leur épée et marchèrent en direction de Promi, le coinçant contre la pile de briques.

Alors que les épées étaient presque sur lui, Promi fit quelque chose de totalement inattendu. Il se retourna et gravit la pile de briques instable. Grâce à ses bottes souples, il put grimper suffisamment haut pour dépasser la tête des gardes, avant que la pile s’effondrât. À ce moment, il exécuta un bond puissant et sauta par-dessus ses poursuivants.

Dans la seconde où il planait au-dessus de leurs têtes, Promi aperçut une large boucle d’oreille en or que portait l’un des gardes. Ne ratant jamais une occasion de dérober un objet de valeur, il l’attrapa adroitement et la retira de l’oreille du garde, surpris. D’un seul et unique mouvement fluide, il atterrit et mit le bijou à son oreille.

Les gardes firent volte-face. Plus furieux encore, ils lancèrent un regard assassin à Promi. Malheureusement pour eux, s’étant retournés pour faire face au vagabond, ils ne virent pas la pile de briques s’effondrer. Deux des gardes furent complètement écrasés. Le troisième s’en tira de justesse en se jetant sur le côté.

Le garde bondit sur ses pieds en un instant. Il tint son épée d’une main ferme, hurla et fondit sur Promi. Le jeune homme esquiva la lame. Puis, plutôt que de retourner sur la place du marché où il pourrait rencontrer les autres gardes, Promi opta pour une autre voie de sortie : une issue qui, il l’espérait, pourrait le débarrasser de son assaillant.

Il saisit un auvent et se balança jusqu’au mur de la ruelle. Il le gravit rapidement et atteignit un toit de tuiles rouges ; et chacune de ces tuiles était décorée d’un motif de turban doré orné d’un gros rubis, le symbole du Divin Moine. Il s’aperçut tout à coup que ce toit était rattaché au temple du Divin Moine, une foule de bâtiments, de voûtes et de dômes qui culminaient tous en un énorme clocher.

« Enfin sauf, pensa-t-il, soulagé. Personne ne peut me suivre ici. » Il toucha des doigts sa nouvelle boucle d’oreille en or. « Et j’ai offert à Grukarr et ses gardes une très mauvaise journée. »

La tête du dernier garde restant apparut soudain à la hauteur du toit. Il se hissa sur le toit avec une agilité surprenante et se retrouva à deux pas de Promi. Ses yeux brûlaient d’un désir de vengeance.

Promi se retourna et déguerpit. Il courut sur les toits en tuiles du temple, sautant par-dessus l’espace entre les bâtiments. Mais le garde le suivait toujours et fendait l’air de son épée. Malgré ses manœuvres, Promi n’arrivait pas à se défaire de son assaillant.

Promi opta pour un plan audacieux. Il courut sur le rebord d’un bâtiment et fit un grand saut pour atteindre le clocher. Il atterrit et s’accrocha à la gouttière avec difficulté. Puis, grâce à ses bottes extraordinaires, il se mit à escalader la structure verticale. Il parvint finalement à se hisser à la base du dôme de cuivre qui protégeait la cloche. Un couple de colombes effrayées s’envola en poussant des cris.

« L’endroit le plus élevé de la Ville », pensa-t-il, stupéfait de se retrouver au-dessus de tout ce qu’il connaissait de ses années passées dans la rue. « Sans doute l’endroit le plus élevé que je verrai de ma vie. »

Il balaya l’incroyable panorama du regard. Les bâtiments du temple s’étalaient en dessous de lui, et plus loin, la totalité de la Ville des Grands Pouvoirs. Juste à l’extérieur des portes du temple, les gens se rassemblaient pour célébrer le festin annuel de la fête Ho Kranahrum : l’un des événements que préférait Promi, puisqu’il y avait de la nourriture en abondance, à la fois délicieuse et facile à voler. Il y avait même une pâtisserie spéciale pour la fête, faite de pâte filo au miel et d’amandes, si délicieuse qu’il en volait toujours plusieurs.

Dans la partie sud de la Ville, il pouvait voir le profond canyon du fleuve Deg Boesi, regorgeant de la brume qui s’élevait des rapides bien plus bas.

Et là-bas, il voyait le pont en ruine qui ne traversait que la moitié du canyon, orné des feuilles de prière argentées accrochées sur chacune des poutres et des planches. Même à cette distance, il arrivait à voir les feuilles de prière flotter au vent. Plus loin encore, au-delà du canyon, il pouvait discerner la ligne vert foncé qui ne pouvait être autre chose que la légendaire Grande Forêt.

Boum ! Le clocher tout entier trembla lorsque le garde téméraire atterrit. Comme Promi l’avait fait, il escalada le mur en s’aidant de la gouttière.

Promi fut frappé par la peur. Le garde l’atteindrait en quelques secondes. Et du haut du clocher, il n’avait aucune issue.

À part une.

Promi savait ce qu’il devait faire, bien qu’il n’eût jamais tenté quelque chose de la sorte auparavant. Mais à l’approche du garde, il n’avait plus le choix.

Il s’agrippa à la base du dôme de cuivre et plaça ses pieds contre la cloche, un immense instrument qui avait appelé les gens à la prière depuis des siècles. Il poussa et se cambra sur le dôme.

La force de la poussée fit pencher la cloche suffisamment pour que le battant frappât la paroi. Un seul dong sonore retentit dans toute la Ville.

En dessous, les gens qui se rassemblaient pour le festin regardèrent en direction du clocher. Ils lancèrent des cris de surprise lorsqu’ils aperçurent, contre toute attente, la silhouette d’un jeune qui grimpait sur le toit du clocher, accroché au dôme. De nouveaux cris se firent entendre lorsque les villageois aperçurent un garde armé grimper derrière le jeune homme. La foule se tut.

Promi se tenait sur le dessus du dôme, chancelant. Il n’y avait plus que le mât, duquel flottait le drapeau du temple, qui s’élevait plus haut que lui, et au-delà, le ciel.

Le garde, qui était alors tout près, lui adressa un sourire malveillant.

— Tu ne t’enfuiras pas cette fois, p’tit voleur, gloussa-t-il, satisfait. Tu n’peux pas descendre, mais mon épée va régler ça.

Promi baissa le regard vers le garde.

— Tu as tort.

Il grimpa le mât pour aller chercher le drapeau du temple : un drap de soie vert foncé orné de dizaines d’étoiles, une pour chaque Divin Moine ayant dirigé Ellegandia depuis la fondation du pays, des millénaires auparavant. Il attrapa le drapeau et tira avec acharnement pour l’arracher du mât.

Pendant ce temps, le garde s’était hissé jusqu’à lui. Épée à la main, il visa la poitrine de Promi de toutes ses forces, mais fendit l’air.

Promi avait sauté du dôme. La mâchoire du garde se décrocha. Comme la foule en dessous, il regarda le jeune homme tomber vers sa mort.

CHAPITRE 3

Certainement pas vertueux

Ce qui distingue les bons chefs pâtissiers, c’est qu’ils peuvent changer leur recette sur un coup de tête et réussir à créer quelque chose de comestible.

— Extrait du journal de Promi

L e vent soufflait tout autour de Promi alors qu’il tombait dans le vide. La foule en dessous, comme le garde sur le clocher, cria en le voyant plonger vers une mort atroce.

De toutes ses forces, Promi étira ses bras au maximum. Juste avant de s’élancer du dôme de cuivre, il avait empoigné deux coins du drapeau de soie et avait placé un troisième coin entre ses dents.

« Espérons que cela fonctionnera… ou je ne vaux pas mieux que du crottin d’âne. »

Ouf ! Le drapeau se gonfla d’air et ralentit sa chute.

Voyant cela, la foule à l’extérieur des portes du temple cria à l’unisson. Puis, alors que Promi planait en toute sécurité à l’aide du parachute, plusieurs personnes applaudirent. Toutefois, sur le toit du clocher, le garde du temple jurait de colère. Même dans ce pays où jurer était une vieille tradition, il n’existait pas assez de jurons pour exprimer l’ampleur de sa rage.

Promi descendit vers la Ville, dirigeant sa chute vers un labyrinthe de petites rues près du canyon du fleuve. Tenant toujours le drapeau fermement avec ses mains et ses dents, il pensa fièrement :

« Pas mal pour un petit voleur. »

Il aperçut une imposante intersection en dessous et tira sur un côté du drapeau pour tourner dans cette direction. Il descendit dans un agrégat de bâtiments en briques. Sous ses pieds, la rue était déserte, un endroit idéal pour atterrir.

À ce même moment, il sentit l’un de ses parfums préférés : le doux arôme de pâtisseries tout juste sorties du four.

« Miam-miam… glaçage au miel. Des amandes grillées. Et peut-être du sirop de framboise frais, également. »

Distrait par cette bouffée sucrée, il dériva trop près d’un bâtiment. Tout à coup, le drapeau se prit dans la chute d’une gouttière. « Pschitt » ! La soie se déchira.

Promi plongea d’un trait. Heureusement, il chuta sur un auvent, puis en sortit en roulant avant qu’il cédât sous son poids. Grâce à ses bottes, qui semblaient toujours l’aider à retomber sur ses pieds, il atterrit dans un bruit sourd au milieu de la rue.

Il se débarrassa du drapeau en lambeau, puis respira profondément, satisfait.

— Pas des plus gracieux, murmura-t-il, mais tout de même miraculeux.

Il sourit, caressant sa boucle d’oreille en or fraîchement acquise. Satisfait de lui, il sentit le poids de la boucle de ceinture de Grukarr dans la poche de sa tunique, à côté de son journal.

— La seule chose que j’aurais pu faire mieux…

De puissants bras empoignèrent ses épaules par-derrière.

— Je te tiens ! hurla une voix en colère. Espèce de vaurien de voleur !

« Non, pensa Promi, son cœur battant la chamade. Pas encore ce garde. »

Les bras le retournèrent brutalement. Il se retrouva face à un homme furieux ; ce n’était pas un garde du temple, mais un pâtissier très costaud. Son tablier, qui dissimulait son ventre généreux, était couvert de taches de fruit, de mouchetures de pâte et d’éclaboussures de farine.

Fusillant Promi du regard, le pâtissier hurla :

— T’es le petit vaurien qui m’a volé un plateau de mes meilleures tartes aux myrtilles la semaine dernière, non ?

— C’est une possibilité, oui, confirma Promi, qui se lécha les lèvres à ce souvenir. Elles étaient succulentes, je vous le jure. Une excellente recette.

— Je n’en ai sacrément rien à ficher de ce que tu penses d’ma recette !

Empoignant toujours fermement les épaules de Promi, le pâtissier hocha la tête en direction de sa pâtisserie sous l’auvent.

— Tu m’as volé !

— Oui. Et… je te présente mes excuses.

— T’as pas de métier honnête, vaurien ?

— Oui, dit-il en hochant la tête.

— Et qu’est-ce que c’est ? demanda le pâtissier en le regardant attentivement.

— Je suis un voleur.

Le pâtissier le secoua rudement.

— Ce n’est pas un métier ! dit-il en le regardant de travers, avant d’ajouter : Et t’oses r’venir pour me voler encore ?

— Non, non. Ce n’est pas la raison de ma présence.

Sceptique, le pâtissier attendait une explication.

Promi savait bien que la vérité — qu’il venait de s’échapper d’un autre vol plus audacieux — n’aiderait en rien à améliorer l’humeur du pâtissier. Alors, il dit :

— Je suis revenu pour, euh, pour vous payer les tartes.

Le pâtissier le dévisagea plus intensément. Écrasant Promi de ses mains puissantes, il grommela :

— J’vais t’apprendre à payer.

Il agrippa le cou du jeune homme d’une main et serra l’autre en un poing immense.

— J’vais te battre comme de la pâte. Ça t’apprendra à me voler !

Il s’élança pour défoncer la mâchoire de Promi. Le jeune homme se démenait comme il le pouvait, mais il n’arrivait pas à se défaire de l’étreinte. Sous sa tunique, la marque mystérieuse brûlait intensément.

— Attends !

Une jeune fille jaillit de la pâtisserie. Malgré la farine saupoudrée dans ses cheveux, sa chevelure carotte et dotée de deux tresses était aisément reconnaissable.

— Attends, papa !

— Retourne à l’intérieur, fille ! ordonna le pâtissier sans se détourner du jeune voyou qu’il voulait frapper.

— J’dois punir ce vaurien.

Nullement découragée, sa fille attrapa son tablier. Le ventre de son père était si généreux qu’elle n’arrivait pas à l’entourer complètement. Mais elle serra fort et supplia :

— C’est lui qui m’a sauvé la vie !

Le pâtissier reprit son souffle.

— Des chèvres qui s’ruaient sur toi ? Au marché ?

— Oui, papa.

Incrédule, il se tourna vers elle et demanda :

— T’es certaine ?

— Tout à fait. Elle hocha la tête, ses tresses basculant d’avant en arrière. C’est lui ! Il m’a tirée du danger, juste à temps. 

Le pâtissier soupira, puis relâcha Promi.

— T’es chanceux, voleur.

Frottant son cou endolori, Promi hocha la tête. Il regarda la fille, et leurs yeux se croisèrent pour la seconde fois de la journée.

— Vous avez raison, affirma-t-il. Je suis chanceux.

La fille gloussa, ses joues rougissant sous la farine.

— Je m’appelle Shangri.

— Merci, Shangri. Je m’appelle Promi.

Il

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