Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

La princesse la plus brave
La princesse la plus brave
La princesse la plus brave
Livre électronique267 pages4 heures

La princesse la plus brave

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Avec huit princes parmi lesquels choisir, Blanche-Neige est confrontée à une tâche ardue: comment savoir quel prince elle devrait épouser? La princesse Annie et son grand ami William devront venir à son aide. Mais des mauvaises surprises les attendent et comme la méchante bellemère de Blanche-Neige a disparu, il n’est pas difficile de deviner qui est à
blâmer…

Une aventure drôle et fantastique dans un conte de fées revisité.
LangueFrançais
Date de sortie9 févr. 2017
ISBN9782897671754
La princesse la plus brave
Auteur

E.D. Baker

E. D. Baker is the author of the Tales of the Frog Princess series, The Wide-Awake Princess series, The Fairy-Tale Matchmaker series, and many other delightful books for young readers, including A Question of Magic, Fairy Wings,and Fairy Lies. Her first book, The Frog Princess, was the inspiration for Disney's hit movie The Princess and the Frog. She lives with her family and their many animals in Churchville, Maryland. www.talesofedbaker.com Facebook/EDBakerAuthor

Auteurs associés

Lié à La princesse la plus brave

Titres dans cette série (1)

Voir plus

Livres électroniques liés

Fantasy et magie pour enfants pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur La princesse la plus brave

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    La princesse la plus brave - E.D. Baker

    * * *

    Chapitre 1

    Annie s’arrêta en haut de l’escalier et elle sourit en voyant les gens grouiller d’activité dans la cour. Alors que tout ce brouhaha l’avait déjà dérangée, elle le trouvait maintenant merveilleux. Pendant seize ans, son père avait refusé l’accès aux visiteurs par crainte qu’un d’entre eux apporte un rouet qui pourrait déclencher la malédiction qui menaçait sa fille aînée. Après que la malédiction se fut réalisée et que tous les habitants du château furent endormis, Annie aurait tout donné pour entendre les cris et voir de l’agitation autour d’elle. Mais maintenant que le mauvais sort avait pris fin et que sa sœur était sur le point de se marier, tout le royaume avait une raison de célébrer, et les visiteurs affluaient de partout au château.

    — Bien ! s’exclama Rosalie en venant rejoindre Annie. Tu ne fais rien. Va chercher les sœurs de Godefroy pour moi. Un garde m’a dit qu’il avait vu les jumelles. Je fais concevoir des couronnes de fleurs pour leurs cheveux et je veux que la femme qui les fabrique voie les filles pour pouvoir choisir les bonnes fleurs.

    — D’abord, je fais quelque chose, répliqua Annie. Je cherche William parce que nous avons une course importante à effectuer. Et deuxièmement, pourquoi n’envoies-tu pas un valet chercher les jumelles ? Je ne sais même pas à quoi elles ressemblent.

    — Elles ont huit ans et elles ont les cheveux foncés comme ceux de Godefroy. Elles ne peuvent pas être difficiles à trouver. Je t’envoie parce que si c’est toi qui le leur demandes, elles vont venir. On m’a dit qu’elles n’écoutaient pas vraiment les serviteurs. S’il te plaît, Annie ? Dis-leur simplement de venir me voir.

    Rosalie afficha son air du genre « je suis tellement gentille et innocente ».

    — Je ne te demande pas grand-chose, et ce n’est pas très exigeant.

    — Ce n’est pas vrai ! Tu me demandes toujours de faire des choses pour toi. Est-ce que je ne viens pas d’aider ton futur époux à quitter sa peau d’ours pour redevenir un être humain ? Je vais les trouver, mais je ne peux pas faire autre chose pour toi avant d’avoir effectué ma course avec William.

    — D’accord, dit Rosalie. Dis seulement aux filles de se dépêcher. Je veux approuver les fleurs et je n’ai pas toute la journée à attendre que les jumelles se montrent le bout du nez.

    Annie soupira. Sa sœur avait semblé devenir plus amicale avec elle quand elles cherchaient le nain qui avait transformé Godefroy en ours, mais l’ancienne Rosalie avait réapparu à l’approche de son mariage. Annie espérait qu’elle retrouverait la nouvelle Rosalie plus gentille après sa lune de miel.

    Annie était en train de chercher les filles quand elle aperçut William qui sortait de l’écurie.

    Le visage de ce dernier s’éclaira quand il la vit.

    — Es-tu prête à partir ? lui demanda-t-il.

    Ils avaient demandé à un orfèvre de fabriquer deux coupes à vin pour le cadeau de mariage de Rosalie et de Godefroy. Annie voulait aller chercher le cadeau elle-même pour qu’il demeure un secret.

    — Je l’étais, mais Rosalie m’a demandé d’aller chercher les sœurs de Godefroy. Elle a dit qu’elles étaient quelque part dans le château. Cela ne devrait pas prendre trop de temps pour les trouver si tu m’aides. Ce sont des jumelles de huit ans aux cheveux foncés comme ceux de Godefroy.

    William hocha la tête.

    — Je crois que je les ai vues il y a quelques minutes. Elles ressemblent beaucoup à leur grand frère. Si je me rappelle bien, elles étaient près du pigeonnier.

    William l’entraîna à travers la foule à l’autre extrémité de la cour. Quand ils arrivèrent à la petite tour ronde, ils ne trouvèrent aucune trace des jumelles.

    — Attends, dit finalement William. Est-ce que ces deux filles pourraient être les jumelles ?

    Il pointa deux filles aux longues tresses qui se frayaient un chemin parmi la foule.

    Annie regarda le terrain découvert qui se trouvait derrière le pigeonnier.

    — C’est possible, mais il n’y a rien là-bas à part un terrain d’exercice et le mur du donjon. Où crois-tu qu’elles vont ?

    — Je l’ignore, mais elles ne sont pas les seules à aller dans cette direction, dit William. Regarde !

    Une bande d’enfants de tous âges traversaient le terrain découvert entre le pigeonnier et le mur du donjon. Quand un bambin se mit à pleurer, une fille plus âgée le prit pour l’emmener dans ses bras.

    — Ils se sont arrêtés à la fenêtre de la cellule, dit Annie. Y a-t-il des prisonniers là-bas en ce moment ?

    William fronça les sourcils.

    — Ton père m’a dit que la seule prisonnière dans le donjon était mamie Vieuzos. Sa cousine, mère Nicolas, est venue la voir hier.

    — Je crois que nous devrions aller voir ce qui se passe. Je n’ai pas du tout confiance en mamie Vieuzos.

    — Alors, nous devrions nous dépêcher, dit William. Qui sait ce que la vieille sorcière va dire aux enfants.

    Annie saisit le bas de sa jupe dans une main, puis William et elle traversèrent le terrain d’exercice en courant jusqu’à l’endroit où les enfants s’étaient réunis devant la fenêtre de la cellule. En approchant, Annie crut entendre le doux bourdonnement de la magie qui accompagnait une voix familière. En se frayant doucement un chemin à travers le groupe d’enfants, elle sut pourquoi elle lui était familière. Mamie Vieuzos, la sorcière qui vivait dans la maison en pain d’épices et qui enfermait les enfants dans des cages avant de les manger, s’adressait à eux à travers une petite ouverture grillagée.

    — Je suis ici par erreur, mes chers petits, disait la vieille sorcière aux enfants. Si vous me laissez sortir, je vais vous faire du délicieux chocolat !

    Quelques jours plus tôt, le père d’Annie avait envoyé ses chevaliers pour qu’ils aillent arrêter la sorcière et la ramènent au château.

    — Elle recourt à la magie. Je peux l’entendre, murmura Annie dans l’oreille de William. Ce devait être ainsi qu’elle attirait les enfants dans sa maison dans la forêt. Nous devons le dire à père. Je suis certain qu’il va vouloir l’enfermer ailleurs.

    — Même l’enfant le plus petit ne pourrait pas se faufiler par cette fenêtre. Les barreaux sont trop rapprochés. Il faudrait que les enfants aillent dans le donjon pour la libérer, et les gardes ne les laisseront jamais passer, commenta William.

    — Je ne compterais pas là-dessus, dit Annie en regardant derrière elle les enfants qui continuaient de venir dans leur direction. Je vais mettre fin à tout cela dès maintenant.

    — Pardon, dit-elle en se frayant un passage parmi quelques petits garçons.

    Quand elle atteignit le mur, elle se rappela que les fenêtres avaient été construites si haut qu’un prisonnier qui regardait en bas ou un passant qui regardait dans les airs ne pouvait voir grand-chose.

    — Les enfants, vous allez devoir vous éloigner d’ici, leur dit Annie. Vous ne devriez pas parler à cette femme.

    — Elle nous a promis du chocolat ! s’exclama une petite fille.

    — Alors, elle a fait une promesse qu’elle ne pourra pas tenir. N’écoutez pas ce qu’elle dit. Ce n’est pas une bonne personne.

    — Quant à toi, mamie Vieuzos, dit Annie en se tournant vers la fenêtre, laisse ces enfants tranquilles et cesse d’essayer de les convaincre de t’aider.

    — Mais je ne sais pas pourquoi je suis ici ! Je n’ai rien fait de mal ! se plaignit mamie Vieuzos avec une voix qui la faisait paraître âgée et fragile.

    Annie pinça les lèvres, ne sachant pas quoi dire. Elle savait que la vieille femme avait de la difficulté à se rappeler les choses, même si sa mémoire lui revenait de temps à autre, mais brièvement. Ou mamie Vieuzos ne se rappelait vraiment pas ce qu’elle avait fait, ou elle mentait pour obtenir la sympathie des enfants. Annie n’entendait plus le bourdonnement de la magie de mamie Vieuzos, mais d’après l’expression sur le visage des enfants, la vieille femme n’en avait plus besoin. Ils étaient déjà prêts à l’aider.

    — Allez, les enfants, dit William en leur faisant signe de partir. Vous ne devriez pas être ici.

    — Où sont les sœurs de Godefroy ? demanda Annie à William.

    — Elles sont parties dès que tu leur as dit de le faire, dit William. C’est aussi bien ainsi. Nous devons parler de ceci à ton père. Je vais faire venir un garde pour qu’il empêche les gens de s’approcher de la fenêtre.

    ***

    Annie et William trouvèrent le roi dans ses appar­tements privés en train de parler des préparatifs du mariage avec la reine Caroline et la princesse Rosalie. Le roi semblait trouver la conversation ennuyante et il parut content de l’interruption. Il leur sourit quand ils entrèrent dans la pièce, mais son visage s’assombrit quand Annie dit :

    — Nous devons faire quelque chose à propos de mamie Vieuzos. Nous étions à la recherche des sœurs de Godefroy quand nous avons remarqué une bande d’enfants qui s’étaient réunis devant la fenêtre de la cellule de la sorcière. Nous nous sommes rapprochés, William et moi, et nous avons constaté que mamie Vieuzos recourait à la magie pour attirer les enfants. Et elle leur promettait du chocolat s’ils l’aidaient à sortir de sa cellule.

    — J’avais l’intention de la faire exécuter, expliqua le roi, mais mère Nicolas m’a demandé de faire preuve d’indulgence envers mamie Vieuzos. Si jamais je fais exécuter la vieille sorcière, mère Nicolas a l’intention de causer une épidémie d’insectes qui s’attaqueraient à nos tabardiers et détruiraient la récolte de l’année.

    — Je ne peux pas croire que cela arrive la veille de mon mariage ! pleura Rosalie. Je voulais que tout soit parfait ! Je ne vais me marier qu’une seule fois et je veux que ce soit le plus beau mariage que personne ait jamais vu.

    — Et il le sera, la rassura la reine. Albert, qu’as-tu répondu à mère Nicolas ?

    — Je lui ai simplement dit que je trouverais une solution de rechange à l’exécution, répondit le roi. Mais je ne peux pas garder mamie Vieuzos prisonnière pour le reste de sa vie si, de toute manière, elle fait venir à elle les petits enfants. Je ne sais pas ce que je vais faire maintenant.

    — J’ai peut-être une suggestion, dit William. Vous pourriez l’envoyer dans cette tour où Annie a été retenue prisonnière. Elle se trouve au milieu d’une forêt, et personne ne vit dans les alentours. Il n’y a pas de portes, et les seules fenêtres se trouvent au sommet de la tour. Personne ne peut y pénétrer ou en sortir sans un accessoire pour grimper, et je doute que la vieille femme pourrait descendre même si quelqu’un lui donnait une corde à laquelle s’agripper.

    — C’est une merveilleuse idée ! s’exclama Annie. Mamie Vieuzos n’est pas assez forte pour descendre de quoi que ce soit et, d’après ce que j’ai vu, sa magie n’est pas très puissante non plus.

    — Et les sœurs de Godefroy ? demanda Rosalie. Leur avez-vous dit de venir me voir ?

    — J’ai bien peur que les filles soient parties avant que nous puissions leur parler, dit Annie. Elles étaient parmi les enfants qui étaient allés voir mamie Vieuzos, et nous leur avons dit à tous qu’ils ne pouvaient pas rester là.

    Rosalie tapa du pied et fit la moue.

    — Je te demande de faire une petite chose, et tu échoues ! Essaies-tu de gâcher mon mariage ?

    La reine Caroline fronça les sourcils.

    — Rosalie ! Annie essayait d’empêcher mamie Vieuzos de faire du mal aux enfants. Il n’est pas étonnant qu’elle n’ait pas pu faire ta commission. Je suis seulement heureuse qu’elle ait remarqué ce que la sorcière était en train de faire. Merci de nous avoir avertis, Annie, dit-elle en se tournant vers sa benjamine.

    Rosalie soupira très fort de manière théâtrale.

    — Est-ce que tout doit tourner autour d’Annie ? Demain est censé être ma journée !

    La reine Caroline jeta un regard agacé à sa fille aînée.

    — Annie n’a pas demandé à ce que cela se produise.

    Quelqu’un frappa à la porte, et un garde passa sa tête dans l’embrasure de la porte.

    — Un messager vient d’arriver, votre Altesse.

    Le roi lui fit un signe, et le garde ouvrit grand la porte pour laisser entrer un homme muni d’une sacoche à bandoulière.

    — J’apporte deux messages de la princesse Blanche-Neige, votre Majesté, dit le messager. Un pour la princesse Rosalie et l’autre pour la princesse Annabelle.

    — Je me demande ce qu’il contient, dit Annie en prenant son message.

    Elle rompit le sceau et déplia le parchemin.

    — Blanche-Neige veut que j’aille lui rendre visite dès que je le peux. Son père veut qu’elle choisisse un prince le plus tôt possible.

    — Lis le mien également, Annie, dit Rosalie en lui tendant son message.

    Comme la plupart des princesses, Rosalie n’avait jamais appris à lire. Même s’il lui arrivait souvent de se moquer d’Annie pour son apprentissage de la lecture, elle se tournait habituellement vers sa sœur quand elle devait se faire lire quelque chose.

    Annie prit le message.

    — Oh ! Comme c’est dommage ! dit-elle. Blanche-Neige et son père ne peuvent pas assister au mariage. Je me demande ce qui se passe. Il a dû arriver quelque chose pour qu’elle ne puisse pas venir ici et pour que son père veuille qu’elle trouve un prince sur-le-champ.

    — Je me demande ce que ça peut bien être, dit Rosalie. Mais je suis certaine que tu vas le découvrir assez rapidement. Entre-temps, pourrions-nous nous concentrer sur mon mariage ? C’est demain, vous savez.

    — Oui, nous le savons ! répondirent-ils tous en chœur.

    * * *

    Chapitre 2

    Annie, réveille-toi ! cria Rosalie en sautant sur le lit d’Annie.

    Annie ouvrit à moitié un œil et regarda sa sœur.

    — Il fait encore noir. Pourquoi dois-je me réveiller si tôt ?

    — Parce qu’il faut que je te parle à propos de Godefroy.

    Rosalie s’étendit sur le lit d’Annie et tourna son visage vers sa sœur.

    — Crois-tu que j’ai été trop pressée d’accepter de l’épouser aussi rapidement ? Cela ne fait que quelques semaines que je l’ai rencontré.

    Annie soupira et ouvrit son autre œil.

    — En temps normal, je dirais que Godefroy et toi êtes allés trop vite, mais tu sais qu’il est l’amour de ta vie. Il l’est assurément parce que c’est son baiser qui t’a réveillée et délivrée de la malédiction.

    — Mais je le connais à peine ! Et s’il aimait des choses que je n’aime pas ? Et si je n’aimais pas ses amis ou que je ne m’entendais pas avec sa famille ?

    — Tu vas trouver une façon d’arranger les choses. Je crois qu’il est si rare de trouver l’amour véritable que tu ne devrais pas laisser quoi que ce soit t’empêcher de l’épouser.

    — J’imagine que tu as raison, admit Rosalie. Je crois vraiment qu’il est parfait pour moi. J’ai des frissons partout quand il m’embrasse, surtout depuis qu’il est redevenu un humain ! Allez, Annie. Lève-toi ! Je me marie dans cinq heures, et il y a encore tant de choses à faire !

    Annie s’assit dans son lit tandis que sa sœur bondit de celui-ci, et elle fut surprise quand Rosalie l’étreignit. Elle était certaine que si elle comptait le nombre de fois qu’un membre de sa famille l’avait serrée dans ses bras, elle n’utiliserait pas tous les doigts d’une seule main.

    — Je t’aime, Annie, et je crois que tu es une sœur merveilleuse. Merci pour notre petite conversation, dit Rosalie.

    Étonnée, Annie regarda Rosalie se diriger vers la porte en dansant. Aussi loin qu’elle pouvait se rappeler, c’était la première fois que sa sœur lui disait qu’elle l’aimait. Durant toutes ces années avant que la malédiction prenne fin, Rosalie refusait qu’Annie s’approche d’elle et elle faisait des remarques cinglantes à propos d’Annie chaque fois qu’elles étaient dans la même pièce.

    — Oh ! Une autre chose, ajouta Rosalie en s’arrêtant à la porte et en se tournant vers elle. S’il te plaît, ne fais rien qui pourrait nuire à mon mariage.

    ***

    Annie jeta un coup d’œil à la fenêtre en posant ses pieds nus sur les pierres froides du plancher. Il faisait encore noir, et les gardes, postés près du pont-levis et des portails, tenaient des torches allumées, quoique, lorsqu’elle se pencha au bord de la fenêtre, elle aperçût les premières lueurs du jour, à l’est. On aurait dit que personne d’autre n’était réveillé, mais Annie savait que les cuisinières s’affairaient depuis des heures pour préparer le banquet du mariage, que les couturières étaient restées debout toute la nuit pour apporter les touches finales aux robes de Rosalie et de la reine, et qu’une petite armée préparait déjà les fleurs qui devaient décorer la grande salle.

    Au moment où Annie enfila sa plus belle robe, elle entendit les bruits s’intensifier dans le château. Des voix de gens qui se précipitaient dans le corridor s’élevaient et retombaient. Une voix grincheuse à l’extérieur de sa chambre se plaignit d’avoir des bas déchirés. Quelqu’un transporta un objet lourd qui rebondissait et frottait sur le plancher.

    Annie se glissa à l’extérieur de sa chambre en espérant manger quelque chose avant d’être entraînée dans l’activité grouillante autour d’elle. Quand elle passa devant la grande salle, elle constata qu’elle était déjà décorée en majeure partie avec des masses de roses et de lys odorants. Elle salua de la main quelques personnes qui travaillaient dans la salle. Ayant grandi dans une famille qui la traitait comme une étrangère et auprès de la noblesse qui avait le moins de contact possible avec elle, Annie avait passé la majeure partie de son temps avec les enfants des serviteurs et elle avait beaucoup appris en observant ces derniers travailler. Ses parents n’appréciaient pas qu’elle soit aussi familière avec eux, mais Annie ne s’en souciait pas.

    Annie sourit à Marie, la servante qui était responsable des fleurs. Marie savait tout sur les fleurs et elle cueillait tous les jours des fleurs fraîches dans le jardin de la reine. La fée marraine de la reine Caroline avait créé le jardin quand cette dernière avait épousé le roi Albert, en veillant à ce que la nouvelle reine ait des fleurs fraîches à longueur d’année. Au moment où Annie passa devant elle, Marie était en train de dire à trois valets où déposer des paniers de fleurs tandis qu’elle confectionnait des bouquets à partir de fleurs déposées dans des seaux emplis d’eau.

    Annie regarda autour d’elle en marchant dans l’allée qui séparait les rangées de bancs au milieu de la salle. Les tables, qui formaient habituellement deux longues rangées, avaient été repoussées contre le mur, derrière les colonnes qui soutenaient le balcon où les musiciens joueraient. Des oriflammes colorées étaient suspendues au plafond et des guirlandes de fleurs étaient enroulées autour de la balustrade du balcon. Sur les tables, il y avait des bols en cuivre contenant des fleurs qui se répandaient sur les côtés comme de la mousse dans des chopes de bière trop pleines. L’odeur des fleurs se mélangeait à celle des bougies en cire d’abeille qui reposaient dans les chandeliers muraux ainsi qu’à celle des herbes odorantes qui recouvraient le plancher. Toute la salle sentait l’été.

    Deux tables avaient été placées à l’autre extrémité de la salle, du côté opposé de l’estrade, pour ceux qui voulaient prendre le petit déjeuner. Annie aperçut le prince Émilio, un des princes qu’elle avait rencontrés en cherchant le futur époux de Rosalie. Annie alla le rejoindre et, un moment plus tard, une servante à l’air stressé apporta à la table une casserole de gruau. Elle déposa un bol devant Annie, puis elle lui servit une portion. Annie jeta un coup d’œil au gruau dans lequel étaient mélangés des grains d’avoine qui avaient brûlé dans le fond de la casserole.

    — Y a-t-il autre chose à manger ? demanda-t-elle à la fille.

    — Je suis désolée, votre Altesse, dit la fille en déposant avec un « ploc » audible une autre louche de gruau dans le bol, mais c’est tout ce qu’il y a ce matin. Les cuisinières sont toutes affairées à préparer le banquet du mariage.

    — Je ne peux pas manger cette bouillie, dit le prince Norbert, qui avait été le seul soupirant de Rosalie avant

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1