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L' EPOPEE DE CARLA JOUVENSSEN TOME 2: Les secrets de l'Éther
L' EPOPEE DE CARLA JOUVENSSEN TOME 2: Les secrets de l'Éther
L' EPOPEE DE CARLA JOUVENSSEN TOME 2: Les secrets de l'Éther
Livre électronique254 pages3 heures

L' EPOPEE DE CARLA JOUVENSSEN TOME 2: Les secrets de l'Éther

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À propos de ce livre électronique

Tandis que Carla et Tom chevauchent Pot, l'hippopotame géant, à travers la jungle à la recherche du passage menant au légendaire Eldorado, se prépare depuis les tréfonds du donjon impérial le plus grand complot jamais intenté contre l’Empire. Les animaux se révoltent.  Ils en ont assez de se faire maltraiter par les humains et veulent faire valoir leurs droits. Mais l’Empereur refuse de leur prêter oreille et s'apprète plutôt à déclarer la guerre. L’heure est grave, les aiguilles de la Grande Horloge vont bientôt sonner la fin du monde.  

La mère de Carla parviendra-t-elle à retrouver sa fille avant les redoutables chasseurs de têtes de l’Empereur? Quels mystères attendent Carla et ses amis au cœur de la Terre? Et où se trouve Sonnette, le serpent rappeur? Quelqu’un aurait-il entendu l’écho de ses rimes venant des sombres profondeurs?

P.J. Chadwick a achevé la réécriture du deuxième tome de L’épopée de Carla Jouvenssen dans les montagnes de la vallée de la Nass tout près de la frontière de l’Alaska, terre des grizzlis.
LangueFrançais
Date de sortie18 nov. 2022
ISBN9782897757038
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    Aperçu du livre

    L' EPOPEE DE CARLA JOUVENSSEN TOME 2 - P.J. Chadwick

    CHAPITRE UN

    Révolution souterraine

    U

    n murmure. C’était tout ce qu’entendait le gardien de l’aile C. On aurait dit un gazouillis de rongeur de gouttière. Jamais il n’aurait soupçonné que, dans ce bruit infime, se préparait la plus grande conspiration de tous les temps. Derrière les barreaux d’une cellule, un homme mijotait dans sa crasse. D’ailleurs, comme pour la majorité des prisonniers de l’aile C, le gardien ne savait pas pourquoi ce prisonnier était là. Il s’agissait de la section réservée aux crimes politiques, mais personne ne cherchait à en savoir plus ; c’était considéré comme dangereux. Le gardien n’allait pas s’en plaindre, il était grassement payé pour faire l’un des métiers les plus faciles du monde : garder une porte. Alors, ces petits bruits de rongeurs n’allaient pas l’empêcher de dormir, lui.

    Ivan Jouvenssen, le prisonnier crasseux, était allongé de tout son long sur le plancher de pierre froid. L’oreille collée au mur, il écoutait attentivement la petite du rat qui était assis sur ses genoux.

    — Les travaux avancent bien, au rythme d’un mètre carré par jour. Néanmoins, et c’est à regret que je te l’annonce, les travailleurs réclament de meilleures conditions. Je ne pourrai pas les maintenir au travail encore bien longtemps, ils menacent de faire la grève. Tu dois m’aider, Ivan… Ils parlent de fromage… Ils demandent trois carrés par jour. J’ai tout essayé, Ivan, tout ! Mais, avec des rats, il n’y a rien à faire : le bedon de chacun l’emporte sur celui des autres. Tu me comprends, j’espère. J’aimerais leur donner ce qu’ils demandent, mais je n’ai pas d’amie vache… Elles et moi ne sommes pas en bons termes. À moins que tu n’aies une solution, très cher, je ne crois pas que ce tunnel verra le jour…

    Après avoir mûrement réfléchi, Ivan annonça :

    — Dis-leur qu’ils en auront deux. Deux carrés de fromage par jour, rémunéré rétroactivement à partir du début des travaux. Et que tous ceux qui votent contre la grève recevront une brique en prime.

    — Du camembert ? demanda le rat, qui commençait à saliver.

    — Tout peut s’arranger, Méo. J’ai, dans mon coin de pays, de vieux amis qui possèdent les plus beaux pâturages et des vaches sacrées dont le lait fait un fromage divin. Il faut juste me donner un peu de temps.

    Le rat se pinça la moustache.

    — D’accord, Ivan, je vais voir ce que je peux faire. Mais je ne te garantis rien, nous sommes des rats… dans tous les sens du terme.

    — Merci Méo, dit Ivan. Je ne pourrais pas m’en sortir sans toi. Rappelle-toi de leur dire ceci : rémunération rétroactive.

    Le rongeur se pinça les moustaches et sourit :

    — Les gens sont toujours éblouis par les grands mots sophistiqués, dit-il avec malice. Je ne serais pas surpris d’apprendre, mon très cher Ivan, que tu étais un rat dans une autre vie.

    Sur ce, Ivan entendit le rat détaler dans les souterrains du donjon. Le père de Carla resta longtemps à contempler les murs de pierre de sa nouvelle demeure. Il avait été jugé coupable de propagande mensongère par la cour impériale, puis condamné à la prison à perpétuité. Hérésie… à croire qu’on était encore à l’époque de la chasse aux sorcières. Parfois, le progrès nous ramène en arrière, pensa Ivan. Un déclic dans la serrure de la porte le fit sursauter. Une silhouette encapuchonnée se glissa dans la cellule.

    — Comment est-ce possible ? murmura le prisonnier après que sa mystérieuse visite eut fait tomber son capuchon.

    C’était une femme de grande taille aux traits magnifiques. Une émeraude était fixée à son front, comme un troisième œil.

    — Ellah, comment as-tu pu entrer ?

    — J’ai usé de précieux privilèges diplomatiques, répondit la chancelière. Mais je t’en prie, ne pose plus de questions, nous n’avons que trop peu de temps. J’ai un message pour toi : Carla est en vie.

    Ivan fut trop étourdi par la nouvelle pour réagir. Il dut prendre appui sur le sceptre à tête de lion en bronze de la chancelière, qui enchaîna sans attendre :

    — Ce n’est pas tout, ta fille est dans la province méditorienne. Elle se dirige quelque part vers le sud, on ne sait où exactement. Tu ne me croiras pas…

    — Dis toujours, souffla Ivan.

    — Elle a été aperçue chevauchant le monstre.

    — Oh ! mon dieu ! s’exclama le père de la jeune fille. Comment en est-elle arrivée à ça ? Quoique, avec elle, il faut s’attendre à n’importe quoi. Elle s’est toujours retrouvée dans des situations extravagantes.

    — À croire que la pomme n’est pas tombée très loin du pommier, ajouta Ellah avec un sourire. Mais revenons au sujet qui nous préoccupe. Écoute-moi bien, les choses changent. Beaucoup de choses changent. Mon peuple gronde et accuse l’Empereur de n’avoir rien fait pour le protéger contre la menace. Pire, la rumeur court que ce serait l’Empereur lui-même qui aurait lâché le monstre sur eux. Et ça va de mal en pis : deux agents en uniforme se sont faits lancer des pierres par une foule en colère sur la place publique hier, à Chichitangello. L’Empereur est débordé, il ne veut surtout pas faire face à une guerre civile, mais la situation a échappé à son contrôle. Les forces rebelles se rassemblent partout. Le fort d’Estentilas est en train de revivre. Ai-je besoin de te préciser que personne ne veut d’une autre guerre ?

    Ellah s’arrêta et plongea ses yeux turquoise dans celui de l’homme dont elle était tombée amoureuse vingt ans plus tôt, alors qu’il était un jeune militant défendant la cause des animaux. Même si leur relation avait grandement évolué depuis, elle gardait une profonde affection pour lui. À le voir ainsi tout gris et usé, elle ressentait beaucoup de tristesse. Le pauvre semblait avoir vieilli de dix ans ; il avait horriblement maigri et d’épais cernes noirs creusaient son regard.

    Toutefois, une flamme s’y était rallumée dès qu’elle avait annoncé que Carla était en vie. 

    — Ivan, murmura la chancelière, la guerre peut éclater à tout moment.

    L’homme respira profondément. Il était fou amoureux d’Ellah. Elle était de ces femmes qu’on ne rencontre que très rarement, celles qui allient force, dévouement et bonté. Aujourd’hui, alors que tout semblait sur le point de s’écrouler, il fut tenté de renouer avec sa vieille passion. S’il devait mourir ici, dans ce trou, pourquoi ne pas emporter un dernier baiser avec lui ?

    Ellah sembla lire dans ses pensées. Elle eut un mouvement de recul.

    — Ce n’est pas le moment de perdre espoir, Ivan. Au contraire, il faut garder la foi ! Tu peux encore jouer un grand rôle dans cette bataille, ne sous-estime pas le pouvoir de ta famille.

    La chancelière souleva sa cape et glissa un paquet soigneusement emballé dans les mains du prisonnier.

    — Qu’est-ce que c’est ?

    — Mon intuition me disait que tu en avais besoin. Je dois y aller maintenant, l’Empereur m’attend.

    Ils se fixèrent un long moment. Puis Ellah cogna trois coups à la porte, qui s’entrouvrit dans un grincement métallique.

    — Merci, dit Ivan en prenant soin de dissimuler le paquet qu’elle venait de lui remettre.

    Ivan ne peut empêcher l’odeur alléchante du camembert qu’il tenait entre ses mains de s’infiltrer par ses narines et de faire gargouiller son estomac affamé. La chancelière esquissa un dernier sourire avant de filer dans l’obscurité. Deux lueurs vertes scintillèrent dans l’entrebâillement de la porte. Ivan reconnut la propriétaire de ce regard. C’était Hanna, la panthère et garde du corps privé de la chancelière.

    Dévisager quelqu’un qui portait le sceau royal était un crime, mais le gardien ne put résister à la tentation de le faire. La chancelière avait une peau couleur bronze qui ne ressemblait pas à celle des gens de son pays à lui. Mystérieuse femme, pensa-t-il en la suivant du regard alors qu’elle s’éloignait.

    Une image contenant dessin au trait Description générée automatiquement

    Céline Jouvenssen n’entendit pas tout de suite les croassements qui lui étaient adressés de l’autre côté de la fenêtre. Elle était en pleine conversation avec deux âmes charitables, un couple de retraités qui l’avaient recueillie dans leur modeste demeure de campagne. Elle leur avait raconté sa triste histoire, montré la photo de sa fille disparue. « Nous l’avons vue ! » s’était exclamée la vieille dame. Cette dernière s’était empressée de verser le thé pendant qu’elle tentait de se remémorer où. C’était l’épineuse question : où l’avait-elle donc vue ?

    La femme tournait frénétiquement les pages de vieux albums poussiéreux tandis que son mari cherchant où il avait bien pu apercevoir un visage aussi familier redéroulait le fil des événements dans sa mémoire à la recherche d’une réponse.

    Céline observait la scène, impuissante. Elle avait compris qu’elle venait encore une fois de faire chou blanc. Ces bonnes personnes n’avaient jamais vu leur fille ; ils s’étaient mépris par désir d’aider. Ce n’était pas la première fois que cette situation survenait. La mère de Carla décida toutefois d’étirer sa visite pour profiter encore du confort de cette petite maison qui, par une étrange ressemblance, lui rappelait la sienne, bien lointaine. Elle n’y avait pas remis les pieds depuis la nouvelle de l’arrestation de son mari, il y avait de cela presque un an.

    Céline se laissa choir sur le canapé alors que le vieil homme interrompait son monologue pour lui verser une nouvelle tasse de thé. Soudainement, la vieille dame s’écria, le doigt en l’air :

    — Voilà ! Je l’ai trouvée ! Si je ne me trompe, c’est la camarade de classe de troisième de ma petite fille.

    La dame était si heureuse de sa trouvaille que Céline eut de la peine de la décevoir. La fille sur la photo partageait en effet certaines similarités avec Carla, mais rien pour tromper l’œil d’une mère. La vieille dame referma l’album, navrée. Des larmes discrètes se mirent à couler sur les joues de madame Jouvenssen. Un lourd silence retomba dans le salon, uniquement perturbé par l’incessant et désagréable martèlement provenant de la véranda.

    — À la longue, cela devient fâcheux ! s’indigna le vieil homme. C’est à se demander quel est son problème, à ce foutu oiseau !

    Céline se tourna vers la véranda. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu’il s’agissait d’Hubert, son propre perroquet ménager, qui s’acharnait sur la vitre. Sa surprise fut telle qu’elle figea, alors que le vieillard furibond s’armait d’un balai pour chasser l’intrus.

    — Ne lui faites pas de mal, c’est mon perroquet ! intervint enfin Céline, sortant de sa transe.

    Ses hôtes s’immobilisèrent, perplexes. Céline prit l’initiative d’aller ouvrir la fenêtre.

    — Arrrrrêêêêêêêêêêêêêêêêêtez de niaiiiiiiiiser ! hurla le perroquet en atterrissant maladroitement au milieu du salon.

    — Hubert !

    — Céline ! répondit le volatile.

    — Quoi ? Tu parles ?

    — Bien oui, je parle. Je suis un perroquet.

    — Mais tu n’as jamais rien dit d’autre que : « Arrêtez de niaiser. »

    — Un vrai sage préfère se taire au lieu d’ajouter à la quantité de niaiseries déjà proférées, dit l’oiseau à sa manière très articulée. En tant que sage de la maison, il était de ma responsabilité de vous rappeler la vérité, mais, de toute évidence, vous n’étiez pas prêts à l’entendre… et comme c’est souvent le cas dans ce genre de situation, les gens prennent les génies pour des fous.

    Le choc causé par l’irruption brutale du perroquet s’atténuait légèrement, mais les deux hôtes n’avaient pas encore totalement retrouvé leurs moyens. Céline avança vers son ami multicolore :

    — Je suis désolée, Hubert, de t’avoir pris pour un débile.

    — Excuses acceptées, croassa le perroquet. Mais nous n’avons plus le luxe de niaiser, une grande urgence nous appelle. Tu m’excuseras, mais pendant que maman prend le thé chez d’aimables inconnus, Carla court de graves dangers.

    — Carla ? Où ça ? Comment le sais-tu ?

    — Mon espèce profite de ce que vous appelez communément le « courrier aérien ». Dans le cas qui nous intéresse, je suis le courrier, et je t’apporte un message : Carla te dit qu’elle t’aime !

    Céline dut prendre appui sur l’accoudoir pour encaisser la nouvelle : sa fille était en vie ! Et Hubert savait où la trouver ! L’émotion remonta à la surface, mais la mère sécha vite ses pleurs. Une froide détermination s’empara d’elle. Le temps n’était pas aux larmes, mais à l’action.

    — La dernière fois que je l’ai vue, conta le brillant perroquet, elle vagabondait dans la toundra sur le dos de son hippopotame. En me fiant à mes savants calculs, puisqu’elle se dirigeait vers le sud, elle devrait maintenant être quelque part au plus profond de la jungle méditorienne.

    — Il n’y a pas une minute à perdre ! s’écria Céline en se levant.

    Elle marcha en direction de la porte.

    — Enfin, on aaaaaaaaaaarêêêêêête de niaiiiiiiser ! fit l’oiseau, les ailes déployées.

    Avant de sortir, Céline se retourna pour remercier ses hôtes. Malgré leur stupeur, ils n’avaient pas manqué un mot de la conversation.

    — Bonne chance dans vos recherches ! lui souhaita la dame d’une voix tremblante avant d’avaler d’un trait le contenu de sa tasse.

    La porte se referma doucement. Une fois le couple seul, le mari dévisagea sa femme :

    — La fille chevauchait un hippopotame ?

    Une image contenant dessin au trait Description générée automatiquement

    Carla avait accumulé beaucoup de fatigue lors des dernières semaines, voire des derniers mois (en fait, elle avait complètement perdu le compte des jours et ne savait plus trop si cela faisait un mois ou un an qu’elle avait quitté sa maison de l’autre côté de l’océan). Mais c’était comme si son corps était branché à une source d’énergie inépuisable et, de toute sa vie, elle ne s’était jamais sentie autant fatiguée et éveillée tout à la fois.

    Tom la belette était roulé en boule contre elle tandis que Pot, l’hippopotame, ronflait dans la brousse. Malgré la présence de ses compagnons, la jeune fille se sentait épouvantablement seule au beau milieu de cette jungle infinie. Elle s’ennuyait de la présence de son félin, elle glissa ses doigts dans la fourrure blanche… Zi. Comme il lui manquait ! Jamais elle n’aurait pu imaginer ressentir un tel manque à la pensée de quelqu’un. Bien sûr, elle s’ennuyait aussi de ses parents, mais elle avait encore espoir de les retrouver, tandis que Zion était parti à jamais, et par sa faute à elle, puisqu’il avait dû sacrifier sa vie pour sauver celle de Carla. Elle resserra son étreinte autour du doux pelage du défunt. Si seulement il pouvait revenir.

    Elle se revit en train d’arracher le manteau du corps inerte de cet infâme chasseur. Elle n’arrivait toujours pas à comprendre quel instinct l’avait poussée à retourner sur les lieux du crime pour récupérer le trophée de l’assassin de Zion. Ce faisant, elle s’était obligée à faire face au regard vide de l’homme qu’elle avait tué de ses propres mains. L’image était horrible. Elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour la chasser de son esprit, mais celle-ci la hantait quand même du matin au soir.

    Les rares moments où Carla parvenait à trouver le sommeil, des rêves troublants l’assaillaient. Il s’agissait souvent de cauchemars lugubres et grotesques dans lesquels s’interchangeaient des figures d’humains et d’animaux, tous tordus dans des expressions d’agonie. La jeune fille se réveillait alors en sursaut, un cri coincé dans la gorge, comme si tous les animaux hurlaient l’injustice du monde à travers elle. C’était une sensation déchirante qui la faisait suffoquer à tel point qu’elle croyait mourir. Mais elle survivait et, chaque jour, malgré la fatigue, malgré la solitude, elle se sentait un peu plus forte et prête à faire face à son destin.

    Son père et sa mère comptaient parmi les créatures de ses rêves. Plus récemment, dix visages s’étaient ajoutés, des masques couverts de couleurs criardes. Ces songes tourmentés ne laissaient rien présager de bon.

    Au milieu de tous ces cauchemars et visions d’horreur s’imposait néanmoins une nouvelle présence. Elle prenait la forme d’un majestueux éléphant lumineux. Sa trompe soufflait des murmures réconfortants à Carla, et dans ses yeux dansaient des mosaïques colorées. La jeune fille en avait déduit qu’il s’agissait de sa prochaine mission et elle s’accrochait à l’espoir de retrouver cet éléphant. Elle ne savait pas encore ni où ni comment, mais elle pressentait que cette rencontre aurait quelque chose d’historique.

    Carla leva la tête vers le ciel, qu’elle ne parvenait pas à voir à cause de l’épais feuillage. Elle eut la soudaine conviction que, par-delà les nuages et les étoiles, Zion était toujours là et veillait sur elle.

    Un craquement dans les buissons la ramena brutalement à la réalité. Elle avait continuellement l’impression que des centaines de regards l’observaient à travers l’obscurité, mais ce qu’elle craignait par-dessus tout (et ce qui la rendait presque folle), c’était d’être la proie d’un grand serpent. Elle s’imaginait écrasée par la force d’un boa constricteur tandis qu’il l’avalait vive… Toutefois, jusqu’à maintenant, l’imposante présence de Pot avait suffi à éloigner les prédateurs.

    L’hippopotame, de son côté, semblait s’épanouir. Rien ne

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