D’une pierre deux coups

Prigent sortit du Café de la Mairie. Il s’arrêta sur le seuil de l’établissement, histoire de humer l’atmosphère de ce petit coin de France. Ce n’était pas souvent qu’une enquête le menait en province et il espérait bien pouvoir admirer quelques curiosités et goûter aux spécialités locales. A pas comptés, il traversa la place du village. Elle était agréablement ombragée et bordée de petits commerces, de l’école primaire et de la poste. L’église se trouvait face à lui, flanquée d’un ancien lavoir abondamment fleuri et d’un bâtiment coquettement restauré transformé en auberge. On l’identifiait grâce à son enseigne élégante en fer forgé découpé : Au bon petit diable.

Prigent se demanda si l’aubergiste avait retenu ce nom afin de l’opposer, avec un certain sens de l’humour, à la maison de Dieu contre laquelle sa propriété était adossée.

Il entra et sollicita une chambre. On l’installa au premier étage et on l’assura d’une nuit tranquille : il était le seul client.

Il jeta son sac de voyage sur le plancher et redescendit aussitôt. Après tout, il n’était pas venu ici pour flâner et, dans l’affaire qui l’amenait, le temps jouait contre lui…

L’architecture de l’église lui parut tarabiscotée. On aurait dit qu’on avait amputé le clocher d’une partie de sa hauteur. En revanche, dès qu’il en poussa la porte, il fut séduit par l’harmonie du lieu. Un chemin de croix, conçu par un artiste naïf, guidait les pas des fidèles. Au fond, un retable, dressé derrière l’autel, retenait l’attention par ses nombreux personnages aux tuniques rehaussées d’or. Une statuette, relativement en bon état, représentant une émouvante vierge à l’enfant, en bois sculpté, veillait au pied de l’autel.

Ayant accompli son premier tour de l’église en touriste, l’inspecteur entreprit le second avec un regard plus professionnel. Il distingua dans la