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En péril
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Livre électronique312 pages4 heures

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À propos de ce livre électronique

Dans Atlantide: La naissance, Promi et Atlanta ont sauvé leur patrie en la transformant en l’île magique d’Atlantide. Ils avaient espoir que cela la placerait hors de portée de l’esprit maléfque Narkazan, le seigneur de guerre. Mais Narkazan est de retour et il est plus déterminé que jamais à conquérir le royaume des esprits et Atlantide.

Le destin de l’île magique est-il lié aux matelots grecs dont le navire s’est échoué sur son rivage? Est-il lié aux pouvoirs du verre d’océan éthéré dont se pare un dragon des hautes mers? Ou le lien grandissant entre Promi et Atlanta va-t-il donner naissance à la magie la plus puissante?

Cette suite trépidante et riche en émotions du populaire Atlantide : La naissance de T.A. Barron fascinera les lecteurs alors qu’ils voleront et combattront avec Promi et Atlanta pour sauver leur monde bien-aimé.
LangueFrançais
Date de sortie5 août 2016
ISBN9782897673079
En péril

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    I'm a tree hugger, but I found this book to be preachy about the need to save nature. The action was broken up by long discourses that were boring to read. Not much original here.
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    I got mildly offended by his cracks about religion that may or may not have been interpreted right. Anyway, considering it was a bratty kid who was a thief and making his way on his charm and little else I decided to give up on it about 1/3 of the way through.

Aperçu du livre

En péril - T. A. Barron

CHAPITRE 1

Vengeance

L oin, très loin de l’île d’Atlantide, quelque chose s’agitait là où rien ne s’était jamais agité.

L’endroit, situé dans le coin le plus reculé du royaume des esprits, était un trou sans fond plus sombre que le néant. Des nuages noirs tournoyaient en son centre, dans un grondement incessant, prêt à avaler et à déchiqueter tout ce qui tomberait à l’intérieur. Toute créature s’approchant de trop près risquait l’annihilation.

Le maelström.

* * *

Toutefois, à ce moment, quelque chose se produisit dans le centre orageux du maelström : c’était le premier signe de vie à émerger de ses profondeurs. Aucun être n’était jamais sorti de cet endroit violent auparavant, car aucun autre être ne possédait les mêmes volonté de survivre, soif de pouvoir et désir de vengeance.

Bien sûr, personne ne fut témoin de la scène. En effet, seulement s’approcher de cet endroit entraînait le risque de se faire aspirer dans le trou noir pour toujours. Puis, ce qui en était sorti était très petit, si petit qu’il serait passé inaperçu.

Une main.

Les premiers doigts osseux apparurent hors du centre, s’agrippant aux morceaux de nuages, pour grimper plus haut. Puis apparurent un poignet et un bras, vêtus des restes d’une toge en lambeaux. Ensuite, la tête d’un homme émergea, étroite et pointue comme la lame d’une hache.

De sombres et profondes cicatrices lui traversaient le visage. Une boucle d’oreille noire, ébréchée et délabrée, pendait à une oreille. Et de chaque côté de sa mâchoire effilée s’élevaient deux défenses menaçantes rouge sang.

Toutefois, les traits les plus terrifiants de ce visage étaient les yeux. Gris foncé, avec un centre rouge feu, ils semblaient tournoyer sous l’effet de leurs tempêtes de vengeance. Toute créature qui regarderait dans ces yeux tremblerait de peur… et saurait la vérité.

Narkazan était de retour.

Pendant des siècles, le seigneur de guerre immortel avait bataillé pour s’emparer du royaume des esprits et régner sur tous ses lieux et ses populations. Après cela, il avait l’ambition de conquérir tous les royaumes des mortels également, à commencer par celui nommé Terre, qui était un tremplin pour régner sur tous les autres. Et il n’y avait pas si longtemps, il avait failli y parvenir. Il avait vaincu presque tous les esprits qui s’opposaient à lui. Seul un groupe hétéroclite de rebelles demeurait, mené par Sammelvar et Escholia : des esprits qui croyaient que toute créature, mortelle ou immortelle, méritait de vivre librement.

Puis, alors qu’il s’apprêtait à écraser la résistance une bonne fois pour toutes (en les détruisant avec l’arme suprême, la Pierre étoilée), un ennemi inattendu était apparu. Un jeune homme du nom de Promi, un misérable mortel, l’avait défié et lui avait dérobé la Pierre étoilée ! Avec l’aide d’un lion des vents, le jeune rebelle avait réussi à échapper à la totalité des guerriers de Narkazan. Et, fait le plus étonnant, il avait projeté le seigneur de guerre dans le trou sans fond duquel personne n’était ressorti.

Jusqu’à cet instant.

Les yeux de Narkazan brûlaient de colère. Il serra un poing et fit un serment aux nuages qui grondaient :

— Je te trouverai, saleté de rebelle qui porte la marque de la Prophétie. Et je te ferai souffrir comme personne n’a souffert auparavant !

Il continua son ascension pour sortir du trou tourbillonnant qui l’avait aspiré. À l’aide de toute sa volonté et des pouvoirs obscurs qui lui restaient, il grimpa encore plus haut en direction du rebord.

Lentement mais sûrement, Narkazan avançait. Ce qui restait de sa toge, déchiquetée par les vents violents, ne tenait plus qu’à un fil. La violence des vents avait également fait perdre à sa peau son lustre argenté ; elle était devenue d’une teinte métallique gris foncé. Son visage étroit était très maigre. Ses jambes et ses bras tremblaient sous la pression.

Cependant, le feu dans ses yeux ne s’était pas estompé. Au contraire, il s’était changé en une rage pure.

Finalement, après plusieurs heures d’escalade, il atteignit le bord. Grimpant sur le pourtour, il resta là, les bras croisés. Narkazan observa les profondeurs sombres et tourbillonnantes du maelström pendant un long moment. Puis, il se tourna pour faire face au reste du royaume des esprits.

— Je suis de retour, grogna-t-il. Bientôt, le monde le saura, ainsi que tous les autres mondes.

Les vents soufflèrent et hurlèrent de plus belle, comme si le trou noir sentait sa colère.

Nazarkan plissa les yeux. Afin de détruire tous ses ennemis, y compris ce rebelle Promi (et afin de régner sur la Terre et tous les autres mondes des mortels), il devrait lever une nouvelle armée de guerriers immortels. Et cette armée devait compter une foule de spectres des brumes : les guerriers les plus redoutables qu’il fût.

— J’aurai besoin de quelque chose d’autre également, déclara-t-il aux nuages noirs tourbillonnants. Un mortel. Quelqu’un d’avide et d’arrogant qui m’obéira au doigt et à l’œil.

Il ferma les yeux et concentra toute son attention sur la Terre, cherchant parmi l’esprit des mortels l’allié dont il avait besoin. Après un long moment, il ouvrit les yeux. Sa recherche était couronnée de succès.

Il avait trouvé un navire qui avait récemment quitté un pays nommé Grèce. Sa voile principale arborait un motif de dauphin bleu. Et le capitaine du navire, qui naviguait régulièrement en mer, brûlait du désir d’acquérir du pouvoir.

Narkazan gloussa pour lui-même.

— Oui, celui-ci fera l’affaire. Il aura bientôt un rêve qui changera sa vie… et son monde.

Il serra les poings.

— Mais avant… c’est l’heure de la vengeance.

CHAPITRE 2

Des mondes parmi des mondes

L oin du maelström d’où Narkazan venait d’émerger, dans un coin beaucoup plus calme du royaume des esprits, trois personnes étaient assises sur un nuage en forme de dôme. Autour d’eux, des milliers de fleurs mauves au parfum de miel poussaient, emplissant l’air d’un arôme riche inhabituellement sucré et unique à cette variété. Tellement de fleurs avaient poussé à cet endroit que tout le nuage était teinté de mauve.

L’une de ces personnes, le vieux sage Sammelvar, se pencha pour examiner une de ces fleurs. Doucement, il glissa son doigt le long de la tige alors que ses yeux dorés observaient chaque détail de la fleur. Mais il ne toucha pas à la fleur directement, car chaque fleur au parfum de miel était en fait un monde miniature.

Celle-ci, remarqua Sammelvar, comptait une dense forêt de minuscules arbres mauves. Parmi les branches, il pouvait apercevoir une famille de chimpanzés à queue rousse se balancer librement d’un arbre à l’autre. Et sur la canopée volaient des centaines de papillons miniatures. Ils n’étaient pas plus gros qu’une particule de poussière, et leurs ailes rouges radieuses brillaient comme des prismes durant leur vol.

Tel un microcosme du royaume des esprits, ce champ de fleurs nébuleux contenait une variété infinie de mondes. Certaines fleurs resplendissaient de bâtiments faits de minuscules briques de pierre de vapeur. Certaines contenaient des mers mauves parsemées d’îles d’une magie incroyable. Certaines émettaient parfois des faisceaux de lumière intenses, alors que d’autres se voilaient de cape mystérieuse lavande, dissimulant leur monde.

Le champ de nuage était rempli de ces mondes et de plusieurs autres. Alors que le vieil esprit observait tout autour, il pensa :

« Des mondes parmi des mondes… toujours changeants, toujours pareils. »

— Ton poème préféré, dit la jeune femme assise à côté de lui.

— Tu lis mes pensées, Jaladay ? lui demanda Sammelvar en souriant.

— Seulement lorsqu’elles sont intéressantes, répondit-elle pour l’agacer. Ce qui n’est pas très fréquent.

— Oh, je suis bien d’accord.

Jaladay sourit. Elle arrivait sans peine à lire les pensées de son père, tout comme celles de sa mère, Escholia, assise plus loin près d’une touffe de fleurs qui sentaient particu­lièrement bon. Elle se demandait, comme le savait Jaladay, comment ces petites fleurs arrivaient à produire un parfum si puissant.

Mais les dons sensoriels de Jaladay ne s’arrêtaient pas là, au contraire ! Bien qu’elle portât un bandeau turquoise sur ses yeux, elle pouvait voir le champ de nuage et l’horizon. Elle pouvait également sentir la signification profonde des choses et parfois même entrapercevoir l’avenir. Car elle était capable, comme l’avaient découvert ses parents lorsqu’elle n’était encore qu’un nourrisson, de voir l’invisible.

Et c’est ainsi qu’à cet instant, elle sut qu’elle devait tendre la main, tout juste avant qu’une petite créature poilue tombât du ciel. Elle l’attrapa aisément et la serra fort contre elle.

— Bonjour, Kermi. C’est toujours un plaisir de te voir.

— Même si tu ne vois pas comme quiconque dans l’univers, dit la créature bleue aux allures de singe. Mais j’accepte tout de même le compliment.

Kermi balança sa longue queue devant son bandeau turquoise, la regardant de ses yeux bleus ronds qui semblaient trop gros pour son visage.

— Dis-moi, combien de queues vois-tu ?

— Autant que tu possédais à la naissance, répondit Jaladay en riant. Donc… une.

— Hum, répliqua-t-il. La prochaine fois, je te demanderai quelque chose de plus difficile.

— Comme le nombre de bulles que tu t’apprêtes à souffler ? La réponse est trois.

Les grands yeux de Kermi s’agrandirent davantage.

— Impressionnant, marmonna-t-il, alors qu’il ouvrait la bouche et laissait s’échapper trois bulles bleutées qui s’envolèrent dans les airs. Comme tout bon et honnête kermuncle, j’aime bien souffler des bulles. Mais d’ordinaire, elles créent la surprise pour tout le monde, à part moi.

Jaladay caressa sa queue, qui ressemblait beaucoup au trait bleu qui ornait sa robe blanche.

— Alors, Kermi, tu dois être fatigué de ton long voyage jusqu’ici.

— Oui, je le suis. Il bâilla, laissant s’échapper un flot de bulles. Voler sans ailes n’est plus aussi facile que ce l’était.

— Eh bien, suggéra-t-elle, que dirais-tu de faire une sieste ?

— Oh non, protesta-t-il, secouant la tête si vigoureusement que ses moustaches sautillèrent. Tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement ! Je ne veux rien manquer.

— Comme tu veux, Kermi, dit-elle en l’ignorant et en le plaçant sur ses genoux.

— Bien, répliqua-t-il. C’est moi qui décide si j’ai besoin de faire une sieste. Fatigué, il bâilla. Ce n’est… pas… toi.

Il ferma les yeux et s’endormit prestement.

Jaladay sourit, caressant toujours sa queue.

À ses côtés, Sammelvar soupira.

— Cela fait du bien d’être ici, dit-il en regardant une paire de fleurs dont le peuple miniature avait construit un pont scintillant qui s’étendait entre les deux fleurs, unissant les deux mondes à jamais.

— Et il y a autre chose qui est bien, dit Escholia, qui s’était approchée d’eux.

Sammelvar leva un sourcil, perplexe. Jaladay, de son côté, approuva d’un hochement de tête, puisqu’elle savait déjà ce qu’allait dire sa mère.

— C’est qu’en ce moment, tu n’es pas inquiet.

Escholia se pencha pour saluer son mari, ses cheveux blancs se mélangeant aux siens. Elle lui embrassa le front.

— Ce que tu fais beaucoup trop ces derniers temps.

— Tu as raison, répliqua-t-il en se détournant des fleurs pour regarder ses yeux bleus nébuleux. Mais il y a tant de raisons de s’inquiéter.

Elle s’assit à côté de lui, avec une telle légèreté qu’elle ne perturba aucune fleur, ce qui aurait pu être surprenant en raison de son âge. Cependant, elle avait été nommée « esprit de la grâce », tant pour sa nature aimante que pour l’aisance de ses mouvements.

Elle posa sa main ridée sur son dos.

— Peut-être devrions-nous venir ici plus souvent, suggéra-t-elle.

Sammelvar prit une grande respiration.

— Malheureusement, mes inquiétudes proviennent de véritables problèmes. Et ces problèmes ne se résoudront pas, si je me cache derrière le doux parfum des fleurs.

— Et tu ne peux les résoudre seul, répliqua-t-elle.

— Bien sûr que non, mon amour, dit-il en passant une main dans ses cheveux blancs. Mais je suis le chef de ce royaume. Si je ne porte pas attention à ces problèmes, qui le fera ?

Escholia le regarda, sceptique. Pendant ce temps, Jaladay était assise, immobile, écoutant leur conversation sans montrer d’émotion. Pour seul mouvement, elle caressait la queue de Kermi.

— Écoute, expliqua Sammelvar, la vie est belle dans le royaume des esprits, désormais. Tout le royaume est calme pour la première fois depuis des siècles, maintenant que Narkazan a été détruit et que la Pierre étoilée est retournée sur Terre. Toutefois, ce calme peut s’avérer dangereux, s’il nous entraîne dans la complaisance, qui empêche les gens de voir venir les périls.

— De quels périls parles-tu ? demanda sa femme.

L’expression de Sammelvar s’assombrit.

— Narkazan a peut-être été vaincu, mais qu’en est-il de ses anciens alliés ? Plusieurs d’entre eux parcourent toujours le royaume des esprits, avec toute leur violence, et pillent des villages paisibles pour prendre ce que bon leur semble. Et il ne faut pas oublier les spectres des brumes.

La seule mention de ces êtres sombres, des prédateurs diaboliques qui dévorent la magie, suffit à faire frémir Jaladay. Elle n’avait rencontré un spectre des brumes qu’une fois ; elle avait miraculeusement réussi à s’échapper.

— Qu’arriverait-il, continua Sammelvar, si un nouveau chef les unifiait ?

— Tu as raison de t’en inquiéter, acquiesça-t-elle tristement.

Il fronça les sourcils et baissa la voix.

— Et qu’arriverait-il, si Narkazan lui-même revenait ? murmura-t-il.

Cette fois, Escholia le regarda, ébahie.

— Comment cela pourrait-il être possible ? Personne ne s’est jamais échappé du maelström.

— Non, mon amour. Il est plus précis de dire que personne ne s’en est échappé jusqu’à maintenant.

Escholia se tourna vers sa fille.

— Qu’en penses-tu, Jaladay ?

Songeuse, la jeune femme se pinça les lèvres.

— Je ne peux malheureusement apporter aucune aide. Chaque fois que j’ai cherché Narkazan, et je l’ai fait à plusieurs reprises, je n’ai aperçu que des nuages noirs et tourbillonnants.

Escholia se retourna vers son mari.

— Quels autres périls t’inquiètent ? demanda-t-elle.

— Le voile, répondit-il gravement. Il est de plus en plus faible. Et nous savons tous ce qui se produirait, s’il était détruit. De mauvais esprits attaqueraient le monde des mortels.

— Oui, acquiesça Escholia en secouant la tête. La grande guerre eut lieu pour cette raison ; et tant de gens ont souffert.

— Malgré mes ordres et mes nouvelles patrouilles, les esprits continuent à s’y rendre, grommela Sammelvar. Chaque visite semble minime, et les esprits se disent que cela ne dérange en rien. Mais chaque passage perce un nouveau trou et compromet tout.

Amer, il ajouta :

— Même mon fils…

Escholia prit sa main, les yeux remplis de compassion.

Jaladay se pencha vers son père.

— Ce n’est pas ta seule inquiétude concernant Promi, n’est-ce pas ?

Le vieil homme fronça les sourcils.

— Non, en effet. Il est en colère, envers moi principalement, mais aussi envers sa vie d’une certaine façon. Je peux le sentir… mais je ne le comprends pas complètement.

— Je le sens aussi, affirma Escholia. Il a le sentiment que nous l’avons forcé à nous quitter, à perdre les souvenirs de son enfance et à passer toutes ces années déguisé en mortel. Il n’a rien pu dire, il n’a pas eu le choix.

— Mais, protesta Sammelvar, de cette façon, nous l’avons sauvé d’une destruction assurée que lui réservait Narkazan, qui, nous le savons, est spécialisé dans les tortures si horribles que même les esprits les plus forts n’ont pu y survivre.

Son visage sembla encore plus sombre, alors qu’il se rappelait les esprits loyaux qui avaient péri dans la guerre contre Narkazan, surtout ceux qui avaient volontairement décidé de mettre fin à leur vie — de quitter l’existence pour toujours — afin de faire cesser les tortures du seigneur de guerre.

Escholia lui serra la main.

— Envoyer Promi sur Terre l’a sauvé de ce sort. Et cela lui a également permis de revenir lorsque nous avions le plus besoin d’aide, pour faire ce que personne d’autre n’aurait pu faire.

— Oui, dit Jaladay. C’est seulement grâce à lui (et au lion des vents Theosor et au petit Kermi ici) que la Pierre étoilée a été sauvée et que Narkazan a été détruit.

— Allons, allons, ajouta sa mère. N’oublions pas que toi aussi, tu as joué un rôle dans cette histoire.

La peau argentée de Jaladay rougit légèrement.

Sammelvar regarda sa toge, laquelle arborait un motif semblable à la marque que portait Promi sur la poitrine. Même la taille de l’oiseau en vol était identique. Seule la couleur était différente ; celui de Sammelvar était doré, au lieu d’être noir.

— Nous avons partagé cette marque durant toutes ces années de conflit, dit-il silencieusement. Et maintenant, je crains que… nous ne partagions pas beaucoup plus.

Il leva les yeux vers le ciel, puis ajouta :

— C’est pourquoi je lui ai demandé de venir nous rejoindre ici.

CHAPITRE 3

La chanson

I l vient nous rejoindre ? demanda Escholia, surprise. Es-tu sûr que c’est une bonne idée ?

Sammelvar passa ses doigts dans sa chevelure blanche.

— En toute honnêteté, mon amour, je l’ignore. Mais il est déjà si fâché contre moi que je doute que cela empire les choses.

Assise entre ses parents, Jaladay les regarda tous les deux, les observant avec sa deuxième vision. Mais elle resta silencieuse.

— Je sais, dit Sammelvar, plein de regret. Promi ne veut pas en parler. Du moins, pas avec moi. Et il a été très clair à ce sujet. Mais nous devons parler du voile. Il s’affaiblit tous les jours davantage… et il s’entête à le traverser.

— Ne l’as-tu pas déjà averti ? demanda Escholia. Pour lui expliquer les conséquences ?

Le vieil esprit hocha la tête.

— J’ai tout fait, sauf lui interdire les voyages à l’extérieur du royaume des esprits.

— Je doute que cela fonctionne, de toute façon, commenta Jaladay en caressant la queue de son ami Kermi, qui dormait. Il est déterminé à retourner sur Terre.

— Oui, répliqua Sammelvar. Pour rendre visite à son amie.

— Elle se nomme Atlanta, déclara une nouvelle voix.

Ils se retournèrent tous pour voir Promi traverser le nuage en marchant vers eux. Bien que des fleurs mauves au parfum de miel bourgeonnassent tout autour de lui, remplissant l’air de leur doux arôme, il ne s’arrêta pas pour les admirer. Il ne semblait pas non plus remarquer que chacune des fleurs était en fait un monde miniature comportant des créatures, des bâtiments et des prés fleurissants.

Les parents de Promi se levèrent pour l’accueillir. Jaladay fit de même, après avoir doucement déposé Kermi sur le nuage afin qu’il pût continuer à dormir. Cependant, l’expression du jeune homme resta maussade. Alors qu’il les rejoignait, il regarda Sammelvar et demanda :

— Suis-je encore dans le pétrin ?

Calmement, Sammelvar répondit :

— Le fait que j’ai envoyé un lion des vents te quérir ne signifie pas que tu es dans le pétrin.

— C’est exactement ce que cela signifie, si le lion des vents Theosor, qui est mon vieil ami, me regarde avec l’air de dire « Tu devrais être prudent ».

Avant que Sammelvar pût répondre, Escholia intervint :

— C’est bon de te voir, Promi.

— Oh, vraiment ? s’étonna-t-il en rejetant ses longs cheveux noirs.

Escholia se déplaça à ses côtés et le serra maladroitement. Puis, le regardant avec ses yeux bleus brumeux, elle dit :

— Peu importe ce que tu penses, Promi, nous sommes toujours heureux de voir notre fils.

Jaladay leva la main, tentant d’avertir son frère de ne pas prononcer les mots qu’il s’apprêtait à dire. Mais Promi ignora l’avertissement.

— Si vous êtes toujours si heureux de me voir, grogna-t-il, pourquoi m’avoir abandonné lorsque j’étais enfant ?

Prise par surprise, Escholia cligna des yeux.

— Nous avons fait ce que nous devions pour te sauver.

— Même si cela impliquait d’effacer tous mes souvenirs ? répondit Promi en élevant la voix. Vous me les avez complètement volés.

Serrant la mâchoire, il secoua la tête. Puis, il ajouta en murmurant :

— Le seul souvenir de mon enfance que j’avais, durant toutes ces années à vivre dans la rue, était ce fragment de chanson que tu me chantais. Peux-tu comprendre comment je me sentais ?

Escholia commença à répondre quelque chose, puis se tut. Sammelvar prit sa main, le visage rongé par les soucis. Il poussa un soupir, puis parla à Promi.

— Je ne t’ai pas demandé de venir ici pour que tu ravives ton amertume. Mais sois certain que nous avions suffisamment de raisons pour faire ce que nous avons fait. Y compris sauver ta vie.

— Alors, coupa Promi, pourquoi m’as-tu fait venir ?

— Le voile, dit Sammelvar en regardant son fils dans les yeux. En ce moment, il est tout juste assez résistant pour contenir les esprits guerriers qui voudraient envahir les royaumes mortels. Et, Promi, chaque fois que tu voyages…

— Je sais, je sais, dit Promi avec un revers de main. Cela perce un nouveau trou dans le voile. J’ai déjà entendu ta théorie.

— Ce n’est pas qu’une théorie ! s’exclama Sammelvar, qui avait peine à contenir sa colère. Si tu tiens vraiment à ton amie Atlanta et au reste des créatures terrestres, tu tiendras compte

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