Dans son Problème XXX, le pseudo-Aristote soutient que tout génie souffre de mélancolie. Une idée qui alimenta durablement à la fois les réflexions des médecins et l’histoire de la poésie. Si tel est le cas, un air ténébreux suffit pour se donner l’allure d’un individu exceptionnel. Tout rimailleur n’a qu’à remplacer son encre par la bile la plus noire, la plus acrimonieuse, et voilà sa carrière assurée! La poésie cafardeuse a fait florès au long des siècles. À tel point qu’aucune anthologie, aussi volumineuse soit-elle, n’épuiserait le sujet. Dès l’Antiquité, les poètes élégiaques, Callinos, Parthénios, Catulle, etc. se plaisaient à démoraliser leurs semblables en versifiant sur leurs petites misères. Comme Boileau l’écrivit plus tard:
La plaintive élégie, en longs habits