Sur les pentes de l’Himalaya, nous avons assisté à la récolte du yarsagumba, cette plante-animal rare et hors de prix
Dans une nature hostile, il faut prendre tous les risques pour débusquer ces pépites
Le reste de l’année, ces femmes vivent à quelque 1 000 mètres d’altitude, alors le mal des montagnes les frappe parfois d’un coup : de simples maux de tête jusqu’au coma irréversible. Même sans le moindre incident, les doigts peuvent souffrir d’engelure et les yeux d’une ophtalmie si grave qu’on en perd définitivement la vue. Sans oublier les chutes, les noyades, les avalanches et les tremblements de terre. Un enfer qui ne cesse d’empirer en raison du dérèglement climatique. Ces dernières années, des chutes de neige intempestives ont piégé les humains des semaines durant.
Aphrodisiaques, médicinales, régénératrices… on prête au yarsagumba toutes les vertus
« Payo ! » : « Trouvé ! » En entendant le cri de victoire, toutes se rassemblent autour de celle qui a déniché quelques tiges de yarsagumba. Elles sont parties dès l’aube et passent la journée sur ces pentes glaciales. Censé lutter contre la fatigue, les infections, l’impuissance et même le cancer, le « yarsa » est exporté vers toute l’Asie, mais aussi les États-Unis. Un succès qui finit par menacer son existence, d’où la difficulté croissante à le récolter. Dans un pays où le salaire mensuel est en moyenne de 80 euros, une femme peut, grâce à lui, gagner 1 400 euros en trois mois de cueillette.
Prabita, 25 ans, aime cette chasse : « Grâce à l’argent du yarsagumba, ma mère a élevé ses neuf enfants, nous avons pu reconstruire une maison et je suis allée à l’école »
De nos envoyés spéciaux Éric Valli et Aurel Valli-Kellner
Cela commence par l’histoire d’un caravanier tibétain.