Les couleurs de la vie
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À propos de ce livre électronique
« L’ambiance était lourde, il y avait beaucoup de monde à la gare. Presque toute la famille était venue pour dire au revoir à ma sœur. La seule personne qui manquait, était l’entremetteuse! Elle devait savoir quelque chose pour ne pas être là. »
Histoires de vie, événements authentiques qui se déroulent dans un petit village de Macédoine. Confessions intimes, injustices, déceptions et emportements, mais aussi, moments heureux.
Si la vie était dessinée en couleur, certaines images se distingueraient sans doute, plus lumineuses et plus intenses.
Elles se démarqueraient peut-être par leurs particularités. Certaines seraient réussies, d’autres le seraient moins. Certaines multicolores et d’autres monochromes (noires).
Sûrement toutes de même importance, puisque représentant chacune, un petit épisode de la vie.
Le livre est composé de 22 histoires, chacune d’entre elles portant les couleurs qui lui correspond.
Christos Vardaris
Christos Vardaris est né en 1963, à Arnissa Edessis, dans le nord de la Grèce. Il est le père de deux enfants, employé dans le secteur privé, coureur de fond et cycliste.À travers le livre ‘’Les couleurs de la vie’’, il ambitionne de dépeindre des images et des expériences de sa propre vie.
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Aperçu du livre
Les couleurs de la vie - Christos Vardaris
Biographie de l’auteur
Christos Vardaris est né en 1963, à Arnissa Edessis, dans le nord de la Grèce. Il est le père de deux enfants, employé dans le secteur privé, coureur de fond et cycliste.
À travers le livre ‘’Les couleurs de la vie’’, il ambitionne de dépeindre des images et des expériences de sa propre vie.
Préface
Si je devais peindre la vie en couleurs, certaines images se distingueraient peut-être des autres, plus lumineuses et plus intenses.
Peut-être, se distingueraient-elles par leurs particularités.
Certaines seraient réussies, d’autres le seraient moins.
Certaines multicolores et d’autres monochromes (noires).
Sûrement toutes de même importance, puisque représentant chacune, un petit épisode de la vie.
J’ai pris quelques-unes de ces images, et essayé, à l’aide de mots, de les reproduire dans de petites histoires.
Les personnages peuvent être imaginaires.
Les histoires sont vraies.
Chaque petite histoire a ses propres couleurs, son propre chemin à travers le temps.
Images qui ont voulu ou réussi, à rester indélébiles au fil du temps.
J’ai voulu les reproduire dans ce livre.
Son titre : « Les couleurs de la vie ».
Couleurs dont chacun peut faire l’expérience au cours de sa vie.
Il les rencontre sur son chemin, dans la vie quotidienne, et certaines d’entre elles lui laissent des marques, gravées, cicatrices la de vie.
Traces en couleurs.
Les couleurs de la vie.
Parce que la vie de chacun, c’est le chemin qu’il suit, et les couleurs qu’il utilise, pour les images dont il fait l’expérience.
C’est ça la vie.
Je suis resté sur ma faim
C’était la première fois que j’attendais le lever du soleil. Je peux dire avec certitude, que je n’ai pas dormi cette nuit-là. Je m’inquiétais à l’idée que mes parents trouvent les cigarettes, qu’avec tant d’habilité et de ruse, j’avais réussi à me procurer le jour précédent. Jusqu’à aujourd’hui, j’ai bien fumé quelques cigarettes, mais surtout pour me prouver que j’ai grandi, plutôt que par plaisir. Ma réponse immédiate à l’appel de ma mère, de vite me lever, l’a probablement laissée perplexe, puisque chaque fois qu’elle me réveillait pour aller à l’école, il lui fallait insister comme le font les encaisseurs¹, encore et encore.
Plusieurs fois, et avec insistance.
Mais cette fois-ci les choses étaient différentes. J’ai grandi et je veux être indépendant. Je me suis arrangé pour avoir avec moi des cigarettes et des allumettes.
Il ne m’a pas fallu plus de deux minutes pour m’habiller et me débarbouiller.
Le lait qui m’attendait dans mon verre ainsi qu’un peu de pain et de fromage, je les ai avalés en un rien de temps.
Ma mère m’avait préparé le sac, avec du pain et du fromage, des tomates du jardin ; tout ça bien enveloppé dans une serviette, et une gourde avec de l’eau.
Je ne sais pas si mon père se sentait fier ou si mon initiative le laissait indifférent. Toutefois, il y avait dans son regard quelque chose de d’inhabituel, de la perplexité plutôt que de la satisfaction, à savoir que j’avais grandi. Moi, je ne me sentais pas de joie, malgré les bottes que je portais, parce qu’elles étaient lourdes et abîmées et laides.
Il est très beau mon village, construit en amphithéâtre avec à ses pieds un superbe lac d’un bleu profond. À sa gauche, c’est la plaine qui domine, laquelle se doit de nourrir les habitants de la région. Elle est vaste et plutôt fertile, mais pour une récolte par an seulement. Ici les étés sont courts, les hivers sont longs ; très longs.
Il y a une autre plaine derrière mon village, avec des prairies pour faire pâturer les troupeaux de vaches et de moutons, sans toucher aux champs des villageois.
Il y a un abreuvoir, à chaque sortie du village, pour que les bêtes qui partent aux pâturages, ou qui en reviennent, se désaltèrent.
Chaque foyer devait avoir au moins une vache, grâce à laquelle on mettait, tous les jours, quelque chose dans les assiettes. Nous, nous avions des chèvres et des poules, d’autres avaient des cochons –nous, nous n’en avions pas, parce que ma mère ne mangeait pas de viande de porc, et avec elle, nous non plus-.
Nous avions deux vaches, et grâce à ma mère, il y avait chaque matin sur la table, du lait, du fromage, du yaourt, du trahana², de la myzithra³ et quelquefois du kaséri⁴.
Tout cela était de notre fabrication, et de toute fraîcheur puisque nous n’avions pas de frigidaire (nous nous en sommes procuré un d’occasion, quelques années plus tard).
Ma mère devait s’occuper de ce que nous mangions chaque jour.
Mon père était photographe (le seul du coin) et il n’avait pas de temps pour ça. Il devait faire le tour des villages de la région, pour obtenir un salaire journalier.
Après m’être chargé de mon sac, je suis allé au bout du village récupérer les animaux, il fallait que je passe de l’autre côté où je devais retrouver un autre villageois. Ayant à présent les animaux devant, nous les conduirions dans la plaine de derrière, où ils pourraient paître le reste de la journée.
Nous rentrerions le soir, en faisant le chemin inverse, et nous reconduirions les bêtes chez elles. Les cigarettes et les allumettes, je les avais dans un endroit accessible pour les prendre facilement et discrètement. Malgré cela les allumettes étaient humides, deux seulement étaient sèches.
Ce n’est pas grave, peut-être que l’autre aura du feu.
On se mettait à deux pour conduire les animaux, pour éviter les dégâts dans les champs, et peut-être aussi pour avoir de la compagnie. Les bêtes étaient trop nombreuses pour un seul berger, leur nombre se montait à deux cents.
Il y avait trois méthodes pour rassasier les bêtes. L’une était de les garder enfermées, ce qui était coûteux. Une autre était de payer un berger pour te remplacer. Et la troisième, c’est celle que j’ai choisie, aller au pâturage pour chaque bête possédée, une fois par saison,. Je devais donc y aller deux fois pendant l’été, puisque nous avions deux vaches.
Ce n’est que le matin où on accompagnait les bêtes, en le voyant,
que l’on apprenait qui était notre compagnon pour la journée.
Ce qui était sûr, c’est que le plus jeune était celui qui courrait toute la journée, surtout s’il était aussi débutant.
Je me sens bien, nouvelle journée, nouveau départ. Je sens des regards d’admiration pour mon père, même si c’est moi qu’ils regardent (une aide précieuse pour le foyer, pensent certains).
J’ai pendu le sac sur mon épaule, j’ai pris un bâton de berger, j’ai les cigarettes dans ma poche, je dirige le troupeau, au moins jusqu’à ce que je retrouve l’autre villageois. J’ai l’impression d’être une grande personne.
Chaque fois que je voyais le troupeau de mon village, j’avais une petite appréhension, mais maintenant, au contraire je me sens fort, je le contrôle, et j’en fais ce que je veux.
Je ne sais pas pourquoi. Peut-être que les responsabilités rendent l’homme plus fort, plus mature.
Pour la première fois, je voyais les gens de mon village d’un œil différent. D’un œil critique. Chacun d’entre eux se distinguait par sa façon de s’habiller, sa façon de dire bonjour, s’il disait bonjour, si les bêtes qu’il joignait au troupeau avaient été abreuvées, si elles étaient propres, calmes. C’est là que j’ai constaté leur diversité. L’homme ordonné et le brouillon, le propre et le sale.
Je crois qu’un berger attentif, qui a un peu d’expérience, est capable d’évaluer le propriétaire de chaque animal.
Certains attiraient mon attention sur certaines bêtes, plus agitées et plus dangereuses.
Lentement, je suis arrivé à l’autre bout du village. À l’abreuvoir, la plupart des bêtes burent de l’eau (elles savent que plus loin, il n’y a plus d’eau). C’est là que j’ai vu mon compagnon pour cette journée. J’avais la chance d’être en compagnie d’un vieux berger expérimenté. Bonne chose ou non, je le jugerais à la fin de la journée.
Le grand-père était gentil, et je dois dire que je lui ai tout de suite fait confiance. Il portait un chapeau, crasseux, mais au moins il en portait un. Alors que moi, le soleil allait me cuire toute la journée. Mais peu m’importait. Les cigarettes étaient ma seule préoccupation.
Le chemin, que nous suivions en direction de la plaine, passait par un endroit que je ne connaissais pas. D’ici, la vue était différente, l’angle de vue était différent. D’ici aussi mon village était très beau. Nous avons monté une côte, et je le vois maintenant à mes pieds. Au fond, il y a le lac, et à droite, assez loin, le massif du Kaïmatsalan, avec un peu de neige au sommet.
Je voyais mon quartier de loin, et ça me plaisait. J’ai commencé à comprendre que nous ne sommes pas le centre du monde. Pour la première fois, j’ai senti que le monde s’étendait plus loin que ma cour, plus loin que ma maison.
Maintenant, je dois surveiller les animaux, afin qu’ils ne fassent pas de dégâts dans les champs des villageois. Je me dois d’être digne devant mon compagnon, tout en me gardant des serpents, des abeilles et des pièges des routes tortueuses que nous suivions (les routes n’étaient pas encore:asphaltées).
Ce n’étaient que des chemins de terre, et après les animaux, il fallait faire attention où nous marchions, puisqu’ils laissaient derrière eux ce dont il n’avait plus besoin. Je pensais que les bêtes mangeraient pendant quelque temps, et qu’à un moment donné, elles s’assiéraient à l’ombre, pour faire une sieste dans l’après-midi. C’est ce que je pensais parce que ça m’arrangeait.
Juste avant d’arriver au premier pâturage, une vache (je n’oublierai jamais ça) a relevé la queue, comme si c’était un cobra, et a commencé à courir en direction du village que nous venions de quitter.
J’ai couru un moment derrière elle, essayant de