Il tombe des trombes d’eau, alors que nous sommes pourtant presque à la fin du printemps. Sur les hauteurs du plateau de l’Aubrac, en Lozère, la météo est aussi capricieuse que le décor à couper le souffle. Ça ressemble à l’Islande ou au nord de l’Écosse: de vastes étendues vertes et vallonnées parsemées d’énormes rochers gris. D’épaisses vaches paissent dans les prés ou dorment au pied des arbres. Depuis cinq heures, Sarah et Alexandra Benamar marchent, d’abord sous le chaud soleil de midi, désormais sous l’orage qui s’éternise. Comme des centaines de milliers de personnes par an, les deux sœurs, respectivement âgées de 32 et 27 ans, se sont lancées à l’assaut d’un des quatre principaux chemins de Compostelle qui traversent la France jusqu’au fameux lieu de pèlerinage espagnol.
qui prend entre deux et trois mois à raison d’au moins vingt-cinq kilomètres par jour. Elles marchent sur le plus emprunté de tous, celui qui, répond la seconde. Sa sœur acquiesce. Toutes deux se font une grande randonnée tous les ans. Aujourd’hui est le premier jour, il leur reste deux heures avant d’atteindre le gîte où elles passeront la nuit. Sont-elles fatiguées? Découragées par la pluie? Pas vraiment, d’autant que celle-ci a cessé et qu’il fait d’un coup très beau: lance la plus jeune. Aujourd’hui, elles vont parcourir vingt-sept kilomètres. Demain, départ à 9 heures. L’objectif pour elles est Rodez, qu’elles atteindront au bout de cinq jours. Un bout du chemin de Saint-Jacques suffit à leur bonheur. Et puis leurs emplois qui les attendent en région parisienne ne leur laissent pas d’autre choix.