Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Ella: La reine discrète
Ella: La reine discrète
Ella: La reine discrète
Livre électronique190 pages2 heures

Ella: La reine discrète

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Ella disparaît subitement et avec elle une aura de mystère autour des anciens peuples de Thrace et d’Égypte, source d’inspiration de ses toiles abstraites et ésotériques où se côtoient félinité, magie, métal et énergie.
En reconstituant l’inventaire de ces œuvres, le narrateur soulève une extraordinaire histoire venue d’autres temps, au centre de laquelle s’impose une déesse à tête de chat, inspiratrice et mère d’événements aussi bien passés que futurs.
Malédiction pharaonique, présence extraterrestre, sanctuaire inviolable à proximité de son village, tout semble indiquer qu’Ella détenait un secret dont pourrait dépendre l’avenir de l’humanité.
À la fois guide de survie après un deuil impossible à surmonter et essai philosophico-historique pour en atténuer les effets, l’auteur nous emmène au fil d’excursions sur l’immortalité de l’âme, qui s’incarne et se réincarne inlassablement dans la vie sur Terre.
Neuf fois, paraît-il, pour les chats !
LangueFrançais
Date de sortie5 juin 2020
ISBN9782312073651
Ella: La reine discrète

En savoir plus sur Pierre Boningre

Auteurs associés

Lié à Ella

Livres électroniques liés

Articles associés

Avis sur Ella

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Ella - Pierre Boningre

    cover.jpg

    Ella

    Pierre Boningre

    Ella

    La reine discrète

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2020

    ISBN : 978-2-312-07365-1

    Prologue

    Qu’est-ce que je fous là ? Je suis en plein soleil sur une passerelle, sorte de mini-pont suspendu perdu au milieu de nulle part. D’un côté, c’est la verdure, le début de la jungle. On va sûrement y aller après. De l’autre, il y a ce type qui balance un truc dans l’eau.

    On dirait qu’il donne à manger aux poissons. Je m’approche du parapet. En effet, il y a des truites qui frétillent dans le courant. Elles remuent la queue plus discrètement qu’un chien ayant du jeu au poker.

    Elles semblent fixer un pêcheur, posté en amont, armé d’une épuisette. Il a vraiment l’air d’un ours : velu, trapu, costaud, mais sans l’habileté. Elles ont réussi à lui passer devant en évitant le filet et attendent le reste de la troupe, en jubilant à chaque franchissement de la zone de danger. C’est un jeu morbide de parier avec la mort…

    Quoi qu’il en soit, les poissons ne s’intéressent pas à ce qui leur tombe du ciel. D’ailleurs, ce n’est pas de la nourriture qui sort de ce gros machin qui a l’air brûlant… Non, ce sont des cendres !

    Celles d’Ella, la mère de ce garçon et ma compagne.

    Elle nous a quittés subitement. Une envie d’aller voir les anges… elle qui les avait peints malicieusement à l’époque où la nomenklatura interdisait toute illustration se rapportant de près ou de loin à la religion.

    Ah, la religion, l’opium du peuple, selon Karl Marx ! Les suiveurs ont juste oublié d’ajouter que le seul fournisseur agréé de paradis artificiel serait le Parti !

    Il me tend l’urne. C’est à mon tour de lancer un nuage par-dessus bord.

    Je ne devrais pas raconter cela, je sais… Dans plein de pays, c’est illégal mais ici, en Bulgarie, il n’y a qu’un seul incinérateur et l’urne nous a été remise non scellée avec une plaquette à coller dessus, ou pas !

    Alors nous sommes allés dans les endroits qui tenaient une place dans le cœur d’Ella et y avons laissé une part d’elle. L’apothéose a consisté en un envol de lanterne céleste, partie tout droit vers l’Ouest, là où ses proches disaient qu’elle avait toujours vécu !

    Mais pour moi, ce fut le début d’un extraordinaire voyage…

    Gradishté

    La fille de Todor Jivkov s’ennuie. Son père est président de la république depuis près de dix ans et elle ne sait pas quoi faire de sa vie. Lyudmila a pourtant eu une jeunesse dorée, à l’abri des vicissitudes.

    Elle se passionne très tôt pour le protochronisme, cette forme maladive de nationalisme, qui tente de justifier l’existence et la survie d’un peuple par sa présence millénaire dans les lieux qu’il occupe actuellement, voire et pourquoi pas par son origine prétendument divine.

    Or, nous savons bien que la Bulgarie a toujours été un lieu de passage pour les migrants et les envahisseurs, depuis les premiers êtres humains venus d’Ethiopie jusqu’aux victimes des conflits d’aujourd’hui, en passant par les khans de Mongolie, sans oublier les croisés (dans l’autre sens !).

    Tous ces gens n’ont pas fait que passer. Certains s’y sont installés et on retrouve aujourd’hui une grande diversité ethnique, même dans un pays de taille aussi réduite.

    Les analyses ADN sont ici d’un grand secours. Ce sont elles qui ont permis de revisiter une partie de l’histoire des Thraces, qui ne possédaient pas de langage écrit et qui ont eux-mêmes essaimé un peu partout dans la partie orientale de la Méditerranée.

    Justement, la semaine dernière, Lyudmila est retournée à Oxford – là où, selon l’étymologie, les bœufs traversaient à gué la Tamise, étrangement appelée Isis par les rameurs du défi Oxford-Cambridge. Elle est invitée en tant que marraine de la promotion en Histoire de l’art, sa spécialité. C’est à cette occasion qu’on vient bizarrement lui parler des Thraces.

    Un assistant de l’Université – en réalité, un membre du MI6, la centrale des espions anglais – lui raconte une histoire qui éveille son intérêt. Selon une légende de son pays, Bastet, une déesse égyptienne, serait venue en Thrace, emmenant quantité de trésors et de secrets, et son tombeau se trouverait dans le sud-est, pas loin de Malko Tarnovo.

    À l’appui de ses dires, l’Anglais lui précise qu’il y a quelques années, une mission d’exploration scientifique a été envoyée sur les lieux présumés, afin d’y effectuer des relevés à l’aide d’un émetteur sonar, semblable à celui que les sous-marins britanniques utilisent pour communiquer entre eux.

    Le résultat de ces investigations a été classifié Top Secret selon l’homme, qui ajoute – sans révéler comment il a réussi à obtenir l’information – qu’une anomalie de forme parfaitement cubique, a été détectée sur les flancs du mont Gradishté. Vraisemblablement un sarcophage.

    À l’époque, la montée en puissance du régime communiste hermétique incarné par son père a interdit d’aller plus loin. Pour Lyudmila, c’est une occasion de se mettre en valeur et d’attester la lignée majestueuse de la Bulgarie !

    De retour à Sofia, elle fait irruption dans le bureau de son père.

    – Tatko, qu’est-ce que tu sais sur le Mont Gradishté ?

    – C’est le point culminant de notre Strandja, à plus de sept cent mètres, il me semble.

    – Je ne te parle pas de géographie, mais d’histoire, plus précisément de l’Égypte antique !

    – Je ne vois pas le rapport !

    – Arrête ! Je suis au courant de certaines opérations secrètes menées là-bas par les Anglais et je sais aussi que tu les as interrompues.

    – Je t’ai dit de ne jamais discuter avec des inconnus, surtout des Anglais. Le monde occidental est un nid d’espions qui ne veulent que notre fin ! Où était Nasco pendant ton séjour là-bas ?

    Atanase est le commissaire du peuple chargé d’accompagner les hauts fonctionnaires bulgares lorsqu’ils se rendent à l’étranger. Sa mission est d’empêcher les contacts indésirables, les conversations impromptues et les velléités de dissidence.

    – Je vais lui passer un sacré savon.

    Todor Jivkov se lève et va fermer la double porte de. Il éteint également le système d’enregistrement dissimulé dans le pot à drapeaux qui trône sur sa table de travail.

    – Bon, puisque tu es au courant, il est temps que je t’avoue une chose qui commence à me peser. Voilà, je consulte régulièrement une voyante !

    LES TROUBLANTES PROPHÉTIES DE MAMIE VANGA

    Vangélia Sumtcheva – surnommée Mamie Vanga – est consultée par les plus grands responsables soviétiques. Serait-ce parce qu’elle a prédit la date de la mort de Staline, impatiemment attendue par la plupart de ces mêmes personnages ?

    Toujours est-il que sa vocation tardive et sa récupération idéologique par le régime bulgare jettent le trouble sur ce que ses adeptes et adorateurs appellent des prophéties.

    Vanga s’est retrouvée très jeune chargée de famille, malgré la cécité qui l’a atteinte à l’adolescence. Elle a vite développé un talent remarquable pour se procurer les ressources nécessaires à la subsistance des siens.

    Cela dit, elle possède à n’en pas douter un don de voyance. On pourrait dire qu’elle capte les ondes émises par les personnes qu’elle reçoit et y voit non seulement leur vécu, souvent étayé par leurs mots, mais aussi leur avenir, ou plutôt leur soif de réponses pour le futur.

    Ce type de pouvoir ou de faculté est indéniable et prouvé aujourd’hui par la neuroscience : le cerveau est un puissant émetteur-récepteur de toutes sortes d’ondes. Il perçoit et stocke en permanence un flot d’informations et le don évoqué ici serait celui de leur interprétation.

    C’est un don de même nature qui permet à certains d’être plus efficaces que d’autres pour effectuer une recherche sur le web et déceler le vrai du faux, les faits des mauvaises intentions. Le côté obscur de ce don est qu’il est facile de l’utiliser pour manipuler et espionner les gens crédules.

    Très vite, le Parti voit ce qu’il peut tirer de la situation. Il édifie non loin de chez Vanga un Institut de Suggestologie, où la nouvelle salariée de l’État va exercer, tandis que toutes les conversations y sont enregistrées, puis confiées à la police secrète.

    Il n’est pas surprenant alors que certaines prophéties se réalisent… quand elles sont parfois annoncées après les faits et sans que les témoins ou la transcription des échanges ne soient produits.

    L’Occident a ses horoscopes et l’Orient ses oracles. Dans les deux cas, ce sont surtout des exercices de formulation ambigüe, censés contenter tout le monde. C’est sans doute la raison pour laquelle ce type d’outil est prisé par le monde politique !

    Rien de surprenant non plus que Vanga ait fait l’objet d’un véritable culte dans les pays de l’Est, culte matérialisé par l’édification d’une chapelle qui lui a été consacrée de son vivant.

    Mais laissons de côté les aspects mercantiles et tendancieux pour prendre en considération ce que Vanga a dit à propos de ce tombeau égyptien, à quel moment elle l’a dit et ce qui s’est passé ensuite.

    Deux épisodes sont à retenir. Dans le premier, il s’agit d’archéologie :

    « Le temps des miracles viendra et la science fera de grandes avancées sur l’immatériel. Il y aura des découvertes archéologiques majeures qui vont changer notre perception du monde depuis les temps anciens. Tout l’or caché remontera à la surface, mais l’eau y aura déjà disparu. »

    Cette annonce, antérieure à la reprise en gérance de la voyante par le Parti, vise peut-être le réchauffement climatique et la marchandisation de l’eau, mais elle confirme aussi l’existence d’un trésor et d’une révélation historique à découvrir dans le sous-sol, sans préciser ni quoi, ni où. C’est le visa de départ pour les chasseurs de trésors !

    Plusieurs Indiana Jones ayant eu vent de la légende se mettent en route vers la Strandja. L’un d’eux, oublié par la postérité, utilise un parchemin ancien récupéré on ne sait d’où, couvert de signes inconnus. Après deux ou trois ans à parcourir en vain la région, il ne trouve rien de mieux que de montrer son plan au ministre de la Culture, qui en parle au président.

    La seconde annonce est directement liée au tombeau qui aurait été décelé par les Anglais. C’est la réponse de Vanga aux envoyés du gouvernement venus l’interroger :

    « Il y a des milliers d’années, des Égyptiens sont venus dans la Strandja, grands et minces, à la peau foncée et aux cheveux noirs et longs, avec des masques. Il y a le tombeau d’une femme tenant un sceptre fait d’une matière extraterrestre. Il y a des trésors infinis dans la place – or, livres, armes ! »

    – Que voulez-vous dire, Mamie ?

    – Cette déesse égyptienne est revenue dans notre pays pour nous faire part de secrets que des dieux venus d’ailleurs lui ont révélés.

    – Non, mais pour le tombeau et les trésors ?

    – Les Égyptiens portaient également un sarcophage. À l’intérieur, il y a une transcription secrète de l’histoire de l’humanité, écrite il y a des millénaires.

    – Le trésor ?

    – Les choses ont été enterrées à six emplacements par des esclaves qui ont été tués, afin qu’ils ne puissent pas parler. L’endroit est sacré et ne doit pas être dérangé.

    Ce qui ne l’empêche pas de leur décrire avec précision l’un de ces sites, sans qu’elle n’y soit jamais allée. Elle conseille ainsi d’aller sur les flancs du Mont Gradishté près de Malko Tarnovo :

    – Entre le 10 et le 12 avril, allez dans la clairière où se dresse un grand rocher plat. Une fois sur place, attendez que l’apparition du soleil ou de la lune vous montrent où regarder.

    La suite est moins convaincante : trois hommes vont à l’endroit indiqué et rapportent peu après qu’aux premières lueurs de la lune et du soleil, ils ont vu sur le rocher-écran deux personnages majestueux en tenue de l’Égypte ancienne, l’un sur un trône royal et l’autre debout près de lui.

    À n’en pas douter, cette histoire est cousue de fil blanc. Pour en asserter le mystère, les dates sont modifiées au 28 et 29 mars, soit au solstice de printemps. La description des personnages apparus correspond en fait à une illustration exposée au musée de Sofia. Mais malgré tout, il faut faire confiance à Mamie Vanga !

    Le but du gouvernement ? Conférer une dimension mystique à la légende et masquer les réelles intentions du Parti : entreprendre des fouilles afin de s’accaparer les richesses potentielles annoncées par la voyante. Et afin de circonscrire le risque d’échec, interdire les

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1