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Ovnis au Québec: Des observations aux enlèvements extraterrestres : 80 ans d'incidents énigmatiques
Ovnis au Québec: Des observations aux enlèvements extraterrestres : 80 ans d'incidents énigmatiques
Ovnis au Québec: Des observations aux enlèvements extraterrestres : 80 ans d'incidents énigmatiques
Livre électronique362 pages11 heures

Ovnis au Québec: Des observations aux enlèvements extraterrestres : 80 ans d'incidents énigmatiques

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À propos de ce livre électronique

Ovnis : engins extraterrestres, supercheries ou erreurs d’interprétation ?
Pour la première fois au Québec, un ex-adepte d’ufologie brise l’omerta qui règne dans la communauté des ufologues – ces soi-disant chercheurs de vérité.

Depuis les premières «soucoupes volantes» aperçues dans les années 1940, la Belle Province a connu son lot d’incidents insolites, minutieusement répertoriés ici. Or, selon Christian Page, « les ovnis, c’est devenu une business ». L’auteur, qui a milité plus de 20 ans au sein d’associations ufologiques, révèle comment des observations a priori inexplicables ont été déformées ― voire inventées ― pour répondre aux besoins de croyants passionnés. Mettant en lumière divers cas, il expose comment des phénomènes inusités ont été transformés en freak show au profit de manipulateurs sans scrupules.
Si les ovnis existent ― ce dont l’auteur ne doute pas ―, les ufologues préfèrent exploiter leur mythe, un choix beaucoup plus lucratif. Les ovnis sont l’enjeu d’un Watergate spatial, un scandale qui est, en ces pages, brillamment dénoncé.
LangueFrançais
Date de sortie28 oct. 2020
ISBN9782897589790
Ovnis au Québec: Des observations aux enlèvements extraterrestres : 80 ans d'incidents énigmatiques
Auteur

Christian Page

Christian Page, « l’enquêteur du paranormal », s’intéresse aux phénomènes étranges depuis plus de 40 ans. Il a été président fondateur de l’Organisation de compilation et d’information sur les phénomènes étranges (OCIPE), directeur de MUFON-Québec, filiale de la plus importante organisation ufologique au monde, et directeur de SOS OVNI. Il a aussi créé en 2003 Enquête sur les ovnis, la seule série documentaire du genre produite au Québec (Ztélé).

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    Aperçu du livre

    Ovnis au Québec - Christian Page

    Remerciements

    Quelque part, un livre comme celui-ci est une œuvre collective. Des dizaines de personnes y ont contribué par leurs conseils et leurs encouragements. Je ne peux pas les mentionner toutes, mais qu’elles trouvent ici ma gratitude. Je tiens à remercier aussi ceux et celles qui m’ont fait cheminer dans le monde étrange de l’ufologie, en commençant par mon premier guide, Claude MacDuff (1946-2001). Dans ce club sélect, je dois aussi souligner la présence de Marc Leduc, de Barry Greenwood, de Jacques Poulet et de mon ami Chris Rutkowski.

    Merci également à Riccardo Melfi et à Gilles Milot, les sympathiques fondateurs de l’AQU, et à Patrice Seray, dont le livre La face cachée de l’ufologie m’a convaincu de l’utilité de cet exercice d’écriture. Merci à Jacques Scornaux pour sa contribution à la mise en mots de l’explication sociopsychologique et à Donald Cyr pour avoir partagé avec moi ses archives de journaux de la « belle époque » des ovnis au Québec.

    Il y a aussi tous les gens qui, au quotidien, m’encouragent dans mes projets. Je pense à l’équipe fantastique de Guy Saint-Jean Éditeur, mais aussi à mes collègues du 98.5 FM et de Radio X. Enfin, un merci tout spécial à Linda qui, chaque jour, partage sa vie avec un passionné de l’étrange… et un fantôme.

    On peut tromper une partie du peuple tout le temps

    et tout le peuple une partie du temps, mais

    on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps.

    ABRAHAM LINCOLN

    Avant-propos

    Vous tenez dans vos mains le livre qui, à coup sûr, deviendra le plus détesté des ufologues (spécialistes des ovnis) québécois. Au fil des pages, je vais vous dévoiler un côté de ce passe-temps qu’aucun d’entre eux ne voudrait voir étalé sur la place publique : les coulisses d’une communauté de soi-disant chercheurs de vérité qui, à quelques exceptions près, travestissent des faits et en occultent d’autres pour nous faire avaler des couleuvres. Ce livre sera considéré par cette communauté comme un brûlot. Le messager sera mis à mal, et le message, éclipsé. Et pourtant…

    En 1976, lorsque j’ai commencé à m’intéresser aux ovnis – et par ricochet aux phénomènes paranormaux en général –, mon unique motivation était la quête de réponses. Quarante-quatre ans plus tard, en cet été 2020, mes objectifs n’ont pas changé, non plus que ma passion pour ces sujets. Bien sûr, mes réflexions ont mûri. Je ne crois plus que les ovnis sont des véhicules extraterrestres ni que les fantômes sont des manifestations de défunts. Je peux évidemment me tromper, mais les preuves scientifiques colligées au fil des années ne pointent pas dans ces directions. Cela dit, le fait de ne plus croire à ces interprétations infantiles n’explique pas pour autant ces phénomènes. Les gens continuent de rapporter des expériences pour lesquelles la science n’a pas d’explications, et la bonne foi des témoins n’est pas en cause.

    Ma quête de réponses m’a aiguillé vers toutes sortes de pistes. Certaines ont été fructueuses, d’autres se sont révélées des détours stériles, mais le sujet ne m’a jamais déçu. Au contraire ! L’aventure intellectuelle a été fantastique.

    Parce que je croyais aux ovnis, je me suis documenté sur l’astronomie et la conquête de l’espace. J’ai découvert des mondes extraordinaires, des planètes aux multivers, en passant par la recherche de signaux radio d’origine extraterrestre. J’ai même eu le privilège d’échanger avec des astronautes des programmes Mercury, Gemini et Apollo parce que certaines publications laissaient sous-entendre qu’ils avaient peut-être été témoins d’apparitions insolites dans l’espace. Imaginez ma fébrilité en découvrant dans mon courrier une lettre écrite par l’un des 12 hommes à avoir marché sur la Lune ! Si je ne m’étais pas intéressé aux ovnis, je me serais sans doute contenté de regarder l’astre sélénite en écrivant des poèmes.

    Parce que je croyais que les extraterrestres avaient joué un rôle dans la construction de la grande pyramide de Gizeh, en Égypte, ou des lignes de Nazca, au Pérou, je me suis découvert un intérêt pour l’histoire. Des auteurs d’archéologie-fiction, comme Erich von Däniken ou Robert Charroux, m’ont fait rêver. Certes, leurs hypothèses n’étaient que des constructions maladroites, mais les prouesses de ces civilisations antiques ont enflammé mon imagination. Sans ces « réhistoriens », j’ignorerais probablement tout des Mayas et des Incas.

    Parce que j’ai cru au triangle des Bermudes, je me suis familiarisé avec les soubresauts climatiques qui surviennent sous ces latitudes. Les trombes d’eau et les ouragans tropicaux n’ont plus de secrets pour moi. Je n’ai peut-être pas trouvé de vortex spatio-temporels ni de soucoupes volantes « zappant » des avions, mais cette quête m’a fait découvrir des phénomènes naturels insolites que je ne soupçonnais même pas.

    Le paranormal a été la locomotive de mon savoir.

    Si le sujet ne m’a jamais déçu, je ne peux pas en dire autant de la communauté des « artisans ». Beaucoup d’entre eux l’ont récupéré et travesti pour le remodeler à l’image de leurs croyances. Au début, ma naïveté m’avait convaincu de la légitimité de cette démarche, mais les années ont fini par user ma foi… et mon silence.

    CHRISTIAN PAGE

    Saint-Jean-sur-Richelieu, 9 septembre 2020

    LA PETITE HISTOIRE DES OVNIS

    LA GENÈSE

    On considère que l’ère moderne des ovnis a débuté avec la Deuxième Guerre mondiale. Cela ne signifie pas pour autant que les rapports antérieurs étaient inexistants. Au contraire, le ciel a toujours été un sujet de fascination. Les hommes y ont cherché des signes de leur destin et toutes les religions du monde en ont fait le royaume des dieux. Le firmament a été le théâtre des manifestations des chars de feu de Yahvé (Thora) et des sagas guerrières de Brahma (Veda). C’est aussi l’ardoise du divin, qui y affiche ses présages pour la gloire des uns et le malheur des autres. Les cieux ont été la scène d’une quantité incalculable de phénomènes fantastiques et merveilleux. Ces « prodiges » – pour reprendre le terme de l’époque – ont été rapportés dans moult chroniques.

    Le 14 avril 1561, à l’aube, le ciel au-dessus de Nuremberg, en Allemagne, s’est rempli de sphères lumineuses qui se livraient à d’étranges ballets. Au centre se trouvait un objet semblable à la pointe d’une lance. Le phénomène, qui est demeuré visible pendant une heure, a fait l’objet d’une œuvre artistique, gravure aujourd’hui conservée dans les collections de la bibliothèque centrale de Zurich, en Suisse. Avec le recul, certains scientifiques n’y voient qu’un parhélie (sun dog ou faux soleil), alors que, pour d’autres, il s’agit d’une ancienne manifestation d’ovni. Pourquoi pas ? Il est clair que la grande majorité de ces événements étaient des phénomènes naturels rares dont les mécanismes étaient inconnus de nos ancêtres : aurores boréales, météorites, éclipses, etc.

    Illustration du phénomène céleste observé dans le ciel de Nuremberg en 1561.

    Ces dernières années, grâce aux modélisations par ordinateur, de nombreux chercheurs ont essayé de trouver des explications rationnelles à ces merveilles d’autrefois. Un travail difficile. Dans l’Antiquité, au Moyen Âge et à la Renaissance, les hommes écrivaient en fonction de leurs croyances et de leurs connaissances. Ils utilisaient un langage adapté à leur époque. Des phénomènes qui, aujourd’hui, nous semblent anodins – comme les pluies d’étoiles filantes – étaient décrits en ces temps avec une telle emphase qu’il est à présent ardu de trouver une correspondance entre ces « prodiges » et des phénomènes connus. Ovni ou fait naturel ? L’interprétation est souvent une question de point de vue.

    Moins ambiguës – et doublement énigmatiques – sont les vagues de « dirigeables fantômes » et d’« aéroplanes fantômes » rapportées respectivement aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, et au Québec ainsi qu’en Ontario en 1915.

    À l’été de 1896, en effet, des dizaines de personnes ont commencé à rapporter dans le ciel des États-Unis d’étranges machines volantes. Au dire des témoins, il s’agissait de « grands ballons munis de câbles au bout desquels était suspendue une gondole ». Des gens – souvent décrits comme des hommes au teint basané parlant une langue étrangère – auraient été aperçus à l’intérieur de ces nacelles. Ces machines étaient propulsées par des hélices semblables à celles des bateaux, et le bruit de leur moteur était assourdissant. Nous sommes loin ici d’une technologie extraterrestre : des ballons, des gondoles, des moteurs à vapeur et des passagers de type méditerranéen.

    Ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que ces récits ont été rapportés à l’époque même où l’inventeur Alberto Santos-Dumont faisait voler dans le ciel de Paris, en France, une première version d’un dirigeable souple, quelques années avant les dirigeables rigides du comte Ferdinand von Zeppelin. L’une de ces machines se serait écrasée dans la petite localité d’Aurora, au Texas, au matin du 17 avril 1897, détruisant le moulin à vent d’un notable de l’endroit. Le pilote, qualifié de Martien parce qu’il avait en sa possession un calepin rempli de symboles étranges, aurait été inhumé dans le cimetière local. Plusieurs amateurs considèrent aujourd’hui que cette histoire témoigne d’un des premiers – sinon du premier – écrasement d’ovni connu.

    Beaucoup de détectives en herbe se sont intéressés à cette vague de dirigeables fantômes. Pour les amateurs de fantastique, il s’agissait d’engins extraterrestres décrits avec le vocabulaire du XIXe siècle. C’est dur à croire : après tout, les gens de cette époque connaissaient les ballons (montgolfières), les moteurs à vapeur et les hélices de bateau. D’autres ont imaginé des aérostiers clandestins qui auraient construit des appareils et les auraient testés en catimini au-dessus du Texas et de La Louisiane (les principaux lieux d’observation). Malheureusement, il n’existe pas de preuve de l’existence de ces ingénieurs anonymes. Qui plus est, aucun de ces dirigeables – en supposant qu’ils aient existé – n’est ressorti au grand jour. Difficile de penser qu’après plusieurs vols réussis les aérostiers aient caché leur invention dans un hangar en attendant que d’autres ingénieurs (comme Santos-Dumont) en réclament la paternité…

    Pour les sociologues, cette vague d’observations aurait des causes multiples. À l’époque, la presse publiait souvent des canulars montés de toutes pièces. Ces histoires faisaient augmenter les ventes, ce qui constitue une motivation évidente. Pour les informations hors des grands centres, les journaux s’en remettaient souvent à la participation des abonnés par l’intermédiaire d’un courrier des lecteurs. L’acuité et le sérieux des renseignements tenaient uniquement dans la bonne foi de ces reporters d’occasion. Inutile de dire qu’il y avait parmi eux un lot de joyeux farceurs. Non, les fake news n’ont pas attendu Donald Trump ! Par ailleurs, à cette époque, la presse parlait beaucoup des travaux des aérostiers européens. On disait que leurs dirigeables allaient bientôt supplanter les bateaux et les trains. La presse écrite n’était d’ailleurs pas la seule source de cette effervescence : 10 ans avant le début de cette vague, Jules Verne avait publié Robur le conquérant, un roman décrivant les aventures d’un mégalomane cherchant à dominer le monde à bord de l’Albatros, un vaisseau aérien semblable à un grand navire propulsé par des hélices.

    Tous ces éléments de la culture (des fake news aux fictions de Verne) auraient alimenté les récits de dirigeables fantômes. Certains des témoins ont peut-être assisté à des curiosités célestes, mais leurs témoignages auraient été reformatés – plus ou moins consciemment – en fonction des tendances de l’époque. Pourquoi pas ? Une chose est sûre, cette vague d’observations de dirigeables fantômes n’a jamais été expliquée de manière satisfaisante. Vaisseaux véritables ? Hystérie collective ? Les deux ? La même controverse entoure les « avions fantômes » observés en 1915 au Québec et en Ontario.

    L’affaire débute au cours de la soirée du 11 février. Vers 23 h, des gens qui déambulent dans le Vieux-Montréal entendent un vrombissement. En levant les yeux, ils aperçoivent une forme ailée munie d’un puissant projecteur blanc, « comme une lumière de recherche », rapportera un policier témoin de la scène. L’aéroplane fantôme – parce que, pour les témoins, il n’y a aucun doute qu’il s’agit d’un avion – survole longuement le secteur à une altitude estimée à 300 mètres. Il disparaît en s’éloignant vers la Rive-Sud.

    Une demande de renseignement est aussitôt adressée au ministère de la Milice (ancien nom du ministère de la Défense). Il faut se rappeler qu’à cette époque le Canada est officiellement en guerre contre les armées du Kaiser, Guillaume II. À Ottawa, les dirigeants n’ont aucune information concernant la présence d’aéroplanes clandestins. L’affaire est rapportée le lendemain dans un entrefilet du quotidien La Presse. Aujourd’hui, cela peut paraître disproportionné pour un simple survol d’aéroplane, mais en ces temps-là les avions étaient peu répandus. Les vols commerciaux n’existaient pas encore et les rares appareils en circulation n’étaient pas équipés pour voler de nuit. D’où la surprise des témoins.

    Trois jours plus tard, en soirée, une nouvelle rumeur commence à circuler. Trois ou quatre aéroplanes fantômes auraient été aperçus traversant le Saint-Laurent à la hauteur de Morristown, de l’autre côté de la frontière, dans l’État de New York. Les appareils, munis de puissants projecteurs, sont bientôt repérés au-dessus de Brockville, en Ontario. Puis, près du secteur du port, l’un des engins laisse tomber une « boule de feu » – certains parlent d’une bombe – qui disparaît dans les eaux du fleuve. Dans l’obscurité, les témoins ne peuvent discerner les contours des appareils, mais leurs projecteurs sont très visibles. À un moment donné, l’un des aéronefs serait descendu jusqu’à une altitude de 15 mètres. Une femme aurait été si surprise qu’elle aurait eu une violente crise de nerfs.

    Les aéroplanes mystérieux mettent ensuite le cap au nord, en direction d’Ottawa. À l’hôtel de ville de Brockville, où se tient une réunion d’urgence, on réagit promptement. Le chef de la police joint le lieutenant-colonel Arthur Percy Sherwood, commissaire de la police du Dominion et responsable de la sécurité de la capitale. Il l’informe que des aéroplanes fantômes – et peut-être hostiles – sont apparemment en route pour Ottawa.

    De son côté, le maire contacte personnellement le premier ministre Robert Laird Borden. Les autorités ne tergiversent pas : on éteint toutes les lumières du parlement et de Rideau Hall, une première dans l’histoire du Canada. Cependant, contre toute attente, les aéroplanes fantômes n’arrivent jamais au-dessus de la capitale. Ils semblent s’être volatilisés. Des témoins diront les avoir aperçus au-dessus de Guelph, au sud-ouest de Toronto. D’autres prétendront les avoir vus faire demi-tour pour retourner vers les États-Unis.

    Dans les jours qui suivent, les autorités tentent de découvrir la nature de ces mystérieux aéroplanes. Un résidant de Morristown déclare à la presse locale que, dans la soirée du 14 février, il a envoyé en l’air trois ballons équipés de feux d’artifice. Ceux-ci, portés par les vents, auraient pris la direction du Canada. Le lendemain, en après-midi, des pièces pyrotechniques ont d’ailleurs été découvertes dans le secteur de l’asile de Brockville, près du port. Est-ce possible ? Toute cette agitation pourrait-elle n’avoir pour origine que de simples feux d’artifice ? Et si cette explication paraît vraisemblable pour les aéroplanes mystérieux de Brockville, d’où venait celui observé trois jours plus tôt à Montréal ? Cette hypothèse n’a pas convaincu tout le monde.

    FOO FIGHTERS ET FUSÉES FANTÔMES

    Dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, des pilotes des forces alliées observent au-dessus de l’Europe des sphères lumineuses qu’ils associent de facto à une nouvelle arme allemande. Ils les baptisent Kraut fireballs ( « boules de feu des Boches » ) ou foo fighters (« chasseurs fantômes »). Les militaires britanniques et américains ignorent à ce moment-là que les pilotes de la Luftwaffe ont eux aussi observé ces objets, qu’ils croient être des dispositifs alliés. Même chose pour les aviateurs combattant les armées japonaises dans le Sud-Est asiatique. La presse s’empare de ces histoires et raconte avec moult détails ces rencontres incroyables.

    DES SPHÈRES FLOTTANTES, LA NOUVELLE ARME AÉRIENNE DES NAZIS

    Une nouvelle arme allemande aurait fait son apparition dans le ciel du front de l’Ouest. C’est ce qui a été révélé aujourd’hui.

    Des pilotes de l’armée de l’air racontent qu’ils ont observé des sphères argentées dans le ciel au-dessus de l’Allemagne. Ces sphères apparaissent seules ou en groupe. Parfois, elles sont semi-transparentes.

    The New York Times, 14 décembre 1944

    Des rapports sont envoyés au ministère de l’Air de l’armée britannique et au bureau du renseignement de l’armée de l’air américaine. Rapidement, les experts écartent l’hypothèse de l’arme allemande. Certes, les forces du Reich ont un pas d’avance sur les Alliés avec leurs bombes volantes V1 et V2, mais ces sphères lumineuses n’ont pas de comportements hostiles. Les scientifiques consultés croient plutôt à une manifestation naturelle. L’air, sur la carlingue des avions, produirait de l’électricité statique formant ces sphères lumineuses, un phénomène connu depuis longtemps sous le nom de « feu de Saint-Elme ». Cependant, s’il s’agit d’un fait naturel, pourquoi s’est-il produit exactement à ce moment-là, et ni avant ni après ?

    En 1946, les foo fighters sont chose du passé. Ils ont disparu aussi soudainement qu’ils étaient apparus. L’heure est plutôt aux fusées fantômes. Ces curieux projectiles envahissent le ciel des pays scandinaves sans que personne sache d’où ils viennent. Les témoins parlent d’objets de forme cylindrique qui traversent le ciel en laissant de courtes traînées de condensation. Ils surgissent à toute heure du jour, sans destination précise.

    TOUJOURS LES FUSÉES FANTÔMES

    À Helsingor, au nord de Copenhague, on a observé durant la nuit deux « fusées fantômes » au-dessus de la mer, allant en direction du nord, entre le Danemark et la Suède. Les témoins déclarent que ces projectiles ressemblaient à des avions sans ailes et avançaient à la vitesse d’un aéroplane. Ils étaient suivis d’un panache de fumée noire. Ces projectiles n’étaient qu’à une faible hauteur.

    La Presse, 19 août 1946

    L’une des rares photos d’une « fusée fantôme » rapportée au-dessus de la Suède, en 1946.

    Quelques témoins affirment avoir vu plusieurs de ces fusées s’écraser, mais les débris récupérés restent difficiles à identifier ou sont frappés du sceau de la confidentialité. La rumeur soupçonne les Soviétiques de faire des tests sur des versions améliorées de fusées V2, récupérées en Allemagne au lendemain de la chute du Reich. Le Kremlin rejette ces accusations (l’histoire démontrera d’ailleurs qu’à cette époque l’Armée rouge n’avait pas les moyens technologiques requis pour créer de tels engins).

    De son côté, l’armée suédoise ouvre une enquête sur les fusées fantômes. Le 23 décembre, elle publie son rapport définitif. En substance, elle explique que plus de 50% des observations ne font référence qu’à des phénomènes lumineux, alors que les autres évoquent clairement des objets semblables à des fusées avec ou sans ailes. L’armée déclare que tous les « écrasements » rapportés dans le pays (une trentaine) ont fait l’objet d’une enquête menée par l’Institut de recherche sur la défense et qu’il a été impossible de déterminer si les fragments provenaient bel et bien de l’un de ces projectiles. Pour la majeure partie, il semblait plutôt s’agir de débris issus d’autres sources. Le rapport conclut comme suit :

    « Malgré des recherches intensives menées avec tous les moyens disponibles, il n’existe aucune preuve que des essais de projectiles balistiques ont été faits au-dessus de la Suède. Le comité est donc forcé d’admettre que cette enquête n’est pas concluante et qu’il serait inutile de poursuivre ses activités avec les ressources actuelles. Même si la plupart de ces rapports font référence à des phénomènes célestes, le comité ne peut pas écarter la possibilité que certains de ces événements aient été purement imaginaires. »

    La table est mise pour la prochaine étape…

    LES SOUCOUPES VOLANTES ARRIVENT !

    Au début de l’été 1947, des engins mystérieux sont observés aux États-Unis. Le 24 juin, en après-midi, un pilote civil, Kenneth Arnold, observe au-dessus du mont Rainier, dans l’État de Washington, neuf objets qui volent en « V ». Au début, le pilote pense à des cerfs-volants, mais, en y regardant de plus près, il constate qu’ils ressemblent plutôt à des croissants dotés d’un centre plus sombre. Il estime qu’ils évoluent à une trentaine de kilomètres de son avion, que chacun fait près de 20 mètres de diamètre et qu’ils se déplacent à une vitesse de 2700 km/h, une vitesse inimaginable pour l’époque. Le mur du son, qui se situe à 1200 km/h, ne sera en effet franchi qu’en octobre 1947. Pour Kenneth Arnold, ces engins ne peuvent pas être de fabrication américaine.

    Le lendemain, de passage à Pendleton, dans l’Oregon, l’homme se confie à l’East Oregonian, un journal local. Il insiste particulièrement sur les mouvements inhabituels de ces objets. « Ils se déplaçaient comme des soucoupes que l’on aurait fait ricocher sur l’eau », dit-il. Même si le pilote utilise cette comparaison pour décrire le mouvement des objets et non leur forme, le journaliste William Bequette ne s’arrête pas à ce détail et publie un article affirmant qu’on a vu des « soucoupes volantes ». L’expression est lâchée et va faire le tour du monde. Du jour au lendemain, des milliers de gens assistent à l’arrivée des soucoupes volantes.

    Le 27 juin, trois jours après l’observation de Kenneth Arnold, deux Montréalais de l’arrondissement de Pierrefonds sont témoins du passage d’un objet lumineux qui se déplace à grande vitesse en direction du nord. Ce n’est qu’en lisant les journaux, le lendemain matin, qu’ils associent leur observation aux mystérieuses soucoupes volantes que l’on rapporte depuis quelques jours.

    Le 30 juin, Hector Moquin, son épouse et un ami du couple, Jean Locas, sont réunis sur un balcon, rue Darlington, à Montréal. Soudain, leur attention est attirée par un objet brillant au-dessus de l’oratoire Saint-Joseph. Le bolide se déplace à grande vitesse vers Dorval. Il est trop brillant pour que les témoins puissent y discerner le moindre détail. Ceux-ci, qui n’ont pas encore entendu parler des soucoupes volantes, songent d’abord à une comète. L’objet se déplace trop lentement pour être une étoile filante, mais beaucoup trop vite pour être un avion. Une comète ? Peut-être… Une soucoupe volante ? Pourquoi pas ?

    Reconstitution des « croissants volants » observés par Kenneth Arnold, le 24 juin 1947.

    L’UNE DES « SOUCOUPES VOLANTES » AURAIT ÉTÉ APERÇUE À SHERBROOKE

    C’est aujourd’hui un sport national, ou presque, que de scruter les cieux afin d’y surveiller l’apparition des mystérieuses « soucoupes volantes », et d’un océan à l’autre, au Canada comme aux États-Unis, on rapporte avoir vu de tout, depuis des rondelles de métal jusqu’à des boules de feu, dans le firmament.

    Des centaines et des centaines de personnes ont vu ces disques volants qui semblent, depuis quelque temps, survoler l’est du Canada avec insistance. Les premiers rapports, reçus de Sherbrooke, dans la province de Québec, jeudi dernier, obtiennent une certaine confirmation du fait qu’un fermier de l’Île-du-Prince-Édouard prétend avoir aperçu, également, jeudi dernier, l’une de ces « soucoupes volantes ».

    La Patrie, 7 juillet 1947

    Le 8 juillet, vers 18 h, une trentaine de promeneurs qui se trouvent près du parc La Fontaine, rue Sherbrooke, à Montréal, assistent à un spectacle insolite. Très haut dans le ciel – à une altitude estimée de 6000 mètres –, deux « soucoupes » évoluent de concert. Les objets, de couleur sombre, sont l’un au-dessus de l’autre et se déplacent lentement en augmentant et en diminuant l’espace les séparant. Avec ses mains, l’un des témoins évalue leur diamètre à 30 centimètres depuis l’endroit où il se trouve, ce qui laisse supposer des objets d’une taille considérable. L’observation dure une trentaine de minutes.

    Le 10 juillet, une soucoupe volante est observée au-dessus de la Pointe-du-Lac, près de Trois-Rivières. Là encore, la chose est décrite comme une grosse étoile brillante. Un autre témoin, qui se trouvait à quelques kilomètres de là, ajoute avoir suivi le déplacement de l’objet à l’aide d’une lunette d’approche, mais que celui-ci était trop lumineux pour y discerner des détails.

    Le 11 juillet, un couple de Montréal rapporte avoir assisté au passage d’un disque volant. La veille, aux alentours de 20 h 15, Eddy Lasnier et son épouse ont observé un objet circulaire « aussi grand que la Lune » qui traversait le ciel. Il se déplaçait de l’est vers l’ouest à une altitude estimée de 15 000 mètres, à la même vitesse que les avions commerciaux. Les témoins ont pu le suivre du regard pendant de longues minutes, jusqu’à ce qu’il disparaisse dans les nuages.

    LES ANNÉES 1950

    Cette décennie marque le début de l’âge d’or des soucoupes volantes (un engouement populaire qui va perdurer 20 ans). Le sujet, très marginalisé quelques années plus tôt, est alors considéré avec beaucoup plus de sérieux. Cette « crédibilité » est d’autant plus justifiée que l’armée de l’air américaine a annoncé qu’elle enquêtait officiellement sur ces curieuses apparitions (voir « Les ovnis et le gouvernement »). Dans la foulée, le cinéma – et plus tard la télévision – récupère le sujet et l’adapte selon des scénarios plus ou moins fantaisistes. Le 1er janvier 1951 sort sur les écrans l’un des chefs-d’œuvre de la science-fiction, Le jour où la Terre s’arrêta

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