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Profession criminologue
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Livre électronique67 pages55 minutes

Profession criminologue

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À propos de ce livre électronique

Dans l’imaginaire collectif, le criminologue est un être étrange qui pourchasse des tueurs en série. Bien que cette représentation ne soit pas totalement erronée, elle ne constitue pas l’essence du travail du criminologue. En fait, ce professionnel peut être impliqué dans chacune des étapes du système de justice, à savoir : 1) le support aux enquêtes ; 2) le traitement des criminels violents ; 3) l’évaluation des risques de récidive; 4) le suivi de criminels lors de leur réinsertion sociale ; 5) le support aux victimes d’actes criminels. L’auteur met en lumière les activités d’un criminologue impliqué dans la protection du public, mais respectant également les droits des criminels.
Jean Proulx est professeur titulaire à l’École de criminologie de l’Université de Montréal, dont il est l’actuel directeur.
LangueFrançais
Date de sortie1 juin 2011
ISBN9782760625679
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    Aperçu du livre

    Profession criminologue - Jean Proulx

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    Introduction

    Dans l’imaginaire collectif, le criminologue est un « profileur » qui poursuit des tueurs en série. Mythe ou réalité ? Il est vrai que certains criminologues, œuvrant au sein d’une organisation policière, peuvent établir des profils comportementaux et de personnalité afin d’aider des enquêteurs à élucider des meurtres, notamment lorsqu’il s’agit de meurtres à caractère sexuel. Cependant, cette tâche spécifique n’est que très occasionnelle, même au sein des organisations policières, en raison de la rareté de ce type de crimes. En effet, on compte environ 23 meurtres sexuels par année au Canada. Ceux-ci ne constituent qu’environ 4% du total des homicides commis au cours de cette période. De surcroît, les meurtriers sexuels en série ne représentent qu’une faible proportion des meurtriers sexuels. Ces statistiques nous confrontent à un autre mythe, soit celui d’une épidémie de meurtriers sexuels en série. En fait, la seule épidémie avérée est celle d’articles de journaux, de films et de séries télévisées sur les tueurs en série.

    Une fois établi que le criminologue est rarement un « profileur » qui traque des tueurs en série, on peut néanmoins s’interroger sur les sources de cette fascination pour ce métier. Tout d’abord, il y a certainement les efforts déployés pour comprendre, pour élucider les mystères entourant ce monstre qu’est l’auteur de crimes à première vue incompréhensibles. Quelle est la personnalité de ce criminel ? Est-ce une personne timide, angoissée, inhibée, pour qui le meurtre sexuel est la seule manière d’exercer un pouvoir sur une autre personne ? Au contraire, est-ce un être égocentrique et extraverti qui consomme de manière abusive alcool et drogue et utilise la violence, même meurtrière, pour assouvir ses désirs sexuels ? Au-delà de la personnalité du meurtrier, quelle est son histoire ? Provient-il d’un milieu familial violent ? A-t-il de nombreux antécédents de crimes ? En bref, le « profileur » tente de comprendre les facteurs de personnalité, développementaux et situationnels qui expliquent ses crimes. Ces tâches, nous le verrons tout au long de cet ouvrage, se situent au cœur de l’activité professionnelle du criminologue, qu’il soit clinicien, analyste ou chercheur, et ce, peu importe le type de crimes analysés. On pourrait même soutenir que le criminologue « profileur » n’est qu’un utilisateur des théories et des modèles élaborés par les criminologues chercheurs et les criminologues cliniciens. En effet, c’est à la lumière de leurs travaux qu’il conçoit sa compréhension des facteurs et des processus qui ont culminé en un meurtre sexuel. Par-delà le défi intellectuel, une autre raison qui explique la fascination pour le métier de « profileur » est le danger potentiel lié au fait de côtoyer un meurtrier sexuel. D’emblée, il faut souligner que le criminologue « profileur » n’est pas un policier. Son rôle se limite à l’étude de la scène de crime et à l’élaboration d’un profil psychologique et comportemental du meurtrier. Aussi, dans certains cas, il peut suggérer des stratégies d’intervention aux policiers qui tentent sans succès de soutirer des aveux à un suspect. De nouveau, la fiction médiatique présente une image erronée des dangers auxquels sont confrontés les criminologues « profileurs ». Mais qu’en est-il des criminologues cliniciens, ceux dont le rôle est d’évaluer et d’aider des criminels impliqués dans une démarche de réinsertion sociale ?

    Pour la majorité des criminologues cliniciens, la pratique professionnelle implique un contact direct avec des criminels. Bien sûr, très peu d’entre eux sont des meurtriers sexuels. Toutefois, le parcours de bon nombre de ces infracteurs inclut des crimes violents (par exemple : agression sexuelle, violence conjugale, vol à main armée) et des crimes de moindre gravité, tels des fraudes ou des vols d’automobiles. De plus, sur le plan psychologique, dans une large proportion, ces criminels se distinguent par leur hostilité, leur impulsivité et leur recherche d’un pouvoir absolu sur autrui, ainsi que par un rejet de toutes normes ou contraintes, qu’elles soient légales, sociales ou liées au cadre thérapeutique. En conséquence, on peut aisément concevoir que la proximité physique et psychologique entre le criminel et le criminologue clinicien comporte certains risques pour ce dernier.

    Quelle est la nature des dangers auxquels sont confrontés les criminologues cliniciens dans leurs tâches quotidiennes ? Tout d’abord, il y a le risque d’être victime de violence physique de la part d’un criminel sous sa supervision. Toutefois, cette violence est relativement rare. Personnellement, en 23 ans de pratique clinique, je n’ai été frappé qu’une seule fois. En fait, c’est la violence psychologique qui prédomine dans le répertoire des dangers qui pèsent sur le criminologue clinicien. Celle-ci peut prendre différentes formes et inclut la menace de coups, les insultes, les sarcasmes, mais surtout une profonde méfiance teintée d’hostilité, laquelle constitue la trame émotionnelle centrale du criminel dans son rapport au criminologue. Cette méfiance se dissimule parfois sous les traits d’une pseudo-coopération dont les finalités sont purement

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