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Le SAVOIR AUTOCHTONE DANS TOUS SES ETATS: Regards sur la pratique singulière des intervenants sociaux innus d'Uashat mak Mani-Utenam
Le SAVOIR AUTOCHTONE DANS TOUS SES ETATS: Regards sur la pratique singulière des intervenants sociaux innus d'Uashat mak Mani-Utenam
Le SAVOIR AUTOCHTONE DANS TOUS SES ETATS: Regards sur la pratique singulière des intervenants sociaux innus d'Uashat mak Mani-Utenam
Livre électronique258 pages3 heures

Le SAVOIR AUTOCHTONE DANS TOUS SES ETATS: Regards sur la pratique singulière des intervenants sociaux innus d'Uashat mak Mani-Utenam

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Le présent ouvrage propose une réflexion sur les formes contemporaines d’intervention sociale par des Autochtones dans un milieu autochtone. Grâce à l’exploration de sept récits de pratique recueillis auprès d’inter­­venants sociaux innus de la communauté d’Uashat mak Mani-Utenam, sur la Côte-Nord, l’auteure jette un éclairage singulier sur le sens, la nature et la portée des modes d’intervention des intervenants sociaux de la nation innue.

Loin d’être le simple reflet de la pratique du travail social conven­tion­nel et sans pour autant être enfermée dans la tradition, la pratique des intervenants innus est plutôt le résultat de choix réflexifs et pragmatiques basés principalement sur des connaissances tacites et des valeurs innues. Ainsi, les intervenants innus aménagent au quotidien des modes d’intervention compatibles avec leur désir de perpétuer et de promouvoir la langue, la culture et la fierté d’être innu.
LangueFrançais
Date de sortie22 mars 2017
ISBN9782760546493
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    Aperçu du livre

    Le SAVOIR AUTOCHTONE DANS TOUS SES ETATS - Christiane Guay

    Développée en partenariat avec la Société Recherches amérindiennes au Québec, la collection « Peuples autochtones et enjeux contemporains » a pour objectif de contribuer à la connaissance des cultures et des réalités des peuples autochtones du Québec, du Canada et plus globalement, des Amériques. Ouverte aux chercheurs de toutes les disciplines, elle valorise un regard actuel sur les continuités et les transformations des savoirs et des traditions autochtones. À travers des monographies ou des ouvrages collectifs, spécialisés ou didactiques, cette collection propose de mieux comprendre la situation des sociétés autochtones dans le monde contemporain. Elle s’adresse aux spécialistes, aux professeurs, aux étudiants mais aussi au grand public.

    Comité de lecture

    ›   Marie-Pierre Bousquet

    ›   Éric Chalifoux

    ›   Laurent Jérôme

    ›   Pierre Trudel

    Le savoir autochtone

    dans tous ses états

    Regards sur la pratique singulière des intervenants sociaux innus d’Uashat mak Mani-Utenam

    Christiane Guay

    Presses de l’Université du Québec

    Le Delta I, 2875, boulevard Laurier, bureau 450, Québec (Québec) G1V 2M2

    Révision

    Karine Morneau

    Correction d’épreuves

    Aude Tousignant

    Mise en pages et adaptation numérique

    Studio C1C4

    Image de couverture

    iStock

    ISBN 978-2-76054-644-8

    ISBN PDF 978-2-76054-648-6

    ISBN EPUB 978-2-76054-649-3

    Dépôt légal : 1er trimestre 2017

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque et Archives Canada

    © 2017 – Presses de l’Université du Québec

    Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés

    À Catherine et Magali

    Avant-propos

    L’ouvrage présenté ici se fonde sur des données et des récits de pratique collectés durant ma recherche doctorale, intitulée La rencontre des savoirs à Uashat mak Mani-Utenam : regards des intervenants sociaux innus sur leur pratique. L’objet de cette recherche était de décrire et de comprendre comment un groupe d’intervenants sociaux innus en arrivait à mettre en œuvre et à affirmer une pratique d’intervention sociale à la fois unique et originale, et compatible avec leurs valeurs et leurs traditions. Cette thèse proposait une réflexion sur les formes contemporaines que prend la pratique de l’intervention sociale lorsque cette dernière est portée par des Autochtones dans un milieu autochtone. Loin d’être le simple reflet de la pratique du travail social classique, et sans pour autant être enfermée dans la tradition, la pratique des intervenants innus est plutôt le résultat de choix réflexifs et pragmatiques basés principalement sur des connaissances tacites et des valeurs innues. Ainsi, les intervenants innus aménagent au quotidien des modes d’intervention compatibles avec leur désir de perpétuer et de promouvoir la langue, la culture et la fierté innues.

    Bien que l’ouvrage dont il est question ici ne soit pas une reproduction intégrale de ma thèse, il n’en reste pas moins que, sans cette recherche doctorale, celui-ci n’aurait pu voir le jour. C’est pourquoi je tiens à remercier tous ceux et celles qui m’ont accompagnée et soutenue ou qui ont contribué, d’une manière ou d’une autre, au développement de ma recherche.

    Je souhaite remercier chaleureusement tous les intervenants sociaux et les membres de la communauté d’Uashat mak Mani-Utenam qui m’ont accueillie et qui ont accepté d’une manière ou d’une autre de contribuer à la réalisation de cette recherche. Je pense tout particulièrement à Nadine, Denis, Marius, Mario, Marie-Andrée, Jean-Claude et Jade, qui ont bien voulu m’accorder quelques heures de leur temps pour me faire partager un pan important de leur vie et pour réviser les versions préliminaires des récits de pratique que j’avais rédigés et qui ont servi de matériau de base pour la recherche. Je pense aussi à la contribution de Michel Deschênes et à celle de Ken Rock et de sa famille, lesquels ont facilité l’organisation de mes séjours à Uashat mak Mani-Utenam.

    Je tiens aussi à remercier mon directeur de thèse, Thibault Martin, qui m’a entre autres permis de maîtriser le langage sociologique et de poser un regard nouveau sur ma propre discipline. Je souhaite aussi remercier tous les organismes qui m’ont accordé un soutien financier : la Fondation de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), Crises-UQO, les fonds de perfectionnement des personnes chargées de cours de l’UQO ainsi que l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec (OTSTCFQ).

    Enfin, et surtout, je désire remercier Sébastien Grammond, mon conjoint, pour son soutien et sa confiance pendant toutes ces années d’études et de recherches doctorales. Sa présence rassurante dans les moments de doute, ses lectures répétées des versions préliminaires de ma thèse et du présent ouvrage ainsi que ses commentaires pertinents ont grandement facilité leur rédaction. Les mots ne sont pas assez forts pour exprimer toute la reconnaissance que j’éprouve pour celui qui, dès le départ, m’a encouragée et soutenue dans la réalisation de ce rêve un peu fou.

    Mes remerciements ne sauraient être complets si je passais sous silence les concessions qu’ont dû faire mes filles, Catherine et Magali, tout au long de ces années. Elles ont toléré bien des choses, y compris de nombreuses discussions à saveur épistémologique à l’heure du souper. Pour tous les compromis qu’elles ont accepté, je les remercie du fond du cœur. Enfin, je remercie tous les lecteurs anonymes.

    Liste des abréviations

    Introduction

    Les peuples autochtones sont l’une des composantes les plus marginalisées de la population canadienne. Bien que le Canada se présente comme un pays qui possède un excellent niveau de vie, il est régulièrement critiqué par les Nations Unies en raison du traitement qu’il réserve aux peuples autochtones. Cette situation tire son origine de politiques adoptées au XIXe siècle, qui visaient à priver les Autochtones de leurs terres et, à long terme, à les assimiler au reste de la population canadienne. Toutefois, la relation entre les Autochtones et le Canada n’a pas été basée exclusivement sur des rapports de domination. En effet, les relations entre les Premières Nations et les colonisateurs ont initialement été conçues comme des relations égalitaires. Dans les faits, les Autochtones ont pendant longtemps été considérés, du moins dans le discours officiel, comme des alliés « avec lesquels on traite plus ou moins sur un pied d’égalité » (Grammond, 2003, p. 32). Cela dit, du milieu du XIXe siècle au tournant des années 1960, les Autochtones du Canada ont été l’objet de politiques assimilatrices. L’un des instruments les plus sordides de cette politique a été la mise sur pied de pensionnats pour les enfants autochtones (Commission de vérité et réconciliation du Canada [CVR], 2015). Les communautés autochtones ressentent encore aujourd’hui les séquelles de cette politique, et ces dernières expliquent en grande partie les nombreux problèmes sociaux actuels auxquels font face les membres des Premières Nations.

    Aujourd’hui, on semble assister au retour du balancier. En effet, la période actuelle est marquée par une volonté politique assez récente de dépasser la dynamique de l’oppression et de l’assimilation. Dans les faits, l’époque actuelle se distingue entre autres par la quête de l’autonomie gouvernementale qu’ont amorcée les Autochtones du Canada. Or, l’une des manières par lesquelles les peuples autochtones cherchent à affirmer leur autonomie et leur pouvoir est la valorisation et la reconnaissance de leur savoir¹.

    Dans le champ du travail social, cette question fait l’objet d’une littérature de plus en plus importante et se traduit par différentes stratégies d’institutionnalisation du savoir autochtone. La première, qui est aussi la plus importante, est la stratégie de la coexistence. On constatera que celle-ci participe de ce que nous appellerons la perspective « scientifique de décolonisation » : elle vise à décrire et à conceptualiser le savoir autochtone en tant que système d’idées totalement indépendant du savoir occidental. La deuxième, soit la stratégie de la coconstruction, s’inscrit dans une perspective praxéologique et cherche plutôt à promouvoir l’interdisciplinarité et le partenariat démocratique entre Autochtones et non-Autochtones afin d’imaginer collectivement de nouvelles approches d’intervention sociale. Il n’en reste pas moins que, quelle que soit la perspective théorique retenue, la plupart de ces auteurs sont motivés par l’idée selon laquelle les modes de gestion du social fondés sur des traditions et des croyances culturelles sont les plus efficaces pour faire face aux problèmes de plus en plus complexes des Premières Nations.

    Quant à nous, nous avons choisi de nous intéresser au travail concret des intervenants sociaux autochtones sur le terrain. Quels rapports ces intervenants entretiennent-ils avec les savoirs autochtone et occidental ainsi qu’avec les modes d’intervention qui en découlent ? Comment organisent-ils leur pratique quotidienne ? Y a-t-il convergence entre le discours des praticiens et celui des chercheurs ? En somme, nous avons fait le choix d’aborder la question de la reconnaissance du savoir autochtone à partir du milieu de la pratique et du point de vue de ceux et celles qui baignent quotidiennement dans cette réalité. Les intervenants sociaux autochtones sont des acteurs de premier plan et des témoins privilégiés des transformations sociales qui sont en cours au sein des sociétés autochtones. Pourtant, peu d’études se sont intéressées à leur point de vue ou au sens que revêt pour eux la pratique de l’intervention sociale. Si les deux stratégies d’institutionnalisation du savoir autochtone dont nous avons fait état plus haut ont le mérite de créer des ponts entre le savoir scientifique et le savoir autochtone, nous observons cependant qu’elles présentent certaines limites, notamment une tendance à occulter les processus d’affirmation d’une pratique de travail social unique et originale, tels qu’amorcés par les travailleurs sociaux autochtones. C’est pourquoi l’étude du sens et de la portée des modes d’intervention par l’intermédiaire de la parole d’intervenants sociaux innus se situe au centre du présent ouvrage.

    L’organisation de l’ouvrage

    Dans cet ouvrage, nous avons tenté d’illustrer, mais aussi d’étudier et de décrire des pratiques existantes, c’est-à-dire de prendre le pouls des Autochtones et de leur demander ce qu’ils font, de leur point de vue à eux et non du nôtre. Les questions de recherche initiales ont été pensées de manière non seulement à nous permettre de mieux comprendre la nature et la portée des modes d’intervention des intervenants sociaux de la nation innue, mais aussi à faire ressortir à quel point les différentes expériences de vie, personnelle et professionnelle, ont influé et continuent d’influer sur la pratique professionnelle de ces intervenants.

    L’approche biographique est la méthodologie que nous avons retenue. En optant pour des récits de pratique, nous avons invité sept intervenants sociaux innus à centrer leur narration sur leur pratique d’intervention sociale. Cette façon de faire ouvre la porte à une analyse fine et approfondie de la manière dont la pratique d’intervention est vécue et comprise par les praticiens autochtones. Nos principales questions de recherche visaient à 1) nommer les sources de connaissances auxquelles font appel les intervenants innus ainsi que le rapport qu’ils entretiennent avec celles-ci ; 2) définir les caractéristiques qui décrivent le mieux leurs modes d’intervention et expliquer en quoi elles sont uniques et originales ; 3) expliquer en quoi le récit des intervenants innus peut être porteur d’enseignements pour d’autres intervenants qui œuvrent en contexte autochtone.

    Le présent ouvrage s’articule autour de l’idée selon laquelle les intervenants sociaux innus réussissent à affirmer et à aménager une pratique d’intervention sociale singulière et culturellement enracinée parce qu’ils ont accepté de tirer parti des différentes sources de connaissances et d’influence disponibles. Toutefois, leurs choix sont d’abord guidés par des valeurs innues fondamentales et par un ensemble de connaissances tacites, ce qui permet à leur pratique d’intervention sociale d’être un moteur de changement et d’affirmation identitaire.

    Ce livre est divisé en trois chapitres. Le premier chapitre tente de brosser, à grands traits, les effets des politiques assimilatrices (soit la politique des pensionnats et le sixties’ scoop) ainsi que du travail social classique sur les peuples autochtones. Il tente également d’identifier les pistes mises de l’avant par la profession afin de mieux répondre aux besoins et à la réalité des Autochtones. Le deuxième chapitre porte sur les différentes avenues possibles pour la reconnaissance du savoir autochtone dans le domaine du travail social. Nous présentons d’abord le point de vue des auteurs qui se sont intéressés à cette question. Entre autres, il s’agit d’établir les principales stratégies d’institutionnalisation du savoir autochtone et de faire ressortir la posture épistémologique à laquelle les différents auteurs adhèrent lorsqu’ils adoptent l’une ou l’autre des stratégies. La finalité, les fondements et les différentes approches d’intervention relatives à chacune de ces stratégies y sont définis, ainsi que les questions suscitées par leur application dans un contexte autochtone. Nous terminons ce chapitre en présentant la démarche que nous avons préconisée dans le cadre de notre étude et en situant les perspectives épistémologique, théorique et méthodologique sur lesquelles se fonde notre propre démarche de reconnaissance du savoir et des modes d’intervention sociale des Innus. Le chapitre trois est consacré à l’analyse du discours des intervenants innus à propos de leur pratique. Dans ce dernier chapitre, nous situons les limites du contexte organisationnel dans lequel cette pratique se situe. Nous expliquons comment les intervenants, en tirant profit des différentes sources de connaissances, en arrivent à mettre en œuvre une pratique de travail social culturellement enracinée. Enfin, nous décrivons les principales caractéristiques qui fondent la pratique de l’intervention sociale chez les intervenants innus.

    La communauté et les services sociaux d’Uashat mak Mani-Utenam

    Avant toute chose, nous tenterons de tracer un profil socioéconomique du groupe autochtone auquel appartiennent les intervenants sociaux qui ont participé à notre étude, soit la communauté d’Uashat mak Mani-Utenam. Nous présenterons ensuite un portrait succinct des services sociaux Uauitshitun, l’organisme pour lequel travaillent les intervenants qui ont participé à cette étude.

    Les Innus appartiennent à la famille linguistique algonquienne et habitent la région située juste au nord du fleuve Saint-Laurent et à l’est de la rivière Saguenay, considérée comme la zone de la forêt boréale du Bouclier canadien. À l’arrivée des Européens, le mode de vie des Innus était modelé sur le cycle des saisons et reposait sur la chasse et la cueillette.

    La communauté innue d’Uashat mak Mani-Utenam est l’une des 11 communautés de la nation innue installées dans la partie nord-est de la péninsule Québec–Labrador. À l’origine, des familles rattachées à la rivière Sainte-Marguerite venaient chaque été se rassembler dans la baie de Sept-Îles. Par la suite, après la construction d’une petite chapelle par les oblats, en 1850, elles ont commencé à se rassembler autour de celle-ci et à y prolonger leurs séjours. C’est en 1906 que sera officiellement créée la réserve. Toutefois, sa création entraîna plusieurs débats houleux, notamment parce que la réserve se situait sur un territoire propice au développement de la ville de Sept-Îles, devenue avec le temps une ville importante de la région². Il nous est impossible de relater ici cette laborieuse histoire, au cours de laquelle la cohabitation avec les résidents de Sept-Îles n’a pas été facile – celle-ci soulève toujours des difficultés aujourd’hui. Mentionnons toutefois que le gouvernement fédéral tenta vainement, pendant plusieurs années, de déplacer les Innus, entre autres vers un site situé à 16 kilomètres à l’est de Sept-Îles et sur lequel a été créée, en 1949, la réserve de Mani-Utenam. À l’époque, le gouvernement pensait y regrouper tous les Innus de la région, c’est-à-dire ceux d’Uashat et ceux de la rivière Moisie³. Si les Innus de la rivière Moisie ont accepté de s’installer dans la nouvelle réserve, ceux d’Uashat ont toujours revendiqué leur droit de demeurer sur les terres qui leur avaient été concédées en 1906. Il faudra attendre plus de 30 ans pour que prenne fin cette crise et pour que la ville de Sept-Îles accepte, en 1966, d’intégrer la réserve à son plan d’aménagement.

    Aujourd’hui, bien que 16 kilomètres les séparent, les habitants d’Uashat et de Mani-Utenam ne forment qu’une seule bande. La communauté compte actuellement une population de 4 532 personnes, dont 1 070 habitent à l’extérieur de la communauté (Affaires autochtones et Développement du Nord Canada [AADNC], 2015). Comme dans plusieurs communautés autochtones du Québec, la population d’Uashat mak Mani-Utenam est très jeune. Selon les données du recensement de 2011, un peu plus de 52 % de la population était alors âgée de 25 ans et moins (Statistique Canada, 2011). Par ailleurs, 87 % des jeunes âgés de 20 à 24 ans n’auraient pas terminé leurs études secondaires (Statistique Canada, 2011).

    De manière plus générale, la communauté compte une cinquantaine d’entreprises, dont un centre commercial. Les principales activités économiques se concentrent dans les secteurs de la pêche traditionnelle, de la foresterie, du piégeage, des pourvoiries, de l’art et de l’artisanat. Les deux principaux employeurs sont l’aluminerie Alouette et le conseil de bande. Ce dernier offre notamment des emplois au sein de services publics et administratifs tels l’éducation, la santé et les services sociaux. Toutefois, plus de 70 % de ces emplois sont saisonniers, de sorte que le revenu de ces employés est nettement inférieur à celui de la moyenne des Québécois. En effet, toujours selon le recensement de 2011, le revenu médian des Innus d’Uashat était de 14 665 $, alors qu’il était, pendant la même période, de 31 400 $ pour les Québécois.

    Le portrait de cette communauté ne serait pas complet sans la mention du fait que la langue maternelle de plus de 85 % des Innus est la langue innue (Statistique Canada, 2011). D’ailleurs, la langue et les éléments de la culture innue ont été intégrés au programme du ministère de l’Éducation dispensé dans les trois écoles de bande de la

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