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Développement social et émotionnel chez l'enfant et l'adolescent, tome 2: Applications pratiques et cliniques
Développement social et émotionnel chez l'enfant et l'adolescent, tome 2: Applications pratiques et cliniques
Développement social et émotionnel chez l'enfant et l'adolescent, tome 2: Applications pratiques et cliniques
Livre électronique963 pages10 heures

Développement social et émotionnel chez l'enfant et l'adolescent, tome 2: Applications pratiques et cliniques

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À propos de ce livre électronique

Ce livre présente les connaissances et les hypothèses qui animent le domaine du développement social et émotionnel de l’enfant. Ce second tome porte sur différents enjeux psychosociaux en lien avec le développement, comme la maltraitance, les comportements agressifs et l’hyperactivité ou encore la déficience physique.
LangueFrançais
Date de sortie27 févr. 2013
ISBN9782760531963
Développement social et émotionnel chez l'enfant et l'adolescent, tome 2: Applications pratiques et cliniques

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    Aperçu du livre

    Développement social et émotionnel chez l'enfant et l'adolescent, tome 2 - George M. Tarabulsy

    La rédaction de ce chapitre a été rendue possible grâce au soutien financier du Fonds de recherche Société et culture du Québec et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Toute demande d’information doit être adressée au premier auteur : george.tarabulsy@psy.ulaval.ca.

    La complexité apparente de notre comportement à travers le temps

    est largement attribuable à la complexité des environnements

    dans lesquels nous nous retrouvons.

    Herbert SIMON

    Lorsque vous vous demandez ce qui se passe vraiment,

    vous devez être préparé à recevoir quelque chose de complexe.

    C.S. LEWIS

    Il est surprenant de constater combien il est difficile de décrire les facteurs qui caractérisent le développement social et émotionnel de l’enfant et de l’adolescent. Les poètes, les philosophes et les théologiens ont souvent décrit différents aspects du développement en mots très simples, ayant une grande résonance chez leur auditoire parce qu’ils étaient compris : l’enfant possède certaines caractéristiques qui lui appartiennent dès ou avant la naissance ; l’amour et l’affection des parents sont des conditions sine qua non d’un développement harmonieux ; il est crucial que l’enfant reçoive des soins qui permettent à tous les aspects de sa personne de croître et pour ceci, les parents sont très importants ; donner des expériences positives à l’enfant en dehors de la famille est également capital, faites-le rencontrer de bons amis, gardez-le loin des influences négatives, apprenez-lui à travailler et à respecter les sources d’autorité, etc. Tant de paroles qui témoignent, d’une certaine manière, que les conditions pour un développement favorable sont bien connues, tant par les sages que par les premiers praticiens du domaine du développement, et par les parents eux-mêmes. Le fait de pouvoir communiquer des idées et des concepts n’enlève pas, cependant, à la complexité rattachée aux mots.

    La complexité se révèle parfois dans les phénomènes alors que pour diverses raisons, nous devons les apprendre ou les appliquer différemment. Il peut être utile ici de considérer une analogie physiologique pour illustrer cela, soit la marche. Tous ceux qui n’ont pas de déficience motrice peuvent généralement marcher. C’est un phénomène universel qui caractérise les humains. Mais si quelqu’un fait face à une blessure grave qui l’oblige à réapprendre à marcher, on doit tenir compte d’un ensemble de facteurs auxquels on ne porte que peu attention en temps normal et, si on n’en prend pas connaissance, ils rendent le réapprentissage de la marche difficile, voire impossible. L’apprentissage de la marche implique les contextes (les surfaces), les muscles, les transferts de poids, l’apprivoisement du déséquilibre, la présence de signaux neuronaux clairs, ainsi que celle d’une aide, d’un mentor, prêt à nous attraper lorsque l’on tombe, à nous indiquer le chemin à suivre parce que cette personne s’est permise de s’attarder, justement, à la complexité de ce chemin.

    La complexité se révèle lorsque nous tentons de mieux comprendre un phénomène et souvent, ce désir de compréhension émerge lorsque nous sommes face à des difficultés importantes. Par exemple, lorsque l’on constate les difficultés personnelles et interactionnelles que présentent les parents aux prises avec des problèmes de négligence ou de maltraitance à l’égard de leur enfant, comment intervenir ?

    Les études des dernières décennies illustrent cette complexité abondamment. Par exemple, il y a trente ans, il n’était pas inhabituel pour un étudiant dans un cours de premier cycle sur le développement de l’enfant d’apprendre que des différences physiologiques pouvaient être à la base de différences individuelles sur le plan de la régulation émotionnelle des enfants dans diverses circonstances (Kagan, 1977). Le tempérament de l’enfant, sa façon de faire face à la nouveauté, sa façon de gérer ses moments de colère ou de frustration, d’être intéressé à divers stimuli, sont des caractéristiques qui pouvaient toutes avoir une souche physiologique. Or les travaux des dernières années confirment que les événements ayant lieu après la naissance de l’enfant peuvent avoir un impact sur son organisation neurologique et physiologique, surtout dans le domaine de la régulation émotionnelle, mais aussi peut-être dans le fonctionnement intellectuel (Levine, 2005 ; Loman et Gunnar, 2010 ; voir aussi Stellern et Gunnar, 2012, tome 1 de cet ouvrage). Même la physiologie en devenir semble pouvoir être influencée par les événements environnementaux. Par exemple, une des idées qui suscitent le plus d’attention dans le monde du développement concerne la possibilité que le stress excessif expérimenté par une femme enceinte puisse affecter le développement des structures physiologiques en lien avec la régulation émotionnelle (Weinstock, 2008 ; voir aussi Bussières, Pearson, Tarabulsy, Tessier, Charland, Giguère et Forest, 2012, tome 1 de cet ouvrage). Les travaux indiquent donc que la physiologie fournit une importante infrastructure à la régulation et au développement émotionnel. Cependant, ils révèlent également que cette infrastructure peut être le fruit des interactions entre la mère, l’interprétation qu’elle fait de son environnement, la qualité de l’environnement et les caractéristiques de l’enfant.

    D’autres domaines reflètent cette complexité insoupçonnée qui se dégage des travaux sur le développement social et émotionnel. Par exemple, on a longtemps souligné le rôle de la génétique dans divers aspects du développement humain, comme les caractéristiques intellectuelles, émotionnelles, et divers aspects du fonctionnement social (voir Forget-Dubois et Lemelin, 2012, tome 1 de cet ouvrage). Cependant, il est maintenant de plus en plus clair que la façon dont une séquence d’ADN intervient dans le développement dépend d’autres caractéristiques génétiques, des expériences précoces, des contextes auxquels l’enfant est exposé et peut-être aussi du développement intra-utérin de l’enfant. Certaines théories qui ont trouvé écho dans les travaux empiriques proposent que dans certains cas, une disposition génétique peut être un facteur de risque pour l’émergence de difficultés développementales, tandis que, dans un autre contexte, la même disposition peut favoriser le développement de la compétence sociale et émotionnelle de l’enfant (Belsky et Pluess, 2009). En somme, lorsque vient le temps d’opérationnaliser la sagesse commune à l’égard du développement de l’enfant, nous commençons à peine à entrevoir la complexité des phénomènes au cœur de nos travaux. Nous avons toujours cru que la biologie et les environnements interagissaient ensemble pour influencer le développement, mais nous ne pouvions soupçonner le nombre et la diversité des forces qui sont à la base de ce que nous devenons. Cette réflexion est surtout importante dans une perspective selon laquelle nous souhaitons que notre compréhension puisse apporter des pistes de solution pour résoudre des problèmes pratiques.

    Le présent volume est le deuxième sur la question du développement social et émotionnel des enfants et des adolescents. Dans le premier, il était question de processus normatifs en lien avec le développement, bref, des bases du développement. Dans le second, les auteurs traitent de certains sujets spéciaux, afin de rassembler l’état des connaissances autour de ces phénomènes. Les deux premiers chapitres portent sur le développement des enfants qui sont exposés à de la maltraitance. Milot, St-Laurent, Éthier, Lafantaisie et Provost décrivent les facteurs contextuels, familiaux et personnels en lien avec le développement social des enfants qui grandissent dans de telles circonstances, tandis que Dubois-Comtois, Cyr, Vandal et Moss abordent le phénomène délicat du placement de ces enfants dans des familles d’accueil et l’intervention efficace pour soutenir un développement harmonieux dans de tel contextes.

    Au chapitre 3, Meins aborde une question qui fascine les chercheurs et intervenants depuis de nombreuses années : comment les enfants développent-ils une « théorie de l’esprit » ou, dit autrement, une capacité à réfléchir sur la pensée de ceux qui les entourent ? Cet aspect du développement de l’enfant est perçu comme étant à la base du développement de l’empathie et fortement impliqué dans la façon dont les enfants entrent en relation avec d’autres. Ici, Meins explore entre autres le rôle de la sécurité d’attachement parent-enfant, de l’orientation mentale maternelle et des états internes de la mère et de l’enfant comme prédicteurs de la compréhension de la pensée des enfants. Le chapitre 4, écrit par Capuano, Bigras, Poulin et Vinet, décrit l’état des connaissances dans le domaine des stratégies d’intervention auprès d’enfants d’âge scolaire en difficulté de comportement et de leur famille. Ce chapitre constitue une recension des stratégies ayant démontré leur efficacité pour divers aspects du développement émotionnel et social.

    Giroux et Guay s’intéressent, au chapitre 5, à un phénomène courant de l’enfance auquel de nombreux intervenants sociaux et scolaires sont exposés, soit le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité. L’étiologie, les caractéristiques et le parcours développemental des enfants aux prises avec ce syndrome sont abordés. Au chapitre 6, Japel et Dhiman décrivent les résultats de plusieurs travaux ayant examiné le rôle de la fréquentation des garderies dans le développement d’enfants provenant de différents contextes sociaux. Cette recension démontre combien l’impact des services de garde auprès des enfants varie selon des caractéristiques familiales et des facteurs propres à chaque enfant, autant que selon des facteurs qui décrivent la qualité des services auxquels les enfants sont exposés.

    Au chapitre 7, Tessier, Paquin et Marinova abordent le sujet de l’adoption internationale sous l’angle de l’intervention. Ici, les auteurs examinent l’hypothèse selon laquelle l’adoption constitue l’une des formes d’intervention les plus efficaces pour les enfants abandonnés par leurs parents et qui sont exposés à des privations importantes dans les services de soins. Nadeau, Tessier, Couture et Voyer examinent, au chapitre 8, le développement des relations entre pairs chez des enfants atteints d’une déficience motrice cérébrale. Ici, les auteurs suggèrent que le risque biologique peut jouer de manière importante sur la façon dont les enfants négocient l’environnement social au-delà du milieu familial.

    Les chapitres 9 à 12 portent sur des questions qui touchent davantage l’adolescence. Au chapitre 9, Larose réalise une recension des travaux portant sur le mentorat auprès des jeunes en difficulté sur le plan psychosocial. Les écoles et les intervenants communautaires font régulièrement appel au mentorat afin de structurer des processus de résilience auprès des jeunes à risque, suivant des recommandations suggérées par de nombreux chercheurs et théoriciens de ce domaine (Rutter, 2000). Larose décrit les résultats des travaux dans ce domaine en portant une attention particulière aux conditions d’implantation de tels programmes qui favorisent leur efficacité. En lien avec cette thématique, Denault et Poulin montrent, au chapitre 10, combien il peut être bénéfique pour les adolescents de participer à des activités de loisir dans des contextes organisés et structurés. Ces auteurs suggèrent qu’une telle participation peut avoir des effets favorables sur le développement émotionnel et social. Au chapitre 11, Guay et Roy décrivent la motivation des adolescents dans un contexte scolaire, en lien avec leur développement social et leur réussite académique. S’inspirant de la théorie de l’autodétermination, ces auteurs décrivent divers corrélats et séquelles de la motivation chez les adolescents, ainsi que certaines questions importantes qui restent à élucider. Au chapitre 12, St-Pierre, Plamondon, Pearson, Baudry, Lemelin, Provost et Tarabulsy abordent le sujet de la maternité à l’adolescence et ce que nous savons des processus interactionnels et relationnels en lien avec le développement des enfants des jeunes mères.

    Les deux derniers chapitres portent de manière précise sur les difficultés extériorisées des enfants et des adolescents. Au chapitre 13, Tremblay décrit le développement de différentes catégories de comportements perturbateurs. Ici, l’auteur remet en question certaines idées reçues dans le domaine en soulignant, notamment, que de telles difficultés comportementales peuvent avoir des souches sociales, physiologiques et génétiques, en plus de se manifester tôt dans la vie des jeunes. Verlaan, Déry et Boutin abordent, au chapitre 14, le problème particulier de l’agressivité chez les filles et, de manière plus précise encore, le développement de l’agressivité indirecte.

    Il est évident pour nous, directeurs des deux volumes, que celui-ci ne fait qu’effleurer la diversité des sujets qui caractérisent l’étude du développement social et émotionnel, et il est clair que nous aurions aimé pouvoir aborder des aspects qui sont malheureusement absents. Que dire de l’anxiété, de la dépression et des autres problématiques intériorisées, ou des impacts des réorganisations familiales sur le développement ? Bref, beaucoup de sujets demeurent à être explorés et pourront, dans l’avenir, faire partie d’autres ouvrages afin d’approfondir la question. Cependant, ensemble, les deux volumes permettent une incursion dans la richesse actuelle de l’étude du développement humain, sous toutes ses coutures. Et ensemble, ces deux volumes témoignent de la complexité des facteurs qui influencent le développement. En tant que directeurs de ces deux volumes, notre souhait est que ces quelques chapitres puissent attiser la curiosité du lecteur afin qu’il ouvre un peu plus grand la porte vers l’appréciation et l’apprivoisement de cette richesse et de cette complexité.

    RÉFÉRENCES

    BELSKY, J. et PLUESS, M. (2009). Beyond diathesis stress : Differential susceptibility to environmental influences. Psychological Bulletin, 135, 885-908.

    BUSSIÈRES, E.-L., PEARSON, J., TARABULSY, G.M., TESSIER, R., CHARLAND, M., GIGUÈRE, Y. et FOREST, J.-C. (2012). Associations entre le stress maternel prénatal, l’âge gestationnel et le poids de naissance du bébé : une méta-analyse d’études prospectives. Dans J.-P. Lemelin, M.A. Provost, G.M. Tarabulsy, A. Plamondon et C. Dufresne (dir.), Le développement social et émotionnel des enfants et des adolescents. Tome 1 : Les bases du développement (p. 53-83). Québec : Presses de l’Université du Québec.

    FORGET-DUBOIS, N. et LEMELIN, J.-P. (2012). Les bases génétiques et environnementales du comportement social : méthodes et enjeux. Dans J.-P. Lemelin, M.A. Provost, G.M. Tarabulsy, A. Plamondon et C. Dufresne (dir.), Le développement social et émotionnel des enfants et des adolescents. Tome 1 : Les bases du développement (p. 17-52). Québec : Presses de l’Université du Québec.

    KAGAN, J. (1977). The child and the family. Daedalus, 106, 33-56.

    LEVINE, S. (2005). Developmental determinants of sensitivity and resistance to stress. Psychoneuro-endocrinology, 30, 939-946.

    LOMAN, M.M. et GUNNAR, M.R. (2010). Early experience and the development of stress reactivity and regulation in children. Neuroscience and Biobehavioral Reviews, 34, 867-876.

    RUTTER, M. (2000). Resilience reconsidered : Conceptual considerations, empirical findings and policy implications. Dans J.P. Shonkoff et S.J. Meisels (dir.), Handbook of Early Childhood Intervention (p. 651-681). Cambridge : Cambridge University Press.

    STELLERN, S.A. et GUNNAR, M.R. (2012). La psychobiologie développementale du stress. Dans J.-P. Lemelin, M.A. Provost, G.M. Tarabulsy, A. Plamondon et C. Dufresne (dir.), Le développement social et émotionnel des enfants et des adolescents. Tome 1 : Les bases du développement (p. 85-109). Québec : Presses de l’Université du Québec.

    WEINSTOCK, M. (2008). The long-term behavioural consequences of prenatal stress. Neuroscience and Biobehavioral Review, 32, 1073-1086.

    La maltraitance à l’égard des enfants est une cause majeure d’inadaptation sociale. Le fait d’être maltraité entraîne d’abord un ensemble de conséquences directes sur le développement de l’enfant. Toutefois, cela agit également de manière indirecte en augmentant l’effet négatif de nombreux autres facteurs de risque d’inadaptation psychosociale, que ces facteurs soient génétiques (p. ex., la présence d’un ou deux allèles courts du gène 5-HTTLPR, un gène fortement impliqué dans la régulation émotionnelle [Cicchetti, Rogosh, Sturge-Apple et Toth, 2010]), biologiques (p. ex., un fonctionnement atypique du cycle du cortisol, une neurohormone impliquée dans la gestion du stress [Tarullo et Gunnar, 2006]), psychologiques (p. ex., un tempérament irritable [Casanueva et al., 2010]), familiaux (p. ex., un problème de santé mentale des parents [Éthier, Couture et Lacharité, 2004]) ou environnementaux (p. ex., un niveau socioéconomique faible). Les difficultés sur le plan social sont, en conséquence, tout aussi variées, et incluent, entre autres, des comportements d’agression (Erickson, Egeland et Pianta, 1989 ; Hoffman-Plotkin et Twentyman, 1984 ; Prino et Peyrot, 1994 ; Shaffer, Yates et Egeland, 2009) et de retrait (Crittenden, 1992 ; Prino et Peyrot, 1994 ; Shaffer et al., 2009), le rejet par les pairs (Bolger et Patterson, 2001 ; Kim et Cicchetti, 2010), la stigmatisation (Feiring, Miller-Johnson et Cleland, 2007), la délinquance et la criminalité (Herrenkohl, Huang, Tajima et Whitney, 2003 ; Kim, Tajima, Herrenkohl et Huang, 2009 ; Widom et Ames, 1994). Des études ont également observé que les enfants maltraités utilisent moins fréquemment les comportements prosociaux que les enfants non maltraités (Kaufman et Cicchetti, 1989 ; Koenig, Cicchetti et Rogosch, 2004 ; Prino et Peyrot, 1994). L’ensemble de ces difficultés font de la maltraitance à l’égard des enfants un enjeu social majeur dans les domaines de la prévention et de l’intervention.

    Nous commençons ce chapitre par une définition de la maltraitance et des différentes formes qu’elle peut prendre, et nous précisons l’ampleur de ce phénomène au Québec. Nous décrivons ensuite les conséquences de la maltraitance sur le développement social et nous abordons les divers processus permettant d’expliquer ces difficultés d’adaptation. Nous traiterons plus particulièrement du traumatisme complexe, un concept qui s’est révélé fort utile au cours des deux dernières décennies pour comprendre les difficultés d’adaptation des enfants maltraités. Enfin, nous présentons les résultats de quelques-uns de nos travaux en lien avec le traumatisme complexe et les grands principes d’intervention qui en découlent.

    DÉFINITION

    On peut définir la maltraitance par la présence de mauvais traitements envers l’enfant ou l’absence de certains comportements des personnes en charge de ce dernier. Selon l’United Nations Children’s Funds (UNICEF Canada, 2006, p. 5), la maltraitance correspond à :

    Toute violence physique, psychologique et sexuelle infligée à des enfants par abus, négligence ou exploitation, comme des actes commis ou omis de forme directe ou indirecte, qui met en danger ou nuit à la dignité, à la condition psychique, psychologique ou sociale ou au développement de l’enfant.

    Cette définition reflète deux pôles distincts mais indissociables de la maltraitance, soit celui d’un contexte de développement qualifié d’adverse et celui d’un enfant subissant les conséquences d’une telle adversité. En effet, bien que la maltraitance soit fréquemment définie ou identifiée par les actes commis par les personnes en charge de l’enfant (mère, père, famille élargie), c’est d’abord parce que ces actes nuisent ou risquent de nuire considérablement au développement et au fonctionnement de l’enfant qu’ils sont déplorables. La reconnaissance des conséquences sur l’enfant est d’ailleurs bien explicite dans la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ), qui s’applique spécialement aux enfants « dont la sécurité ou le développement est ou peut être considéré comme compromis » (Gouvernement du Québec, 2008).

    La maltraitance peut prendre différentes formes. Au sens de la Loi sur la protection de la jeunesse du Québec (Gouvernement du Québec, 2008), les mauvais traitements parentaux incluent l’abandon (p. ex., cesser de s’occuper d’un enfant), les abus sexuels (p. ex., les attouchements, la pénétration ou le voyeurisme), les abus physiques (p. ex., frapper ou secouer un enfant, le brûler ou le menacer avec une arme), la maltraitance psychologique (p. ex., le dénigrement et le rejet) et la négligence (p. ex., le fait de ne pas subvenir aux besoins de base d’un enfant)¹. Bien que ces différentes formes varient quant aux types de comportements problématiques abusifs qu’elles impliquent, de manière générale, elles partagent de nombreux facteurs de risque. De fait, ces différentes formes de mauvais traitements apparaissent rarement comme des conduites isolées et une proportion importante d’enfants maltraités sont victimes de plus d’une forme de mauvais traitements (Dessureault et al., 2008 ; Shields, Ryan et Cicchetti, 2001 ; Trocmé et al., 2005). En outre, la documentation sur l’impact propre aux différentes formes de mauvais traitements est équivoque. Par exemple, alors que certains auteurs rapportent des niveaux élevés de problèmes extériorisés chez les enfants abusés physiquement et des niveaux élevés de problèmes intériorisés chez les enfants négligés (Hoffman-Plotkin et Twentyman, 1984), d’autres auteurs rapportent des relations inverses (abus physiques associés avec des troubles intériorisés et négligence liée à des troubles extériorisés [de Paul et Arruabarrena, 1995 ; Toth, Manly et Cicchetti, 1992]). Aussi, les résultats de diverses études indiquent que d’autres dimensions de la maltraitance, telles que l’âge de l’enfant lors de l’exposition aux premières conduites parentales négligentes ou abusives, l’intensité de ces conduites et leur durée, sont aussi prédictives, sinon davantage, des difficultés de développement social (Éthier et Milot, 2009 ; Jaffee et Maikovich-Fong, 2011 ; Kim et Cicchetti, 2010 ; Manly, Kim, Rogosch et Cicchetti, 2001). En conséquence, dans ce chapitre, nous traiterons le plus souvent de la maltraitance de manière générale sans égards particuliers aux différences associées à chacune des formes de mauvais traitements.

    L’AMPLEUR DE LA MALTRAITANCE

    Il est difficile d’évaluer la prévalence exacte des mauvais traitements à l’égard des enfants. Selon le bilan annuel des directeurs de la protection de la jeunesse, il y a eu plus de 75 000 signalements à la Direction de la protection de la jeunesse l’an passé (Association des centres jeunesse du Québec [ACJQ], 2011) ; on a reconnu que la sécurité et le développement étaient compromis pour environ 10 000 enfants. Toutefois, ce nombre est certainement inférieur à la prévalence réelle, car de nombreux cas demeurent inconnus, non signalés ou difficiles à documenter. Les études rétrospectives menées auprès d’adultes indiquent en effet que ce nombre serait beaucoup plus élevé. À titre d’exemple, en 2010-2011, les centres jeunesse ont rapporté avoir pris en charge environ 1 300 enfants pour des motifs d’abus sexuel ou de risque sérieux d’abus sexuel, ce qui représente un taux d’incidence annuel de moins de 1% des enfants âgés de 0 à 18 ans. En comparaison, dans une étude menée auprès d’un échantillon représentatif de 804 adultes québécois, Hébert et ses collaborateurs (2009) relèvent que 22,1% des femmes et 9,7% des hommes de leur échantillon rapportent avoir été victimes d’abus sexuel avant l’âge de 18 ans.

    La négligence est la forme de mauvais traitements la plus répandue. Pour l’année financière 2009-2010, on estime à plus de 15 000 le nombre d’enfants suivis pour négligence par les centres jeunesse du Québec, ce qui représente plus de la moitié des prises en charge (ACJQ, 2011). Il importe toutefois de noter que ces taux représentent la proportion d’enfants pour lesquels la négligence (ou le risque sérieux de) est la principale catégorie d’intervention, c’est-à-dire celle qui caractérise le mieux la situation de l’enfant. Lorsque l’on inclut les enfants pour lesquels la négligence est un motif secondaire, ces taux augmentent considérablement.

    Lorsque l’on exclut les troubles de comportements sérieux, les situations d’abus physiques représentent la seconde cause de prise en charge par les centres jeunesse, avec environ 9 % des situations dont l’abus physique représente le principal motif d’intervention. Les situations d’abandon et d’abus sexuel représentent pour leur part respectivement environ 7% et 3% des motifs de signalement.

    LES CONSÉQUENCES SUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL

    Les conséquences néfastes de la maltraitance sur le développement social des enfants sont largement documentées. Outre la recherche utilisant uniquement des échantillons d’enfants maltraités, de nombreuses études portant sur les causes de l’inadaptation sociale, qu’elles aient été menées auprès d’échantillons normatifs ou cliniques, indiquent que les comportements parentaux abusifs sont l’un des principaux facteurs de risque des difficultés d’adaptation (p. ex., Dodge, Pettit, Bates et Valente, 1995). Dans ce chapitre, nous ne passerons pas en revue l’ensemble de la documentation, beaucoup trop volumineuse. Nous présenterons les résultats d’un certain nombre d’études récentes permettant de bien comprendre l’impact de la maltraitance sur le développement social de l’enfant.

    Au cours de la petite enfance, une majorité d’enfants victimes de mauvais traitements développent un attachement de type désorganisé. L’attachement désorganisé est caractérisé par l’absence de stratégies d’attachement cohérentes pour faire face aux demandes environnementales et réguler les émotions lors des situations de stress (Hesse et Main, 2006). De nombreuses études ont permis d’observer que l’attachement désorganisé est associé à des comportements parentaux atypiques tels les comportements d’hostilité, d’intrusion, les erreurs de communications affectives ou de retrait (Lyons-Ruth, Bronfman et Parsons, 1999 ; Lyons-Ruth, Yellin, Melnick et Atwood, 2005 ; Madigan et al., 2007), l’adoption de comportements parentaux effrayants et des manifestations de peur du parent à l’égard de son enfant (Main et Hesse, 1990). De fait, entre 55% et 90% des bébés maltraités évalués au cours de la procédure de la situation étrangère (Ainsworth, Blehar, Waters et Wall, 1978) présentent les manifestations comportementales caractérisant l’attachement désorganisé (Cicchetti, Rogosh et Toth, 2006 ; Moss et al., 2011 ; van IJzendoorn, Schuengel et Bakermans-Kranenburg, 1999). Étant mesuré dès l’âge de 12 mois, l’attachement désorganisé constitue l’une des premières manifestations comportementales des conséquences de la maltraitance.

    Les conséquences de la maltraitance sur le développement social deviennent particulièrement manifestes au cours de la période préscolaire. Chez les enfants normaux, on observe au cours de cette période une importante croissance des capacités à réguler les comportements sociaux. Avec le développement progressif des compétences langagières et des fonctions exécutives, les enfants apprennent notamment à mieux identifier leurs émotions et moduler leurs états affectifs, à exprimer verbalement leurs besoins et à adopter des solutions socialement acceptables aux conflits. On assiste donc à une diminution des conduites agressives vers l’âge de 36 à 42 mois (Tremblay, Hartup et Archer, 2005). Cependant, pour plusieurs enfants maltraités, ces comportements d’agression s’accroissent ou se maintiennent (Éthier, Lemelin et Lacharité, 2004 ; Manly et al., 2001).

    Au cours de la période scolaire, diverses études utilisant des techniques de sociométrie ont permis d’observer que les enfants maltraités sont plus fréquemment nommés négativement par leurs pairs et reçoivent moins de nominations positives que les enfants non maltraités (Anthonysamy et Zimmer-Gembeck, 2007 ; Kim et Cicchetti, 2010 ; Teisl et Cicchetti, 2008). Dans une étude longitudinale menée auprès d’enfants maltraités et non maltraités âgés de 6 à 12 ans, Kim et Cicchetti (2010) rapportent des liens directs et indirects entre la maltraitance et la nomination par les pairs. En effet, dans leur étude, les enfants victimes d’abus physique, d’abus sexuel ou de négligence avaient plus de difficulté à réguler leurs émotions que les enfants non maltraités. Ces difficultés étaient par la suite associées à des niveaux plus élevés de comportements extériorisés et de rejet par les pairs (nominations négatives). Quant à la maltraitance psychologique, elle était directement associée au rejet par les pairs. Pour leur part, Teisl et Cicchetti (2008) ont examiné le rôle de la régulation émotionnelle et de la cognition sociale sur les comportements agressifs et perturbants tels que perçus par les pairs. Leur échantillon était composé d’un groupe d’enfants non maltraités, d’un groupe d’enfants abusés physiquement et d’un groupe d’enfants victimes d’autres formes de mauvais traitements (abus sexuel, négligence physique et maltraitance psychologique). Les résultats de leur étude révèlent que, par comparaison avec le groupe d’enfants non maltraités, les enfants abusés physiquement sont décrits par leurs pairs comme agressifs et perturbants. Les analyses révèlent que cette association s’explique par de plus grandes difficultés de régulation émotionnelle et un niveau plus élevé d’attributions hostiles. Bien que les enfants victimes d’autres formes de mauvais traitements obtiennent un niveau plus élevé d’attributions hostiles que les enfants non maltraités, il n’y a pas de différence significative entre ces deux groupes quant au niveau d’agressivité tel que perçu par les pairs et la régulation des émotions. Enfin, des résultats similaires sont rapportés par Anthonysamy et Zimmer-Gembeck (2007), qui observent que la relation entre la maltraitance et le rejet par les pairs s’explique par des niveaux plus élevés de comportements problématiques avec les pairs.

    Les conséquences de la maltraitance à l’adolescence sont également bien documentées. Dans une étude prospective portant sur le développement des enfants maltraités, Egeland et ses collègues (2002) ont observé que les comportements antisociaux s’inscrivent dans une trajectoire de développement problématique trouvant racine dans l’expérience d’abus physique à la petite enfance. Selon les résultats de cette étude, l’expérience d’abus physique en bas âge serait associée à la présence de troubles extériorisés durant la période scolaire et à l’adoption de comportements antisociaux à l’adolescence. Dans une étude longitudinale menée auprès de 83 adolescents négligés, Éthier et Milot (2009) rapportent des niveaux problématiques de comportements intériorisés ou extériorisés chez 45% des participants selon les mesures autorapportées et chez 47% selon les rapports maternels. Dans cette étude, les adolescents âgés d’au moins 16 ans ont également rempli le questionnaire Inventory of Altered Self-Capacities (IASC [Briere et Runtz, 2002]), une mesure autorapportée des difficultés dans les relations, l’identité et la régulation émotionnelle. L’IASC contient sept échelles évaluant, entre autres, les conflits interpersonnels, l’anxiété d’abandon, et l’illusion et la désillusion face aux relations interpersonnelles. Entre 28% et 44% de ces participants ont rapporté des niveaux cliniquement élevés aux différentes échelles de ce questionnaire. Dans une étude menée auprès de 1419 adolescents, Wolfe et ses collaborateurs (2004) ont observé que les adolescentes qui rapportent avoir subi des mauvais traitements au cours de l’enfance ont un niveau élevé de détresse émotionnelle. Ces étudiants présentent entre autres de l’agressivité, de la dépression et de l’anxiété. Dans une étude prospective portant sur le développement des enfants maltraités, Shaffer et ses collaborateurs (2009) ont évalué les effets à long terme de la négligence et de l’abus émotionnels en bas âge. Au cours de la période scolaire, les élèves ayant vécu de l’abus émotionnel étaient perçus par leurs enseignants comme adoptant plus de comportements d’agression et de retrait. Ces comportements étaient par la suite associés, à l’adolescence, à des niveaux plus faibles d’estime de soi et de compétences sociales de l’élève tels que perçus par l’enseignant. Enfin, l’exposition aux mauvais traitements à l’enfance a également été associée, à l’adolescence, à un risque accru de dépression (Danielson et al., 2005 ; Kilpatrick et al., 2003), de comportements suicidaires (Brown, Cohen, Johnson et Smailes, 1999), de trouble de conduites alimentaires (Holzer et al., 2008) et de consommation de drogues et d’alcool (Kilpatrick et al., 2000 ; Oshri, Rogosch, Burnette et Cicchetti, 2011).

    LES PROCESSUS

    De nombreuses études ont tenté de comprendre comment la maltraitance affecte le développement social de l’enfant en identifiant des processus permettant d’expliquer les difficultés observées chez les enfants maltraités. Des études menées au niveau épigénétique ont permis d’observer que les enfants ayant au moins une version courte du gène 5-HTTLPR, un gène impliqué dans la production des récepteurs de sérotonine, étaient particulièrement vulnérables aux comportements parentaux abusifs (Cicchetti et al., 2010). Dans une étude menée auprès de 850 enfants âgés de 6 à 13 ans, Cicchetti et al. (2010) ont examiné le rôle des polymorphismes long et court du gène 5-HTTLPR sur le niveau d’idéations suicidaires d’enfants maltraités et non maltraités. Les résultats révèlent que, chez les enfants victimes d’une ou deux formes de mauvais traitements, le fait d’avoir au moins un exemplaire de la version courte du gène 5-HTTLPR est associé à des niveaux plus élevés d’idéations suicidaires, alors que ceux ayant deux versions longues du gène présentaient des niveaux similaires à ceux observés chez les enfants non maltraités. Les résultats de cette étude donnent à penser que la vulnérabilité génétique associée au gène 5-HTTLPR ne s’exprime qu’en contexte d’adversité sociale (telle que la maltraitance)².

    Sur le plan neurobiologique, de nombreuses études ont démontré l’impact de la maltraitance sur le développement neurobiochimique (voir Bremner, Kirmayer, Lemelson et Barad, 2007, ou encore De Bellis, 2005, ou Perry, 2008, pour des recensions des impacts de la maltraitance sur le développement cérébral). Ces recherches ont pu observer chez les enfants maltraités des altérations de plusieurs régions cérébrales (p. ex., l’amygdale, l’hippocampe et le cortex cingulaire), de neurotransmetteurs (p. ex., la sérotonine, la norépinephrine et la dopamine), de neurohormones (p. ex., le cortisol) et d’autres systèmes (p. ex., l’axe hypothalamo-hypophysaire-surrénalien) en charge de la gestion des événements stressants. Une altération de ces structures ou systèmes augmenterait, entre autres, le risque de dépression et d’agression.

    Sur le plan psychologique, d’autres recherches ont permis d’identifier des émotions comme la honte et la colère (Bennett, Sullivan et Lewis, 2005), des représentations mentales négatives de la mère (Shields et al., 2001), des représentations conflictuelles des relations avec les autres (Toth et al., 2000), un déficit dans le traitement de l’information sociale (Dodge et al., 1995) ou encore un faible niveau d’estime de soi (Bolger, Patterson et Kupersmidt, 1998) comme des processus psychologiques pouvant expliquer les difficultés d’adaptation sociale chez les enfants et les adolescents maltraités.

    UN TRAUMATISME COMPLEXE

    Depuis deux décennies maintenant, des travaux s’inscrivant dans les courants de la pédopsychiatrie, de la psychopathologie développementale et de la traumatologie développementale ont souligné la nécessité de considérer le modèle de stress traumatique pour mieux comprendre les difficultés d’adaptation psychosociale chez les enfants maltraités (Cook et al., 2005 ; van der Kolk et al., 2007 ; De Bellis, 2001, 2005 ; Herman, 1992 ; Schore, 2001 ; Terr, 1991). Ces travaux s’appuient sur le postulat selon lequel la maltraitance est une forme sévère et chronique de traumatisme psychique ayant des conséquences multiples sur le développement de l’enfant. On peut définir le traumatisme psychique (par opposition au traumatisme physique) par un état ou une blessure qui résulte d’un état émotionnel intense, caractérisé par des sentiments d’impuissance, de perte de contrôle et de vulnérabilité extrêmes. Le stress vécu est si intense qu’il choque, blesse, et peut entraîner des conséquences à long terme, d’où l’expression « stress traumatique ». Cette approche, évoluant, entre autres, sous les expressions « traumatisme complexe » ou « état de stress post-traumatique complexe », est particulièrement prometteuse pour mieux comprendre les difficultés d’adaptation sociale. Elle intègre des connaissances récentes provenant de domaines divers comme la neurobiologie, la théorie de l’attachement, le développement du soi et le rôle des émotions dans le comportement social.

    Le concept de traumatisme complexe – ou état de stress post-traumatique complexe – a été introduit dans les années 1990 dans le but de distinguer les conséquences associées à un événement traumatique isolé (p. ex., être victime d’un accident) de celles observées chez les personnes ayant vécu des traumatismes chroniques et relationnels (Herman, 1992). De manière générale, les conséquences associées à un traumatisme isolé sont définies par la triade classique du diagnostic de l’état de stress post-traumatique (ÉSPT) : l’intrusion, l’évitement et l’hyperactivité neurovégétative (DSM-IV [American Psychiatric Association – APA, 1994]). Toutefois, l’exposition chronique à des traumatismes relationnels pourrait entraîner une altération permanente de l’identité et des habiletés de régulation émotionnelle et comportementale, des changements dans les perceptions de soi et des autres, et des changements dans la compréhension et dans l’interprétation des événements sociaux. Ces conséquences sont généralement classées en sept grandes catégories : les relations d’attachement, la régulation des émotions, la régulation des comportements, le fonctionnement cognitif, la dissociation, la régulation physiologique et la conscience de soi. Bien que les symptômes classiques de l’ÉSPT (intrusion, évitement et hyperactivité neurovégétative) soient également présents chez de nombreux enfants victimes de maltraitance, ces symptômes sont souvent dissimulés et difficiles à observer, camouflés par l’ensemble des difficultés associées au traumatisme complexe (van der Kolk et al., 2007).

    Sur le plan biologique, les réactions traumatiques semblent adaptées. Elles favorisent en fait la survie de l’individu. Éviter des lieux qui se sont révélés dangereux, ou encore, porter une attention particulière aux signes d’un événement qui, sur la base d’expériences passées, pourrait se révéler potentiellement menaçant, constituent en fait d’excellentes stratégies permettant de diminuer les risques que se reproduisent cet événement ou un autre s’en approchant. À titre d’exemple, un commis de dépanneur victime d’un vol à main armée apprendra rapidement à reconnaître les indices annonçant à nouveau une telle situation. Il pourra donc plus facilement en prévenir la répétition. De la même manière, un enfant dont le père tient des conduites physiques agressives lorsqu’il a consommé de l’alcool apprendra à reconnaître les signes d’ébriété paternelle. Cet enfant pourra donc adopter une stratégie minimisant les risques d’être agressé, comme se rendre chez un ami. Toutefois, cet investissement particulier dans la survie biologique se fait souvent à un coût fort élevé pour l’adaptation sociale. Pour Blaustein et Kinniburgh (2010), les enfants qui grandissent en contexte de violence consacrent l’essentiel de leurs ressources à leur survie, et peu de ressources leur restent disponibles pour se développer normalement. De plus, la réaction traumatique, bien qu’elle semble adaptée au milieu familial, risque de nuire à l’adaptation de l’enfant en contexte extrafamilial. Certains enfants maltraités par leurs parents apprendront à se méfier de toute figure d’autorité. Pour eux, être critiqués par un enseignant peut signifier l’annonce d’une agression et il leur est difficile, voire impossible, de percevoir le désir de l’enseignant de les aider. Dans la classe, certains commentaires d’autres élèves, bien que parfois blessants, provoqueront des réactions disproportionnées parce qu’ils éveillent chez la victime une peur intense ou des souvenirs traumatisants. Ces commentaires, d’apparence banale aux yeux des pairs et des enseignants, peuvent cependant revêtir une signification particulière qui ne s’explique qu’à la lumière de l’expérience vécue par l’enfant. Or les réactions disproportionnées ou qui, en apparence, n’ont pas de signification sont souvent stigmatisées. Elles augmentent chez l’enfant maltraité le risque de rejet et d’isolement.

    LA MALTRAITANCE, LES SYMPTÔMES TRAUMATIQUES ET LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL

    Empiriquement, le modèle du stress traumatique s’est révélé fort utile pour mieux comprendre les difficultés d’adaptation sociale des enfants victimes de mauvais traitements. D’une part, de nombreuses études ont observé que les enfants maltraités avaient un risque plus élevé que les enfants non maltraités de développer des symptômes associés à l’état de stress post-traumatique dès la période préscolaire (Macfie, Cicchetti et Toth, 2001 ; Milot, St-Laurent, Ethier et Provost, 2010), au cours de la période scolaire (Hulette et al., 2008, Sullivan et al., 2006) et à l’adolescence (Éthier et Milot, 2009 ; Wekerle et al., 2001 ; Wolfe et al., 2004 ; voir Kearney, Wechsler, Kaur et Lemos-Miller, 2010, pour un relevé de la documentation portant sur l’état de stress post-traumatique chez les enfants maltraités). D’autre part, les résultats de nombreuses études indiquent que les symptômes de stress post-traumatique constituent l’un des processus permettant d’expliquer le lien entre la maltraitance et les difficultés d’adaptation, notamment la violence dans les relations amoureuses à l’adolescence (Wolfe et al., 2004), les troubles de conduites alimentaires (Holzer et al., 2008) et les conduites d’automutilation (Shenk, Noll et Cassarly, 2010).

    Dans la prochaine section, nous présenterons les résultats de deux études que nous avons effectuées et qui s’inscrivent dans le paradigme du stress traumatique. Ces études ont permis d’examiner 1) le rôle de la qualité de la relation mère-enfant dans le développement de symptômes traumatiques et 2) l’impact des symptômes de stress post-traumatique sur le développement de troubles de comportement. Les études ont été réalisées auprès d’enfants maltraités et non maltraités d’âge préscolaire (âge moyen = 60 mois) provenant d’un milieu socioéconomique défavorisé. Les enfants maltraités ont été recrutés auprès d’un centre jeunesse et recevaient tous, au moment de l’étude, des services pour maltraitance. De plus, tous vivaient avec leur mère au moment de l’étude et fréquentaient un service de garde ou la maternelle. Les enfants non maltraités ont été recrutés auprès de centres de santé et de services sociaux, de centres de la petite enfance ou d’écoles. Une vérification effectuée auprès des mères des enfants non maltraités a permis d’obtenir l’information à savoir si l’enfant avait déjà reçu des services de la protection de la jeunesse antérieurement. Les enfants du groupe non maltraité qui avaient déjà reçu de tels services ont été retirés de l’échantillon.

    PREMIÈRE ÉTUDE

    Nous avons d’abord examiné les liens spécifiques entre la négligence, la qualité de la communication socioaffective et la présence de symptômes traumatiques auprès d’un sous-échantillon d’enfants négligés uniquement et d’enfants non négligés/non maltraités (voir Milot, St-Laurent, Éthier et Provost, 2010, pour une description complète de l’étude). Bien que la négligence soit la forme de mauvais traitements la plus répandue, elle est également celle pour laquelle nous avons le moins de documentation scientifique (Hildyard et Wolfe, 2002). Deux objectifs étaient poursuivis dans cette première étude. Le premier était de documenter le caractère traumatique de la négligence. Pour ce faire, nous avons comparé les enfants négligés et non négligés/non maltraités sur la présence de symptômes de stress post-traumatique et de symptômes dissociatifs. La dissociation est un processus psychique impliqué dans la réaction traumatique. Elle permet notamment d’expliquer le manque d’intégration des pensées, des émotions et des souvenirs associés à un événement traumatisant. Le second objectif était d’évaluer le rôle de la qualité de la communication socioaffective dans le développement de symptômes traumatiques. Nous avons mesuré la qualité de la communication socioaffective en laboratoire lors d’une collation filmée (Moss et al., 1998), une tâche observationnelle non structurée au cours de laquelle la mère et son enfant étaient laissés seuls pour une période de dix minutes. Nous avons retenu la communication socioaffective comme mesure de la relation parent-enfant, étant donné le rôle important qu’elle joue à la période préscolaire dans le développement de la régulation émotionnelle (Thompson, Laible, Ontai et Kail, 2003).

    Les résultats aux questionnaires obtenus auprès des éducatrices ou enseignantes de la maternelle ont confirmé notre hypothèse selon laquelle la négligence est associée à un risque accru de développer des symptômes traumatiques et des symptômes dissociatifs. En effet, les éducatrices et enseignantes rapportent des niveaux plus élevés de symptômes traumatiques et de symptômes dissociatifs chez les enfants négligés que chez les enfants non négligés/non maltraités. Aussi, les résultats indiquent que la qualité de la communication socioaffective est un important processus relationnel associé au développement de manifestations traumatiques chez l’enfant. En effet, des analyses de régression ont révélé une contribution unique de la qualité de la communication affective sur le niveau de symptômes traumatiques et de symptômes dissociatifs, et ce, après avoir contrôlé pour le statut de négligence.

    DEUXIÈME ÉTUDE

    Dans la seconde étude (voir Milot, Éthier, St-Laurent et Provost, 2010, pour une description complète de l’étude), nous avons examiné le rôle des symptômes traumatiques dans le développement de troubles de comportement chez les enfants maltraités (victimes d’abus ou de négligence). Les symptômes traumatiques et les troubles de comportement ont été évalués auprès de l’éducatrice en service de garde. Les liens entre la maltraitance, les symptômes traumatiques et les troubles de comportement ont été examinés en contrôlant les diverses variables sociodémographiques significativement associées aux variables de recherche. Les résultats des analyses ont révélé que le fait d’être maltraité était associé à un niveau plus élevé de symptômes traumatiques. Ces symptômes étaient par la suite associés à des niveaux plus élevés de comportements intériorisés et extériorisés.

    À l’instar de nombreuses autres recherches, les résultats de ces deux études soutiennent la pertinence de considérer la maltraitance sous l’angle de la réaction traumatique. La première étude indique d’abord que la négligence, ou l’absence de certains comportements normatifs, est liée à un risque accru de développer des manifestations traumatiques. En ce sens, un contexte de vie caractérisé par l’insuffisance de certains types de soins parentaux semble provoquer chez l’enfant un stress suffisamment intense pour entraîner un traumatisme. Les résultats de cette étude mettent également en évidence le rôle du soutien affectif dans la gestion des émotions de stress. En effet, les enfants provenant de dyades dont la communication socioaffective est de faible qualité sont perçus par leurs éducatrices et enseignantes comme présentant des niveaux plus élevés de manifestations traumatiques et de symptômes dissociatifs. Les résultats de la seconde étude laissent supposer que les manifestations traumatiques constituent un mécanisme permettant d’expliquer les difficultés d’adaptation chez les enfants maltraités. En effet, selon cette étude, la différence entre les enfants maltraités et non maltraités quant à la présence de troubles de comportement s’explique par l’intensité de la réaction traumatique.

    L’INTERVENTION

    Les résultats de ces études, et, de manière générale, l’approche du traumatisme complexe, soulignent l’importance de considérer le contexte traumatique dans lequel s’inscrit la maltraitance pour mieux comprendre les conséquences qui y sont associées. L’intervention, pour être efficace, doit tenir compte de l’expérience vécue de l’enfant. À titre d’exemple, il semble insuffisant de traiter seulement les comportements problématiques (p. ex., dans des programmes visant à réduire les comportements négatifs ou renforcer les conduites positives) ; l’intervention doit viser une diminution des réactions traumatiques de l’enfant. En ce sens, de nombreux programmes d’intervention mis en place auprès des enfants maltraités ont pour but l’intégration des événements traumatiques (p. ex., le programme ETRE [Éthier, Nolin, Bourassa et Nadeau, 2008] et le programme Attachement, Self-Regulation and Competencies [Blaustein et Kinniburgh, 2010]). Plus précisément, il s’agit d’aider l’enfant à comprendre l’impact des expériences passées sur son fonctionnement présent, notamment sur ses difficultés à s’engager pleinement dans ses relations actuelles. De manière générale, les programmes d’intervention destinés aux enfants traumatisés sont de nature systémique ou familiale. Un premier objectif de ces programmes est le développement des capacités du milieu (parents, tuteurs, intervenants) à offrir à l’enfant un environnement sécuritaire et sécurisant, tant sur les plans physique qu’affectif. Ces programmes ont également pour objectif le développement des ressources d’adaptation chez l’enfant, comme les capacités de régulation affective, les fonctions exécutives et la conscience de soi.

    LA DIRECTION DES TRAVAUX FUTURS

    Malgré la documentation déjà volumineuse sur le développement social des enfants maltraités, de nombreuses questions demandent encore à être mieux documentées. Une première question concerne l’étude des facteurs de résilience. Bien que la maltraitance soit l’un des plus importants risques d’inadaptation sociale, ce ne sont pas tous les enfants maltraités qui vivent les difficultés d’adaptation définies dans ce chapitre. D’une part, la maltraitance ne peut se résumer qu’à un seul état dichotomique, être maltraité ou ne pas l’être. La sévérité des conduites agressives, la proximité des personnes impliquées et la durée de l’exposition sont autant d’aspects de la maltraitance qu’il faut considérer pour mieux en comprendre les impacts. Dans une perspective développementale, l’âge de l’enfant lors de l’exposition aux conduites parentales abusives est certainement l’une des caractéristiques les plus importantes à considérer. À titre d’exemple, dans leur étude menée auprès d’adolescents négligés, Éthier et Milot (2009) ont observé que les adolescents ayant été exposés à la négligence parentale après l’âge de 5 ans présentaient des niveaux moins élevés de symptômes dissociatifs que les adolescents ayant été négligés avant cet âge. Manly et al. (2001) rapportent également que les effets de la maltraitance sont moins prononcés lorsqu’ils débutent après l’âge de 3 ans. Toutefois, d’autres études ne rapportent aucun effet de l’âge d’exposition ou encore des résultats différents (Jaffee et Maikovich-Fong, 2011). Il faut cependant mentionner que, sur le plan de la recherche, l’identification de l’âge exact auquel ont débuté des mauvais traitements est particulièrement difficile. D’autre part, de nombreux facteurs biologiques et environnementaux semblent modérer l’effet de la maltraitance, certains agissant comme facteurs de vulnérabilité et d’autres, comme facteurs de protection. Par exemple, et comme mentionné plus haut, des études en génétique ont permis d’identifier que les enfants ayant deux versions longues du gène 5-HTTLPR étaient moins vulnérables aux comportements parentaux abusifs (Cicchetti et al., 2010).

    En conclusion, la maltraitance constitue certes l’un des contextes de vie les plus difficiles dans lequel peut grandir un enfant. Elle constitue une forme sévère et chronique de traumatisme relationnel ayant de nombreuses conséquences sur le développement de l’enfant. L’ensemble des études portant sur l’adaptation sociale des enfants maltraités démontrent que ceux-ci vivent plusieurs difficultés sur le plan des relations sociales. Ces difficultés se manifestent très tôt, le plus souvent sous la forme d’un attachement de type désorganisé, et persistent aux périodes préscolaire et scolaire ainsi qu’à l’adolescence.

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