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Programmes de prévention et développement de l'enfant: 50 ans d'expérimentation
Programmes de prévention et développement de l'enfant: 50 ans d'expérimentation
Programmes de prévention et développement de l'enfant: 50 ans d'expérimentation
Livre électronique587 pages6 heures

Programmes de prévention et développement de l'enfant: 50 ans d'expérimentation

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À propos de ce livre électronique

Depuis les 50 dernières années, les pays occidentaux ont implanté, sous une forme ou une autre, des programmes visant à soutenir les familles vivant dans des contextes de vulnérabilité sociale et économique. Fondés sur la prémisse qu’il est important d’aider les familles à améliorer leur situation et à devenir plus autonomes et impliquées dans leur communauté, ces programmes encouragent le développement des enfants sur les plans social, émotionnel, cognitif et langagier. Dans tous ces programmes, le développement de l’enfant est l’enjeu prioritaire.

Le présent ouvrage décrit la recherche fondamentale et appliquée réalisée depuis les années 1960 pour renforcer les chances des enfants grandissant dans des circonstances de vulnérabilité. Les auteurs, Américains, Européens, Canadiens et Québécois, sont à l’origine de travaux à la fois rigoureux et novateurs dans le domaine. Sincères dans leur souhait de favoriser l’égalité des chances, ils soulignent la promesse des programmes de prévention précoce, ainsi que les défis qu’ils posent à nos sociétés dans l’organisation des services offerts à l’enfance.
LangueFrançais
Date de sortie13 févr. 2019
ISBN9782760550834
Programmes de prévention et développement de l'enfant: 50 ans d'expérimentation

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    Programmes de prévention et développement de l'enfant - George M. Tarabulsy

    introduction

    Entre science et intentions

    Entre possibilités et réalisations : les programmes de prévention à l’intention des parents et des enfants vivant en contexte de vulnérabilité

    George M. Tarabulsy

    Ph. D., Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles, École de psychologie, Université Laval

    Julie Poissant

    Ph. D., Département d’éducation et de formation spécialisées,

    Université du Québec à Montréal

    Thomas Saïas

    Ph. D., Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles,

    Département de psychologie, Université du Québec à Montréal

    Cécile Delawarde

    Ph. D., Centre hospitalier de l’Université de Montréal

    Le titre d’un ouvrage dirigé par George W. Albee et Thomas P. Gullotta, datant de 1997, est évocateur : La prévention primaire fonctionne (Primary Prevention Works). À l’époque de sa sortie, ce collectif se voulait une sorte de point final à une question que de nombreuses personnes s’étaient posée sur le potentiel d’efficacité des programmes de prévention primaire. Ces programmes étaient décrits comme ayant le potentiel d’améliorer les soins parentaux à l’endroit des enfants ainsi que le développement cognitif et socioémotionnel de ceux-ci. Dans cette perspective, il apparaissait inexcusable de ne pas implanter, d’une façon ou d’une autre, les éléments actifs de ces stratégies et de ces programmes. Les différents chapitres décrivaient des programmes touchant la santé des femmes issues de milieux vulnérables durant la grossesse, ainsi que la qualité du développement des jeunes enfants. Selon les chercheurs, les enfants qui étaient exposés à ces programmes en bénéficiaient grandement et, à une époque où on se préoccupait d’« inégalités sociales de santé ou de développement » et de « capital humain », ces programmes offraient des méthodes permettant d’atteindre des objectifs de société qui, quelques années auparavant, auraient pu paraître utopiques. Était-il possible de prévoir un meilleur développement pour les enfants à risque sur le plan social ? La réponse était résolument « Oui ! » Restait aux gestionnaires, enseignants et intervenants d’appliquer les éléments actifs de ces programmes.

    Le livre de Albee et Gulotta, comme d’autres de cette époque (p. ex. Shonkoff et Meisels, 2000), soulignait l’importance de quelques idées fondamentales concernant la prévention auprès des familles et des enfants. Il nous rappelle que pendant de nombreuses années, on ne croyait pas que la prévention pouvait être vraiment efficace. De nombreuses tentatives s’étaient soldées par des échecs. On soutenait les plus démunis pour des raisons morales et religieuses et on espérait que ces efforts puissent être bien reçus par les populations ciblées. Mais comme les travaux de Schweinhart et de Sparling, Meunier et Campbell le soulignent dans le présent ouvrage, il y avait une idée bien ancrée, de nature sociale et scientifique, voulant que les difficultés de développement étaient majoritairement innées et difficiles à modifier. L’idée que des actions préventives puissent modifier le développement d’un enfant était donc difficile à recevoir. Il a fallu un mouvement social important, soutenu par un effort scientifique rigoureux au cours des années 1960 et 1970 pour démontrer que des enfants exposés à des programmes de prévention pouvaient en bénéficier, et ce, dans plusieurs sphères de leur développement. Les années 1990 étaient donc remplies de l’espoir de contrer l’idée que la pauvreté et la vulnérabilité sociale étaient le fruit de processus développementaux et sociaux difficiles à renverser. Les évaluations des effets de certains programmes, échelonnées sur des dizaines d’années dans certains cas, étaient impossibles à remettre en question (voir les chapitres de Capuano, Poulin et Vitaro ; Gagné et Sanders ; Schweinhart ; Sparling et al ., Webster-Stratton et Bywater). Les enfants exposés à ces programmes se développaient mieux que ceux qui n’y participaient pas et souvent presque aussi bien que ceux de milieux à faible risque social. Albee et Gulotta identifient déjà plusieurs programmes prometteurs. Les enfants participant à ces programmes sont en meilleure santé et ont moins de défis langagiers et cognitifs. Ils reçoivent moins de soins médicaux à l’urgence et présentent moins de retards scolaires. Ils lisent mieux et décrochent moins souvent de l’école. Ils sont moins souvent délinquants et reçoivent moins souvent des services de protection de l’enfance. Les travaux longitudinaux révèlent une meilleure santé physique et psychologique chez les participants adolescents et adultes. Enfin, ils sont moins souvent arrêtés par la police et incarcérés. Ces conclusions semblent très claires pour Albee et Gulotta, au point où ils énoncent un appel pour restructurer la formation et l’organisation des services sociaux. Le développement et le bien-être d’une génération de jeunes en dépendaient. Il ne restait plus aux gestionnaires, aux enseignants et aux intervenants qu’à répondre à cet appel.

    1. La promesse

    Ces travaux ont frappé l’imaginaire d’une génération d’intervenants sociaux et de chercheurs, convaincus qu’une compréhension du développement permettrait aux intervenants d’être efficaces pour soutenir les enfants grandissant dans des contextes de vulnérabilité. L’efficacité des programmes fondateurs a inspiré une génération de chercheurs à mettre en œuvre et à évaluer de nombreuses stratégies d’intervention partout dans le monde, incluant le Québec. Shonkoff et Meisels (2000) ont publié un volume décrivant plusieurs de ces programmes. Vitaro et Gagnon (2000a, 2000b) ont publié deux volumes sur la recherche au Québec portant sur les difficultés de développement social des enfants. Plusieurs chapitres inclus dans ces deux ouvrages portaient sur des programmes de prévention auprès de familles et d’enfants à risque social qui s’inspiraient des travaux fondateurs des années précédentes. Au Québec comme ailleurs, il y avait une croyance selon laquelle il était possible de favoriser le développement de jeunes enfants vivant dans des contextes de vulnérabilité. Cet espoir est énoncé clairement dans le rapport du Groupe de travail pour les jeunes, Un Québec fou de ses enfants, rédigé par Camil Bouchard et son équipe en 1991.

    Sur le plan des politiques publiques, le ministère de la Santé et des Services sociaux et le ministère de la Famille mettaient sur pied des programmes largement inspirés par la recherche dans le domaine de la prévention à la suite du rapport du Groupe de travail pour les jeunes. Par exemple, avant les Services intégrés en périnatalité et pour la petite enfance (MSSS, 2004), les programmes Naître égaux – Grandir en santé (NEGS) et le Programme de soutien pour jeunes parents (PSJP) ciblaient de manière intentionnelle les enfants qui grandissent dans des contextes de vulnérabilité sociale et leurs parents. NEGS portait sur l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant pendant la période prénatale et à la naissance, ciblant plus particulièrement comme objectifs le poids à la naissance, la prématurité et le retard de croissance intra-utérin. Il avait également pour mission de diminuer les signalements pour maltraitance, bien que cet aspect n’ait pas fait l’objet d’une évaluation. Dans le cas du PSJP, les objectifs étaient similaires, avec l’exception qu’on ciblait les mères de moins de 20 ans et qu’on proposait un suivi postnatal plus long et intensif. Dans les deux cas, l’approche d’intervention s’appuie sur la présence d’une intervenante privilégiée (souvent une infirmière ou une travailleuse sociale) et dévouée à assurer l’intensité d’intervention nécessaire à la réussite du programme. Ces programmes ressemblaient en plusieurs points à ceux qui sont décrits dans le chapitre de Roggman, Peterson et Chazan-Cohen dans le présent ouvrage.

    2. Le décalage

    Les évaluations des programmes québécois indiquent qu’ils n’ont pas tous été à la hauteur des espoirs qu’ils généraient. Par exemple, dans une évaluation des premières vagues du programme NEGS, s’appuyant sur un essai randomisé, Boyer et ses collaborateurs (1998, 2001) notent les difficultés des responsables à livrer le programme tel que planifié et à rejoindre la population cible de familles vulnérables (50 % selon leurs données). De plus, malgré quelques effets sur le bien-être des mères participantes (p. ex. diminution des taux de dépression, augmentation du degré de soutien rapporté), les enfants ne se distinguaient peu ou pas de ceux qui ne recevaient que les services sociaux habituels, à l’âge de 1 mois. De plus, le poids de naissance des enfants exposés à l’intervention était plus faible, ce qui constitue un effet potentiellement négatif du programme.

    L’évaluation du PSJP rendue par Gendron, Dupuis, Moreau, Lachance-Fiola, Dupuis, Clavier et leurs collaborateurs (2013) révèle quelques effets positifs. Comme l’ont fait Boyer et ses collaborateurs plusieurs années plus tôt dans leur évaluation de NEGS, ces auteurs témoignent des difficultés à implanter le programme en accord avec les prescriptions ministérielles, de la complexité de l’organisation actuelle des services sociaux autour des objectifs qui devaient, en principe, cibler d’abord et avant tout l’amélioration des conditions des familles permettant un développement de l’enfant plus harmonieux.

    Ces constats ne devraient pas nous surprendre outre mesure. Ils devraient nous alerter quant aux difficultés que l’on rencontre dans l’implantation de programmes de prévention et la nécessité de mobiliser plusieurs acteurs à plusieurs niveaux de l’organisation des services de santé et sociaux. D’autres chercheurs ont documenté de tels échecs sur d’autres territoires, et certains témoignent des processus par lesquels ces problèmes peuvent se matérialiser. Le Comprehensive Child Development Program a été implanté et évalué auprès de plus de 4 500 familles sur 21 sites aux États-Unis. L’évaluation s’appuyait sur un essai randomisé de familles et s’est échelonnée sur cinq ans. L’intervention est faite par un intervenant dédié, un peu comme pour NEGS et le PSJP. Malgré la capacité de rejoindre les familles, l’évaluation indique l’absence d’effets auprès des parents (p. ex. comportements parentaux, autonomie financière ou trajectoires personnelles) et des enfants (p. ex. santé, développement cognitif, social ou émotionnel). Pour les auteurs, ces résultats remettent en question le fait que des programmes complexes puissent être implantés sans que les structures publiques de services sociaux ne soient adaptées (Goodson, Layzer, St-Pierre, Bernstein et Lopez, 1999).

    De plus, même lorsque ces programmes démontrent une certaine efficacité, il y a un décalage notable entre les résultats obtenus en comparaison avec les travaux des chercheurs qui les ont développés à l’origine. Ce constat émerge, entre autres, des travaux réalisés par Duncan, Magnuson et leurs collègues au cours des dernières années. Ces chercheurs expliquent que l’implantation à large échelle de tels programmes est associée à une diminution de leur efficacité, que l’on attribue largement aux défis de la mise en œuvre en lien avec l’organisation des services et à la formation insuffisante du personnel (Duncan, Magnuson, Kalil et Ziol-Guest, 2012). Dans une série de méta-analyses sur le sujet, ces chercheurs montrent que, dans le contexte américain, ces programmes continuent d’avoir des effets positifs à moyen et à long terme sur les trajectoires scolaires et développementales des jeunes (Bowne, Magnuson, Schindler, Duncan et Yoshikawa, 2017). Cependant, les auteurs soulignent le décalage dans les résultats entre développement et validation d’un côté et implantation et pérennisation de l’autre, ce qui témoigne d’un obstacle important au transfert de connaissances.

    Dans une série de travaux touchant cette question, Olds et ses collaborateurs soulignent également ce décalage. Ils relèvent les écarts entre les conditions d’implantation prévues et celles qui se trouvent à la base du décalage. En effet, les conditions d’implantation correspondent rarement aux contextes dans lesquelles les programmes ont été développés et validés (Holland, Xia, Kitzman, Dozier et Olds, 2014 ; Olds et al ., 2002 ; Olds, 2009). D’autres auteurs ont également décrit cette situation comme très difficilement résoluble dans le cadre de l’organisation actuelle des services sociaux (Eisner, 2009). Il s’agit d’une situation largement traitée dans la conclusion de Saïas, Poissant, Delawarde et Tarabulsy à la fin de ce volume. Dans un sens, la science empirique semble montrer que dans certaines circonstances, il est possible d’améliorer les conditions de la parentalité et favoriser le développement de l’enfant pour des familles vivant dans des contextes de vulnérabilité. Cependant, lorsqu’on tente d’appliquer ces travaux dans nos contextes sociaux, on peine à obtenir des résultats concluants.

    Dans un numéro spécial de la revue Development & Psychopathology sur l’intervention, Cicchetti et Toth (2006) soulignent trois difficultés développementales qui sont peu connues du public : 1) le coût humain et économique des difficultés d’adaptation des jeunes ; 2) la présence de stratégies efficaces développées et validées pendant les dernières décennies ; 3) le défi que pose le transfert des connaissances générées par les chercheurs aux services sociaux. Selon ces auteurs, bien qu’il reste du travail à faire pour mieux comprendre les processus d’intervention de nature préventive auprès de populations vulnérables, il existe suffisamment de connaissances pour permettre à des enfants de bénéficier de ces programmes de prévention. La difficulté semble se trouver dans les modalités d’implantation de ces programmes (Cicchetti et Toth, 2006 ; Duncan et Magnuson, 2007).

    3. Le transfert des connaissances pour les programmes de prévention

    Albee et Gulotta (1997) avaient nommé quelques-unes des difficultés d’utilisation des connaissances générées par la recherche d’un point de vue pratique. Les rapports de Boyer et de ses collègues, de l’équipe d’évaluation du PSJP ainsi que les travaux de Olds et de ses collaborateurs (2002, 2009) soulignent aussi quelques-unes des conditions permettant de réaliser une implantation efficace des programmes de prévention. Pour que l’expérience des familles auxquelles sont destinés ces programmes puisse être favorable et pour obtenir des résultats analogues à ceux des chercheurs, l’accent doit être placé sur la question du transfert des connaissances, comme l’ont fait Cicchetti et Toth (2006). Dans le cadre des structures publiques, ce transfert concerne trois éléments :

    1. L’organisation des services : Les résultats de recherche, résumés dans les chapitres de ce livre, appellent les structures publiques à se modifier afin que les stratégies de prévention efficaces soient mieux intégrées à l’offre de services. Cette organisation touche, entre autres, la charge de travail des intervenants qui, dans de nombreux cas, dépasse celle qui est prescrite, le temps consacré au travail en équipe, l’accès à la supervision et la disponibilité rapide de services spécialisés afin de mieux composer avec des situations complexes des familles. L’organisation des services suppose également de la continuité dans le travail des intervenants, ce qui leur permettrait de maintenir un lien durable avec les familles recevant des services, mais également de disposer du temps nécessaire pour développer leur expertise collective et de parfaire de manière continue leurs connaissances.

    2. La formation du personnel intervenant : Les programmes de prévention efficaces créent également un impératif à l’échelle de nos écoles de formation, des cégeps et des universités, exigeant des modifications à la formation des futurs intervenants afin que les finissants aient des compétences essentielles pour assurer l’efficacité des interventions. Actuellement, le fardeau de la formation repose essentiellement sur les établissements du réseau de la santé et des services sociaux et des organismes communautaires. Ce fardeau est trop lourd à porter pour ces milieux et, par conséquent, l’implantation de programmes de prévention demeure insuffisante.

    3. Les connaissances des gestionnaires de programmes et des décideurs politiques : Les gestionnaires ont des obligations administratives pour lesquelles ils doivent rendre des comptes. Ces obligations ne touchent pas de près les objectifs du développement de l’enfant, l’adaptation des parents, la qualité des conduites parentales ou l’intégration communautaire des familles. Les choix concernant les stratégies d’intervention et de prévention à privilégier dans les divers établissements reposent sur la capacité des gestionnaires à intégrer ces préoccupations à celles qui leur sont imposées par les gouvernements. Par exemple, un gestionnaire doit pouvoir se préoccuper de listes d’attente afin de rendre des comptes à ses supérieurs, mais également du développement des enfants. Dans certains cas, le fait d’aborder des questions développementales comme la préparation à l’école ou le développement langagier d’un segment de la population et d’y consacrer des ressources humaines et financières risque d’augmenter les listes d’attente pour l’admission à d’autres programmes. L’équilibre entre l’atteinte d’objectifs développementaux et de gestion nécessite une connaissance approfondie, non seulement de la gestion, mais aussi des programmes de prévention, de la parentalité et du développement des jeunes grandissant dans des contextes de vulnérabilité. La combinaison de ces trois catégories de compétences peut facilement faire défaut.

    4. Cinquante ans d’expérimentation

    Les chapitres qui font partie de ce livre décrivent certains des programmes de prévention qui ont capté l’imaginaire des intervenants et des chercheurs au cours des 50 dernières années. Il sera important, dans la suite de cette réflexion, de considérer dans quelle mesure ces programmes peuvent faire partie des programmes sociaux qui caractérisent les services que reçoivent les enfants et les familles vivant en contexte de vulnérabilité. De même, il est nécessaire de voir comment les travaux de recherche peuvent davantage s’insérer dans les cadres des services de santé et services sociaux au Québec – car il est important de souligner que de nombreux programmes sont élaborés et évalués dans des contextes hautement contrôlés (voir Saïas et al. en conclusion à ce livre). Est-ce possible que de tels programmes puissent s’insérer dans un continuum de services de santé publique, piloté par des organismes gouvernementaux ?

    Néanmoins, ces programmes annoncent une promesse, celle de pouvoir égaliser les chances des jeunes enfants, et ce, peu importe le monde dans lequel ils naissent et grandissent. Et de ce point de vue, de tels programmes méritent toute notre attention. De toute évidence, ces programmes appellent à un renouvellement de certaines de nos pratiques et de la formation, requises pour être efficaces. Chacun des programmes répertoriés cible la parentalité, les donneurs de soins qui font partie des environnements des jeunes enfants ainsi que les enfants eux-mêmes. Ils ont également des cibles précises : le développement cognitif de l’enfant, le développement social, les pratiques parentales, la préparation scolaire. Soulignons que ces cibles sont mentionnées dans une multitude de documents et de plans d’action gouvernementaux comme des préoccupations gouvernementales à la base (p. ex. Politique gouvernementale de prévention, Programme national de santé publique). Pour chaque chapitre, nous avons demandé aux auteurs de décrire les éléments suivants :

    L’historique du programme et des stratégies d’intervention qu’il contient, incluant les prérequis pour l’implantation dans les établissements. Ces prérequis sont relatifs aux caractéristiques des intervenants et aux milieux d’intervention qui souhaitent adopter ces programmes.

    L’évaluation et la validation, initiale et continue, des programmes sur le plan scientifique, provenant des groupes de chercheurs qui ont développé les stratégies ou d’autres milieux.

    Des informations sur les conditions et les enjeux d’implantation.

    Une section concernant les défis de prévention qui demeurent dans une perspective scientifique, politique, sociale ou économique.

    Ces programmes comprennent certains éléments communs, notamment le recours à des intervenants possédant une formation spécialisée, ainsi que le travail dans des classes ou des services de garde d’excellente qualité. Ils comptent tous sur la participation des parents et s’ajustent aux enjeux développementaux des enfants.

    Le Programme HighScope Perry Preschool (HPP ; Schweinhart), le Carolina Abecedarian (Carolina AbecedarianEarly Head Start (EHS ; Roggman, Peterson et Chazan-Cohen) comportent un volet de travail avec la dyade parent-enfant, en plus d’une composante en contexte de service de garde ou dans une prématernelle de très haute qualité. Le plus vieux de ces programmes, adapté à plusieurs reprises pour s’insérer dans les services sociaux et éducatifs de différentes localités, le HPP, met l’accent sur la créativité des jeunes, en plus de visites à domicile afin d’aider les parents à soutenir les apprentissages des jeunes de 3 à 5 ans. Avec le CA, il s’agit du programme de prévention qui a suscité le plus d’attention médiatique et scientifique en raison du suivi longitudinal des groupes qui ont fait partie des évaluations initiales (rapportées dans le présent ouvrage).

    Le CA offre des activités pour les parents et les enfants dans une sorte de « centre d’expertise », des services de garde de très haute qualité, incluant de nombreux jeux de langage, de créativité, d’organisation visuo-spatiale et de collaboration sociale entre les intervenants et les enfants ou entre les parents et les enfants, ou encore entre les enfants eux-mêmes. Le CA est un programme qui s’insère progressivement dans l’offre de services sociaux de certains milieux au Québec et au Canada puisque des formations pour le CA sont dispensées par le Cégep de Saint-Jérôme (où il porte le nom Jeux d’enfants) et au Red River College au Manitoba. Dans le cas de son intégration au Québec, CA a fait l’objet d’une évaluation minutieuse par la Fondation Lucie et André Chagnon, qui a soutenu son implantation et la formation de plus de 5 500 intervenants et éducateurs.

    Le programme EHS offre des services aux parents qui attendent un enfant jusqu’à ce que ce dernier atteigne l’âge de 3 ans. EHS consiste en un service de garde de haut niveau, des visites à domicile ainsi qu’une agence ou un centre d’expertise permettant d’avoir accès à des services spécialisés comme ceux d’orthophonistes ou de psychoéducateurs. Cette approche, subventionnée par le gouvernement états-unien et fondée sur une perspective d’intervention faisant participer l’ensemble des acteurs et partenaires communautaires, est à la base de plusieurs stratégies que l’on retrouve dans les pays occidentaux en matière de prévention des difficultés chez les enfants. L’implantation de EHS semble avoir fait l’objet des travaux les plus complets en matière de transfert des connaissances et de soutien auprès des intervenants (Roggman et Cardia, 2015).

    Dans le programme REDI (Research-based, Developmentally Informed), Bierman et ses collègues (Bierman, Nix, Domitrovich, Welsh et Gest) démontrent l’utilité d’avoir un programme précis et adapté au développement des enfants de 3 à 5 ans afin d’enrichir le programme de base ciblant ces enfants (le programme Head Start). REDI se base sur la formation et le mentorat auprès d’enseignantes de prématernelle et de services de garde spécialisés afin de soutenir les apprentissages en littératie émergente, le développement langagier ainsi que différents aspects du développement social et émotionnel de l’enfant. À plusieurs reprises et dans divers contextes, REDI a démontré une plus grande efficacité que les services, déjà de bonne qualité, que recevaient les enfants participant aux travaux d’évaluation.

    Le programme FLUPPY (Capuano, Poulin et Vitaro) est d’origine québécoise et est implanté dans plusieurs pays depuis plus de 30 ans. Si on le compare avec les programmes précédents, il cible des enfants un peu plus vieux et vise davantage le milieu préscolaire que celui des services de garde. Mais tout comme les autres programmes, il comprend des volets d’intervention auprès de la famille et de l’enfant directement. Parmi des résultats encourageants de ce programme, les chercheurs notent des diminutions de la violence et du décrochage scolaire, réitérant la notion, maintes fois soulignée, que les programmes de prévention qui ciblent le soutien à la famille et aux enfants avant l’entrée scolaire sont parmi les outils les plus efficaces que nous ayons pour aborder certains problèmes éprouvés tout au long du cheminement scolaire (voir Tremblay, Vitaro et Côté, 2018).

    Le programme Incredible Years® (IY ; Webster-Stratton et Bywater) est devenu une référence en matière de prévention au cours des dernières années. Tout comme les autres programmes, il se distingue par la qualité des études d’évaluation qui l’ont validé comme stratégie pour diminuer les taux d’externalisation chez les enfants provenant de milieux à risque sur le plan social. De même, il comprend une stratégie qui cible les parents, les éducateurs et les enfants afin qu’ensemble, ils puissent travailler de manière concertée. Une caractéristique particulière de ce programme est qu’il couvre une vaste période du développement de l’enfant, de la naissance jusqu’à l’âge de 12 ans. IY fait partie d’un programme de prévention qui a été et qui continue d’être validé dans certaines régions du Québec.

    Finalement, le programme Pratiques parentales positives (Triple P ; Gagné et Sanders) est également parmi les programmes largement diffusés dans le monde. Au Québec, il fait partie d’une importante initiative de validation dans deux régions du Québec. Tout comme les autres programmes, il s’adapte à l’âge de l’enfant et à la sévérité des difficultés auxquelles les familles sont exposées. De plus, il fait intervenir un ensemble d’acteurs et de partenaires pouvant être responsables de l’offre de services, allant des établissements de santé et de services sociaux qui ont le mandat de desservir la population aux organismes communautaires qui peuvent avoir des responsabilités à l’intérieur du programme. Comme les autres programmes, Triple P se démarque par la qualité des évaluations auxquelles il a été soumis.

    L’avant-dernier chapitre de ce livre provient de W. Steven Barnett et porte sur les aspects économiques des programmes de prévention. Dans ses écrits antérieurs (p. ex. Barnett et Friede, 2010 ; Crowley et al ., 2018), Barnett annonce l’idée que les programmes de prévention pouvaient avoir des retombées économiques importantes pour une société. Il démontre de manière convaincante qu’en investissant de manière rigoureuse et systématique dans la petite enfance, avant que les problèmes développementaux n’émergent, non seulement on s’épargne énormément de souffrance, mais on épargne aussi beaucoup d’argent. En effet, Barnett démontre avec éloquence que d’importantes économies d’échelle sont obtenues si on investit de manière intentionnelle chez les enfants avant l’âge de 6 ans. De fait, les travaux portant sur le HPP et le CA ont régulièrement été soumis aux analyses de Barnett, dans différents contextes. Ces travaux montrent que l’enfant qui est exposé à un programme de prévention de qualité a moins de chances d’éprouver d’autres formes de problèmes psychosociaux, judiciaires et médicaux et ainsi, coûte moins cher à l’État. Le chapitre auquel il contribue nous rappelle que le soutien à la parentalité et aux enfants n’est pas uniquement un objectif moral et social, mais qu’il comprend un facteur économique dont il faut tenir compte dans les décisions politiques.

    5. Et maintenant…

    Ces chapitres nous rappellent quelques éléments fondamentaux sur ce que nous avons appris depuis les 50 dernières années sur les programmes efficaces de prévention : ils ciblent les compétences des parents dans leurs rôles et leurs tâches parentales ; ils visent le développement des enfants et s’adaptent de manière précise selon l’âge et les besoins qui se manifestent à travers les périodes ciblées ; ils demandent une formation des intervenants et un travail d’équipe ; ils comptent parfois sur la collaboration des services de garde de grande qualité ; enfin ils supposent une volonté durable de structurer les services afin d’obtenir des effets positifs concluants chez les enfants et les parents, et à long terme.

    Les chapitres de ce livre témoignent du fait qu’il existe des connaissances essentielles pour mieux intervenir auprès des familles et des enfants à risque sur le plan social. Certes, de nombreuses questions se posent toujours sur l’intervention, et il reste encore énormément de travail fondamental à réaliser afin de mieux comprendre les mécanismes de l’intervention et les raisons pour lesquelles certains programmes ne fonctionnent pas, car les échecs et les surprises continuent d’étonner chercheurs et intervenants. Cependant, comme le disaient Cicchetti et Toth (2006), l’état des connaissances élimine le manque de connaissances comme raison de la passivité et de l’inaction. Barnett ajoute que sur le plan économique, ce type d’intervention s’avère un investissement pécuniaire à moyen et à long terme. Or, malgré quelques initiatives de validation qui touchent certains de ces programmes au Québec, ils demeurent sous-implantés sur le territoire et lorsqu’ils le sont, la responsabilité repose sur les établissements individuels. Dans le dernier chapitre de cet ouvrage, Saïas, Poissant, Delawarde et Tarabulsy abordent certaines des raisons pour le manque d’implantation de ces programmes, provenant des programmes eux-mêmes ou des conditions d’implantation mises à la disposition des intervenants des divers réseaux. Cette réflexion est importante, car elle nous apporte des pistes pour comprendre comment ces stratégies peuvent être adaptées afin d’assurer une implantation cohérente et efficace des éléments clés des programmes. À ce constat, on ajoute que malgré le fait que ces programmes sont en évolution depuis les 50 dernières années, la formation demeure élusive – les universités et les collèges n’offrent pas de formation spécialisée touchant ces programmes ou des programmes analogues. Les établissements du réseau public doivent assumer le fardeau de la formation dans un contexte de pénurie de ressources humaines et financières.

    Le défi que posent ces programmes à notre époque n’est pas très différent de celui que relevaient Albee et Gulotta en 1997. En fait, que ce défi n’ait pas beaucoup changé témoigne certainement de la complexité de la tâche et non de la volonté des individus ou de la pertinence de la prévention. Mais nous avons de nouveaux atouts : à notre époque, nous possédons de meilleures connaissances, nous connaissons mieux nos territoires et nos populations, et nous sommes davantage en mesure de structurer des programmes et des stratégies de prévention afin de mieux soutenir les parents et leurs enfants. Reste maintenant à appliquer les éléments actifs de ces modèles. Il s’agit d’un projet collectif qui, comme le souci d’offrir des programmes efficaces, doit mobiliser des acteurs de différents horizons qui ont à cœur le bien-être des enfants et des familles.

    Bibliographie

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    chapitre 1

    Le HighScope Perry Preschool

    La prévention grâce à un programme préscolaire d’apprentissage actif

    Lawrence J. Schweinhart

    Président émérite de la Fondation HighScope Educational Research

    La prévention s’effectue dans un ordre temporel, qu’il s’agisse de programmes actuellement implantés et de leurs résultats futurs, ou de programmes passés et de leurs résultats actuels. La prévention privilégie les programmes implantés dès les premières années de vie simplement parce qu’il y a ainsi davantage d’années de vie pour profiter des bienfaits de l’intervention. À titre d’exemple, un programme implanté durant la période préscolaire constitue un meilleur programme de prévention parce qu’il y a davantage d’années de vie pour faire profiter des bienfaits de l’intervention. La prévention a pour objectif d’éviter que des résultats négatifs se produisent plutôt que de favoriser l’apparition de résultats positifs. Or, un programme peut, bien entendu, à la fois prévenir les résultats négatifs et favoriser les résultats positifs ; une stratégie de prévention tend cependant à prioriser l’intervention auprès d’individus qui, en tant qu’adultes, risquent de vivre des conséquences négatives comme l’échec scolaire, le crime et le chômage, plutôt que de cibler ceux qui vivront des conséquences positives comme la réussite scolaire, l’implication citoyenne et le plein emploi. Il est possible

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