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La gestion de la classe intégrée aux didactiques: Vers un enseignement cohérent
La gestion de la classe intégrée aux didactiques: Vers un enseignement cohérent
La gestion de la classe intégrée aux didactiques: Vers un enseignement cohérent
Livre électronique262 pages2 heures

La gestion de la classe intégrée aux didactiques: Vers un enseignement cohérent

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À propos de ce livre électronique

Ce livre a été pensé avec l’objectif de proposer des pistes d’intégration pour les deux dimensions centrales de l’acte d’enseigner, soit la didactique et la gestion de la classe. Dès le moment de la planification d’une activité d’enseignement-apprentissage, la personne qui enseigne doit réfléchir tant à l’enseignement de l’objet qu’à la gestion des êtres humains concernés et de leur environnement. C’est avec cette intention que nous avons réuni autour de chacun des chapitres des personnes expertes des deux domaines afin de réfléchir aux enjeux et aux conditions de cette intégration. Ainsi, chaque chapitre est écrit par des didacticiennes et des didacticiens de la discipline qui y est abordée et se présente comme espace de dialogue avec des spécialistes en gestion de la classe. Les cinq chapitres qui composent La gestion de la classe intégrée aux didactiques mettent en évidence les relations qui coexistent entre les spécificités didactiques de la discipline concernée et un aspect particulier de la gestion de la classe. Il est entre autres question de didactique du français, de l’univers social, des mathématiques et des sciences, de responsabilisation, de résolution de conflits, de gestion démocratique et de pratiques d’autorité.

Cet ouvrage s’adresse aux personnes étudiant ou travaillant dans le milieu de l’éducation, peu importe leur contexte professionnel. Il pose un regard renouvelé sur les approches et les pratiques en enseignement, soit un regard unificateur pour une meilleure articulation entre les choix en didactiques et ceux en gestion de la classe afin d’assurer une cohérence optimale entre les deux.
LangueFrançais
Date de sortie25 mai 2022
ISBN9782760556911
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    La gestion de la classe intégrée aux didactiques - Mélanie Dumouchel

    Introduction

    L’intégration de la gestion de la classe et de la didactique: vers un nouveau regard unificateur

    Mélanie Dumouchel

    Catherine Lanaris

    Ce livre a été pensé avec l’objectif d’intégrer les deux dimensions centrales de l’acte d’enseigner, soit la gestion de la classe et la didactique, afin que celles-ci deviennent indissociables pour les enseignantes¹ et les futures enseignantes. Ainsi, dès le moment de la planification, aux balbutiements de la conception d’une activité d’enseignement-apprentissage, l’enseignante réfléchit autant à l’enseignement de l’objet qu’à la gestion des êtres humains et de leur environnement. C’est avec cette intention que nous avons réuni autour de chaque chapitre des experts des deux domaines afin de réfléchir aux enjeux et aux conditions de cette intégration. Ainsi, chaque chapitre est écrit par des didacticiennes et des didacticiens de la discipline qui y est abordée et des expertes en gestion de la classe.

    Ce livre comporte donc cinq chapitres. Après la présentation des définitions des deux concepts centraux de l’ouvrage, le chapitre 1 met en évidence la nécessité d’une mise en relation entre les deux. Le chapitre 2 présente la didactique du français en mettant en lumière la relation entre des séquences didactiques et la résolution de conflits, entre le cercle de lecture et le conseil de coopération, entre les ateliers de négociation graphique et les habiletés de coopération et, à l’inverse, entre le conseil de coopération et l’oral réflexif. Le chapitre 3 traite de la didactique de l’univers social et explore le lien entre la démarche de recherche et de traitement de l’information en géographie et en histoire, et le processus de responsabilisation et la démarche de résolution de conflits. Cela permet à l’enseignante de faire des liens entre l’établissement du cadre de vie de la classe et celui des sociétés à l’étude, tout en explicitant l’exploitation du débat démocratique. La mise en place d’une gestion de la classe responsabilisante, intégrée à l’enseignement de l’univers social au secondaire, est illustrée par une entrevue. Le chapitre 4, qui intègre la didactique des mathématiques et la gestion de la classe, présente le lien entre l’éveil aux mathématiques à l’éducation préscolaire et la gestion de la classe responsabilisante. En plus de situer les enjeux de l’utilisation de l’approche exploratoire à l’éducation préscolaire et ceux en gestion de la classe, le chapitre 4 explore ce même lien à travers la résolution de conflits. Finalement, le chapitre 5, consacré à la didactique des sciences, explore les notions d’émancipation et d’autonomisation des élèves à travers la mise en place de la démarche d’investigation. Il propose la mise en relation entre la didactique des sciences et la gestion de la classe sous l’angle de la mise en place d’une posture d’autorité éducative permettant d’atteindre les finalités de l’enseignement des sciences et le développement de la pensée scientifique chez les élèves.

    À la suite de la lecture de ce livre, nous souhaitons que les personnes travaillant dans le milieu de l’éducation, peu importe leur contexte professionnel, posent un regard nouveau sur les approches et les pratiques en enseignement: un regard unificateur qui envisage la mise en relation entre leurs choix didactiques et ceux en gestion de la classe. Nous espérons que ce regard sera porteur d’actions quotidiennes cohérentes qui contribueront au développement des savoirs, mais également des personnes qui les construisent tant à l’éducation préscolaire, primaire, secondaire, qu’universitaire.

    1Étant donné que la majorité des personnes travaillant en enseignement sont des femmes, le genre féminin sera utilisé et n’a aucune intention discriminatoire.

    La mise en relation entre la gestion de la classe et la didactique

    Mélanie Dumouchel

    Catherine Lanaris

    Geneviève Messier

    CIBLES DE LECTURE

    •Situer les bases théoriques du concept de la gestion de la classe et de la didactique.

    •Explorer les différentes orientations en gestion de la classe et en didactique.

    •Examiner le lien qui peut s’établir entre la gestion de la classe et la didactique.

    •Explorer le concept de gestion de la classe dans une perspective de responsabilisation.

    •Situer les bases théoriques du concept de didactique.

    QUESTIONS CLÉS

    •Quel lien peut-il être établi entre la gestion de la classe et la didactique?

    •Qu’est-ce qu’une gestion de la classe responsabilisante?

    •Qu’est-ce que la dévolution?

    •Pourquoi la reconnaissance du pouvoir de l’enseignante et de l’élève se situe-t-elle au cœur du processus de responsabilisation?

    •Pourquoi est-il nécessaire d’établir une mise en relation entre la gestion de la classe et la didactique?

    Enseigner est un acte complexe qui mobilise plusieurs compétences articulées autour de deux dimensions centrales, soit la gestion de la classe et la didactique (Altet, 2002; Doyle, 1986; Gauthier, Desbiens et Martineau, 2003). Ces dimensions sont interreliées et interdépendantes, comme l’ont montré les recherches de Dumouchel (2017) et de Butlen, Charles-Pezard et Masselot (2011). Pourtant, ces mêmes dimensions sont souvent considérées comme distinctes et mutuellement exclusives dans les recherches en éducation, mais également dans la formation des enseignantes (Lanaris et Beaudoin, 2011). Ainsi, c’est l’enseignante qui doit assumer seule la responsabilité d’établir les liens cohérents indispensables entre la didactique et la gestion de la classe dans sa pratique (Dumouchel, 2017). Dès lors, on peut penser que la mise en relation entre ces deux dimensions peut prendre plusieurs formes en fonction des choix de l’enseignante pour leur mise en pratique. L’enseignante aura-t-elle un souci de cohérence entre les deux dimensions? Les dimensions doivent-elles être cohérentes? Pourquoi l’enseignante devrait-elle se préoccuper de l’existence de ce lien?

    Ce chapitre est inspiré de la thèse de Dumouchel (2017) et, dans un premier temps, il propose de rappeler l’historique de l’existence de ce lien et d’établir la nécessité d’une cohérence entre la gestion de la classe et de la didactique. Dans un deuxième temps, les deux dimensions centrales, soit la gestion de la classe et la didactique, sont définies afin de clarifier le sens de chacune.

    1.1.La théorisation d’un regard unificateur

    Tout d’abord, le lien entre la gestion de la classe et la didactique a été évoqué pour la première fois dans les travaux de Freinet (1939) qui, sans le nommer explicitement ainsi, met en évidence le fait que la didactique et la gestion de la classe ne doivent pas être traitées séparément, les deux dimensions étant imbriquées. En effet, selon cet auteur, l’ordre social est nécessaire pour assurer un bon fonctionnement de la classe, et pour obtenir cet ordre social, il est nécessaire que l’enseignante organise des activités tenant compte des besoins et des désirs de l’enfant et qui permettent à ce dernier d’agir librement. Dès lors, si ces conditions ne sont pas réunies, une gestion spéciale des comportements est nécessaire pour contraindre les élèves (Freinet, 1939). Ainsi, Freinet (1939) semble avoir amorcé une réflexion sur l’influence des choix didactiques sur ceux en gestion de la classe et vice-versa. Par la suite, d’autres chercheurs ont également réfléchi sur les liens qui unissent ces deux dimensions et comment elles s’influencent mutuellement.

    Les travaux de Vanhulle (1999) situent ce lien comme étant «à la croisée des chemins entre des processus généraux d’enseignement et des outils liés à une discipline» (p. 652). Ils ont permis de schématiser cette réflexion dans l’action de l’enseignante en identifiant ce qui relève respectivement de la gestion de la classe et de la gestion des apprentissages dans les trois temps de l’enseignement: la préparation, l’action et la rétroaction. Plus intéressant encore, l’auteure ajoute l’idée que gérer au quotidien l’articulation entre les deux dimensions demande une conviction (sans préciser laquelle), mais que celle-ci repose sur le rapport au savoir que l’enseignante entretient. En effet, selon Vanhulle (1999), une conception transmissive du savoir chez l’enseignante induira une gestion de la classe plus restreinte à des considérations d’ordre et de discipline. À l’inverse, si l’enseignante conçoit le savoir comme une construction, elle aura tendance à envisager la gestion de la classe comme devant permettre à l’élève de développer ou de construire de multiples compétences. Ainsi, la gestion de la classe devient une dimension éducative participant à la construction de savoirs et à la négociation de la construction de sens à travers des dynamiques individuelles et de groupe (Vanhulle, 1999). C’est cette dimension qui peut mener l’élève, entre autres, vers la responsabilisation.

    Dans son étude auprès d’enseignantes de maternelle, Garcion-Vautor (2002) évoque ce lien entre la gestion de la classe et la didactique en rapportant l’impact des choix didactiques sur le fonctionnement de la classe et le climat qui y règne. En effet, sa recherche démontre que plus l’enseignante s’arrête dans son enseignement pour persister à établir le contrat didactique alors que les élèves ont déjà accepté la prise en charge de la tâche à faire, plus elle aura besoin de faire des rappels à l’ordre. Dans ce contexte, le brouhaha dans la classe pourrait s’expliquer par le fait que l’enseignante ne tient pas compte de ce que les élèves savent déjà faire seuls.

    En 2005, les travaux de Marquet introduisent le concept du «conflit instrumental», qui consiste en une interférence entre les dispositifs didactiques et les dispositifs en gestion de la classe. Ces dispositifs peuvent même être en contradiction. Ce conflit résulterait d’une incohérence entre les dispositifs didactiques et ceux en gestion de la classe et se manifeste dans la pratique enseignante. En 1996, Durand avait déjà évoqué une possible contradiction dans l’acte d’enseigner entre les deux dimensions, en parlant du paradoxe entre la volonté de maintenir l’ordre et celle d’instruire au cœur de l’acte d’enseigner.

    Puis, les travaux de Butlen et al. (2011) ont mis en lumière la complémentarité et la contradiction entre ces deux dimensions. Dès lors, il devient clair que ces deux dimensions sont indissociables. En effet, pour eux, l’établissement de règles de fonctionnement acceptées par les élèves, qui relève de la dimension de la gestion de la classe, est indispensable à la relation didactique. Leurs travaux permettent de conclure que «la manière dont [la] professeur[e] négocie la paix scolaire n’est pas sans effet sur son exercice d’une certaine vigilance didactique et réciproquement» (s. d.). Cet effet est caractérisé par le délestage d’une dimension par l’enseignante au détriment de la réussite de l’autre dimension. Par exemple, alors que sur le plan didactique une activité devrait se réaliser en équipe, l’enseignante pourrait choisir de faire travailler les élèves seuls, selon des considérations liées à la gestion de la classe. Ainsi, elle empêche les élèves de se regrouper pour éviter une possible désorganisation de la classe. C’est ainsi que Butlen et al. (2011) arrivent à la conclusion que «[p]rendre en compte simultanément et de façon complémentaire les deux dimensions» (n. d.) semble être la façon d’optimiser l’enseignement. C’est cette même année que Lanaris et Beaudoin (2011) publient les résultats de leur recherche exploratoire sur le lien entre la gestion de la classe et la didactique impliquant les étudiantes en formation à l’enseignement. Leurs résultats indiquent que les étudiantes, au terme de leurs quatre ans de formation universitaire, semblent accorder une plus grande importance aux dimensions relationnelles à l’intérieur de la gestion de la classe qu’à la dimension didactique – soit les savoirs enseignés – et laissent supposer l’existence d’un clivage entre les choix didactiques et ceux en gestion de la classe.

    Finalement, la recherche de Dumouchel (2017) a non seulement permis d’expliciter la pertinence d’examiner le lien entre ces deux dimensions, mais elle a surtout fait ressortir la nécessaire cohérence entre les choix de l’enseignante en gestion de la classe et ceux en didactique. Autrement dit, les choix d’approches didactiques et les choix en gestion de la classe devraient suivre une même logique. Ces éléments vont se préciser dans les sections suivantes. Cependant, avant d’ouvrir la réflexion sur les perspectives de mise en relation de ces deux dimensions, il importe de définir chacune d’elles. La gestion de la classe sera d’abord présentée, suivie de la didactique.

    1.2.La gestion de la classe

    La gestion de la classe a fait l’objet de plusieurs écrits. Maulini (1999) l’a qualifiée de «compétence générique», Perrenoud (1999), quant à lui, la désigne comme un «fourre-tout», voire un «reste» ou encore un «ensemble» qui est peu ou pas analysé. Cette section vise à circonscrire la dimension théorique du concept de gestion de la classe dans le temps, mais aussi au regard des résultats des recherches et des considérations reliées à la pratique enseignante. Elle présentera l’évolution et la définition du concept de la gestion de la classe, ses grandes orientations, la place prépondérante de la relation éducative dans cette dimension et, finalement, le positionnement de cette dimension au regard de la responsabilisation, qui passe nécessairement par la reconnaissance du pouvoir de l’enseignante et de l’élève.

    1.2.1.L’évolution et la définition du concept

    Le concept de «gestion de la classe», relativement récent dans l’histoire des sciences de l’éducation, fait son apparition en Amérique du Nord vers le début des années 1970 (Jones, 1989). Depuis, comme nous le verrons dans les paragraphes suivants, il n’a cessé de se transformer, influencé par différents courants théoriques du monde de l’éducation. Bien que certains d’entre eux paraissent plus dominants à une certaine époque, leurs influences sont présentes tout au long de l’évolution du concept et transparaissent également dans les pratiques actuelles.

    À ses débuts, le concept de gestion de la classe faisait exclusivement référence à l’ordre et à la discipline (Nault et Fijalkow, 1999). Il se définissait alors comme regroupant les solutions apportées par l’enseignante pour éviter ou pour contrôler les mauvais comportements. La gestion de la classe consistait alors principalement en une réaction aux problèmes de discipline (Jones, 1989) ainsi qu’en l’établissement des lignes directrices du fonctionnement de la classe par l’enseignante. Selon cette conception qui s’inscrit davantage dans le courant théorique béhavioriste, la gestion de la classe consiste en des moyens pour contrôler et modifier le comportement des élèves. En effet, dans cette perspective hiérarchique, l’enseignante gère sa classe principalement en appliquant les principes d’apprentissage béhavioristes: renforcement positif et négatif et punition positive et négative (Archambault et Chouinard, 2016).

    La définition du concept a ensuite évolué vers une perspective systémique englobant les activités du groupe dans son environnement (Doyle, 1986; Jones, 1996). S’est ajoutée ainsi l’idée de prévention et de diminution des comportements inadaptés afin de favoriser un fonctionnement harmonieux de la classe (Nault et Fijalkow, 1999). On note l’influence du courant humaniste sur cette définition de la gestion de la classe, puisque le développement de l’identité de l’élève et l’établissement

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