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L'accompagnement du développement personnel et professionnel en éducation
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L'accompagnement du développement personnel et professionnel en éducation
Livre électronique342 pages3 heures

L'accompagnement du développement personnel et professionnel en éducation

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À propos de ce livre électronique

L’accompagnement occupe une place grandissante en éducation et s’incarne depuis plusieurs années dans des interventions aussi riches que diversifiées. Il s’inscrit dans une logique d’aide au cheminement et de soutien psychologique et social relativement au mal-être – relié, par exemple, au stress, à l’anxiété, à la démotivation ou au manque d’efficacité – du professionnel en contexte de formation ou de travail.

En s’appuyant sur des savoirs, des savoir-être et des savoir-faire éprouvés dans différentes situations ainsi que sur des expériences singulières et collectives, le présent ouvrage explore aussi bien les pratiques d’accompagnement dans le développement personnel et professionnel en éducation que leurs fondements, leurs caractéristiques et leurs modalités.

Les chapitres de ce collectif s’articulent autour d’un même point de vue : l’accompagnement constitue une pratique d’intervention qui aide la personne à intégrer les différents savoirs nécessaires à l’exercice de son travail, favorisant à la fois sa croissance et son développement, et s’avère donc un outil pertinent. En ce sens, les auteurs présentent ici des exercices qu’un accompagnateur-formateur peut faire seul ou en groupe.

Cet ouvrage intéressera toute personne qui joue le rôle d’accompagnateur dans un environnement éducatif.
LangueFrançais
Date de sortie13 mars 2019
ISBN9782760550988
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    Aperçu du livre

    L'accompagnement du développement personnel et professionnel en éducation - Karine Rondeau

    Introduction

    France Jutras et Karine Rondeau

    Sans connaître la pédagogie de l’accompagnement, on a intuitivement l’impression que l’accompagnement signifie quelque chose qui se situe entre une pédagogie basée sur l’autorité et le savoir du maître et une pédagogie de la découverte libre et spontanée. Les termes accompagnement, accompagner et accompagnateur renvoient, il est vrai, à l’idée de démarche bienveillante dans une posture de cheminement côte à côte, c’est-à-dire horizontale ou moins hiérarchique. Si ces termes se sont imposés, c’est, d’une part, parce qu’ils correspondent à notre sensibilité contemporaine et, d’autre part, parce que de nos jours, la formation ne concerne pas seulement la jeune génération, mais aussi les adultes tout au long de la vie. Les conceptions de l’éducation, du savoir, de l’apprentissage, de l’évaluation, des personnes qui enseignent ou qui forment et de celles qui apprennent ou qui se développent s’en ressentent forcément.

    On peut remarquer qu’on n’utilise que très peu les termes reliés à l’accompagnement pour parler du travail des enseignants avec leurs élèves du primaire et du secondaire. Certes, ils peuvent accompagner leurs élèves lors d’activités sportives, d’activités parascolaires ou de sorties éducatives. Mais ils vont aussi les encadrer, leur donner des conseils ou de la rétroaction et faire de l’évaluation formative lorsqu’il s’agit d’activités qui ont lieu dans un cadre formel voué à l’apprentissage. Malgré cela, le terme accompagnement s’est plus particulièrement intégré au langage du grand secteur de la formation des adultes. Par exemple, on accompagne des adultes dans leur retour aux études, dans l’évaluation des acquis de l’expérience ou dans une formation professionnelle; on accompagne des étudiants universitaires lors de stages ou dans le cadre de leurs études de maîtrise et de doctorat; on accompagne des professionnels et des bénévoles pour les soutenir dans le développement de compétences requises dans leur cadre de travail ou d’intervention; on accompagne des personnes dans des transitions de vie ou lors de situations existentielles particulières.

    Ces exemples montrent l’existence de certaines particularités qui permettent de comprendre ce qu’est l’accompagnement, de clarifier des dimensions qui caractérisent le travail des personnes qui agissent comme accompagnateurs et de relever que l’accompagnement a lieu dans certains établissements. Bien sûr, les divers chapitres qui composent ce livre collectif vont faire écho à ces concepts chacun à leur manière. Mais avant de les aborder, il est intéressant de se pencher sur quelques raisons qui amènent à penser que l’accompagnement peut être considéré comme une pratique susceptible d’aider les personnes et les groupes à se développer.

    Les exigences de la vie actuelle en contexte de travail et de formation sont une source de grand stress. À long terme, le stress peut engendrer un mal-être, par exemple de la tension, des douleurs corporelles, de la fatigue, pouvant donner lieu à des formes d’auto-destruction qui font des ravages sur le plan de la santé psychosociale des personnes, affectant ainsi leur bien-être, leur engagement et leur efficacité au travail ou dans leur cheminement d’étude. Cette situation est préoccupante, car bon nombre de professionnels qui vivent un tel épuisement en arrivent à se désengager, voire à quitter carrément leur profession en raison de sentiments de mal-être quotidien. Pour pallier ce problème, des pratiques d’accompagnement ont progressivement été introduites dans la plupart des secteurs professionnels et de formation, notamment dans ceux où dominent les relations humaines ou interpersonnelles.

    Dans de nombreuses activités qui portent sur le développement professionnel en formation initiale et continue, que ce soit dans des cadres formels, informels et non formels, on recherche des pratiques d’intervention pouvant soutenir le développement du professionnel et, en particulier, le développement de son savoir-être et de son savoir-devenir. En ce sens, une pratique d’accompagnement est parfois mise en œuvre. Selon Paul (2009), il faut considérer l’accompagnement à la fois comme une stratégie d’intervention qui s’inscrit dans une logique d’aide au cheminement et comme soutien psychologique et social face au mal-être relié, par exemple, au stress, à l’anxiété ou au manque d’efficacité de la personne en contexte de formation ou de travail. L’accompagnement est aussi considéré comme un filet de sécurité (Papazian-Zohrabian et al., 2015) qui permet d’apporter du soutien dans des contextes difficiles et complexes, ce qui a des retombées sur la santé psychosociale et le climat de travail ou d’étude.

    Quoiqu’elles permettent de les intégrer, les visées des pratiques d’accompagnement dépassent celles relatives à l’acquisition de savoirs et à la formation cognitive de la personne. Elles ont trait particulièrement au savoir-être, au savoir-faire et au savoir-devenir de la personne. En fait, l’accompagnement constitue une pratique d’intervention qui met en place des démarches favorisant l’intégration par la personne des différents savoirs nécessaires à l’exercice de son travail par la création d’un espace transitionnel. Dans un tel espace, on fait de la place à l’échange grâce à des narrations, des dialogues et des analyses d’expériences. On peut s’exprimer sur des situations, les examiner et les comprendre autrement dans cet espace dans lequel peuvent advenir croissance et développement, si possible au rythme de la personne accompagnée.

    C’est dans cet esprit que Karine Rondeau signe le premier chapitre du livre intitulé «La présence au service de l’accompagnement de soi, source de mieux-être-et-vivre». Elle montre que l’accompagnement de soi est un geste profondément humain qui se traduit par le fait de se mettre volontairement, chaleureusement, respectueusement et humblement au service de sa propre croissance, de son mieux-être et de son projet de vie. Elle relève que cet accompagnement peut être réalisé par trois formes de présence: la présence attentive, la présence réflexive et la présence intégrative. Cet accompagnement vise, par le biais d’actions engagées, l’épanouissement de la personne de même que le développement de sa capacité à mieux-être-et-vivre.

    Le deuxième chapitre, «Accompagner la présence dans la pratique réflexive», de Maurice Legault, porte sur la pratique réflexive, c’est-à-dire le retour réflexif sur une situation passée qu’un praticien effectue seul, à deux ou en groupe. Legault soutient que le but de la pratique réflexive est d’amener le praticien à développer une compréhension de ce qu’il a vécu dans une situation positive ou négative de façon à ce qu’il puisse la transposer en ressources pour l’à-venir. En s’appuyant sur une approche expérientielle et symbolique, il propose un accompagnement qui vise à susciter une qualité de présence au vécu chez le praticien qui réfléchit sur son action, mais aussi chez tous les autres participants à un groupe d’analyse de pratique.

    Le troisième chapitre est intitulé «Accompagner vers le mieux-être: description et illustration d’un dispositif utilisé en formation initiale à l’enseignement à l’Université de Moncton». Dans ce chapitre, André Doyon et Isabelle Pineault expliquent que, selon la théorie constructiviste de l’apprentissage, la personne se développe grâce à un processus d’adaptation à son environnement, se constituant ainsi un ensemble de schèmes de compréhension et de schèmes d’action et que ces schèmes servent notamment à lui permettre de satisfaire ses besoins. Ils présentent un dispositif d’accompagnement en grande partie basé sur le constructivisme et enrichi par la conception de la personne et de la croissance qui vient de la psychosynthèse, ainsi que de l’approche brève orientée vers les solutions. Ils donnent l’exemple de la mise en œuvre d’un dispositif dans le cadre d’un cours de premier cycle à la formation à l’enseignement qui vise à amener les étudiants à poser un regard réflexif sur certains de leurs schèmes et, éventuellement, à les transformer afin de se sentir davantage en équilibre. L’utilisation et la pertinence de ce dispositif ainsi que les modifications qu’il favorise sont illustrées par des cas.

    Le quatrième chapitre de Geneviève Emond et Karine Rondeau a pour titre «Accompagner l’apprentissage de la conscience de la corporéité des enseignants». Dans ce chapitre, les auteures écrivent que le corps de la personne est une importante ressource, puisqu’il est constamment mobilisé pour agir en situation. Elles affirment toutefois que la personne n’a pas nécessairement appris à savoir-être son corps par la conscience de la corporéité, à savoir la relation entretenue avec son propre corps, avec le corps d’autres personnes et avec l’environnement. En contexte de formation à l’enseignement, elles montrent que cet apprentissage peut être soutenu par un accompagnement. L’accompagnement de l’apprentissage de la conscience de la corporéité, basé sur la réflexivité, vise à permettre à la personne d’entrer en contact, de façon progressive, attentive et curieuse, avec ses sensations physiques, ses émotions et ses pensées, parfois jusqu’alors inexplorées et insoupçonnées. Cet apprentissage permet le développement intégral de la personne, la transformation de soi et de la pratique, ainsi que l’atteinte d’un équilibre favorisant la santé et le bien-être.

    À partir des résultats de leurs travaux de recherche sur la pratique de la supervision pédagogique au Québec, Marc Boutet et Monique Dufresne proposent, dans le cinquième chapitre intitulé «Pour un accompagnement réflexif en contexte de supervision pédagogique», une approche et des moyens pour la faire évoluer plus résolument vers un accompagnement réflexif non normatif. Encore actuel, bien qu’énoncé en 2001, l’objectif est de former des praticiens professionnels réflexifs de l’enseignement. Après avoir rappelé le sens parfois oublié du concept de praticien réflexif, ils montrent que les superviseurs de stage doivent être eux-mêmes réflexifs pour contribuer à la formation d’enseignants réflexifs. Ils décrivent par la suite une démarche de formation en trois temps pour un accompagnement réflexif en situation de supervision pédagogique et l’illustrent par quelques activités déjà réalisées qui seraient utilisables également en contexte de mentorat en début de carrière ou d’accompagnement tout au long de la carrière.

    Le sixième chapitre, écrit par Donald Guertin, Francine Guertin-Wilson, France Jutras, Blozaire Paul et Isabelle Vachon, est intitulé «Les gestes professionnels des conseillers pédagogiques». Les accompagnateurs que sont les conseillers pédagogiques jouent un rôle important dans les écoles et les commissions scolaires du Québec depuis la création de leur fonction de travail au cours des années 1960. Dans leur travail de soutien à la mise en œuvre des programmes d’étude et du développement professionnel requis à cet égard, ils accompagnent et forment le personnel enseignant, ils conseillent les cadres des services éducatifs et les directions d’établissement, et ils collaborent avec le personnel professionnel et technique. Ils soutiennent particulièrement le développement professionnel du personnel enseignant. Ce chapitre porte sur les gestes professionnels emblématiques du travail d’accompagnement du développement professionnel du personnel enseignant que font les conseillers pédagogiques. Bien qu’il existe plusieurs analyses de leur travail, l’originalité de ce chapitre est de faire ressortir ce qui caractérise les gestes professionnels au moyen de l’analyse de récits d’intervention réalisés par des conseillers pédagogiques chevronnés.

    Dans le septième chapitre, «Un scénario de formation pour le développement du savoir-improviser», Jean-Pierre Pelletier met en évidence l’importance de l’accompagnement du développement professionnel des enseignants et, en particulier, celui du savoir-improviser. À ce sujet, il propose un scénario de formation actif-réflexif qu’il explicite de manière à ce qu’un formateur-accompagnateur puisse le mettre en œuvre auprès de stagiaires ou d’enseignants novices. En tant qu’outil d’accompagnement du développement professionnel, ce scénario de formation vise à faire progresser les habiletés de gestion de classe lors de la phase interactive de l’enseignement par le recours au savoir-improviser pour faire face rapidement aux imprévus qui ne cessent de surgir dans la pratique.

    Denis Jeffrey signe le huitième chapitre, «L’éthique dans l’accompagnement en insertion professionnelle des enseignants». L’auteur considère qu’accompagner, c’est amorcer une rencontre, c’est cheminer avec une autre personne plus fragile, plus vulnérable, c’est être du côté de ceux qui invitent, c’est se faire passeur, c’est-à-dire soutenir une personne dans un passage important de sa vie. Un accompagnateur espère que la confiance témoignée à la personne accompagnée lui permettra de se faire confiance, d’acquérir plus de liberté morale, de développer son sens des responsabilités, d’accéder à une plus grande maturité. Les questions qui touchent à la confiance, en fait, sont centrales lorsqu’on accompagne des personnes. Beaucoup de problèmes relationnels proviennent d’un abus de confiance. Une confiance hésitante freine les élans vers demain. Une confiance angoissée ruine la liberté. Lorsque les liens de confiance sont établis, il est alors plus facile d’exercer son libre arbitre, de prendre des décisions responsables et éclairées. Toutefois, un accompagnement peut être porteur de conflictualité inconsciente, d’écueils, de fortes tensions. Lorsqu’un lien de confiance est brisé, il n’est pas toujours facile de le rétablir. Dans ce chapitre, Denis Jeffrey propose une éthique pour la relation d’accompagnement.

    L’ensemble des chapitres de ce livre collectif convergent: l’accompagnement constitue une modalité pertinente pour le développement personnel et professionnel en éducation. En ce sens, les auteurs présentent tous un exercice qu’un accompagnateur-formateur peut faire seul ou en groupe. De plus, en conclusion du livre, Richard Robillard et Karine Rondeau rapportent les propos d’un accompagnateur-formateur chevronné, André Paré, qui a eu l’amabilité d’échanger avec eux au cours d’un entretien.

    BIBLIOGRAPHIE

    PAPAZIAN-ZOHRABIAN, G., C. ROUSSEAU, D. ROY, M.J. ARAUZ et A. LAURIN-LAMOTHE (2015). «La santé mentale à l’école: apprivoiser la complexité!. Évaluation d’une formation-accompagnement», Revue canadienne de l’éducation, 38(1), , consulté le 6 novembre 2018.

    PAUL, M. (2009). «Accompagnement», Recherche et formation, 62, p. 91-108.

    La présence au service de l’accompagnement de soi, source de mieux-être-et-vivre

    Karine Rondeau

    CIBLES

    •Mettre en relief l’importance d’apprendre à s’accompagner soi-même vers un mieux-être-et-vivre.

    •Explorer ce qu’est l’accompagnement de soi.

    •S’initier à trois formes de présence dans l’accompagnement de soi: la présence attentive, la présence réflexive et la présence intégrative.

    •Prendre connaissance d’exercices promouvant le mieux-être-et-vivre.

    •Reconnaître de quelles façons l’accompagnement de soi peut apporter des bienfaits.

    QUESTIONS CLÉS

    •Pourquoi est-il important d’apprendre à s’accompagner soi-même au mieux-être-et-vivre?

    •Qu’est-ce que l’accompagnement de soi?

    •Comment peut-on s’accompagner grâce à la présence attentive, la présence réflexive et la présence intégrative?

    •Quels bienfaits l’accompagnement de soi peut-il procurer?

    Depuis des années, je m’accompagne moi-même et j’accompagne des acteurs du milieu éducatif dans leur développement professionnel et identitaire. Je ressors immanquablement des rencontres d’accompagnement avec le même constat: très (trop) souvent, nous sommes absents à nous-mêmes, nous nous culpabilisons, nous nous sentons éteints tout en étant en vie, le vivant s’étant replié et soumis devant une réalité conditionnée de plus en plus aliénante. Nous semblons sous l’emprise de la virtualisation de la présence humaine et suivons, sans prendre garde, des conventions qui empoisonnent notre existence et déshumanisent notre société. Nous sommes de plus en plus pressés, stressés, dépassés, dispersés et épuisés. Bon nombre d’entre nous sont emprisonnés dans cette culture du «toujours plus et toujours mieux» et mus par des standards d’excellence fondés sur ce qu’on peut appeler le «triple tropplein des temps modernes»: la (sur)performance, la (sur)perfection et la (sur)productivité. Nous vivons sous tension, une tension certes collective, mais également individuelle, car nous nous l’imposons souvent sévèrement à nous-mêmes.

    Mais en (sur)vivant ainsi dans cette pression-agitation démesurée, à un moment, rien ne va plus, car «un esprit dissipé est un esprit peu disponible. Il est à la fois partout et nulle part. Les événements peuvent facilement lui échapper, et alors ce sera comme s’il n’y était pas» (Rondeau, à paraître). Tout se passe comme si nous étions tout et rien à la fois; un peu ici et un peu là. Nous sommes de plus en plus nombreux à nous sentir dispersés au cœur d’une errance angoissante qui nous éloigne toujours un peu plus de ce que nous sommes véritablement et nous empêche de vraiment percevoir ce qui se passe en nous et autour de nous. Nous sommes de moins en moins capables d’être et de rester là, dans l’instant présent, ici et maintenant, à ressentir l’expérience et la joie d’être vivant. Nous nous laissons de plus en plus envahir par le rythme effréné d’une vie représentative d’une époque où ralentir (et encore moins s’arrêter) semble inadmissible et signe d’oisiveté. Cela est dommageable, car en nous agitant et en nous dispersant ainsi, nous nous aveuglons et pouvons passer à côté de l’essentiel, à savoir la joie du simple fait d’être humain, l’enthousiasme de se sentir pleinement vivant et de contribuer à la beauté d’une société malheureusement trop souvent sculptée par l’illusion d’une toute-puissance virtuelle illimitée. A contrario, Csikszentmihalyi (2005) considère que c’est en nous réinvestissant pleinement dans chaque moment et en expérimentant ce que nous sommes dans l’action que nous pouvons mieux vivre. Il ajoute que c’est en nous lançant quotidiennement des défis, en refusant la facilité et en transformant la routine en plaisir que nous pouvons nous forger une existence heureuse.

    Nous sommes de plus en plus pressés, stressés, dépassés, dispersés et épuisés. Bon nombre d’entre nous sont emprisonnés dans cette culture du «toujours plus et toujours mieux» et mus par des standards d’excellence fondés sur ce qu’on peut appeler le «triple trop-plein des temps modernes»: la (sur)performance, la (sur)perfection et la (sur)productivité.

    Nous sommes de plus en plus nombreux à nous sentir dispersés au cœur d’une errance angoissante qui nous éloigne toujours un peu plus de ce que nous sommes véritablement et nous empêche de vraiment percevoir ce qui se passe en nous et autour de nous.

    Il y a une façon d’arriver à mieux-être-et-vivre, à nous percevoir et à poser notre regard sur le monde avec davantage d’acuité pour revenir vers ce qu’il y a de plus vrai, de plus beau et de plus vivant en soi: ralentir, voire s’arrêter pour s’offrir une véritable qualité de présence et se dégager du flux incessant de notre existence. Il importe effectivement de réapprendre à prendre des pauses pour percevoir ce qui se passe en soi (sensations, émotions, pensées) de manière plus fine, plus juste et plus profonde, en accueillant ce qui est là avec respect, douceur et non jugement. Il s’agit d’arriver à s’affranchir de la quête éreintante d’une toute-puissance pour arriver, un pas à la fois, à faire des choix judicieux et à agir avec discernement en vue d’être humblement humain, d’être juste bien, de se sentir à l’aise et en paix intérieurement, de même qu’à la juste place dans son environnement de vie. Cela peut certes sembler facile. Pourtant, encore aujourd’hui, rien n’est moins aisé que d’apprendre à nous arrêter sans nous culpabiliser, à découvrir notre propre fondation sans nous renier et à bâtir une vie enracinée dans le meilleur de nous-mêmes sans nous égarer. Rien n’est moins aisé que d’apprendre à être présents à nous-mêmes sans nous critiquer, nous falsifier ou nous rejeter. C’est pour ces raisons que nous avons besoin d’un miroir, d’un observateur-témoin, d’un espace de résonance pour nous relier activement à nous-mêmes, à l’autre et au monde, et ainsi endosser notre propre vie. Nous avons certes besoin d’être accompagnés, l’accompagnement étant d’une importance capitale dans tous les secteurs de la vie et ses bienfaits étant collectivement et scientifiquement reconnus. Le témoignage des personnes que je rencontre dans ma pratique met toutefois en évidence la nécessité, voire l’urgence, d’apprendre à s’accompagner soi-même dans le développement de la présence à sa propre expérience, cette part de soi sensible, vibrante, harmonieuse, bienfaisante et porteuse de vie.

    Il y a une façon d’arriver à mieux-être-et-vivre, à nous percevoir et à poser notre regard sur le monde avec davantage d’acuité pour revenir vers ce qu’il y a de plus vrai, de plus beau et de plus vivant en soi: ralentir, voire s’arrêter pour s’offrir une véritable qualité de présence et se dégager du flux incessant de notre existence.

    Nous avons besoin d’un miroir, d’un observateur-témoin, d’un espace de résonance pour nous relier activement à nous-mêmes, à l’autre et au monde, et ainsi endosser notre propre vie.

    Dans ce chapitre, dans un premier temps, la notion d’accompagnement de soi sera clarifiée. Dans un deuxième temps, un type d’accompagnement de soi, dont les piliers reposent sur trois formes de présence, sera explicité: la présence attentive, la présence réflexive et la présence intégrative. C’est dans cette section que l’on retrouvera les pistes pour des exercices. Dans

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