Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Quelle éthique pour les enseignants ?: Guide pédagogique
Quelle éthique pour les enseignants ?: Guide pédagogique
Quelle éthique pour les enseignants ?: Guide pédagogique
Livre électronique191 pages2 heures

Quelle éthique pour les enseignants ?: Guide pédagogique

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Quelle éthique pour le professeur aujourd’hui ? Comment peut-il, dans la durée, soutenir un tel engagement ?

Nous ne pouvons penser la professionnalisation en dehors de toute considération d’ordre éthique. Or, peu de choses ont été dites et écrites sur la morale professorale. L’ambition de ce petit livre est de répondre à deux questions distinctes mais liées. Quelle éthique pour le professeur aujourd’hui ? Et comment peut-il, dans la durée, soutenir un tel engagement ? Tenir, rester fidèle à quelques grands principes, ne mésestimons pas ce défi.

Nous avons organisé cet ouvrage en cinq chapitres. Le premier est consacré à quelques clarifications. Le second propose une petite incursion dans le champ de la philosophie morale. Que faut-il attendre de la philosophie morale ? Dans le troisième chapitre, nous montrons que la morale professorale est une morale attentive à la dignité et à la fragilité de l’élève. C’est aussi une morale qui reconnaît la pertinence du principe de conséquence dans certaines situations. Dans le quatrième chapitre, nous explorons l’hypothèse déontologique pour précisément relever le double défi du temps et de la solitude professionnelle. Le dernier chapitre est une proposition : il dessine les grandes lignes d’un projet de formation à l’usage des professeurs.

Nous avons essayé tout au long de ce travail d’être le plus limpide possible dans nos analyses et dans nos propositions pour qu’elles puissent être sérieusement et sereinement débattues. Chaque chapitre se termine par un tableau de synthèse qui reprend les éléments essentiels qui ont été développés. Ils participent, tout comme le lexique joint en fin de volume, au souci de clarté qui n’a cessé de nous animer.

À PROPOS DE LA COLLECTION LE POINT SUR... PÉDAGOGIE

Destinée aux étudiants en sciences de l'éducation, aux futurs enseignants et aux enseignants du terrain, de la maternelle au supérieur, cette nouvelle collection fait le point sur les recherches et les pratiques en pédagogie.
- Des synthèses précises et ancrées dans les recherches les plus récentes.
- Des thèmes classiques qui constituent des incontournables.
- Des problématiques communes aux pays de la francophonie...
LangueFrançais
Date de sortie17 mars 2017
ISBN9782804193140
Quelle éthique pour les enseignants ?: Guide pédagogique

Auteurs associés

Lié à Quelle éthique pour les enseignants ?

Livres électroniques liés

Méthodes et références pédagogiques pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Quelle éthique pour les enseignants ?

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Quelle éthique pour les enseignants ? - Eirick Prairat

    professionnelle

    Du même auteur

    – À l’école de Foucault. (Sous la dir.). Nancy, Éditions Universitaires de Lorraine, 2014. Ouvrage publié avec le concours de l’Association pour le Centre Michel Foucault.

    – Les mots pour penser l’éthique. Nancy, Éditions Universitaires de Lorraine, 2014.

    – L’éthique de l’enseignement. Enjeux personnels, professionnels et institutionnels. (Sous la dir.), Nancy, Éditions Universitaires de Lorraine, 2014.

    – La morale du professeur. Paris, Presses Universitaires de France, 2013.

    – L’Autorité éducative : déclin, érosion ou métamorphose. (Sous la dir.). Nancy, Presses Universitaires, 2011, réimpression 2013.

    – L’École et ses transformations : Normes, Modes de certification, enseignement supérieur. En collaboration avec N. Euriat et H. Lhotel, Nancy, Presses Universitaires, 2009 (épuisé).

    – De la déontologie enseignante. Valeurs et bonnes pratiques. Paris, Presses Universitaires de France, Coll. Quadrige, 2009.

    – La Médiation. Problématiques, figures, usages. Nancy, Presses Universitaires, 2007 (épuisé).

    – De la déontologie enseignante. Paris, Presses Universitaires de France, 2005 (épuisé).

    – La Sanction en éducation. Paris, Presses Universitaires de France, Coll. Que-sais-je ?, 2003, 5e éd. 2015, édition pour les pays arabes par les Éditions Point Delta en 2012.

    – Les Valeurs, savoir et éducation à l’école. En collaboration avec B. Andrieu, Nancy, Presses Universitaires, 2003 (épuisé).

    – Questions de discipline à l’école. Toulouse, Érès, 2002, 7e éd. 2013.

    – Sanction et Socialisation. Idées, résultats et problèmes. Paris, Presses Universitaires de France, 2001, 2e éd. 2002.

    – École en devenir, école en débat. En collaboration avec P.-A. Dupuis, Paris, L’Harmattan, 2000 (épuisé).

    – Penser la sanction, les grands textes. Paris, L’Harmattan, 1999, 4e éd., 2005.

    – La Sanction. Petites méditations à l’usage des éducateurs. Paris, L’Harmattan, 1997, préface de P. Meirieu, 7e éd., 2007.

    – Éduquer et punir. Généalogie du discours psychologique. Nancy, Presses Universitaires, 1994 (épuisé).

    SOMMAIRE

    Sommaire

    Introduction - Le temps de l’éthique

    Chapitre 1 - De la morale à la morale professionnelle

    Chapitre 2 - Les leçons de la philosophie morale

    Chapitre 3 - Vertus et devoirs

    Chapitre 4 - La déontologie de l’enseignement

    Chapitre 5 - La formation éthique

    Conclusion - Exercices éthiques

    Lexique

    Bibliographie

    INTRODUCTION

    Le temps de l’éthique

    On presse aujourd’hui les enseignants de transmettre des valeurs, notamment celles que les sociétés démocratiques ont consacrées. Or, enseigner la valeur « justice » par exemple ce n’est pas seulement donner quelques lumières sur l’idée de justice, c’est plus fondamentalement rendre juste. Enseigner les valeurs n’est donc pas un enseignement comme les autres. Il y a dans la valeur une dimension cognitive, une idée, un contenu pourrions-nous dire. Si je dois expliciter la valeur « justice », je serai attentif à montrer qu’elle enferme une forme d’égalité. Mais une valeur ne saurait se réduire à l’idée qui la définit, elle a aussi une dimension affective. Elle est, comme le mot « valeur » l’indique, ce qui vaut pour moi, ce que je souhaite librement valoriser dans le champ des possibles. Le paradoxe de la transmission des valeurs réside en ce point : il faut enseigner la valeur de justice et bien d’autres encore aux nouveaux venus, mais celles-ci ne peuvent, en raison de leur dimension affective, qu’être librement choisies. La seule manière de sortir de ce cercle est de rendre la valeur désirable. La valeur ne s’impose pas, elle se propose. Elle n’est ultimement choisie que parce que le maître sait la rendre désirable.

    Nous ne pouvons penser la professionnalisation des enseignants en dehors de toute considération d’ordre éthique. C’est une évidence, mais comme bien des évidences, elle semble nous échapper. Ces trois dernières décennies, la formation des enseignants s’est pensée, qu’on le veuille ou non, sous le seul signe de la technicité. Les réflexions sur l’évaluation sont à cet égard révélatrices. Elles ont porté essentiellement pour ne pas dire exclusivement sur deux questions : la pertinence et de l’objectivité. La pertinence : quand nous évaluons de la sorte est-ce que nous évaluons bien ce que nous prétendons évaluer ? L’objectivité : comment rendre l’évaluation un peu moins subjective ? Ces questions ont leur importance, nul ne le nie. Mais le soir, devant son paquet de copies, l’enseignant se pose d’autres questions. Plus simples mais plus profondes. Dois-je prendre en compte l’effort répété et méritoire de cet élève dans l’appréciation de son travail ? Ne dois-je pas en ce moment être un peu plus clément avec cet élève en grande difficulté ? Puis-je légèrement sur-noter tel autre pour qu’il ne décroche pas complétement ? Comment évaluer objectivement ; non, comment évaluer de manière impartiale et bienveillante. Comment tenir ensemble ces deux exigences.

    L’ambition de ce livre est de répondre à deux questions distinctes mais liées. Quelle éthique pour le professeur aujourd’hui ? Et comment peut-il soutenir dans la durée un tel engagement ? Tenir, rester fidèle à quelques grands principes, ne mésestimons pas ce défi qui est celui du temps. Le premier chapitre du présent ouvrage est consacré à quelques clarifications. Nous expliquons pourquoi il ne nous semble guère pertinent de distinguer éthique et morale. Nous nous attachons également à définir ce que l’on appelle une morale professionnelle. Le second chapitre propose une petite incursion dans le champ de la philosophie morale. Nous nous demandons notamment ce que l’on est en droit d’attendre d’elle. Si nous pensons qu’elle va nous dire : « voilà ce qu’il faut penser », « voilà ce qu’il faut impérativement faire dans cette situation difficile » ou encore « voilà comment sortir de ce dilemme périlleux », alors il faut tout simplement y renoncer car nous allons être déçus. Que faut-il vraiment attendre de la philosophie morale ?

    Dans le troisième chapitre, nous montrons que la morale professorale est une morale attentive à la dignité et à la fragilité de l’élève. C’est aussi une morale qui reconnaît la pertinence du principe de conséquence dans certaines situations. Il ne s’agit pas, dans ce chapitre, de s’en tenir à des considérations abstraites mais de présenter, concrètement, les devoirs moraux du professeur et de montrer qu’il convient de les appréhender comme des considérations à prendre en compte pour agir moralement. Nous montrons également comment ceux-ci s’adossent à trois vertus qui les irriguent et leur donnent chair. Ces trois vertus – tout autant morales que professionnelles – sont le sens de la justice, la sollicitude et la vertu de tact.

    Dans le quatrième chapitre, nous plaidons pour l’instauration d’une charte déontologique. Si une déontologie, par son travail de mise en ordre symbolique d’une profession, excède la seule question morale, celle-ci bien évidemment ne lui est pas étrangère. Dans toute déontologie, il y a des normes morales. La noblesse d’une profession réside précisément dans le fait qu’elle est capable d’énoncer la morale de sa pratique. Dès lors une déontologie, par les normes morales qu’elle explicite et revendique, apparait comme un point d’appui pour soutenir et étayer l’autonomie du professeur. Elle est, pour reprendre une expression de Winnicott, « un environnement de facilitation ». Dans le dernier chapitre, nous présentons les grandes lignes d’un projet de formation (à destination des enseignants). Nous essayons d’articuler deux dimensions (le jugement et la sensibilité) car, à bien y réfléchir, la compétence morale est autant affaire de délibération et de raisonnement qu’affaire d’attention et d’affects.

    Nous avons essayé d’être le plus limpide possible dans nos analyses pour qu’elles puissent être sérieusement et sereinement débattues. Question d’éthique. Chaque chapitre se termine par un tableau de synthèse qui reprend les éléments essentiels qui ont été développés. Ils participent, tout comme le lexique joint en fin de volume, au souci de clarté qui n’a cessé de nous animer. De même, nous avons aussi essayé de ne jamais laisser une analyse théorique orpheline, de toujours lester notre propos par des propositions pratiques. Au terme du troisième chapitre par exemple, nous déclinons très précisément les besoins et les droits de l’élève. Nous présentons également les grandes obligations morales du professeur. De la même manière, le quatrième chapitre qui élucide sous différents aspects l’idée déontologique (fonctions, structure, principes…) se clôt par une proposition de charte pour engager le débat. Question de crédibilité.

    CHAPITRE 1

    De la morale à la morale professionnelle

    Sommaire

    1. La morale et l’éthique

    2. La vie bonne et la vie morale

    3. L’élucidation et la prescription

    4. La norme et l’interpellation

    5. La morale, c’est l’éthique

    6. Qu’est-ce que la morale ?

    7. La morale, ce n’est pas le droit

    8. Qu’est-ce qu’une morale professionnelle ?

    1. La morale et l’éthique

    On n’aime guère la morale aujourd’hui. En revanche, on ne manque pas une occasion de célébrer l’éthique. La morale a un petit côté désuet, alors que l’éthique apparaît en phase avec les inquiétudes de notre modernité. Il vaut mieux avoir des interrogations éthiques plutôt que des scrupules moraux. S’intéresser à la morale est toujours un peu suspect. Suspect de sympathie pour la tradition dans ce qu’elle a de plus immobile, pire d’accointances avec tout ce qui fleure bon le rigorisme et le moralisme. L’éthique est marquée du sceau de l’individualité. Ne parle-t-on pas de son éthique personnelle pour bien souvent l’opposer à la morale qui, elle, serait commune ou collective. C’est bien souvent ainsi que l’on oppose morale et éthique en faisant la part belle à cette dernière. Mais faut-il vraiment distinguer éthique et morale ? Certains auteurs l’affirment : l’éthique n’est pas la morale et nous aurions tort de confondre ces deux registres. D’autres, aujourd’hui majoritaires, trouvent peu d’arguments convaincants pour les distinguer nettement, aussi pour ces derniers (dont nous faisons partie) parler d’éthique ou de morale c’est in fine parler de la même chose. Examinons pour commencer les trois grands discours qui posent une distinction entre éthique et morale. Que disent-ils ?

    2. La vie bonne et la vie morale

    Le premier discours différencie éthique et morale en se référant, malgré une étymologie commune (moralia n’est que la traduction latine du grec ta ethika), à deux orientations classiques de la tradition philosophique : d’un côté l’éthique aristotélicienne caractérisée par une perspective téléologique ou pour dire les choses plus simplement par l’idée d’une visée bonne (telos signifie en grec la fin, le but) ; de l’autre côté, la morale kantienne caractérisée, elle, par une orientation déontologique (deon : le devoir), c’est-à-dire par l’impératif du devoir. « Rien, écrit Ricoeur (1913-2005), dans l’étymologie ou dans l’histoire de l’emploi des termes ne l’impose. L’un vient du grec, l’autre du latin ; et les deux renvoient à l’idée intuitive de mœurs (…). C’est donc par convention que je réserverai le terme d’éthique pour la visée d’une vie accomplie et celui de morale pour l’articulation de cette visée dans des normes (…). On reconnaîtra aisément dans la distinction entre visée et norme l’opposition de deux héritages, un héritage aristotélicien (…) et un héritage kantien (…) » (Ricoeur, 1990, 200).

    Dans cette perspective, l’éthique entend répondre à la question « comment bien vivre ? » et se présente comme la quête raisonnée d’une vie heureuse alors que la morale entend faire le départ entre le juste et l’injuste et définir les comportements moralement exigibles. « Qu’est-ce que la vie bonne ? » se demande l’éthique, « quel est mon devoir ? » s’interroge la morale. Si la première – l’éthique – prodigue volontiers des conseils et des suggestions ; la seconde – la morale – est plus prescriptive : elle ordonne et pose des impératifs. L’éthique et la morale sont donc distinctes dans la mesure où elles ne répondent pas à la même préoccupation. La vie bonne est, comme le rappelle Ricoeur, « la nébuleuse d’idéaux et de rêves d’accomplissement » au regard de laquelle chacun d’entre nous tient une vie pour plus ou moins accomplie (Ricoeur, 1990, 210) ; c’est dire que la démarche éthique est originale relevant de choix particuliers et personnels, car elle est recherche d’une vie réussie. La morale, au contraire, se manifeste comme une exigence s’adressant à tous les hommes de bonne volonté soucieux de respecter les droits et les prérogatives d’autrui.

    3. L’élucidation et la prescription

    Le second grand discours de distinction est en fait une déclinaison du couple théorie/pratique. Si la morale regarde l’action et la réflexion immédiate que l’on peut poser sur celle-ci pour la justifier ; l’éthique serait une méditation plus sérieuse, une méditation première qui s’attacherait à élucider les concepts nécessaires pour penser l’action morale. Ce point de vue consacre le primat de l’éthique en lui conférant une primauté théorique. « On réserve parfois mais sans qu’il y ait accord sur ce point, écrit prudemment Eric Weil (1904-1977), le terme latin à l’analyse des phénomènes concrets, celui d’origine grecque au problème du fondement de toute morale et à l’étude des concepts fondamentaux, tels que bien et mal, obligation, devoir, etc. … » (Weil, 1996, 743) ». L’éthique est une méditation qui rend intelligible l’action morale en lui fournissant analyses et concepts et (l’obligation, le juste, le mal, le devoir, …). Elle s’intéresse également à l’étude des grandes morales qui jalonnent la vie des

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1