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Programmes spatiaux secrets et alliances extraterrestres, tome 5: Force spatiale – pour une alliance des nations
Programmes spatiaux secrets et alliances extraterrestres, tome 5: Force spatiale – pour une alliance des nations
Programmes spatiaux secrets et alliances extraterrestres, tome 5: Force spatiale – pour une alliance des nations
Livre électronique332 pages4 heures

Programmes spatiaux secrets et alliances extraterrestres, tome 5: Force spatiale – pour une alliance des nations

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À propos de ce livre électronique

Le 5 septembre 2019, à l’occasion d’une séance de travail sur les perspectives d’avenir de l’espace organisée par le Commandement spatial de la Force aérienne des États-Unis, l’évolution de la situation spatiale jusqu’en 2060 fut analysée.

Des huit scénarios possibles, positifs ou négatifs, qui en découlèrent, le plus favorable fut celui d’un « avenir à la Star Trek » qui verrait les pays possédant un programme spatial constituer une alliance multinationale et collaborer dans l’espace sur les plans civil, militaire et commercial. Aujourd’hui, l’émergence de la Force spatiale, la signature des accords Artemis et la création du centre spatial OTAN promettent d’être les leviers de ce scénario à la Star Trek. Mais en raison de l’existence des programmes spatiaux rivaux et peu coopératifs de la Chine et de la Russie, un tel avenir n’a rien d’une certitude. L’un l’autre ou les deux pays pourraient-ils déclencher un Pearl Harbor spatial apte à totalement détruire le système GPS des États-Unis, ainsi que le prédirent il y a vingt ans les experts de la Commission de l’espace ? Et que devons-nous penser des électrons libres que sont les nombreux programmes spatiaux secrets dotés de véhicules antigravitationnels développés par rétro-ingénierie à partir de vaisseaux extraterrestres récupérés ? Leur existence n’est pas officiellement reconnue par les grandes puissances, mais leurs activités spatiales posent des défis majeurs à un avenir à la Star Trek. La Force spatiale sera-t-elle en mesure d’intégrer les programmes spatiaux secrets américains ou ces programmes et leurs équivalents étrangers feront-ils obstacle à ses opérations futures ?

Il faut se demander ultimement comment l’existence d’une vie extraterrestre entrera en ligne de compte dans les activités d’une Force spatiale de nations alliées et la présence de l’humanité dans l’espace jusqu’aux confins de notre système solaire et même au-delà.

Force spatiale – Pour une alliance des nations apporte des réponses à ces questions et à tant d’autres interrogations essentielles au sujet de l’émergence prochaine de l’humanité sur la scène interplanétaire.
LangueFrançais
Date de sortie15 sept. 2021
ISBN9782896265886
Programmes spatiaux secrets et alliances extraterrestres, tome 5: Force spatiale – pour une alliance des nations
Auteur

Michael E. Salla

Le docteur Michael Salla est un spécialiste reconnu en politique internationale, en résolution de conflits et en politique étrangère américaine. Il a été titulaire de nominations professorales à l’École du service international et au Centre pour la paix mondiale de l’Université américaine, à Washington, D.C. (1996-2004), au département de science politique de l’Université nationale australienne, à Canberra (1994-1996), et à l’École Elliott des Affaires internationales de l’université George Washington, à Washington, D.C. (2002). Il possède un doctorat en gouvernance de l’université du Queensland, en Australie. Au cours de sa carrière universitaire, il fut l’auteur de quatre livres consacrés à la politique internationale. Il a mené des recherches et des travaux sur le terrain dans des conflits ethniques impliquant le Timor oriental, le Kosovo, la Macédoine et le Sri Lanka. Il a reçu d’importantes subventions financières de l’Institut des États-Unis pour la paix et de la fondation Ford, pour des initiatives de rétablissement de la paix impliquant divers intervenants du conflit du Timor oriental. Le docteur Salla est mieux connu comme pionnier du développement de l’exopolitique, qui est l’étude des principaux acteurs, institutions et processus politiques liés à la vie extraterrestre. Il a écrit le premier livre qui fut publié sur l’exopolitique, en 2004, et qui fut suivi en 2009 d’un deuxième ouvrage examinant l’exopolitique et la politique étrangère des États-Unis. Il est également l’auteur de Galactic Diplomacy (« Diplomatie galactique ») [2013] et de Kennedy’s Last Stand (« Le Dernier Combat de Kennedy ⁠») [2013], une enquête sur le lien existant entre l’assassinat de Kennedy et les dossiers secrets sur les ovnis. Il est le fondateur de l’Institut d’exopolitique et du « ⁠Bulletin d’exopolitique ⁠», et le coorganisateur d’une série de congrès sur la transformation planétaire qui ont eu lieu à Hawaii de 2006 à 2011. Son principal site Internet : www.exopolitics.org

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    Aperçu du livre

    Programmes spatiaux secrets et alliances extraterrestres, tome 5 - Michael E. Salla

    Préface

    Avant la création officielle de la Force spatiale des États-Unis (United States Space Force) le 20 décembre 2019, l’établissement d’un corps militaire spatial était très attendu pendant que, chose curieuse, de hauts responsables du Pentagone et de la Maison-Blanche s’y opposaient fortement. Cette opposition remontait à juin 2017, quand deux membres du Congrès américain avaient proposé la création d’une branche militaire spatiale indépendante intégré à la Loi d’autorisation de la Défense nationale (NDAA – National Defense Authorization Act). Cette proposition avait été sapée par de hauts responsables du Pentagone et de la Maison-Blanche. De fait, la secrétaire à la Force aérienne avait ordonné une consigne du silence afin que les officiers de la Force aérienne ne puissent pas appuyer la mise en œuvre d’un corps d’armée spatial ni envisager l’espace comme un champ de bataille. Même le chef d’état-major de la Force aérienne, le général David Goldfein, reconnut plus tard avoir reçu l’ordre de se taire. Quand le lieutenant-général Steven Kwast défia ouvertement cette consigne en insistant à plusieurs reprises sur la nécessité d’une branche spatiale indépendante de l’armée américaine, il fut relevé de son commandement et forcé de prendre sa retraite. Il s’agissait en quelque sorte de la répétition du célèbre incident de 1925 impliquant le brigadier-général de l’armée, Billy Mitchell : celui-ci avait été traduit en cour martiale et contraint à prendre sa retraite pour avoir insisté sur la création d’une Force aérienne indépendante. Quand le président Trump s’engagea dans le débat en mars 2018 pour défendre la notion d’une Force spatiale, il ouvrit la voie à une discussion que les hauts responsables du Pentagone avaient étouffée. La consigne du silence ne fut levée qu’en 2019, après la démission forcée des hauts responsables restés impuissants à convaincre le président de renoncer à sa proposition d’une Force spatiale.

    Mais contrairement aux idées reçues, ni le président Trump en mars 2018 ni les deux membres du Congrès en 2017 ne sont à l’origine de cette notion d’une Force spatiale. La création proposée d’une branche spatiale spécialisée de l’armée américaine figure dans le rapport du 11 janvier 2001 d’une commission bipartite de haut niveau sur la sécurité nationale mise sur pied par le président Bill Clinton, la Commission de l’espace (Space Commission Report). Ce rapport recommandait la création d’un Corps de l’espace (Space Corps) en tant que nouvelle branche de l’armée américaine dont il formerait plus tard un département distinct. Ce corps était jugé nécessaire pour protéger la grille satellitaire américaine d’un futur Pearl Harbor spatial. Selon le rapport de la Commission de l’espace, la Chine était l’adversaire étranger le plus susceptible de développer les capacités d’une attaque de cette nature. De fait, la Chine s’était déjà attelée à la tâche dans le cadre de sa stratégie militaire asymétrique en réponse à la stratégie américaine de prédominance tous azimuts.

    Donald Rumsfeld (2001-2006), le nouveau secrétaire à la Défense de l’administration George W. Bush, appuyait fermement la création d’un Corps de l’espace – il avait en effet présidé la commission bipartite qui en avait recommandé la formation. Ses antécédents sont à la fois curieux et pertinents quant aux raisons pour lesquelles la proposition d’un Corps de l’espace a été formulée vers la fin du terme de l’administration Clinton. Le secrétaire Rumsfeld connaissait bien le thème des ovnis depuis le 29 juillet 1968, date à laquelle le Comité des sciences de l’astronautique de la Chambre (House Science Astronautics Committee) avait organisé un symposium réunissant les plus grands ovnistes de l’époque. De nombreux rapports indiquent que Rumsfeld a participé à des projets hautement classifiés de rétro-ingénierie sur des ovnis récupérés qui ont par la suite mené à la création d’un programme spatial militaire secret. Cela était-il relié de près ou de loin à sa défense de la création d’un Corps de l’espace ? Rumsfeld s’efforçait-il d’« éventer la mèche » au sujet d’un programme spatial militaire secret fondé sur la rétro-ingénierie de technologies extraterrestres ?

    Le 10 septembre 2001, Rumsfeld prononça à l’intention de la presse nationale un extraordinaire discours dans lequel il dénonça la bureaucratie hypertrophiée du Pentagone et les trillions de dollars absents de son budget. Cet important manque à gagner empêchait l’avancée de projets militaires novateurs. Rumsfeld annonça qu’il présenterait sous peu au Congrès des propositions législatives destinées au financement de ces projets d’avant-garde, notamment la création du Corps de l’espace. Il ne le fit jamais. Le lendemain eurent lieu les attentats du 11 septembre et les États-Unis furent aussitôt plongés dans une longue guerre contre le terrorisme qui détourna radicalement l’attention du Pentagone de sa préparation aux menaces potentielles venues des hauteurs de l’espace. Les meilleures ressources et les meilleurs cerveaux du Pentagone furent plutôt affectés à la recherche d’emplacements souterrains, en Afghanistan ou ailleurs, où des extrémistes islamistes planifiaient censément leur prochain attentat terroriste. Les attentats du 11 septembre furent-ils un malencontreux hasard ou une opération sous fausse bannière ourdie par un mystérieux « État profond » bien décidé à faciliter un futur Pearl Harbour spatial en empêchant la naissance du Corps de l’espace ?

    L’aspect le plus curieux de la création d’une Force spatiale est son rapport à l’industrie du cinéma et de la télévision. Dès que le président Trump eut autorisé le Pentagone à lancer officiellement le processus de création de la Force spatiale le 18 juin 2018, des membres éminents de l’industrie du spectacle développèrent un projet de série qui tournerait en dérision cette branche trumpienne inédite de l’armée. Il s’ensuivit l’annonce, par Netflix, d’une nouvelle comédie de situation mettant en vedette Steve Carell dans le rôle du premier commandant de la Force spatiale. La série Netflix fut mise en ondes le 29 mai 2020, six mois après le lancement officiel de la Force spatiale, et y représenta celle-ci comme l’idée improvisée, maladroite et bancale d’un président excentrique. Toute plaisanterie mise à part, cette série eut un effet secondaire fort préoccupant. Elle parut entraîner dans son sillage le retrait du financement de la Force spatiale, voire provoquer son abolition, dès lors que d’éminents militants du Parti démocrate réclamèrent la disparition de cette force pendant et après l’élection présidentielle de 2020. La série Netflix résultait-elle aussi de la détermination de hauts responsables de l’« État profond » à empêcher la création de la Force spatiale ?

    Après avoir choisi son emblème, adopté son pavillon, engagé ses premières recrues, réparti ses escadres sur plusieurs bases spatiales, et publié les textes fondamentaux de sa doctrine, les dirigeants de la Force spatiale choisirent le nom que porteraient ses membres. Dorénavant, ils seraient « The Guardians » (Les Gardiens), en hommage prétendu à une tradition de la Force aérienne des États-Unis [l’United States Air Force – l’USAF] datant de 1983, quand la maxime du Commandement spatial de la Force aérienne (Air Force Space Command) était : « Guardians of the High Frontier » (Les Gardiens de la frontière supérieure). Mais dans la foulée de la série Netflix, beaucoup soutinrent à la blague que ce nom était plutôt un clin d’œil au classique du cinéma populaire, Les Gardiens de la Galaxie. Quand les rires eurent cessé de fuser, la lumière se fit sur cette appellation illustrant la façon dont les membres de la nouvelle branche de l’armée voulaient se considérer. Les Gardiens de la Force spatiale protégeraient les États-Unis et leurs alliés contre les menaces de l’espace, que celles-ci proviennent d’adversaires étrangers tels que la Chine ou la Russie, ou de formes de vie extraterrestres. Pendant que la série Netflix et les détracteurs de l’« État profond » faisaient de la Force spatiale une plaisanterie ne méritant aucun soutien et aucun financement conséquent, les nombreux spécialistes de l’espace qui lui accordaient leur appui étaient très sérieux quant à son avenir intrépide.

    Ce qui précède nous renvoie à une autre référence de la culture pop en lien avec la Force spatiale et à ce qui se réalisera, c’est-à-dire un « avenir style Star Trek[*] » que les responsables du Pentagone planifient activement. À la rencontre d’un groupe de travail sur les perspectives d’avenir de l’espace (Space Futures Workshop) organisée en août 2019 par le Commandement spatial de la Force aérienne des États-Unis, pas moins de huit scénarios ont été identifiés. Les aspects principaux du plus opportun de ces scénarios, un avenir style Star Trek, ont été esquissés en vue de leur planification éventuelle par la Force aérienne et les spécialistes de l’espace. Évidemment, la création d’une alliance militaire spatiale multinationale, l’équivalent actuel de « Starfleet », a été jugée indispensable pour qu’advienne cet avenir style Star Trek tant souhaité. Et en 2020, les accords Artémis et l’OTAN ont pris des mesures énergiques en vue de la création d’une telle alliance spatiale multinationale sous la direction des États-Unis.

    Un aspect encore plus fascinant de la création d’un avenir façon Star Trek et d’une Starfleet de notre ère est qu’il est fort possible que Gene Roddenberry ait été officieusement mis au courant, en 1964-1965, de l’imminent programme spatial secret de la Marine américaine (US Navy) alors en préparation. Est-il possible que Roddenberry ait appris l’existence d’un programme spatial à venir de la Marine américaine ayant un fonctionnement similaire à celui qu’il a dépeint dans sa série Star Trek ? Roddenberry a-t-il modelé sa Starfleet fictive sur les projections d’un programme spatial que la Marine américaine concevait et mettait sur pied dans les années 1960 et 1970 ? Qui plus est, la Marine américaine bénéficiait-elle de la collaboration d’extraterrestres humanoïdes faisant partie d’une fédération de planètes, ainsi que l’ont affirmé bon nombre de lanceurs d’alertes ? Quelles que soient les réponses à ces questions, une chose est sûre : la mise en œuvre de la Force spatiale des États-Unis est le résultat de décennies d’effort pour créer une branche militaire spatiale indépendante, pivot d’une alliance spatiale multinationale devant assurer la protection des États-Unis et de ses alliés contre des ennemis de l’espace. En dépit d’une opposition importante, la Force spatiale fait maintenant partie intégrante de l’armée américaine, et son émergence constitue le fondement de notre avenir style Star Trek.

    Michael Salla, Ph. D.

    31 mars 2021

    [*]  Série télévisée de science-fiction américaine en 79 épisodes créée par Gene Roddenberry et diffusée entre septembre 1966 et juin 1969.

    Chapitre 1

    La Commission de l’espace 2001

    met en garde contre un futur

    Pearl Harbour spatial

    Pour éviter un Pearl Harbour spatial, les États-Unis

    doivent envisager très sérieusement la possibilité

    d’une attaque dirigée contre leurs systèmes spatiaux.

    – Rapport de la Commission de l’espace 2001

    En juillet 2000, dans une déclaration retentissante, Xinhua, l’agence de presse Chine nouvelle, annonça que l’Armée populaire de libération « mettait au point des méthodes et des stratégies destinées à assurer la défaite des États-Unis advenant une guerre spatiale de haute technologie[1]. » La porte-parole officielle du Parti communiste chinois ne s’en tint pas à cela ; elle reconnut ouvertement que « pour les pays qui ne pourraient jamais gagner une guerre avec des chars d’assaut et des avions, il pourrait être très tentant, voire irrésistible, d’attaquer le système spatial des États-Unis[2] ». Cette communication surprenante en provenance d’une source d’information chinoise qui faisait autorité prit totalement au dépourvu plusieurs décideurs politiques américains. Selon le jugement du président Bill Clinton, point de vue partagé antérieurement par les administrations Bush et Reagan, accorder à la Chine un libre accès aux industries américaines de haute technologie et à ses marchés commerciaux, et permettre à des dizaines de milliers d’étudiants chinois de fréquenter des établissements d’enseignement supérieur d’élite devait encourager la Chine à se tourner vers une société plus ouverte et plus démocratique. Il était aussi souhaité que ces généreuses politiques inciteraient la Chine à une collaboration pacifique avec les États-Unis dans la gestion des affaires internationales[3].

    Malheureusement, cette confiance fut entamée par les bombardements de l’OTAN sur la Yougoslavie le 7 mai 1999 qui frappèrent « accidentellement » l’ambassade de Chine à Belgrade, en Serbie, et tuèrent trois journalistes chinois. Les autorités chinoises et le grand public furent bien évidemment furieux. Le président Clinton exprima personnellement ses regrets au président chinois Jiang Zemin le 14 mai, « affirmant que ces bombardements constituaient une bavure isolée et tragique, qu’ils n’étaient en aucun cas une action délibérée[4] ». Les dirigeants chinois, au contraire, qualifièrent ces frappes d’intentionnelles et soutinrent qu’elles avaient pour but de transmettre à la Chine un message clair : conformez-vous au nouvel ordre mondial, sinon… Les stratèges militaires de l’Armée populaire de libération furent dès lors encouragés à développer une approche stratégique à long terme qui permettrait à la Chine de réagir adéquatement à d’ultérieures provocations militaires américaines. Le bombardement de l’ambassade de Chine en 1999 constitue par conséquent un cadre approprié pour expliquer pourquoi, à peine un an après, la Chine annonça audacieusement au monde entier qu’elle s’était mise en quête de solutions pour exploiter les vulnérabilités stratégiques des États-Unis dans une future guerre spatiale.

    La responsabilité de la mise en place d’une réponse durable pour la sécurité nationale à l’annonce troublante de Xinhua fut aussitôt confiée à la Commission pour l’évaluation de la gestion et de l’organisation de la sécurité nationale spatiale des États-Unis (Commission to Assess United States National Security Space Management and Organization), c’est-à-dire la Commission de l’espace, dont la création récente avait été autorisée en vertu de la Loi d’autorisation de la Défense nationale pour l’exercice financier 2000[5]. La Commission de l’espace tint sa première réunion en juillet 2000 et prit acte aussitôt de la déclaration faite par la Chine de son intention d’exploiter les vulnérabilités des États-Unis dans l’espace.

    Les membres de la Commission de l’espace avaient été choisis sur une base bipartite par les membres des deux parties qui siégeaient aux comités des forces armées de la Chambre des représentants et du Sénat (Armed Services committees of the House of Representatives and Senate), ainsi que par le secrétaire à la Défense et le directeur de la CIA, tous deux nommés par le président Clinton. Il serait donc juste de dire que cette Commission de l’espace était une tentative bipartite du Congrès et de l’administration Clinton en vue de la mise au point d’une feuille de route exhaustive pour la sécurité spatiale à un moment où tant la Chine que la Russie promouvaient la recherche et le développement d’armes spatiales offensives destinées à anéantir la grille satellitaire américaine. Il est par conséquent possible de tracer l’origine de la Force spatiale des États-Unis (USSF – United States Space Force) au rapport final de la Commission de l’espace, remis au président Bill Clinton neuf jours avant la fin de son second mandat, le 20 janvier 2001.

    Dans ce rapport du 11 janvier 2001, la Commission de l’espace convint unanimement que les intérêts nationaux des États-Unis seraient renforcés par l’intensification de la sécurité spatiale pour la protection de ses ressources essentielles.

    Il est donc dans l’intérêt national des États-Unis :

    de promouvoir une utilisation pacifique de l’espace ;

    d’exploiter le potentiel spatial de la nation pour soutenir ses objectifs domestiques, économiques, diplomatiques et de sécurité nationale ;

    de développer et déployer des moyens de dissuasion et de défense contre les actions hostiles dirigées vers les systèmes spatiaux américains et contre les utilisations de l’espace hostiles à l’égard des intérêts des États-Unis[6].

    La Commission de l’espace explique la vulnérabilité des systèmes spatiaux des États-Unis et dit en quoi ils constituent des cibles intéressantes pour les nations hostiles :

    Les nations hostiles aux États-Unis possèdent ou peuvent se procurer sur le marché mondial les moyens nécessaires pour neutraliser, brouiller ou détruire les systèmes spatiaux des États-Unis en attaquant les satellites, les liens de communication sol-espace ou les stations terrestres de contrôle et de traitement de données satellitaires[7].

    La Commission de l’espace souligne ensuite qu’une attaque équivalente à un Pearl Harbor spatial par un adversaire important n’a rien d’« improbable ».

    Une attaque sur certains éléments des systèmes spatiaux des États-Unis lors d’une situation de crise ou un conflit ne doit pas être vue comme une action improbable. Pour que les États-Unis évitent une situation équivalente à un « Pearl Harbor spatial », ils doivent envisager sérieusement la possibilité d’une attaque sur leurs systèmes orbitaux. Les dirigeants de la nation doivent s’assurer de réduire la vulnérabilité des États-Unis et de contenir les conséquences d’une attaque surprise sur l’infrastructure spatiale nationale[8].

    La Commission met en relief la déclaration de juillet 2000 de l’agence de presse Xinhua et l’intention de la Chine de développer une stratégie militaire asymétrique destinée à exploiter les vulnérabilités spatiales des États-Unis « advenant une guerre spatiale de haute technologie[9] ». La Commission de l’espace insiste sur le danger qu’il y aurait à ne pas tenir compte des signes avant-coureurs d’une telle attaque surprise sur l’infrastructure spatiale américaine de la part de la Chine ou d’un autre adversaire des États-Unis dans l’espace.

    L’histoire est truffée de cas où l’on a ignoré des signes avant-coureurs et résisté au changement jusqu’à ce qu’un événement extérieur et « improbable » force des bureaucraties récalcitrantes à se mettre en action. Il s’agit de savoir si les États-Unis auront la sagesse d’intervenir assez tôt et de façon responsable pour limiter la vulnérabilité spatiale américaine, ou si, comme par le passé, une attaque invalidante contre le pays et son peuple, l’équivalent d’un « Pearl Harbor spatial », sera seule en mesure de galvaniser la nation et pousser le gouvernement des États-Unis à agir[10].

    Comment ne pas souligner que déjà, en 2001, des spécialistes de la sécurité nationale s’inquiétaient ouvertement de la rapidité des avancées technologiques de la Chine et du développement de sa capacité à envisager un « Pearl Harbor spatial » dans le cadre de sa stratégie militaire principale ? De nombreux membres de la Commission de l’espace pensaient que ces signes annonciateurs évidents n’étaient pas pris en compte et que le pays était insuffisamment préparé à l’éventualité d’un Pearl Harbor spatial. Le général Ronald Fogleman, plus particulièrement, chef d’état-major de la Force aérienne des États-Unis (1994-1997) récemment retraité et membre éminent de la Commission, s’exprima en entrevue sur les dangers d’une attaque surprise dans l’espace :

    Les commissaires sont unanimes : « Un conflit spatial est inévitable », a noté Fogleman. « Ceux qui croient le contraire jouent à l’autruche. » La dépendance des États-Unis sur l’espace constitue une « évidente vulnérabilité », a-t-il dit. La commission juge la nation insuffisamment préparée à une attaque sur les systèmes spatiaux américains. […]

    La commission croit cependant qu’un « événement catastrophique, […] un Pearl Harbor spatial potentiel », comme l’a remarqué Fogleman, provoquerait la création hâtive d’une Force spatiale. Il y aurait des accusations immédiates, le public serait furieux et exigerait de savoir « Pourquoi n’avons-nous pas empêché cela ? D’où vient cette défaillance ? […] Pourquoi n’étiez-vous pas prêts à cette éventualité ? Pourquoi des armes n’ont-elles pas été mises au point ? » Il faut se préparer bien avant un tel événement, a prévenu la commission[11].

    La Commission de l’espace est très critique du traitement que la Force aérienne réserve aux opérations spatiales. Selon le journaliste John Tirpak, qui commente le rapport de la Commission de l’espace dans Air Force Magazine le 1er mars 2001 :

    La Commission a été créée par des membres du Congrès qui croient que la Force aérienne ne porte pas assez attention à l’espace et ne prévoit pas de moyens suffisants pour y installer une présence militaire forte et adéquate. Certains commissaires, en particulier le sénateur Bob Smith (un républicain du New Hampshire), ont accusé à répétition la Force aérienne de pénaliser l’espace pour continuer à affecter des fonds à ses programmes d’aéronefs.

    La Commission est apparemment du même avis.

    « Parmi les témoins comparaissant devant la Commission, fort peu ont exprimé leur conviction que la Force aérienne était apte à mener ces missions [spatiales] », peut-on lire dans le rapport. « On ne croyait pas non plus que la Force aérienne répondrait pleinement à la nécessité de fournir des capacités spatiales aux autres secteurs. Beaucoup jugent que, pour la Force aérienne, l’espace n’est là que pour jouer un rôle de soutien dans sa mission principale, à savoir la conduite d’opérations aériennes offensives et défensives. En dépit d’une doctrine officielle qui demande l’intégration des capacités spatiales et aériennes, la Force aérienne ne met pas celles-ci sur un pied d’égalité. Comme pour ses opérations aériennes, elle doit faire en sorte de créer en son sein une culture vouée au développement de concepts, de doctrines et de capacités opérationnelles nouvelles pour les systèmes spatiaux[12]. »

    Pour parer parfaitement aux éventualités spatiales, prévenir toute attaque surprise de la Chine ou d’un autre adversaire dans l’espace et composer avec l’incapacité de la Force aérienne des États-Unis à accorder aux opérations spatiales toute l’attention qu’elles méritent, le rapport de la Commission énumère cinq correctifs. Premièrement, transformer les capacités de défense des États-Unis dans l’espace ; deuxièmement, renforcer la capacité de collecte de renseignements ; troisièmement, agir sur l’opinion internationale afin qu’elle soutienne la militarisation de l’espace dans un but défensif pacifique ; quatrièmement, assurer la suprématie technologique des États-Unis dans les industries essentielles de l’aérospatiale ; et enfin, créer un « corps de professionnels de l’espace ». La recommandation de la Commission à l’égard de ce dernier correctif est la suivante :

    Les militaires professionnels de l’espace devront acquérir la maîtrise de technologies extrêmement complexes ; développer une nouvelle doctrine et des concepts d’opération pour les lancements spatiaux, les opérations spatiales offensives et défensives, la projection de puissance dans, de et par l’espace, ainsi que d’autres utilisations militaires de l’espace ; ils devront enfin savoir faire fonctionner certains des systèmes les plus complexes jamais construits et déployés[13].

    La Commission de l’espace caresse la notion d’un département de l’Espace, mais juge sa création prématurée. Une solution mitoyenne peut cependant être envisagée moyennant quelques ajustements à la bureaucratie actuelle du Pentagone.

    L’utilisation de l’espace pour la défense des intérêts des États-Unis pourrait nécessiter la mise sur pied d’un département militaire de l’Espace

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