Elon Musk, un prophète
Elon Musk ou l’incarnation du rêve américain. Ou, plutôt, l’archétype du self-made-man. Celui, en tout cas, que nous vend Hollywood depuis des décennies sur grand écran. Il y a tout dans la vie de Musk. L’ascension du jeune immigré – il a grandi en Afrique du Sud – la fortune vite faite en Californie dans la tech avec X.com et surtout PayPal, puis ses projets ébouriffants, ses échecs, et finalement son triomphe. Mieux encore. Derrière l’aventure entrepreneuriale, il y a aussi le profil psychologique du personnage. Son rêve messianique, son ego boursouflé, sa boulimie de travail, ses outrances, ses repos forcés sous Ambien, un puissant somnifère, son syndrome d’Asperger révélé récemment dans le Saturday Night Show, célèbre talk-show. Enfin, sa soif de revanche sur ces mandarins des industries automobile et spatiale qui n’ont pas caché leur mépris il y a près de vingt ans quand ils ont vu débarquer ce grand escogriffe au visage poupin et au look d’étudiant bégayant devant ses PowerPoint.
D’autres ne s’en seraient pas relevés. Mais lui, cet affront, comme ceux qu’il connaîtra avec ses voitures Tesla longtemps comparées à des tondeuses améliorées, il en a fait une force. Ses fusées ont mis à genoux la concurrence, à commencer par Arianespace, et la Tesla Model 3 est désormais le véhicule électrique le plus vendu au monde. Mais qu’est-ce qui le différencie d’un Jeff Bezos (Amazon), d’un Mark Zuckerberg (Facebook), d’un Sergueï Brin (Google) ou d’un Richard Branson (Virgin)?
Plus que tous les autres, Musk fait le pont entre l’ancien monde, fait de tôles, d’écrous et de gomme en fusion, et le nouveau, celui des robots, du logiciel et de l’intelligence artificielle. On a eu beau chercher et chercher encore, personne avant lui n’a réussi à renverser la table dans autant d’univers si différents. Personne. Steve Jobs pour le côté obsessionnel, Howard Hughes pour l’aspect visionnaire et Charles Foster Kane, le héros de Welles, pour la démesure, Musk est tout cela à la fois. Et peut-être plus encore.
Chapitre 1
Le messie
Impossible de passer devant sans marquer un temps d’arrêt. Au siège de SpaceX, à Hawthorne, dans la banlieue de Los Angeles, juste avant le bureau du s’étalent en version XXL deux affiches de la planète Mars. Sur celle de gauche, l’astre tel qu’il est aujourd’hui: rouge, stérile, hostile. l’oeuvre phare de Kim Stanley Robinson, chroniquant la colonisation et la terraformation de la planète rouge. Un roman en trois tomes qui trône en bonne place dans le panthéon littéraire de Musk, à côté du de Tolkien, du d’Adams, ou encore du d’Asimov.
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