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Si tu prends mon coeur
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Si tu prends mon coeur
Livre électronique313 pages4 heures

Si tu prends mon coeur

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À propos de ce livre électronique

Véronique, est employée au bloc opératoire du service cardiologie d'un grand hôpital de Bordeaux. Elle est fiancée avec Jean-Patrick ; ils pensent au mariage et avoir des enfants.

La situation évolue lorsque Serge Kartonoff, jeune chirurgien cardiaque réputé, vient faire un stage dans son service.

À l'aise financièrement, il possède sa propre clinique. Pour des raisons diverses, le jeu de la séduction se joue entre Serge et Véronique. L'un comme l'autre se laisse séduire facilement, trop facilement. Ce qu'ignore Véronique, c'est que la sœur de Serge, Olga, est malade du cœur. Pour la sauver, une greffe cardiaque urgente est nécessaire. Le seul donneur compatible, c'est elle.

À l'occasion d'un voyage à la Martinique, avec la complicité de Serge Kartonoff, Véronique est enlevée. C'était sans compter sans son cousin Paolo membre influent du milieu bordelais, de ses gros bras et de Jean-Patrick qui ne désespère pas de retrouver celle qu'il aime toujours, malgré sa trahison.

Arriveront-ils à temps pour la sauver ?

Véronique, est employée au bloc opératoire du service cardiologie d'un grand hôpital de Bordeaux. Elle est fiancée avec Jean-Patrick ; ils pensent au mariage et avoir des enfants.

La situation évolue lorsque Serge Kartonoff, jeune chirurgien cardiaque réputé, vient faire un stage dans son service.

À l'aise financièrement, il possède sa propre clinique. Pour des raisons diverses, le jeu de la séduction se joue entre Serge et Véronique. L'un comme l'autre se laisse séduire facilement, trop facilement. Ce qu'ignore Véronique, c'est que la sœur de Serge, Olga, est malade du cœur. Pour la sauver, une greffe cardiaque urgente est nécessaire. Le seul donneur compatible, c'est elle.

À l'occasion d'un voyage à la Martinique, avec la complicité de Serge Kartonoff, Véronique est enlevée. C'était sans compter sans son cousin Paolo membre influent du milieu bordelais, de ses gros bras et de Jean-Patrick qui ne désespère pas de retrouver celle qu'il aime toujours, malgré sa trahison.

Arriveront-ils à temps pour la sauver ?

LangueFrançais
Date de sortie6 févr. 2018
ISBN9782956094838
Si tu prends mon coeur
Auteur

Maurice, Américo LEAO

Je suis né en mille neuf cent quarante-sept, à Ambarés 33, commune sur l’estuaire de la Gironde. D’un père Portugais et d'une mère Béarnaise. Après Une carrière en gendarmeries où j’ai occupé divers postes, depuis enquêteur en section de recherches, jusqu’à commandant de brigade, en France et outre-mer, je me suis trouvé confronté au milieu avec ses magouilles et ses crimes crapuleux. Quelques-uns d’entre eux m’ont motivé pour en faire le récit. Ce sont aujourd’hui plusieurs titres qui figurent à ma bibliographie. Si les lieux où se déroulent les faits sont réels, les personnages sont de pures fictions. Les événements sortis de leur contexte d’origine pour être romancés se déroulent principalement en Gironde, Lot et Garonne mais aussi à la Martinique et en Espagne. Laissez-vous conduire sur les traces de ces mauvais garçons qui prennent vie au cours de ces affaires où gendarmes et policiers ne gagnent pas toujours et se terminent par des règlements de comptes entre gens du milieu. Beaucoup d’enquêtes ne sont jamais résolues, en douteriez-vous ?

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    Aperçu du livre

    Si tu prends mon coeur - Maurice, Américo LEAO

    Roman policier

    Par

    Maurice, Américo LEAO

    Du même auteur.

    Meurtre à la palombière.

    La sorcière de la porte Rendesse et la vengeance du mage noir ;

    Prends garde à la garce.

    La fille du ferrailleur.

    Maman viendra payer

    Ah la gueuse.

    Palmyre.

    Souvenirs.

    Les oubliés de l’histoire Tome 1 Les noces de Mariette.

    Les oubliés de l’histoire Tome 2 L’exode, l’occupation.

    Les oubliés de l’histoire Tome 3 Œil pour œil.

    Les oubliés de l’histoires (les trois tomes en un seul).Texte intégral.

    Ceci est une œuvre de fiction.

    Toute ressemblance avec des personnes existantes

    ou ayant existé

    des lieux ou des événements réels

    ne serait que le fait du hasard

    Si tu prends mon cœur

    Première édition. 9 août 2016.

    Copyright © 2016

    ISBN : 9781534810839

    Epub 978-2-9560948-3-8

    ––––––––

    Dépôt légal 22 juillet 2016.

    Par Maurice, Américo LEAO

    Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par l’article L.335-5 et suivant du Code de la propriété intellectuelle.

    Si tu prends mon cœur

    Samedi 21 juillet 2012

    — Quand même, ça fait du bien d’avoir du pognon. Tu ne crois pas Aline ?

    — Bien sûr que ça fait du bien, ce n’est pas à moi que tu vas l’apprendre.

    — C’est vrai, il est loin le temps où je suis arrivé à Bordeaux, ne sachant que quelques mots de français.

    — Oui, quelques mots seulement ; mais cela ne t’a pas empêché de me séduire ; il n’y a pas loin de quarante ans maintenant.

    — C’est vrai, bon sang, quarante ans dans trois semaines que nous sommes ensemble.

    — Tu ne penses pas, Olaf, que nous pourrions fêter ça ? Cela fait plus d’un an que nous sommes installés dans cette maison et nous n’avons même pas pendu la crémaillère avec nos amis.

    — Tu as raison, Aline ; occupe-toi de tout ce qui contribue à organiser une fête réussie.

    ***

    Olaf Kartonoff a quitté la banlieue de Varsovie au début de février mille neuf cent soixante-dix. Il n’avait pas vingt ans. Aîné d’une famille nombreuse difficilement élevée par un père métallo, il a rapidement conclu que l’avenir n’était pas forcément dans le travail, mais plutôt dans la débrouille.

    À l’âge de dix-huit ans ; ses premiers démêlés avec la justice de son pays, pour de petits larcins, lui ont valu quelques mois de prison. À sa sortie, il était définitivement acquis à ce qu’il persistait à appeler la débrouillardise.

    Sa première visite fut pour son ami Laszlo, ancien compagnon de cellule.

    — Te voilà enfin sorti, Olaf. En attendant la fin de ta peine, j’ai pensé à nous.

    — Que veux-tu dire Laszlo ?

    — Ce n’est pas bien compliqué. Tu te souviens du vieux prêteur sur gages, il nous a assez roulés quand nous lui amenions quelques-uns des objets que nous avions récupérés.

    — Ouais, le vieux Wilfrid Théodorof. C’est vrai qu’il nous a bien volés.

    — Surtout, rajoute Laszlo, que lui, restait bien tranquille dans son magasin à empiler les billets, pendant que nous risquions à tout moment de nous faire prendre. Imagine que le propriétaire rentre pendant que nous lui volions ses bijoux et son argent.

    — Pourtant, c’est bien ce qui m’est arrivé, se plaint Olaf.

    — Oui, à moi aussi, un mois avant toi. Et le vieux grigou de Théodorof restait dans sa boutique de prêteur où il ne risquait rien.

    — Tout ça, je le sais, mon pauvre Laszlo, où veux-tu en venir avec ce vieux voleur, plus voleur que nous ?

    — Ce n’est pas compliqué, nous allons récupérer ce qu’il nous a volé.

    — Ce ne serait que justice, approuve Olaf, mais comment comptes-tu t’y prendre ? Parce que je suppose que son fric il le dépose à la banque. Tu n’as pas l’intention d’aller forcer les coffres quand même ?

    — Je sais bien qu’il a un compte en banque, c’est nécessaire pour ses affaires et la tenue de ses livres. Mais dis-toi bien qu’il n’y mentionne que le strict nécessaire pour éviter les contrôles.

    — J’ai compris, déclare Olaf ; le reste, ce qu’il nous a volé, à nous, et aux autres gars qui sont dans la même situation, il le planque quelque part.

    — Tu as tout compris ; et je sais où il planque son magot.

    — Je vois que tu n’es pas resté les bras croisés en attendant ma sortie.

    — Ouais, comme tu dis, je ne suis pas resté les bras croisés, j’ai même trouvé une fiancée.

    — Une fiancée ! Alors là, mon pauvre Laszlo, tu es mal parti. Mais que vient faire cette fille dans notre affaire ?

    — Ludmilla est la petite fille du vieux Théodorof, elle vient lui faire un peu de ménage et de cuisine, car il ne quitte presque jamais son magasin.

    — Et alors, c’est elle ta fiancée ?

    — Absolument, c’est une bavarde incorrigible, même quand on baise, il faut qu’elle parle. J’ai tout de suite saisi l’avantage. En huit jours, j’ai su où le vieux planquait son fric.

    — Super, mais réfléchissons ; tu penses bien que si nous lui rendons le service, de lui ôter le souci de gérer la fortune de son grand-père, la demoiselle Ludmilla, aussi écervelée soit-elle, aura vite compris que tu es à l’origine du coup.

    — Non, elle n’aura aucun soupçon, parce que c’est toi qui vas faire le coup.

    — Comment c’est moi ? Et toi alors tu regardes ?

    — Écoute-moi : la sœur aînée de Ludmilla vient d’accoucher.

    — Et alors, je ne vois pas le rapport.

    — Laisse-moi t’expliquer : dans cette famille, ils sont très croyants, et le bébé sera baptisé dans quinze jours.

    — Je ne vois toujours pas où tu veux en venir.

    — Cesse de m’interrompre, sinon tu ne le sauras jamais. Le grand-père assistera à la cérémonie, puis au repas de famille, jusque tard dans la nuit. Je suis aussi invité avec Ludmilla ; je suis le fiancé officiel, figure-toi.

    — Autrement dit, la maison de Théodorof sera vide pendant une grande partie de la journée.

    — Tu as enfin compris. Nous avons quinze jours pour préparer notre affaire.

    ***

    Avec précaution, Olaf se glisse dans l’impasse qui borde la façade arrière du magasin. À sa vue, un chien famélique qui vient de renverser une poubelle ne s’enfuit même pas, absorbé par sa quête de nourriture. La seule porte qui donne sur l’impasse est celle du magasin, la poubelle celle du vieux prêteur.

    Laszlo a bien fait les choses, la porte s’ouvre à la première poussée, le verrou a été retiré. Sans perdre de temps, il le remet en place derrière lui et se dirige vers le magasin où sont exposés quelques-uns des objets dont les propriétaires n’ont pu rembourser le prêt. D’un éclat de sa lampe de poche, Olaf reconnaît les lieux. Cela ne lui est pas difficile, à maintes reprises il y est venu fourguer le produit de ses vols.

    Au premier coup d’œil, il reconnaît l’antique bureau derrière lequel Théodorof passe ses journées. Les pieds reposant sur une chaufferette, elle-même posée sur un tapis à la trame usée jusqu’à la corde.

    Il ne lui faut que quelques secondes pour retirer tapis et chaufferette, dévoilant une trappe qu’il s’empresse de forcer à l’aide d’une barre métallique, recourbée à une extrémité. Le bois ne résiste pas. Au-dessous, dans une cache aménagée, un gros sac de cuir semblable à celui qu’utilisaient autrefois les voyageurs attend son bon vouloir. D’une main, preste ; il s’en empare. Il est lourd, la serrure est symbolique et ne résiste pas. À l’intérieur, beaucoup d’argent et des bijoux. Il en reconnaît quelques-uns.

    Il s’apprête à refermer le sac, lorsque le bruit d’une clé dans la serrure de la porte d’entrée le fait se relever. D’un geste prompt, il éteint la lumière.

    Puis, le sac à la main gauche, la barre de fer solidement tenue dans la droite, il attend dans l’obscurité.

    Normalement, tous devraient être au baptême. Olaf sent une sueur froide dégouliner le long de sa colonne vertébrale, son cœur bat la chamade. Un bruit de pas se rapproche rapidement dans le couloir qui dessert l’appartement du vieux Théodorof et son magasin. Il reconnaît distinctement sa voix. Il maugrée entre les dents, contre ces repas de fête qui n’en finissent pas et vous rendent malades pendant plusieurs jours.

    Machinalement, il s’est dissimulé derrière la porte du magasin, en priant que Théodorof n’ait pas l’idée de venir y faire un tour. Les pas s’éloignent vers le fond du couloir, puis une porte se referme. Olaf se rappelle alors qu’une tinette malodorante se trouve sous l’escalier qui conduit à l’appartement.

    Pas moyen de partir tant qu’il n’aura pas satisfait ce besoin personnel. Pour rejoindre la porte donnant sur l’impasse, il est obligatoire de passer devant ce lieu d’aisances. Fuir par la porte d’entrée qui donne sur la façade principale n’est pas possible. Il est plus que certain que le vieux l’aura verrouillé derrière lui. Son cœur a repris un rythme normal. Il ne transpire plus. Il entend distinctement la porte de la tinette s’ouvrir, mais elle ne se referme pas. Le bruit que fait un robinet pour remplir un seau d’eau lui parvient, puis le contenu en est jeté dans la tinette dont la porte se referme.

    Il serre fortement sa barre de fer dans sa main, si le vieux grigou ressent le besoin de venir contempler ses trésors, il va être obligé de l’assommer. Les pas se rapprochent dans le couloir, une main se pose sur le bec de canne, la porte s’entrouvre.

    Olaf lève sa barre de fer, prêt à frapper. De nouveau, il transpire à grosses gouttes, son cœur s’emballe. La porte se referme. Sans doute Théodorof voulait-il juste s’assurer que tout allait bien. Doucement en retenant sa respiration, Olaf laisse retomber sa main. Les pas s’éloignent dans le couloir, puis les marches de l’escalier craquent l’une après l’autre sous le poids de l’homme qui le gravit. Il attend encore quelques minutes dans le noir pour retrouver tous ses moyens. Depuis l’étage, un air de musique parvient jusqu’à lui. Le son est fort, Théodorof est dur d’oreille.

    L’instant d’après, Olaf est dans l’impasse. Avant de refermer la porte, comme prévu avec Laszlo, il fait sauter le verrou d’une pesée de sa barre de fer. Les planches en mauvais état cèdent facilement. Le peu de bruit qu’il fait est couvert par la musique provenant de l’appartement. Dehors la nuit est complète, d’un pas tranquille, il regagne son domicile.

    Il occupe un petit appartement au dernier étage d’un immeuble délabré. Il est seul sur le palier. Une échelle de meunier lui permet d’accéder au grenier. Cela fait déjà longtemps qu’il a aménagé une cache, entre son plancher et le plafond de son appartement. Elle est suffisamment vaste pour contenir le sac. Avant de le déposer à l’intérieur, il prélève quelques billets. Lorsque c’est fait, il tire une grosse malle sur la trappe, puis à l’aide d’un balai efface les traces laissées dans la poussière.

    Sur un petit réchaud à gaz, il se fait frire deux œufs, c’est tout ce qui reste dans son réfrigérateur. Avant de se coucher, il s’octroie une généreuse lampée de vodka, à même la bouteille.

    Il est midi passé lorsqu’il est réveillé par des coups violents frappés contre sa porte. Il se lève d’un bond, inquiet malgré tout. Ce n’est pas possible que ce soit la police. Il portait des gants et s’est assuré en partant, de ne laisser aucune trace. Fébrilement, il enfile son pantalon et questionne :

    — Qui c’est ?

    — C’est moi, ouvre vite.

    Pourquoi vite, que s’est-il passé pendant son sommeil ? Laszlo n’est pas du genre à s’affoler pour rien. Quelqu’un l’aurait-il vu quitter la boutique du vieux prêteur sur gages ; et l’aurait dénoncé ? Tout est possible dans cette chienne de vie. Il n’a que le temps de tourner la clé dans la serrure, son ami pénètre en trombe dans la cuisine. Il lâche d’une voix étouffée :

    — Le vieux est mort !

    Olaf n’en croit pas ses oreilles, il lui faut quelques secondes pour comprendre ce que Laszlo vient de lui dire « Il est mort, je te dis ».

    — Qu’est-ce que tu me racontes, mort ! Le vieux est mort ?

    — Oui, je te dis ; il est mort.

    — C’est impossible, lorsque je suis parti il écoutait de la musique chez lui, à l’étage.

    — Et bien, moi je te dis qu’il est mort, confirme Laszlo en souriant.

    — Et ça te fait rire ? Je me demande si tu n’es pas complètement fou. Tu te rends compte que si nous sommes pris, ce ne sera pas quelques mois de prison, mais certainement le cimetière.

    — Tu t’inquiètes pour rien, reprend Laszlo en riant franchement. C’est une crise cardiaque.

    — Franchement, tu m’as fait peur, raconte-moi ce qui s’est passé.

    — C’est un coup de chance extraordinaire qui n’arrive qu’au cinéma ou dans les livres. Ce matin avec Ludmilla, nous sommes allés au magasin pour apporter à son grand-père des restes du repas de baptême. De plus, il était prévu qu’elle fasse du ménage dans son appartement.

    — Viens-en aux faits, s’impatiente Olaf.

    — Oui, je continue. À notre arrivée, le magasin était fermé, alors nous sommes passés par le couloir, Ludmilla possède une clé de la porte de la rue. La porte donnant dans le magasin était ouverte, je m’attendais à ce qu’il y ait du raffut.

    — Et pour cause, commente Olaf, je l’avais cambriolé.

    — Chut, tempère Laszlo, ne dit pas des choses comme ça. Le vieux était étendu devant son bureau, j’ai fait semblant d’essayer de le ranimer, pendant que Ludmilla courait chercher un médecin.

    — Et alors ?

    — J’ai profité de son absence pour remettre en place le verrou que tu avais fait sauter, ainsi que la trappe où il planquait son magot avec le tapis et la chaufferette par-dessus. Lorsqu’elle est revenue, j’avais repris la respiration artificielle.

    — C’est trop beau, commente Olaf.

    — Pour une fois que nous avons de la chance, ne nous plaignons pas. Le médecin n’a pu que constater le décès et n’a fait aucune difficulté.

    — Mais ta fiancée, elle a dû s’inquiéter pour le magot ?

    — Là aussi, nous avons du pot, et c’est parce que tu as mal fait ton travail.

    — Comment j’ai mal fait mon travail ?

    — Oui, tu as mal fait ton travail et c’est ce qui nous sauve. Après le départ du médecin, nous avons retiré la trappe sous le tapis. Au fond de la cache, tu as oublié une liasse de billets en petites coupures.

    — Ouais, c’est sans doute lorsque j’ai entendu la clé dans la serrure ; car à ce moment j’ai éteint la lumière.

    — Et bien, j’ai rigolé en disant à Ludmilla que si c’était là toute la fortune de son grand-père, il n’y avait pas de quoi en faire une montagne. J’ai rajouté qu’elle n’avait qu’à garder l’argent pour elle, et que je ne dirai rien à personne.

    — Heureusement qu’elle n’est pas trop futée ta copine. Je n’en connais pas une seule qui aurait marché comme elle.

    — Ouais, en attendant fais voir le magot.

    Il ne faut que quelques minutes à Olaf pour grimper au grenier, récupérer le sac et en vider le contenu sur la table de la cuisine.

    — Et, mais dis donc ; il y en a pour du pognon, rien qu’en bijoux, déclare Laszlo en étouffant un sifflement.

    — C’est sûr, confirme Olaf, largement plus qu’en fric, pas loin du double.

    — Ça ne va pas être évident de les fourguer, mais je connais quelqu’un qui peut nous aider. Comme quoi en taule on se fait des relations utiles.

    — Écoute-moi, reprend Olaf, puisque tu peux fourguer les bijoux, je te les laisse et moi je garde l’argent, qu’en penses-tu.

    Laszlo réfléchit quelques instants :

    — Cela me semble équitable, mais tu as sûrement une idée de derrière la tête. D’un côté, je suis largement gagnant ; mais alors, toi ?

    — Mon idée, explique Olaf, c’est de quitter Varsovie.

    — Partir d’ici ?

    — Parfaitement, confirme Olaf. Je vais te surprendre, mais j’ai trouvé du travail.

    À ces mots, Laszlo manque de s’étrangler.

    — Du travail, tu te fiches de moi ; tu n’as jamais rien foutu de ta vie. Comme moi, tu ne sais que voler.

    — Ne rigole pas Laszlo, je n’ai pas dit que j’allais travailler jusqu’à ma retraite. Non, j’ai trouvé de l’embauche comme manutentionnaire, chez un transporteur qui fait des déménagements internationaux. Je pars pour la France dans deux jours, le patron m’a obtenu des papiers en règle pour passer les frontières.

    — Et si je comprends bien, c’est un aller simple ; tu as besoin de fric pour monter des combines en France.

    — C’est exactement ça, pendant mon séjour en prison j’ai entendu parler, par un ancien militaire, d’un ferrailleur serviable du côté de Bordeaux. Je sais qu’il a une filière pour changer notre argent en monnaie française. J’ai noté son adresse.

    — C’est d’accord, approuve Laszlo, je garde les bijoux, je ne suis pas pressé de les fourguer. De plus, je pense que je vais m’installer avec Ludmilla.

    Quelques jours plus tard, le camion de déménagement dans lequel Olaf a fait le voyage depuis Varsovie se gare quai de Paludate à Bordeaux, juste devant les abattoirs de la ville. Sa cargaison de meubles a été livrée. Avant de reprendre la route de Varsovie, Dimitri, le chauffeur a envie de s’encanailler avec l’une des nombreuses prostituées qui officient le long de la Garonne. La nuit n’est pas tombée, et ces dames ne sont pas encore arrivées.

    — Vient Olaf, on va boire un verre au bistrot qui est là-bas au coin de la rue.

    — C’est une bonne idée, je suis mort de soif, et puis ces colis de meubles m’ont crevé.

    En quelques pas, les deux hommes sont rendus devant l’entrée du bar « L’Abattoir ». Olaf qui ne parle que quelques mots de français laisse passer Dimitri devant lui. Il semble avoir ses habitudes, car le patron, un homme déjà âgé, le salue cordialement.

    — Eh ! Le Polak il y a longtemps qu’on ne t’avait pas vu.

    — Salut ! Riton, c’est vrai, j’étais sur une autre ligne depuis quatre mois, mais je viens de reprendre ma tournée habituelle. Voici Olaf, mon nouvel aide.

    Olaf ne saisit que le sens général des paroles échangées entre les deux hommes, mais il comprend qu’ils sont du même monde. Il s’empresse de serrer la main que lui tend Riton.

    Sans qu’ils aient commandé, deux grands verres d’une préparation à base de rhum apparaissent sur le comptoir.

    — Allez, je suis content de te revoir, c’est ma tournée.

    Tout en sirotant le planteur généreusement offert par le patron, Olaf écoute la conversation. Il se sent en confiance.

    — Tu veux bien me rendre un service Dimitri.

    — Oui, bien sûr, sauf si c’est pour me taper du pognon.

    De son porte-cartes, Olaf retire le morceau de papier sur lequel sont notés le nom et l’adresse du ferrailleur recueillis lors de sa détention.

    — Soit rassuré, je ne veux pas t’emprunter de l’argent. Je voudrais simplement que tu demandes au patron qu’il m’indique où je peux trouver le type qui habite à cette adresse.

    — Si ce n’est que ça, ce n’est pas difficile.

    Dimitri fait l’interprète entre Olaf et Henry Laplace, dit Riton.

    — Tu as de la chance, le type à son dépôt juste sur l’autre rive de la Garonne, quai de la Souys à Floirac. Il te suffit de traverser le pont Saint Jean et tu es tout de suite rendu.

    — Je te remercie Dimitri, mais je te dois la vérité. Demain, je ne repars pas. J’en ai marre de la Pologne.

    — Je m’en suis douté à l’instant même où tu m’as demandé de soumettre ton papier à Riton. Tu n’es pas le premier, et tu ne seras sûrement pas le dernier. Tu es jeune, si tu crois que la vie est plus facile en France, c’est ton problème. Pour ma part, ma famille est au pays, et j’y reste.

    Le jour est levé depuis plus d’une heure, Dimitri et Olaf s’éveillent dans les couchettes superposées du camion. Sur un petit réchaud à gaz posé à même le sol du parking, ils font chauffer de l’eau pour préparer du café. Les deux hommes se regardent sans rien dire, puis lorsqu’il a vidé sa tasse, Dimitri tend la main à Olaf :

    — Je te souhaite bonne chance, et si tu as besoin de quelque chose, laisse la commission chez Riton.

    Le temps que le moteur du camion chauffe, les deux hommes échangent encore quelques banalités, puis Dimitri s’installe au volant, enclenche la première, actionne le clignotant et sur un dernier signe de la main, prend la route du retour.

    Olaf a un petit pincement au cœur ; depuis le trottoir, il regarde s’éloigner le camion ; puis il empoigne sa valise et se dirige vers le pont Saint Jean. Il s’arrête quelques instants au milieu, regarde couler les eaux boueuses de la Garonne ; il pense à la Vistule qui coupe Varsovie en deux, il refoule la nostalgie et reprend sa marche.

    ***

    Fernand Destruchy dirige de main de maître son entreprise de récupération de métaux. C’est un vaste terrain clos sur tout son périmètre. Les ferrailles sont classées selon leur nature. L’aluminium, le cuivre et les autres métaux ayant cours en bourse sont enfermés dans un hangar.

    Au milieu du terrain, une énorme cisaille débite diverses carcasses d’électroménager. À quelques mètres, sous un abri de fortune, une presse, réduit à l’état de cubes de vieilles carrosseries de voitures.

    Olaf s’est arrêté à l’entrée, il se demande s’il va arriver à s’expliquer avec les quelques mots de Français qui constituent tout son langage. À gauche, un petit bâtiment devant lequel se trouve installé un pont-bascule semble faire office de bureau. Derrière les vitres d’une fenêtre, il distingue parfaitement deux jeunes gens. Le garçon manipule une calculatrice ; il aligne des suites de chiffres sur un registre, il doit avoir une vingtaine d’années ;

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