Le quartier du Fleuve
2 RÉSUMÉ : Marguerite Berthet a soixante-trois ans, et ne jouit que d’une mince retraite Elle a pourtant travaillé des années à la rédaction d’un grand quotidien de la vallée du Rhône, mais n’a jamais été promue chef d’agence. Pour arrondir les fins de mois, elle est correspondante locale d’un journal régional. Emmanuelle et Samantha, ses deux filles, vivent à Tournon, pas très loin de chez elle. Samantha partage sa vie avec Calogero et leur fils Sylvio. Divorcée du père de ses filles, Marguerite s’est remariée avec Gabriel, plus jeune qu’elle d’une dizaine d’années. Gabriel est au chômage, et pour tromper l’ennui, il a ouvert une boutique de brocante qui ne lui rapporte que peu.
(Voir Veillées nos 3447 et suivants.)
Le soir tombe. Marguerite doit pourtant ressortir, il y a une réunion du conseil municipal. Le maire veut lui glisser un papier à faire paraître le plus vite possible, cela concerne le tri des ordures.
Elle pose sur la plaque de cuisson le faitout qui contient la soupe de légumes.
– Si je tarde trop, dînez sans moi. Gabriel, il y a du jambon et du fromage blanc. Essaie de convaincre Andréas de prendre du potage. Il ne mange pas assez de légumes. Le téléphone, à présent. C’est Samantha qui veut avoir des nouvelles. Elle passera prendre son fils vendredi soir.
Marguerite raccroche et enfile son blouson.
– J’y vais, à plus tard, Gabriel.
Dans les bras de Gabriel, Sylvio s’est calmé. Le son de la télé est fort. Le chat miaule, il a faim. Le téléphone, encore…
– Ne décroche pas, Gabriel. Laisse, il y a le répondeur, sinon ça n’en finira plus.
Elle attrape son appareil photo numérique et sort. Sa petite Panda démodée l’attend devant la porte. Ça lui fait penser qu’il faudra bientôt régler l’assurance. Et conduire « sa caisse » au contrôle technique.
Les Français moyens et même très moyens, sans parler des autres, les pauvres, comme dans le roman qu’elle veut écrire, ils ne font que ça aujourd’hui, se dit-elle, fataliste : payer !
Chapitre 3
Mars. S’appeler Richard et n’avoir pas un rond ! Il y a de quoi rager. Gabriel se réveille la nuit la peur au ventre. Marguerite dit
