Le fils aîné de l’homme le plus riche de France cultive un style aussi discret qu’efficace. Pour Paris Match, il joue le jeu d’une interview vérité
Quand les grands patrons de l’époque confessent tous une passion pour la peinture contemporaine, lui affirme préférer le design et la photographie. Pas tout à fait révolutionnaire, juste un peu décalé, comme lui.
Au mur, donc, dans un nuage de fumée, Dennis Hopper immortalisé par le photographe Terry Richardson. Et cette photo de son épouse, Natalia Vodianova, bien avant qu’il ne la rencontre, en Alice au pays des merveilles coincée dans un décor étriqué, trop petit pour sa beauté. L’image est signée Annie Leibovitz. La veille, en triturant son stylo ou un de ses deux Rubik’s Cube, Antoine Arnault s’est entretenu avec cette dernière, via Zoom, d’un énième projet commun. Sur son agenda grand ouvert, on lit qu’il passera bientôt à Milan, puis, dans la foulée, près de Florence, inaugurer la nouvelle fabrique Fendi. Un bâtiment écolo, flex office avec vue sur les collines toscanes. On y pique à la main ces sacs baguettes qui se vendent comme des petits pains… Quand ses longues jambes fourmillent, Antoine Arnault s’autorise quelques putts sur le tapis de son bureau avec ses clubs de golf gardés à portée de main, slalomant entre deux paires de Berluti et ces animaux de cuir chinés aux puces qui lui rappellent les œuvres des Lalanne, ses artistes favoris. Bien rangés sur le bureau, son couteau suisse – pratique, dit-il, en cas de déjeuner sur le pouce – et aussi un nécessaire à chaussures avec deux boîtes de cirage. Antoine Arnault dit n’être pas rodé à l’exercice des confidences. En ce jour de pluie, pourtant, il accepte de se déboutonner un peu, avec ce mélange de franc-parler et de retenue qui caractérise les grands bourgeois du Nord.
« Je ne suis pas le clone de mon père. Lui est plutôt Chopin, moi piano-bar »