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Marginaux et fiers de l’être
Marginaux et fiers de l’être
Marginaux et fiers de l’être
Livre électronique254 pages3 heures

Marginaux et fiers de l’être

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À propos de ce livre électronique

Marginaux. C’est l’étiquette donnée à ceux qui ne font rien comme les autres.

Fiers de l’être, c’est la réaction de Raymond Viger et de Danielle Simard devant cette désignation. C’est également une invitation à embrasser les possibilités qui résident au-delà des normes. Parce 25 ans d’intervention auprès des jeunes marginaux façonnent une perception unique du monde.

Marginaux et fiers de l’être, c’est la chronique des événements qui ont jalonné le parcours d’un travailleur de rue/pilote d’avion/journaliste-devenu éditeur, et de l’organisme communautaire légendaire que sa conjointe et lui ont mis sur pied à Hochelaga-Maisonneuve.

Sur le ton de l’anecdote, le narrateur évoque, entre autres, la fondation du premier journal de rue francophone au monde, le premier à avoir donné une voix aux jeunes marginalisés en les initiant à l’écriture; on y découvre aussi l’histoire du long siège visant à légitimer l’art urbain auprès des décideurs et ainsi offrir un tremplin à toute une génération de jeunes issus de milieux défavorisés.

Marginaux et fiers de l’être. Le titre, brandi comme un trophée, coiffe un récit singulier de détermination. Le récit d’un engagement social indéfectible dédié au secours d’autrui, quitte à devoir bousculer, le cas échéant, les usages ou les institutions établis. Une histoire d’entêtement réfléchi et d’obstination sélective.

Empreint de cet humanisme direct propre à la philosophie de l’organisme, Marginaux et fiers de l’être, testament social d’un couple hors du commun, compose avant tout une sorte de défi lancé au défaitisme
LangueFrançais
Date de sortie15 nov. 2020
ISBN9782925002369
Marginaux et fiers de l’être
Auteur

Raymond Viger

Raymond Viger est journaliste depuis plus de 40 ans et travailleur de rue depuis 25 ans. Ses milieux d'intervention ont été entre autres les communautés inuites, le milieu de la prostitution et des gangs de rue. Récipiendaire de plusieurs prix pour la pour la défense des droits de la personne et de la lutte contre la criminalité, il fit de l'aide aux jeunes marginalisés son fer de lance. Depuis 25 ans, il dirige le Journal de la Rue, un organisme d'intervention et de promotion culturelle, tout en étant rédacteur en chef du magazine socioculturel Reflet de Société.

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    Aperçu du livre

    Marginaux et fiers de l’être - Raymond Viger

    Couverture de Marginaux et fiers de l'être. Photographie d'un troupeau de zèbres, un de face et 3 de dos.

    Marginaux et fiers de l’être

    Éditeur

    Les Éditions TNT

    12-3894 rue Sainte-Catherine Est,

    Montréal, Qc. H1V 2J3

    (514) 256-9000

    www.editionstnt.com

    info@editionstnt.com

    Conception graphique couverture

    Danielle Simard

    Mise en page

    Danielle Simard et Raymond Viger

    Correction et édition

    Simon-Claude Gingras

    Droits d’auteur

    Raymond Viger, 2020. La reproduction totale ou partielle, pour un usage non pécuniaire est autorisée à la condition d’en mentionner la source. Tous droits réservés.

    Dépôt légal 2020

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque et Archives Canada

    ISBN

    Papier 978-2-925002-20-8

    PDF 978-2-925002-21-5

    EPub 978 -2-925002-22-2

    Fiancé par le Gourvernement du Canada et la SODEC

    Fièrement imprimé au Québec

    Introduction

    Pourquoi ce livre?

    Beaucoup d’émotions remontent en moi en rédigeant cette introduction. J’ai commencé l’écriture de ce livre comme on écrit un testament. J’y expose nos principes et notre philosophie d’intervention. Ceux du Journal de la Rue, un organisme dans lequel je m’investis depuis près de 30 ans.

    J’espère que la relève pourra les comprendre, les utiliser, les adapter et les modifier. Je souhaite qu’elle assure la continuité de l’organisme, bien sûr, mais particulièrement celle de l’intervention auprès des jeunes.

    Je veux rendre public un héritage social, un travail qui s’est accompli sur une période de 30 ans. Il pourra ainsi être un sujet de réflexion pour toute personne désirant s’impliquer auprès des jeunes.

    Je ne prétends pas qu’il s’agisse d’une bible et que je sois le seul à détenir la vérité. Il n’existe pas une vérité. Tous les chemins mènent à Rome, dit-on.

    Je vous présente ici les bons et les mauvais coups que nous avons faits, les constats que nous avons pu en tirer. J’y décris aussi la réaction des différents milieux que nous avons côtoyés et dans lesquels nous avons évolué.

    Après 30 ans d’intervention, former une relève devient une urgence. Notre organisme a servi de tremplin pour une quantité phénoménale de gens qui sont venus se faire les dents chez nous. L’appel de nouveaux défis ou le désir d’obtenir de meilleures conditions salariales nous les a fait presque tous perdre.

    Certains sont fiers d’être passés par notre organisme pour atteindre leurs objectifs. D’autres n’osent l’avouer publiquement.

    La difficulté du testament que je veux vous offrir est celle de rendre compréhensible et appréciable un cheminement des plus hétéroclites. Si j’avais œuvré pendant un demi-siècle dans la même direction, autant vous que moi aurions compris facilement qui je suis, par où je suis passé et ce que je veux léguer. Mais ce n’est pas le cas.

    J’ai utilisé toutes sortes de techniques et de méthodes pour nous faire atteindre nos objectifs. Je suis un généraliste. C’est pourquoi j’ai l’air d’un imposteur dans chaque assemblée de spécialistes où je passe. Et il ne faut pas se le cacher. Je suis un imposteur. Pour chacun des domaines professionnels que j’ai touchés, il existe un spécialiste plus connaissant que moi.

    Mais quand je rencontre un jeune, ce qui importe n’est pas que je puisse l’éclairer à 100% sur un sujet. C’est plutôt la possibilité de lui donner 1% d’information sur 100 sujets.

    Bonne lecture à travers ce legs social.

    N’hésitez pas à raturer les passages qui ne font pas votre affaire et à surligner ceux qui vous rejoignent.

    Préface

    Administrateurs actuels et anciens

    Delphine Caubet

    Rédactrice en chef et administratrice, 2013 à 2018

    Salon du livre de Montréal, novembre 2016. Comme chaque année, je suis chargée d’organiser la présence des Éditions TNT et de ses auteurs à l’événement. Les salons du livre sont toujours épuisants, ce sont cinq jours non-stop à tenir notre kiosque devant un afflux constant de milliers de personnes. Mais cette année-là, j’ai gagné le pompon…

    Nous sommes un samedi et je tiens le kiosque de l’ouverture à la fermeture, car un bénévole s’est désisté. En fin de matinée arrive l’un des auteurs. Il est d’un âge avancé et d’une constitution plutôt fragile. D’ailleurs, il ne se déplace plus qu’en fauteuil roulant et sa femme reste toujours à ses côtés. Fauteuil que je suis allée emprunter pour lui à l’accueil de la Place Bonaventure.

    Sa présence pour dédicaces se passe sans embûche. En début d’après-midi, au plus fort du Salon, je charge un jeune du Café Graffiti (qui était mon helper pour l’occasion) de reconduire le couple jusqu’à son auto. Je laisse donc partir cette bande de joyeux drilles à travers la foule, en attendant qu’arrive le prochain auteur.

    Un peu plus tard, le jeune en question revient à notre kiosque, en panique, me demandant si Madame était ici… Question pour le moins étrange puisque je la lui avais confiée il y a quelques minutes de cela. Me voilà bien… j’avais une madame de presque 80 ans, sous ma responsabilité, perdue dans le Salon.

    Je comprends rapidement qu’entre notre stand et le stationnement, le groupe avait décidé de faire une escale pipi et qu’en sortant des toilettes, Madame avait disparu. Je me dirige à mon tour vers les toilettes pour femmes et, rien. Je conseille à notre jeune de repartir trouver Monsieur qui avait été laissé seul pendant ce temps. Ce serait trop bête qu’on le perde lui aussi…

    Finalement, au bout de quelques minutes, j’aperçois Madame en panique dans la foule. Je la rejoins et confis notre stand à un voisin tandis que je pars avec Madame en direction de son auto. En chemin, nous finissons par retrouver le restant de la fine équipe. Cette fois, c’est bon, ils sont dans l’ascenseur, je peux retourner à ma place même si je suis déjà fatiguée par cette journée.

    Le jeune du Café finit lui aussi par réapparaître, visiblement exténué. Je lui tends un verre d’eau et lui demande mon permis de conduire. C’était la pièce d’identité que j’avais laissée pour emprunter le fauteuil roulant. Ces yeux s’arrondissent, sa bouche s’ouvre « ohhhh shit, je l’ai oublié dans le stationnement » et il repart d’une traite en courant.

    Peut-être une heure plus tard, il finit par revenir et me tend mon permis de conduire. « Je n’ai pas retrouvé le fauteuil, mais ne t’en fais pas, j’ai laissé ma carte-soleil à la place, je vais prendre mes responsabilités s’il le faut, mais je vais continuer à chercher. » Je n’ai même pas le temps de lui répondre qu’il est déjà reparti. Dans ma tête, je me dis que cette journée ressemble de plus en plus à un film de Fernandel…

    Le prochain auteur arrive. Je lui explique que je dois le laisser seul, je dois partir en renfort de mon renfort. Lui et moi passerons plusieurs heures à fouiller la Place Bonaventure, du plus bas des sous-sols jusqu’au plus haut des étages. Google m’apprendra cet après-midi-là qu’un fauteuil vaut une petite fortune et je me demande déjà comment je vais expliquer ça à Raymond et Danielle.

    En début de soirée, il faut se rendre à l’évidence, ce n’est pas comme ça qu’on le retrouvera, mais nous pourrons peut-être avoir accès aux enregistrements des caméras le lendemain.

    Je m’en vais rejoindre notre auteur, que j’avais littéralement abandonné pendant ce temps-là. Lui, c’est un beau jeune homme d’une petite trentaine d’années, qui visiblement s’est bien accommodé de la situation : « Ça a bien été pour moi, j’ai fait quelques ventes. Par contre, c’était tout des madames qui venaient me parler, je sais pas trop pourquoi. » Ben tiens… moi, j’ai une petite idée. Au moins, la journée n’a pas été perdue pour tout le monde. Mais moi, au milieu de tout ça, j’avais loupé le passage de David Goudreault à notre stand… Une journée pourrie jusqu’au bout.

    Cette petite anecdote (qui finit bien, puisque tout le monde a été retrouvé et que le fauteuil a été rapporté) est assez représentative de mes cinq années au Café Graffiti. On fait au mieux pour préparer les choses, mais il y a toujours un événement imprévu qui va mettre notre patience à l’épreuve. Et au milieu de tout ça, il y a surtout de belles rencontres humaines et pas mal de situations cocasses. Comme avec ce jeune du Café, dont j’ai toujours apprécié la sincérité et le sens des responsabilités.

    C’était évident qu’on ne le laisserait pas endosser le coût du fauteuil, mais il n’a pas cherché à se défiler et il a travaillé fort tout l’après-midi pour essayer d’arranger la situation.

    Mes débuts dans l’organisme

    Au total, je suis restée cinq ans au Café Graffiti. J’y suis d’abord entrée comme stagiaire en journalisme après mon bac, puis j’ai été embauchée à temps plein. D’abord pour écrire des articles, puis coordonner la revue Reflet de Société, les livres des Éditions TNT et finalement, les activités artistiques du Café Graffiti.

    Haaa! si vous saviez, ces dernières m’ont fait tourner en bourrique, au début. Cela devait faire un an que j’étais au Café quand Raymond a dû subir une opération à cœur ouvert. Du jour au lendemain (littéralement), je me suis retrouvée avec cet ensemble d’activités sur les bras dont je ne connaissais rien.

    Moi qui ai l’habitude de programmer des parutions des semaines à l’avance, je me suis retrouvée à collaborer avec une bande de jeunes artistes dont la plupart étaient en voie de professionnalisation.

    Et, puisque j’ai commencé à vous raconter quelques anecdotes, autant continuer : le jour de la sortie de Raymond de l’hôpital (un samedi matin), nous avions un atelier d’initiation au graffiti avec un groupe de jeunes venus de l’étranger. J’avais confié ce travail à deux jeunes du Café Graffiti que je connaissais et dont je savais qu’ils pouvaient s’acquitter de cette mission.

    Je suis tranquillement chez moi, quand je reçois un appel de Raymond : il est dans les locaux, l’heure approche, les jeunes ne sont pas là et la salle n’est pas installée. Vous vous demandez, vous aussi, ce que Raymond fait là? Pour lui, c’était une escale boulot entre l’hôpital et son domicile.

    Quoi qu’il en soit, ce sont Danielle et lui qui mettent les chaises et les tables en place. Moi, pendant ce temps, j’appelle à tout bout de champ les deux jeunes pour voir où ils sont. Personne ne décroche… Un peu plus tard, Raymond me rappelle en me disant que l’un des jeunes est arrivé et qu’il a commencé l’atelier. Bon, ce n’est clairement pas ce qui avait été prévu, mais au moins, le service minimum était assuré.

    Au fur et à mesure de la journée, j’ai les différents protagonistes au téléphone, qui m’expliquent le fond de l’histoire. La veille, ces deux jeunes et un de leurs amis ont un peu bu, ils vont sur le toit du bistro pour y faire un graffiti. Je ne sais comment, la police arrive et nos compères s’échappent. L’un d’entre eux arrive à partir (celui que je ne connaissais pas), tandis qu’un deuxième se fait arrêter (ce pour quoi il ne pourra jamais se présenter à l’atelier le lendemain) et le troisième passe accidentellement à travers le plafond de l’organisme pour s’écraser un étage plus bas et s’enfuir. C’est lui qui se pointera le lendemain pour l’atelier avec une épaule démise, et qu’on devra conduire à l’hôpital.

    Des anecdotes comme celle-ci, je pourrais en raconter des dizaines. Et je ne vous parle même pas de toutes les fois où, le matin, un jeune arrive en travaux communautaires, trouve la porte ouverte, entre et là, le système d’alarme se déclenche. Lui prend la poudre d’escampette (alors qu’il est tout à fait innocent), la police arrive et trouve les locaux vides. Des gags avec le système d’alarme, il y en a eu pas mal…

    Cinq années d’implication

    Il parait que je suis l’une de celle qui est restée le plus longtemps dans l’organisme. Loin de me « péter les bretelles » pour ce fait, je pense plutôt que j’ai eu l’occasion d’expérimenter beaucoup de choses avec le Café. Les activités artistiques en sont un bon exemple. Oui, j’ai beaucoup râlé, au début, mais au final, j’ai adoré et cela a été extrêmement formateur pour moi.

    Aujourd’hui, cela fait presque deux ans que j’ai quitté le Café.Je suis pour l’instant en France, où je coordonne des équipes d’animateurs sur un vaste territoire. Autant vous dire qu’il n’y a rien qu’ils puissent faire aujourd’hui qui me perturbera ou me surprendra.

    Raymond et Danielle ont toujours été très ouverts à me faire apprendre et à me confier plus de responsabilités. Par exemple, lorsque j’ai ressenti le besoin d’aller travailler ailleurs pour continuer à grandir et à me développer. Je leur en ai parlé tranquillement, sans gêne et contre toute attente, ils m’ont demandé quel était mon projet et comment ils pouvaient m’aider. À cette époque, j’avais envie de découvrir d’autres maisons d’édition… Raymond m’a ouvert son carnet d’adresses et m’a mise en contact avec autant de monde qu’il a pu. Au final, la vie m’a menée tout à fait ailleurs, et c’est une bonne chose.

    Mais loin de moi l’idée de faire de l’angélisme ou de l’idéalisme sur la vie au Café. J’en garde un très bon souvenir, mais toutes les périodes n’ont pas été faciles pour autant.

    Comme la fois où, en l’espace d’un mois, je suis passée de deux adjoints à… zéro, pour toujours le même travail. Ou les deux déménagements faits par nos soins en deux ans. Ou les conflits avec les collègues qui étaient proches du départ. Mais j’aime à penser que ce sont aussi ces périodes qui m’ont aidée à clarifier mes envies et à déterminer mon avenir. Il parait qu’après avoir travaillé pour Reflet de Société, la voie naturelle aurait été que je me tourne vers les médias plus conventionnels. Mais j’ai compris que je suis davantage une militante qu’une journaliste. Oui, je veux dénoncer et montrer des faits de notre société, mais je veux plus encore agir sur ces faits pour les changer et essayer à ma petite échelle d’apporter un monde meilleur.

    Retour en France

    Aujourd’hui, même si je suis de l’autre côté de l’océan, le Café Graffiti continue à faire partie de ma vie. J’échange régulièrement avec Danielle et Raymond et, à l’occasion, je donne un petit coup de main à distance, si je peux. Et puis, j’ai fait de très belles rencontres là-bas, des personnes qui m’inspirent encore aujourd’hui et d’autres qui comptent parmi les amis les plus proches que j’ai eus. Dans tous les cas, j’ai l’espoir d’avoir apporté autant au Café qu’il a pu m’apporter. Et puis, il y a quelques jours, la boucle a été bouclée puisque j’ai pu offrir en France le premier contrat d’une artiste québécoise que j’ai rencontrée au Café...

    Rajout de Raymond

    Je me permets d’intervenir dans le texte de Delphine. Question de compléter l’anecdote du Salon du livre où elle devait rencontrer David Goudreault.

    Deux de nos auteurs, Xavier Boisrond et BerekYah, connaissaient ce célèbre poète. Celui-ci devait passer au kiosque pour ramasser des livres autographiés par nos auteurs. Delphine m’avait fait part de son grand intérêt pour rencontrer David Goudreault.

    En quittant le kiosque pour tenter de retrouver la conjointe d’un auteur et un fauteuil roulant, elle me délègue la responsabilité de remettre les livres à David Goudreault. Devinant la déception que Delphine aurait à vivre en apprenant la mauvaise nouvelle d’avoir manqué ce grand poète, je lui demande s’il peut avoir la gentillesse de repasser un peu plus tard pour rencontrer une de ses grandes fans. Nous sommes en début de journée. Il me répond qu’il pourra repasser un peu plus tard.

    Le soir venu, je reçois un courriel de sa part, mentionnant qu’il s’excuse de n’avoir pas pu repasser à notre kiosque. Double déception. Celle, pour moi, ne pas avoir réussi à offrir à Delphine cette rencontre. Et évidemment, la sienne.

    Ne le lui dites pas, mais nous avons un nouvel auteur de l’Estrie, Ian Fournier, un bon ami de David Goudreault. Le lancement de son livre aurait pu être une autre occasion pour une rencontre avec Delphine. Mais elle nous a quittés et est retournée en France.

    Christine Burtin Lauthe

    Travailleuse sociale, Bourgogne

    France, 2003-2006… à aujourd’hui

    C’était en janvier 2003. Mon amie Louise, membre du comité de rédaction et administratrice du magazine Reflet de Société, m’avait invitée à l’accompagner, un soir, pour rencontrer l’équipe. Si ça me convenait, me dit-elle, je pourrais peut-être intégrer le comité après accord, bien sûr, du rédacteur en chef et du comité de rédaction.

    Par la suite, j’ai pris ma place dans la structure en essayant de m’adapter au style des jeunes, des adultes et de Raymond et Danielle, les personnages centraux de cette structure. Les actions auxquelles j’ai pris part durant mon séjour québécois et celles que j’ai menées par la suite, de la France, m’ont confortée dans l’idée que la rencontre avec Reflet de Société ne pouvait laisser indifférent et qu’au contraire, elle déposait des traces indélébiles dans nos pratiques et nos savoirs. C’est cette réalité de Reflet de Société que je veux partager. Tout d’abord…

    C’est sur la rue Sainte Catherine, coin Pie-IX, dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Juste après, c’est le fleuve! Des boutiques à l’abandon. Quelques autres, vieillottes, qui survivent grâce à une clientèle qui vient d’autres quartiers. Avec le temps et un début de « gentrification », quelques restaurants et boutiques branchées s’installent et font venir une clientèle choisie. Le théâtre Denise-Pelletier, une institution; en face, le parc Morgan et son kiosque à musique où se retrouvent les promeneurs de chiens, les gamins du quartier et les petits trafics de tout poil. Autour, quelques institutions comme « Le Carré », qui accueille en journée des personnes précaires, « Dopamine », qui suit des toxicos ou ex-toxicos et arpente les rues à leur rencontre et à celle des personnes prostituées et puis, « Reflet de Société », son Café Graffiti avec sa devanture repérable de loin d’où entre et

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