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Le parcours du survivant
Le parcours du survivant
Le parcours du survivant
Livre électronique163 pages2 heures

Le parcours du survivant

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À propos de ce livre électronique

Une ultime dérive. Une débauche touristique désabusée, sans lendemain. Le Parcours du survivant commence à la fin des rêves de son héros.

Récit de métamorphose, c’est une histoire d’exaltation financière, mais de déroute amoureuse, c’est l’éloge de l’introspection autant que du témoignage intime. Sur le sable d’Haïti, les aventures tropicales de Samuel, Marie et Yolène dessinent une allégorie autour des thèmes de la quête de soi et… de la justice sociale!
LangueFrançais
Date de sortie8 août 2023
ISBN9782925368199
Le parcours du survivant
Auteur

Raymond Viger

Raymond Viger est journaliste depuis plus de 40 ans et travailleur de rue depuis 25 ans. Ses milieux d'intervention ont été entre autres les communautés inuites, le milieu de la prostitution et des gangs de rue. Récipiendaire de plusieurs prix pour la pour la défense des droits de la personne et de la lutte contre la criminalité, il fit de l'aide aux jeunes marginalisés son fer de lance. Depuis 25 ans, il dirige le Journal de la Rue, un organisme d'intervention et de promotion culturelle, tout en étant rédacteur en chef du magazine socioculturel Reflet de Société.

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    Aperçu du livre

    Le parcours du survivant - Raymond Viger

    Couverture du livre Le parcours du survivant. Un homme avec un chapeau de paille de dos dans un champ de café.

    Raymond Viger

    Le parcours

    du

    survivant

    Le parcours du survivant

    Éditeur

    Les Éditions TNT

    3894 rue Sainte-Catherine Est, Bureau 012,

    Montréal, Qc, H1W 2G4

    (514) 256-9000

    www.editionstnt.com

    info@editionstnt.com

    Conception graphique couverture

    Danielle Simard

    Mise en page

    Danielle Simard

    Correction et édition

    Simon-Claude Gingras

    Droits d’auteur

    Raymond Viger 2021. La reproduction totale ou partielle, pour un usage non pécuniaire, est autorisée à la condition d’en mentionner la source. Tous droits réservés.

    Dépôt légal 2021

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque et Archives Canada

    ISBN

    Papier 978-2-925002-43-7

    PDF 978-2-925002-44-4

    EPUB 978-2-925368-19-9

    Fièrement imprimé au Québec

    Table des matières

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Chapitre 8

    Chapitre 9

    Chapitre 10

    Chapitre 11

    Chapitre 12

    Chapitre 13

    Chapitre 14

    Chapitre 15

    Chapitre 16

    Chapitre 17

    Chapitre 18

    Chapitre 19

    Chapitre 20

    Chapitre 21

    Chapitre 22

    Chapitre 23

    Chapitre 24

    Chapitre 25

    Chapitre 26

    Chapitre 27

    Chapitre 28

    Chapitre 29

    Épilogue

    Ressources

    Chapitre 1

    Un soleil timide se lève sur la mer des Caraïbes. Quelques vagues continuent sans cesse le balayage de la plage, effritant au passage et fragilisant les caps de roches surplombant majestueusement la baie.

    Les touristes n’ont pas encore encombré la plage de leurs chaises longues. Certains sont trop affairés à profiter de quelques instants de sommeil. Pour d’autres, l’heure du café et du buffet matinal a déjà sonné.

    Une magnifique plage d’Haïti. Un sable blanc à perte de vue. Mis à part cette eau turquoise et jade qui bat la mesure, tout est encore immobile et figé dans le temps. Un décor féérique pour en faire rêver plus d’un. Cette image contredit la perception que les gens ont de Haïti. Ils ne pensent qu’à des tremblements de terre, des inondations, des milliers de morts sur une plage couverte de déchets. Haïti, terre de contrastes. Là où tous les extrêmes se touchent pour ne faire qu’un.

    Les cheveux en broussailles, pêle-mêle et plein de couettes, un jeune homme se traîne les pieds tout en titubant sur cette plage. Non pas qu’il vienne de se lever pour affronter une nouvelle journée, mais plutôt qu’il termine une nuit bien arrosée. Essaye-t-il d’oublier qui il est et d’où il vient ? Ou encore de ne pas affronter sa destinée ? Qui sait ? Sûrement pas lui, dans cet état lamentable et délabré.

    Péniblement, il rassemble ses forces pour retrouver son chemin. Le gardien de sécurité de la plage vient tout juste de commencer sa ronde. Voyant cet homme à la dérive, il va à sa rencontre.

    — Bonjour, Monsieur Samuel. Une autre nuit qui se termine à l’aube.

    Tentant de cacher son malaise, si malaise il y a, Samuel hoche paresseusement la tête tout en marmonnant quelques mots.

    — Appelle-moi Sam. Pas Samuel. Je suis SAM. S-A-M. C’est clair?

    — Très bien, Sam. À vouloir vous cacher du soleil ainsi, nous pourrions croire que vous êtes un vampire ! lui lance l’agent, amusé par la situation.

    Sam fronce les sourcils sans répondre. Il n’en a rien à foutre de ces commentaires que la communauté ne cesse de lui servir.

    — Allez, Monsieur Sam, je vais vous aider à retrouver votre chambre avant que le soleil ne vous change en poussière ou que la horde de touristes qui s’apprêtent à envahir la plage ne vous piétinent !

    L’agent passe le bras de Sam autour de son cou pour soutenir le poids de ce cadavre. Il accélère le pas pour éviter que les touristes ne soient incommodés par cet intrus qui détonne avec le décor enchanteur de la plage.

    Arrivé à la chambre, tant bien que mal, Sam finit par ouvrir la porte. L’agent l’accompagne à l’intérieur. Tout en tendant sa main droite vers l’avant, il lance :

    — Puis-je faire autre chose pour monsieur ?

    Avec quelques difficultés de prononciation, Sam lui répond nonchalamment :

    — C’est bon, à partir d’ici je vais me débrouiller seul. Tu peux y aller.

    L’agent demeure immobile devant Sam. Il frotte son pouce sur son index. Ce geste met en rogne Sam et le fait réagir. La colère le revigore quelques instants.

    — Ah oui ! Vos fameux pourboires… Pas moyen d’aller pisser tranquille sans que quelqu’un vous en demande un... Vous n’attendez pas de le mériter… Vous n’attendez pas que nous ayons le goût de vous en donner un… Vous le demandez… Vous l’attendez… Vous l’exigez… Ça me met les nerfs en boule, cette mauvaise habitude que vous avez développée… Parce qu’un employeur abuse de vous et ne vous paye pas assez, vous voulez nous exploiter à notre tour !

    Sam fouille en vain dans ses poches. Il ne trouve rien. Il fait le tour de la chambre. Il cherche sauvagement dans les tables de nuit, les commodes… Finalement, empêtré dans le sofa, il trouve son portefeuille. Il y prend un billet de 100 gourdes qu’il tend rageusement à l’agent de sécurité et lui fait signe de disposer. Il veut se retrouver seul. Il a un mal de tête à gérer ainsi que des maux de ventre. Trop bu ? Trop mangé ? Ou encore les deux ? Il ne se souvient plus de rien. Le vide total.

    Comme un grand chêne qui s’écroule après la tempête, le corps de Sam s’étend de tout son long sur le lit.

    Chapitre 2

    Le soleil termine sa course dans un océan de feu. Comme un prédateur silencieux, la mer l’a patiemment attendu pour le prendre au piège et l’engloutir sans merci. Les couleurs s’entrechoquent dans le ciel qui s’alourdit au fur et à mesure que l’eau et le feu continuent leur coloré combat aérien.

    L’astre du jour s’éteint sous la force de l’océan. La mer retrouve son calme comme si rien ne s’était passé.

    Quelques oiseaux lancent un cri de victoire à tout vent, célébrant une nouvelle trêve pour la nuit.

    Sam cherche à reprendre ses esprits. Encore sur le radar, il cherche mécaniquement la cafetière.

    Il prépare la potion magique qui le stimulera assez pour rejoindre le monde des vivants. Ou, au pire, des morts un peu plus vivants.

    Tel un zombi qui se fait peur à lui-même, en se regardant dans le miroir de la salle de bain, il est envahi par un sentiment de dégoût. Sam a beaucoup de peine à cohabiter avec lui-même.

    Malgré tout, une sensation de plénitude le remplit et l’enivre. Il entame aujourd’hui sa dernière journée dans le monde des vivants. Depuis plus d’une semaine, il a planifié sa sortie finale, son passage dans l’au-delà.

    Non pas que Sam veuille connaître ce qui se cache dans le monde des morts, mais plus rien ne le stimule ni ne lui donne de raison de demeurer dans celui des vivants. Plus aucune émotion ne remonte en lui. Seul un grand vide le faisant immensément souffrir.

    Comment trouver un sens à sa vie quand plus rien n’en vaut la peine, lorsque les seules émotions qui vous habitent sont une profonde solitude, une tristesse sans fin et une déroute totale ? Un vide complet qui vous irrite comme du vitriol. Plus rien entre les deux oreilles. Parcourir la nuit comme un mort-vivant qui a perdu son âme. Un corps inhabité qui déambule dans la pénombre, sans trop savoir vers où et pourquoi il se déplace.

    Sam avait espéré être présent lors d’un des nombreux cataclysmes que le pays subit avec régularité. Inondations, tremblements de terre, raz-de-marée, révoltes ou violentes manifestations, tout aurait pu être une belle occasion de disparaître comme une victime. Mais rien ne s’est produit.

    Devant l’ambiguïté d’être un mort-vivant, Sam va trancher. À la fin de la nuit, il retirera le mot vivant à cette expression bipolaire. Il deviendra sans équivoque et tout simplement un mort. On retrouvera son corps inanimé.

    Il a choisi Haïti pour passer à l’acte. Il n’y connaît personne. Ses amis et ses proches apprendront la nouvelle sans avoir à participer à la découverte. Une simple lettre d’adieu. La mort de Sam ne sera qu’un fait divers dans un pays qui a éprouvé son lot de catastrophes.

    Tout est planifié. Quelques activités l’amèneront vers le lieu et l’heure qu’il a tant préparés. Plusieurs penseront à un terrible accident. Certains auront un doute. Mais rien d’assez précis pour enclencher une enquête. De toute façon, Sam s’est fait une réputation depuis son arrivée en Haïti. Une semaine de beuverie et de débauche totale.

    Pour la première fois depuis des lustres, Sam ressent un apaisement le gagner et l’habiter. Il a maintenant un objectif clair et précis. Et il sait qu’il va l’atteindre. Sa délivrance est maintenant imminente.

    Sam se place devant le miroir de la salle de bain. Il regarde pour la dernière fois cet homme qui disparaîtra sous peu. Pour l’occasion, il décide de le faire en grande pompe. Il sort son smoking du garde-robe et sa plus belle chemise.

    Il fait couler l’eau du bain. Un bain chaud. Il y ajoute quelques parfums. Comme s’il cherchait à purifier ce corps avant de le sacrifier dans les abîmes des ténèbres.

    Les préparatifs terminés, Sam lance un dernier regard sur sa chambre en désordre. Comme s’il regardait le fil de sa vie se dérouler devant lui. Aucunement nostalgique, Sam ne ressent plus rien. Il est rendu au bout du rouleau. Un rouleau qui ne veut plus se rembobiner. Un rouleau qui ne peut plus rien donner de plus. Un rouleau qui ne demande qu’à retourner au recyclage pour terminer sa vie, se métamorphoser.

    Sur cette dernière pensée, Sam quitte la chambre en refermant doucement la porte.

    Chapitre 3

    Sam fait un détour par la plage. Entendre, pour la dernière fois, le sac et le ressac de cette mer qui vient se briser sur le rivage. À moins que ce ne soit le rivage qui s’effrite devant la ténacité de cet océan ? Une mer douce et affectueuse qui voudrait étreindre Sam. Un océan de bonnes intentions, mais qui ne réussit pas à le convaincre de choisir un autre chemin que son départ définitif.

    Mais est-ce par choix ou par manque de choix que Sam se retrouve à marquer les derniers pas d’une vie trop lourde et trop souffrante ? Quand il n’y a plus de sens à la vie, plus de destination où nous diriger, à quoi bon continuer à naviguer ?

    Une souffrance intense, un feu ardent consument Sam de l’intérieur. Aucun mode d’emploi pour éteindre ces flammes qui ne cessent de l’épuiser. Plus personne autour de lui pour le soutenir à travers ce fouillis d’émotions refoulées et abandonnées. Toute l’énergie de Sam ne sert qu’à les repousser

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