Le meilleur ennemi
Dimanche 17 septembre 1916, bataille de la Somme. Sur le front. La boue est partout. Gluante, épaisse, glissante, rouge de sang. Depuis deux jours, il pleut constamment sur toute la Picardie et particulièrement sur les bords de la Somme. Cette incessante pluie rend la situation des soldats plus pénible encore.
La vie dans les tranchées est un enfer. La crasse, la puanteur, les rats, les repas qui manquent. Et les morts. Des cadavres partout, ceux des soldats allemands, mais surtout ceux des copains qui pourrissent à quelques mètres de là. La dernière offensive conjointe des Anglais et des Français s’est soldée par un échec. Un de plus. Tous ces combats inutiles… Depuis des mois, les alliés n’ont progressé que d’une vingtaine de mètres au cœur du no man’s land. Ridicule. La vie de milliers d’hommes perdue pour gagner un bout de terrain boueux !
En rampant, son fusil à la main, Claude Lemarchand, fantassin de deuxième classe, progresse centimètre par centimètre. Alors que la nuit tombe, il ne sait plus où il est, ignore où il va. L’attaque à laquelle son régiment a participé avait commencé en début d’après-midi, tandis qu’un terrible orage éclatait.
Son groupe s’est trouvé sous la mitraille avant d’avoir parcouru cent mètres. Claude a vu ses meilleurs amis tomber à ses côtés sous les balles allemandes. Il se demande encore comment il a été épargné, comment il a échappé à la mort alors qu’il était accroché dans un amas de barbelés. Sans doute n’a-t-il pas été repéré par les tireurs ennemis planqués dans leurs tranchées. Lorsque les tirs ont été moins nourris, il s’est enfin décroché, a récupéré son arme et s’est remis en mouvement.
Mais pour aller où ?
Maintenant, il se contente de baisser la tête pour éviter les balles qui sifflent alentour, avance vers l’ouest où, normalement, se trouve son régiment. Ou du moins ce qu’il en reste… Parfois, il percute un
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits