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Le bataillon des chouans perdus: Roman
Le bataillon des chouans perdus: Roman
Le bataillon des chouans perdus: Roman
Livre électronique164 pages2 heures

Le bataillon des chouans perdus: Roman

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À propos de ce livre électronique

Jegu, jeune soldat de Quimper, survivra-t-il au front des Vosges, où l'hiver et la mort se côtoient tous les jours ?

12 janvier 1916,

La sanglante bataille de l’Hartmannswillerkopf est finie depuis trois jours. Jegu, un soldat originaire de Quimper, rejoint le bataillon disciplinaire 29, dit le bataillon des Chouans Perdus, sur la mangeuse d’hommes. Condamné pour de maigres larcins, il va découvrir la vie inhumaine et destructrice qu’endurent les disciplinaires Bretons sur le front des Vosges. Jegu va subir et observer à outrance une lutte fratricide entre deux hommes, un meurtrier sadique détesté de tous surnommé Cheval, et un séminariste froid et violent que l’on appelle l’Abbé. Entre ces deux hommes, le bataillon disciplinaire 29 sera usé et martyrisé dans les braises ardentes de la Grande Guerre…

Ce roman explore l'histoire et dévoile un pan de la Grande Guerre, dans le fond des Vosges. La connaissance approfondie de l'auteur et sa passion pour l'histoire permettent une immersion totale dans le calvaire vécu par les chouans perdus.

EXTRAIT

Mais cette fois, la mort est bien plus perfide, accompagnant des obus de 77mm, des obus mous de gaz déversent leur chlore nocif avec dans l’air déjà poisseux. Les clochettes d’alertes résonnent presque aussitôt alors que les hommes du Bataillon 29, non équipés de masques à gaz, se mettent à paniquer. Ils se jettent tous vers le dépôt, un bunker un peu plus grand que les autres ou reposent les réserves de première ligne. Là, le sergent Cloarec est déjà en train d’éclater les caisses de masques pour les jeter aux disciplinaires qui se ruent vers lui dans une panique générale et incontrôlable. Déjà, ceux qui n’arrivent pas à atteindre le dépôt assez vite s’écroulent en se serrant la gorge et en pleurant jusqu’au sang. Ceux qui ont déjà saisi des masques accourent vers leur camarade au sol pour les en équiper. Cheval a pris Jegu par le col dès les premiers sons de clochettes et ils sont dans la mêlée à l’entrée du dépôt pour avoir leurs masques. Le sergent Cloarec n’a pas le temps de s’en saisir que les disciplinaires les lui arrachent des mains.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Fabien Fallon, né à Marseille en 1986. Après des études de photo-reporter, dédie son travail au mouvement autonomiste breton et plus particulièrement à l’ARB. Il en a tiré plusieurs livres et films documentaires. En 2014 il décide de se consacrer à l’écriture. Alliant sa passion pour la montagne et la Première Guerre mondiale, il écrit un roman historique se déroulant sur le front des Vosges en 1918, Par le Sang et l’Acier (Pôle Nord Ed.), suivit de Face à l’Ennemi. Le Bataillon des Chouans Perdus, son troisième roman, sort en 2019 aux Editions Encre Rouge.
LangueFrançais
ÉditeurEncre Rouge
Date de sortie6 nov. 2019
ISBN9782377892754
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    Le bataillon des chouans perdus - Fabien Fallon

    cover.jpg

    Cet ouvrage a été composé par les Éditions Encre Rouge

    img1.jpg ®

    7, rue du 11 novembre – 66680 Canohes

    Mail : contact.encrerouge@gmail.com

    ISBN papier : 978-2-37789-274-7

    FABIEN FALLON

    Le Bataillon des Chouans Perdus

    Roman

    « Cette guerre maudite donnera le goût, à ceux qui l’auront vécue, d’une plus grande douceur dans les mœurs et dans l’esprit. Il y a eu tant de noblesse et tant de douleurs infligées à ce siècle qu’il pourra découvrir quelques vérités. »

    Adrien Bertrand

    L’appel du sol

    « Horreurs et tristesse telle est l’essence de la guerre, et il est bien désirable que ce fléau disparaisse de notre planète. Je ne suis pas de ceux qui pensent que cela est impossible, et je ne goûte nullement l’argument qui veut que la guerre subsiste toujours, simplement parce qu’elle a toujours existé. Cela reviendrait à dire que l’humanité se compose, et se composera toujours de fous, après avoir été composée de barbares. »

    Vice-Amiral Pierre Alexis Ronarc’h

    (1865 – 1940)

    « Mais qu'avons-nous fait pour mériter une chose pareille ? Quelles fautes devons-nous expier en ce bas-monde ? »

    Soldat Paul Viriot,

    37e régiment d'infanterie

    Secteur de la Tête Des Faux

    Seconde ligne de défense

    23 octobre 1915

    Le soldat avance dans la poudreuse immaculée, sa progression est gênée par la neige qui lui arrive jusqu’aux genoux. À chaque pas, le fer à cheval qui lui pend autour du cou sursaute sur sa poitrine. Il s’essouffle, laissant derrière lui une longue traînée d’empreintes qui fendent la blancheur de l’hiver, ainsi qu’un infect parfum d’alcool.

    Il arrive devant un arbre où il s’appuie pour reprendre son souffle, puis il sort une allumette de sa poche et l’allume après plusieurs essais d’une main tremblante. Il referme ses doigts sur la petite flamme pour se réchauffer un instant. Un coup de feu au loin lui fait lâcher l’allumette qui s’éteint instantanément dans la neige. Il scrute nerveusement la cime des arbres et l’horizon blanc, il dégaine son revolver et en contrôle le contenu de ses mains tremblantes.

    Le soldat reprend sa route au flanc d’une colline boisée où il arrive devant un monticule de bois mort recouvert d’une épaisse couche neige, assis là, un soldat originaire de Gourin serre nerveusement son mauser, volé sur un cadavre allemand.

    ⸺  Tu veux un coup de pif ? Paraît que ça rend patriote.

    Demande le soldat au fer à cheval.

    ⸺  Donnes-en une goutte.

    Le soldat sort une gourde en fer de sa musette et la tend au gars de Gourin, celui-ci s’en saisit et bois deux longues gorgées de rouge acide.

    ⸺  Ça fait du bien par où sa passe.

    Ça réchauffe le boyau !

    Le soldat au fer à cheval reprend la gourde et la range, puis il renifle fortement.

    ⸺  C’est quoi qui fouette comme ça ? 

    Le gars de Gourin désigne ses pieds.

    ⸺  Je crois que c’est mes chaussettes.

    Le soldat s’agenouille dans la neige, puis il retire délicatement la guêtre du gars de Gourin, puis sa chaussure cloutée et enfin la chaussette imbibée de transpiration gelée. Il apparaît une paire de doigt de pieds noirs, moisis et puants.

    ⸺  Gast, tu pourris.

    Ma doué benniget ! C’est grave ?

    Brancardier ! 

    Mais seul le silence répond à son cri.

    ⸺  Brancardier !

    Réitère le soldat d’un air inquiet. Puis il se penche et renifle encore l’infecte odeur.

    ⸺  Tu as mal ?

    ⸺  Je sens trop rien, je suis gelé ! Mais je suis trop fatigué pour trembler. 

    ⸺  Je vais pas te mentir, mon gars, tu vas sûrement pas garder ton pied.

    ⸺  Je m’en doute de peu, mais tout de même…

    ⸺  Tu peux marcher ? 

    ⸺  Je crois pas.

    ⸺  Bon, on va tenter de te réchauffer d’un peu.

    Le soldat revient avec un tas de petit bois humide. Il dépose le tas près du gars de Gourin et sort un vieux morceau de journal tout fripé. Il installe le tout puis sort une nouvelle allumette. Il la craque contre son casque, mais n’a pas le temps d’atteindre le journal avec la flamme que celle-ci se meurt. Le soldat en sort une autre en jurant, allumette après allumette, il tente de démarrer le feu qui se fait désirer.

    ⸺  Oh gast ! Fait plus froid qu’en enfer maintenant !

    Finit par lâcher le soldat en même temps que la dernière allumette.

    ⸺  Peg ebarz ! Peg ebarz… Panique le gars de Gourin en serrant les dents.

    ⸺  Du calme, on dirait un entier la patte coincée dans le barbelé !

    T’es un bon chrétien l’ami ! Un bon chrétien oui ! 

    Le soldat au fer à cheval cesse d’essayer d’allumer le feu, il pouffe longuement en constatant que ses poches sont vides à présent.

    ⸺  Je crois qu’on est dans la mouise, pas qu’un peu mon gars.

    Au loin résonne le bruit du canon.

    ⸺  On dirait que la miaule va pleuvoir. Constate le gars de Gourin avec inquiétude.

    Ces enfants de pute attendent toujours qu’il fasse trop froid pour nous marmiter les moustaches, qu’on puisse pas faire de feu qui les aiderait à régler leurs canons de malheur ! Ils veulent qu’on crève de froid les cochons… C’est pas de la bonne guerre ici... Non mon gars…

    Croche dedans l’ami… Tiens, si tu trouves un brancardier, je te le donnerai…déclare le gars de Gourin en exhibant une grosse chaîne en or qui pend à son cou, bien cachée sous les multiples couches de vêtements. Le soldat au fer à cheval regarde l’or avec envie, les deux hommes se dévisagent mutuellement alors que le temps et le silence semblent s’étirer. Deux coups de canon résonnent à l’horizon. Le soldat se redresse en soufflant, serrant la mâchoire pour ne pas claquer des dents.

    ⸺  Bon, c’est pas faute d’avoir essayé de te sauver.

    ⸺  Quoi ?

    ⸺  Tais-toi donc, ça ira plus vite. Chiale donc pas. 

    ⸺  Mais de quoi tu parles ?

    ⸺  Chiale pas je te dis.

    Subitement, le soldat saute sur le gars de Gourin au pied pourri et lui plaque sa main sur la bouche, tentant de l’étouffer. L’autre se débat malgré les rhumatismes du froid. Le soldat au fer à cheval, pris de frénésie, lui pince aussi le nez avec violence. Le gars de Gourin suffoque, bave à travers les doigts du meurtrier, il sue à grosse gouttes malgré le froid, puis ses mouvements ralentissent, ses yeux s’exorbitent et s’emplissent de sang, il étouffe. Le soldat resserre sa prise avec hargne sentant les chairs se massacrer sous sa pression, quand enfin, au bout d’une longue minute de torture insoutenable, le gars de Gourin rend son dernier souffle dans un râle de souffrance et de délivrance. Le soldat au fer à cheval lui arrache la chaîne d’un coup sec. Il contemple son triste butin entre ses doigts couverts de bave. Son haleine chaude de honte et de mauvais vin fume dans l’air glacé. Le soldat se redresse, il dégaine son revolver et braque le canon sur le ventre du gars de Gourin, il presse la détente et lui envoie deux cartouches dans les tripes.

    Près d’une chapelle en ruine, prise dans la neige et dont seulement le clocher décapité se dresse encore, Mordrel secoue le drapeau français pour en retirer la neige, il va pour engouffrer le bout de tissu froissé dans sa besace quand il entend Cheval venir à lui, essoufflé.

    ⸺  Tu remballes le torchon ?

    Les gars du 3ème bataillon ont pris la tranchée Alboche de première ligne, sans coup férir, on part les relever pour quelques nuits.

    ⸺  Les cochons d’en face se sont retirés ?

    ⸺  Non mon gars, ils se sont rendus, toute une flopée, gelés comme des glaçons. À croire qu’ils craignent plus le froid que nous autres.

    ⸺  Ben chacun son tour, comme à la confesse pas vrai ? Et la quille ? Je croyais qu’on devait partir au repos sur Gérardmer ?

    ⸺  Pour plus tard, peut-être.

    ⸺  Où est le reste du bataillon ?

    ⸺  Tout le monde se rassemble près du bois brûlé. T’as trouvé l’gars de Gourin ?

    ⸺  Aussi froid et raide que le canon de mon revolver.

    ⸺  Merde… Il a trépassé comment le bougre ?

    ⸺  Le froid… Mais je crois qu’il en a pris une dans le buffet.

    ⸺  Mais qu’est-ce que j’ai entendu ?

    ⸺  Sûrement qu’une patrouille de boches lui est tombée dessus, ou alors, il est peut-être tombé sur des déserteurs bavarois, avec tous ceux qui passent dans nos lignes ces derniers temps…

    ⸺  Ah les vaches ! Je leur en foutrais du Kammrad à ces cochons-là ! Tuer un pauvre gars tout seul, qui garde un arbre dans la neige, faut vraiment être l’enfant de personne !

    Cheval ravale une glaire coincée dans sa gorge, Mordrel finit d’emballer le drapeau dans sa musette.

    ⸺  T’as pris sa plaque ? demande Mordrel.

    ⸺  Ya.

    ⸺  Bon, on dira aux brancardiers d’aller le ramasser, qu’on le mette vite en terre, le pauvre Breton.

    ⸺  Faut pas t’en faire, avec le froid qu’il fait, il risque pas de faisander pour de suite.

    ⸺  À bon dieu ! Quelle mangeuse d’hommes la Patrie !

    Subitement, la chaîne en or tombe de la poche de Cheval dans la neige, Mordrel lui jette un regard suspicieux.

    ⸺  Ça ne serait pas la chaîne du gars de Gourin ça ?

    Hartmannswillerkopf

    Troisième ligne de défense

    12 janvier 1916

    ⸺  Tas de salopes, bienvenue à l’Hartmann !

    Le sergent Jules Cloarec, surnommé dans son dos « Dubidon » pour son léger embonpoint, asticote les nouveaux arrivants au bataillon 29, réputé pour être une unité disciplinaire très difficile et exposée en première ligne. Cloarec passe la colonne de détenus en revue, fouillant le regard de chacun avec une supériorité animale. Les soldats condamnés restent modestement droits, écoutant le sergent comme une sentence qui tombe. Autour d’eux, les autres rebuts de l’armée terrassent les boyaux de tranchée montant vers le sommet avec hargne, grognant et jurant comme des charretiers sous la pluie.

    L’Hartmannswillerkopf ressemble à une montagne que l’on aurait essayé de déplacer à coups de canon, pelé et meurtris comme un chantier à ciel ouvert, le sommet est dégarni de toute nature, de toute verdure, de toute vie, ce n’est plus qu’un amas de terre, de roche, de douilles d’obus et de cadavres catholiques et luthériens en décomposition, strié de tranchées, de tunnels et d’abris reliés les uns aux autres, parsemé par des milliers de cratères, parfois encore fumant. La montagne semble souffler enfin, après avoir avalé trente mille hommes dans la folle bataille qui viens de la martyriser durant presque un an.

    Postés sur un petit plateau mal caréné, sur les chemins de tranchées qui mènent vers les lignes de combat du sommet, les disciplinaires, une vingtaine, abattus de fatigue et d’horreur par les légendes qui courent sur la montagne maudite, la « Mangeuse d’hommes », ne font même pas semblant d’être au garde-à-vous.

    ⸺  Vous avez raté la bagarre, mais vous perdez rien pour attendre ! Ici, l’Alboche est teigneux comme la galle ! Ils nous marmitent les moustaches plus souvent qu’un curé qui fait la quête, ils nous disputent ce foutu sommet comme la croupe d’une putain de pucelle ! Ici vous allez en chier mes gaillards ! On rigole pas ! Si vous êtes ici, c’est que vous avez drôlement fait les cons, et comme tous, vous me direz que vous êtes innocents ! Mais par la barbe du bon dieu, je sais tout sur vous ! Je sais pourquoi vous êtes là ! Viols sur des civils ! Vol ! Meurtre ! Insubordination ! Lâche, sodomite et traître juif, ici on a de tout et de

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