En justes noces
8 – RÉSUMÉ : Tandis que la guerre fait rage, la vie au château semble bien triste. Le comte est inquiet. S’il lui arrivait quelque chose, il est certain que son fils dilapiderait tout son héritage. Monsieur Morel s’est brouillé avec madame Serisy pour des broutilles, mais cela le perturbe beaucoup. Ils en sont là de leurs pensées lorsqu’une nuit, on frappe à la porte. C’est Maurice. Il a été grièvement blessé, son bras est pour ainsi dire mort. Il demande l’hospitalité pour quelques nuits, le temps pour lui de trouver une solution à sa nouvelle condition. Morel a une idée qu’il soumet aussitôt au comte qui l’approuve. Maurice pourrait très bien réorganiser la bibliothèque de monsieur le comte… Quel désordre là-dedans ! (Voir Veillées no 3531.)
Maurice, à qui le comte venait de proposer de s’occuper de sa bibliothèque, croyait rêver.
– De plus, Morel m’a dit que vous aviez une belle écriture, ajouta le comte.
– Et une orthographe des plus convenables, compléta le majordome. Ses lettres reçues du front témoignaient même d’un certain style.
Maurice, chancelant, dut soudain s’appuyer sur la chaise la plus proche. Une joie, qu’il n’avait pas ressentie depuis des mois l’étouffait, et il ne savait comment l’exprimer, mais ses yeux et son agitation parlaient pour lui.
– Réfléchissez-y, dit le comte. Ce n’est plus du tout le même travail qu’avant. Vous serez sans doute plus solitaire, et vous qui aimez la conversation…
– C’est tout réfléchi, monsieur le comte, répondit Maurice, en redressant le menton et en s’inclinant. Je vous suis infiniment reconnaissant et honoré.
Morel hocha la tête d’un air satisfait.
– Eh bien, retournez vous reposer et nous réglerons les détails plus tard, conclut le comte, souriant.
Le majordome engagea Maurice à quitter la pièce. À deux pas de la porte, le jeune homme leva les yeux vers lui :
– Monsieur Morel, je ne trouve pas les mots, vous m’avez sauvé
