En justes noces
9 – RÉSUMÉ : L’armée manquant d’hommes, Rodolphe doit passer une contre-visite médicale, suite à son exemption. C’est certainement un de ses camarades de soirée qui l’a dénoncé ! Il sera sans doute mobilisé à son tour, comment y échapper? Berthe a accouché d’un fils, mais elle n’est plus que l’ombre d’elle-même et on s’inquiète au château. Une jeune maman ne devrait pas être aussi triste. Quant à Maurice, il s’habitue peu à peu à n’avoir qu’un bras utile et s’acquitte du mieux qu’il peut de ses nouvelles fonctions de bibliothécaire. Monsieur le comte, lui, est soucieux. il sait que les temps changent et que les prérogatives attachées à son rang appartiendront bientôt au passé. (Voir Veillées n o 3531 et suivants.)
Gabriel, en permission au château, semblait résister vaillamment à sa nouvelle vie de bruit et de fureur, mais il eut une longue conversation avec Maurice. Il déplora certes le bras perdu de l’ancien valet de chambre mais ajouta que lui, au moins, était tiré d’affaire et sûr de ne pas retourner en enfer et mourir. Il quitta le château les larmes aux yeux, loin de l’enthousiasme guerrier qui l’en avait chassé quelques mois auparavant. Avant de franchir le portail, chargé d’une lourde besace de victuailles données par madame Vilniou, il jeta un long regard sur la bâtisse familière, se demandant s’il la reverrait un jour.
« En bas », la vie suivait son cours. S’il n’y avait eu les restrictions liées à la guerre, on aurait presque pu dire que rien n’avait changé. Le majordome haussait les épaules avec dédain quand il voyait les femmes s’extasier au-dessus du berceau du fils de Berthe et de René, qu’ils avaient finalement prénommé Victor. Elles tentaient de distraire le bébé, qu’elles trouvaient étonnamment sage. Le jardinier, lui, avait fabriqué un hochet en bois, qu’on agitait souvent en vain pour l’amuser. Même la comtesse était venue le voir, le jour de la semaine où elle établissait les menus avec madame Vilniou.
Elle avait longuement contemplé
