C’est une insignifiante boîte en métal grise, reliée à une paire de pinces par un câble électrique. Le colosse la tient entre ses mains comme un trésor. Ce petit générateur fut pourtant l’instrument de son calvaire, avec lequel les services de renseignement russes l’ont supplicié nuit et jour toute une semaine. Les séances se déroulaient dans un stand de tir aménagé dans les sous-sols du commissariat principal d’Izyoum. L’un des sept centres de torture découverts à la libération de la ville, en septembre dernier. On y descend comme aux enfers, à la lueur d’une lampe de poche. Rien n’a été touché depuis le départ des occupants, maison de l’horreur figée dans un froid glacial. Des cibles en carton criblées d’impacts jonchent le sol. Les murs sont tapissés de boîtes d’œufs destinées à couvrir le bruit des détonations. Mais tout aussi efficaces pour étouffer les hurlements des prisonniers.
Après un moment d’hésitation, Maxim s’assied sur la chaise à laquelle ses bourreaux le menottaient, moins soucieux de raviver le traumatisme que de livrer un témoignage fidèle. Il explique pudiquement que les pinces étaient accrochées à toutes ses « extrémités ». « La première fois, j’ai résisté une quarantaine de minutes avant de m’évanouir. Les fois d’après, mon corps lâchait au bout de quinze minutes. Ils me frappaient pour me réveiller, avant de recommencer. » Lors des premiers interrogatoires, aucune question ne lui est posée. Les yeux bandés, plongé dans un