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Heptagon - tome 3: Hécatombes
Heptagon - tome 3: Hécatombes
Heptagon - tome 3: Hécatombes
Livre électronique349 pages4 heures

Heptagon - tome 3: Hécatombes

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À propos de ce livre électronique

Rejoignez un univers fantastique glaçant, baigné par le mal...

Après toutes ces années, le mal est sur le point de régner en maître, partout. Ce n'est plus qu'une question de jours avant que sa terrible soif de vengeance soit assouvie. Se réveiller aussi brutalement et être plongé dans un monde qui n'a rien à voir avec celui qu'on a connu, il ne le souhaite à personne, mais c'est pourtant sont cas. Être au centre de toutes les attentions et avoir une si lourde responsabilité sur l'avenir de tous ces gens, il s'en serait bien passé. Il a perdu tout repère et il ne comprend rien à cette nouvelle façon de vivre.
Pourquoi a t-il fallu que ce soit lui ? Ne pouvaient-ils pas le laisser tranquille ? Rester endormi à jamais aurait sans doute été préférable... Il y a un temps pour tout, même pour la plus sordide des histoires. Et le temps est venu d'y mettre un terme.

Découvrez sans tarder le troisième tome de ce thriller psychologique absolument glaçant et horrifiant. Ce livre vous laissera sans voix !

EXTRAIT

Face à lui se trouve l’homme en noir, debout devant le lit, capuche rabaissée sur le haut de la tête, le visage couvert de petites plaies sanguinolentes.
— Anthony…
L’homme sourit, comme s’il était ravi qu’André se souvienne de son prénom. Un sourire effrayant, aux dents jaunâtres et pointues.
— Tu dois te révolter et tuer tous ces hypocrites !
Il se met à avancer, sauf qu’André voit bien que ce n’est pas l’homme qui marche, c’est le lit qui s’approche de lui.
— Tu dois réagir et nous sauver. Réagis ! dit l’homme en noir en élevant la voix sur ce dernier mot.
La gorge d’André se serre. Il est incapable de faire le moindre geste pour se reculer, sauter du lit et échapper à cet homme au visage si laid, couvert de marques qui semblent être tracées au scalpel. Le lit avance. L’homme reste impassible. Le lit n’est pas un obstacle pour lui, il le traverse. Le cœur d’André bat de plus en plus vite, il sent qu’il est proche de la crise cardiaque.
Il ferme les yeux, prêt à mourir, et ne peut s’empêcher de sursauter, lorsqu’il entend un énorme bruit ressemblant à un coup de tonnerre. Il ouvre les yeux, ses jambes sont tendues et le drap ne recouvre plus que ses pieds, le reste pend sur le côté droit du lit. Il se penche. Les livres et la plaque sont au sol. C’est le choc de ces objets tombant du lit qui a provoqué ce drôle de bruit et l’a fait sortir de son état de somnolence.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE - À propos du tome 1

L'auteur a su créer avec brio la descente aux Enfers ! Stressant et envoûtant, il démontre comment la folie peut s’emparer de nous sans prévenir. Je conseille fortement ce livre à tous les passionné(e)s d'horreur et de psychologie ! - Fellix, Booknode

Un horrifique qui monte en puissance, des personnages réalistes, en bref de quoi donner des sueurs froides. À découvrir ! - Blog Chroniques livresques

Un très bon roman, une belle évolution dans l'écriture de l'auteur, mais âmes sensibles s'abstenir ! - Blog Cocomilady
LangueFrançais
ÉditeurTourments
Date de sortie14 août 2019
ISBN9782372241953
Heptagon - tome 3: Hécatombes

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    Aperçu du livre

    Heptagon - tome 3 - Davy Artero

    cover.jpg

    Davy Artero

    HEPTAGON

    Grimoire des Sept Branches

    Acte III - Hécatombes

    Éditions des Tourments

    Neque initium fine, nec finis inito caret.{1}

    Prologue

    Fine Mundi

    {2}

    Le monstre relève doucement la tête et scrute le paysage de ses yeux perçants. À travers l’épaisse brume orangée à l’odeur fétide, il peut apercevoir de nombreuses ombres difformes aller et venir. Ce sont ses proies, devenues d’humbles serviteurs sans âme qui ne cessent de décimer tout ce qu’ils trouvent. Les êtres vivants se font rares, mais ses sbires continuent de chercher, car c’est leur unique but, trouver de la chair fraîche et tendre à se mettre sous leurs canines acérées.

    Lorsqu’il n’y aura plus aucun être vivant, ses esclaves putrides commenceront à se dévorer entre eux. Les plus forts contre les plus faibles. Lui aussi devra se mettre à les étriper, un à un. Et ensuite, que fera-t-il ? Qu’adviendra-t-il de lui lorsqu’il n’aura plus aucune nourriture ? Il ne sait pas. Il avait une telle soif de vengeance, il était si préoccupé à semer la terreur et le chaos qu’il ne s’est jamais réellement posé ces questions. Il verra en temps voulu.

    Le brouillard se dissipe légèrement. Des habitations en ruine, des carcasses de véhicules et divers objets abandonnés jonchant le sol se dévoilent peu à peu. Un monde de désolation à l’atmosphère suffocante. Son monde, celui qu’il a créé en quelques années et qui, lorsqu’il le voit, lui procure une extrême jouissance. Le résultat de sa revanche sur tous ces humains qui le répugnaient tant. Un bien beau résultat.

    Ses narines se dilatent soudainement. Il sent une odeur de transpiration humaine. Il devine qu’elle provient d’êtres effrayés et inquiets. L’odeur vient du sud, à un kilomètre à peine, peut-être moins. Il se lève. Un cri rauque et puissant sort de sa gorge. Les autres comprennent immédiatement, ils vont suivre leur chef à la peau de cuir rougeâtre.

    Un horrible rictus se dessine sur son visage difforme. Il savait bien que la fin n’était pas encore pour aujourd’hui.

    PARTIE 1 – CATACOMBES

    Certaines choses n’ont pas encore d’explications.

    Tu le sais bien, ne pas être maître des événements m’est insupportable.

    Ce sont souvent les mêmes symptômes qui se succèdent. Une bouffée de chaleur, des tremblements puis des visions étranges.

    C’est incompréhensible… J’ai l’impression de me dédoubler et de voir défiler devant mes yeux les images de la vie d’une autre personne.

    Je ne sais pas si c’est mon cerveau qui commence à me jouer des tours ou si c’est lui qui est parvenu à m’atteindre et qui s’amuse avec moi.

    Je devrais peut-être ralentir le rythme ou faire une pause.

    Non, tu as raison, je ne peux pas arrêter ma mission. C’est trop important et personne ne pourra la faire à ma place.

    Ce n’est qu’une passade. Un simple coup de fatigue temporaire. Je vais reprendre le dessus et poursuivre.

    Tu me connais bien, quoiqu’il advienne, je parviens toujours à m’en sortir.

    18 janvier - page 150 - Marie H.

    Grimoire des Sept Branches

    1

    Une légère bise caresse la surface du lac, provoquant de faibles ondulations qui paraissent perpétuelles.

    Il tourne légèrement la tête. Le long de l’allée en gravillons, il peut voir les branches des différents arbres dénudés vaciller lentement, en rythme. Elles se sont mises à l’unisson et effectuent une étrange danse, suivant les variations de la douce musique répétitive provoquée par l’eau qui s’écrase aux abords des troncs. Un décor magnifique et apaisant. Il pourrait rester là des heures tant cet endroit respire la sérénité. D’ailleurs, il y a un long moment qu’il est là, seul, assis sur ce banc en fer forgé, mais ça n’a pas d’importance. C’est si bon d’être là, de n’avoir personne en ces lieux pour perturber un tel moment de tranquillité.

    — Bonjour !

    Il sursaute. Perdu dans ses pensées, il n’a pas vu l’homme arriver et s’installer à ses côtés. Pourtant, avec sa corpulence, il aurait dû le ressentir lorsqu’il s’est assis.

    — Bonjour… répond-il timidement.

    L’homme a à peine la trentaine, un visage rond bordé de longs cheveux châtains ondulés et une chemise colorée à manches courtes, ce qui est un peu surprenant vu la fraîcheur qu’il règne ici. Il le regarde avec un petit sourire aux lèvres.

    — C’est un bel endroit, n’est-ce pas ?

    — Oui, en effet.

    — Je l’ai toujours trouvé fascinant ! dit-il en fixant l’horizon.

    Il regarde ce nouveau compagnon de banc, surgi de nulle part, puis fixe l’horizon à son tour. Il se sent un peu frustré d’être dérangé en pleine quiétude dans son endroit préféré, mais ce bonhomme semble connaître les lieux lui aussi. Peut-être pourra-t-il répondre à ce qu’il se demande depuis un certain temps ?

    — Vous connaissez le nom de ce lac ?

    — Je ne sais pas s’il a un nom officiel. Entre nous, on le surnomme le Styx.

    — Ah ? Ce nom me dit quelque chose…

    — Sans doute, dit l’homme avec un grand sourire.

    — Vous savez ce qu’il y a de l’autre côté ?

    — Là-bas, en face ? Non, désolé mon vieux, mais je ne sais pas, je ne l’ai jamais su !

    « Mon vieux ». Il trouve que cette marque de familiarité est un peu déplacée pour quelqu’un qui vient juste de le rencontrer.

    — On se connaît ? ose-t-il demander après avoir longuement scruté le visage de l’inconnu.

    — Moi oui, enfin un peu. Mais je ne crois pas que la réciproque soit vraie !

    — La réciproque ?

    — Oui, l’inverse… Enfin bon…

    Le jeune homme se lève doucement et se tourne vers lui.

    — Je suis désolé de vous annoncer ça, mais il est temps de partir !

    — Ah bon ? Au revoir, alors…

    — Non. Je parle de vous.

    — Pardon ?

    — Le moment est venu, il faut vous préparer. Ce sera un peu douloureux, mais ne craignez rien, tout se passera bien. À tout de suite !

    Le jeune homme fait volte-face et s’éloigne.

    — Qu’est-ce que c’est que ce rigolo ? marmonne-t-il en fixant le lac à nouveau.

    Il ne comprend pas l’attitude de cet individu. Pourquoi est-il venu le perturber ici ? Il n’avait rien de mieux à faire ? Il ne pouvait pas aller déranger quelqu’un d’autre ? Encore un de ces illuminés qui ne sait pas quoi faire de ses journées !

    Il l’a énervé. Il remue frénétiquement ses jambes puis il se lève à son tour. Le fait de se mettre debout lui procure une drôle de sensation, comme s’il ne l’avait pas fait depuis fort longtemps. Il regarde l’étendue d’eau puis l’allée, pour voir où s’est dirigé le drôle de type rondouillard. Mais l’homme a déjà disparu.

    Il commence à s’inquiéter. Ce n’est pas possible, il ne peut pas être déjà hors de sa vue. Était-ce une hallucination ? Il observe à nouveau le lac qui a toujours eu cet effet apaisant. Il devrait sans doute se rasseoir, continuer à contempler ce paysage et oublier cette étrange rencontre, mais il ne parvient plus à faire le moindre mouvement.

    — Bon sang, qu’est-ce qui m’arrive ?

    Le centre du lac s’assombrit. Il plisse les yeux pour mieux voir ce qui se passe. La surface de l’eau est devenue lisse et les arbres ont stoppé leur curieuse chorégraphie.

    Soudain le paysage s’étire, comme s’il n’était qu’un décor peint sur une grande toile élastique et qu’on en pinçait le milieu. Tous les éléments se déforment et se mettent à fondre vers ce point central qui se recule peu à peu.

    Voir ce site somptueux se distordre de cette manière l’horrifie. Il ressent brusquement une vive douleur au niveau de la gorge. Il aimerait crier, hurler à s’en faire exploser les cordes vocales, mais aucun son ne sort de sa bouche grande ouverte. Il a juste cette impression atroce qu’on est en train de lui arracher les amygdales.

    2

    Il ouvre les yeux et inspire si fortement qu’il se met à tousser. Il lui faut quelques secondes pour comprendre qu’il vient de sortir de son sommeil et que tout ceci n’était qu’un drôle de rêve. Il fixe le plafond. Entièrement en ciment gris, celui-ci semble avoir été réalisé à la main, avec une fine truelle passée dans tous les sens, sans aucune logique. Soit une tentative de décoration malheureuse, soit l’œuvre d’un artisan incompétent. À quelques endroits apparaissent des marques plus sombres, sans doute des trous rebouchés avec un ciment différent, et un peu partout, des griffures, dont celles-ci, juste au-dessus de sa tête, qui semblent former maladroitement un mot : « Fuis »

    Il relève le torse d’un bond, son cerveau ayant réalisé qu’il ne connaissait absolument pas cet endroit. La pièce est étroite. Les murs sont réalisés avec aussi peu de soin et le même mortier que le plafond. En haut du mur qui lui fait face, une applique ovale au verre fissuré est la seule source de lumière de la pièce. Dans l’angle à gauche se trouvent une petite table en acier et formica bleu clair, d’à peine un mètre de large, et une chaise à l’assise et au dossier de la même couleur. Sur sa gauche, une table de nuit en mélaminé, aux coins ébréchés, sans aucun objet dessus. Ni réveil ni lampe. Sur sa droite, un mur avec en son centre une ouverture donnant sur une pièce sombre, et tout au bout, une porte lisse en métal.

    Il ne comprend pas comment il est arrivé là, dans cette chambre d’hôpital vétuste, où les murs semblent avoir été montés une fois le lit posé, avec juste de quoi passer tout autour. Il baisse les yeux. Le drap du lit est complètement défraîchi, jaune fadasse. Il constate qu’il comporte des auréoles plus sombres à de nombreux endroits.

    — C’est dégoûtant, et puis cette odeur… marmonne-t-il.

    Il remue ses narines, comme si le fait de les dilater par à-coup permettait d’enlever l’odeur nauséabonde persistante, mélange de moisissure et d’eau croupie, mais ça ne change rien. Il relève le drap et s’assoit au bord du lit. Il observe ses pieds nus touchant le sol. Une drôle de sensation inexplicable. Sans doute la fraîcheur du sol en linoléum qui lui hérisse les poils, ou la présence des petits granulés qu’il ressent à travers sa voûte plantaire qui pourrait lui évoquer de vieux souvenirs.

    Il se lève et reste immobile, comme si son corps mettait un peu de temps à réaliser qu’il était debout. Ses oreilles se mettent à bourdonner, et sa vue se floute.

    — Non, non, non…

    Il ne sait pas vraiment ce qui lui arrive, mais son cerveau lui dicte de fermer les yeux et de respirer calmement. Il obéit. Le bruit cesse dans ses oreilles. Il ouvre les yeux et sourit. Il s’est levé trop vite, tout simplement.

    Il se dirige vers l’ouverture sans porte, à quelques pas de son lit. À peine a-t-il franchi le seuil qu’une lumière vive apparaît et l’éblouit. Il baisse la tête et attend que ses yeux s’habituent à cette lueur éclatante. La pièce est vraiment étroite, sans doute un mètre sur deux de large. Le sol y est identique, mais les murs sont couverts de fins carreaux couleur crème. Un w.c. suspendu se trouve sur sa droite, sans eau, mais rempli de traces de calcaires et de taches dont il ne souhaite pas en connaître l’origine, et devant lui un lavabo en céramique aussi bien entretenu que le toilette. Accroché au mur, au-dessus du lavabo, un miroir terne écaillé à de nombreux endroits.

    Il s’en approche, et parvient à se voir malgré le peu de surface réfléchissante. Il se passe la main dans les cheveux. Ils lui paraissent plus épais et bien plus foncés. Même son visage semble étiré, mais en même temps aminci. Il s’imaginait plus jeune et un peu plus potelé. Et ce roux de cheveux, où est-il passé ?

    Il essaye de réfléchir. Pourquoi est-il là ? Pourquoi est-il ainsi ? Ses pensées se mélangent et aucune n’arrive à lui donner de réponses. Il ferme les yeux, essaye de se concentrer, mais à part un simple et immense écran noir, il ne voit rien d’autre.

    Il ouvre les yeux, déçu. Pas le moindre souvenir. C’est comme si avant ce réveil sur ce lit crasseux, il n’y avait rien, le néant. Peut-être qu’un peu d’eau froide sur le visage lui rafraîchirait les idées. Il presse l’unique bouton au-dessus du petit robinet terni par le calcaire. Seule une petite goutte marron en sort. Il presse le bouton à plusieurs reprises. Rien de rien.

    — Fichu hosto…

    Il se regarde à nouveau dans le miroir. Il tourne légèrement la tête. Il pensait qu’il avait des taches de rousseur sur les joues, mais elles se sont estompées.

    — Qu’est-ce que…

    Il s’approche pour mieux voir son reflet. Quelque chose l’intrigue à l’arrière de son cou, comme une tige fine argentée. Il tend sa main gauche pour la toucher. Ce qu’il sent sous ses doigts est froid et ondulé. Ce n’est pas très large, mais cela s’étale sur dix centimètres le long de sa nuque.

    Ses oreilles se mettent à bourdonner une fois de plus. Il ramène sa main gauche devant lui pour pouvoir s’agripper au rebord du lavabo. La vision de sa main gauche lui donne encore plus le tournis. Elle n’a que quatre doigts, son auriculaire n’est plus qu’un bout ridicule de peau.

    Il sent qu’il vacille. Il ferme les yeux et essaye de faire de grandes inspirations. Alors qu’il se sent partir en arrière, il entend du bruit dans la chambre.

    — Monsieur Adams, vous êtes là ?

    3

    Il n’est pas si lourd, finalement.

    — Et bien, c’était moins une !

    Le trentenaire souffle et le relève doucement. Il s’est précipité lorsqu’il l’a vu tomber à la renverse dans la salle de bain, et l’a récupéré in extremis dans ses bras.

    — M… merci…

    — Harry, je m’appelle Harry ! Et voici notre infirmière en chef, Jeanne.

    Il s’avance un peu et se tourne. Harry ressemble beaucoup à l’homme qu’il a rencontré devant son lac, sauf qu’il n’a plus un seul cheveu sur le crâne et qu’il est bien moins gros. La personne qui se tient à ses côtés, portant le même costume bleu ciel qu’Harry, est un peu plus grande que ce dernier. Elle semble toute fine, toute fragile par rapport à lui. Le visage légèrement ovale, les yeux marron foncé presque noir, elle porte un foulard sur la tête, un peu à la manière d’un pirate, avec le nœud placé à l’arrière. Elle lui rappelle vaguement quelqu’un, mais il sait au fond de lui qu’il ne l’a jamais vu. Il n’aurait pas oublié un visage si pur.

    Elle s’avance vers lui en ne cessant de le fixer du regard. Ses joues rougissent et elle lui tend du linge plié de ses deux mains.

    — Je pense que vous devriez vous habiller, Monsieur Adams.

    Il écarquille les yeux et se met à rougir à son tour en prenant les vêtements que lui tend l’infirmière. Il n’avait pas du tout réalisé qu’il était nu !

    — Pardon, bafouille-t-il en commençant à enfiler le pantalon.

    Il veut faire vite et fait tomber la chemise au sol.

    — Ce n’est rien mon vieux. On aurait dû t’habiller, mais on n’a pas osé… Tiens !

    Harry se baisse puis lui tend la chemise.

    — Merci… Harry, c’est cela ?

    — Tout à fait, André ! Ah, heu, je peux t’appeler André ?

    Après un bref temps d’hésitation, il se met à lui sourire.

    — Bien sûr, puisque c’est mon prénom !

    Harry sourit à son tour. Jeanne garde un visage inexpressif. Elle s’avance vers André et pose sa main sur le linge bleu clair.

    — Attendez, je dois vous ausculter avant…

    Elle prend la chemise des mains d’André et la tend à Harry, qui la prend en faisant une petite moue. Elle se penche légèrement afin de scruter son torse. André cesse de bouger. Il se demande s’il doit cesser de respirer ou s’il doit faire de grandes inspirations suivies de longues expirations. Il sait qu’il faut se comporter ainsi lorsqu’on est chez le médecin. Pendant qu’elle observe chaque parcelle de peau de son torse, il en fait de même avec son visage, en se demandant quelle peut être l’âge de cette femme, et comment elle procède pour avoir une peau si lisse. Elle a une odeur étrange. Mélange de subtil parfum et d’une légère odeur de transpiration. Elle relève les yeux. André change tout de suite la direction de son regard, fixant un point invisible sur le côté.

    — Vous pouvez vous tourner, s’il vous plaît ?

    André s’exécute sans broncher. Elle pose ses doigts fins sur le creux de ses reins puis remonte doucement le long de sa colonne vertébrale. André voit soudainement l’image de cette infirmière, les yeux fermés, quelques perles sur son front, comme si elle souffrait. L’image disparaît aussi vite qu’elle est apparue. Il se met à frissonner.

    — C’est douloureux ?

    — Non, balbutie-t-il.

    Comme son dos est étrange…

    André sent ses poils se hérisser sous cette étrange caresse. Puis il sent qu’on appuie sur quelque chose de dur dans son dos, puis à nouveau la tiédeur du doigt de l’infirmière qui remonte, puis une nouvelle chose dure.

    — Vous avez mal quand j’appuie sur vos prothèses ?

    André tourne la tête sur le côté, tentant d’apercevoir l’infirmière.

    — Mes… prothèses ?

    Il se moque de moi ?

    — Pardon ? demande André, surpris d’entendre cette réflexion.

    Elle ne répond pas et continue de faire glisser son doigt jusqu’au cou. Il sent qu’elle contourne la plaque qu’il a aperçue dans le miroir.

    — Oui, vos différentes protubérances métalliques, se met-elle enfin à répondre. Vous sentez quand je les presse légèrement ?

    André se sent mal à l’aise. Il aurait ainsi plusieurs boutons en métal dans son dos. Comment est-ce possible ?

    — Je… je ne sais pas. Oui, un peu.

    — C’est une sacrée opération que vous avez eue là, du beau travail. Vous n’avez aucune douleur quand vous bougez votre cou ?

    André remet son cou droit, et fixe le mur gris en face de lui.

    — Non, je… je ne crois pas.

    — Tiens, il reste du gel ici… Harry, s’il te plaît ?

    — Ah, oui !

    Harry lui tend un grand mouchoir usagé à carreaux noirs et gris. Elle se met à frotter le bas de la hanche droite d’André.

    — Il va rester une fine tache jaunâtre, mais elle partira lors de la prochaine séance d’eau.

    — Une tache ? Qu’est-ce que c’est ?

    — Un reste de liquide amniotique. On a dû mal vous nettoyer ! dit-elle en jetant un regard sombre à Harry, qui se met à hausser les épaules.

    L’infirmière tend le mouchoir au contenu visqueux à Harry, qui le remet dans la poche droite de son pantalon. Elle pose ensuite ses mains sur les hanches d’André.

    — Restez les jambes raides. Vous pouvez baisser votre buste et toucher vos pieds avec vos mains ?

    — Je… oui, mais…

    Mille et une questions se bousculent dans son esprit. Tant et si bien qu’aucune ne parvient à sortir de sa bouche. Il se baisse et tend ses bras vers le sol. Ses doigts frôlent ses doigts de pied.

    — Il me manque un doigt, se met-il à dire soudainement en voyant sa main gauche à quatre doigts.

    Harry se penche.

    — Sans doute perdu dans ton accident. Estime-toi heureux de n’avoir que ça comme membre manquant…

    Nouveau regard foudroyant de Jeanne envers Harry.

    — Ba quoi ? demande-t-il en tournant les paumes de ses mains vers le haut.

    — Vous pouvez vous relever, Monsieur Adams.

    André se relève et fait un pas de côté.

    — André ! dit-il en s’asseyant sur le bord du lit. Mon prénom c’est André. Je suis bien trop jeune pour avoir du Monsieur, lui dit-il en lui faisant un grand sourire.

    Jeanne le regarde, dubitative.

    — Vous allez bien ?

    — Oui, j’ai juste la tête qui tourne un peu. Je crois que c’est quand je me relève trop vite.

    — Tiens, mets ta chemise ! dit Harry.

    — Où est-on exactement ? Et c’est quoi cette drôle d’odeur ?

    Harry regarde Jeanne avant de répondre.

    — L’odeur ? C’est sans doute parce que tu n’es pas encore imprégné des lieux. Dans quelques heures, tu ne sentiras plus rien.

    — Mais on est où, ici ?

    — Ça, c’est le boulot de Harry, qui va tout vous expliquer, dit Jeanne.

    — Je… C’est grave ? Mon accident ? Je suis le seul à avoir survécu ? Vous êtes là pour me soigner ?

    — Je vous laisse voir calmement avec Harry. Ne paniquez pas, quand on se reverra tout sera plus clair pour vous… Tout est bon pour moi, Harry va maintenant s’occuper de vous.

    — Je… d’accord.

    — Harry, n’oublie pas de le faire raser.

    — Ne t’inquiète pas, miss !

    Nouveau regard rempli d’éclairs. Harry sourit.

    — À plus tard, André ! s’exclame-t-elle avant de se diriger vers la porte.

    André se relève du lit. Un automatisme de politesse qu’il ne s’explique pas.

    — Merci Madame…

    Elle tourne la tête vers lui, les joues un peu rosies.

    — Jeanne, appelez-moi Jeanne…

    Puis elle ouvre la porte métallique et s’éclipse de la pièce. La porte se referme lentement toute seule, tirée par un piston automatique silencieux. Harry se racle la gorge.

    — Bon, à nous deux maintenant !

    André le regarde, ses yeux sont légèrement cernés. Harry sent que l’incompréhension monte en lui. Il pose la main sur son épaule.

    Courage !

    — Ne t’en fais pas mon vieux, je sais que tu vas encaisser comme un chef !

    4

    — Je ne sais pas par où commencer… En fait, à bien y réfléchir, je crois que je n’ai jamais su !

    André se rassoit au bord du lit. Il tourne la tête de droite à gauche.

    — C’est quoi cet endroit ? Un hôpital ?

    — Non, pas vraiment. Disons que c’est ta nouvelle chambre, rien qu’à toi.

    — On est où ?

    — Houla… Je pense que je vais t’emmener faire un tour juste après, ce sera beaucoup plus simple et puis ça te permettra de marcher un peu.

    André regarde ses bras, écarte les doigts de ses mains et les observe.

    — Je n’avais pas des mains si marquées et…

    Il se lève d’un bond et se précipite dans la petite salle de bain, suivi de Harry, surpris et quelque peu inquiet par son attitude.

    — Je n’étais pas comme ça, avant ! dit André en fixant le miroir.

    — J’avoue que tu me laisses perplexe. Les précédents n’avaient pas cette particularité.

    — Les précédents ? dit André en fixant Harry.

    Harry a à peine le temps d’entrouvrir la bouche pour répondre qu’André l’agrippe par le cou et se met à devenir rouge de colère.

    — Qu’est-ce qu’il se passe ici ? Vous m’avez fait quoi ?

    Tu vas répondre, espèce d’enflure ?

    Harry essaye de retirer les mains d’André, mais il n’y parvient pas. Ses yeux commencent à se révulser. André lâche prise, comprenant que ce qu’il fait est totalement stupide.

    — Pardon… Je…

    Harry s’adosse contre le mur, pour reprendre son souffle. Il se demande s’il a rêvé ou si c’est bien la voix d’André qu’il a entendue dans sa tête. Il cligne plusieurs fois des yeux. Le brusque énervement d’André a dû lui jouer des tours. Ce dernier s’est assis sur le sol, près de la cuvette de toilette, il a l’air complètement anéanti.

    — C’est un cauchemar, je suis dans un cauchemar…

    — Non, il ne faut pas dire ça, répond Harry d’une voix encore haletante.

    André lève la tête vers Harry, ses yeux sont emplis de larmes.

    — Je ne me souviens de rien ! J’ai l’impression d’être dans le corps d’un autre, je ne comprends rien ! Qu’est-ce qui m’arrive ?

    Harry vient s’asseoir sur le sol également. Il pose sa main sur le bras d’André, comme si ce geste pouvait le réconforter.

    — Je me doute que ce n’est pas facile, je vais essayer de répondre à tes interrogations.

    — Oui, s’il te plaît, sanglote André.

    — Hum, bon, ne t’inquiète pas, tes souvenirs vont revenir peu à peu. C’est peut-être un des effets de l’endormissement que tu as subis.

    — L’endormissement ?

    — Oui, en fait tu as passé ces derniers temps enfermés dans un caisson. Ton corps était en sommeil.

    — En sommeil ? Vous m’avez congelé ?

    — Non, pas exactement. Tu étais en biostase dans un caisson spécial, ce qui a permis de retarder le vieillissement des cellules et de ralentir le fonctionnement de tes organes. On parle de sommeil, mais c’est plus un ralentissement énorme de tout ton corps…

    — C’est n’importe quoi !

    — Il n’y a rien d’extraordinaire. On l’utilisait beaucoup en médecine avant. Bon, c’est sûr, je ne crois pas qu’on l’ait expérimenté sur plusieurs années comme dans ton cas… Mais c’est une preuve que ça marche quand même !

    André regarde Harry. Ce dernier comprend que ses pointes d’humour ne fonctionnent pas. Il se ravise et tente d’expliquer clairement la situation.

    — C’est moi qui étais chargé de la surveillance de ton caisson. Je le fais depuis une dizaine d’années, depuis que Jean nous a quittés. Apparemment, tu étais dedans dès que nous sommes tous arrivés ici, ce

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