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Heptagon - Tome 1: Hérétiques
Heptagon - Tome 1: Hérétiques
Heptagon - Tome 1: Hérétiques
Livre électronique383 pages4 heures

Heptagon - Tome 1: Hérétiques

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À propos de ce livre électronique

Rejoignez le club d'Antony, David et Tom et assistez à leurs terribles méfaits !

La monstruosité peut prendre n'importe quel visage, même celui de ces jeunes collégiens qui en se réunissant dans un lieu malsain, vont se retrouver à commettre les actes les plus horribles. L'adolescence. Période étrange où le corps se transforme, où l'esprit se façonne, où l'on se sent exclus de la société et où l'on se cherche. Certains, dépassés par ce qui leur arrive, décident d'y mettre un terme et de tirer au hasard quelques cartouches, d'autres suivent le troupeau sans se poser de questions. Antony, David et Tom, eux, ont choisi de se réunir, de former un groupe, un club, un club pour partager leurs idées.
Ils ont quatorze ans, leur remise en question leur fait voir la vie autrement. Sans s'en rendre compte, ils vont s'enliser mutuellement du mauvais côté, un peu plus chaque jour, sans relâche, dans une spirale infernale où l’issue est incertaine. Jusqu'où sont-ils prêts à aller pour leur nouvelle idéologie ? Une descente infernale. Et cela ne fait que commencer.

Parviendront-ils à s'arrêter avant de sombrer définitivement ? Enlisez-vous dans ce thriller fantastique absolument glaçant et monstrueux !

EXTRAIT

Antony voit des larmes couler sur les joues de la dame. Elle est terrorisée. Il ne ressent aucune gêne ni aucun remords. Ça lui est totalement indifférent. La nature reprend ses droits sur lui et c’est tout ce qui compte.
— Je vous en prie, essaye de dire la femme en reprenant difficilement son souffle entre chaque mot, vous êtes dans une maison de Dieu…
Antony ne supporte pas qu’on invoque Dieu pour tenter de le raisonner. Sans le vouloir réellement, il serre plus fort ses doigts autour de son cou.
— Tenez-vous tranquille, nous serons bientôt partis !
Tom termine de remplir le sac d’Antony et essaye de le soulever. Il ne pensait pas que ce serait aussi lourd un sac à dos plein de bougies. Il se relève et se cogne la tête contre la dernière étagère de bougies. Des bougies multicolores tombent sur le sol en laissant des traces de cire un peu partout. Tom regarde le résultat de sa bévue, qui lui donne une idée. Il pose le sac d’Antony près du sien et s’empare d’une bougie rouge tombée au sol. Le mur au-dessus de la dernière étagère est tout blanc. Il y dessine rapidement une étoile à sept branches, celle qu’il arrive à faire parfaitement de mémoire.
Antony se retourne pour voir si Tom a fini et il le voit en train de faire leur symbole au mur. Il ne sait comment il doit réagir. Est-ce bien ? Est-ce mal ? Antony a un doute et c’est une notion qu’il ne devrait plus avoir. Il se sent soudain perdu comme si son cerveau se rebellait et l’empêchait de réfléchir.
La jeune dame sent que l’étau d’Antony devient plus lâche au niveau de son cou et tente de le repousser pour reprendre son souffle. Elle arrive à glaner quelques centimètres et se met à tousser. Antony reprend ses esprits. Il doit continuer à maîtriser la vendeuse, c’est ce qui était prévu. Sauf qu’il est extrêmement énervé. Voir le symbole du clan le rend nerveux et cette femme l’agace maintenant au plus haut point. Il retourne sa tête et pousse la femme violemment contre le mur.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

L'auteur a su créer avec brio la descente aux Enfers ! Stressant et envoûtant, il démontre comment la folie peut s’emparer de nous sans prévenir. Je conseille fortement ce livre à tous les passionné(e)s d'horreur et de psychologie ! - Fellix, Booknode

Un horrifique qui monte en puissance, des personnages réalistes, en bref de quoi donner des sueurs froides. À découvrir ! - Blog Chroniques livresques

Un très bon roman, une belle évolution dans l'écriture de l'auteur, mais âmes sensibles s'abstenir ! - Blog Cocomilady
LangueFrançais
ÉditeurTourments
Date de sortie14 août 2019
ISBN9782372241892
Heptagon - Tome 1: Hérétiques

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    Aperçu du livre

    Heptagon - Tome 1 - Davy Artero

    cover.jpg

    Davy Artero

    HEPTAGON

    Grimoire des Sept Branches

    Acte I - Hérétiques

    Éditions des Tourments

    À cette période sombre qu’est l’adolescence

    et ce qu’il en résulte.

    Prologue

    In Sorte Deus{1}

    Mercredi 16 décembre – 15h33

    Il n’a aucune idée du temps qu’il lui reste avant que tout ceci ne cesse enfin. Il soulève légèrement la manche de son épais manteau et regarde ce qu’indique sa montre. La nuit ne fera son apparition que dans trois heures. Il soupire. Il va falloir attendre patiemment, mais ça, il en était conscient depuis ce matin. Il est assis sur un vieux banc de bois sombre, aux multiples traces de coups et de griffures. Vêtu d’une longue parka noire à capuche, il regarde la fine lame du long couteau qu’il tient dans sa main droite.

    La lumière pénètre par de petites et longues ouvertures en haut des murs. Sûrement d’anciens accès pour déposer le charbon dans cette partie de la cave. Lorsque la luminosité sera moindre, il prendra un des cierges dans la caisse posée près du banc et l’allumera avec son briquet, puis il allumera un à un ceux qu’il a disposés méthodiquement dans la pièce. Il ne fumait pas, mais il avait toujours un briquet dans son manteau au cas où. Tout comme le couteau qu’il portait en permanence à la ceinture depuis quelque temps. Il ne s’en était jamais servi jusqu’alors, tout du moins pas de cette façon.

    Un frisson l’envahit. Il fait encore bon en ce milieu d’hiver, mais rester dans la même position pendant de longues minutes le rend sensible au moindre courant d’air. Il lève le talon de ses grosses chaussures de cuir noir et commence à remuer machinalement ses jambes, comme s’il battait la mesure contre la grosse caisse d’une batterie imaginaire, puis il fait parcourir machinalement un à un les doigts de sa main gauche sur la pointe de la lame. Il y a encore de fines traces de sang le long du fil jusqu’à la garde.

    Il regarde le corps immobile de son ami allongé sur le ventre, tout près du banc, les mains bien à plat sur le sol composé de dalles grises. Son corps gît dans une mare de sang, qui s’étend derrière son cou, où viennent se refléter les quelques rayons de soleil provenant de l’ouverture la plus proche. Ainsi se termine la courte vie du Grand Prêtre autoproclamé. Ils n’avaient plus besoin de ces appellations ni de cette pseudo-hiérarchie. Tout ceci n’avait plus aucun sens désormais.

    Il parcourt la pièce des yeux. Elle doit faire six mètres de large et le double de long, la hauteur ne doit pas excéder trois mètres. Chaque paroi est constituée de larges pierres grises et blanches. Le plafond est légèrement incurvé, comme on le faisait beaucoup à l’époque. Cet endroit a dû faire une parfaite cave pour entreposer des fûts de vin, c’est du moins ce qu’il s’imagine. L’accès se fait par le petit escalier de pierres tout au bout de la pièce, presque face au banc.

    Son regard se porte à nouveau sur le corps au sol, puis sur la large porte en bois près du banc où il est assis. Il l’avait fermée à clé. C’était leur salle. Il n’ira pas aujourd’hui.

    Vers le milieu de la pièce se trouvent deux larges piliers en marbre. Un de chaque côté, à un mètre de leur mur respectif. Une vieille caisse de bois, contenant divers petits outils qu’il avait utilisés tout à l’heure, se trouve devant le pilier droit. Ligotée au pilier gauche, son autre victime bâillonnée est encore inconsciente.

    Il ne pensait pas que le produit l’assommerait autant de temps. Il a même cru un court instant qu’elle n’avait pas survécu à la deuxième injection une fois arrivée ici et que tout son plan tomberait alors à l’eau.

    Elle devait rester vivante, c’était sa seule préoccupation. D’ici quelques minutes, elle commencerait à bouger puis à se réveiller, il le sent.

    Il pose le couteau sur le banc, près du gros livre à la couverture épaisse sur laquelle est dessinée une sorte d’étoile difforme à sept branches, la même que celle présente sur l’écusson de son manteau. Il remet la capuche sur sa tête. Il ne faut pas qu’elle le voie et le reconnaisse. Pas pour le moment.

    Le produit qu’il a bu avant de s’asseoir lui avait chauffé fortement la gorge et il s’était mis à saliver un long moment avant de ne plus avoir cette sensation de brûlure. Il n’a pas encore essayé de parler, mais il sait que sa voix sera méconnaissable, le produit ayant attaqué quelque peu ses cordes vocales. Ultime autoflagellation avant que le reste de sa machination se poursuive.

    Il croise les bras et baisse la tête. Il lui reste un peu de temps pour profiter du silence et méditer.

    Comment tout ceci a pu dégénérer à ce point ? À quel moment ont-ils tous perdu leur bon sens ?

    En attendant le réveil de sa victime, il essaye de se remémorer l’histoire de leur clan. Un nouveau frisson l’envahit. Ce n’est pas la fraîcheur de la pièce ou son manque de mobilité qui en est la cause. C’est juste l’appréhension de se rappeler trop clairement certaines choses.

    PARTIE 1 – DE L’OMBRE A LA LUMIÈRE

    Auprès de ton humble et majestueuse aura

    Soumis à ta volonté suprême et sans failles

    Tous unis devant toi, en silence ils t’écoutent.

    Attentifs au moindre désidérata

    Réunis et courbés face à ta grandeur

    Obéissants et admiratifs, ils délaissent leur ego

    Tous unis tête baissée, en symbiose, ils t’approuvent.

    Humains reconnaissant ton existence, prêts à te rejoindre au zénith

    6 mai - page 4 - David BOTIS

    Grimoire des Sept Branches

    1

    11 mois avant, vendredi 6 février – 8h44

    Il est temps qu’il arrive car il commence à ne plus sentir ses doigts avec ce fichu froid. Il faut vraiment qu’il trouve un moment pour aller s’acheter une paire bien plus efficace et épaisse que ces simples gants en laine qui laissent passer le vent à travers leurs mailles. Il doit avoir assez d’argent de poche : une telle chose doit coûter bien moins cher que de l’encre de Chine !

    Encore quelques mètres et il pénétrera dans la cour du collège. Il pourra alors se précipiter dans le hall et se coller les mains contre un des radiateurs en fonte près du grand tableau d’affichage.

    Il ralentit la cadence en s’engageant sur la route menant à l’établissement scolaire. De nombreux élèves viennent des habitations avoisinantes et marchent sur la route, en tirant leurs cartables à roulettes, pour les plus jeunes, ou portant leur sac à dos à bout de bras. Certains sont seuls, d’autres en groupe s’agitant dans tous les sens. Quelques-uns fument comme s’ils l’avaient fait toute leur vie et qu’il était normal qu’un gamin de douze ans ait une cigarette à la bouche. Tout ça pour paraître plus grand, donner l’illusion d’être mature, mais lui il sait qu’ils s’enfoncent dans une dépendance dont ils mettront bien des années à se défaire, et encore, pour ceux qui y parviendront. Son père avait commencé au même âge et malgré plusieurs tentatives, il n’avait jamais réussi à s’en débarrasser une fois adulte, jusqu’à ce jour où il avait fait un infarctus qui lui avait permis de remettre en question toute une sorte de choses et lui avait fait arrêter cette mauvaise manie du jour au lendemain. Lui, il n’avait jamais essayé et il n’avait aucune intention de le faire de toute façon.

    Quelques slaloms entre les différents élèves et les cars scolaires multicolores alignés sur le grand parking et c’est bon, il arrive.

    — Eh ! Fais attention Samcro !

    Il arrête le moteur pétaradant de sa mobylette bleu foncé et pose un pied au sol, laissant l’autre sur le repose-pied central. S’il s’agissait d’une belle cylindrée, sa position paraîtrait classe et naturelle, mais sur un tel engin, elle frisait le ridicule. Il défait les lanières de son casque intégral noir à bandes rouges et l’enlève. Il déplace la mèche de ses cheveux blonds de devant les yeux puis il tend la main à celui qui l’a interpellé juste après le portail.

    — Salut David !

    — Comment ça va Tom ?

    — Aïe ! Doucement ! Ne serre pas trop fort, j’ai les mains complètement gelées !

    — Non, mais tu m’étonnes ! Tu as vu la tronche de tes gants ?

    Tom lui sourit et fait un signe de la main pour lui indiquer qu’il s’en moque.

    — Bon, attends-moi, je range ma Harley et j’arrive !

    Tom descend de sa mobylette et se met à la pousser par le guidon. David le suit vers le long garage couvert où sont alignés les vélos et les différents deux-roues motorisés des élèves, il regarde Tom faire sa manœuvre pour mettre son cyclomoteur roue arrière contre l’un des poteaux en acier fixés au mur du fond.

    Tom Haborym est le plus âgé des copains de David. Il a redoublé sa première année de collège. C’est ce qui arrive quand on sort d’une école primaire où les classes sont engorgées et qu’on refuse tout redoublement, même dans l’intérêt de l’élève, pour ne pas avoir de sureffectif. Tom faisait beaucoup de fautes de conjugaison, beaucoup trop, ce qui lui avait valu de faire deux années de sixième afin de corriger ces lacunes, et quelques cours du soir en prime. Maintenant son niveau de français est très bon et certains professeurs lui ont même conseillé d’envisager une filière littéraire lorsqu’il sera au lycée, mais Tom ne se voit pas faire du français à longueur de journée et il n’y voit aucun intérêt. Il pense plutôt s’orienter dans une filière artistique car le dessin est ce qu’il adore par-dessus tout. Il se voit bien dessinateur de bandes dessinées ou illustrateur de bouquins. Il passe beaucoup de son temps libre à faire des croquis et des petites planches de comics, mais il trouve qu’il n’a pas encore un bon coup de plume et qu’il passe beaucoup trop de temps selon lui à faire et refaire des illustrations qui pourraient être faites en une seule fois, s’il était plus doué.

    Le visage tout rond, les cheveux blonds mi-longs avec en permanence une mèche devant les yeux, Tom est de ceux qui ne savent pas encore quoi faire de la tignasse qu’ils ont sur le crâne. Coiffure ridicule d’une jeunesse qui se cherche, qui apparaît toujours désinvolte et fun sur le moment, mais qui est toujours source de moquerie lorsqu’on vieillit et qu’on regarde des photos de cette époque. Et toujours cette satanée mèche devant les yeux qu’il met sur le côté d’un geste machinal qui, à force, est devenu un tic.

    David, lui, a les cheveux courts, même s’il aurait aimé avoir les cheveux plus longs comme ces stars de rock qu’il apprécie, mais il n’a pas assez de patience pour les laisser pousser. Contrairement à Tom qui a la peau assez lisse, David a la malchance d’avoir quelques boutons d’acné sur les joues, dont quelques-uns trop visibles à son goût. Autre inconvénient de cette période de l’adolescence. Il considère Tom comme son meilleur ami et souvent, il est l’un des seuls à supporter pleinement le festival de plaisanteries qu’enchaîne Tom pendant les intercours, même si de nombreuses blagues sont lourdes et tombent à plat.

    David est plutôt du genre scientifique et se fait parfois remarquer en classe par ses interventions inopinées et insistantes sur des détails dont la majorité des autres élèves se moquent. Il adore les cours de technologie où il apprend à manipuler divers matériaux. Il s’amuse parfois à faire un peu de bricolage chez lui, ce qui ravit son père qui lui demande souvent son aide lors des différents travaux d’entretien de leur maison.

    Tous deux élèves de quatrième dans un collège d’une petite ville, ils passent la plupart de leurs temps avec Antony Raum, le troisième larron de leur bande, qui ne tarderait pas à les rejoindre ce matin.

    Ils se sont tous les trois connus ici, sur les bancs du collège. Venant d’établissements différents, ils ont appris à se connaître en cinquième. Tom, qui avait alors passé deux ans dans le collège, leur avait montré toutes les astuces, tel un « Ancien », et ils ont parfois recours encore à sa connaissance des enseignants pour savoir si tel professeur est plus ou moins indulgent dans sa notation que tel autre.

    Tom attache sa mobylette au poteau avec son gros cadenas en métal. Il n’y a jamais eu de problèmes de vol dans ce collège, mais il vaut mieux rester prudent, et puis à force de se garer un peu partout, c’est devenu instinctif pour Tom. Il n’y a que lui dans la bande qui possède un tel engin. David et Antony ont tous les deux leur brevet obligatoire pour conduire un cyclomoteur, mais ils n’auront quatorze ans que dans quelques mois. Ils pourront alors tenter de négocier l’achat d’un deux-roues avec leurs parents et ensuite faire des virées avec Tom dans les environs, mais en attendant, c’est transport en commun ou voiture de papa et maman.

    — C’est bon ! Allez, je file me réchauffer les mains moi, sinon je ne vais pas pouvoir noter quoi que ce soit ce matin !

    — Sans déconner Tom, faut vraiment que tu changes ces gants, ils ont des trous partout ! Tu héberges une colonie de mites chez toi ou quoi ?

    — T’es lourd ! dit Tom en lui faisant un clin d’œil, comme pour lui signifier que c’est lui qui sort ce genre de réplique normalement. Je sais qu’ils sont vieux ! J’irai voir si je peux en trouver d’autres la semaine prochaine.

    Ils ouvrent la porte vitrée du hall et pénètrent à l’intérieur, sac à dos en toile plein de graffitis sur le dos. Ils restent adossés quelques minutes contre un grand radiateur en fonte peint en rose pâle avant d’être rejoint par Antony, quelques secondes avant la sonnerie indiquant le début des cours.

    — Et merde, encore à la bourre ! dit Antony.

    — Les jours se suivent et se ressemblent, ironise Tom. Allez bosse bien ! À tout à l’heure !

    Antony est le seul à être dans une autre classe, qu’il considère comme puérile. Il est du genre solitaire pendant les cours et lors des travaux pratiques de sciences où il faut se mettre en binôme, il a parfois du mal à trouver, et surtout accepter, un partenaire. En dehors des cours, il ne côtoie quasiment aucun de ses camarades de classe. Il ne se sent vraiment bien qu’en compagnie de David et Tom, et adore les taquiner. Antony dépasse ses deux acolytes d’une bonne dizaine de centimètres et doit approcher le mètre quatre-vingt. Cheveux bruns et corps fin, c’est le seul à ne pas encore se raser. Il a en permanence un duvet fin grisâtre au-dessus des lèvres et au bout du menton, ce qui le fait paraître plus vieux que Tom, au grand dam de celui-ci.

    Antony leur fait un signe de la main et se dirige vers les salles de sciences, traînant ses baskets à chacun de ses pas. Tom et David délaissent avec regrets le radiateur à eau pour rejoindre leurs camarades de classe alignés devant la salle d’histoire, prêts à attaquer une nouvelle journée ordinaire de collégiens.

    2

    Le même jour – 9h36

    David et Tom sont assis côte à côte, au dernier rang, devant une table à la large planche de contreplaqué qui a subi les attaques de gravures effectuées à la pointe de compas et qui comporte diverses inscriptions faites au marqueur indélébile par les nombreux élèves passés ici. Ils recopient sur leur feuille de classeur ce que marque la prof d’histoire-géographie à la craie sur le grand tableau vert, David au stylo à bille et Tom avec son stylo-plume noir.

    Tom est assidu en cours d’histoire, David un peu moins. Il préfère lorsque la dame au chignon poivre et sel leur dispense des cours de géographie, les choses concrètes ça l’intéresse bien plus. Le temps qu’elle termine d’écrire sa ligne au tableau, David observe ce qui se passe dehors à travers les vitres des grandes fenêtres en aluminium. Il voit l’autre aile du bâtiment, là où se situent les salles de langues, et la rangée d’arbres qui bordent l’allée menant à la grande cour de bitume de l’autre côté où les élèvent passent leur intercours. Des corbeaux s’amusent à passer d’arbre en arbre, comme pour tester la vue qu’ils ont sur telle ou telle branche. Ils lui rappellent les merles et les moineaux qu’il peut apercevoir chaque matin lorsqu’il sort de chez lui.

    David vient d’un petit village isolé à une quinzaine de kilomètres. Il vient en bus scolaire qui passe le chercher vers huit heures dix tous les matins, au dernier arrêt avant que le bus aille au collège. Et comme il est le dernier parti le matin, le soir il est déposé également en dernier près de chez lui vers dix-huit heures. Antony vient du même village que lui, mais sa mère l’accompagne chaque matin en voiture, avant de partir travailler au cabinet vétérinaire qu’elle tient avec un confrère dans une petite ville non loin de là. Le soir il prend le bus en compagnie de David, ce qui permet aux deux acolytes de s’entraider sur certains devoirs, et de faire passer agréablement la longue tournée du bus en blaguant. Antony avait emménagé dans ce village il y a bientôt deux ans et avait pris la sixième en cours de route. Malgré la différence de niveau, qui était plus faible dans son ancien collège, il était parvenu à avoir des résultats convenables malgré tout.

    Tom vient d’un autre village se trouvant à peine à cinq kilomètres de celui de David et à une douzaine de kilomètres du collège. Il devait descendre une grande côte pour rejoindre la route de l’établissement. Il trouvait amusant de faire ce trajet le matin, tentant chaque fois de battre un record de vitesse, courbé au maximum sur sa mobylette en essayant d’avoir le moins de prise au vent. Malgré tous ses efforts, il n’avait jamais réussi à dépasser le soixante-dix kilomètres-heure, ce qui était déjà fort louable pour une mobylette non trafiquée. Le trajet l’amusait beaucoup moins en fin de journée lorsqu’il devait rentrer. Monter la côte à quarante-cinq lui donnait toujours l’impression d’aller aussi vite qu’un cycliste, et d’avoir le temps de cueillir les pâquerettes sur le bord de la route.

    — Vivement ce soir ! J’en ai déjà marre ! dit David à Tom à voix basse.

    — Courage ! Et puis ce soir, c’est les vacances ! dit Tom.

    — Enfin ! Et du coup, tu viens demain après-midi ou pas ?

    — Non, on va devoir annuler. Je pars au ski avec mes parents demain et on décolle de la maison à l’aube.

    — Dites donc vous deux, interrompt l’institutrice, ça vous ennuie de revenir avec nous et Charlemagne ?

    Tom s’apprête à répondre, mais David lui donne un coup de coude.

    — Non non, m’dame… répond David.

    Tom regarde David, qui le fixe en pinçant ses lèvres, et sourit. David devait se douter qu’il allait sortir une ânerie une nouvelle fois. Dommage, il avait une bonne réplique pour la prof en faisant allusion à la chanson bien connue sur ce roi.

    À la fin de la journée, ils sont en vacances scolaires pour deux semaines. Tom allait passer ses vacances en famille dans les Alpes, comme chaque année. À force, il devenait de plus en plus à l’aise sur les skis, même s’il remettait toujours quelques heures en début de vacances à retrouver les bonnes attitudes du skieur. Il alternait ski de fond et ski alpin. Il avait essayé le snowboard une fois, mais avait passé le plus clair de son temps les fesses dans la neige. Il avait donc abandonné cette façon de skier, pourtant de plus en plus prisée par les jeunes, et se contentait du ski traditionnel qui lui procurait assez de sensations, surtout quand il s’amusait à dévaler les longues pistes tout schuss.

    Ce n’est pas David ou Antony qui pourraient le charrier là-dessus. David n’avait fait qu’une semaine de ski dans sa vie, dans les Pyrénées avec ses parents et ses cousins, et il n’avait fait que du ski alpin, ce qui lui avait bien plu et il avait pu dépasser le stade du ski en chasse-neige très rapidement, mais il n’y était jamais retourné depuis deux ans, faute de moyens. C’est dépaysant et très sympathique comme vacances, mais elles reviennent vite chères. Et les revenus modestes des parents de David ne permettaient pas de partir en congés l’hiver et l’été. Ils privilégiaient plutôt les vacances d’été, plus importantes aux yeux du père de David. David passerait donc ses vacances chez lui à faire des jeux sur son ordinateur ou à se balader en vélo, s’il n’y a pas trop de mauvais temps.

    Antony n’avait jamais pu aller aux sports d’hiver. Le travail de sa mère, qui était primordial pour elle, ne lui permettait pas de prendre des congés pendant cette période. Cette tendance à privilégier son travail plutôt que sa famille avait été l’une des causes de la rupture de ses parents. En compensation, son père essayait alors de passer du temps avec son fils en faisant des promenades en VTT, mais c’était avant qu’il intègre le collège. Cette année encore, Antony irait sûrement passer les vacances chez son père, qui vit désormais dans le centre de la France depuis qu’il est divorcé, et se contentera de la console de jeux et du lèche-vitrines dans les rues commerçantes jouxtant la maison.

    David sait que ces vacances vont lui faire du bien. Il pourra faire des grasses matinées comme bon lui semble. Les réunions du week-end avec Tom et Antony vont lui manquer, c’est sûr, mais ce n’est que pour deux semaines. Ça va passer vite.

    David regarde sa montre à aiguilles. Encore vingt minutes de cours et ils auront la pause de la matinée, ils pourront aller discuter un peu avec Antony et plaisanter. Il a hâte.

    3

    Samedi 28 février – 16h16

    Antony et David sont assis sur le vieux banc en bois près du lavoir, jambes tendues et mains dans les poches. Le banc est plein d’écailles malgré le fait qu’il semble avoir été peint une bonne centaine de fois tellement la couche de peinture est épaisse. La poubelle en acier verte rouillée, placée à côté du banc, contient un vieux journal et leurs deux canettes de soda vides qu’ils viennent d’engloutir.

    Ils entendent le bruit caractéristique du moteur détonant d’une mobylette.

    — Ah ! Voilà la cavalerie ! dit David

    Antony ne bronche pas, un long brin d’herbe dans la bouche, perdu dans ses pensées. Il regarde fixement le petit bassin d’eau sombre. Entièrement bordé de

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