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Au nom de l'horreur
Au nom de l'horreur
Au nom de l'horreur
Livre électronique223 pages3 heures

Au nom de l'horreur

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À propos de ce livre électronique

«Ce qui nous effraie tant de la folie est que nous la savons en nous.»

Philippe Durand est invité au luxueux Manoir des Cimes, fidèle reconstruction d’un bâtiment bicentenaire, de même que sept autres convives. Leur séjour ne tarde toutefois pas à devenir un effroyable cauchemar où rampe le mal et s’amuse l’horreur. Des cadavres retrouvés disparaissent, des marques inexplicables couvrent planchers et murs, des cris résonnent au-delà des portes closes…

Complot, délire ou vulgaire jeu?
Les survivants seuls trouveront la réponse, si survivants il y a…
LangueFrançais
Date de sortie13 juil. 2018
ISBN9782897864842
Au nom de l'horreur
Auteur

L.P. Sicard

LOUIS-PIER SICARD est un écrivain québécois né en 1991. Après avoir remporté plusieurs prix littéraires, tels que le concours international de poésie de Paris à deux reprises, L.P. Sicard publie sa première série fantastique en 2016, dont le premier tome se mérite la même année le Grand prix jeunesse des univers parallèles. Outre la parution d’une réécriture de Blanche Neige, en 2017, il publie également la trilogie Malragon, aux éditions ADA.

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    Aperçu du livre

    Au nom de l'horreur - L.P. Sicard

    PROLOGUE

    Le Manoir des Cimes.

    Je me souviens d’avoir croisé ce nom dans le défilement des nouvelles sur quelque réseau social que j’utilisais pour pallier mon ennui tandis que j’attendais le bus un matin d’avril. Je me souviens aussi de m’y être arrêté, attiré sans doute par la singularité de ce nom, qui laissait présager une histoire d’horreur intéressante. Pourtant, il n’en était rien : comme la plupart des annonces qui polluaient mon fil d’actualité, il s’agissait d’un de ces concours qu’il vous faut partager pour courir la chance de remporter un prix quelconque. Cette fois, on y mentionnait un séjour d’une semaine, toutes dépenses payées, dans un petit château abandonné au courant du XIXe siècle et récemment rénové. Je n’étais pas du genre à participer à ces conneries, à croire qu’il était possible, d’un simple clic, de devenir riche et de faire le tour du monde, mais…

    Un clic, c’était tout ; qu’avais-je à perdre ?

    Je m’étais donc prêté au jeu peu avant de monter à bord du bus, et mon téléphone portable s’était retrouvé au fond de ma poche. Je n’avais pas eu le temps de jeter un œil aux multiples photos présentant ledit manoir ni de lire les détails du concours ; tout compte fait, je n’avais pas la moindre idée de ce à quoi je m’étais engagé. Ce fut sans doute la raison pour laquelle j’oubliai plus tard y avoir participé, et ma vie se poursuivit dans son enchaînement de routines habituel.

    Le printemps s’écoula en pluies et en vents ; l’été s’épuisa de chaleurs et, déjà, le mois de novembre étalait ses froideurs sur la ville. Ma copine et moi eûmes amplement de temps pour nous disputer, et ce fut célibataire que j’accueillis cette fin d’automne. Ma vie était doublement malade de solitude et de monotonie, le pire étant que je n’avais guère de temps pour la soigner : on travaille, on se repose, on se paie un peu d’éphémères, et tout recommence. J’aurais aimé être écrivain, mais n’ai jamais eu la motivation pour y arriver. Aussi occupais-je un emploi que je détestais, me contentant du strict minimum, me disant incessamment que je valais mieux que le commis d’entrepôt de supermarché que j’étais, sans toutefois fournir de preuves en ce sens. Bien sûr, je commençai la rédaction de manuscrits ici et là, mais l’humain a une fâcheuse tendance à ridiculiser ses victoires d’hier, et chaque feuille couverte d’encre ne tardait pas à rejoindre ses consœurs dans le bac de récupération. Somme toute, je détestais la vie qui me menait, d’autant plus qu’à 31 ans, j’étais trop lâche pour en reprendre la maîtrise. Ce fut pourquoi, un vendredi soir où je me traînai jusqu’à la boîte aux lettres voisine de mon appartement, je fus autant emballé par cette curieuse enveloppe qui n’avait rien d’ordinaire. D’abord, son poids indiquait qu’elle contenait vraisemblablement un objet, hypothèse renforcée par l’étrange renflement tout en bas ; un sceau de cire, comme ceux que l’on utilisait à une certaine époque, emprisonnait le battant de l’enveloppe. Une calligraphie digne d’un copiste invétéré embellissait chaque lettre de mon nom. Au départ, je croyais à une plaisanterie d’une cousine éloignée, mais je m’aperçus en ouvrant l’envoi que c’était tout sauf le produit d’une espièglerie quelconque. Mes doigts rencontrèrent une foule de documents pliés, puis la tige métallique ; une clé en fer sertie d’un cercle en ivoire, sur lequel paraissaient des gravures érodées par le temps. Mon cœur battit plus vite à mesure que je dépliais chacune des feuilles. En une minute, ma table de salon déborda de papiers. Je repérai enfin celui qui m’intéressait :

    Cher Monsieur Durand,

    Nous vous félicitons d’avoir remporté l’un des prix du Manoir des Cimes. Votre participation au concours est l’une des huit ayant été choisies lors d’un tirage au sort effectué le 1er septembre de la présente année. Cette lettre confirme que vous aurez la chance de vivre une semaine en Provence, dans une magnifique demeure rénovée selon les standards de l’époque. Vous trouverez ci-joint tout le nécessaire à votre voyage : informations générales, conditions à respecter, billet d’avion…

    J’interrompis brusquement ma lecture. Billet d’avion ? Je relus afin d’en être certain. Ma fatigue et mon excitation n’y étaient pour rien : on mentionnait bien un billet ! Mes mains tremblantes parcoururent les papiers éparpillés sur la table comme une montagne d’or, cherchant l’unique diamant qui s’y trouvait. Là, le voilà ! Sous mes yeux éblouis, un aller-retour vers la France à mon nom ! Je caressai ce petit bout de papier comme si un toucher brusque risquait de le déchirer, puis le rangeai délicatement dans ce tiroir réservé aux effets importants ; d’un geste désinvolte, j’en ôtai les dernières missives de mon ex-copine pour libérer un peu d’espace. Tout étourdi, je me rassis sur mon futon défraîchi et lançai une recherche sur mon téléphone portable. Avant de m’écrier de joie, il me fallait m’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un brillant canular. Je ne tardai pas à tomber sur un article où l’on vantait l’ambitieux projet de restitution d’un château abandonné afin d’en faire une riche résidence temporaire. On y mentionnait que les futurs clients auraient la possibilité de s’immerger dans un environnement du XIXe siècle, avec quelques domestiques et un mobilier d’époque à leur disposition. Des photos, à la toute fin, montraient un salon de thé si finement décoré que l’on aurait pu le confondre avec un musée. Ne voulant gâcher la surprise, je fermai la page et poursuivis ma recherche, peinant à écrire correctement tant mes doigts tremblotaient de nervosité. Ce que je cherchais était l’histoire de ce manoir : pourquoi avait-il été abandonné ? Par qui avait-il été racheté ?

    Quelques mots-clés permettaient à quiconque d’apprendre qu’il avait jadis appartenu à un certain baron des Emmures, mort en 1815. On raconte que l’homme quitta Paris vers 1792, sur les conseils de son ami, un certain Jean Duprat, qui fut guillotiné peu de temps après, dans la foulée de la Révolution française. Le futur propriétaire avait choisi de gagner le sud de la France, là où avait vécu l’un de ses cousins. Il avait pu s’y établir sans craindre de représailles concernant ses implications politiques. Dans la région que forme aujourd’hui le parc naturel régional des Préalpes d’Azur, quelque peu au nord de Cabris, commune voisine de Grasse, fut construit le Manoir des Cimes. Je m’informai ensuite sur le baron en question, à savoir, bien sûr, ce qu’il était advenu de lui. Le propriétaire du manoir était veuf et n’avait pas eu d’enfants, aussi y avait-il vécu seul, avec ses domestiques. Il avait contracté, durant l’hiver de 1815, la tuberculose, de laquelle il n’avait pu guérir. Il avait péri la même année, laissant son manoir sans héritier. Il fallut attendre plus de deux siècles avant qu’un riche investisseur n’en acquît les droits de possession. S’ensuivirent de complexes travaux de restauration. À ce que l’on pouvait lire sur l’unique site Web traitant du sujet, le nouveau propriétaire était désireux de préserver l’architecture d’époque. Somme toute, aucune histoire d’horreur, aucun meurtre inexpliqué, aucun fantôme, aucune voix hurlant la nuit ; qu’un manoir abandonné, puis restauré.

    J’éteignis l’écran de mon téléphone et me laissai choir sur les coussins quelques minutes pour savourer ma chance. Ensuite, je me jetai sur les papiers et entrepris de les lire l’un après l’autre.

    Nous étions huit, au total, à nous rendre au manoir et j’ignorais l’identité des autres gagnants du concours. Rien ne m’étonna plus que la date à laquelle le départ était fixé : le 11 novembre 2017…

    Dans deux jours seulement !

    J’appelai sans attendre mon patron, lui racontai sans trop de détails que j’avais remporté un voyage d’une semaine en France ; il n’en crut pas un mot, je pouvais le deviner, mais que pouvait-il y changer ? Ainsi, mon congé fut accordé, et j’entrepris sur-le-champ de préparer mes bagages. Je constatai rapidement que je n’avais aucune idée des vêtements à apporter ; il s’agissait d’un manoir, certes, et on avait fait mention de domestiques, mais devais-je par conséquent m’habiller en veston-cravate ? Je n’avais qu’un seul habit et, qui plus est, guère d’argent pour m’en procurer un autre. Des jeans, des t-shirts et des chaussures de sport furent donc ajoutés au fond de ma valise. J’apportai aussi ce carnet dans lequel j’écrivais mes idées pour ces romans qui jamais ne venaient, persuadé que ce voyage me fournirait enfin l’inspiration dont j’étais assoiffé.

    Puis, presque haletant, penché sur ma valise pleine, il ne me resta plus qu’à attendre le grand jour.

    CHAPITRE 1

    Je suis aujourd’hui dans un taxi, en route vers le manoir. Plus d’un aurait voulu, comme moi, prendre ce moment pour apaiser le décalage horaire, mais les routes des Préalpes se prêtent peu à la sieste : des zigzags incessants sur des pentes abruptes vous insufflent la peur d’un face à face avec chaque tournant, et la vitesse à laquelle roule mon chauffeur me donne la nausée. Je n’ai pas à me plaindre, toutefois : il est le seul, parmi tous les conducteurs rencontrés à l’aéroport, qui a accepté de m’emmener jusqu’à cette adresse que tous ont cru inexistante. J’ai dû m’évertuer à leur montrer le point sur la carte, y ajouter les feuilles du concours et l’article de presse dont j’ai gardé une copie, afin qu’un seul d’entre eux, celui à l’air le plus louche, évidemment, daigne enfin m’accorder son attention. Jusqu’alors accoudé à sa voiture, il s’est redressé, a fait quelques pas dans ma direction en laissant tomber la cigarette qu’il avait au bec, puis m’a toisé au travers ses verres fumés.

    — Cent euros et je t’y conduis, m’a-t-il dit d’un ton catégorique. Et tu paies d’abord.

    Je constate à présent qu’il ne s’agissait pas de l’arnaque que j’ai d’abord imaginée : voilà plus d’une heure que nous roulons sur ces routes cahoteuses, nous perdant parfois dans des nuages de pluie, ralentis régulièrement par des traverses de troupeaux de chèvres. Depuis un certain temps, nous n’avons croisé ni village ni voiture. Par chance, car l’étroitesse de la route rendrait toute rencontre hasardeuse. Quelques demeures paraissent ici et là dans les montagnes, ayant toutes l’air plus ou moins abandonnées. Quoi qu’il en soit, le paysage est pittoresque, et cette beauté qui nous environne chasse mes appréhensions.

    — Alors, rappelle-moi ton histoire : grâce à un concours sur Internet, tu passeras gratuitement une semaine dans ce manoir ? me demande le chauffeur de sa voix enrouée par le tabac.

    — C’est exact.

    Je ne me souviens pas de lui avoir raconté ces détails, mais il n’est pas impossible, dans mon impatience, que je les aie hurlés aux chauffeurs m’ayant ignoré, à l’aéroport. Il me fixe depuis son rétroviseur, mais je n’ai nulle envie de détourner mes yeux du panorama montagneux. Je prie simplement pour qu’il maintienne les siens sur la route.

    — J’ai entendu parler de cet endroit, ajoute-t-il sur le ton de la confession. Son nouveau propriétaire souhaite en faire une résidence de luxe, où les riches viendraient passer le week-end et les pauvres, leur lune de miel, mais ça ne pourra pas fonctionner.

    — Pourquoi ?

    La voiture effectue un virage brusque, et ma tête heurte durement la vitre.

    — Tu n’as qu’à l’ouvrir ; tu ne pourras plus t’y frapper !

    Quel imbécile ! J’appuie sur le bouton et accepte tout de même son conseil, plus pour apaiser mon mal de cœur que pour autre chose. L’air frais des hauteurs m’emplit les poumons.

    — Pourquoi ? reprend-il là où la discussion s’est interrompue. Parce qu’il n’y a rien autour de ce manoir ; pas un commerce, pas une habitation. Le bâtiment voisin est à une vingtaine de kilomètres. Pas de réseau Internet, pas de téléphone… Ce genre de situation effraie les gens, aujourd’hui ; on a oublié comment se sortir du pétrin sans l’aide des autres.

    À ces mots, il s’étouffe et tousse si violemment qu’un coup de volant involontaire nous rapproche dangereusement de la bordure de la route. Mon œil se plonge l’instant d’un battement de cœur affolé en contrebas, où la montagne s’étale dans sa mortelle descente. Puis, le chauffard se ressaisit et expectore un épais caillot par la fenêtre avant de me fixer de nouveau.

    — Tu n’y vas pas seul, tout de même ?

    Il a prononcé ces mots comme si la chose était impensable ; je deviens presque agacé par cette discussion.

    — Nous sommes huit, avec quelques domestiques pour le ménage et la cuisine.

    — Ah…

    J’ignore ce que sa réaction signifie, mais je n’ose poser de questions, ravi que le silence retombe entre nous. La route que nous suivons n’a cessé de monter depuis notre départ ; je sens que la voiture commence à gronder avec plus de fatigue. Ce vieux modèle Mercedes-Benz n’a peut-être plus la vigueur nécessaire à un tel trajet ; rien ne serait pire que d’être coincé ici, au cœur des montagnes, avec ce chauffeur repoussant. S’est-il trompé de chemin ? Difficile d’en être sûr… J’extirpe mon téléphone portable de ma poche : aucun réseau. Le degré d’inclinaison se réduit enfin, et nous nous retrouvons sur une route de cailloux flanquée d’un côté par le précipice et de l’autre par une charmante prairie. À quelques endroits, sur la terre humide, de discrets amas de neige brillent de leur blancheur cristalline. Nous ne sommes qu’en novembre, mais la température, par ces hauteurs, est considérablement plus froide.

    — Nous arrivons bientôt.

    À ces mots, mon premier réflexe est d’étudier les alentours : il n’y a, effectivement, aucun bâtiment. À vrai dire, je n’ai aucun souvenir d’en avoir croisé un seul depuis ce village que nous avons traversé, il y a plus d’une demi-heure. Vers ce que j’ai cru être un simple champ, le chauffeur effectue un virage soudain : il s’y trouve, bordé d’herbes jaunies et d’un fossé, un petit chemin de terre. La voiture cahote, grince, craque. J’étire le cou depuis mon banc à l’arrière : je ne vois qu’un pâturage à l’avant. Aucune trace d’un manoir, aussi petit soit-il.

    — Êtes-vous certain d’être au bon…

    — Ne t’inquiète pas, me coupe-t-il. Ce n’est pas la première fois que je viens jusqu’ici.

    — Ah bon ?

    Fait qui pourrait être anodin, mais qui s’avère singulier lorsque l’on sait que le manoir était, jusqu’à tout récemment, en reconstruction et fermé au public. Il n’a aucune réaction ; c’est tout comme s’il ne m’avait pas entendu.

    Nouveau virage, vers la droite.

    Des arbres centenaires se profilent à l’horizon. Je ne saurais dire pourquoi, mais cette observation me rassure. C’est là, partiellement camouflée par les épines verdoyantes, que paraît enfin la façade d’un bâtiment. D’où je me trouve, il est difficile d’en discerner les détails, mais il faudrait être aveugle pour ne pas constater la sombre magnificence de cette architecture gothique. Mes yeux s’agrandissent à mesure que nous nous approchons de cette merveille de pierre : des voûtes en arêtes, s’alignant sur la toiture, s’entrecoupent de pinacles et de gargouilles qui de leurs têtes prolongent la façade ; des colonnes disposées en faisceaux supportent de chaque côté des galeries couvertes d’arcs-boutants ; la face antérieure de l’édifice, réfléchissant la lumière du jour par ses hautes et nombreuses fenêtres, présente des ogives grandioses, sous lesquelles des portes massives semblent pour être ouvertes requérir la force d’un géant. Par l’accordement des fenêtres aux bordures sculptées, on devine que ce manoir comporte plusieurs étages ; des cheminées, plus nombreuses que je ne peux les compter, donnent l’impression d’un orgue monumental, chacune s’élevant à sa propre hauteur sur le toit. L’entrée principale, pieusement gardée de ses statues de marbre, s’étale en marches de granit.

    La voiture est bientôt plongée dans l’ombre des arbres tandis que le chemin décrit une boucle ceignant une fontaine au repos. Par la fenêtre ouverte, je peux percevoir le bruissement des feuilles et le sifflement du vent s’immisçant par les fissures de la pierre, seuls bruits à occuper le silence, hormis le vrombissement exténué de la Mercedes-Benz. Au pied de cette source tarie à l’effigie d’une créature mythologique que je tarde à identifier, le chauffeur de taxi appuie sur la pédale de frein, relâche son bras de vitesse puis se tourne vers moi, abaissant pour la première fois ses verres fumés.

    — Nous y sommes.

    Comme j’ai déjà réglé la facture, je n’ai plus qu’à descendre de la voiture. La poignée métallique de ma lourde valise au creux de la paume, je referme la porte et salue d’un bref hochement de tête le conducteur, qui repart sans plus attendre.

    Ainsi, je me retrouve face à cette construction grandiose, tout droit sortie d’une autre époque. Ma fatigue ayant subitement été remplacée par l’émerveillement, je laisse à loisir ma vue s’éblouir de cette architecture inégalable. C’est bien là, dans une de ces chambres, que je dormirai pour la semaine à venir ! Chaque parcelle de cette façade est une œuvre d’art, une sculpture à part entière, un joyau de roc. Les fenêtres, aussi nombreuses soient-elles, s’enorgueillissent d’un balcon décoratif et de bas-reliefs dont je ne peux qu’estimer la richesse. À quel point son ancien propriétaire, ce

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