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Heptagon - Tome 2: Hématomes
Heptagon - Tome 2: Hématomes
Heptagon - Tome 2: Hématomes
Livre électronique276 pages3 heures

Heptagon - Tome 2: Hématomes

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À propos de ce livre électronique

Une romancière à qui tout sourit est torturée par une détresse incompréhensible...

L'histoire ne pouvait pas se terminer ainsi. Croire le contraire était une terrible erreur. Le mal semblait enfoui à jamais, mais il n'en est rien. Il revient un peu plus chaque jour, insidieusement, un peu plus chaque jour, plus violemment qu'avant.
Connaître le succès auprès du public, avoir des moyens financiers importants, profiter des petits plaisirs de la vie sans se soucier de l'avenir, sa vie pourrait se résumer de la sorte. Malheureusement pour cette célèbre romancière les choses ne sont plus aussi simple ; pour des raisons incompréhensibles, un sentiment de déprime grandit en elle, et les coups de malchances s'accumulent. Ne serait-elle pas en train de replonger ?

Plongez-vous dans le second volet de ce thriller psychologique, fantastique et horrifiant, là où le mal submerge tout sur son passage !

EXTRAIT

Elle écarquille les yeux. Elle aimerait hurler jusqu’à ce que ses cordes vocales explosent, mais il lui est impossible d’ouvrir la bouche. Un son étouffé sort de sa gorge. La jeune femme est toujours là. Elle s’est revêtue, chemisette fermée jusqu’en haut, et a détaché ses cheveux. Son regard est sombre. Le petit visage angélique qu’elle avait tout à l’heure a complètement disparu. Sa main droite est tendue, tenant une petite pince coupante aux bords ensanglantés. Un cri contenu sort à nouveau de sa bouche maintenue fermée par une bande de scotch épaisse. Elle a mal, horriblement mal. Elle qui d’habitude résiste à la douleur, la voilà qui souffre le martyre. Quelque chose ne va pas. Elle tourne la tête et sa gorge se serre. Ce qu’elle voit la paralyse complètement, même ses poumons ont cessé de fonctionner et ne lui permettent plus de respirer.
Son petit doigt n’est plus là. À la place, une plaie ovale béante. Des effluves de sang incessants s’en échappent, recouvrent entièrement sa main gauche et coulent lentement le long du bras, de l’avant-bras jusqu’à son aisselle. Une partie des coulures se rejoignant au coude se met à goutter sur le sol. Elle sort de son immobilisme et secoue énergiquement la tête, puis les bras et les jambes. Les menottes font un bruit sourd lorsqu’elles se choquent contre le tube métallique, et elle ne parvient pas à soulever ses jambes. Elles sont jointes par un bout de tissu relié au gros parpaing sous elle. La jeune femme se baisse puis se relève. Elle lui approche du visage ce qu’elle vient de ramasser au sol. Son doigt, qu’elle tient dans un tissu blanc imbibé de produit qui lui irrite le nez. Le bout de tissu qu’elle avait pris pour sa lingerie usagée. Elle s’était fait avoir, elle l’avait éthérisée, cette traînée ! La jeune femme ramène le bout de chair vers elle et l’enveloppe délicatement dans le tissu avant de le mettre dans son sac à main.
Elle a trop mal, elle se sent si misérable. Des larmes se mettent à couler sur ses joues. La jeune femme le voit et semble s’en amuser.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE - À propos du tome 1

L'auteur a su créer avec brio la descente aux Enfers ! Stressant et envoûtant, il démontre comment la folie peut s’emparer de nous sans prévenir. Je conseille fortement ce livre à tous les passionné(e)s d'horreur et de psychologie ! - Fellix, Booknode

Un horrifique qui monte en puissance, des personnages réalistes, en bref de quoi donner des sueurs froides. À découvrir ! - Blog Chroniques livresques

Un très bon roman, une belle évolution dans l'écriture de l'auteur, mais âmes sensibles s'abstenir ! - Blog Cocomilady
LangueFrançais
ÉditeurTourments
Date de sortie14 août 2019
ISBN9782372241922
Heptagon - Tome 2: Hématomes

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    Aperçu du livre

    Heptagon - Tome 2 - Davy Artero

    cover.jpg

    Davy Artero

    HEPTAGON

    Grimoire des Sept Branches

    Acte II - Hématomes

    Éditions des Tourments

    Aux pulsions malsaines et autres actes atroces

    que l’on ne regrette nullement.

    Prologue

    In Tempore Infelicis

    {1}

    Un autre trait a rejoint les milliers d’autres sur le pourtour en pierre et a commencé à être recouvert d’une fine pellicule de poussière. Il n’est pas encore assez près de la surface. Il s’en approche. Il parvient désormais à ressentir ce qu’il y a autour, même ce qui n’est pas fait de roche. Ce n’est pas suffisant. Encore un peu de patience. Il aurait pu devenir fou dans cette étroite geôle depuis toutes ces années. Sa hargne était si forte, sa colère si intense, qu’il avait su résister aux éventuels égarements. Dire qu’ils pensaient l’anéantir, ces pauvres fous ! Par leur faute, il n’était plus qu’un corps éthéré, coincé sous une épaisse couche de minerais compacte, mais il vivait encore.

    Un jour, il parviendra à quitter cet endroit. Il le sait. Il retrouvera alors cette apparence charnelle, difforme et repoussante aux yeux de ces pauvres êtres humains et ils comprendront tous leur erreur. Ils avaient échoué. Pour l’instant, la tâche n’est pas aisée. Il doit se concentrer et user de son emprise pour parvenir à ses fins et il sent qu’on lui résiste. Il lui faut une âme plus perméable.

    L’évasion sera bientôt possible, il le ressent et il a hâte. Être à nouveau dehors, debout. Piétiner la terre fraîche du monde actuel, respirer l’air de ce nouveau siècle et entamer enfin sa vengeance. Car tel est son seul et unique but, sortir et laisser pleinement exprimer sa rage. Le temps a poussé sa colère à son paroxysme et il n’y a qu’un seul moyen de l’apaiser, c’est de la laisser éclater.

    Il y aura sans nul doute un horrible carnage. Il s’en délecte déjà.

    PARTIE 1 – PRÉMICES

    Maintenant, il est temps de reprendre nos activités

    Et nous poser les bonnes questions.

    Plus que jamais, nous devons être unis et réfléchir.

    Hommes ou simples animaux ?

    Innocents ou responsables ?

    Simples d’esprit ou êtres intelligents ?

    Tout n’est qu’une question de point de vue

    Ou de compréhension sur ce que l’on est réellement.

    Plus jamais nous ne laisserons d’autres individus dicter nos actes.

    Hommes libres, nous sommes,

    Êtres supérieurs, nous deviendrons.

    L’histoire doit suivre son cours

    Et nous emmener vers la vérité,

    Sa vérité.

    31 août - page 66 - Anthony RAUM

    Grimoire des Sept Branches

    1

    Sentir le satin de ses gants contre sa peau l’émoustille de plus en plus.

    — C’est délicieux !

    Elle lui sourit et continue son tendre massage. Ses mains fines glissent sur ses épaules, se rejoignent au milieu des pectoraux puis passent sur chaque relief de ses abdominaux.

    Son âge frise le demi-siècle, mais il a conservé un physique d’athlète, ce qui n’est pas pour lui déplaire. Étendu de tout son long sur le lit, presque entièrement nu, il ferme les yeux. Quelques râles discrets s’échappent de sa bouche ouverte. Être dans cette position, pleinement à sa merci, est curieusement bien appréciable. D’habitude, par la force des choses, les rôles étaient inversés avec ses autres partenaires. Là, elle avait réussi à le convaincre et il s’était laissé faire. Il ne le regrettait pas.

    Elle l’avait accosté dans son bar habituel. Il avait jeté son dévolu sur une autre ce soir-là, mais elle l’avait pris de court. Décontenancé, puis amusé par le culot de cette femme, il s’était laissé séduire. Rouge à lèvres pourpre sur une bouche pulpeuse, un décolleté attirant, sa perruque ébène coupée au carré indiquait bien qu’elle était danseuse de cabaret, ce qu’elle lui susurra à l’oreille, juste avant de lui mordiller le lobe. Ce geste coquin avait suffi à le faire vaciller et à accepter sa proposition d’aller dans un endroit beaucoup plus tranquille après avoir fini son verre.

    La chambre d’hôtel était minable, mais c’était un des rares établissements dans le coin à être entièrement automatisé. Après avoir réglé la chambre via le monnayeur, il l’avait prise par le bras et entraînée dans l’ascenseur. Aucune résistance, elle aussi était pressée. C’était si nouveau pour lui.

    Et c’est une fois dans la chambre, porte fermée à double tour, qu’elle a sorti le grand jeu. Dans ses rêves les plus fous ou même ses fantasmes les plus alambiqués, jamais il n’avait imaginé une femme agir comme elle l’avait fait. Elle s’était éclipsée dans la salle de bain avec son sac à main et en était revenue métamorphosée. Elle avait ôté sa perruque et mis un petit couvre-chef blanc estampillé d’une croix rouge par-dessus ses cheveux châtain foncé tirés en arrière, retenus par un chignon. Sa robe de soirée avait laissé place à une blouse blanche transparente arrivant à mi-cuisse et elle avait enfilé des bas résille ivoire aux larges jarretières en dentelle. Elle avait conservé sa culotte en soie fine, mais n’avait plus rien d’autre sous la blouse. Il en était resté bouche bée en la découvrant ainsi.

    Elle l’avait poussé sur le lit et s’était assise sur son ventre, puis elle l’avait déshabillé lentement, s’amusant à lui caresser doucement chaque parcelle de peau découverte à travers ses mains gantées. Pour pimenter ce jeu déjà bien coquin, elle avait utilisé ses affaires pour l’attacher aux barreaux métalliques du lit. La chemise pour la main gauche, le tee-shirt pour la droite, le pantalon pour la jambe gauche et la ceinture en faux cuir pour la jambe droite. Mains et jambes écartées, telle une étoile de mer, il subissait sans broncher, se délectant même de ce qu’elle lui faisait. Elle lui avait ôté tous ses vêtements, sauf son caleçon. Assise jambes écartées sur lui, il sentait la chaleur de son postérieur sur son sexe. Il savait que dans cette position elle devait ressentir la dureté de son pénis. Elle ne pouvait qu’en être excitée également. Son sexe est extrêmement raide, comme jamais il l’a été auparavant. Chaque mouvement qu’elle effectue procure un nouveau frottement sur son sous-vêtement et augmente l’afflux sanguin. D’où les râles qu’il ne peut retenir.

    Elle se relève et se met à quatre pattes. Il rouvre les yeux.

    — Oh non, reste sur moi… murmure-t-il.

    Elle lui pose l’index contre sa bouche.

    — Chut !

    D’un mouvement de tête, il attrape le doigt dans sa bouche et se met à le lécher. Elle sourit et le retire délicatement. Elle baisse la tête et se met à donner des coups de langue sur le haut de ses pectoraux. Il ferme les yeux et ne peut s’empêcher de se trémousser, tirant sur ses liens bien serrés. Elle se relève à nouveau.

    — Fais-moi jouir, salope d’infirmière !

    Les automatismes sont durs à retenir. Ces mots lui ont échappé, mais ils ne semblent pas l’offusquer. Elle arbore toujours un doux sourire et il peut voir ses yeux briller. Il comprend qu’elle adore ça. Il sait qu’il va sans nul doute connaître la plus grande des jouissances. Il a hâte, mais paradoxalement il aimerait qu’elle fasse perdurer ce plaisir toute la nuit. Que cette traînée fasse monter en lui l’extase jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se retenir et explose, remplissant son utérus d’une quantité phénoménale de sperme chaud.

    Elle s’assoit sur son ventre et commence à faire vaciller son bassin. Il sent la soie de sa culotte se frotter contre sa peau, tout comme la chaleur humide de son sexe durant ses va-et-vient. Elle penche la tête en arrière et continue sa danse sensuelle. Un massage de sexe féminin, une sensation nouvelle pour lui. Elle remonte peu à peu, puis vient poser son entrejambe au-dessus de sa tête. Une odeur fine d’ammoniaque et une autre qu’il reconnaît si bien, cette odeur de sexe féminin qu’elles ont toutes. Il est tout excité, tout comme elle sûrement. Il se met à lécher la culotte de soie, de plus en plus rapidement. Il aimerait qu’elle recouvre son visage de cyprine, puis qu’il parvienne à transpercer sa culotte avec sa langue et enfoncer celle-ci loin dans son vagin. Ressentir toutes les aspérités de ses muqueuses et les nettoyer du bout de la langue. Il la sent se contracter puis elle émet un petit cri. Elle remonte le buste et se relève du lit si brusquement qu’elle en perd sa coiffe d’infirmière. Il se met à geindre.

    — Non, non, non…

    Elle marche en sautillant vers la salle de bain et s’y engouffre. Elle n’y reste que quelques secondes, qui lui semblent durer une éternité. Il a du mal à reprendre ses esprits. Il veut que ce jeu de doctoresse lubrique se poursuive, et l’inquiétude disparaît quand il la voit revenir. Dans sa main, elle tient le tube cartonné du rouleau de papier toilette. Il se demande ce qu’elle va encore inventer pour le faire jouir à nouveau. Elle s’assoit sur le haut de ses cuisses. Elle le regarde tendrement. Il lui sourit à son tour.

    — Sale garce, continue s’il te plaît !

    — Chut ! C’est prévu, ne t’inquiète pas ! chuchote-t-elle.

    Elle agrippe les rebords de son caleçon et le descend de quelques centimètres. Son sexe se met à sortir, telle une marionnette à ressort de sa boîte. Elle le touche du bout des doigts, délicatement. Il se prépare à subir enfin l’assaut final, une fellation suivie d’une pénétration peut-être. Il ferme ses paupières et attend. Il espère juste ne pas avoir d’éjaculation précoce.

    Elle agrippe son sexe d’une main et le ramène vers elle, tentant de le mettre bien droit. De l’autre main, elle se met à masser lentement les testicules, puis elle s’arrête. Son sexe est bouillant, toujours aussi dur. Il ne pensait pas qu’il pouvait rester érigé ainsi aussi longtemps, sans doute l’érection la plus longue qu’il ait eue jusqu’alors. Il ouvre les yeux et l’observe. Elle a la tête baissée, sa main maintient son sexe droit. Elle le sert fort, si fort qu’elle peut en ressentir les battements de cœur. Elle relève la tête et le regarde. Ses yeux ne brillent plus.

    Elle va passer aux choses sérieuses, il le sent. Enfin ! Elle prend le tube cartonné et le fait glisser autour du pénis. Le gland vermillon dépasse à peine. Elle lui lance un nouveau sourire puis attrape ses testicules. Elle se met à les glisser elles aussi dans le tube. Elle passe son doigt autour de la base du carton. Plus rien ne dépasse. Il ne sait pas où elle veut en venir, sans doute une version moderne de l’anneau pénien pour décupler son plaisir.

    — Vas-y, vide-moi !

    — J’y compte bien !

    Elle penche la tête et retire la longue et fine tige chromée tenant son chignon. Ses cheveux tombent sur ses épaules. Il ne pensait pas qu’elle les avait aussi longs. Elle ramène l’objet chromé devant elle, lentement. Il a déjà vu cette forme particulière quelque part. Elle lève son bras gauche et s’y enfonce la pointe de quelques millimètres. Elle ferme ses yeux et expire lentement, comme si un début d’orgasme s’immisçait en elle une nouvelle fois. Elle ne le sait pas encore, mais elle aura cette sensation à chaque fois. Elle porte son bras à la bouche, dans un geste sensuel qui émoustille l’homme qui ne cesse de l’observer, attendant patiemment qu’elle l’emmène au septième ciel. Elle rouvre les yeux et se penche au-dessus du sexe emmitouflé dans le tube. Elle se met à faire un geste rapide de la main.

    Il sent un bref picotement frais au niveau du bas-ventre puis une chaleur anormale descendre jusqu’à ses fesses. Alors qu’elle effectue à nouveau le même geste, il parvient à trouver le nom de l’objet qu’il vient de voir, juste avant de se mettre à crier. Un scalpel.

    Il sent un liquide chaud et épais couler sur le haut de ses cuisses et sur son postérieur. Son sexe devient mou, mais elle continue de le serrer à travers le tube cartonné. Il hurle et elle recommence avec sa fine lame coupante, encore et encore. Chaque coup lui inflige une douleur atroce. Ses yeux se convulsent machinalement et il se retient de perdre connaissance. Il l’entend émettre un petit rire. Ce qu’elle fait lui plaît énormément.

    — Tu apprécies, j’espère !

    Il aimerait répondre, mais sa bouche reste grande ouverte, figée, un cri long et plaintif n’arrête pas d’en sortir.

    — C’est bien insonorisé, tu peux t’égosiller à souhait, sale con !

    Elle effectue un dernier mouvement de scalpel et lève la main gauche bien haut. Il parvient à voir ce qu’elle contient et manque de déglutir. Le tube cartonné recouvert de sang, et un grand morceau de chair rougeâtre à l’intérieur. Son sexe, dégoulinant d’un mélange de sang et de liquide séminal.

    Elle le jette sur le côté. Cet organe ne lui sert à rien, elle coupera ce dont elle a réellement besoin plus tard. Elle penche son buste au-dessus du sien. Il sent une longue pointe s’enfoncer dans sa poitrine. Sa respiration devient saccadée. Elle retire le scalpel dans un bruit de succion et le plante à nouveau en bas du pectoral gauche. Un long filet de sang jaillit et éclabousse la blouse. Elle sourit à pleines dents. Elle a atteint le cœur.

    Il a du mal à respirer. Sa vue devient trouble. Il réalise qu’il est en train de mourir. Il aimerait comprendre pourquoi elle agit ainsi, tout était si bon, si savoureux. Elle était en train de l’emmener vers l’extase suprême puis tout a basculé. Pourquoi agir ainsi ? Pourquoi vouloir le tuer là, maintenant ? Sa bouche tremble. Il est incapable de prononcer le moindre mot, comme si tout son corps était déconnecté de son cerveau.

    Elle rapproche sa tête de son visage, scalpel ensanglanté devant elle, un sourire sordide aux lèvres.

    — Tu vas les rejoindre, fumier !

    Elle lève le bras et il sent la lame s’enfoncer au milieu de son front. Ses yeux se ferment. Avant d’expirer une dernière fois, il l’entend, au loin.

    — Bonne descente aux enfers !

    2

    Un long soupir.

    Voilà tout l’effet que lui procure la lecture du dernier paragraphe imprimé en petits caractères.

    John parcourt rapidement le bas de la page, pour ôter tout doute possible. La date, les signatures, tout y est, en bonne et due forme. Il replace la feuille avec les autres documents dans la chemise cartonnée, referme celle-ci et la jette négligemment sur son bureau. Il reste immobile un instant, les yeux dans le vague, le temps qu’il réalise la véritable signification de toute cette paperasserie judiciaire. Il se redresse sur sa chaise et regarde à nouveau le nom inscrit en majuscules dans le cadre haut de la couverture. Un nom qui n’a cessé de le hanter depuis le début de cette affaire. Un rictus de satisfaction se dessine sur son visage.

    — Je t’ai eu !

    Il relève la tête et regarde la pendule numérique placée au-dessus de la porte de son bureau.

    — Si tard, déjà ?

    Il faut qu’il envoie un message à Rita. À cette heure, elle n’est pas encore couchée. Savoir que son mari ne va pas passer une nouvelle nuit au bureau va lui faire plaisir. Il laisse échapper un bâillement avant de s’étirer longuement.

    — Mais avant, il faut fêter ça !

    Il fait craquer son cou puis se penche pour ouvrir le premier tiroir droit de son large bureau en merisier. Il en sort une fiole, cachée sous un tas de feuilles. Il en dévisse le bouchon en pensant à son prédécesseur qui avait la même manie à chaque fin d’enquête. Il aurait adoré travailler sur une affaire comme celle-là, tout comme il aurait adoré partager une gorgée du malt contenu dans cette fiole.

    — À la tienne, Jordan !

    John prend une gorgée. Le liquide savoureux qui descend lentement le long de son œsophage lui fait un bien fou. Il revisse le bouchon et replace soigneusement l’objet du délit dans le tiroir, sous la pile de papiers. Il défait les premiers boutons du haut de sa chemise puis se lève.

    Cette histoire a été bien plus dure qu’il ne l’avait imaginé au départ. Il savait pourtant qu’il ne fallait jamais se fier à ses premières impressions. Malgré sa perspicacité et sa ténacité, le meurtrier, un être machiavélique à l’intelligence pernicieuse et déroutante, avait bien failli lui échapper. Il avait suffi d’un malheureux faux pas pour que John parvienne enfin à le débusquer, juste avant qu’il ne fasse une nouvelle victime.

    Ils ont beau imaginer les complots les plus saugrenus, œuvrer dans l’ombre et prendre garde à ne pas laisser de traces, il y a toujours un moment ou un autre où les criminels dérapent et commettent la faute qui le fera remonter jusqu’à eux. John sera toujours là pour être le grain de sable dans leurs plans diaboliques et leur tomber dessus au moment où ils s’y attendent le moins.

    Celui-ci ira rejoindre les autres dans la prison de haute sécurité. À moins que le jury décide de l’emmener immédiatement du côté du couloir de la mort, ce qui ne serait pas étonnant au vu des sordides crimes commis.

    Devant la grande baie vitrée de son bureau, il observe les immeubles aux multiples fenêtres illuminées. Une nuit calme et paisible. Il sait que ce n’est qu’une fausse impression. Cette ville ne dort jamais. Combien de temps le calme va-t-il durer ?

    Des frappements retentissent. John se tourne.

    — Oui ?

    La porte s’ouvre et un jeune officier apparaît. Il semble essoufflé. Ses joues sont rouges et la lumière vive du néon fait briller quelques gouttes de sueur sur son front.

    — Lieutenant, il y a eu un meurtre entre la septième et la neuvième. Il faut que vous veniez voir, vous n’en croirez pas vos yeux !

    John lui fait un signe de la main. Le jeune officier a compris. Il laisse la porte entrouverte et va patienter quelques mètres plus loin. John regarde à nouveau à travers la grande baie vitrée.

    — Une ville qui ne dort jamais… murmure-t-il.

    Il va devoir changer son message pour Rita. Elle comprendra, une fois de plus. En s’aidant de son reflet dans la vitre, il remet les boutons de sa chemise. Il termine en fixant son visage. Sa barbe commence à faire un peu négligé. Quand trouvera-t-il le temps de se raser ? Il ne peut s’empêcher d’esquisser un léger sourire. Le repos fut vraiment de courte durée !

    Identifiant utilisateur : WD

    Document enregistré le mercredi 16 décembre - 770 ko - zone privée

    3

    Wendy recule sa tête et se frotte les yeux. L’étape fastidieuse de relecture sur le large écran est enfin terminée ! Elle pose une nouvelle fois son index sur le symbole en bas de l’écran. Un énième message indiquant le bon enregistrement du document apparaît.

    On n’est jamais trop prudente ! pense-t-elle. Il est vrai qu’il serait dommage de tout perdre, là, maintenant, même si technologiquement c’est impossible. Mais on ne change pas comme ça ses vieilles habitudes.

    Elle regarde le compteur affiché en bas à gauche. Un peu plus de quatre-vingt mille mots, presque autant que son avant-dernier manuscrit. Elle aurait voulu le faire exprès, elle ne s’y serait pas mieux prise ! Elle se lève de son fauteuil en cuir blanc et vient prendre une ramette de papier dans un des tiroirs de son caisson. Elle ôte la fine pellicule transparente entourant les feuilles et place ces dernières à l’arrière de l’imprimante. Elle tend le bras vers l’écran et semble hésiter. Est-elle obligée de continuer à procéder de cette manière ? Doit-elle faire uniquement confiance à ces multiples bouts de plastique qui contiennent les différentes sauvegardes de ses documents ? Elle tourne sa tête vers le mur du fond, en son centre est accroché un imposant tableau du siècle dernier, éclairé par deux petites lampes. La représentation d’un majestueux

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