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Au-delà du ciel
Au-delà du ciel
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Livre électronique463 pages6 heures

Au-delà du ciel

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À propos de ce livre électronique

Tout ce qu’Éloanne voulait était de vivre sa vie normalement. En refermant son troisième œil, elle croyait avoir réglé le problème. Lorsqu’une étrange breloque lui est remise par une entité noire, elle comprend que son don ne l’a jamais quittée. Entre l’école et le skate, elle évite d’en parler surtout depuis qu’elle côtoie son beau Nathan, mais, lorsqu’il disparaît dans la vieille église et que son cousin est retrouvé mutilé, elle comprend que l’entité est sérieuse. Jamais elle n’aurait pensé qu’elle allait devoir se servir de son don maudit et encore moins qu’il avait un lien avec la mystérieuse disparition de son père. Elle fera face à des événements allant au-delà de ce qu’elle n’aurait pu imaginer. Assumer un destin qu’elle n’a jamais souhaité pour devenir la grande Élianna-Lisbeth. Accepter l’inacceptable et cesser de voir le gris et le noir pour croire enfin... que le blanc existe !
LangueFrançais
Date de sortie12 janv. 2022
ISBN9782925144731
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    Aperçu du livre

    Au-delà du ciel - Chantale Marois

    CHAPITRE 1

    GUS

    — Hummm, lâche-moi ! Sérieux, je viens de te dire nooon ! … Pourquoi t’insistes, merde ! bredouilla Élo en frappant sur son oreiller.

    Qu’est-ce qui se passe, tout est flou ? Noir, blanc avec un tout petit peu de gris ! pensa-t-elle en essayant d’ouvrir les yeux.

    Une petite raideur bloqua partiellement son dos tandis qu’elle essaya d’esquiver les coups de patte qu’il lui destinait. Un deuxième et sans attendre arriva un troisième.

    Misère ! Gus qui fait encore des siennes !

    Gus, c’est mon chat. Un gros chat. Vraiment obèse. Le chat de la famille, mais surtout mon mortel préféré. Il est gros comme moi, avec une bedaine qui pendouille. Je n’ai pas de bedon comme lui, mais je travaille fort pour en avoir un. Gus est orange et blanc. Un chat ordinaire, avec une fourrure comparable à de la rouille que l’on aurait mélangée avec de la neige. Il n’est pas chanceux ce Gus. En plus d’avoir un pelage rappelant l’automne, il lui manque un œil. Un chat éclopé qui a été trouvé, un jour de pluie. Il n’avait que quelques mois, mais sûrement déjà vécu plusieurs aventures, pour se retrouver abandonné, affamé et seul dans un fossé sur le bord de la route. C’est là que leur première rencontre avait eu lieu. Dans un trou de vase, à la pluie battante, et il n’avait jamais été question de le laisser repartir.

    Nos différences ?

    Y’en a pas tant que ça. Bien sûr, j’ai mes deux yeux, fonctionnels en plus, et une légère bedaine, mais Gus et moi, on se ressemble. J’ai les cheveux mauve et noir. On a deux couleurs, mais pas les mêmes. Il est paresseux et moi ? Bien… Je dirais que je gère mon temps d’une façon pas toujours constructive. Il aime manger, mais c’est une fine bouche. Moi aussi. Pour dire vrai, je ne suis pas son maître puisque Gus n’a pas de maître. Il est son propre maître. Il est né libre et malgré le fait qu’il a désormais une maison et une famille, il part quelquefois à l’aventure, et ce, durant plusieurs jours, sans même donner de ses nouvelles. Il a peut-être une double vue ?

    Comme moi !

    Elle l’entendit miauler.

    — Pffffff ! Eh merde ! C’est une conspiration contre moi ! Le voilà qui s’applique à me faire suer ce matin ! dit-elle en essayant de se bouger un peu.

    À tâtons, dans l’obscurité, mais surtout pour ne plus recevoir de petites notes, elle essaya d’attraper le félin en passant sa main sur le lit. Tout ce qu’elle attrapa fut ses draps emmêlés qu’elle venait de pousser sur le plancher de sa chambre. Quelque peu intriguée, elle fronça les sourcils. Un éclair traversa tout à coup la pièce. Éloanne recula. Du moins, elle essaya.

    Merde ! Mais qu’est-ce qui se passe ?

    Acculée au mur… Qui était bien trop près et terriblement froid d’ailleurs ! Son regard chercha quelques repères, mais elle se rendit vite compte qu’elle en était incapable puisqu’elle n’était plus dans sa chambre.

    Noir, blanc et gris !

    Voilà ce qu’était le décor qui l’entourait… Mais, elle perçut un tout petit détail… À bien y penser… C’était plutôt une subtile altération.

    Une pièce d’un noir profond, d’un blanc pur et d’un gris… Étrangement connu.

    La raideur anormale de son cou lui rappela que malgré tout ce qui se déroulait devant ses yeux, elle devait bouger, essayer de trouver pourquoi elle avait atterri dans cet endroit si lugubre et, surtout, qui l’avait amenée jusqu’ici. Un autre éclair apparut au-dessus de sa tête. Élo s’allongea sur le ventre, écrasant violemment son visage sur le sol froid et râpeux. Ses pieds frottant contre les parois du mur, elle se retrouva étendue de tout son long.

    — Aie !

    Elle souleva doucement la tête. Sans vraiment comprendre ce qui venait de se passer, elle commença à répertorier tous les membres de son corps. Deux pieds, deux jambes que je peux bouger, mon dos… Semblable à une longue jérémiade, elle poursuivit le décompte du reste de son corps. Comme chaque fois qu’elle sentait qu’elle allait perdre son sang-froid, elle répétait inlassablement ces mêmes mots. Sa mère lui avait donné ce truc un jour, pour qu’elle puisse laisser un peu de temps, à sa tête et à son esprit, de reprendre leur place et de ne pas céder à la panique. De précieux instants pour emmagasiner, mais surtout comprendre, ce qui était sur le point d’arriver… Parce que ce n’était pas terminé. Sa confiance, clairement défaillante, l’avait quittée au moment exact où son esprit était entré en contact avec cet étrange endroit. Elle devait faire quelque chose… Peut-être se lever ? … Oui ! Elle devait se relever.

    Doucement… Tout doucement !

    Une douleur lancinante traversa son œil gauche. En le tâtant, elle comprit que son contour commençait à gonfler dangereuse-ment…

    Misère !

    Elle sentit autre chose, mais cette fois, ce n’était pas avec son nez. Une odeur certes, mais plutôt cette bouffée éthérique qu’elle discernait, chaque fois qu’elle Le voyait. Un mélange d’encens et de terre fraîche. Comme s’il venait directement de l’au-delà… Ou du cimetière !

    C’est alors qu’elle le vit.

    — Bonjour Éloanne !

    Il l’avait amenée jusqu’ici.

    Encore lui !

    — Ahhhhh ! Non, Monsieur Henri, je vous avais dit que je ne voulais plus de ça. Pourquoi m’amener ici ? lui cria-t-elle mentalement.

    Il ne releva pas.

    Beaucoup trop silencieux, elle sut qu’elle en aurait pour un bon moment. Quand il gardait le silence, cela voulait dire qu’on devait parler, quoi qu’elle en pense. Alors, aussi bien essayer de trouver une position confortable… Parce que ce sera long ! Éloanne prit une grande respiration puis essaya de s’asseoir. Elle lâcha quelques jurons en essayant de se déplier et éviter de trop souffrir. Il était là… Debout à côté d’elle, bien droit et attendant patiemment, comme s’il jouait un rôle. Elle leva doucement les yeux vers lui. Son apparence se définissait par le corps d’un humain, homme par surcroit, dans la soixantaine, peut-être plus. Éloanne ne pouvait pas le dire précisément. De l’autre côté, l’âge ne se calculait pas comme ici.

    Il la regarda avec ce même regard doux et bienveillant qu’il avait à chaque fois qu’ils se voyaient.

    Comme un père qui regarde sa fille !

    En tout cas, elle le présumait. Il était bien maigre ce Monsieur Henri, mais avait les yeux d’un bleu profond et intense. Elle le voyait quelques fois, sous sa forme originale, c’est-à-dire lumineux et translucide, mais aujourd’hui, il avait choisi de se présenter, pareil à un humain, même s’il ne l’était pas.

    — Mais où suis-je ? finit-elle par cracher en sursautant légèrement de s’entendre parler aussi fort… Dans sa tête.

    Chaque fois, c’était la même chose, puisqu’elle se sentait comme dans un vase clos où la moindre vibration prenait des proportions plus qu’énormes. Il ne répondit pas, se contentant de rester debout à côté d’elle avec son air béat… Qu’elle avait l’habitude de qualifier en rigolant : « Un air de béa-titude ! »

    — Tu sais que je n’aime pas quand tu m’amènes je ne sais où pour me parler ! lui dit-elle en se relevant lentement. Regarde mon œil, il est tout cramoisi. Et… Pourquoi ce vol plané vers l’autre monde ? Pourquoi m’amener ici ? Pour me faire voir des éclairs ? Et pourquoi ses couleurs ? Toujours les mêmes d’ailleurs ! … Explique-moi ! Je ne suis pas d’humeur à jouer aux devinettes !

    Monsieur Henri garda encore le silence.

    Hum… Pourquoi ne parle-t-il pas ?

    À deux reprises, il s’était exprimé par la bouche, mais il ne l’ouvrait pas souvent. Élo l’entendait, mais pas comme tout le monde. Elle le discernait dans son esprit. Le dialogue se faisant par télépathie, elle distinguait ses mots, sa voix. Toujours la même. Elle ressentait les émotions aussi, se traduisant par une impression, un sentiment. Quelques fois, des images, des gens ou des mondes qu’elle ne connaissait pas…

    Et que je ne veux pas connaitre ! Je lui ai pourtant répété que cela ne m’intéressait pas, mais il s’acharne… vraisemblablement !

    Elle l’appelait Monsieur Henri parce qu’un jour, il lui avait demandé de trouver un nom. Celui qui lui plairait. Celui qui la mettrait à l’aise. Il lui avait signifié que son nom n’avait pas d’importance pour lui, mais qu’il comprenait que pour nous, les humains, c’était important de nommer les choses et les gens. Le nom de « Monsieur Henri » est donc né à cet instant. Lorsqu’elle était dans le ventre de sa mère, elle le connaissait déjà, ce Monsieur Henri. Elle l’avait vu avant de naître et donc, après sa naissance, il venait se payer de petites visites dans ses rêves. Elle savait qu’il était là. Jamais bien loin, à rôder et tournoyer autour d’elle. Elle le sentait, mais elle ne le voyait pas, contrairement aux entités désincarnées, qui occupaient, elles, tout le reste de son espace et de sa vie.

    Quelques jours après ses 12 ans, elle le vit réellement. En chair et en os, si on peut dire. L’expression n’était pas tout à fait exacte, mais c’étaient les mots qu’elle avait utilisés pour expliquer à sa mère l’étrange petit Monsieur qui tournait autour d’elle. Elle comprit très tôt qu’elle était la seule à le voir. Dans la cour d’école ou même dans la cuisine, lorsque sa mère préparait le souper, il était là. Sa mère ne le voyait pas, mais quelquefois Éloanne aurait juré qu’elle avait un doute sur sa présence. Il la faisait rire. Vraiment beaucoup. Réfléchir aussi, lorsqu’une situation problématique se présentait, mais avec le temps, il était devenu de plus en plus insistant et énigmatique.

    Maintenant, à 17 ans, Élo ne l’avait pas revu depuis quelques mois. En fait, depuis qu’elle l’avait chassé de sa vie et de ses rêves. Elle lui avait crié de ne plus revenir et, c’est ce qu’il avait fait…

    Mais aujourd’hui… Il était là.

    Il était petit. Plus petit que dans ses souvenirs qui dataient pourtant de seulement quelques mois. À moins que ce soit elle qui ait encore grandi. De toute façon, Élo avait toujours été plus grande et plus costaude que la plupart des gens. Elle dut donc incliner la tête pour le regarder dans les yeux. Quelque chose semblait transcender de tout son être. Il venait d’où d’ailleurs ? Il lui avait dit un jour être là pour elle, qu’elle le repousse ou non, et ce, jusqu’à sa mort et même après.

    Élo sentit une froide colère monter en elle. Elle ne voulait pas être là et il lui faisait clairement perdre son temps.

    Elle lui signifia son impatience en soupirant et se détourna de son regard.

    — Élo ! lui souffla-t-il enfin. Regarde bien les couleurs et essaie de voir au-delà… Au-delà de ce qu’elles semblent t’inspirer… Ne te laisse pas prendre dans le jeu et vois au-delà !

    — Voir au-delà ? Qu’est-ce que ça veut dire ça voir au-delà ?... Je ne comprends rien ! beugla Élo en frottant doucement son œil blessé.

    Une forme au loin attira son attention et elle plissa les yeux pour mieux voir, oubliant sa blessure. Un petit cri frisant plus l’impatience que la douleur elle-même traversa la pièce. Même la réverbération jouait contre elle, puisqu’elle s’était contentée de lui renvoyer une réponse, sous la forme d’une puérile et troublante indiscrétion. Quel embarras ! Maudissant le moment, elle recommença à se masser le côté du visage. Au fond de la pièce, elle distingua un objet de grande taille. Un miroir sur pied ou ce qui parut en être un. Il était plus grand qu’elle et de forme ovoïdale. De mignonnes petites fleurs argentées étaient incrustées dans la bordure de bois qui l’entourait. On aurait dit un jardin de fleurs duquel jaillissait une douce et scintillante lumière. Malgré la faible luminosité de la pièce, une chaude énergie semblait en découler. Tout en elle se sentit en alerte. Son corps, mais surtout son esprit. Au-delà de la curiosité, elle sentit qu’elle devait aller voir, que sa vie en dépendait. Elle prit quelques secondes pour essayer de comprendre pourquoi elle se sentait attirée par cet objet pourtant si banal. Il n’y avait rien d’autre autour, seulement de tristes murs noirs, un plancher un peu trop râpeux qui était blanc et gris et cet objet au centre de cette vaste pièce.

    Elle chercha instinctivement Monsieur Henri du regard.

    Je suis dans un songe après tout… Le sien… Pas le mien !

    Elle avait besoin de son approbation pour être certaine que c’était ce qu’il voulait. Lui assurer que c’était bien lui le chef d’orchestre de toute cette mise en scène. Il ne broncha pas, mais ses yeux rassurants, lui donna l’élan qu’elle avait besoin pour regarder enfin devant elle. S’avançant à petits pas, elle s’arrêta devant la glace. Il n’y avait rien ! Oh, si !... Peut-être ! L’énergie chaude et rassurante qui l’attirait était plutôt un mélange de sombres sphères, apparaissant puis disparaissant, pour finir entremêlées entre elles, et ce, dans une infinie ritournelle ! Finalement, à bien y penser… Rien d’extraordinaire. On aurait dit un ancien sauve-écran d’ordinateur.

    — Misère ! T'es sérieux là ? dit-elle en se retournant.

    — Élo, tu dois ouvrir ton cœur et laisser la chance aux gens de t’aimer. Ta peur t’éloigne de l’essentiel ! lui souffla-t-il à l’oreille.

    Elle cessa d’écouter, lorsqu’une forme apparut dans le miroir. Méfiante, elle cligna des yeux en examinant le simulacre qui lui sembla tout à coup familier. Ne pouvant dire de quoi il s’agissait, elle pouvait tout de même en deviner les pâles contours. Son pouls accéléra lorsqu’une apparente silhouette humaine s’exhiba.

    C’était elle. Une représentation presque parfaite d’elle. C’est-à-dire, elle, regardant au loin. Éloanne examina le miroir, stupéfaite puis recula de quelques pas pour mieux l’évaluer. Son doux reflet était entouré d’un superbe halo blanc. Une fine bruine virevoltait doucement autour de sa silhouette. Sa peau était de couleur cellophane et ses yeux presque feutrés. Tout de l’image qu’on lui envoyait était identique ou presque… Les cheveux bicolores, les yeux creux et foncés. Son petit nez percé d’un anneau et même ses lèvres discrètes. Tout y était. C’était bien elle, mais on aurait pu croire que quelqu’un avait repris les contours de son corps, en les affinant avec un crayon. Silencieuse, avec Monsieur Henri encore à ses côtés, elle considéra chaque détail, chaque parcelle de sa peau, allant même jusqu’à étudier ses expressions corporelles. Il y avait quelque chose de déstabilisant. C’était bien elle, mais avec une autre énergie. Elle était belle et riche, sans peur ni tristesse. Son double parfait. Même âge, mêmes traits physiques, mais pas avec les mêmes intentions. Oui !... Différente était le bon mot. L’image du miroir la déroutait. Elle se pinça la lèvre du bas avec les doigts, pensive, comme chaque fois qu’elle ne comprenait pas ce qui se passait.

    La personne devant moi est une étrangère ! Le reflet qu’on me renvoie est une version plus belle que je ne le suis en réalité ! Ce personnage est une autre que moi, une jumelle ou une version fantasmagorique et améliorée de moi… Mais pas moi !

    Elle aurait aimé s’en persuader, mais il y avait trop de différences. Elle n’était certainement pas « Elle ».

    — Trouve-la !

    Surprise de l’entendre murmurer, elle se retourna vers lui.

    Il avait disparu.

    Comme à chaque fois et pareil à un léger tourbillon, elle sentit qu’on l’aspirait à l’extérieur d’elle-même. Le songe était terminé et Monsieur Henri la ramenait tout doucement dans la réalité.

    Dans ma réalité ! … Ahhhhh ! Encore et toujours cette impression de se réveiller d’un long et pénible cauchemar !

    Elle resta quelques secondes les yeux fermés, en essayant de faire passer cette nausée qui la prenait à chaque retour dans son corps. Ressassant les images qu’elle venait de voir, elle repensa à son image dans le miroir. Elle était belle et tellement… Libre… Comme Gustave ! Après chaque expérience, elle se souvenait toujours de tout. 

    Misère ! Comment pourrais-je oublier ce que j’ai vu ? Est-ce donc mon terrible fardeau, celui d’une ado qui n’en porte que le nom ? se dit-elle en soupirant.

    Une ennuyeuse confirmation de sa navrante impuissance l’affligea. Elle dut se faire violence pour ne pas laisser le découragement prendre la place. Depuis toute petite, elle savait qu’elle était différente des autres enfants. Pas au début, mais petit à petit. Elle se rendait bien compte que les autres ne voyaient rien, n’entendaient pas les bruits, les mots, ni même les plaintes. Très tôt, elle dut admettre qu’elle était bien loin de ressembler à sa grande sœur Emma ou même à sa mère et que dire de son père. Elle ne le connaissait que très peu. Cette bonne vieille sensation de solitude qui lui tenait compagnie depuis toujours remonta en elle tout doucement. Elle ne comprenait pas et surtout ne voulait pas admettre qu’elle pouvait voir.

    Voir ce que personne ne voit… Entendre, quelquefois des mots difficiles… Et sentir, en touchant accidentellement les gens. Quelle emmerdeuse cette vie !

    Elle se leva péniblement de son lit. Il faisait jour depuis peu. Gustave était bien là. Il la dévisagea du mieux qu’il le put avec son œil ouvert.

    — Ne me juge pas Gus ! lui dit-elle en tirant la langue. Et je t’en prie, ne te mêle pas de ça ! ajouta-t-elle comme s’il pouvait comprendre ce qu’elle lui disait.

    Il quitta lentement le lit en lui jetant un regard de frustration puis disparut. Élo marcha d’un pas lent, vers la salle de bain, prenant bien soin de ne pas réveiller sa mère. En voyant son œil meurtri, elle aurait appelé les urgences, mais elle aurait surtout joué au détective. Et qu’aurait-elle bien pu lui répondre ?

    Je ne sais pas maman, j’ai fait un vol plané sur le plancher et je me suis retrouvée dans un endroit que je ne connaissais pas ! 

    Enfant, elle ne se contentait pas que des personnages imaginaires pour l’accompagner et combler sa solitude. Elle avait aussi des amis particuliers comme les appelait sa mère. Ils vivaient tous autour d’elle… Jour et nuit. Certains plus intenses et dramatiques que d’autres. Il y avait bien eu Bidule et Bateau, des animaux qui étaient de vrais personnages imaginaires. Les seuls qui n’existaient pas vraiment et chez qui elle avait trouvé du réconfort. Les autres se contentaient de venir la voir et de demander de l’aide. Certaines nuits étaient plus mouvementées que d’autres. Elle se faisait réveiller par des voix, qui avaient décidé que c’était le bon moment pour parler. Un jour, on l’avait même réveillée en sursaut en criant son prénom. Des corps translucides passant près d’elle en lui demandant, suppliant même, de venir avec eux. Des ombres qui traversaient la maison en l’ignorant, la frôlant quelques fois. Mais le plus dégoûtant était de sentir l’énergie des gens qu’elle rencontrait. Elle avait cette facilité à reconnaître et sentir les intentions dans le cœur des gens. Ceux-ci l’imprégnaient littéralement et puisqu’elle en connaissait leurs teneurs, il était difficile pour elle d’être autrement qu’influencée par leurs énergies. Cela lui venait, comme viennent les idées soufflées dans notre esprit de temps à autre. Lorsqu’elle en avait trop vu, il en résultait des nuits excessivement troublées, et le seul moyen qu’elle avait pour se débarrasser de ses cauchemars, était de se faufiler jusqu’au pied du lit de sa mère. Elle se couchait sur le sol pour écouter le souffle réconfortant de sa respiration et finir par s’endormir. Tôt le matin, elle repartait dans sa chambre, sur la pointe des pieds. Lorsqu’elle racontait ses aventures à sa mère, celle-ci l’écoutait sans l’interrompre. Quelques fois, elle semblait comprendre réellement ce qu’elle vivait et lui parlait même des gens de l’au-delà. Quelques fois, elle lui disait que ces énergies autour d’elle étaient naturelles et quelquefois… Elle ne disait rien. Elle l’écoutait, en silence comme si tout cela dépassait ses aptitudes parentales. Elle lui avait souvent répété qu’elle avait un don et qu’il faisait partie d’elle. Le renier ne faisait que retarder son évolution. Mais, elle sentait que sa mère n’avait plus de réponses. Elle aurait préféré qu’elle lui fasse la promesse de geler son don pour toujours et choisir plus tard si elle le voulait ou non. Vivre avec, quand elle serait adulte, si elle le voulait. Elle savait que cela n’était pas possible. Un vague souvenir, une simple expérience qu’elle voulait oublier, mais la réalité était tout autre et cela ne faisait que l’emmerder !

    Puis, en grandissant, mais surtout pour survivre et ne pas devenir folle, elle avait compris que de baisser les yeux ou même les fermer quelques fois faisait en sorte que les entités passaient leur chemin sans s’arrêter. Elle s’était entrainée, secrètement, à les voir et les sentir, mais de moins en moins pour ensuite fermer son esprit et les oublier. Elle se forçait à négliger des détails de ce qui lui était arrivé. De plus en plus et chaque jour. Pour en venir à ne plus en parler du tout, ridiculisant les vieilles histoires du passé comme pour faire croire à sa mère, mais surtout à elle-même, que tout cela était des lubies d’enfants. Elle était tellement convaincante et convaincue dans ce rôle qu’elle s’était forgée, que même sa mère semblait vouloir le croire. Elle n’avait presque plus ce regard inquiet lorsqu’elle la regardait et semblait plus heureuse, plus épanouie. Non ! C’était la chose à faire. Elle s’était presque convaincue, espérant tellement avoir une vie normale, essayant de toutes ses forces d’oublier son enfance et tout ce qui avait un rapport de près ou de loin avec les morts, tout ce qui semblait ésotérique ou qui sortait de l’ordinaire. La vie paisible d’une ado de son âge.

    Tout se passait quand même bien depuis presque un an. Elle était normale. Elle était complètement seule. Sans entités qui rôdaient ou qui sollicitaient son aide.

    Ouff !! Des nuits sans rêves ni ressentis !

    Cela lui plaisait. Certains jours, elle se sentait heureuse. Elle essayait d’oublier cette lourdeur qu’elle trainait depuis son tout jeune âge. Puis, il y a quelques jours de cela, durant un petit voyage dans une serre avec l’école pour le cours d’horticulture, elle avait revu Monsieur Henri. Il s’était retourné et il l’avait regardée avec son magnifique sourire, en lui tendant une tomate. La nuit suivante, tous étaient revenus. Entités, fantômes et rêves prémonitoires. On aurait dit qu’ils s’étaient donné le mot pour venir lui rendre visite et lui faire un petit coucou pour fêter leurs retrouvailles et ensuite repartir tout doucement.

    Maudit sois-tu, Monsieur Henri ! cria-t-elle dans sa tête comme s’il pouvait l’entendre.

    Bien sûr, il entend tout ! se dit-elle en ravalant sa salive. 

    CHAPITRE 2

    LES JUMEAUX

    Élo ferma doucement la porte de la chambre de bain et se dirigea vers le miroir du lavabo pour constater les dégâts. Son œil avait déjà commencé à cerner. Une raideur dans le cou était bien présente. Les douleurs étaient donc réelles.

    — Mais qu’est-ce qu’il essaie de me dire celui-là ! se dit-elle, en déposant une compresse d’eau froide sur son œil blessé. 

    Elle n’en était pas à son premier voyage avec Monsieur Henri, mais jamais aucun ne se terminait ainsi.

    Elle vit une ombre passée derrière elle.

    J’aimerais tellement être quelqu’un d’autre ! soupira-t-elle en fermant les yeux.

    Une larme coula sur sa joue.

    Élo traina les pieds jusqu’à l’école. D’une démarche lente et pesante, elle finit par arriver au coin du stationnement de la polyvalente. L’année scolaire se terminait bientôt et sa vie d’étudiante au secondaire aussi. Grande étape qui devait la mener au Cégep. Élo y était bien inscrite, mais ne savait pas quoi faire de son avenir. Le néant l’attendait en septembre ! disait-elle en blaguant à ses cousins Tristan et Chloé lorsqu’ils se réunissaient dans sa chambre pour parler de tout et de rien.

    Ils étaient jumeaux. Cousins et jumeaux d’Élo, mais surtout ses meilleurs amis. Ils avaient été quasiment plus souvent ensemble durant leurs enfances qu’Élo et sa propre sœur Emma. Sa grande et unique sœur âgée de trois ans de plus qu’elle. Bien qu’elles vécussent sous le même toit, Emma n’était pas souvent à la maison. Elle était du genre à avoir besoin de plus de 24 heures dans une journée pour pouvoir tout faire. Comme si elle était poussée par une urgence de vivre, elle avait décidé qu’être à la maison était passé de mode. Elle avait obtenu son permis de conduire aussitôt qu’elle eut ses 16 ans et Élo, qui ne la voyait déjà pas beaucoup, ne la voyait que rarement désormais. Elle entretenait donc une timide relation avec sa grande sœur.

    Plus jeunes, elles avaient partagé quelques activités et Élo pouvait même certifier que, durant un court moment, elles étaient comme deux sœurs siamoises. Malgré leurs différences d’âge, elles avaient entretenu une belle et franche complicité qui n’avait duré que quelques mois, après la disparition de leur père. Comme si elles avaient eu besoin l’une de l’autre, elles s’étaient soutenues dans la tristesse et l’ignorance qu’elles partageaient, essayant du mieux qu’elles le pouvaient de s’adapter à leurs nouvelles vies.

    Elle est trop différente de moi pour avoir des affinités et même être ma sœur ! 

    De toute façon, je suis désormais sûrement très bizarre à ses yeux, répondait-elle chaque fois à sa mère, lorsqu’elle discourait sur le grand thème de la famille. Un jour, je suis convaincue que vous aurez besoin l’une de l’autre ! finissait-elle toujours par lui répondre.

    Ouff ! C’est tellement lourd !

    Mais comme chaque fois, elle ne laissait rien paraître, pour ne pas faire de la peine à sa mère. Un sentiment de dégoût et d’infinie tristesse l’enveloppa. Comment peut-elle parler de famille lorsqu’il n’y a pas de papa ? Une famille c’est avec une mère et un père. Pas juste une mère et ses filles, se dit-elle en se mordant la lèvre du bas presque au sang.

    Maudit sois-tu, espèce de faux père !

    Elle entra dans la cour arrière de la polyvalente. Les autobus se stationnaient l’une derrière l’autre, laissant sortir les étudiants tantôt turbulents ou un peu trop heureux d’aller à leurs cours, tantôt endormis et marchants comme des zombies jusqu’à l’entrée de l’école.

    Tristan et Chloé étaient déjà arrivés depuis un bon moment et s’étaient collés à un groupe d’amis qu’Élo reconnus presque juste à leurs cris et leurs drôles de commentaires. Attroupés et excités, quelques-uns semblaient regarder un vidéo sur un téléphone cellulaire. Il devait être très amusant puisqu’elle les entendit s’esclaffer de rire. Certains fumaient, d’autres textaient. Ils ne la virent donc pas arriver. Chloé leva la tête et la vit apparaitre au loin. Son visage s’éclaira pour ensuite laisser place à une inquiétude qu’elle eut du mal à dissimuler. Elle se dégagea du petit groupe pour aller la rejoindre. Tristan, qui avait remarqué l’angoisse de sa sœur, les rejoignit, quelques secondes plus tard.

    — Woooo ! Élo, mais qu’est-ce qui t’es arrivée ? Ton œil ? s’exclama Tristan, un peu trop fort. 

    Élo le dévisagea en anticipant la suite. En effet, en quelques secondes, presque tout le groupe se retourna pour essayer de comprendre ce qui se passait.

    — Pouahhh ! Élo, t’es-tu battue ? cria Morneau en pointant son œil. 

    Tous s’esclaffèrent. Comme un troupeau, le groupe s’avança doucement vers elle en riant et en gesticulant. Morneau était la grande gueule du groupe. Il aimait rire, mais surtout rire des autres. Charlotte Tremblay et Amy Sauvageau regardèrent Élo, inquiètes.

    — Est-ce que ça va aller Élo ? Que t’est-il arrivé ? dit Charlotte en se retournant vers elle. 

    Comme à son habitude, elle prit une mèche de ses cheveux et la tourna doucement entre ses doigts et fit une grosse bulle avec sa gomme. En entendant le bruit de claquement qu’elle venait de faire, elle pouffa de rire. Sans attendre sa réponse, elle gloussa de plus belle.

    — Je me suis frappé la tête sur une porte ! Je vais bien ! répondit-elle en baissant la tête comme pour dissimuler son mensonge.

    — En tout cas, tu ne t’es pas manqué ! ajouta Morneau en riant, comme pour étirer le spectacle.

    Tous se mirent à rire, sauf Tristan et Chloé qui prirent Élo par le bras et se dirigèrent avec elle vers l’entrée de l’école. En ouvrant la porte d’entrée, Élo crut entendre une voix plus que familière. Celle de Nathan. Elle ne l’avait pas revu depuis quelques semaines. Sa mère était décédée d’une longue maladie. Levant discrètement les yeux, elle l’examina. Il était aussi beau que la dernière fois qu’elle l’avait vu dans son cours de science. C’était lui, mais… Il avait quelque chose de différent. Une pâle absence d’émotion dans son regard. Quelque chose qui n’était pas là auparavant. Elle était douce et subtile, mais semblait tellement lourde à porter.

    Élo soupira. En s’obligeant à entrer à l’intérieur de l’école, elle ne verrait pas cette petite lueur qui semblait vouloir attirer son attention. En se retournant, elle la perçut, bien malgré elle, par la fenêtre de la porte vitrée. Une présence l’accompagnait. C’était bien elle, c’était sa mère. Élo la sentait. Elle avait déposé sa main sur une des épaules de Nathan, et l’avait enveloppé d’une belle lumière blanche et translucide. Elle veillait sûrement sur lui. Élo sentit son cœur se contracter. 

    Oui ! Tout est bien revenu !

    Pas à moitié, mais en totalité et il lui sembla que c’était encore plus fort. Elle l’avait bien ressenti en Nathan. Comme devant un gigantesque écran, elle voyait chaque détail de sa peine et de sa détresse qu’il cherchait à cacher. Étalés et bien exposés, elle le ressentit comme un coup de poignard au cœur. Les émotions des terribles événements qu’il avait vécus et les efforts qu’il avait dû faire pour accepter l’inacceptable.

    — Merde, je ne veux pas voir ça ! Merde, merde, merde ! siffla-t-elle entre les dents.

    Elle se dirigea à son casier sans regarder ses cousins qui la dévisageaient. C’était inutile de poser des questions, ils savaient ce qui se passait ou du moins s’en doutaient. Chloé grimaça et regarda son frère. Elle lui mima discrètement d’essayer de dire ou de faire quelque chose.

    Chloé ne parlait pas beaucoup. Elle ne parlait presque jamais en fait. Discrète, c’était le cerveau du trio. Se sentant de trop partout, elle laissait son frère faire le travail. Véritable bouffon, il ne manquait pas une occasion de blaguer. Pour lui, la vie n’était qu’un jeu... Et pourquoi ne pas la pimenter d’humour !

    — La porte c’était rigolo, mais avoue que tu t’es pris les pieds dans tes draps ce matin en sortant du lit ? lâcha-t-il comme pour initier la conversation.

    Il savait qu’il allait se faire répondre du tac au tac par Élo, mais il était prêt. La joute verbale pouvait commencer.

    Élo ne répondit pas.

    Étrange.

    Elle, qui a généralement la langue bien pendue, ne manquerait pas la belle occasion de boucher son cousin. Élo se contenta de les regarder et ferma son casier.

    Tournant les talons, elle lâcha presque en chuchotant :

    — C’est revenu !

    Tristan et Chloé se regardèrent, surpris.

    Boummm !

    Cela eut l’effet d’une bombe. Surpris, mais soulagés de savoir enfin ce qui la tenaillait, ils coururent derrière elle pour essayer de la rattraper. Chloé arriva la première. Elle se plaça volontairement devant sa cousine, la forçant à s’arrêter au beau milieu du grand escalier les menant à leur premier cours. Elle tira doucement son bras pour l’emmener loin des étudiants qui essayaient de monter et de descendre en vitesse pour ne pas être en retard en classe. Chloé se tourna vers sa cousine, elle prit doucement son visage entre ses mains et plongea ses yeux dans ceux d’Élo. Sans dire un mot, elle cherchait quelque chose dans son regard. L’infime lueur d’un malentendu ou du moins d’une mauvaise compréhension de ces quelques mots, lourds de conséquences ! Élo ferma les yeux doucement et sentit des larmes couler sur ses joues. Elle s’écarta doucement d’elle et sans rien dire, elle monta lentement les marches menant à son cours de mathématiques.

    Tristan arriva sur l’entre-fait. Il regarda sa sœur sans parler et tous les deux la suivirent du regard, monter les quelques marches restantes, l’amenant à son cours. Il n’y avait pas d’ambiguïté, Élo l’avait confirmé. Ils savaient qu’à un moment ou à un autre, Monsieur Henri reviendrait. Tristan se gratta la tête et prit sa sœur par le cou. Il se devait d’être là pour elle… Encore une fois.

    Même s’il ne comprenait pas tout ce qui lui arrivait, il se devait de l’écouter et de l’aider. Chloé regarda son frère en se frottant les lèvres du revers de sa main libre. Des souvenirs récents remontaient déjà.

    Elle soupira.

    Chloé était dans la même classe qu’Élo et alla donc la rejoindre quelques minutes après l’épisode des escaliers. En entrant dans la classe, elle la dévisagea en silence.

    Pourquoi s’inquiète-t-elle outre mesure pour tout ce qui se passe ? Elle est ma meilleure amie et ma confidente ! C’est vrai qu’ils avaient été témoins de plusieurs événements et tragédies, elle, Tristan, et cela… Malgré eux.

    La dernière et la plus récente avait été particulièrement difficile. Ils avaient été témoins du passage de leur grand-mère de l’autre côté du miroir. Elle était décédée l’année précédente d’une longue maladie. Ils étaient tous présents, lorsque leur grand-mère les avait quittés puisque sa famille la veillait, et ce, depuis quelques jours. Lorsque son âme quitta son corps physique, au moment précis où tout était fini, ils avaient été témoins d’un magnifique spectacle. Ils étant elle, Tristan et Chloé. Pourquoi seulement eux ? Élo lui avait répondu ne pas savoir pourquoi seulement les enfants avaient pu être témoins de ce spectacle assez particulier. Ils virent l’âme de leur grand-mère s’extirper tout doucement de son corps qui était couché dans son lit et flotter au-dessus d’eux. À ce moment, Élo ne savait pas et n’avait pas compris que ses cousins étaient témoins de ce qui se passait. À voir leurs visages figés, elle sut tout de suite que quelque chose clochait.

    Tristan avait crié.

    — Mamie ! C’est bien toi ?

    Chloé avait vu le même spectacle que lui. C’était véritablement la première fois. Ils étaient les oreilles qui écoutaient les aventures d’Élo, mais jamais ses cousins n’avaient été témoins de quelque chose de semblable.

    Élo leur avait raconté avoir vu Monsieur Henri apparaître doucement tout près

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