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Être Mystique
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Livre électronique448 pages4 heures

Être Mystique

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À propos de ce livre électronique

Être Mystique : Une aventure à ne pas réserver à quelques saints. Avec Jean de la Croix et Thérèse d’Avila elle devient un chemin ouvert à tout chrétien. Notre foi au quotidien connaît des hauts et des bas, des jours de fête et des nuits obscures… Nous avons bien besoin de guides.
LangueFrançais
Date de sortie8 juil. 2013
ISBN9782312011882
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    Aperçu du livre

    Être Mystique - Christian Alexandre

    cover.jpg

    Être Mystique

    Christian Alexandre

    Être Mystique

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Edouard Nieuport 92150 Suresnes

    Du même auteur

    Être mystique, Toulouse, Christian Alexandre, 1993 (épuisé)

    Être mystique, à l’école de Thérèse d’Avila et Jean de la Croix, Paris,

    Les Éditions du Cerf, 1994 (épuisé)

    Ser místico, en la escuela de Teresa de Ávila y Juan de la Cruz, Burgos,

    Monte Carmelo, 2008

    Oser des Projets, Paris, Les Éditions de l’Atelier, 1996

    Le Malgache n’est pas une île, Antananarivo, 2003

    Violences Malgaches, Antanarivo, 2007

    Sorties de Violences, Les éditions du net 2012

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-01188-2

    Avertissement

    L’histoire de cet ouvrage comporte bien des rebondissements. Il a d’abord été distribué à quelques centaines d’exemplaires sous forme de photocopies artisanales.

    Sous la pression amicale de Maurice Puech et de François Barès, imprimeur, il est devenu un livre dont le tirage a été épuisé en quelques mois. Maurice Puech était prêtre capucin et peintre dans la région de Toulouse, longtemps en résidence à Villeneuve Tolosane. Par amitié, il a émaillé cette première édition d’une multitude de petits dessins qu’il crayonnait, au gré de son inspiration et au fur et à mesure que je lui présentais ce que j’écrivais. Il est décédé en juin 2003.

    Les Éditions du Cerf ont accepté de reprendre le projet, et c’est ainsi qu’est parue une édition de poche illustrée en couverture par Claire Bretécher, mais dépourvue des dessins de mon ami Maurice.

    J’ai ensuite été avisé de la traduction de mon livre par Jesús Tabarés Vásquez et de sa parution aux Éditions Monte Carmelo en 2008.

    Comme l’ouvrage n’est plus disponible à la vente en version française, j’ai décidé de le republier avec les Éditions du Net en reprenant les dessins de Maurice qui introduisent un peu de fantaisie dans ce sujet qui pourrait être austère. Pour illustrer la couverture, je me suis servi d’un tableau représentant Avila que Maurice Puech avait accepté de me vendre. Ávila, tierra de cantos y santos, dit-on dans cette région d’Espagne, Avila terre des pierres et des saints… curieux rapprochement qui fait penser aux questions que pose la mystique quand elle superpose la sécheresse apparente du nada, du rien, avec la passion amoureuse pour Dieu, antagoniques comme l’eau et le feu. Dans son tableau, Maurice a voulu donner une grande place à ces Cantos à la fois rochers qui parsèment la plaine et pierres des murailles d’Avila dont la verticalité lui rappelait les saints de la ville, tendus vers le ciel.

    La photo de ce tableau a été prise par Philippe Guilbaud (Ossau Photo Arudy).

    Préface

    Par obéissance et amitié, j’ai accepté d’écrire une préface au livre de Christian Alexandre. J’écarte toute pensée de vanité du pauvre pédagogue que j’ai été, trente-cinq ans plus tôt, apprenant b.a. -ba à un petit élève appliqué et curieux de tout. Porteur déjà de ce désir mystérieux de vivre pour Dieu : « fraîcheur de la foi de l’enfant, totale, affective, inconstante et fragile … Dans la foi en Dieu, comme dans les autres domaines, le passage vers la vie adulte est difficile » (p.21).

    Mais comment ce fils de militants, ce prêtre pour le monde ouvrier a-t-il pu s’embarquer dans la lecture de Jean de la Croix et de Thérèse d’Avila ?

    Ceux qui prendront ce livre en sauront davantage sur ce point. Christian Alexandre pense qu’il s’inscrit dans une longue lignée, celle de cet aumônier de J.O.C. qui invitait son père à lire Jean de la Croix, celle de ces croyants qui, avant lui, avaient eu l’audace de proposer la « mystique » pas toujours adroitement mais avec conviction. Elle les faisait vivre et il leur semblait qu’il ne fallait pas la réserver à quelques religieux cloîtrés. Alors ils se sont lancés : « Je voudrais suivre leur exemple. » (p.19).

    Ce livre est d’abord  - pour étoffer notre savoir – une petite encyclopédie sur Jean, sur Thérèse et sur des points de leurs réflexions qui méritent éclaircissements.

    Des « encadrés », insérés dans le texte, donnent des dates, des précisions historiques, bibliographiques. L’auteur nous accueille comme des personnes qui ne savent pas grand-chose, qui veulent savoir, et il a raison.

    Il est aussi une petite anthologie, des poèmes, des pensées, des réflexions des deux grands maîtres. L’auteur s’efface alors et nous invite à nous rafraîchir à la source même, pour nous donner le goût d’en lire davantage.

    Sans cesse reparaît le prêtre, l’aumônier dont toute la vie est et a été un compagnonnage avec les jeunes. Les citations méritent le même graphisme que Jean et Thérèse … (et c’est significatif). Ainsi Marie-Thérèse : « pendant la maladie j’ai été affrontée au silence de Dieu, le vide, le trou, douter de Dieu » (p. 123).

    « Je me suis cramponnée au Notre Père, que je disais heure par heure, minute par minute et à la présence eucharistique dans la foi … » (p. 166) ou l’histoire de Karima (p. 188), de Marie-Cécile (p. 201) ou d’Hélène (p. 202-203). Non, l’imagination ne peut bâtir de telles paroles « quand il s’agit de paroles divines, l’âme est comme une personne qui les entend, tandis que quand il s’agit de paroles qui viennent de l’imagination, elle est considérée comme une personne qui compose peu à peu ce qu’elle veut qu’on lui dise » (Thérèse, p. 204).

    Maintenant, à vous de le lire : à petites gorgées ou d’un seul trait, pour découvrir que Jean de la Croix et Thérèse d’Avila, témoins de l’inaccessible, nous révèlent aussi « des chemins sur lesquels tous les croyants se retrouvent un jour ».

    Christian Alexandre a raison : « Qui n’a pas eu le cœur brûlant d’amour ? Qui n’a pas été désemparé dans une foi dont les contours s’estompent ? Qui n’a pas été surpris par ces mouvements intérieurs ? »

    Ce beau livre sera pour chaque moment de la vie, un ami, une référence, un bréviaire.

    Être mystique n’est jamais un état mais un appel.

    Pierre GRENIE

    Vicaire général de Bordeaux, 1993

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    Avant-propos

    Parler de la mystique simplement n’est pas une mince affaire, surtout si on a l’intention de montrer que c’est une voie ouverte à tous les croyants. Ses théories ne font pas peur : il n’y en a pas énormément. Le mouvement de recul vient surtout des expériences que l’on imagine vécues par les mystiques et de la personnalité de ces hommes et de ces femmes.

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    Je voudrais dans ces pages nous mettre à l’école de saint Jean de la Croix et de sainte Thérèse d’Avila : autant prendre les plus grands… Le but est d’apaiser un certain nombre de nos craintes et de susciter en nous l’envie de nous mettre en marche.

    Peut-être manquez-vous d’enthousiasme ? Ne dit-on pas d’habitude de quelqu’un qu’il est mystique quand il n’a pas les pieds sur terre… certains décollent même du sol… Je voudrais montrer au contraire que beaucoup d’expériences de Jean et de Thérèse rejoignent des événements de notre vie. Ils ont des extases, nous vivons également des moments qui s’en approchent ; ils ont des élans vers Dieu qui les poussent à agir, nous aussi ; ils ont des grands trous noirs qui les désorientent, nous n’en manquons pas… les témoignages qui parsèment ce livre en sont l’illustration.

    Pourquoi choisir deux personnages aussi impressionnants que Jean et Thérèse pour nous guider ? D’abord parce que lorsqu’on entre dans leur intimité, ils font moins peur, on découvre leurs aspects humains. Ensuite parce que, même exceptionnels, ils sont passés avant nous et nous ont ouvert des routes. Ils ont su expliquer leur cheminement, ce qui n’est pas le cas de tous les grands saints, et grâce à eux nous voyons loin devant.

    En montagne, quand la voie conduisant au sommet est difficile, certains ne parviennent pas jusqu’en haut. Pourtant, chacun peut s’engager sur les chemins et voir le but de plus ou moins loin selon ses forces… à condition que les voies soient balisées, c’est-à-dire que quelqu’un ait laissé sa trace. Jean et Thérèse ont fait le récit de leur itinéraire spirituel afin que nous puissions nous y reconnaître et que leur acquis nous serve de guide dans les moments douloureux comme dans les temps forts qui nous bouleversent parfois.

    Après eux, nous n’aurons pas assez de toute notre vie pour arriver au bout de la course qui ne s’achèvera que dans l’au-delà. Mais leur témoignage nous montre que l’expérience mérite d’être vécue.

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    Introduction

    Jean et Thérèse nous impressionnent et pourtant nous sommes de la même famille. Ils sont nos grands frères puisque nous avons les mêmes parents. Cela ne crée-t-il pas des liens d’être, comme eux, Fils de la Terre, Fils de l’Homme et Fils de Dieu ? La foi, selon les mystiques, prend l’homme dans toutes ses dimensions. Or nous comprendrons pleinement qui nous sommes si nous prenons en compte nos trois filiations : terrestre, sociale et divine, sans les séparer. Oublier un élément serait nous mutiler. Aussi vérifierons-nous tout au long de notre recherche si la mystique reprend l’ensemble de ce qui fait de nous des hommes, Fils de la Terre, Fils de l'Homme et Fils de Dieu.

    FILS DE LA TERRE

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    Fils de la Terre, nous le sommes, nous avons été formés au cours des millénaires, depuis l'explosion initiale, et sans doute bien avant, dans ce fantastique laboratoire de la vie qui nous a vu émerger progressivement de l'univers et de la terre. Nous avons puisé dans la nature et nous y puisons encore l'être et la subsistance, elle est notre mère et notre nourricière. Nous sommes attachés à l'univers et nous en sommes solidaires comme la branche dépend de l'arbre. Nous en sommes un fruit étrange qui se demande s'il est unique, qui ne sait s'il était programmé et découvre qu'il doit respecter celle qui lui donne la vie. C’est d’elle que notre chair est issue, fruit d'une maturation lente et extraordinaire.

    FILS DE L’HOMME

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    Que nous soyons Fils de l'Homme, nous ne pouvons pas le nier. La famille humaine s’est formée au long des siècles de civilisations, dans les temps forts et les désastres de l'histoire, et c’est en elle que nous avons vu le jour. Elle nous a portés, imprimant dans notre chair, au long de notre constitution, des traces indélébiles qui font de chacun cet être unique, intégré dans une société particulière. Nous avons tiré de cette dernière une part du trésor accumulé au cours des siècles, afin de nous façonner une individualité. Nous devons ce que nous savons et ce que nous sommes à ces hommes vivants ou morts, dont nous avons tout reçu. Ils nous nourrissent par leurs écrits et leurs enseignements, nous profitons de leurs découvertes. Avec eux nous dialoguons, nous construisons notre vie et à leur suite, nous poursuivons l’élaboration des sociétés dans une histoire. La société des hommes est notre deuxième mère : elle nous donne la vie, elle aussi, et modèle notre chair en nous permettant de nous construire comme hommes.

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    FILS DE DIEU

    Nous sommes aussi Fils de Dieu, c'est du moins ce que disent les croyants de toutes sortes dont je suis. L’affirmation n’est pas du même niveau que les précédentes. Elle vient dans le prolongement de l’engagement vital qu’on appelle la foi et qui n’est pas le fait de tous. Pourtant, elle s’impose à qui se sent aspiré vers l’avant par ce Dieu qui nous donne la vie. Le croyant en parle avec une claire assurance, mais non dépourvue d’interrogations.

    Dieu a modelé notre chair comme une mère. La Bible le dit à sa manière imagée dès son premier livre, la Genèse, il nous a façonnés dans le ventre de notre mère la Terre et tout au long de l'histoire des hommes. Il nous a parlé, il s'est révélé à des témoins qui ont transmis ce qu'ils ont découvert de lui. Il aime chacun dès le sein de sa mère, donne encore la vie et l'amour qui nous portent au fil des jours sombres et des jours de joie. Il est présent à ma vie, mystérieux mais fidèle, venant parfois à ma rencontre pour disparaître bientôt, me laissant dans le désarroi. Il m'a formé et me forme encore par la Parole de son Fils qui parle de lui, me guide et m'invite à le suivre. Dans ce livre, je voudrais raconter comment cette filiation se vit dans une histoire.

    Notre gloire est dans notre triple origine, mêlant le divin, l’humain et le terrestre ; un combiné unifié au point qu'il est impossible de tracer les limites de chacune de ces appartenances. Comme l'on dit d'un enfant qu'il tient de son père et de sa mère sans entendre par là qu'il est fait de deux morceaux accolés, l'homme tient de ses trois parents. Chacun lui a transmis une part de son être pour qu’il devienne un univers particulier, un combiné unique et désormais impossible à dissocier. Les manières de Dieu sont discrètes, mais, par la présence active de son amour, il poursuit son œuvre de Création en chacun de nous.

    ASSUMER NOS ORIGINES

    On embarrasse beaucoup un enfant en lui demandant celui qu'il préfère de son père ou de sa mère et, quand malheureusement il est contraint de choisir, il se prive d'une part de lui-même, même si les traces laissées en lui ne disparaissent pas. L'homme ne saurait choisir entre ses mères qui lui ont donné le jour en lui transmettant une partie de leur patrimoine. Aucun scalpel ne retrouvera jamais les éléments originels. Nous sommes un matériau composite. Dans chaque fibre apparaît notre unité, quoi que nous fassions.

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    Pourtant nous en doutons parfois, nous prétendons nous dégager d'un corps qui serait un « tombeau », afin de nous élever à la vie spirituelle soi-disant plus « noble ». Nous rêvons de quitter les « lourdeurs » de notre chair et de gagner une vie intellectuelle, nous souhaitons nous détacher de nos origines terrestres et sociales pour trouver notre « nature réelle » et aller vers Dieu, purs de nos « souillures ». Mais nos sources humaines et terrestres, loin d’être des tares, sont notre chair et l’oublier nous dénature.

    La spiritualité fait l’unité

    La spiritualité prend en compte notre humanité. Elle considère la foi comme une vie avec Dieu, pris comme guide de notre existence quotidienne. Elle te concerne donc directement toi qui pries —même mal et avec difficulté…

    Pour l’expliquer, la théologie et les sciences bibliques parlent du contenu de foi accumulé par des siècles de christianisme. La spiritualité raconte plutôt comment chaque croyant intègre ce trésor dans son histoire. Elle ne définit pas des contenus à apprendre mais part de biographies riches en rebondissements, en obscurités et en rayons de lumière qu’elle propose à l’imitation.

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    Il y a obligatoirement plusieurs types de spiritualité impossibles à hiérarchiser puisque chacun est enrichissant à sa façon. L’amoureux de la nature priera avec ce qui l’émeut en elle, celui qui aime les livres partira souvent des idées ; le moine dans son monastère ne vit pas la foi à la manière du travailleur qui lui fait une visite et avec lequel il partage un moment les richesses de sa communauté ; le couple animé par l’amour ne peut calquer sa vie de foi sur celle du prêtre qui gère différemment son affectivité… La spiritualité dépend de la vie et de la personnalité de chacun.

    Les spiritualités se regroupent en plusieurs familles, souvent autour d’un grand fondateur. Toutes ont produit des chrétiens exceptionnels. Je me suis attaché ici à une spiritualité particulière : la mystique. Je l’ai choisie parce que je la connais mieux que d’autres et aussi parce qu’elle fait place à la triple filiation terrestre, humaine et divine que je viens d’évoquer.

    img10.png Les termes de « spiritualité » ou « vie spirituelle » désignent l’ensemble des croyances et pratiques qui découlent de notre attachement à Dieu : tout ce que nous disons, croyons ou faisons parce que nous sommes chrétiens, notre « pratique religieuse » en un sens très large. Chacun a la sienne mais beaucoup de croyants se rattachent à une « famille spirituelle » qui inspire leur manière de croire. Il existe plusieurs familles importantes.

    La famille bénédictine est constituée de ceux, religieux ou non, qui sont proches de la règle de vie instaurée vers 529 par saint Benoît au monastère du Mont Cassin en Italie. La règle est austère mais conduit à une vie équilibrée, alternant les temps de prière, de travail manuel et intellectuel, de repos et les repas.

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    La famille franciscaine se réfère à saint François d’Assise qui a vécu en Italie également, de 1182 à 1226. Fils d’un riche marchand, il a rompu avec son milieu d’origine pour vivre pleinement la pauvreté évangélique dont il a fait l’une des caractéristiques de son ordre. Son âme de troubadour s’est exprimée par le « Cantique du soleil ou des créatures » dans lequel il montre combien la nature avait de l’importance dans son rapport à Dieu. Il a d’ailleurs été donné comme patron aux écologistes.

    Les Dominicains, fondés par saint Dominique au XIII° siècle, vivent en communauté et s’orientent surtout vers la liturgie, l’étude et l’annonce de la Parole de Dieu.

    Citons encore les Jésuites, fondés par Ignace de Loyola, un Basque, en 1534. L’ordre est orienté vers la formation des dirigeants mais les Jésuites sont aussi proches des milieux simples. Ignace a laissé des « Exercices spirituels » qui sont un guide à la fois concret et précis pour des retraites de plus ou moins longue durée.

    La famille des Carmes est celle que nous voulons découvrir ici. Sa règle dite « Règle primitive de l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel », donnée par le bienheureux Albert, patriarche de Jérusalem, confirmée en 1247 par le pape Innocent IV, est réformée par Jean de la Croix —premier couvent fondé en 1568. Les Carmélites, le correspondant féminin, avaient été réformées en 1562 par Thérèse d’Avila. Les Carmes font partie avec les Dominicains et les Franciscains des « ordres mendiants », c’est–à-dire de ceux qui recherchent la pauvreté au point d’accepter de dépendre des dons leur venant de l’extérieur.

    Une spiritualité : la mystique

    img12.png Le mysticisme « est l’ensemble des croyances et des pratiques se donnant pour objet une union intime de l’homme et du principe de l’être (divinité) […] Mysticisme chrétien, islamique, bouddhiste. » (le petit Robert)

    Rudolf Otto distingue :

    La mystique d’Orient qu’il qualifie de « froide » parce qu’elle est l’effort de l’homme qui essaie de se libérer de tout ce qui est entraves en lui pour atteindre la libération totale personnelle. Dieu est celui dans lequel on se fond ou même avec qui on n’a aucun rapport. Certains mystiques d‘Orient ne croient même pas en son existence. Il existe en particulier un « Yoga avec Dieu » et un « Yoga sans Dieu ».

    img13.png La mystique d’Occident est « chaude » parce qu’elle est passionnée par son rapport à Dieu. La purification intérieure n’est que le chemin pour devenir son intime en passant par-dessus la distance infinie qui nous en sépare. Le mystique chrétien est particulièrement impliqué dans son lien à Dieu et vit avec passion ses périodes sombres comme ses expériences fortes d’union.

    Dénonçons d’abord quelques préjugés. Si un mystique n’a pas les pieds sur terre ou voit seulement le bon côté des choses, je n’ai pas envie de suivre son exemple. Je ne suis pas plus attiré par le sensationnel, les extases, les séances de lévitation ou les phénomènes miraculeux. Je ne souhaite pas aller chercher en Orient le remède à mes lassitudes ou à mes agacements devant les lenteurs de l’Église. En tant qu’Européen, je préfère les expériences proches de ma culture.

    Depuis longtemps la mystique m’interroge, elle m’attire et, comme ma vie n’a rien d’extraordinaire, j’ai mis longtemps à comprendre pourquoi. Le jour de ma communion solennelle, ma voisine, une pieuse personne, m'offrait les œuvres complètes de saint Jean de la Croix et celles, tout aussi complètes, de sainte Thérèse d'Avila. J'ai mis trente ans à en achever la lecture … Le premier aumônier de JOC de mon père l'a invité à lire Jean de la Croix : non sans difficulté, il a lu la Montée du Carmel —livre bien austère pour quelqu'un de cet âge …

    Ainsi des croyants avant moi ont eu l’audace de proposer la mystique, pas toujours adroitement mais avec conviction. Elle les faisait vivre et il leur semblait qu’il ne fallait pas la réserver à quelques religieux cloîtrés ; alors ils se sont lancés. Je voudrais suivre leur exemple.

    LA MYSTIQUE REJOINT NOTRE EXPÉRIENCE

    Il faut définir la mystique mais je vais faire encore un détour pour la situer dans l’ensemble des manières de croire. Peut-être vous demandez-vous : « la mystique me concerne-t-elle ? » Je crois que nous en vivons tous à certains moments. Tout le monde n’est pas obligé d’être mystique, cette voie a même été souvent suspectée et elle n’est pas supérieure à d’autres, elle nous rejoint pourtant dans plusieurs aspects de nos existences.

    Nos moments d’enthousiasme

    Quand notre adhésion à Dieu semble fade, nous cherchons des sentiments, des émotions, des communautés chaudes et des célébrations susceptibles de nous insuffler des forces nouvelles. Dans ces moments, la prière nous fait chaud au cœur et notre foi semble profonde et vraie. Nous avons tendance à juger la sincérité de notre foi d’après l’intensité de nos impressions

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