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La Déposition - Tu sais bien que je t'aime: Parcours spirituel à l’école de saint François d’Assise
La Déposition - Tu sais bien que je t'aime: Parcours spirituel à l’école de saint François d’Assise
La Déposition - Tu sais bien que je t'aime: Parcours spirituel à l’école de saint François d’Assise
Livre électronique378 pages5 heures

La Déposition - Tu sais bien que je t'aime: Parcours spirituel à l’école de saint François d’Assise

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À propos de ce livre électronique

Prendre contact avec Dieu vaut mieux que savoir Dieu.

La Déposition est le fruit d’un long cheminement personnel, d’une démarche de foi et d’une expérience de vie animée par la spiritualité franciscaine. Enraciné dans les Écritures et la tradition des Pères de l’Eglise, il nous fait découvrir, par une approche mystique mais aussi théologique, que le fardeau le plus lourd peut se transformer en joie à condition de le déposer sous le regard du Christ, dans une totale confiance. Profondément humain, il met en évidence le chemin du pauvre qui dit à Dieu : « Je ne comprends pas. Je n’ai pas l’intelligence suffisante. Je n’ai pas le cœur assez ouvert. Apprends-moi. » Prendre contact avec Dieu vaut mieux que savoir Dieu. Il témoigne avec force que Dieu, dans son immense tendresse, veut combler le « pauvre » parce que c’est son enfant. Enfin, il nous signifie d’où peuvent venir le bonheur et la paix. Ce livre nous surprend par son originalité et son audace car, centré sur la relation de Dieu à l’homme et sur la rencontre avec le Christ, il se veut le témoin de la spiritualité du désir : désir de vie, désir de l’homme pour Dieu et désir de Dieu de rencontrer l’homme dans une relation d’amour.

Plongez dans un ouvrage empli de spiritualité, original et audacieux, qui est centré sur la relation de Dieu à l'homme et la rencontre avec le Christ !

EXTRAIT

Nous avons peur quand la souffrance nous blesse. Nous avons peur de faire de mauvais choix et de nous égarer. Nous avons peur de la vérité et même, peur d’avoir peur. Nous fuyons l’amour parce que nous avons été blessés ou seulement par peur d’être blessés. Ces peurs qui sont viscérales viennent de nos profondeurs et nous font porter des jugements dont nous nous servons comme une mise à distance et une protection illusoire. On ne peut voir clairement ce qui est, qu’après avoir dépassé la peur et alors nous pouvons agir véritablement, c’est-à-dire oser la vie consciemment. Seule une « volonté spirituelle lucide », grâce venant de la Miséricorde de Dieu, peut nous libérer de nos peurs. Dans le cas contraire, nous vivons avec elles de la naissance à la mort et elles nous paralysent. Nous projetons notre paralysie sur l’autre par l’intermédiaire de notre jugement et si l’autre n’y prend garde, il se laisse aliéner. La peur est un danger mortel pour l’âme.

A PROPOS DE L'AUTEUR

Suzanne Giuseppi Testut est tertiaire franciscaine et auteur de plusieurs ouvrages liés à la spiritualité de saint François d’Assise : Les mouvements intérieurs de l’âme (2011), François d’Assise, prophète de l’extrême (2015). Elle accompagne de nombreuses personnes et communautés religieuses.
LangueFrançais
Date de sortie13 juin 2018
ISBN9782853139533
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    Aperçu du livre

    La Déposition - Tu sais bien que je t'aime - Suzanne Giuseppi-Testut

    À mes parents.

    « Nous t’avons désirée »

    À ma sœur, sœur Marie-Claire

    Pour son amour et sa fidélité.

    Pour l’immense part qu’elle a

    dans mon cheminement

    à la suite du petit pauvre d’Assise.

    Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos pour vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau léger (Mt 11,28-30).

    REMERCIEMENTS

    J’exprime ici ma gratitude à tous ceux qui ont permis à ce livre de voir le jour, et en particulier :

    Mgr Pierre Amourier. Seul, le souci de respecter son immense discrétion, me retient de dire tout ce que ce livre lui doit.

    Monsieur le chanoine Jean Estrade, pour sa confiance, son soutien sans failles et en particulier pour son aide à l’organisation de mes sessions-retraites.

    Mon père spirituel, père Philippe Dautais, qui m’a fait découvrir la patristique et les richesses de la chrétienté orientale.

    Sœurs Dominicaines de Sainte-Marie-des-Tourelles à Saint-Mathieu-de-Tréviers, qui ont été les premières à accueillir mes sessions et n’ont cessé depuis d’y apporter leur concours spirituel.

    Père Georges Cottin, s.j., qui m’a toujours encouragée.

    Tous les participants à mes sessions qui ont contribué par leur confiance, leurs témoignages, leurs interrogations, leur évolution et leur beauté, à la réalisation de ce livre.

    Enfin, j’exprime toute ma reconnaissance à tous ceux et celles que le Seigneur m’a confiés dans l’accompagnement. Nourrissant ma prière depuis des années, ils ont une part importante dans mon propre cheminement et dans « la déposition ».

    PRÉFACE

    C’est un grand, étonnant et très « franciscain » livre que nous offre Suzanne Giuseppi Testut.

    Il est grand d’abord par le nombre de ses pages réparties en huit chapitres aux claires subdivisions, suivis de huit méditations et trois annexes. Il l’est surtout en raison de la richesse de son contenu. Il livre, en effet, une double expérience : l’humble et quotidien vécu humain, principalement dans sa dimension relationnelle, constamment mis en rapport avec la Parole de Dieu – Écriture, Évangile – et avec l’éclairage que lui apporte la longue Tradition de la vie et réflexion chrétiennes.

    Ce n’est pas pour rien que l’auteur s’est occupée tout au long de sa carrière, de formation et de relations humaines. Elle connaît de près ce qu’est la vie avec ses grandeurs, ses limites et ses bassesses ; en parle avec intuition et compétence psychologique hors pair, en vraie « moraliste » d’aujourd’hui. Et cette expérience de l’humain est sans cesse rapportée à sa dimension spirituelle et confrontée avec elle.

    Ainsi, chaque fois qu’une situation humaine et sa gestion sont évoquées, une référence biblique vient l’éclairer, lui conférer un sens. C’est toute la Bible, aussi bien l’Ancienne que la Nouvelle Alliance, qui fournit les textes médités et appliqués. Y est ajouté le témoignage de nombreux témoins de la Tradition chrétienne : anciens : tels Irénée, Macaire, François, Claire, Ruysbroeck, Cabasilas, Jean de la Croix ; et modernes : comme Karl Barth, Vladimir Lossky, Madeleine Delbrêl, Michel Rondet, etc.

    Soulignons en passant, la qualité de l’écriture : simple, limpide, aux phrases courtes où chaque mot a son poids, ce qui fait éviter les remplissages.

    Mais c’est un livre étonnant. Déjà le titre, La Déposition, surprend et intrigue. Dans le langage religieux, ce mot renvoie au corps du Crucifié déposé entre les bras de sa mère dans « un abandon total exprimant une immense douceur ». Dans le livre c’est une invitation adressée à tous, à se poser, se déposer dans un grand recueillement, entre les mains de Dieu – Amour.

    Ce qui étonne plus encore, lorsqu’on entreprend la lecture du livre, c’est qu’il se refuse à être parcouru cursivement, pour en tirer quelque information rapide, quelque enseignement condensé, psychologique ou spirituel. Ce sont des pages à lire posément, comme des paroles de sagesse à retenir, à s’en imprégner. Chaque paragraphe constitue comme une unité, un recueil de « pensées ». Un exemple : « Quand on va vers ses limites, on progresse vers l’Illimité », ce qui invite à l’arrêt, à la réflexion méditative. Il ne s’agit donc pas d’information mais de formation. Chaque phrase, chaque mot même est porteur de sens, d’un poids à déposer dans un cœur qui écoute.

    Ces paroles de sagesse reviennent comme des vagues, toujours les mêmes, répétitives, mais apportant chaque fois quelque chose de neuf. L’ensemble maintient une unité profonde en l’humain – le vécu quotidien dans toutes ses dimensions – et l’expérience spirituelle fondée sur l’Évangile et attestée par la riche Tradition chrétienne de l’Orient et de l’Occident. On passe spontanément, sans artifice, de l’un à l’autre. Ce sont des textes qui s’offrent à la méditation, comme les pages de L’Imitation de Jésus-Christ ou tels écrits du frère Roger de Taizé.

    Suzanne Giuseppi Testut se présente comme franciscaine séculière et son livre se veut, et est, incontestablement franciscain. Non pas qu’il présente soit la figure soit la vie de François, ou qu’il développe les traits particuliers de sa démarche spirituelle tirés de son message écrit. Certes, François et Claire d’Assise sont souvent cités, leurs textes commentés et Suzanne rappelle son itinéraire personnel commencé à Assise. Mais le livre ne prétend pas être une synthèse de la spiritualité franciscaine ; il traite de la condition humaine générale à la lumière de l’Évangile. Et c’est précisément par là qu’il peut être dit franciscain. François, en effet, n’a jamais proposé une doctrine « franciscaine » ; le cœur de son projet est tiré de l’Évangile et renvoie à lui. L’approche que le livre emprunte va dans ce sens.

    C’est une approche humble, humaine, paisible, marquée de bienveillance et d’un optimisme fondamental. Qu’il s’agisse de Dieu, de Jésus Christ ou de l’homme, « la plus digne des créatures », on entend toujours, comme en arrière-fond du livre, une petite musique « fraternelle ».

    Il est rare que des franciscains séculiers aient publié – en français, en tout cas – des livres de cette importance. Il faut remercier Suzanne, et rendre grâce au Seigneur de qui vient tout bien, qu’un tel livre voie le jour, et ce au moment où l’on célèbre le huitième centenaire de la naissance du charisme franciscain.

    Thaddée MATURA, frère mineur

    INTRODUCTION

    LE POINT DE DÉPART DE CETTE BELLE AVENTURE SE SITUE À ASSISE

    Au cours de ma première visite à Assise, j’ai soudain rencontré dans un coin obscur de la basilique Saint-François, La Déposition de croix de Lorenzetti. Je suis restée longtemps en contemplation devant cette œuvre, bouleversée par ce qui se disait, par ce qui se vivait, là, dans cet instant, au plus profond de moi-même. Cette découverte inattendue allait me permettre d’avancer sur le « chemin de la déposition » que je faisais jusqu’alors dans le secret de mon cœur, et plus tard, de le faire partager.

    Cette œuvre est profondément tragique mais aussi d’une très grande intimité. Elle m’a révélé le total abandon du Christ. « Il se laisse déposer. » C’est cet abandon paisible, ce don total de lui-même, j’ose dire, cette confiance sereine en ceux qui lui ouvrent leurs bras pour l’accueillir, qui m’ont confrontée d’une façon incontournable à ma responsabilité. J’ai éprouvé, à ce moment-là, une souffrance inexprimable. Le choc a été rude. Aussi, je suis revenue quelques mois plus tard, spécialement pour contempler à nouveau cette œuvre et là, elle m’a révélé quelqu’un : le Christ. L’abandon total du Christ exprimait une immense douceur. Et cette douceur était celle d’un Vivant, d’un Vivant qui aime jusqu’au bout. Ainsi déposé au pied de la croix, le Christ annonçait déjà la Résurrection. La souffrance éprouvée lors de mon premier regard, s’est alors immédiatement transformée en espérance et en joie.

    J’ai compris alors que le fardeau le plus lourd pouvait se transformer en joie à condition de le déposer sous le regard du Christ, dans une totale confiance.

    La déposition prenait soudain toute sa dimension. Elle était un cheminement spirituel dans l’épreuve, un acte d’espérance et de confiance. Elle permettait d’aller au-delà des faits, pour leur donner un sens.

    « Ancrée dans un acte même que le Christ a vécu, elle occupait une place centrale et devenait essentielle pour la vie de tout être. » J’ai pris alors conscience de l’ampleur de son contenu et de ses implications. C’est ainsi que, « saisie » par cette folie d’amour du Christ offert sur la croix, j’ai été amenée à « déposer ma vie » sous Son regard.

    Assise est toujours pour moi un lieu de ressourcement d’une richesse inépuisable. Si la spiritualité de François est terriblement exigeante, elle n’en est pas moins profondément humaine, emplie de gaieté et de joie. C’est en suivant les pas de François et de Claire que j’ai compris que le « chemin » peut et doit s’accomplir avec la totalité de notre humanité. Chacun de nous peut ainsi faire de sa vie un chemin de sainteté.

    Ce livre, centré sur la déposition, est le fruit d’un long cheminement, d’une démarche de foi personnelle et d’une expérience de vie. S’inscrivant dans la tradition chrétienne, éclairé par l’enseignement des Pères de l’Église et guidé par l’esprit de François d’Assise, il s’appuie sur les Écritures et s’efforce de donner toute sa place à la Révélation.

    Il privilégie la « rencontre » avec le Christ Sauveur. En effet, Dieu est tellement fou d’amour pour sa créature, qu’il la cherche sans cesse. Son désir est tel, qu’il se fait mendiant auprès de nous. Dieu se révèle et cherche l’homme inlassablement, non pour le convaincre et l’asservir mais pour le « rencontrer » au cœur d’une vraie relation. Il nous prend comme nous sommes, où nous sommes et où nous en sommes. Un seul regard de notre part et son regard en retour nous enveloppe de sa lumière, un seul appel et il est là, un seul mot d’amour et il nous prend dans ses bras.

    Ainsi Dieu se révèle et cherche l’homme avec une intensité d’amour infinie. Mais dans son immense respect pour sa créature, il attend d’elle le signe de son désir et il assume jusqu’au bout la liberté qu’il nous a donnée. Ainsi, participer à la vie intime de Dieu, relève de notre désir et de notre choix posés en toute liberté d’amour.

    C’est en faisant acte de déposition, et nous le verrons dans cet ouvrage, que nous pourrons exprimer notre désir de Dieu, coopérer à la grâce et faire usage de notre liberté comme je m’efforce de le faire depuis toutes ces années.

    Que le lecteur ne se laisse pas surprendre par la densité de cette introduction. Les thèmes abordés sont repris très largement, et parfois même au cœur de plusieurs chapitres, sous des formes différentes, afin de permettre à chacun de saisir la parole intime qui se réfère à son histoire.

    Bien que cet ouvrage prenne en considération la totalité de l’homme, corps, âme, esprit (1 Th 5,23) et ne méconnaisse pas les apports de la psychologie, il part de la nature même de « l’homme à l’image de Dieu » et non de ses aspects psychologiques. Il laisse ainsi à la révélation du Christ toute sa place. En effet, on ne peut pas superposer à l’image de l’homme créature de Dieu, une vision humaine, faute de quoi on est perdant à tous les coups. Il part ainsi de la réalité originelle de l’homme et de sa relation à Dieu comme une relation de foi.

    Ce livre a le désir de sauvegarder la dimension de la foi sans l’interpréter. Il montre simplement l’homme à l’image de Dieu, qui cherche. Il le montre dans sa confrontation continuelle avec le réel, obligé de se re-poser. On peut « poser » sa vie. La re-poser sous le regard de Dieu est plus exigeant.

    Dans sa recherche, l’homme prend des positions et c’est à travers ses prises de position qu’il va pouvoir rencontrer Dieu. Au cours de « sa marche vers le Royaume » il éprouve le besoin de re-poser sa vie sous le regard de Dieu, dans un acte de déposition. Il ne s’agit donc pas d’un fardeau continu. Nous le posons. Dès lors, au lieu de dire : « Il faut passer par là », nous disons : « Heureusement je peux passer par là. »

    Je me suis fixé comme objectif de faire découvrir des chemins dans lesquels nous pouvons rencontrer le Christ. De faciliter la réflexion et de jalonner ces chemins en donnant des éléments de repositionnement concrets et humains. D’enrichir le chrétien mais aussi le non-chrétien. D’ouvrir des chemins à l’évangélisation :

    Je rencontre dans la foi.

    Je partage dans l’expérience.

    Je vis l’Alliance dans l’amour.

    Ainsi, cet ouvrage est le fruit du désir, de la foi et de l’amour. La primauté de l’amour de Dieu éveille le désir et si la foi accompagne le désir, elle exprime alors la quête profonde de l’homme envers Dieu et permet au désir de Dieu de s’imprimer au plus profond de notre être.

    Il se veut le témoin de la spiritualité du désir : désir de l’homme pour Dieu et désir de Dieu de nous rencontrer dans la relation.

    L’ACTE DE DÉPOSITION

    La démarche qu’implique l’acte de déposition peut surprendre. Elle est fondée sur l’écoute du cœur, sur l’accueil de la grâce et de la pédagogie divine. Elle exige de la part de chacun, confiance, attention soutenue, effort d’honnêteté et de sincérité envers soi-même.

    Déposer n’est pas une finalité, c’est répondre à l’appel du Christ et lui dire : « Me voici. » C’est lui confier notre fardeau pour qu’il l’offre au Père afin qu’il nous donne sa grâce. Il s’agit d’un acte réfléchi, responsable qui s’accomplit en invoquant le Nom du Seigneur.

    L’acte de déposition demande un grand recueillement. Il consiste à prendre un « temps de repos » afin de mettre « en dépôt » sous le regard du Seigneur toutes nos valeurs humaines et de nous laisser sanctifier par l’Esprit Saint.

    Au sein de l’épreuve, de la difficulté ou des prises de décision qui engagent notre vie, la descente de l’Esprit Saint illumine alors notre cœur et notre intelligence et nous permet d’entrevoir d’autres horizons. Là où tout paraissait compromis, l’espérance va guider nos actes et nos paroles. Le Seigneur va nous aider à nous comporter en enfants de Dieu appelés à la liberté. Il va mettre sur nos lèvres la parole qui sauve.

    L’acte de déposition fait alors de nous des « priants », conscients de la Présence et nous entraîne vers une vigilance de plus en plus profonde. Double vigilance même, celle du Christ qui vit en nous et la nôtre, qui est faite d’un mélange de force et de vulnérabilité permanente, animée par l’amour pour Celui que l’on ne veut pas blesser. Si nous le pratiquons régulièrement, cet acte peut devenir, par la grâce de l’Esprit Saint, prière des profondeurs de l’âme.

    Il n’est pas de plus grande joie que de prendre ses amis par la main et de progresser avec eux sur le chemin de la Vie. Guidés par Celui qui, seul, peut tout porter et tout écouter, tout partager et tout guérir :

    – Apprenons à vivre la relation :

    Pour nous engager dans un dialogue d’amour. Ce n’est que lorsque nous permettons au Christ de se placer au cœur de notre vie, que toutes nos « guerres » s’arrêtent et que nos ennemis deviennent nos amis.

    – Découvrons l’importance du quotidien :

    C’est dans le quotidien que se révèlent toutes nos forces et nos faiblesses. Terrain privilégié d’entraînement, il est incontournable pour pouvoir laisser Dieu donner à notre vie toute sa plénitude. C’est dans le quotidien que nous apprenons à expérimenter la pédagogie divine et à nous laisser pétrir par la grâce.

    – Replaçons l’écoute au sein du message biblique :

    Pour ce faire, apprenons à « écouter avec le cœur ». Ce cœur qui est le « lieu » situé au plus profond de notre être et où l’homme, par l’accueil de la grâce, fait l’expérience de Dieu.

    – Expérimentons l’acte de déposition :

    Pour vivre intensément l’appel du Christ. Pour apprendre à déposer notre fardeau et nos secrets sous son regard. Pour réfléchir au sens de la vie, nous mettre à son école et nous laisser guider.

    – Faisons usage de notre liberté :

    Pour que le désespoir ne l’emporte pas sur le découragement. Pour nous relever et entrer dans le repentir, c’est-à-dire changer d’attitude et de comportement. Le repentir est une œuvre spirituelle, il est l’œuvre de l’Esprit Saint au plus profond de nous. Il s’agit de regarder notre vie, notre passé, notre présent, nos projets d’avenir et de dire à Dieu : « Je désire vivre autrement, aide-moi à faire le point. »

    Faisons usage de notre liberté pour pardonner, car le pardon n’est pas une crucifixion mais une résurrection.

    – Entrons dans la paix du Christ :

    Nous éprouverons alors la beauté du don de la vie et nous irons à la rencontre de nos dons et de notre vocation profonde. Nous goûterons la joie de la prière. Nous apprendrons que le Seigneur n’est pas dans le bruit des éléments déchaînés mais dans le murmure doux et léger qui suit.

    – Découvrons ensemble la douceur de l’oubli de soi, de l’abandon et de la confiance.

    Animée par mon désir de partage, j’ai souhaité faire de chaque chapitre de ce livre un cheminement dans lequel le lecteur va pouvoir puiser un souffle nouveau, source de retournement et de vie. Il est nécessaire de l’aborder avec l’esprit du retraitant qui d’abord accueille ce qu’il peut, ou comme il le peut, en toute simplicité, puis repasse dans son cœur ce qui l’a touché et, avec la persévérance et l’humilité du pèlerin, avance à pas lents pour mieux continuer sa marche.

    Que le lecteur ne soit pas surpris par certaines répétitions qui prendront au cœur de leur contexte un nouveau sens.

    J’invite aussi celui qui désirerait aller plus loin, à « se poser » à la fin de chaque chapitre et à se questionner. Il trouvera en fin de livre, regroupés sous le titre « Méditations », quelques feuillets qui pourront l’y aider.

    En un mot, j’invite le lecteur à « marcher avec ce livre » au rythme du souffle qui lui sera donné.

    Ainsi, j’espère qu’à travers ce cheminement, mes amis lecteurs pourront :

    Découvrir ce qui détermine l’homme dans sa structure.

    Appeler Dieu, l’entendre, le connaître dans et par l’épreuve et ainsi donner un sens aux événements de leur vie.

    Restaurer la relation avec eux-mêmes, avec l’autre, avec le Tout-Autre.

    Se laisser aimer, s’aimer, aimer.

    Poser leurs premiers pas sur le chemin de la réconciliation.

    Déposer leur fardeau pour se relever et entrer dans la joie.

    Aller à la rencontre de leurs dons et poser des actes en coopération avec la grâce.

    Faire de l’acte de déposition un cœur à cœur avec le Seigneur.

    Cet ouvrage est un voyage intérieur auquel je vous convie. Il atteindra son objectif s’il entraîne mes amis lecteurs dans la rencontre avec le Christ Sauveur et dans la force de la relation car, par elles, l’homme peut atteindre son épanouissement final dans la participation à la vie divine.

    C’est par la relation que l’homme peut arriver, à travers l’humanité du Christ et dans l’Esprit, à la vision du Père.

    La finalité de la relation rejoint ainsi la finalité de la création : l’homme qui a été créé à l’image de Dieu a reçu de lui toutes les facultés et énergies nécessaires à la réalisation de la ressemblance.

    « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant,

    et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu. »

    (Irénée de Lyon)

    Chapitre I

    VIVRE LA RELATION

    PRÉAMBULE

    Derrière tout acte posé, tout engagement ou tout choix, il y a la force de la relation. C’est la confiance qui renforce et conforte la relation.

    « Jamais nous ne devons désirer être au-dessus des autres ; mais nous devons plutôt être les serviteurs et les sujets de toute créature humaine à cause de Dieu » (François d’Assise L1 – À tous les fidèles).

    Pour François d’Assise, le destin des hommes se joue sur le terrain des relations humaines, de l’écoute et de la paix entre les hommes. Sa propre conversion s’est jouée dans sa relation aux autres, plus particulièrement en s’ouvrant à tous ceux dont il se tenait éloigné auparavant, les lépreux par exemple.

    Ce premier chapitre nous introduit directement dans le quotidien. Il nous invite à y poser nos premiers pas de pèlerins dans un esprit fraternel pour en faire un lieu porteur d’espérance.

    Il nous engage à traverser le monde en empruntant le chemin du cœur afin de cultiver nos dispositions naturelles qui peuvent nous rendre sensibles à ce que vit l’autre et ainsi devenir, au sens évangélique du mot, le prochain de tout homme.

    Par cette qualité d’écoute et de relation, notre vie peut prendre un nouvel élan et un nouveau sens : par la déposition, nous nous approchons du Christ dans un dialogue d’amour pour vivre la relation de Dieu à l’homme.

    1. L’IMPORTANCE DU QUOTIDIEN

    Il est le lieu où se révèlent toutes nos forces et nos faiblesses.

    L’acte de déposition nous aide à aller au-delà des faits pour y trouver un sens. Il nous permet d’entrer dans la vision de ce qui, selon la Tradition chrétienne, toutes confessions confondues, nous est envoyé et même demandé au plus profond de nous-mêmes.

    La déposition ne peut prendre sa véritable dimension que si nous faisons du quotidien notre terrain d’entraînement permanent. Les détails de notre vie quotidienne doivent nous apparaître comme le moyen le plus sûr de mettre le Christ de plus en plus en nous.

    Le théologien allemand, Karl Barth, conseillait de lire tous les jours, la Bible et le journal. Pour lui, cela signifiait : « Lever le voile sur le journalier ». En effet, les actes que nous posons, les réponses que nous donnons face aux sollicitations et aux événements journaliers, sont très révélateurs de l’état de notre âme.

    On ne peut pas cheminer vers Dieu en évitant le monde c’est-à-dire en considérant comme des contraires inconciliables, la nature humaine et la nature divine. Considérer la spiritualité comme un outil permettant d’éviter les difficultés ou les tribulations de ce monde alors qu’elle est un chemin de vie, serait une bien mauvaise stratégie.

    Pour François d’Assise : « La vie spirituelle ne saurait se construire au-dessus de la nature, en faisant abstraction de celle-ci ; elle ne saurait s’édifier au-dessus de la part obscure de notre être, dans le mépris de nos racines cosmiques et psychiques. Elle ne peut être qu’une croissance totale, dans une ouverture à tout ce qui est » (Éloi Leclerc).

    ACCUEILLIR LE QUOTIDIEN DANS NOTRE VIE

    Pour beaucoup d’entre nous, le quotidien est synonyme de routine, de tâches sans intérêt et même parfois de désagréments incontournables. Avec une vision pareille, comment peut-on vraiment accueillir le quotidien dans notre vie sans tomber dans la résignation ? Ce qui est à l’opposé du but que nous poursuivons.

    Si nous faisons l’effort de nous replacer au cœur de ce quotidien et d’élargir notre regard, nous constatons qu’il est le lieu où s’accomplissent tous nos actes et où se révèlent toutes nos forces et nos faiblesses. Le quotidien contient notre passé, notre présent et prépare notre devenir. Il est le point de rencontre de toutes nos expériences, passées, présentes et à venir et de tout ce qui a marqué notre vie parfois de façon indélébile.

    Le quotidien n’est donc pas synonyme de routine ou d’autres désagréments de ce genre. Bien au contraire, c’est dans la pâte du quotidien que le levain de la grâce va lever et que nous allons pouvoir laisser Dieu donner à notre vie toute sa dimension spirituelle. Toute la psychologie qui s’en dégage est alors saisie par l’Esprit Saint pour nous ouvrir à la pédagogie divine. Dès lors, le quotidien peut devenir le lieu de nos renaissances successives.

    L’accueil du quotidien fait appel au courage. Il exige de ne pas craindre la rencontre mais de se laisser visiter par ce qui advient et d’accepter d’entrer dans l’écoute attentive de notre vie. Il est nécessaire d’apprendre à vivre pleinement le moment présent, « ici et maintenant », pour percevoir et accueillir l’incomparable richesse de ce qu’il nous révèle. Il peut nous ramener dans le passé, même s’il est douloureux. Il nous confronte parfois à l’avenir qui peut être fait d’incertitude, de crainte, de peur, mais auquel il s’agira de consentir. Pour vivre le moment présent, rien de ce qui apparaît au plus profond de soi ne doit être refoulé, recouvert, mais au contraire pleinement saisi pour ensuite mieux le déposer.

    C’est au cœur du quotidien que nous pouvons recueillir nos expériences et les classer, pour discerner les fruits que l’on peut en retirer, en attendre ou en espérer. Il est extrêmement important d’y prêter attention. Ainsi, nos haltes au cœur de ce quotidien ne doivent pas être vécues comme des faiblesses, ni nos chutes comme des haltes spirituelles mais plutôt comme des occasions de nous re-poser sous le regard de Dieu afin de continuer notre marche.

    Thérèse de Lisieux conseille de faire du quotidien « notre chant d’aujourd’hui » c’est-à-dire : « Agir dans la pensée de Dieu sur les petites choses, ne rien laisser passer, pour l’offrir. »

    Il est possible de passer de la routine, de la récrimination, de la discussion ou même de l’obligation et du devoir, au désir de bien faire. Il est possible de passer du sentiment de dévalorisation ou d’inutilité, à la joie d’exister. Vivre l’instant présent c’est prendre conscience de tout ce qui nous est donné gratuitement et dont nous ne savons pas jouir, par exemple marcher, rire, parler, danser, bouger. C’est reconsidérer tous ces miracles quotidiens dont nous ne mesurons l’importance que lorsque nous les perdons : la présence de l’être aimé ou la complicité d’un regard.

    En faisant de notre quotidien « notre chant d’aujourd’hui » nous apprenons à mettre tout notre cœur dans ce que nous faisons mais aussi, à prendre de la distance ou du recul chaque fois que nous nous laissons accaparer par ce qui nous touche de près et risque de nous isoler de « l’instant ». Nous apprenons à saisir la grâce et à apprécier ce que nous avons. Cela est déjà une préparation à l’acte de déposition et un début de guérison.

    Accomplir de grandes choses qui se voient aux yeux des hommes, est valorisant et très gratifiant ! Agir sur des petites choses passe la plupart du temps inaperçu, y compris de notre entourage, ce qui peut être vécu comme extrêmement douloureux, mais cela n’échappe jamais aux yeux de Dieu.

    Ainsi, c’est un grand chemin d’humilité et une source de joie profonde non éphémère que d’agir sur des petites choses, même si elles ne doivent pas être vues.

    Le quotidien est le lieu où s’accomplit notre changement d’état d’esprit et de mentalité. Il est le lieu où nous apprenons à vivre l’instant selon sa Parole. Les actes posés dans le quotidien sont décisifs, ils nous engagent sur le plan humain et sur le plan spirituel. Notre équilibre et la beauté de notre parcours de pèlerins ici-bas, en dépendent. Si nous y sommes attentifs, une question va jaillir : Est-ce qu’aujourd’hui j’ai fait ce que le Christ aurait fait ?

    Lorsque nous nous exprimons, notre parole nous engage aussi. Selon la Tradition biblique, parler avec assurance, c’est vivre l’instant selon la Parole du Christ. C’est parler libre, parler franc, parler net, parler direct, parler ouvertement et sans détour. C’est fuir la « langue de bois ». Libéré, le chrétien est rempli d’une confiance audacieuse et fait usage de sa liberté pour « dire ». Liberté propre à l’apôtre, au prophète.

    Dans le Nouveau Testament, il est souvent fait référence au verbe « parler avec assurance » en particulier dans

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