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Les Mouvements intérieurs de l'âme: Passions et vertus selon saint François d'Assise et les Pères de l'Eglise
Les Mouvements intérieurs de l'âme: Passions et vertus selon saint François d'Assise et les Pères de l'Eglise
Les Mouvements intérieurs de l'âme: Passions et vertus selon saint François d'Assise et les Pères de l'Eglise
Livre électronique217 pages2 heures

Les Mouvements intérieurs de l'âme: Passions et vertus selon saint François d'Assise et les Pères de l'Eglise

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À propos de ce livre électronique

L'expérience humaine et spirituelle de saint François d'Assise et des Pères de l'Eglise.

Les Pères de l’Eglise et saint François ont expérimenté eux-mêmes les passions qui nous habitent et nous aliènent – colère, convoitise, vanité, orgueil… – mais, à partir de leur désir profond, le combat en faveur des vertus leur a apporté une force et un équilibre dont l’homme contemporain est toujours à la recherche. Ils savent donc ce qu’est la santé de l’homme et ont le souci de nous conduire vers la guérison et la liberté à travers leur propre expérience humaine et spirituelle. François et les Pères nous montrent que cette voie est à notre portée. Elle nous indique toujours une porte de sortie pour accéder à notre liberté intérieure, même si un effort d’honnêteté et de vérité envers soi-même est nécessaire. Dès lors, les passions ne nous apparaissent plus comme des barrières infranchissables mais comme des « maladies spirituelles » dont il est possible de guérir. Le chemin de sainteté de François d’Assise a été long, difficile et semé d’embûches, à la mesure de sa fragilité, de ses passions, de ses épreuves et de ses temps de découragement ou de doute face à sa foi. Il apprend, dans la banalité du quotidien, à reconnaître sa propre fragilité et celle des autres et à en faire un chemin de vie vers Dieu. Ainsi, Les mouvements intérieurs de l’âme nous introduit au cœur de notre réalité humaine et de notre désir de vivre en paix avec soi-même, avec notre prochain et avec Dieu. Il met en évidence le salut de l’homme et de la femme par la pratique des vertus et le rétablissement de notre équilibre vital, par l’audace de l’amour et l’épanouissement de la personne au moyen des dons et charismes.

A travers cet ouvrage empli de spiritualité, découvrez la voie menant à la guérison et la liberté intérieure, et suivez un cheminement vers la paix avec soi-même, son prochain et Dieu !

EXTRAIT

Avant d’aborder le monde des passions avec notre regard personnel, c’est-à-dire avant d’accepter en toute humilité de nous y confronter, prenons des forces en plongeant au cœur des sources franciscaines afin d’y découvrir, à travers l’humanité de François d’Assise, que nous sommes tous en chemin de sainteté. Nous l’avons déjà dit, « les fondements même de la conversion de François et de tout ce qui s’ensuivit sont ces simples mots : “le Seigneur me donna” et “le Seigneur me conduisit”. La conversion est un don et une grâce de Dieu, elle ne signifie pas que François ne péchera plus. Pour lui, la conversion n’est pas une simple expérience ponctuelle, c’est un changement permanent des valeurs et des repères qui guident sa vie. »

A PROPOS DE L'AUTEUR

Suzanne Giuseppi Testut est tertiaire franciscaine et auteur de plusieurs ouvrages liés à la spiritualité de saint François d’Assise : « La déposition » (2009), « François d’Assise, prophète de l’extrême » (2015). Elle accompagne de nombreuses personnes et communautés religieuses.
LangueFrançais
Date de sortie13 juin 2018
ISBN9782853139526
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    Aperçu du livre

    Les Mouvements intérieurs de l'âme - Suzanne Giuseppi Testut

    INTRODUCTION

    C’est en vivant à Assise, en parcourant les chemins empruntés par François et en m’attardant dans les lieux qui ont marqué sa vie que j’ai pu vraiment ressentir l’humanité du saint et découvrir in situ les différentes étapes de son cheminement jusqu’à son basculement final dans la sainteté. J’ai alors mieux compris sa voie spirituelle, la profondeur de son message et la richesse humaine et spirituelle de ses écrits et de ses Admonitions. Il y aborde avec force et authenticité le monde des passions et des vertus et nous fait découvrir « ce qu’est l’être humain et ce qu’il peut devenir même si le chemin est long à parcourir ». Leur rapprochement avec l’enseignement des Pères de l’Église m’a permis d’en mesurer encore plus l’utilité, l’actualité et l’accessibilité.

    Selon frère Thaddée Matura, les Admonitions ne se présentent pas comme un enseignement continu et structuré même si chacune comporte un sens complet en elle-même. Bien que leur forme les distingue des autres écrits de François, leur contenu est très proche de thèmes développés ailleurs, par exemple dans la première Règle. Leur langage simple n’est pas sans rappeler tel passage du Testament ou de la Lettre à frère Léon. Tout porte à voir dans les Admonitions une expression condensée de l’expérience de François, de sa connaissance de l’homme, de sa grandeur et de sa pauvreté. Aux dernières années de sa vie (1224-26), malade, souvent isolé, mûri par la souffrance et par les visites de Dieu, il déclare à son entourage immédiat, en de brèves sentences, ce qui l’habite et le fait vivre¹. Comme il parle parfois sur le ton de la confidence aux frères qui l’interrogent, ses réponses relèvent plus de sa pratique et de son vécu que d’une théorie ou d’une rhétorique.

    Mais tout ce qu’il leur disait en paroles, avec affection et sollicitude, il le leur montrait en œuvres².

    François avait la volonté d’accomplir lui-même ce qu’il prêchait aux autres et avait peur de donner le mauvais exemple ; bien plus, son exigence allait dans le sens d’une parole et d’un agir qui soient une seule et unique exhortation à la conversion³. Les Admonitions, « haut chant de la pauvreté intérieure⁴ », « tracent donc les perspectives fondamentales de la vie chrétienne : le comportement de l’homme vis-à-vis de Dieu, du prochain et de soi-même, bien plus, l’inspiration profonde de ce comportement⁵ ». Laissant entrevoir des influences patristiques et monastiques, les Admonitions posent d’emblée la quête de l’homme et mettent en lumière le désir de Dieu dans l’homme. Elles nous introduisent directement dans une dimension où se découvrent les potentialités de l’homme : ce qui est de son ressort, ce qu’il possède en lui ou ce qu’il peut acquérir intérieurement.

    Ainsi, les Admonitions ne sont pas seulement le discours spirituel d’une vie évangélique personnelle, mais aussi un véritable discours d’exhortation c’est-à-dire d’encouragement à ses frères, dans son sens le plus profond. Elles dévoilent une vérité parfois insoupçonnée. François, par ses paroles, en vrai père spirituel mais aussi en homme de son temps, met le disciple face à une double exigence, humaine et spirituelle, pour l’entraîner dans une dynamique d’autodépassement dont la finalité est la croissance et le salut de l’homme. Chemin spirituel d’une grande maturité, les Admonitions transcendent le temps et les siècles pour parvenir jusqu’au chrétien d’aujourd’hui. Aujourd’hui, comme hier, elles s’adressent à tout homme en quête de Dieu. C’est en ce sens qu’elles sont fondamentales et intemporelles.

    Dès lors, nous pouvons dire avec le frère Pierre Brunette : « Cette descente dans les Admonitions n’est donc pas désintéressée mais amorcée comme quelqu’un qui cherche l’eau de son propre puits⁶. »

    Selon les Pères, la spiritualité doit répondre à l’appel de l’unique nécessaire et chercher la libération des liens de ce monde pour aller plus allégrement à la rencontre de Celui qui vient : le Christ⁷. À la lumière de la Révélation, le salut n’a rien de juridique, il signifie comme pour saint François : sauvetage, délivrance d’une maladie et, enfin, de la mort. Pour François d’Assise et pour les Pères, « la volonté de Dieu, c’est qu’on se mette au service des hommes ». Tous ont un même souci : rendre la santé à celui qui l’a perdue, l’aider à se sauver de la mort spirituelle.

    L’amour de Dieu consiste à prendre de la peine les uns pour les autres⁸.

    Dans ce livre, nous mettons en parallèle les Admonitions de François d’Assise et l’enseignement des Pères sur les passions et les vertus. Ce travail nous conduit au cœur de notre réalité humaine et des difficultés rencontrées par l’homme confronté à ses épreuves et à ses passions, à ses défis et aux limites propres à sa nature. Afin de bien situer les Admonitions dans l’histoire franciscaine, d’en dégager la profondeur spirituelle et de mieux les rapprocher de la spiritualité des Pères, reprenons quelques écrits de nos frères.

    Dans sa préface à la thèse de doctorat de Pierre Brunette, frère Thaddée Matura nous fait part de ses réflexions sur les innombrables biographies qui présentent et interprètent le visage de François selon leurs cadres mentaux et leurs préférences : « On en retire l’impression que la figure de François, son vécu humain et spirituel, constituent et épuisent la totalité de son message. En somme le message de François serait son visage. François d’Assise a laissé pourtant un héritage autre que sa personne et les événements de sa vie : ses écrits. »

    Toutefois, il a fallu du temps pour qu’on s’aperçoive de la « rare densité théologique et spirituelle » des écrits du saint et de la portée de ses Admonitions, trop peu prises en considération par la recherche franciscaine. « Pour plusieurs, la symbolique franciscaine se limite à une imagerie cosmique, liée aux éléments de la nature, et qui tient plus du romantisme extasié de l’hagiographie que d’une fidélité aux textes mêmes⁹ ». C’est limiter considérablement le personnage et prendre le risque de passer à côté de sa véritable dimension. C’est, aussi, passer à côté des précieux « outils » d’expérimentation et de purification du cœur qu’il met à notre portée. Pourtant, François n’est pas né saint. Son chemin de sainteté a été long, difficile et semé d’embûches, à la mesure de sa fragilité, de ses passions, de ses épreuves et de ses temps de découragement ou de doute face à sa foi. De plus, l’expérience de vie de François ne se limite pas à sa jeunesse, même si cette période insouciante et ambitieuse de son existence a été déterminante. Il « grandit » auprès de ses frères et apprend, dans la banalité du quotidien, à reconnaître sa propre fragilité et celle des autres et à en faire un chemin de vie vers Dieu. D’autres lieux formateurs s’offrent à lui : les liens avec le clergé et l’institution, l’Office divin et l’Eucharistie. Il prie et rumine l’Écriture, considérant que « la seule Parole est le Seigneur ; l’Écriture est le véhicule de son Mystère » ; sans oublier la prédication et sa patiente méditation. Dès lors, évangélisé par la fraternité, par l’Église et par le monde, gardien des trésors de vie que recèle l’Écriture, François laisse transparaître dans ses écrits une expérience humaine et spirituelle digne d’éclairer l’itinéraire de tout disciple du Christ. François est-il l’« idiota », le « simplex » que citent les Sources ? Lui se déclare illettré et sans instruction – associant quelquefois ses frères au titre –, non seulement pour souligner ses carences culturelles ou l’écart qui le sépare des lettrés, mais aussi pour définir une façon d’être devant le monde¹⁰. « Chrétien de base, non formé à une école, qui s’exprime sans être marqué par aucune influence particulière¹¹ », François, en adulte, chemine vers son accomplissement.

    Ainsi, François d’Assise nous donne, à l’instar d’Irénée de Lyon, des éléments anthropologiques essentiels : l’homme n’a pas été créé parfait mais en vue de la perfection ; il n’a pas été créé incorruptible mais en vue de l’incorruptibilité. L’homme était tout petit car il était un enfant et devait, en se développant, arriver à l’âge adulte¹². Les deux saints nous invitent, hors de toute culpabilité morbide, à assumer chaque étape de notre vie avec persévérance : « En tant que nouvellement créés, les êtres humains sont des petits enfants. Ils ne sont ni accoutumés ni exercés à la conduite parfaite¹³. » Tous deux nous rappellent la grandeur de l’homme, sa dignité de fils de Dieu en devenir, appelé à grandir, à s’affermir puis à devenir adulte. Tous deux nous placent en face de notre responsabilité et de notre liberté. Notre existence se tisse à travers les événements que nous vivons mais elle se construit à travers les réponses que nous donnons.

    Mais, si, en t’endurcissant, tu repousses son art et te montres mécontent de ce qu’il t’a fait homme, du fait de ton ingratitude envers Dieu, tu as rejeté tout ensemble et son art et la vie¹⁴.

    Être franciscain, c’est se confronter humblement à François. Une confrontation patiente, amicale, simple s’impose pour découvrir son itinéraire spirituel. Au fil des années, une intimité se crée, profonde, constructive et silencieuse, mais le mystère demeure, « le mystère de François lui-même, le mystère de Dieu et le mystère provoqué par leur rencontre¹⁵. »

    À travers ce livre, chemin faisant, nous allons pénétrer au cœur de notre propre mystère. Pour cela il est important d’entrer dans une écoute attentive et d’éviter de nous laisser emporter par le discours psychologique au détriment du message spirituel. Les maladies de l’âme issues des passions ne doivent pas être confondues avec les maladies psychologiques.

    Avec saint François d’Assise et les Pères, nous aborderons l’étude de chacune des huit passions principales¹⁶ de la manière suivante.

    Dans la première partie (chapitres I à III) : la dimension de l’humanité créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, et l’importance du désir ; le chemin de liberté intérieure et le bon usage de nos facultés. Cette première partie nous permettra de mieux reconnaître les passions pour mieux les aborder. Elle est essentielle pour observer et comprendre en toute simplicité de cœur les mouvements qui nous animent, mais aussi pour entreprendre un véritable processus de désaliénation.

    Dans la deuxième partie : la voie de transfiguration par le retournement des passions (chapitre IV). Nous nous appuierons sur l’Écriture et sur l’enseignement du Christ, sur le chemin de sainteté de François d’Assise et sur la grande expérience des Pères. Ainsi, nous prendrons conscience de toute la portée des huit passions « mères ».

    Plus nous aborderons en vérité le chemin de guérison proposé par saint François et par les Pères à la suite du Christ, moins nous le trouverons ardu et plus il nous éclairera sur les processus que nous mettons en place. Il deviendra alors un chemin de transfiguration.


    (1) Cf. Évangile Aujourd’hui n° 183.

    (2) 3S 57.

    (3) LP 71-87 ; AP 18.

    (4) Pierre BRUNETTE, ofm, Essai d’analyse symbolique des Admonitions de François d’Assise, Thèse de doctorat en théologie, préface de Thaddée MATURA, ofm. Université Pontificale Grégorienne, Montréal (Canada) 1989.

    (5) Ibid., p. 59 et note 56.

    (6) Selon la maxime de S. BERNARD, Sermones in Cantica, XXII, 2 : PL 183, 878.

    (7) Paul EVDOKIMOV, Les âges de la vie spirituelle, DDB, Paris 2009.

    (8) Vie copte de saint Pacôme. Cité par Jean-Claude LARCHET.

    (9) Thaddée MATURA, préface à Pierre BRUNETTE, op. cit., p. 7 et note 1.

    (10) Pierre BRUNETTE, ofm, « Thèse de doctorat », op. cit.

    (11) Thaddée MATURA, François d’Assise. Écrits, SC 285, Cerf/Éditions franciscaines, 1981.

    (12) Cf. Henri LASSIAT, Promotion de l’homme en Jésus-Christ d’après Irénée de Lyon, Mame, 1974.

    (13) Ibid., Irénée, IV 38/1.

    (14) Ibid., Irénée, IV 39.

    (15) Pierre BRUNETTE, ofm, « Thèse de doctorat », op. cit.

    (16) Nous reprenons la classification établie par les Pères.

    CHAPITRE I

    L’HOMME, L’IMAGE, LA RESSEMBLANCE

    L’ORIGINALITÉ DE FRANÇOIS D’ASSISE

    Toujours ouvert aux signes des temps, François n’envisage jamais une situation avec des idées préconçues, même si aimant persuader et d’un tempérament parfois obstiné, il tient à son opinion et ne craint pas de l’exprimer¹⁷. Mais, paradoxalement, sa grande miséricorde peut l’amener à avoir des attitudes différentes à l’égard de situations apparemment identiques¹⁸. Son histoire montre combien il est ouvert à tout ce qui lui advient, aux expériences concrètes de la vie. De plus, il sait tirer leçon des rencontres et des événements. Ainsi, le saint développe un esprit fraternel et non individualiste. Chaque Admonition se situe dans une perspective relationnelle. François s’intéresse à l’attitude ou au comportement intérieur de la personne, dans les situations où elle se trouve. Dès lors, les Admonitions n’apparaissent pas comme une charte de perfection individuelle car elles sont habitées par la réalité de l’Autre et des autres : le frère malade ou absent, l’ennemi, les hommes, ou Dieu intervenant dans le prochain.

    S’est toujours posée pour le saint la question de la « relation » et donc du rapport à Dieu, au prochain et à soi-même. François aime profondément la terre sur laquelle nous vivons et son désir est que nous puissions y vivre en harmonie et en paix, mais il sait par expérience qu’on ne peut construire la paix autour de soi, à moins de la posséder d’abord en soi.

    C’est donc en essayant de poser avec lui un autre regard sur les réalités matérielles et en nous centrant sur l’intériorité de l’homme, sur les valeurs profondes et secrètes de ses jugements et de ses attitudes, que nous allons cheminer ensemble tout au long de cet ouvrage. Nous verrons à quel point François est proche de la grande Tradition patristique.

    Par ses Admonitions, et dans un souci constant de former ses frères à la vie évangélique, de les ouvrir à la vraie connaissance de soi et à l’expérience spirituelle du Mystère de Dieu, François leur livre ses pensées. Ses pensées, fruits d’une profonde connaissance de notre humanité et expression de son expérience, il nous les révèle pour nous entraîner, au moyen des vertus, au combat contre les forces qui nous empêchent de réaliser notre bonheur dans une relation fraternelle, saine et sainte avec les autres. Il nous fournit à travers ses textes les clés du bonheur dans la pratique de la vie quotidienne.

    Selon ses propres frères, la lucidité de François, son regard sur l’autre, sa propre descente dans ses profondeurs, font qu’aucun de ses textes, même s’il dénonce certaines conduites, n’est une réprimande ; tout au plus, en quelques cas, un « avertissement sévère ». Il s’agit plutôt d’avis, d’exhortations, de recommandations qui encouragent plus qu’ils ne blâment. Exhortations fraternelles, recommandations amicales, les écrits de François ont une visée ultime : nous amener à la conversion, à l’amour de notre Seigneur.

    Le Pauvre d’Assise nous entraîne ainsi au cœur de l’Évangile et nous engage sur des chemins nouveaux. École de foi à la suite du Christ, véritable chemin de purification – corps, âme et esprit –, son enseignement nous apprend à intégrer notre fragilité, nos infirmités, mais aussi à sortir des fausses apparences et, par là même, à expérimenter la liberté, l’obéissance, l’humilité, l’amour et le don de soi. Partant de là, il souligne la grandeur de l’homme qui, s’ouvrant à la pauvreté de l’être, s’exerce à la restitution de tout à Dieu.

    Autant l’homme vaut devant Dieu, autant vaut-il, rien de plus¹⁹.

    François, en vrai sage et « maître » spirituel, va ainsi bien au-delà de l’esprit fraternel. Le témoignage qu’il offre à son entourage nous oriente vers l’Amour car il sait que c’est là le seul moyen d’une connaissance vraie. En homme libre, il nous pousse à expérimenter, sur le terrain concret bien incarné de la vie humaine de chaque jour, notre « être au monde » dans la foi en Dieu, le Père. Pour cela, il nous aide à entrer dans la compréhension spirituelle de l’Écriture, dans l’intelligence de l’Évangile et de la Parole. En un mot, il nous invite à opposer à nos limites humaines un nouveau comportement fondé sur la recherche incessante de l’Image que tout homme contient au plus profond de lui-même. Cela fait dire à Yvan Gobry²⁰ que François accorde une

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