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Le culte de la très sainte Vierge Marie dans le Poitou: souvenirs et documents
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Le culte de la très sainte Vierge Marie dans le Poitou: souvenirs et documents
Livre électronique639 pages8 heures

Le culte de la très sainte Vierge Marie dans le Poitou: souvenirs et documents

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À propos de ce livre électronique

"Le culte de la très sainte Vierge Marie dans le Poitou", de Joseph-Marie-U. Béduchaud. Publié par Good Press. Good Press publie un large éventail d'ouvrages, où sont inclus tous les genres littéraires. Les choix éditoriaux des éditions Good Press ne se limitent pas aux grands classiques, à la fiction et à la non-fiction littéraire. Ils englobent également les trésors, oubliés ou à découvrir, de la littérature mondiale. Nous publions les livres qu'il faut avoir lu. Chaque ouvrage publié par Good Press a été édité et mis en forme avec soin, afin d'optimiser le confort de lecture, sur liseuse ou tablette. Notre mission est d'élaborer des e-books faciles à utiliser, accessibles au plus grand nombre, dans un format numérique de qualité supérieure.
LangueFrançais
ÉditeurGood Press
Date de sortie23 nov. 2021
ISBN4064066334802
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    Aperçu du livre

    Le culte de la très sainte Vierge Marie dans le Poitou - Joseph-Marie-U. Béduchaud

    Joseph-Marie-U. Béduchaud

    Le culte de la très sainte Vierge Marie dans le Poitou

    souvenirs et documents

    Publié par Good Press, 2022

    goodpress@okpublishing.info

    EAN 4064066334802

    Table des matières

    A LA MÉMOIRE DE MON VÉNÉRÉ PÈRE

    LE CULTE DE LA TRÈS SAINTE VIERGE DANS LE POITOU

    Le culte pour Marie dans la ville de Poitiers.

    Les paroisses dont les églises portent le vocable de Notre-Dame.

    Tableaux et statues de Marie particulièrement honorés

    Notre-Dame de l’Etoile.

    Les saints pesonnages du Poitou qui ont travaillé particulièrement à répandre le culte de Marie.

    Les actes du clergé du diocèse de Poitiers pour le culte de Marie.

    Le culte des prêtres du diocèse pour Marie.

    Les Congrégations Religieuses.

    Les Missionnaires.

    Les Religieuses

    Le culte spécial des fidèles du diocèse de Poitiers pour la Très Sainte-Vierge.

    Les femmes et jeunes filles Enfants de Marie

    LES HOMMES ET LES JEUNES GENS, SERVITEURS DE MARIE

    Le chevalier Gabriel-Joseph de Prin

    Les pieuses pratiques employées en Poitou pour honorer la Très Sainte Vierge Marie.

    Notre-Dame-la-Grande à Poitiers.

    Notre-Dame de la Jacquelinière.

    Notre-Dame des Rosiers.

    Notre-Dame de Bon-Secours.

    M. Guiot de la Rochère.

    Une admirable chrétienne.

    Sainte mort d’un jeune homme exemplaire.

    Quelques pratiques de dévotion à Marie.

    Merveilleux actes de préservation

    Quelques autres chapelles de Marie.

    Deux actes de réparation.

    LOURDES ET LE POITOU

    Monseigneur Pelgé et les Pèlerinages de Lourdes.

    Lourdes et Mgr Humbrecht.

    Les organisateurs des pèlerinages à Lourdes.

    Les orateurs de nos pèlerinages à Lourdes.

    Pourquoi les pèlerinages à Lourdes.

    Les malades conduits à Lourdes.

    La Procession aux flambeaux.

    Les guérisons de malades poitevins à Lourdes

    Les guérisons de Lourdes et la Communion fréquente.

    Les pèlerinages d’hommes.

    Préservation miraculeuse de deux trains de pèlerinage du Poitou. (1876 et 1895.)

    II. — La catastrophe en gare de Bordeaux (1895) .

    Le livre d’Hommages du Poitou.

    «O Notre-Dame de Lourdes!

    Quelques autres traits bien touchants.

    Les narrateurs de nos pèlerinages.

    Publications diverses sur les pèlerinages du Poitou à Lourdes.

    Les bannières du Poitou à Lourdes.

    Départ, pour le ciel, de quelques pèlerins de Lourdes.

    Chapelles et statues en l’honneur de Notre-Dame de Lourdes érigées dans le diocèse de Poitiers.

    Evêché de Poitiers.

    ÉPILOGUE

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    A LA MÉMOIRE DE MON VÉNÉRÉ PÈRE

    Table des matières

    C’est à l’école d’un père admirablement chrétien, — dont un saint prêtre qui le connaissait bien a pu écrire avec raison: O quam perfectissimum laicum cujus sacerdotes ipsi desiderant esse imitatores, — que, depuis ma plus tendre enfance, j’appris spontanément à aimer d’une manière toute spéciale la Très Sainte Vierge. A la naissance de chacun des dix enfants que Dieu lui donna, il ajouta à leur nom de baptême le nom béni de MARIE; et, toute sa vie, il usa auprès d’eux des plus charmantes industries pour les porter à honorer la Reine du ciel par un culte de choix. Il écrivit, en outre, et publia deux œuvres consacrées à la gloire de notre divine Mère , favorablement accueillies dans le monde religieux.

    Comment, à mon tour, aurais-je pu ne pas m’efforcer de suivre cet exemple dans la faible mesure de mes moyens, et ne pas continuer les traditions paternelles auprès de mes propres enfants et petits-enfants déjà nombreux, en leur transmettant ce précieux héritage?

    Ne pouvais-je pas également, ne devais-je pas, comme mon vénéré père, travailler de mon mieux à faire aimer Marie, non pas seulement au foyer domestique, mais aussi en dehors de ce sanctuaire familial?

    Pierre Béduchaud

    (père de l’auteur)

    décédé le 2 août 1881, à l’âge de 73 ans.

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    Envoyé, adolescent encore, il y a 50 ans, par Notre-Dame d’Aquitaine , vers Notre-Dame-la-Grande à Poitiers, — dont l’église fut, dès mon entrée dans cette ville, celle qui se présenta tout de suite à mes yeux, et qui reçut mon premier salut et ma première visite, de même que ma première habitation fut dans une maison alors contiguë à cette vénérée basilique et aujourd’hui détruite, — je fus bientôt frappé par les grands souvenirs religieux et historiques se rattachant depuis des siècles à ce sanctuaire, qui en tendit durant plus de trente années la voix magistrale du cardinal Pieglorifier la Vierge immaculée dans la chaire de cette bénie Madone des Clefs en regard de laquelle il voulut faire reposer ses dépouilles mortelles, je fus témoin de leur descente dans ce noble tombeau, en 1880.

    Depuis dix-huit ans j’avais vu l’illustre Prélat, — dont le blason disait très haut qu’il appartenait tout entier à Marie: Tuus sum ergo, — mettre tout son cœur à restaurer, à revivifier les sanctuaires de la divine Mère de Dieu établis de longue date dans son vaste diocèse, ou à en ériger d’autres encore. Et je ne parle pas de ses œuvres incomparables dans l’ordre doctrinal pour la glorification de Marie.

    Amené, — grâce à ma tâche professionnelle de correcteur d’imprimerie depuis un demi-siècle dans cette ancienne et si honorable Maison Oudin (aujourd’hui Société Française d’imprimerie et de librairie), grâce aussi à ma bien humble collaboration à la Semaine Religieuse depuis la naissance de cet organe diocésain, en 1864, — à suivre, pour ainsi dire, jour par jour les faits et gestes de cet incomparable épiscopat, il me fut facile de recueillir ce qui avait été écrit successivement sur la plupart des sanctuaires poitevins par des plumes autorisées et d’y ajouter le résultat de mes propres recherches avec les communications de bienveillants amis . Je parvins ainsi à constituer une Summa Mariana poitevine dont l’intérêt local, à défaut d’autre mérite, me semblait indiscutable, sans trop de témérité. Les lecteurs de la feuille diocésaine ont pu, d’ailleurs, en juger par les nombreuses monographies que j’y ai publiées à ce sujet, dans les années 1899, 1900 et 1901; beaucoup d’entre eux ont bien voulu m’en témoigner leur satisfaction.

    C’est le résumé de ces monographies, augmenté d’un bon nombre d’autres documents encore inédits et de diverse nature — comme on pourra le voir par la table des matières ci-après, — que je présente aujourd’hui à tous ceux qui ont au cœur une dévotion spéciale pour l’auguste Mère du Sauveur.

    Les grands souvenirs du couronnement solennel, en 1863, de l’antique et vénérée statue de Notre-Dame-la-Grande, où j’aime à faire un petit pèlerinage chaque jour, — de celle de Notre-Dame de Pitié, dans la Gâtine, en 1873; de Notre-Dame de Lourdes en 1876, ne méritaient-ils pas aussi d’être rappelés dans ce livre, tant aux fidèles et aux pèlerins qui, comme moi, eurent le bonheur d’y assister qu’à ceux qui n’en furent pas les témoins?

    Pourrait-on, d’autre part, reprocher à l’auteur de ces lignes, qui eut la faveur d’aller prier successivement, avec d’autres pèlerins du Poitou, non pas seulement à Lourdes — ce qui arrive annuellement à des milliers d’entre nous, — mais à ces autres grands sanctuaires qui s’appellent Notre-Dame de Chartres, Notre-Dame des Victoires à Paris, Notre-Dame de la Salette, Notre-Dame de Fourvière à Lyon, Notre-Dame de la Garde à Marseille, Notre-Dame de Bétharam, Notre-Dame de Buglose, Notre-Dame de Verdelais près Bordeaux, Notre-Dame de Celles, Notre-Dame de Ranton, dans notre diocèse et, en dehors de France, Notre-Dame de la Consolata à Turin, l’Annunziata à Gênes, Notre-Dame des Anges à Assise — (et ici quels chers souvenirs du séraphique François dont on a donné le nom à l’humble Tertiaire. Frère Joseph-François, qui écrit ces mots), — enfin à Sainte-Marie-Majeure et à divers autres sanctuaires de Marie à Rome, — pourrait-on me reprocher, dis-je, de ne pas exprimer ici à la Reine du Ciel, aussi bien en mon nom qu’en celui de mes compagnons de pèlerinage, notre filiale gratitude pour ces insignes faveurs, et de n’en pas prendre occasion pour travailler à la faire aimer et glorifier de plus en plus?...

    Je ne saurais mieux terminer ce préambule qu’en reproduisant cette belle prière jaillie du cœur de mon vénéré père, et par laquelle il couronnait l’un des chapitres de son Album de Marie Immaculée:

    «A Marie immaculée.

    «Oui, vous êtes toute belle, ô Vierge immaculée, non d’une beauté

    «passagère et périssable, mais d’une beauté semblable à celle de l’hu-

    «manité de Jésus, laquelle charmera éternellement les yeux et le cœur

    «des bienheureux, les ravira d’admiration et leur fera goûter une ten-

    «dresse d’amour ineffable. O glorieuse Souveraine, élevée au-dessus

    «des astres, qui pâlissent devant votre face, en vous Dieu lui-même ne dé-

    «couvre aucune souillure, et c’est pourquoi il vous nomme sa Bien-Aimée,

    «En contemplant les traits bien imparfaits sous lesquels le génie humain

    «vous représente, qu’il nous est doux de penser à ce Credo enthou-

    «siaste de l’Eglise catholique, répondant

    «à celui de l’immortel Pie IX, définissant

    «et proclamant solennellement, dans cette

    «journée du 8 décembre 1854, le dogme

    «béni de votre Immaculée Conception que

    «tous les cœurs catholiques, que vos plus

    «grands serviteurs, ô Marie, attendaient

    «depuis des siècles! Satan, de nos jours,

    «renouvelle avec un effrayant succès l’œu-

    «vre non interrompue de séduction qui

    «dégrada nos premiers parents. Partout

    «l’orgueil, la sensualité et l’indépendance

    «exercent de terribles ravages; partout les

    «fausses jouissances du fruit défendu sont

    «préférées aux délices réelles du jardin

    «céleste; partout le sens moral va se per-

    «dant de plus en plus; le bien s’appelle

    «le mal, le mal s’appelle le bien. Ève nou-

    «velle, levez-vous; soyez pour nous une

    «arche de sanctification et une tour d’ivoire! Que la beauté très pure

    «de votre visage fasse ressortir toute la laideur du prince des ténèbres.

    «malgré le masque trompeur qui la couvre. O Marie conçue sans péché,

    «priez pour nous qui avons recours à vous!» — (P. BÉDUCHAUD. Bordeaux, 1858. année des apparitions de la Très-Sainte Vierge à Lourdes.)

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    Malgré les 54 années qui nous séparent de l’époque où elle fut écrite, cette prière est devenue hélas! dans nos tristes jours, plus opportune que jamais. Je suis assuré qu’elle traduira les sentiments de tous mes lecteurs, et qu’ils aimeront à la répéter avec confiance.

    JOSEPH-MARIE-U. BÉDUCHAUD.

    Poitiers, le 2 juillet 1912, en la fête de la Visitation de la Très-Sainte-Vierge Marie.

    LE CULTE DE LA TRÈS SAINTE VIERGE DANS LE POITOU

    Table des matières

    Il nous a semblé qu’il serait agréable aux fidèles serviteurs de la Vierge immaculée, — c’est dire, n’est-il pas vrai, à tous nos lecteurs, — que nous leur rappelions en quelle dévotion particulière a toujours été et est encore, de nos jours, parmi nous la Reine du Ciel. Ne sera-ce pas un moyen de la faire aimer et honorer davantage, s’il se peut? De Mariâ, nunquam satis!...

    Combien, au surplus, il est doux et opportun de la glorifier spécialement en cette année jubilaire de ses maternelles et miséricordieuses apparitions à Lourdes, au pied de ces Roches de Massabielle où notre diocèse envoie, chaque année, d’innombrables pèlerins!

    Nous ne craignons pas d’être taxé d’exagération en affirmant que le Poitou est l’un des territoires de France où le culte de Marie est le plus profondément enraciné dans les âmes, dès les temps les plus reculés, nous osons dire depuis les premiers âges de l’ère chrétienne. C’est un fait hors de conteste, qu’établissent de nombreux documents et de pieuses traditions. Celui qui écrit ces lignes a pu le faire constater au magnifique congrès Marial de Lyon en 1900 .

    Pour parler, en premier lieu, de la ville épiscopale, le royal monastère de Sainte-Croix, fondé par notre illustre Patronne, sainte Radegonde, au milieu du 6e siècle, se fait gloire — nous l’avons dit, il y a quelques années — de posséder une statue de Marie que la sainte Reine avait recueillie sous le pauvre toit de deux recluses, et qui passait pour avoir été bénite par le propre disciple de saint Pierre, Martial, le grand apôtre de l’Aquitaine, c’est-à-dire, par conséquent, au berceau même de l’Eglise. C’est en l’honneur de cette statue (qui recevait les ardentes prières de Radegonde) que saint Fortunat, évêque de Poitiers, son confident et son historien, composa ces quatre vers latins, enchâssés depuis lors dans l’Office chanté par la catholicité, en l’honneur de la Sainte Vierge:

    Maria, Mater gratiæ,

    Mater misericordiæ.

    Tu nos ab honte protege

    Et horâ mortis suscipe.

    Et c’est sous le délicieux vocable de Notre-Dame de Grâce qu’est honorée la vénérée statue, placée dans le riche trésor des reliques des moniales de Sainte-Croix, reliques accrues de siècle en siècle et au nombre desquelles se trouvent un fragment de vêtement et des cheveux de la Très Sainte Vierge.

    Mais bien avant sainte Radegonde, Poitiers avait déjà l’église Sainte-Marie-hors-les-murs, dont l’auguste Mère de Dieu se dessaisit en faveur de notre glorieuse Patronne qui y eut son tombeau, devenu le rendez-vous continuel des fidèles du Poitou.

    Dans maintes autres localités du diocèse, on signale l’existence de plusieurs statues de Marie remontant aussi aux temps apostoliques, et remplaçant, ici ou là, d’immondes divinités du paganisme, élevées à l’époque gallo-romaine. La Vierge immaculée triomphait de l’idolâtrie et implantait profondément, sur notre sol privilégié, les mœurs pures du christianisme.

    L’un de ces premiers sanctuaires se trouvait dans les environs de Chàtellerault; il n’existe plus aujourd’hui. Mais la chapelle de Notre-Dame-de-Mont-Vinard, qui reçut la visite et les prières de plusieurs rois de France et avait été construit sur les ruines d’un temple de Minerve, à Nouaillé, à quelques kilomètres de Poitiers, et celle de Notre-Dame de l’Arceau , où notre glorieux saint Hilaire érigea, au 4e siècle, une statue de Marie à la place de la statue de César, ont survécu et sont encore, aujourd’hui, le but de pieux pèlerinages.

    Nous pourrions citer plusieurs autres faits de même nature. Bornons-nous à mentionner rapidement les autres sanctuaires de la Sainte Vierge érigés chez nous dans les siècles suivants.

    Il convient de signaler au premier rang cette antique basilique de Notre-Dame-la-Grande, la Sainte-Marie-Majeure du Poitou, dont maintes fois nous avons raconté l’histoire . Elle reçut les hommages de nombreuses générations, ceux en particulier de Jeanne d’Arc, l’héroïque libératrice de la France. On sait aussi que là s’accomplit, au 13e siècle, le célèbre miracle des Clefs, qui sauva notre ville des assauts d’une armée étrangère. Quels grands et chers souvenirs que ceux qui se rattachent à ce béni sanctuaire, où l’illustre et incomparable serviteur de Marie, le cardinal Pie, a voulu faire reposer ses dépouilles mortelles, après y avoir fait entendre, chaque année, pour la fête de l’Immaculée Conception, les plus magnifiques accents! Et quel mémorable jour d’allégresse pour notre cité que celui du 29 novembre 1863! Ce jour-là l’éloquent Evêque put couronner solennellement, lui-même, au nom de Pie IX et au milieu de plusieurs autres prélats et d’innombrables fidèles, réunis à cet effet à la cathédrale, cette vénérée statue de Notre-Dame des Clefs, au pied de laquelle se produit depuis des siècles un pèlerinage perpétuel, et dont l’autel, dans tout son circuit, est constellé d’ex-voto, éloquents témoignages des faveurs sans nombre prodiguées par la Madone bien-aimée.

    NOTRE-DAME DE L’ARCEAU

    Paroisse de Maisontiers (Deux-Sèvres). — Voir, en regard, page 2; et Sem. Rel. de 1900, pages 191 et 728.

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    Dix ans à peine plus tard, en septembre 1873, le même Pontife, Mgr Pie, couronnait également, — et, cette fois encore, au nom de Pie IX, — l’antique et non moins vénérée statue de Notre-Dame de Pitié, dans la paroisse de la Chapelle-Saint-Laurent.

    Ce fut une manifestation religieuse incomparable. Huit archevêques et évêques entouraient Mgr Pie. Elle s’accomplit au dehors, près de la chapelle de Pitié, sur une vaste estrade dominant une immense prairie où se pressaient près de cinquante mille personnes venues de toutes les parties du Bocage et de la Vendée poitevine.

    L’origine de ce lieu de pèlerinage se perd dans la nuit des temps. Les Celtes et les Gaulois, nos pères, choisissaient de préférence, pour leurs sacrifices, les hauteurs sauvages, à proximité des fontaines. On peut conjecturer que ce plateau avait été dédié, — comme ceux dont nous avons parlé plus haut, — à quelque divinité païenne avant d’avoir été consacré en l’honneur de la Mère des Douleurs .

    Depuis lors, la vénérée Madone est continuellement l’objet des plus touchants et unanimes hommages de la part des populations de la contrée. C’est par centaines, c’est par milliers qu’on vient en pèlerinage à son sanctuaire, principalement durant tout le mois de septembre. En ces dernières années, on y a vu, par deux fois, un pèlerinage composé uniquement d’hommes: ils étaient chaque fois au nombre de pins de dix mille.

    Aussi, comprend-on que l’antique chapelle soit absolument insuffisante, et que c’est au grand air, sous la voûte des cieux, et tout près du calvaire monumental, qu’on doive accomplir les cérémonies des plus grands jours. Le nouvelle chapelle, non encore terminée, pourra, en pareil cas, donner satisfaction, dans une certaine mesure. Combien il est consolant, au milieu des angoisses chrétiennes de l’heure présente, de constater un pareil élan vers le culte de la divine Mère du Sauveur!

    La Madone de N.-D. de Grâce.

    Au monastère de Sainte-Croix à Poitiers.

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    La faveur d’un couronnement solennel au nom du Souverain Pontife serait non moins justifiée que très vivement désirée pour un autre de nos grands sanctuaires poitevins en l’honneur de la Reine du Ciel. Nous voulons parler de Notre-Dame de Celles, située dans le pays Mellois, et dont la célébrité, dès les siècles les plus anciens, est incontestée. Notre-Dame de Celles (Deux-Sèvres) a sa place parmi les plus renommés sanctuaires historiques de la France. C’était, à l’origine, une simple celle monastique qui dépendait de l’abbaye augustinienne de Lesterps (Charente); on y vénérait une merveileuse image de la Vierge. «L’an 1095, dit la Chronique de Saint-Maixent, le lieu de Notre-Dame de la Celle commença à florir par d’éclatants miracles»

    Reconnaissants des dons divins, les évêques de Poitiers, saint Pierre II et Guillaume Ier Gilbert, firent don à l’humble moutier de plusieurs églises. Bientôt, vers 1137, les miracles se multipliant, Guillaume II Adelelme érigea le prieuré en abbaye. Enrichi par les seigneurs voisins, protégé et favorisé par les comtes du Poitou, puis par les rois d’Angleterre et de France, le nouvel établissement grandit et prospéra.

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    Durant tout le moyen âge, les foules ne cessent d’affluer et de venir implorer la Vierge miraculeuse, surtout le jour de la septembréche de chaque année. Au XIIIe siècle, le pèlerinage de Notre-Dame de Celles était mis sur le même rang que les plus grands pèlerinages de l’Occident, Saint-Jacques de Compostelle, Rocamadour, Saint-Gilles, Soulac.

    Le roi Louis XI eut une dévotion singulière pour la Vierge de Celles. Il vint maintes fois la prier dans son antique chapelle. Attestant dans ses lettres royaux les grands et merveilleux miracles qui s’y opéraient journellement, il confirma et augmenta les privilèges de l’abbaye, lui fit des dons considérables en terre et en argent, y fonda des messes et reconstruisit l’église. En reconnaissance de ces bienfaits, les Religieux avaient arrêté par acte capitullaire que des prières seraient faites tous les jours pour le roi, à l’issue de la messe et des vêpres.

    Le Pape Clément V, peu après son élection, y fit une pieuse visite.

    Les guerres de religion du XVIe siècle furent fatales à Notre-Dame de Celles. Toutefois la célèbre dévotion à la Vierge survécut à tous les désastres. Jusqu’à la Révolution on vit les deux paroisses de la ville de Saint-Maixent, conduites par leurs prêtres, venir chaque année en pèlerinage dans son église pour accomplir un vœu fait lors de la peste de 1631.

    Aujourd’hui la riche abbaye royale n’est plus; il reste seulement l’église et la demeure des religieux, monument grandiose bâti sous Louis XIV. Mais le soutenir de la Vierge vit toujours. La foi s’est réveillée; le sol sacré, témoin de tant de merveille, a tressailli, et le culte séculaire de Notre-Dame de Celle refleurit avec un nouvel éclat dans son magnifique sanctuaire.

    Ce lieu de pèlerinage est redevenu, grâce à Dieu, grâce aussi au zèle admirable du curé doyen de Celles, M. l’abbé Raynard, le rendez-vous annuel de milliers de fidèles accourus de nombreuses localités des Deux-Sèvre. De splendides cérémonies religieuses s’y accomplissent, dans les premiers jours de juillet, auxquelles beaucoup de protestants eux-mêmes assistent, fort impressionnés. Puisse Celle qui de son pied virginal terrasse toutes les hérésies, ramener à la vraie foi beaucoup de nos frères séparés, qui peuplent cette région.

    Voir notices historiques sur Notre-Dame de Celles: Sem. Rel. de 1865, p, 84; — Sem. Rel. de 1891, p. 283 et 510: — de 1898, p. 793.

    On consultera aussi, avec le plus vif intérêt, le magnifique volume in-8°, de 244-CXIV pages, ayant pour titre: «Noire-Dame de Celles, son abbaye, son sanctuaire», du savant et regretté abbé Alfred Largeault, membre de la Société des Antiquaires du l’Ouest, ancien président de la Société de Statistique des Deux-Sèvres, auteur de nombreuses autres œuvres historiques et religieuses concernant spécialement le Poitou. Son volume sur Notre-Dame de Celles, dédié à Mgr Pelgé, évêque de Poitiers, qui présida plusieurs fois le pèlerinage à ce sanctuaire, fut publié en 1900, avec une très belle lettre laudative du pieux prélat. Moins de deux ans après, M. Largeault rendait son âme à Dieu. Sa dernière œuvre avait été ainsi un filial tribut à la Reine du Ciel, à l’auguste Patronne de Celles.

    Les sanctuaires de Notre-Dame-la-Grande, de Notre-Dame de Pitié, de Notre-Dame de Celles, de Notre-Dame de l’Arceau, de Notre-Dame de Mont-Vinard, ne sont, certes, pas les seuls qui, de temps immémorial, aient reçu les hommages de nos populations poitevines. L’humble auteur du modeste travail qu’il présente ici aux lecteurs du diocèse de Poitiers a publié, il y a huit à neuf ans, dans la Semaine Religieuse, une série de monographies, aussi complète que possible, sur les divers sanctuaires de la Très Sainte Vierge et sur les Madones qui, depuis des siècles, quelques-uns d’origine plus récente, sont l’objet d’un culte spécial .

    Qu’on nous permette de les énumérer sommairement, en renvoyant le lecteur désireux de plus de détails historiques, aux pages indiquées de l’organe diocésain.

    Allons nous prosterner, tout d’abord, au pied de la Bonne Dame de Ranton . C’est ainsi qu’on nomme une Madone fort ancienne et très vénérée, près de la ville de Loudun, aux confins de la Touraine et de l’Anjou. Saint Louis, après la bataille de Taillebourg, traversant ce pays, s’y rendit en pèlerinage. Bien d’autres notables pèlerins visitèrent également ce sanctuaire, reconstruit, il y a près de quarante ans, à l’instigation de Mgr Pie, par un généreux et habile architecte, honoré du caractère sacerdotal, le R. P. Briant, qui, dans son enfance, y avait été, à la prière de sa mère, guéri miraculeusement par l’intercession de la «Bonne Dame». — Plus de trente ans auparavant, on avait vu prier avec ardeur, aux pieds de la Vierge de Ranton, un jeune clerc, né à Loudun, Charles Cornay, qui depuis eut la gloire de cueillir la palme du martyre, en 1837, dans l’une des missions de la Chine, et auquel le Souverain Pontife a décerné, en 1900, les honneurs de la Béatification. — C’est dans le sous-sol de ce même sanctuaire qu’a été inhumée, suivant sa volonté expresse, l’une de ses nobles et pieuses bienfaitrices, épouse d’un ancien préfet, Mme la comtesse Haward de la Blotterie, qui a trouvé une mort si douloureuse dans l’incendie du Bazar de la Charité, avec tant d’autres victimes. Nulle sépulture ne convenait mieux à cette grande chrétienne. La vénérable statue de Notre-Dame de Ranton est, en effet, une Vierge des douleurs; elle continue à recevoir les plus touchants hommages des pèlerins, de ceux surtout dont le cœur est ulcéré par d’angoissantes épreuves. — Le pieux et très zélé curé de la paroisse, M. l’abbé Brossard, continue, avec le plus admirable dévouement, l’œuvre de son digne prédécesseur, M. l’abbé Aubineau, et sait attirer tous les ans à la «Bonne Dame», principalement durant le mois de septembre, de nombreuses caravanes de fidèles, venant du Loudunais, de la Touraine et de l’Anjou... De touchantes prédications y sont faites avec un fruit merveilleux. De même qu’à Notre-Dame de Pitié, à Notre-Dame de Celles, à Notre-Dame de l’Arcean, des cantiques composés pour la circonstance en l’honneur de la Vierge de Ranton, y sont chantés avec enthousiasme, réveillant ou stimulant la foi des populations environnantes.

    Chapelle de la «Bonne-Dame» de Ranton.

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    Notre-Dame de Beauchêne, près Cerizay, est également l’un des sanctuaires où la Mère de Dieu opéra maintes fois, à travers les siècles et jusqu’à nos jours, bien des miracles de guérisons et de conversions. Sous la Révolution, il fut témoin de plusieurs actes héroïques ou religieux de l’armée de la Rochejaquelein, dans la «guerre des géants». Outre les notices qui lui ont été consacrées dans la Semaine religieuse de 1864, p, 512, et de 1901, page 804, il a eu un historien autorisé dans la personne du R. P. dom Victor Bonneau, pieux enfant du Poitou, Religieux de l’Ordre des Chanoines Réguliers de Latran et appartenant à l’abbaye de Beauchêne: en 1893 il publia une charmante brochure de près de 200 pages in-12, sous le titre: «Histoire du Pèlerinage de Notre-Dame de Beauchêne, au Bocage vendéen», accompagnée du récit des nombreuses guérisons accomplies Bocage vendéen 1835 à 1893, et de gracieux cantiques composés par deux au sanctuaire, de 1835 à 1893, et de gracieux cantiques composés par deux autres Religieux de la même abbaye, les RR. PP. doms F. Biteau et J. Bonnard.

    Pourquoi faut-il hélas! que ces Religieux et leurs autres frères que Mgr Pie avait établis avec amour dans l’abbaye ressuscitée en 1872, aient dû subir, depuis lors, l’infâme et satanique loi de la franc-maçonnerie qui les a violemment expulsés de chez eux, et qui a fait fermer, en 1903, la chapelle de l’antique et souriante Madone de Beauchêne!...

    Deux autres Madones à peu près du même nom se trouvent dans le même département (celui des Deux-Sèvres). Ce sont:

    Celle de Notre-Dame du Chêne , sur la paroisse de Beaulieu-sous-Parthenay, où, depuis avant la Révolution jusqu’à nos jours, elle est l’objet d’une touchante dévotion. Nombre de guérisons éclatantes et d’autres faveurs de diverse nature s’y sont produites et s’y produisent encore. La vénérable statue est communément appelée: Notre-Dame des petits enfants. Doux nom, qui la fait aimer encore davantage, surtout par les mères. Le sanctuaire reçoit maintes fois de pieux pèlerins des localités voisines, quelques-uns même de points éloignés.

    L’autre sanctuaire, celui de Notre-Dame du Chêne-Rond , dans la paroisse du Puy-Saint-Bonnet, est de date beaucoup plus récente, cinquante ans à peine. La chapelle est érigée sur la limite des diocèses d’Angers et de Luçon, sur un monticule d’où l’œil peut embrasser jusqu’à cinquante clochers des paroisses du Bocage, et est l’œuvre d’un saint prêtre, M. l’abbé Victor Ménard, mort depuis lors. Mgr Pie, si profondément soucieux de tout ce qui se rapporte au culte de la Vierge immaculée, eut à cœur de venir lui-même l’inaugurer en 1862, et y prononça une allocution ravissante, qu’on peut lire dans ses œuvres épiscopales (tome 4). La chapelle est dédiée à Notre-Dame de la Salette, et reçoit fréquemment de pieux visiteurs, attirés plus encore par leur dévotion que par la beauté du monument et le charme du site pittoresque.

    Notre-Dame de Montmorillon. — Dans l’une des chapelles de l’église paroissiale de ce nom, se trouve, — tout le pays Montmorillonnais le sait, — une antique et vénérée statue de Marie dont l’origine est fort éloignée. Elle rappelle, entre autres faveurs obtenues par son recours, un acte de miraculeuse préservation contre une inondation effroyable, sur les rives de la Gartempe, dont cette ville fut l’objet. On connaît l’incomparable et splendide procession annuelle qui se fait à Montmorillon, en mémoire de cet événement, le mardi de la Pentecôte. (Voir notice Sem. Rel. de 1891, p. 319; — de 1886, p. 400; — de 1894, p. 330; — de 1896, p. 351; — de 1897, p. 393; — de 1900, p. 414; — de 1902, p. 351.)

    CHAPELLE DE NOTRE-DAME DE GRACE

    Érigée, au 15e siècle, à Exireuil, aux portes de Saint-Maixent. (Voir plus haut p. 73, et Sem. Rel. de 1900, p. 79.)

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    Signalons plus rapidement encore, en renvoyant, pour leurs notices historiques, à la Semaine Religieuse, les Madones suivantes, vénérées dans différentes autres localités du diocèse, et dont la plupart sont le but de quelques pèlerinages:

    Notre-Dame de l’Agenouillée, sur la paroisse d’Azay-sur-Thouet (Deux-Sèvres). C’est une Pietà (ou Mère des Douleurs), qui était, dès le XVe siècle, l’objet d’un culte particulier de la part des populations avoisinantes. — Voir Sem. Rel. de 1865, p 234; — de 1888, p. 680. — Voir également l’opuscule publié en 1881 par M. l’abbé Rosière et intitulé : «Pèlerinage à Notre-Dame de l’Agenouillée, dans la Gâtine».

    Notre-Dame de Saint-Paixent, près l’Isle-Jourdain (Vienne). La statue, fort ancienne, échappa miraculeusement, sous la Terreur, aux mains des farouches Jacobins. (Voir notice Sem. Rel. de 1900, p. 313.)

    Notre-Dame de la Ronce, au doyenné de Cerizay. La Reine du Ciel opéra, en ce lieu, un merveilleux prodige, pour faire connaître sa volonté d’y être particulièrement honorée. Elle l’est, en effet, et avec-grande dilection.

    Continuons la série des localités du diocèse où la Très Sainte Vierge recevait autrefois ou reçoit encore aujourd’hui de particuliers hommages.

    Notre-Dame de la Corbellière, paroisse de Moulins, au doyenné de Châtillon-sur-Sèvre, a une bien touchante origine. Au commencement du 16e siècle, un jeune pâtre, gardant le troupeau de son père, se mit à creuser la terre pour les amusements de son âge. Il découvrit tout à coup une ravissante statuette de la Mère de Dieu. L’ayant apportée chez ses parents, il ne la retrouva plus le lendemain, mais la découvrit de nouveau dans le sol à l’endroit où il l’avait trouvée la première fois.

    Vers 1614, une sécheresse prolongée avait tari toutes les sources. René Moreau, le jeune pâtre dont nous venons de parler, s’adressa à Marie, et, comme Bernadette à Lourdes, une fontaine jaillit sous son bâton de berger. René Moreau entra dans l’état ecclésiastique, et mourut comme un saint, archiprêtre de Notre-Dame de Fontenay-le-Comte et vicaire général de Luçon (Sa vie a été écrite deux fois, et son souvenir est encore vivant, après plus de trois siècles, dans le pays qu’il a évangélisé.)

    Tel est le pèlerinage qui attire les fidèles, surtout à la belle saison. Une statue monumentale de Notre-Dame de Lourdes en bronze et de grandeur naturelle a été érigée en 1885, sur l’un des points culminants de la prairie, un peu en avant de la fontaine miraculeuse. (Voir notice sur le sanctuaire de Notre-Dame de la Corbellière, Sem. Rel. 1894, p. 597.)

    Notre-Dame de Grâce, à Exireuil, aux portes de Saint-Maixent, est une petite chapelle du 15e siècle, dont le souvenir se rattache à un fait historique concernant le dauphin qui devait être le roi Louis XI. On en lira avec intérêt le détail dans la Semaine Religieuse de 1900, p. 79. — Dans l’intérieur du modeste édifice on voit à la place d’honneur une statue, en pierre, de la Sainte Vierge, tenant l’Enfant Jésus dans ses bras. — Pendant la Révolution elle fut préservée comme miraculeusement et conservée chez les Religieuses de Saint-Maixent. — Chaque année, le lundi de Pâques, les fidèles de cette ville se rendent en pèlerinage à cette chapelle, et ce jour-là seulement est célébré le Saint-Sacrifice; mais, tous les dimanches, la porte de l’édifice est ouverte, et des âmes pieuses y viennent solliciter, par leurs prières, le secours de la Reine du Ciel, qui maintes fois y accorde des faveurs signalées.

    Le sanctuaire de Notre-Dame de Plaisance, à quelques lieues de Montmorillon’ était déjà très renommé au commencement du 9e siècle, et remonte, par conséquent, à une haute antiquité. Le savant dom Fonteneau affirme qu’il s’y faisait de continuels miracles. L’empereur Charlemagne, à son retour de la guerre en Espagne contre les Sarrasins, vint jusqu’à Notre-Dame de Plaisance pour rendre grâce à Marie des victoires qu’il avait remportées contre les ennemis du nom chrétien, et fit rebâtir somptueusement l’église, qui tombait en ruines. — Pourquoi faut-il hé as! que ces grands souvenirs soient presque entièrement effacés en ce lieu, et qu’à la suite des déprédations des Anglais et des Protestants les continuels pèlerinages d’autrefois à ce sanctuaire aient à peu près cessé ! Combien nous formons de vœux pour que le 20e siècle voie renaître, à Notre-Dame de Plaisance, les beaux spectacles des âges de foi!... (Voir notice historique sur Notre-Dame de Plaisance: Sem. Relig. de 1900, p. 110.)

    La vénérée Madone de Craon, au doyenné de Moncontour, sculptée, il y a près de deux cents ans, sur un bloc de pierre d’un mètre de hauteur, est, à bon droit, depuis lors, l’objet d’une dévotion spéciale de la part de la population de cette paroisse et des paroisses du voisinage. Des faveurs sans nombre, tant dans l’ordre spirituel que dans l’ordre temporel, viennent récompenser la filiale confiance de leurs habitants dans la Vierge dont cette statue est la douce image. On l’invoque en particulier — et principalement les jeunes filles — pour obtenir la grâce de connaître là vocation à laquelle on est appelé. Une quinzaine de Religieuses sorties, en ces dernières années, de cette petite paroisse de quatre cents âmes à peine, lui doivent cette grâce, précieuse entre toutes. — Pendant la Terreur, alors que Craon n’avait pas de prêtre, les paroissiens se groupaient autour de cette statue et récitaient eu chœur le Rosaire pour remplacer la sainte Messe. La chère Madone fut donc la conservatrice de la religion dans cette localité, à cette époque d’apostasie. D’autres statues furent mutilées pendant cette période par les sectaires. On ne toucha pas à celle-ci, (Voir notice Sem Rel. 1900, p. 584.)

    Un certain nombre d’autres sanctuaires qui semblent moins renommés, attirent cependant à leurs pieds bien des fidèles chrétiens. Ce sont:

    Notre-Dame de Bon-Secours, à Maranzay, paroisse de Taizé, dans les Deux-Sèvres. (Voir Sem. Rel. de 1895, p. 587.)

    Notre-Dame de Bon-Aide et Notre Dame de la Roche, dans la paroisse de Saint-Jean-de-Sauves, non loin de Loudun. (Sem. Rel. de 1900, p. 566.) Chacune de ces deux chapelles remonte à trois ou quatre siècles; elles sont encore, de nos jours, visitées, l’une et l’autre, par de pieux fidèles. Tous les ans, le 8 septembre, Nativité de la Très Sainte Vierge, est la fête patronale de la chapelle de la Roche. Ce jour-là, il y a un grand concours de population. On y vénère particulièrement une vieille statue qui aurait été cachée au moment des guerres de religion (la bataille de Moncontour eut lieu à 8 kilomètres de là) et pendant la Révolution.

    Notre-Dame du Bas-Bourg, à Saint-Pierre de Maillé. (Sem. Rel. de 1900, p 836.)

    Notre-Dame de Bon-Secours, pèlerinage fréquenté, situé dans la paroisse de Coulonges-Thouarsais, dans la propriété d’une chrétienne famille.

    Notre-Dame des Anges chapelle de), à Sellier, paroisse de Lencloître, château de Mme Lambert de Cursay, décédée pieusement le 25 juillet 1908.

    LA STATUE MIRACULEUSE DE LA TRÈS SAINTE VIERGE

    Vénérée dans l’église Saint-André, à Mirebeau Voir, sur cette Vierge byzantine, une intéressante notice dans la Sem Rel. de 1899p 439 )

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    Notre-Dame de l’Ermitage, sur la paroisse de Sanzais, dans le Bressuirais. C’est l’endroit le plus majestueux de la contrée, et qui, par son site pittoresque, fait penser à Notre-Dame de Lourdes. (Sem. Rel. de 1900, p. 548.)

    Elle était fort populaire autrefois, la Madone vénérée de Fontaine-le-Comte, aux portes de Poitiers, placée dans la magnifique église abbatiale dont les Religieux d’alors s’employaient avec un saint orgueil à la gloire de leur divine Protectrice. Malgré les deux lieues qui séparent ce sanctuaire de la ville épiscopale, chacune des paroisses de Poitiers venait, alternativement, en procession auprès de la Vierge de Fontaine-le-Comte pour lui porter ses pieux hommages

    Un peu plus loin, à Aslonnes (doyenné de la Villedieu-du-Clain), un fervent serviteur de Marie, l’abbé Bonnet, ancien curé de cette paroisse, a ravivé, il y a une quarantaine d’années, la dévotion particulière des populations circonvoisines pour Notre-Dame de l’Assomption. C’est le vocable donné à la gracieuse statue qu’on honore dans cette église. A deux reprises, les Pères Jésuites qui dirigeaient le collège Saint-Joseph de Poitiers y ont conduit solennellement en pèlerinage leurs nombreux élèves.

    Notre-Dame de la Chanelle-Sequin, paroisse de l’Absie. — Sur le territoire de Chapelle-Seguin, l’Absie, fondée par le Bienheureux Gérault de Sales. La Sainte 1120, l’abbaye de l’Absie, fondée par le Bienheureux Gérault de Sales. La Sainte Vierge, sous le vocable de l’Assomption, y était particulièrement honoree. Mais l’humble église de Chapelle-Seguin, cachée sur les bords de la Sèvre Nantaise, possédait une statue de Marie invoquée bien au-delà des limites de la paroisse. Pendant la Révolution, les habitants, soutenue dans leur foi par M. Burnet-Merlin, leur pieux pasteur, qui donna sa vie pour eux, se montrèrent héroïques. Au péril de leurs jours, ils sauvèrent la statue vénérée. Quand, vers 1850, l’ancienne église tomba, la statue, avec quelques débris de l’autel, fut portée dan une maison voisine. Chaque soir du Carême et du Mois de Marie, les fidèles se réunissaient dans une chambre, ornaient la sainte image, et devant elle priaient avec ferveur. Vers 1874, un jeune homme du village fut subitement guéri; et dès lors on songea à donner à la Vierge un abri moins précaire. Enfin, le 14 septembre 1880, grâce aux souscriptions recueillies dans toute la contrée, une élégante chapelle gothique s’ouvrit, et reçut la chère statue, portée sur les épaules des jeunes filles du village. Les jeunes gens venaient ensuite, chargés de quelques autres statues et des débris de l’ancien autel; et les vieillards du pays suivaient en pleurant, heureux d’une résurrection qu’ils n’espéraient plus . La fête patronale de Chapelle-Seguin est le 8 septembre, Nativité de Marie.

    Un lieu de pèlerinage créé dans la seconde moitié du siècle dernier a pour nom: Notre-Dame d’Avon ou Notre-Dame d’Aintré, sur la paroisse de Pamproux, au milieu d’une population en majorité protestante. C’est une grande et belle chapelle, consacrée en 1874 par Mgr Pie et dédiée à la Vierge immaculée, en mémoire de ses apparitions à Lourdes. On doit sa construction à une admirable et généreuse chrétienne, — Mademoiselle Jolly, morte depuis lors, comme une sainte, dans un âge avancé, — dont le nom est béni dans toute la contrée. Deux fois par mois, la sainte Messe y est célébrée pour la conversion de nos frères séparés, dont plusieurs ont abjuré à la suite de la guérison miraculeuse de deux ou trois d’entre eux à la Grotte de Lourdes.

    — Puisque ce nom béni de Lourdes se retrouve sous notre plume, nous aimons à signaler un ravissant lieu de pèlerinage, situé à quatre kilomètres de Lusignan, sur la paroisse de Cloué, et à deux kilomètres de l’église de cette dernière paroisse. C’est dans une vaste grotte taillée dans le rocher, qu’une belle statue de Notre-Dame de Lourdes a été érigée il y a une douzaine d’années, par M. l’abbé Chambert, alors curé de Cloué, peu après la guérison miraculeuse d’un enfant de cette paroisse à Lourdes même.

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    Cette grotte, appelée, à Cloué, Grotte-aux-Chèvres, ou Grotte de Malvaux, est sur le bord de la Yonne, dans un splendide paysage. Une source abondante jaillit d’une grotte inférieure, qui est elle-même surmontée d’une caverne ancienne, profonde de 8 à 10 mètres et qui a dû servir de lieu de refuge durant les invasions des Romains. Un autel a été placé dans la grotte principale, fermée par une grille.

    C’est dans ce gracieux petit sanctuaire que, depuis lors, un bon nombre de pèlerins de toutes les paroisses environnantes viennent en groupe prier la Vierge immaculée. La sainte Messe y est célébrée plusieurs fois; et fréquemment les fidèles font brûler des cierges devant la chère statue.

    Un cantique a été composé spécialement pour le pèlerinage de la grotte de Malvaux. Nous ne résistons pas au plaisir d’en citer le premier couplet et le refrain:

    Dans le val où coule la Vone,

    Au cœur du pays Mélusin,

    Nous te prions, bonne Madone,

    Toi qu’on n’invoque pas en vain.

    De Malvaux la belle nature,

    Les frais ruisseaux, les prés, les bois,

    Tout te proclame, ô Vierge pure,

    Et redit ton nom à la fois.

    REFRAIN.

    Ainsi qu’à Massabielle,

    Ecoute nos accents;

    Rends notre cœur fidèle,

    Protège tes enfants.

    Devant ton sanctuaire,

    Nous prions à genoux;

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    Le culte pour Marie dans la ville de Poitiers.

    Table des matières

    Nous avons fait passer rapidement sous les yeux de nos lecteurs toute une floraison de chapelles, de madones et de sanctuaires de Marie, restés presque tous en honneur chez les populations des différentes localités de notre diocèse.

    Il nous reste à ajouter à cette énumération une série de pieuses statues et de tableaux consacrés à la Reine du Ciel, qui, dans nombre d’églises des deux départements, sont, depuis des époques plus ou moins éloignées, l’objet d’une vénération particulière.

    Mais il convient, nous semble-t-il, de s’arrêter d’abord au chef-lieu même du Poitou, à cette vieille et religieuse cité qui est, en quelque sorte, le centre de la dévotion, sous ses multiples formes, de nos populations envers la Vierge immaculée. Nous reviendrons à péine sur l’antique basilique de Notre-Dame-la-Grande dont nous avons parlé au commencement de ce travail, la Sancta Maria Major, — c’est son vocable même, — c’est-à-dire la reine des sanctuaires de l’auguste Vierge dans le diocèse. Toute son histoire est là pour en témoigner.

    Outre ce grand sanctuaire, — célèbre dans toute la France par la richesse de son architecture romane, — on comptait autrefois à Portiers plus de 30 églises ou chapelles particulières, placées sous divers noms consacrés à la Mère de Dieu et dont quelques-unes avaient le titre paroissial: Notre-Dame-hors-les-murs (devenue ensuite l’église Sainte Radegonde, ainsi que nous l’avons dit plus haut); Notre-Dame-l’Ancienne; Notre-Dame-la-Petite; Notre-Dame-de-la-Chandelière; Notre-Dames-d’entre-les-églises; Notre-Dame-du-Calvaire; Notre-Dame-de-Lorette; Notre-Dame-de-Martigny; Notre-Dame-des- Laydets ou du Puygrenier; Notre-Dame-des Habits; Notre-Dame-de-Cailleteau; Notre-Dame-des-Mouniers; Notre-Dame-de-Chaveroche; Notre-Dame-du-Tronc; Notre-Dame-des-Châsses; Notre-Dame-des-Guischards; Notre Dame-la-Blanche ou d’Albâtre;Notre-Dame-de-Hième (ou hiemalis, c’est-à-dire d’hiver); Notre-Dame-de-Cadenace; Notre-Dame-des-Cloîtres; Notre-Dame-des-Dons; Notre-Dame-du-Pardon; Notre-Dame-de-l’Hurtaude; Notre-Dame-de-l’Annonciation; Notre-Dame-de-Pitié ; Notre-Dame-des-Aides ou de Bonne-Aide, etc. — Un bon nombre de ces madones et bien d’autres encore étaient placées aux angles des rues ou des niches pratiquées dans la façade de maisons particulières. La Vierge Marie était bien vraiment la protectrice des habitations, en notre chère ville.

    Il faut y ajouter les autels particuliers en 1 honneur de Marie; ils étaient très nombreux aussi. La cathédrale, — dont les sculptures extérieures, à la porte Saint-Michel, représentent la «Salutation angélique» et la «Visitation», — en avait, à elle seule, une douzaine. Elle en a encore trois ou quatre: l’autel de paroisse, en l’honneur du saint Rosaire; le bel autel restauré en ces derniers temps, qui se dresse dans l’abside; l’autel de Notre-Dame-du-Mont-Carmel, près des sacristies; enfin l’autel, érigé beaucoup plus récemment, de Notre-Dame du Sacré-Cœur, en regard de la statue monumentale du cardinal Pie. Mentionnons aussi la gracieuse niche de Notre Dame-de-Bonne-Nouvelle, couverte de plaques de marbre, ex-voto d’actions de grâces pour d’innombrables faveurs obtenues au pied de cette statue dont il a été question dans la Semaine Religieuse de 1908 (p. 286). — On remarque également, à mi-hauteur des murs des nefs latérales, plusieurs anciennes statues ou grands tableaux de Marie, pleins de sentiment religieux et artistique.

    La cathédrale avait encore, dans les derniers siècles, jusqu’à la Révolution, la statue de Notre-Dame-des-Gésines (c’est-à-dire de l’enfantement des mères). Près de cette statue, se trouvait en tout temps une crèche, avec saint Joseph, le bœuf et l’âne. Mais il n’y avait point d’Enfant Jésus. Les jeunes mères avaient coutume de venir coucher quelques instants leurs nouveau-nés dans cette crèche. Elles mettaient ainsi, par une courte et touchante illusion, leurs petits enfants entre les mains et sous la maternelle protection de Marie, pour qui ces enfants devenaient, de la sorte, d’autres petits Jésus.

    Une autre pieuse coutume se rattachait au groupe de Notre-Dame-des-Gésines. Ce vocable, qui rappelle l’enfantement divin de Marie, inspira au Chapitre de la cathédrale, dès la fondation de la chapelle, une dévotion renouvelée fidèlement chaque année, pendant tout le temps qui s’écoule entre Noël et la Purification, temps

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